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22/10/2011

(UK) Doctor Who, season 6, episode 13 : The Wedding of River Song

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Trois semaines après la diffusion du season finale de Doctor Who, je m'attelle enfin à l'écriture de sa review. Si j'ai longtemps reporté ce moment, c'est d'abord parce que je suis ressortie de cet épisode initialement assez déroutée. Ne sachant trop comment analyser ce sentiment mitigé, j'ai donc décidé de prendre un peu de recul avant de rédiger mes impressions.

Si bien qu'au cours de ces deux dernières semaines, je me suis donc replongée dans les épisodes clés de la saison 6. J'ai revu ce season finale. Deux fois. Et, surprise, je l'ai de plus en plus apprécié au fil de mes visionnages. Si bien que s'il y a 15 jours, je vous aurais dit que cet épisode ne m'avait pas semblé tenir toutes les promesses de cette saison ; aujourd'hui, j'ai plutôt envie d'écrire qu'au contraire, en bien des points, toutes les pièces du puzzle se sont emboîtées et que c'est vers le futur que la série se tourne désormais.

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Londres, 22 avril 2011. 17h02. Le temps s'est arrêté. Ou plutôt, toutes les ères se sont confondues et tout se déroule en même temps, éternellement bloqué le même jour, à la même heure. Tandis que des voitures-mongolfières parcourent une Londres embouteillée, où l'on croise aussi bien des chars tirés par des chevaux, patientant aux feux de croisement, que des dinosaures qui s'en prennent à des imprudents dans les parcs de la ville.

L'Empereur Winston Churchill gouverne depuis Buckingham, mais il perçoit bien que quelque chose ne va pas. Il demande alors à revoir un homme, considéré comme dérangé, qui affirme savoir ce qu'il se passe... le Docteur. Ce dernier va alors lui raconter les événements qui ont conduit à cette étrange situation. Si l'astronaute et les évènements du lac sont un point fixe dans le temps, cela ne signifie pas qu'il ne s'est pas préparé à la confrontation à venir avec le Silence et ses alliés. Seulement tout ne s'est pas déroulé comme prévu durant le face-à-face tant redouté au cours duquel le Docteur est censé trouver la mort...

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The Wedding of River Song débute à la hauteur des attentes du téléspectateur pour une série qui nous a toujours habitué à se conclure avec un sens de la mise en scène, n'hésitant pas à verser dans la démesure. La reconstitution d'un Londres, où toute l'Histoire de la Terre se déroule simultanément, donne d'emblée le ton d'un épisode qui entend non seulement évoquer, mais aussi véritablement entremêler les grandes thématiques de la saison. Ce mélange donne en décor un arrière-plan impressionnant, parfait pour nous permettre de suivre le récit du Docteur tandis qu'il relate ses préparatifs jusqu'à l'instant fatidique où tout a déraillé. Si le déroulement de l'épisode peut surprendre, c'est que son réel enjeu n'est pas celui annoncé en apparence : la mort du Docteur, voire le moyen qui lui permettra d'esquiver cette funeste destinée, ne semblent déjà plus centraux.

The Wedding of River Song s'attache en réalité à refermer une autre boucle, ouverte bien avant cette saison 6 : il vient consacrer et sceller définitivement la relation du Docteur et de River. Le refus de cette dernière de jouer le rôle qui lui est assigné explique l'effondrement du temps. Au cours de la discussion au sommet de la pyramide, le Docteur va pour la première fois véritablement admettre que River n'est pas un de ses compagnons à l'égard duquel il peut conserver ses secrets, fonctionner en non-dit, voire en manipulation. Elle a une autre dimension : elle s'impose comme son égale, non seulement prête, mais aussi capable de défier le temps. Elle ne lui offrira pas sa coopération aveugle pour un plan dans lequel, lui-seul, conserverait une longueur d'avance. C'est seulement en acceptant l'importance de River et en en tirant toutes les conséquences que le Docteur résoudra le vrai noeud de l'épisode : celui de synchroniser les aspirations et de consacrer l'égalité au sein d'un couple qui peut désormais véritablement se considérer comme tel.

