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31/12/2013

(Bilan) Les tops (éclectiques) de mon année sériephile 2013

2013 s'achève. L'heure est aux traditionnels bilans, rendus plus difficiles cette année, avec beaucoup de séries mises de côté en attendant un temps libre qui n'est pas venu. J'ai moins regardé de fictions, mais je garderai pourtant de nombreux très bons souvenirs de ces 12 derniers mois. Une preuve supplémentaire - s'il en était besoin - de la richesse de la télévision actuelle. Aujourd'hui, avant d'ouvrir 2014, je vous propose une petite revue par zones géographiques de ce qui a marqué mon année 2013, en quatre temps (Angleterre, Amérique du Nord, Reste de l'Europe, Asie).

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(Peaky Blinders)


I. Le petit écran incontournable : le top de la télévision d'Outre-Manche

L'Angleterre est le petit écran vers lequel je me tourne comme un réflexe. C'est celui qui me correspond le mieux, par ses formats comme ses tonalités. Le seul dont je lis les médias et suit les news quotidiennement. Certes, regarder la télévision d'un pays sans réelle présélection implique nécessairement son lot de déceptions, mais, en jetant un regard à l'année écoulée, pas de doute, elle a offert de très bons moments. Si bien que c'est sans doute un top 15, pour ne pas dire 20, que j'aurais sans doute pu faire sur la télévision anglaise.

1. Peaky Blinders, saison 1 : un gangster period drama réalisé avec style, plongeant le téléspectateur dans une ambiance à part, usant de l'anachronisme de sa bande-son à bon escient. Ma belle surprise de cette rentrée.
2. Utopia, saison 1 : une autre fiction d'ambiance marquante, au visuel particulièrement travaillé, dans une belle réappropriation du genre thriller, qui n'aura laissé aucun téléspectateur indifférent.
3. Broadchurch, saison 1 : une recette classique de crime drama choral, parfaitement huilée, à la mise en scène assurée et porté par un casting cinq étoiles. Poignant juste comme il faut.
4. In the Flesh, saison 1 : un drame humain et social aux thématiques riches, se réappropriant de façon toute personnelle le thème des zombies, dont les ambitions méritent assurément le détour.
5. The Fall, saison 1 : une déclinaison sobre et maîtrisée du thème pourtant trop galvaudé du serial killer, offrant un double portrait croisé des plus fascinants.
6. Endeavour, saison 1 : un classique policier du petit écran britannique qui s'est offert une seconde jeunesse avec ce prequel particulièrement bien mené. Avis aux amateurs des enquêtes de l'inspecteur Morse... et au-delà. Elle devrait prochainement arriver sur France 3.
7. Southcliffe (mini) : une expérience narrative autant qu'un drame psychologique, brut et intense, autour d'une tragédie. Un essai intéressant sur un thème difficile.
8. Foyle's War, saisons 1 - 8 : un de mes grands rattrapages britanniques de l'année - et un de mes coups de coeur -, pour une solide fiction policière qui offre en filigrane un récit détaillé de la Seconde Guerre Mondiale du point de vue d'un policier en Angleterre. Je ne suis pas encore arrivée à la saison 8 diffusée au printemps, mais la qualité est pour l'instant constante. A découvrir.
9. Ripper Street, saisons 1 & 2 : un crime period drama qui aura eu le temps de vivre deux saisons et d'être annulé au cours de cette année 2013. Il aura pourtant réussi à trouver ses marques en offrant une reconstitution soignée de la fin du XIXe siècle au travers d'enquêtes qui se sont consolidées au fil des épisodes.
10. The Mill (mini) : un portrait sans fard des enfants-ouvriers derrière la révolution industrielle anglaise, avec des thèmes forts que l'on aimerait voir plus souvent évoqués dans les period dramas.

Du policier, de l'historique, et une pointe de fantastique : mes genres de prédilection sont évidents. Il faut cependant noter que sont absentes les deux séries anglaises phares que sont Doctor Who et Downton Abbey. Elles m'ont toutes deux déçu à des degrés divers. Si elles ont toujours leurs moments de grâce, à l'image de l'épisode du cinquantième anniversaire du Docteur, je reste fidèle, mais sans la passion d'antan. En outre, d'autres nouveautés méritent une mention spéciale : la saison 1 de My Mad Fat Diary, un portrait sincère et touchant d'adolescence, aura sans doute été la plus jolie surprise anglaise de l'année. Tandis que The Wrong Mans aura tenu ses promesses dans un étonnant registre comique dual. En mini-séries, Restless, portrait de femme sur fond de jeux d'espions, et What remains, déclinaison policière autour du thème de la solitude, sont toutes deux sorties du lot et méritent de ne pas être oubliées. Enfin, parce que tout n'est pas prime à la nouveauté, cette année 2013 aura vu se conclure une série qui m'était chère : Being Human, avec une ultime cinquième saison qui a rendu pleinement justice à cette série fantastique engageante et attachante.

