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16/01/2013

(J-Drama) Hitori Shizuka : un intriguant et fascinant drama

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Je poursuis mes rattrapages de séries de la saison automnale au Japon, alors même que les premiers épisodes des j-dramas de l'hiver 201 3 nous parviennent déjà et qu'il sera bientôt temps de s'y pencher. Après Double Face mercredi dernier, je ne change pas de chaîne et reste sur WOWOW (avouons que si elle n'existait pas, ma consommation de séries japonaises serait bien moindre !) pour cette fois-ci revenir sur un autre des dramas prenants de la saison dernière, Hitori Shizuka.

Adaptation d'un roman du même titre de Honda Tetsuya, il s'agit d'un renzoku comptant 6 épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun. Il a été diffusé les dimanche soirs du 21 octobre au 25 novembre 2012. Bénéficiant d'une écriture solide, c'est une fiction extrêmement intriguante et mystérieuse qui aura subtilement et habilement exploité une histoire qu'il n'était pourtant pas si facile que cela de transposer à l'écran.

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Il est difficile de proposer un résumé de ce drama sans gâcher la saveur qu'acquiert progressivement cet enchaînement d'histoires qui, peu à peu, apparaissent de plus en plus liées les unes aux autres. Hitori Shizuka relate en effet successivement, au fil de ses différents épisodes, plusieurs meurtres, en apparence sans connexion entre eux. Mais derrière lesquels se cache une seule présence, celle d'une jeune portée disparue, Ito Shizuka, belle-fille d'un haut gradé de la police. Ce sont les actions, la vie et les motivations mystérieuses de cette fille que ce drama va entreprendre de nous raconter.

Le premier épisode s'ouvre en 1996. Un gangster est alors abattu dans un appartement d'un quartier résidentiel. Règlement de comptes, vengeance, les mobiles possibles ne manquent pas étant donné la victime... Un des officiers patrouilleurs, Kizaki, arrivé parmi les premiers sur les lieux, est adjoint à l'équipe menant l'enquête. Il s'interroge sur la non-prise en compte d'un rapport d'autopsie et les non-dits de son supérieur qui en sait peut-être plus qu'il ne veut bien le dire. Un suspect est cependant arrêté. Or il affirme que la victime n'était pas seule dans l'appartement et qu'une jeune fille, en tenue de lycéenne, s'y trouvait également.

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Hitori Shizuka est tout d'abord un drama qui marque par la construction maîtrisée de son histoire, laquelle acquiert peu à peu toute son ampleur. Il se dégage de l'ensemble une solidité et une cohérence jamais prises en défaut. La première partie de la série est avant tout très intriguante, aiguisant la curiosité du téléspectateur devant le mystère, pour l'instant seulement effleuré, que représente Ito Shizuka et toutes les questions que suscitent les actes qu'elle commet ou provoque. Se réappropriant avec une efficacité redoutable les codes classiques des fictions policières, les premiers épisodes ont l'apparence d'enquêtes déconnectées entre elles, derrière lesquelles plane l'ombre inquiétante et déroutante de la jeune femme. La série se révèle extrêmement convaincante dans sa manière de capturer, avec beaucoup de rigueur, le fonctionnement des unités d'investigation au sein de la police japonaise. Capable d'introduire à chaque fois de nouveaux protagonistes policiers avec une aisance qu'il faut saluer, l'approche narrative est ambitieuse : c'est d'abord d'un point de vue extérieur, et de manière incidente, que la série amène le téléspectateur à s'interroger sur Ito Shizuka.

Puis, un recentrage s'opère progressivement sur la jeune femme : de façon particulièrement glaçante, est alors véritablement mise en lumière la dangerosité machiavélique dont elle est capable de faire preuve. Ce personnage inclassable fascine d'autant plus que l'écriture, habilement, fait le choix de ne jamais trop en dire. Le drama fait toujours preuve de beaucoup de retenu, disséminant les indices et les informations, mais évitant tout long discours explicatif ou autres scènes de pure exposition. Le scénariste suggère, mais fait confiance au téléspectateur pour déduire et apprécier les situations comme il se doit. Tout en se montrant parfois très forte et dense, la narration adopte un style presque minimaliste, où prévaut une grande sobriété. Il s'agit d'un des grands atouts du drama, même si cela sera aussi source d'un léger flottement lors de sa conclusion : cette dernière se voit en effet précédée d'un saut temporel de plus d'une décennie qui nous ramène dans le présent, sans qu'aucune indication ne soit donnée à l'écran. Il faut quelques minutes au téléspectateur pour retrouver ses marques et comprendre qui et à quelle époque sont les protagonistes mis en scène. Il est possible que le roman soit ici en cause, le texte d'origine ayant peut-être voulu entretenir un temps la confusion. Reste que la chute de la série n'en demeure pas moins d'une logique et d'une légitimité parfaites par rapport à la tonalité de l'histoire, refermant parfaitement la boucle de vie qui aura été relatée.