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Avoir affronté cette épreuve, non pas dans la solitude habituelle du Time Lord, mais bien en faisant front commun avec River, constitue le véritable parachèvement de la saison. Je pense que cela explique mon impression mitigée initiale. En effet, alors qu'on aurait pu s'attendre à un final explosif à la manière traditionnelle de Russell T. Davies, dans The Wedding of River Song, nous n'assistons pas à une confrontation avec les ennemis de la saison : Madame Kovarian, de la plus symbolique des façons, apparaît déjà dépassée. C'est aussi pour cela que l'ultime twist qui permet au Docteur d'échapper à la mort, sans pour autant perturber irrémédiablement les lignes temporelles, semble presque anecdotique. On pourrait  lui reprocher une facilité déconcertante au vue de toute la construction de la saison pour en arriver à ce point, mais l'enjeu était ailleurs. Le choix de Steven Moffat a été de ne pas écrire un épisode pour finir en apothéose, mais tout simplement de refermer, sobrement et logiquement, un arc narratif qui a rempli son objectif ; lequel ne concernait que la relation de River et du Docteur.

Par rapport au temps de Russell T. Davies, cela peut dérouter. Mais toute la structure de l'épisode vient justifier et valider ce parti pris narratif. The Wedding of River Song se contente de tirer tous les enseignements de l'évolution de la saison concernant River, tout en se tournant déjà vers le futur. Les ennemis de la saison 6 sont déjà ceux d'hier. D'autres questions demeurent qui retiennent notre attention. Elles touchent bel et bien au coeur et à l'âme de la série, puisqu'elles sont relatives au Docteur. En bien des points, The Wedding of River Song pose avant tout les bases du futur de la série. Il ne s'agit pas de raconter le comment de la résolution d'un arc, mais plutôt d'éclairer son apport en donnant rendez-vous pour la suite. 

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On the fields of Trenzalore,
at the fall of the Eleventh,
when no living creature could speak
falsely, or fail to answer,
a question will be asked.
A question that must never,
ever be answered.

The question that must never be
answered, hidden in plain sight.
The question you've been
running from all your life.

Doctor who?

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Bilan : The Wedding of River Song n'est pas un season finale comme il était de coutume de classiquement les attendre depuis 2005 dans Doctor Who. Loin de s'intéresser à mettre en scène une confrontation finale démesurée face aux ennemis désignés de la saison, il se concentre sur le véritable enjeu de cet arc, bouclant une autre boucle autrement plus importante en consacrant enfin la relation du Docteur avec River, véritablement unis dans l'adversité et rompant ainsi avec la solitude traditionnelle du Time Lord. Ce season finale collecte en fait les conséquences logiques des évènements de la saison écoulée, tout en se tournant résolument vers le futur.

Finalement, une fois le moment de surprise initiale passée et si je reconnais qu'il m'a dérouté, je crois que c'est sans doute avec une consistance bien plus solide qu'initialement perçue lors du premier visionnage, que cette saison 6 se termine.

Rendez-vous à Noël ! 


NOTE : 8/10


La bande-annonce de l'épisode :

01/10/2011

(UK) Doctor Who, season 6, episode 12 : Closing Time

"It was funny, he seemed so happy, but so sad, at the same time."
"I was just a kid. I thought maybe he was a cowboy on his way to a gunfight."
"I really liked his hat."

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C'est ce soir que se clôture sur BBC1 la saison 6 de Doctor Who. Une saison marquée par les coupes budgétaires de la chaîne et qui n'aura pas fait l'unanimité parmi les fans de la série, mais que j'aurais dans l'ensemble vraiment beaucoup apprécié. Avant d'affuter son cerveau pour le timey wimey promis pour ce soir, revenons sur l'épisode de la semaine dernière, Closing Time. Plus qu'une transition avant le grand final, ce stand-alone, déconnecté de la mythologie si ce n'est par sa conclusion, offrait une sympathique dernière aventure au Docteur, la veille de sa mort.