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(Rectify)


II. Le petit écran où il faut présélectionner : le top de l'Amérique du Nord (Etats-Unis / Canada)

Cette année, j'ai beaucoup pré-trié et fait de nombreuses impasses en remettant à des lendemains qui ne sont pas encore venus diverses découvertes (des nouveautés comme House of Cards, Top of the Lake, Masters of Sex... ou bien des séries plus anciennes comme Treme ou Boardwalk Empire...). J'en rattraperai certaines, mais le plus important est ailleurs : pour la première fois depuis longtemps, je n'ai pas eu de vraies déceptions. J'ai bien tenté quelques pilotes qui ne m'ont guère emballé, mais j'ai surtout suivi mes envies du moment, varié les genres, et, plus important, j'ai pris du plaisir. Si bien que j'arrive à constituer un top 10 assez représentatif de mes affinités américaines actuelles.

1. Rectify, saison 1 : ma révélation de l'année, une fiction fascinante et contemplative construite autour d'un thème fort de retour à la liberté après un long passage dans le couloir de la mort. Magnifique.
2. Justified, saison 4 : elle reste ma série américaine préférée, avec son ambiance du fin fond du Kentucky, sa faculté à construire des scènes de pure tension prenantes, ses dialogues souvent jubilatoires, ses personnages si haut en couleurs. Juste génial.
3. Hannibal, saison 1 : une fiction d'ambiance révélant en parallèle le portrait inquiétant d'un serial killer et la dérive aux confins de la raison d'un profiler. Un mets policier fascinant.
4. Orange is the new Black, saison 1 : une dramédie carcérale habile qui vaut le détour pour la galerie de portraits qu'elle esquisse : je n'aurais pas échappé à la "révolution" Netflix, voilà une série parfaite pour une session de binge-watching.
5. Game of Thrones, saison 3 : je ne saurais dire dans quelle mesure mon rapport à cette série est indépendant de celui que je nourris envers les livres, mais l'univers de cette oeuvre continue d'exercer sur moi une fascination non démentie.
6. The Americans, saison 1 : une fiction sérieuse sur des jeux d'espion entre FBI et KGB à laquelle il manque sans doute un petit quelque chose, mais qui n'en reste pas moins très engageante.
7. Orphan Black, saison 1 (Canada) : une fiction sur le thème du clonage, vite addictive, riche en révélations et rebondissements, reposant sur une performance d'actrice à saluer.
8. Longmire, saison 2 : délaissée en cours de saison 1, puis rattrapée et reprise lors de la diffusion de sa saison 2, c'est plus qu'une simple fiction policière classique. Il s'agit d'une série profondément dépaysante, d'un autre temps, qui sait happer le téléspectateur.
9. Vikings, saison 1 : un divertissement historique moyen-âgeux efficace et musclé, dépaysant aussi, qui aura su imposer son style.
10. The Borgias, saison 3 : dernière saison de ce divertissement en costumes qui aura bien romancé l'Histoire, avec une progression intéressante des dynamiques de cette famille à part. Si je n'ai toujours pas avancé dans la version de Canal+, je me suis lancée depuis dans le manga Cesare : il est difficile de quitter les Borgia.

De l'historique, du policier, une pointe de fantastique, un peu de drame humain... Mes goûts sont sans surprise. Côté mentions spéciales, on pourra retenir que le seul nouveau drama de network de la rentrée dans laquelle je me suis investie est Sleepy Hollow, qui offre un genre fantastique improbable, s'assumant totalement, dont je ne sais trop jusqu'où il conduira le téléspectateur. Sinon, sachez aussi que pour la première fois depuis... cinq ans au moins... j'ai tenu jusqu'à la mi-saison d'une... comédie ! Ne vous jetez pas pour autant sur cette intruse, les raisons qui me font poursuivre The Crazy Ones ne sont, je le crains, guère liées à la qualité propre de la série... Et 20 minutes sont si vite passées... Bref, non, je ne suis toujours pas guérie de mon manque d'attrait pour les comédies. Et je n'ai même pas osé lancer la saison 4 de Arrested Development de crainte de fragiliser le piédestal sur lequel j'ai placé cette série.