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La sobriété bien huilée de Hitori Shizuka se retrouve sur la forme. Sa réalisation est globalement soignée et maîtrisée, accompagnée d'une bande-son uniquement composée de thèmes musicaux instrumentaux qui est opportunément choisie et qui accompagne très bien le récit. Si, comme je l'ai dit, la gestion des sauts temporels aurait mérité d'être un peu plus soulignée (juste indiquer l'année à l'écran !), je retiendrais surtout de ce drama sa mise en scène des fusillades. Il faut dire que ces dernières semblent tout d'abord vouloir poser une vérité : personne ne sait manifestement tirer au pistolet quand il s'agit d'abattre froidement quelqu'un ! Surtout, elles traduisent une certaine surenchère avec un sur-jeu qui décontenance, au point que la première scène du drama déstabilise vraiment. Ce n'est que lorsqu'est venue la grande fusillade de l'épisode 4 que j'ai véritablement compris ce que le réalisateur essayait de faire. Car si la première prend trop au dépourvu pour fonctionner, la seconde d'une ampleur toute autre est assez jubilatoire par la distance qu'elle introduit.

Enfin Hitori Shizuka bénéficie d'un solide casting choral, puisque nombre d'acteurs occupent le devant de la scène le temps d'un épisode seulement. Le rôle d'Ito Shikuza est confié à Kaho (Diplomat Kuroda Kousaku), autour de laquelle tout le récit tourne, mais qui n'a cependant pas une présence aussi importante que l'affiche du drama aurait pu le laisser supposer. Interprétant un personnage froid, peu expressif, ou se contentant de préserver sobrement les apparences, l'actrice s'en sort très bien dans ce registre. Autour d'elle, vont graviter plusieurs têtes plus ou moins familières du petit écran japonais, tel Murakami Jun, Arai Hirofumi (Shokuzai, Going my Home), Nagatsuka Keishi, Takahashi Issei, Matsushige Yutaka (Shinya Shokudou, Unmei no Hito, Kodoku no Gurume) (que j'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir !), Tokiwa Takako (Tenchijin), Takito Kenichi, Nukumizu Yoichi (BOSS), Ikeda Narushi, Kurosawa Asuka, Nikado Satoshi, Midori Mako ou encore Kishibe Ittoku.

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Bilan : Tour à tour mystérieux, puis inquiétant, voire glaçant, Hitori Shizuka est un intriguant drama dont l'histoire se déploit peu à peu pour se révéler extrêmement solide. Sa construction, avec une progressive mise en pleine lumière de la jeune femme et ses secrets, est très bien gérée. Le style d'écriture retient l'attention en raison de l'assurance avec laquelle le drama choisit de faire confiance au téléspectateur pour déduire certains faits, comprendre les silences et les liens à opérer, évitant les passages d'exposition et les longs discours pesants qui peuplent trop souvent ce genre de fiction. En résumé, Hitori Shizuka est un drama habile, subtile, qui relate de façon ordinaire une histoire qui ne l'est pas, chargée de non-dits dans lesquels se trouve toute sa force. Seule la mise en scène de la conclusion suscitera quelques réserves, mais qui ne remettent pas en cause les qualités de l'ensemble. A voir.


NOTE : 8/10

Commentaires

Heureux de pouvoir lire ta critique de ce drama, j'étais à peu près certain qu'il te plairait.

Concernant les fusillades, ce ne sont pas les seules à être effectivement totalement surjouées, avec gros plans sur visages hagards, cris et mouvement erratiques, en fait tout ce qui se fait de violent dans ce drama est grotesque, ridicule bordélique et particulièrement sanglant. Ce sont des moments rares dans l'histoire, et on sent bien que c'est probablement les seuls où le réalisateur tente de nous montrer le point de vue de Shizuka dans tout ça, et elle est d'ailleurs systématiquement spectatrice de ces scènes.

Et puis pour le dernier épisode, il est très clairement en deçà du reste pour moi. Le retour à l'époque contemporaine, comme l’ellipse un peu plus tard dans le récit sont effectivement très mal amenées : alors que jusqu'à présent ils ne manquaient pas d'indiquer combien de temps avant ou après la disparition de Shizuka la scène avait lieu, on n'a plus rien d'un seul coup ici, à croire qu'ils ont tout simplement oublié en fait...
Et dans son ensemble, c'est une conclusion très imparfaite par rapport au reste je trouve. Néanmoins ça reste excellent. Et puis quelle image quand même, équivalent à ce qui se fait au cinéma, pour de la télé jap c'est juste inespéré, vraiment merci WOWOW.

Écrit par : Plouc | 16/01/2013

@ Plouc : Encore merci pour la recommandation ! En effet, c'est typiquement le genre de dramas qui peut m'intéresser (après de manière générale, la plupart des dramas de WOWOW savent retenir mon attention).