Pour l'occasion, l'épisode marque les retrouvailles très complices avec celui qui fut son colocataire durant la saison 5, dans l'épisode The Lodger (5.11), Craig. Ce dernier est désormais papa d'un petit bébé, dont il a précisément pour mission de s'occuper seul durant ce week-end, afin de prouver qu'il peut assumer ses responsabilités de père. Ce week-end, qui se présentait déjà comme une mission presque impossible pour Craig, est un peu plus perturbé par l'arrivée du Docteur. Initialement, ce dernier ne fait que passer, venu saluer un ami en sachant le destin qui l'attend très prochainement. Mais des perturbations électriques et des disparitions inquiétantes dans le voisinage persuadent le Docteur de rester pour brièvement mener l'enquête...

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Closing Time apparaît en bien des points comme l'aventure parfaite pour précéder un final qui s'annonce éprouvant. C'est un épisode qui investit prioritairement le ressort de la comédie. La tonalité reste globalement légère, bien servie par des dialogues rythmés qui ont tout pour passer à la postérité. En effet, un soin particulier est porté aux plus petits détails des lignes de dialogues qui agrémentent l'épisode et prêtent souvent à sourire franchement : le qui pro quo autour du sens de partner/companion, ou encore le bébé -culte- s'auto-baptisant Stormageddon, constituent autant de ressorts comiques marquants qui font passer au téléspectateur un très bon moment.

Il faut dire que l'épisode repose uniquement sur cette dimension humaine, préférant reléguer la menace extraterrestre du jour en toile de fond complètement anecdotique. Il se concentre ainsi sur la dynamique du duo que le Docteur forme avec Craig, le bébé de ce dernier étant l'élément attendrissant/perturbateur potentiel. Les deux personnages ont une telle complicité à l'écran que cela occulte les faiblesses de la storyline liée aux cybermen. Cet ennemi classique est expédié de manière bâclée, l'épisode s'amusant surtout de l'environnement proposé par le magasin où le Docteur mène l'enquête, sans chercher à offrir une conclusion crédible à cette dernière ; laquelle restera sans doute dans les annales comme une des plus artificielles qui soient (Craig les vainc grâce aux tourbillons d'émotions provoqués par les pleurs de son fils). Que dire ? L'enjeu est bel et bien ailleurs... 

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Si Closing Time exploite des ressorts de comédie, pour autant, une ombre l'accompagne et s'étend : nous restons la veille de la mort du Docteur. Même sans être dans un épisode mythologique, l'horloge "fixe" s'égrennant irrémédiablement se fait de plus en plus pesante au fil de l'aventure. Le compte à rebours est d'autant plus perceptible que, en dépit de ces scènes apparaissant comme un écho à l'enthousiasme passé - notamment celles dans le rayon de jouets, le Docteur n'a plus l'attitude juvénile qu'il arborait comme un masque. Il semble désormais usé, un peu mélancolique, se laissant aller par moment au besoin de confier ce qu'il a sur le coeur, sans que cela ait de conséquences (à un Craig endormi, à un bébé qui ne peut répondre...).

Matt Smith est toujours aussi impressionnant pour retranscrire les nuances du Time Lord, jouant de manière très convaincante ce docteur plus âgé, qui a eu le temps de penser, mais aussi de préparer (on l'espère du moins) ce qui l'attend... Car le jour tant redouté - depuis le début de la saison - est arrivé. Closing Time s'offre une fin tout en clins d'oeil qui emboîte les premières pièces pour rejoindre le season premiere : le papier à lettre bleu, le chapeau de cowboy. Forcément, le coeur du téléspectateur se met à battre un peu plus fort, tandis que, plusieurs millénaires dans le futur, Madame Kavarian vient trouver River pour lui rappeler ce pourquoi elle a été créée. Ce season finale promet d'être particulièrement dense, mais aussi très intense émotionnellement.