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(Torka aldrig tårar utan handskar)

III. Le petit écran qui continue de grandir : le reste de l'Europe (avec beaucoup de Scandinavie)

Ce petit écran conserve encore l'attrait de la nouveauté. Cela fait des années - plus d'une décennie - que je sur-consomme des séries américaines ou anglaises, tandis que je ne me suis vraiment ouverte à cette télévision européenne que depuis trois ans. Entre séries diffusées en 2013 et rattrapage, mon amour pour la Scandinavie n'a pas flétri, en témoigne ce top où l'on retrouve tout simplement quelques-unes des fictions qui m'ont le plus marqué cette année, et notamment un trio gagnant juste magistral.

1. Borgen, saison 3 (Danemark) : une ultime saison qui aura confirmé combien cette série politique pouvait être engageante et stimulante, offrant un portrait vivant de la société danoise, mais aussi une caractérisation particulièrement réussie d'une femme de pouvoir qu'il est impossible de ne pas aimer.
2. Broen/Bron, saison 2 (Danemark/Suède) : diffusée cet automne en Scandinavie, cette série aura peut-être plus fait parler d'elle par ses nombreux remakes (The Bridge, The Tunnel) que par ses qualités propres. Or sa seconde saison a confirmé combien il s'agit d'une grande série, impressionnante dans son registre de policier feuilletonnant, dans sa maîtrise narrative jusqu'à l'ultime scène de la saison, mais aussi par sa gestion d'un duo auquel le téléspectateur s'est profondément attaché.
3. Torka aldrig tårar utan handskar (Don't ever wipe tears without gloves) (mini) (2012, Suède) : si elle concourt au prix du titre le plus imprononçable de l'année, il s'agit surtout d'une somptueuse mini-série poignante, évoquant le thème difficile du sida. Une incontournable.
4. Hellfjord (2012, Norvège) : une comédie noire, féroce et jubilatoire, abrasive, qui constitue un échappatoire salvateur pour quiconque cherche une fiction loin de tout cadre calibré et aseptisé.
5. Buzz Aldrin, hvor ble det av deg i alt mylderet (2011, Norvège) : deuxième digne participante au concours du titre le plus imprononçable de l'année, c'est une belle fiction, simple et sincère, un parcours de reconstruction empreint d'humanité qui se révèle très revivifiant.
6. 30 grader i February (2012, Suède) : découverte permise grâce au Festival SeriesMania dont je reste frustrée de ne pas pouvoir découvrir la suite. Un drame humain dépaysant qui mérite le détour.
7. Horici Ker (mini) (République Tchèque) : autre découverte du Festival SériesMania dont j'attends de pouvoir visionner la fin. Une histoire tchèque, entre reconstitution politique des années 60 et drame personnel, à la sobriété travaillée.
8. Upp till kamp (2007, Suède) : une chronique générationnelle dans le tourbillon des années 60-70, qui mérite le détour pour l'immersion particulièrement vivante permise dans une époque (le premier épisode entièrement en noir & blanc est un bel exercice de style, notamment d'ambiance musicale).

Pour compléter ce top européen et parvenir à 10 séries, il me faut signaler deux autres fictions que j'ai actuellement en cours de visionnage. La première est Halvbroren, la fameuse mini-série historique qui a connu un joli succès en début d'année 2013 en Norvège. La seconde est la suite d'une fiction dont je vous ai déjà parlé : Äkta Människor (Real Humans). Sa saison 2 est actuellement en cours de diffusion en Suède.

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(A wife's credentials)

IV. Le top le plus exotique : le continent asiatique

Rétrospectivement, c'est l'Asie qui a le plus souffert de mon manque de temps libre. Si j'y ai trouvé de belles fictions dans lesquelles m'investir, j'ai aussi dû laisser en cours de route un certain nombre de dramas - principalement sud-coréens du fait de leur durée plus longue que les japonais - qui ne le méritaient pas toujours. Pour 2014, je pense opter pour des présélections plus drastiques pour mieux aménager mes plannings. En attendant, j'ai quand même retenu 10 séries qui sont sorties du lot à leur façon.