Le sur-jeu des fusillades m'a désarçonné dans la première, je pense parce que au tout début du drama, on n'est pas encore dans l'atmosphère, on n'a pas encore compris justement les choix éventuels qui s'offre au réalisateur, etc... Ce qui fait que cela ne fonctionne pas. Dans l'épisode 4, au contraire, le surréalisme vers lequel tend la surenchère trouve beaucoup plus son sens.

Concernant la fin, il y a effectivement ce souci dans l'ellipse temporelle qui déstabilise. Pour moi, le contenu de la conclusion et la chute sont logiques : c'est une sorte de boucle dans le parcours de Shizuka et la sorte de rédemption qu'elle a trouvé, l'idée sur le papier paraît plutôt bonne. En revanche, la manière dont cela est amené est à vraiment revoir. Et puis, outre l'égarement du téléspectateur, peut-être se sont-ils aussi trop précipités pour l'ultime évènement. On aurait pu prendre le temps de bien plus poser la situation du présent et l'amener ! C'est dommage, parce que le drama avait jusque là frôler le sans faute.
Sinon, oui, l'image est superbe, avec une bande-son bien maîtrisée. Un plaisir à suivre pour les yeux ! :)

En tout cas, je ne regrette pas mon visionnage. Merci encore une fois !

Écrit par : Livia | 17/01/2013

Je profite de ce premier message pour te remercier de ce blog qui est devenu ma référence, voire mon unique phare restant lorsque le temps ne permet plus de naviguer à vue dans l'océan des séries.

Compliments mis à part, j'ai été très impressionné par cette mini-série.
Naïvement rétif aux séries asiatiques en raison de quelques préjugés sur les drames sentimentaux, ici l'approche polar m'a fait sauter le pas et je dois dire que je ne m'attendais pas à voir ce que j'ai visionné.

J'ai été très impressionné par le travail fourni aux personnages si bien dans leur caractère que dans leur développement, bien qu'ils soient également souvent éphémères.
Ce que tu dis d'ailleurs sur leur introduction à chaque épisode est à ce titre tout à fait juste.

Quant à la fin, ma semi-déception n'est pas vraiment due à l'ellipse temporelle puisqu'elle a le mérite d'éviter l’écueil de l'épisode lourdement explicatif. En revanche, c'est l'évolution de la personnalité de Shizuka qui m'a un peu dérangé. Alors qu'elle était sur le point de se donner la mort après la tuerie chez son père, la voilà à s'occuper de sa demi-sœur jusqu'à se sacrifier pour sa fille alors que les 3/4 de la série ont construit le portrait d'une jeune fille aussi dénuée d'empathie qu'elle était (finalement) aimée dans son foyer.

Bref, c'est son regain d'humanité assez soudain qui m'a un peu dérangé et a en quelques sortes atténué le caractère fort et dérangeant du personnage qui s'était pourtant manifesté dès sa tendre enfance.

En tout cas une très belle découverte dont je te suis très reconnaissant (ainsi qu'à Plouc donc).

Prochain arrêt Going my Home.

Écrit par : 1991 | 21/03/2013

@ 1991 : Bienvenue sur ce blog & merci pour ton premier commentaire ;)

Si le petit écran asiatique renvoie de prime abord l'image de mélodrames amoureux, dès qu'on s'y intéresse vraiment, on découvre vite une richesse et une diversité à saluer (sans doute tout particulièrement perceptible au Japon), loin des quelques images d'Epinal et autres préjugés conçus a priori.

Heureuse donc que Hitori Shizuka ait retenu ton attention et ait constitué une expérience sériephile positive. D'autant qu'il s'agit là d'un drama très fort, avec une écriture vraiment solide.

Concernant tes remarques sur l'évolution de Shizuka, personnellement, j'ai trouvé l'idée que cela soit cette petite fille qui lui redonne son humanité assez fort symboliquement. Mais il est vrai que cela peut sembler aussi un peu abrupt.

Avec Going My Home, tu t'orientes vers un tout autre registre. Cela devrait en tout cas te démontrer que ce petit écran mérite assurément un peu d'attention, et est d'une richesse à saluer.

Si jamais tu as besoin de recommandations ou autres conseils pour naviguer dans le petit écran asiatique, n'hésite pas. J'espère que tes prochains choix te satisferont tout autant ! ;)

Écrit par : Livia | 28/03/2013

Oyo,
Bon conseil, j ai pris du plaisir à regarder cette mini-série ou tout s imbrique petit a petit façon puzzle sans ordre chronologique ce qui demande un minimum de gymnastique intellectuelle. L épisode 5 est la pierre angulaire de cette mini série ou tout s imbrique ou tout devient plus limpide et est la récompense de toutes les interrogations laissé en jachère dans les épisodes précédents.
c est vrai que cela se termine avec un soupçon d humanisme (ep6) de manière désordonné soit mais Ito Shizuka (rôle principal)veut rompre avec cette chaîne maléfique cette atavisme du mal.
vraiment du tout bon
Ride On

Écrit par : Dibs | 19/08/2013

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