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Bilan : En guise de dernière petite pause avant le grand final, vérifiant la fameuse expression du (quasi) calme avant la tempête, Closing Time est un épisode plaisant à suivre. Il offre une suite appréciable à The Lodger dont il reprend les principaux ingrédients et la dynamique confortable existant entre le Docteur et Craig. Dans cette parenthèse légère qui s'assombrit cependant peu à peu, la dimension comique fait office de souffle d'air frais bienvenu, comme si scénaristes et téléspectateurs repoussaient une dernière fois l'échéance inéluctable. Rendez-vous ce soir.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de l'épisode :

24/09/2011

(UK) Doctor Who, season 6, episode 11 : The God Complex

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Un grand hôtel vide, un clown... bienvenue chez Stephen King !

J'aime décidément beaucoup cette seconde partie de saison 6, notamment grâce aux thématiques plus introspectives qui sont explorées, c'est-à-dire non pas les enjeux mythologiques en tant que tels, mais plus simplement la relation du Docteur avec ses compagnons. Ce onzième épisode, The God Complex, vient finalement offrir un complément parfait à l'épisode précédent, en allant cette fois-ci beaucoup loin. Dans The Girl who waited, c'était la dangerosité des voyages avec le Docteur, mais aussi l'influence qu'il peut avoir sur les vies de ses compagnons, qui interpellaient. Dans cet épisode 11, c'est cette fois l'idée-même d'une fin dans la dynamique du trio qui est évoquée.

Pour aboutir à ce résultat, l'aventure du jour les conduit dans un lieu qui s'apparente à un gigantesque hôtel terrien. Seulement, ce n'est pas un repos mérité que les innombrables chambres proposent : elles offrent derrière leurs portes closes des retrouvailles avec les peurs les plus viscérales qui se cachent dans nos coeurs. Le principe est qu'il y a une chambre pour chacun ; et ouvrir celle qui vous est destiné bouscule et perturbe toutes les certitudes que l'on peut avoir, faisant peu à peu sombrer dans une folie autodestructrice qui amène à se sacrifier à la créature générant ce labyrinthe hôtelier, aux couloirs sans fins se remodelant constamment, un minotaure. Le Docteur et ses compagnons vont devoir trouver une échappatoire à cette prison, en essayant non seulement de se sauver eux-mêmes, mais aussi de protéger les quelques personnes prisonnières des lieux comme eux.

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The God Complex débute comme un classique stand alone à la croisée des genres : sommes-nous sur Terre, dans le passé ? Sommes-nous dans l'espace ? Rapidement l'image du mystérieux hôtel s'obscurcit, semblant tout droit sortie d'un livre de Stephen King et faisant plonger l'épisode dans un thème semi-horrifique avec pour objet central : les peurs les plus primitives de chacun. S'appropriant parfaitement tous les codes de ce genre, cette première partie se montre très efficace et plutôt inventive, tout en restant classique. Elle doit beaucoup au groupe bigarré de personnages également coincés avec le Docteur. C'est à souligner car il est assez rare qu'un épisode parvienne, ou recherche, à nous impliquer pour le sort de simples guest-stars, souvent sacrifiées sans arrière-pensée. Or ici, la dynamique prend instantanément, notamment grâce au personnage de Rita dont la mort reste une des scènes émotionnelles les plus fortes de l'épisode.

Pour autant, The God Complex n'est pas un simple épisode d'horreur. En effet, c'est dans un autre registre qu'il va se révéler : le véritable enjeu se situe à un niveau différent qui dépasse de loin la notion de peur : c'est celui de la foi. La créature du labyrinthe se nourrit de la croyance de ses victimes, les faisant basculer progressivement dans une folie adorative, sapant toutes leurs certitudes grâce à la peur qu'il réveille. Un seul des voyageurs du Tardis nourrit une foi assez grande ayant pu retenir l'attention : celle d'Amy... dans le Docteur. Car en dépit des épreuves, des abandons et des déceptions, Amy reste toujours au fond d'elle l'innocente Amelia Pond : cet enfant, aux certitudes et à la confiance inébranlables, qui a tant attendu l'homme un peu fou à la boîte bleue qui devait l'emmener voyager dans les étoiles. Pour sauver Amy, le Docteur va devoir détruire cette première attache, cette forme d'inféodation originelle fondatrice.