1. A wife's credentials (2012, Corée du Sud) : un rattrapage de l'année précédente qui s'est imposé comme mon grand coup de coeur sud-coréen de ces dernières années. Un portrait de femme, mais aussi un portrait de société, à l'authenticité des plus marquantes. Incontournable.
2. Hitori Shizuka (2012, Japon) : un captivant drama à la construction narrative solide, tour à tour inquiétant, mystérieux et intriguant.
3. The End of the World (Corée du Sud) : un thriller pandémique qui se révèle dans un registre de fiction d'ambiance ambitieuse privilégiant l'authenticité. Une expérience à saluer. 
4. Lady Joker (Japon) : un récit choral proposant tous les points de vue autour d'un kidnapping puis d'une tentative d'extorsion. Un drama qui démontre une nouvelle fois que WOWOW s'épanouit pleinement dans ce registre particulier profitant d'une enquête pour jeter un éclairage sur l'envers de la société japonaise.
5. Woman (Japon) : un drama poignant qui évoque avec subtilité les relations humaines, en proposant en filigrane un portrait de femme, de mère, mais aussi d'une famille, et de la société japonaise. Une série qui ne peut laisser personne indifférent.
6. War of the Flowers (Corée du Sud) : le traditionnel sageuk qui s'offre une place dans mon top annuel, un drama historique des plus solides.
7. Pan to Supu to Neko Biyori (Japon) : une mini-série assez contemplative, profondément humaine et authentique, réconfortante en un sens, qui introduit un bout de Japon dans votre petit écran.
8. Tsumi to Batsu (2012, Japon) : une libre adaptation de 'Crime et Châtiment' qui pose la question troublante et dérangeante du droit de tuer, en glissant le téléspectateur dans la tête d'un individu qui va commettre l'irréparable. Extrêmement noir et marquant.
9. Answer me 1994 (Corée du Sud) : le portrait d'une génération, tour à tour drôle et touchant, qui a su conserver une part du charme de l'originale dont il s'inspire (Answer me 1997).
10. The Blade and the Petal (Corée du Sud) : si ce drama historique n'aura pas tenu ses promesses, j'en retiens pourtant une réalisation assez magistrale, avec une caméra sur-interventionniste qui aura été une intéressante expérience narrative et visuelle.
 

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(Profugos)


Si j'ai l'impression d'avoir moins regardé le petit écran, il est rassurant de constater qu'au moment du bilan, plusieurs dizaines de séries sortent aisément du lot pour venir former quelques beaux souvenirs sériephiles. D'autant plus que ces tops géographiques m'ont conduit à occulter deux coups de coeur venus d'Amérique Latine, tout aussi marquants : Filhos do Carnaval (2006, Brésil) et Profugos (2011, Chili) - dont j'ai tellement envie de découvrir la saison 2 qui s'est achevée ce mois-ci au Chili. Je n'ai pas non plus parler d'Australie, et pourtant l'attachante Please Like Me ou bien la saison 2 de Redfern Now méritent elles-aussi une mention. 

Mon regret principal, outre le fait d'avoir dû un peu délaisser l'Asie, reste les fictions françaises. Si la saison 5 de Un Village Français a été à la hauteur, si les enquêtes de Nicolas Le Floch constituent toujours un rendez-vous auquel je suis fidèle, si j'ai eu quelques jolies surprises comme Alias Caracalla, je n'ai pas progressé du tout dans mes découvertes de séries françaises sur les chaînes payantes, ni du côté de Canal +, ni du côté de OCS. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir acheté des DVD... qui sont restés dans leur plastique... Il faut par exemple vraiment que je prenne le temps de regarder Les Revenants un de ces jours. Une résolution de plus pour 2014.

 

2013 s'efface donc sur quelques chouettes souvenirs (ce n'est pas un hasard si j'ai choisi de finir l'année en terminant de regarder la saison 2 de Broen/Bron !). Et de votre côté, quelques fictions ont marqué votre année ?


Il me reste à vous dire que le blog reprend ses publications en 2014, et que je vais de nouveau être en mesure de répondre aux commentaires laissés à la suite des billets, ainsi qu'aux mails qui se sont accumulés. Bon réveillon à tous et à l'année prochaine, pour douze mois que je vous souhaite tout aussi riches en découvertes !

13:29 Publié dans (Bilans) | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : bilan, tops, 2013 |  Facebook |

15/12/2013

(FR) Un Village Français, saison 5 : dans la Résistance de 1943

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Un Village Français est incontestablement une des séries françaises actuelles les plus abouties. Mieux, elle est l'exemple qui me vient toujours en tête quand je veux montrer combien une fiction peut bénéficier de la durée, avec une écriture qui mûrit au fil de l'expérience et une exploitation du format télévisé qui devient de plus en plus engageante. N'ayant pas pu suivre la diffusion sur France 3 cet automne, c'est par les DVD que j'ai découvert (et rapidement visionné) cette saison 5 fin novembre : l'occasion de se rendre compte que, en effet, les épisodes s'enchaînent tout seuls dans le petit écran, et qu'elle n'a décidément rien à envier à ses consœurs pour faire céder le téléspectateur aux sirènes du "binge-watching".

[La review qui suit contient des spoilers sur des évènements de cette saison 5.]

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Cette saison 5 ne manquait pourtant pas de défis à relever. Suivant le schéma chronologique désormais bien établi, la série progresse d'une année par rapport à la saison 4, et nous plonge dans les problématiques de 1943, en France, face au Service du Travail Obligatoire (STO), mais aussi face aux rapports de force en train de changer au sein de la guerre qui se joue à l'échelle mondiale. Pour continuer de nous conter le conflit à l'échelle de Villeneuve, Un Village français doit trouver chaque saison le juste équilibre entre ses personnages historiques et l'introduction de nouvelles figures qui représentent les grands thèmes traités au cours des douze épisodes. Elle doit accepter -et faire accepter par le téléspectateur- de reléguer au second plan certains, pour conserver la cohésion d'un récit dont l'ambition narrative dépasse les seules destinées personnelles.

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La première des réussites de cette saison est d'avoir justement su intégrer ses nouveaux protagonistes et impliquer le téléspectateur à leurs côtés. Le refus du STO conduit vers les maquis de jeunes hommes qui ne s'étaient jusqu'à présent jamais engagés. Ils se tournent vers une résistance, dont le terme large recouvre une réalité éclatée d'organisations embryonnaires, manquant chroniquement de moyens. L'un des enjeux de la saison est ainsi la formation d'un groupe, mais aussi l'affirmation d'un leader, Antoine, qui prend en main ces jeunes gens désœuvrés qui se cachent. Plus que jamais, l'époque est aux choix. Les circonstances poussent d'ailleurs à la radicalisation de part et d'autre... tandis que les opportunistes sentent le vent tourner et songent déjà à négocier l'après-guerre.

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Un des éléments intéressants de la saison est la justesse de l'équilibre trouvé dans la tonalité du récit. Derrière les accents de tragédie d'un récit au sein duquel les victimes ne manqueront pas, l'écriture s'attache à capturer l'humanité de chacun, avec ses failles, ses instants de solidarité, ses principes inébranlables portés en étendard ou ses moments de lâcheté... L'ordinaire confronté à l'extraordinaire reste le leitmotiv... Les circonstances et les épreuves changent chacun, quel que soit son camp, emporté toujours plus loin dans un tourbillon qu'il ne maîtrise pas. Illustrant cette approche, la mise en scène du maquis des réfractaires au STO se retrouve associée à un thème inattendu : le théâtre. Cette passion d'un des amis d'Antoine se superpose étonnamment aux drames qui se jouent, introduisant un décalage, une parenthèse, qui apparaît comme une éphémère échappatoire.

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Initialement, le fil rouge théâtral tend parfois à occuper un peu trop de temps par rapport au reste, mais ce parti se retrouve justifié a posteriori par sa conclusion, qui achève la saison sur une scène, métaphore aussi déchirante que magistrale, qui laisse des frissons au téléspectateur. Il faut dire que la mort plane sur tous ces épisodes, qu'il s'agisse des coups d'éclat de la résistance ou bien des passages à l'intérieur de la prison, dans cette cellule froide salle d'attente pour une mort promise devant le peloton d'exécution. A ce titre, il était logique que des figures historiques finissent par tomber, elles aussi, sur ce champ de bataille. Ce sera un des personnages les plus engagés, Marcel, celui qui, dès le départ, s'est toujours battu pour ses convictions. L'amère ironie de le voir fusillé aux côtés de celui qui représente la collaboration la plus zélée apporte d'ailleurs une dimension supplémentaire à cette exécution.