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The God Complex offre ainsi au Docteur et à Amy l'occasion de refermer la boucle ouverte lors de sa regénération il y a deux saisons et laissée en suspens depuis. Les implications du discours qu'il délivre à une Amy redevenue logiquement enfant dépassent la seule aventure à laquelle ils doivent survivre. Il faut certes briser ce lien dans l'immédiat pour la sauver du minotaure, mais c'est une autre prise de conscience, autrement plus symbolique, qui a lieu : il faut rompre cette relation pendant qu'ils le peuvent encore, pendant qu'Amy et Rory ont encore une vie et un futur qu'ils peuvent construire sur Terre. En filigrane en effet, c'est sa dangerosité que le Docteur admet et reconnaît. S'il fera toujours tout ce qui est en son pouvoir pour préserver ces compagnons, le Time Lord lui-même a ses limites. C'est pourquoi la conclusion de l'épisode va apparaître particulièrement logique et satisfaisante.

Le lien entre Amelia Pond et le Docteur, cette "foi" forgée durant leur première rencontre, est une réminescence de l'enfance de la jeune femme. Or si voyager avec le Docteur doit rester quelque chose de temporaire, qui ne peut durer éternellement, ce n'est pas seulement parce que ces aventures ont un impact important sur la vie de ses compagnons (et peuvent les terminer abruptement), c'est aussi parce qu'il s'agit normalement d'une simple parenthèse dans le cours de leur existence. Pour Amy, ces quelques mois initiatiques auprès du Docteur s'apparentaient à une forme de passage à l'âge adulte. Son mariage avec Rory l'avait en apparence parachevé, mais en apparence seulement, car subsistait toujours le lien originel qui inféodait la jeune femme au Time Lord. Ce voyage de noces qui s'éternisait en était la preuve. Mais désormais, l'initiation est bien terminée. Il ne convient plus de suspendre et de remettre au lendemain le retour au quotidien terrien, car ce serait hypothéquer définitivement la possibilité de le reprendre un jour.

En prenant conscience de toutes ces implications, ramener Amy et Rory sur Terre pour les sauver est la chose la plus responsable que puisse faire le Docteur. Mais avec toute la mythologie et les forces à l'oeuvre dans l'ombre, cette décision n'intervient-elle pas déjà trop tardivement ?

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Bilan : The God Complex est un épisode prenant et efficace qui prouve une nouvelle fois que Doctor Who ne se réduit pas à sa seule mythologie, et que la série peut être brillante lorsqu'elle prend le temps de s'intéresser à ses dynamiques fondatrices : à savoir la relation du Time Lord et de ses compagnons. Le temps n'est plus à l'insousciance, les parenthèses plus légères sont derrière soi. La destruction de cette foi ancrée en Amelia Pond demeure purement symbolique : elle ne remet pas en cause la confiance que Amy, adulte, a dans le Time Lord. Mais elle permet des prises de conscience et des réévaluations que l'on pressentait et qui apparaissaient de plus en plus inévitables. C'est donc un épisode très convaincant qui nous a été proposé, nous rapprochant peu à peu du final tant attendu de la saison.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de l'épisode :

17/09/2011

(UK) Doctor Who, season 6, episode 10 : The girl who waited

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Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti quelque chose d'aussi fort devant un épisode de Doctor Who qui n'est ni un season premiere, ni un season finale, c'est-à-dire un épisode non mythologique. Cela faisait aussi longtemps que je n'avais pas versé autant de larmes devant la série. Écrit par Tom MacRae, The girl who waited est en bien des points une réponse parfaite à ceux qui s'interrogent sur la construction des saisons sous Steven Moffat et sur le rôle des stand-alones, car il résume et éclaire comme rarement toutes les dynamiques relationnelles à l'oeuvre entre les trois protagonistes principaux.