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Bilan : Si Un Village français a eu besoin de quelques épisodes pour reconstruire son équilibre entre personnages historiques et nouvelles figures au cours de cette saison 5, la série a conservé intacte la force de son récit. Toujours très humaine, c'est dans un versant émotionnel et poignant qu'elle acquiert toute sa dimension, face aux drames, aux arrestations et aux dilemmes auxquels doivent faire face les différents personnages. Comme dans les deux saisons précédentes, le rythme narratif exploite aussi pleinement le format sériel, capable d'accélérer et de maintenir en suspens la tension qui convient pour s'assurer que le téléspectateur sera au rendez-vous pour la suite.

Un Village français continue donc de mûrir, de se renouveler et de se construire épisode par épisode pour reconstituer son époque... Je reste une fidèle. Rendez-vous pour la saison 6 !


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce de la saison 5 :

08/12/2013

[Blog] Note de service - Le programme festif de décembre 2013

Si je vais progressivement retrouver du temps pour les séries au cours de la semaine à venir, j'ai été un peu trop optimiste de penser une reprise possible dès aujourd'hui. Le blog ne pourra en fait reprendre une "activité normale" avant le week-end prochain. Plus généralement, je pense faire de ce mois de décembre un mois très libre, où les billets resteront irréguliers (mais ils vont revenir, pas d'inquiétude sur ce point !). Le tout devrait nous amener à la nouvelle année pour repartir sur un nouveau rythme, avec une refonte et une nouvelle donne à prendre en considération dont j'aurais l'occasion de vous reparler. En résumé, le blog reste en suspens pour quelques jours encore, mais tout cela est provisoire.

J'ai en effet des tas de visionnage à vous faire partager, parce que, vous le savez, je ne mets jamais complètement en hiatus mes séries : de la saison 5 de Un Village Français qui a tenu toutes ses promesses, à la saison 2 de Broen/Bron, en passant par du polar gallois au faux parfum scandinave (Y Gwyll) qui pourra aiguiser la curiosité des amateurs de policier. L'inspiration ne manque donc pas, d'autant que les fêtes de fin d'année sont toujours chargées en Angleterre. Pour commencer à faire votre planning, je vous renvoie au guide de Noël des séries anglaises de Critictoo. Voilà qui devrait bien occuper les festivités !


La bande-annonce de Noël des fictions de BBC1.


La bande-annonce de Noël des fictions de ITV1.

Pour ma part, sur ITV, j'attends avec curiosité Lucan, une mini-série qui débute ce mercredi 11 décembre, et réunit notamment devant la caméra Rory Kinnear et Christopher Eccleston.


Lucan (Bande-annonce)

En guise de conclusion, j'attirerai enfin votre attention sur une mini-série suédoise, dont je vous ai déjà beaucoup parlé (même si son nom sonne toujours aussi imprononçable), Torka aldrig tårar utan handskar (Don't ever wipe tears without gloves). Elle est en effet actuellement diffusée sur BBC4 en Angleterre. Or, qui dit diffusion anglaise, dit sortie DVD outre-Manche. Cette dernière est prévue pour le 26 décembre : avis donc aux sériephiles amateurs pour un petit cadeau de Noël différé qui ne dépareillerait pas au pied du sapin !

17:28 Publié dans (Blog) | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook |

24/11/2013

[Blog] Hiatus jusqu'aux 7-8 décembre (et ma semaine Doctor Who)

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Comme je vous l'avais annoncé, cette fin de mois de novembre est extrêmement chargée. Le blog entre donc dans une période de hiatus un peu plus longue que prévue, puisqu'elle durera deux (petites) semaines. C'est la problématique constante du blogueur : il arrive un moment où le temps n'est plus extensible, et où il faut mettre en pause certaines activités si on ne veut pas se laisser submerger. Je vous rassure : décembre sera -je l'espère- l'occasion de revenir en pleine forme (ou du moins, je vais tout faire pour) avec de nouvelles excursions téléphagiques exotiques, mais aussi quelques bilans de séries anglophones (et francophones : je suis en plein visionnage de la saison 5 de Un Village Français).

En attendant, cette semaine a remis du baume à mon coeur de sériephile avec un anniversaire du Docteur dont les festivités ont été particulièrement réussies ! Hier, la diffusion simultanée avec l'Angleterre de l'épisode des 50 ans de Doctor Who a été l'occasion de s'offrir une belle soirée devant France 4 qui a très bien joué le jeu. Il y avait beaucoup d'attente, beaucoup d'excitation, et ce fut finalement un épisode à la fois plein d'émotions, mais aussi capable de réaliser l'hommage attendu à l'univers d'une grande série de science-fiction. Porté par d'enthousiasmantes performances d'acteurs, il a rallumé chez moi cette petite flamme qui avait vacillé en saison 7 : la magie whovian était là, et c'était le principal !

Plus tôt dans la semaine, BBC2 avait proposé de revenir sur les origines de Doctor Who à travers un téléfilm d'1h30, signé Mark Gatiss, intitulé An Adventure in Space and Time. Tout en éclairant la naissance et les premières années de la série, dans les années 60, il s'intéresse tout particulièrement à l'interprète d'origine du Docteur, William Hartnell, avec des thèmes universels qui toucheront tous les publics. C'est une belle occasion de revenir sur les débuts de cette institution britannique. Un visionnage recommandé à tout amateur de la série.


La bande-annonce de An Adventure in Space and Time


Je vous donne donc rendez-vous en décembre. Et qui dit décembre, dit Noël qui approchera... Et, justement, un Doctor Who special qui promet beaucoup. Un petit teaser a été diffusé hier soir par la BBC :

Et puis, devrait bientôt être de retour dans notre petit écran un détective que l'on attend avec impatience depuis presque deux ans. Et oui, Sherlock se prend pour James Bond dans le teaser diffusé hier soir, mais son retour est bel et bien imminent !


En attendant de partager avec vous toutes ces nouvelles aventures téléphagiques, je vous remercie pour votre fidélité en ces temps un peu plus difficiles pour la gestion quotidienne du blog, et je vous dis "à très vite" (dans deux -petites- semaines) !

16/11/2013

(Mini-série UK) The Escape Artist : un essai de thriller judiciaire

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Aujourd'hui, direction l'Angleterre pour le bilan d'une fiction qui a été diffusée ces dernières semaines. Proposée du 29 octobre au 12 novembre 2013, sur BBC1, The Escape Artist est une mini-série qui aiguisait la curiosité. Se présentant comme un thriller judiciaire, on retrouvait à sa création David Wolstencroft, à qui l'on doit Spooks. Le scénariste allait-il être capable de transposer les tensions et les rebondissements qu'il avait maîtrisés dans l'univers de l'espionnage au contexte particulier du barreau londonien ? Par ailleurs, la série pouvait aussi s'appuyer sur un solide casting, porté par David Tennant. Malheureusement, The Escape Artist est une fiction qui montre vite ses limites et laisse au final le téléspectateur sur un sentiment de déception. 

[La review qui suit révèle quelques évènements importants du déroulement de l'intrigue.]

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Will Burton est un barrister de talent, connu pour n'avoir jamais perdu une seule affaire. Il n'a pas son pareil pour exploiter à merveille le moindre détail de procédure au profit des justiciables qu'il défend. Rien ne semble pouvoir interrompre le cours de sa carrière qui s'annonce brillante, promis à une belle ascension vers les sommets. Jusqu'au jour où il accepte de représenter Liam Foyle, accusé du meurtre atroce d'une jeune femme. Si la culpabilité de ce dernier fait peu de doute, Burton obtient cependant, avec son habileté légendaire, son acquittement. Seulement cette victoire va marquer le début d'une éprouvante descente aux enfers pour le juriste...

En dépit de sa victoire, Foyle commence par déposer plainte contre lui pour une attitude supposément inappropriée durant le procès. Puis, il se met à harceler sa famille. Un soir, dans la maison de campagne qu'ils possèdent, Burton retrouve le cadavre de son épouse qui vient d'être sauvagement assassiné, tandis que son fils, choqué, s'est caché dans un recoin. Will n'a que le temps de voir Foyle à travers une fenêtre. Malheureusement, le meurtrier a une nouvelle fois été prudent : c'est surtout sur le témoignage de son ancien avocat que repose l'accusation. Or Maggie Gardner, une collègue qui aspire à sortir de l'ombre de Burton, décide de tout mettre en œuvre pour défendre Foyle et discréditer les preuves qui pèsent contre lui...

Jusqu'où Liam Foyle et Will Burton sauront-ils exploiter l'appareil judiciaire britannique ?