Après toutes les émotions fortes vécues ces derniers temps, le Docteur décide d'offrir des vacances à Rory et Amy sur une planète du nom d'Apalapucia, qui est la deuxième destination touristique de l'univers. Mais loin du monde paradisiaque promis, ils arrivent dans un lieu qui a été placé en quarantaine en raison d'une épidémie. Si les humains ne craignent rien, il en va autrement des Time Lords. Un mécanisme jouant sur les lignes temporelles a été mis en place, permettant aux malades de vivre, durant les 24 heures qu'il leur reste avant de mourir, une vie entière. A la suite d'une simple erreur, Amy est malheureusement séparée des deux autres, enfermée dans le système automatique. Le Docteur fait ce qu'il peut pour la sauver, mais lorsque Rory retrouve sa femme, cette dernière est restée seule et luttant pour sa survie pendant 36 ans...

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The girl who waited est un épisode qui démontre qu'il est possible de faire reposer entièrement un épisode sur les compagnons du Docteur. Car c'est bel et bien à Amy et Rory, pour lesquels je n'avais jamais autant vibré, que cette aventure est dédiée. C'est tout d'abord l'histoire d'Amy, parce qu'elle est celle qui attend. Une habitude, pourrait-on dire. Depuis que la série l'a introduite enfant, croisant pour la première fois ce mystérieux homme à la boîte bleue en pleine regénération, il semble qu'elle ait presque toute sa vie toujours attendu ce Time Lord versatile auquel elle est liée de manière inextricable : elle l'a attendu jusqu'à l'âge adulte, elle l'a attendu durant cet été où il cherchait vainement sa fille... et la voilà qui patiente cette fois-ci 36 ans dans un univers hostile où les dernières illusions de fiabilité qu'elle pouvait avoir en lui ont le temps de s'effacer. Cette Amy âgée, férocement indépendante, qui reste si semblable à notre jeune Amy mais est en même temps si désillusionnée, est le produit de l'échec, de la trahison du Docteur, et ne saurait laisser insensible le téléspectateur.

C'est d'autant plus le cas que cette tragédie est mise en relief par l'intensité de sa relation avec Rory. Si l'on avait pu avoir des doutes dans les premiers temps sur la solidité de ce couple, cette saison nous aura démontré combien les deux sont liés par le destin depuis leur enfance et quelle est la force des sentiments qui les lient. La conviction inébranlable de Rory, persuadé qu'Amy âgé ne peut avoir oublié tous les principes qui la caractérisait, la manière dont ils retrouvent timidement leurs affinités, une complicité naturelle, après toutes ces années, font chaud au coeur et éclairent au grand jour tout ce que sont capables de transcender leurs sentiments. Et puis, pour ceux qui craignaient que cette relation ne fonctionne que dans un sens, Rory aimant plus tout sa femme, une décision extrêmement symbolique leur répond ici : Amy âgée fait finalement le choix d'aider à retrouver Amy jeune/du présent, non pour elle-même, mais pour Rory et les années qu'ils méritent l'un pour l'autre.

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Il y a tant d'émotions sous-jacentes dans les scènes de cet épisode qu'il ne pouvait sans doute s'achever que dans les larmes d'un choix impossible, mais qui doit être fait : même dans une intrigue tout en timey-wimey où le téléspectateur perd rapidement le fil temporel conducteur, on sait qu'il ne peut y avoir qu'une seule Amy. Ce sera celle de Rory, celle que ses amis considèrent comme le présent, effaçant Amy âgée, ses 36 années d'attente vaine et tous les remords qu'elle représente. Plus que dans bien des situations durant lesquelles il avait pu jouer avec le feu, l'attitude d'Eleven, mêlant inconséquences et mensonges, marque. Tout à son ordre des priorités et à ses préoccupations personnelles, il est frappant de constater à quel point il semble s'éloigner de ses compagnons. Ces modes de voyage discutables font sans doute son charme (ne pas vérifier si la destination n'est pas en pleine épidémie), le fait de mentir avec aplomb sur la possibilité de sauver également l'Amy ayant vécu ces 36 ans de solitude est déjà une manipulation douteuse, mais placer ensuite Rory face à l'obligation de choisir entre les deux, lui laissant le soin de garder le verrou, est proprement cruel.