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Le concept de The Escape Artist ne manquait pas de potentiel, permettant d'aborder quelques grands sujet liés à la notion de Justice, de droits de la défense, mais aussi à la place des avocats au sein du système judiciaire. Derrière le drame qui se noue, c'est en effet une histoire d'ambitions et d'égos au sein d'un milieu professionnel feutré qui se retrouve soudain confronté à un individu rompant la distance maintenue avec les justiciables. Brusquement, le cadre de l'action ne se situe plus dans les débats rhétoriques et autres arguties juridiques d'une cour de justice : les faits touchent personnellement. Pour Burton, c'est même tout son univers qui s'effondre. Malheureusement, loin d'exploiter cette base, la série se contente d'un balayage extrêmement superficiel de tous ces thèmes, préférant se construire sur un rythme artificiel à partir duquel elle essaie (souvent vainement) de susciter une tension. En voulant miser sur le seul registre du thriller, elle en oublie l'essentiel : offrir une fondation crédible et solide à l'histoire dans laquelle elle tente d'entraîner le téléspectateur.

De manière générale, si The Escape Artist rate le coche, c'est que, dès le départ, en adoptant une approche transparente et sans subtilité, l'écriture accumule les poncifs. Les personnages n'acquièrent jamais l'épaisseur espérée, cantonnés dans un rôle de simples outils scénaristiques avec pour seule fonction de créer des twists et des complications par leur attitude ou réaction. L'histoire sonne souvent très forcée, une impression qui est aggravée par une tendance chronique à s'enliser ou à complexifier inutilement les situations. Lancée dans une course vaine à la tension, la mini-série s'égare dans des idées mal exploitées, en même temps qu'elle égare le téléspectateur. La gestion de la confrontation finale entre Burton et Foyle, qui rend plus perplexe qu'elle ne marque par son intensité, est parfaitement révélatrice des limites d'un scénario qui avait manifestement des ambitions, mais ne s'est pas donné les moyens de les tenir à l'écran. Cela donne ainsi une fiction judiciaire avec certes quelques fulgurances, mais un thriller bien frustrant...

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Une partie des limites de The Escape Artist est également perceptible au niveau formel : on y retrouve en effet le même manque de subtilité de la narration, avec quelques plans trop appuyés qui téléguident l'histoire et l'interprétation des scènes par le téléspectateur tout aussi sûrement que les poncifs scénaristiques employés. La photographie, plutôt sombre, est en revanche parfaitement adaptée à l'ambition de thriller de la mini-série. Enfin, parmi les lieux de tournage notables, la bonne surprise a été lorsque j'ai vu surgir Édimbourg dans mon petit écran. La fiction s'y transporte en effet pour sa dernière ligne droite : de quoi offrir quelques-unes des vues les plus emblématiques de la ville et éveiller une pointe de nostalgie écossaise chez moi, petite récompense méritée pour être parvenue au bout de l'histoire.

Au fond, ce qui soutient la mini-série, c'est avant tout un casting très solide qui tient, lui, toutes les promesses qu'il laissait entrevoir sur le papier. David Tennant (Blackpool, Doctor Who, Single Father, Broadchurch, The Spies of Warsaw) est impeccable dans un registre de barrister brillant, mais brisé. Ce rôle de ténor du barreau lui permet aussi de pleinement s'exprimer lors de quelques envolées oratoires qui posent bien le personnage. Face à lui, Toby Kebbell est glaçant à souhait dans le rôle de Foyle. En concurrente de Burton, Sophie Okonedo (Father & Son, The Slap, Mayday) a un rôle plutôt ingrat, mais elle sait en faire ressortir toute l'ambiguïté. A leurs côtés, c'est également l'occasion de croiser Ashley Jensen (Extras, Ugly Betty), Tony Gardner (The Thick of It, Last Tango in Halifax), Anton Lesser (Perfect Strangers, Little Dorrit, The Hour, Endeavour), Patrick Ryecart, Stephen Wight (Whites, The Paradise) ou encore Roy Marsden (The Sandbaggers).

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Bilan : Si The Escape Artist bénéficiait d'un concept avec du potentiel, la mini-série n'est pas le thriller marquant qu'elle ambitionnait d'être, en dépit de quelques scènes qui sortent du lot grâce à un casting solide. Dotée d'une écriture guère portée dans la nuance, c'est par une approche superficielle, souvent artificielle, qu'elle traite son intrigue. Frustrante par ses raccourcis, mais aussi par sa tendance à ajouter des complications inutiles, la fiction apparaît inaboutie, avec nombre d'idées insuffisamment ou mal exploitées. La déception prédomine donc au terme de ses trois épisodes. Une fiction à réserver à ceux qui apprécient David Tennant.


NOTE : 5,75/10


La bande-annonce de la série :