Comme si la confrontation avec River dans le mid-season finale n'avait jamais eu lieu, comme si les avertissements sur son attitude n'avaient jamais été formulés, Eleven poursuit un comportement de Time Lord qui use de ses pouvoirs sans forcément de contre-poids, d'auto-restriction. Là où Ten faisait preuve d'une empathie et d'une compassion qu'il n'hésitait pas à montrer et dont il tirait sa force, Eleven fait preuve de moins de scrupules. Cela le déchire sans aucun doute d'abandonner ainsi celle qui est le produit d'une ses erreurs, mais il l'intériorise. Plus que jamais, tout parait semblable à un jeu des apparences, omettant des éléments d'informations à ses compagnons, présentant toujours une image enjouée qui est souvent un acte. Le Docteur évolue lentement vers une ligne, entre destructeur et/ou auto-destructeur, qui vient nuancer et noircir son portrait. Si ce thème a toujours existé dans la série, il est désormais au coeur de la dynamique de la saison, permettant ainsi à Doctor Who d'explorer de nouveaux territoires.

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Bilan : The girl who waited est un épisode bercé par les paradoxes, à commencer par le principal : en dépit d'une histoire confuse, où les timey-wimey égarent le téléspectateur, il captive, émeut et marque avec une force et une intensité à laquelle peu d'épisodes de Doctor Who parviennent. C'est un épisode où l'émotionnel prend le pas sur la rigueur du scénario, pour apporter un éclairage particulier sur les différents protagonistes, mettant à l'honneur des compagnons du Docteur qui l'ont bien mérité. Karen Gillan et Arthur Darvill sont d'ailleurs vraiment à la hauteur de l'évènement !


NOTE : 8,5/10


La bande-annonce de l'épisode :

10/09/2011

(UK) Doctor Who, season 6, episode 9 : Night Terrors

"Tick-tock goes the clock even for the Doctor."

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Après un redémarrage de mi-saison des plus enthousiasmants, c'est un épisode de transition que nous propose Doctor Who avec Night Terrors. Écrit par Mark Gatiss, il faut préciser que cette aventure devait initialement figurer dans la première partie de la saison 6, d'où l'impression de nous glisser dans une parenthèse au cours de laquelle la trame mythologique est comme suspendue (pas d'évocation du sort de River, ou des préoccupations vis-à-vis de leur fille d'Amy et Rory). Cette transition, proche du stand-alone, va cependant une nouvelle fois prouver à quel point cette série sait investir en même temps des registres extrêmement différents, se révélant à travers une tonalité versatile qui fait son charme. 

C'est un appel au secours reçu par le Docteur qui va initier l'aventure de Night Terrors. Un petit garçon, quelque part en Angleterre, a très peur. Il est tellement effrayé que sa demande d'aide, pensée si fort, a traversé l'espace et le temps jusqu'au Tardis qui était en train de voyager. Sans hésitation, le Docteur répond instantanément à ce curieux appel de détresse, entraînant ses compagnons sur Terre, dans un grand ensemble urbain qui n'en fait certes pas la destination la plus exotique qui soit. Le Time Lord découvre, à l'origine du message, un garçon de huit ans, George, manifestement très angoissé. Ses parents ne savent plus quoi faire ; le Docteur s'invite alors dans les lieux pour découvrir dans la chambre de l'enfant, enfermé dans le placard, quelque chose d'aussi inconnu qu'effrayant...

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Tout en cultivant une diffuse ambiance sombre et inquiétante, Night Terrors est un épisode à la tonalité plus ambivalente qu'il n'y paraît, semblable à un conte où, une fois les épreuves passées, l'histoire se termine sur une note d'optimisme, laissant l'observateur extérieur ragaillardi et satisfait. A première vue, l'épisode se réapproprie pourtant bien tous les codes classiques d'une mise en scène horrifique soft, restant tout d'abord dans le suggestif, pour ensuite basculer dans une maison des poupées se voulant fort angoissante. Ce sont nos peurs enfantines, celles qui nous prenaient d'assaut, enfant, dès que la lumière de la chambre s'éteignait, qu'il s'attache à réveiller. Cependant, si l'ensemble aiguise la curiosité, retenant l'attention du téléspectateur, il serait exagéré de dire que l'épisode parvient à susciter une réelle inquiétude.

A partir d'un cadre minimaliste, et dans ce décor très particulier, c'est finalement une belle histoire humaine, d'une simplicité assumée, qui va nous être relatée. Si les thèmes abordés peuvent donner une impression de déjà vu, ils ont le mérite de fonctionner : un extraterrestre qui a perdu ses repères, un père et un fils qui doivent se retrouver, ce sont des missions pour le Docteur... La bonne surprise de l'épisode tient à son écriture extrêmement versatile, passant allègrement de l'anxiété dramatique à des scènes plus proches de la comédie, qui frôlent parfois un ridicule inattendu assez savoureux : des (més)aventures traditionnelles d'Amy et Rory à la géniale scène du débat entre le père et le Docteur pour savoir s'il faut ou non ouvrir le placard. On sourit donc plus que prévu devant cet épisode à l'allure presque faussement effrayante, qui reste avant tout une jolie histoire, laquelle séduit par sa simplicité et son humanité.

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Par contraste avec la richesse de l'épisode de la semaine précédente, Night Terrors peut sans doute frustrer. Le téléspectateur nourrit naturellement des envies de flamboyante mythologie, de casse-têtes inénarrables, de timey-wimey inextricables... De telles attentes ne sont pas comblées par ces stand-alones plus intimistes. Est-ce pour autant un défaut et le signe d'une gestion trop aléatoire du fil rouge mythologique ? Pour ma part, je n'y vois pas une inégalité qualitative. Je ne suis pas tombée amoureuse de cette série pour sa mythologie, mais pour son univers, pour ces points de détail d'apparence anecdotique mêlant science-fiction et divertissement familial, pour ce ressenti magique furtivement éprouvé lors du visionnage de certains épisodes. La saveur particulière de Doctor Who réside dans son folklore. Si le schéma narratif global des saisons sous Steven Moffat est assez prévisible, je prends aussi beaucoup de plaisir devant ces épisodes moins déterminants pour la grande Histoire, indéniablement peu marquants, mais où on retrouve l'âme de la série. Cela n'a pas l'intensité de Let's kill Hitler, mais c'est une autre forme de saveur !

De plus, servi par une réalisation de Richard Clark qui joue habilement sur les codes de la terreur portée à l'écran, sans jamais véritablement franchir le dernier pas pour embrasser ce genre, Night Terrors bénéficie d'un casting très appréciable : il accueille parmi ses guest-stars du jour Daniel Mays, resté à mes yeux le traumatisant Keats dans la saison 3 de Ashes to Ashes et qui était en début d'année à l'affiche de Outcasts. Ca m'a fait très plaisir de retrouver cet acteur que j'apprécie beaucoup. Il délivre ici une performance enthousiasmante, s'amusant manifestement beaucoup dans cet épisode où son personnage - le père de George - passe par tous les états, de l'adulte responsable à la panique frôlant le ridicule. Enfin, c'est Jamie Oram qui incarne, avec une touche de sincérité et d'innocente parfaite, le garçon apeuré par qui tout arrive. 

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Bilan : Stand-alone quasi-indépendant de la mythologie de cette saison 6, la chanson résonnant à la fin étant le seul lien avec la trame principale, Night Terrors est un huis clos qui joue d'abord sur la projection de nos cauchemars nocturnes. Si l'angoisse engendrée par cette atmosphère reste une toile de fond appréciable, l'histoire, simple, se révèle en revanche étonamment touchante dans un registre plus émotionnel et humain, nous offrant une jolie conclusion. Bien rythmé par une écriture à la tonalité changeante, sans marquer, l'épisode fait donc passer un bon moment devant son petit écran.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de l'épisode :