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27/10/2013

[Blog] My Télé is rich! fête ses quatre ans (et lance sa saison 5)

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"Une fête ?... Un blog-anniversaire !"

Le 27 octobre est une date particulière pour ce blog : il fête en effet aujourd'hui ses quatre ans d'existence, puisqu'il ouvrait ses portes pour la première fois en 2009. Quatre années, cela commence à être l'âge de la sagesse pour un tel format de publication : les habitudes sont prises, le style est désormais bien posé. Il est vrai que My Télé is rich! a connu peu de modifications cette année dans ses publications. La ligne éditoriale demeure résolument tournée vers l'international, les billets ont une structure quasi-invariable et les rendez-vous spécifiques demeurent. L'équilibre trouvé au cours des 2-3 premières années semble désormais perdurer.

J'avoue pourtant que cette quatrième année aura été la plus difficile à boucler depuis la création du blog. Beaucoup de contraintes matérielles, trop de préoccupations et de changements dans les autres pans de ma vie qui ont rendu l'exercice un peu moins dense (même si la régularité des publications est dans l'ensemble respectée). De la fatigue également est venue se mêler à tout cela, avec la frustration de ne pas avoir toujours l'énergie suffisante pour finir tel article. Enfin, il y a eu aussi une pointe de lassitude qui s'est manifestée.

Pour autant, ce fut une année bien remplie et encore une fois très riche. La grande nouveauté n'est pas venue d'une évolution de la ligne éditoriale ou des visionnages, mais plutôt d'une plus grande socialisation, au sens où ma sériephilie n'est plus restée cantonnée derrière un écran d'ordinateur. Pour la première fois, je me suis rendue à un Festival de séries (SériesMania en avril), un excellent moment passé et l'occasion de rencontrer d'autres passionnés. J'ai aussi participé à diverses activités liées aux séries à côté du blog, qui ont été des expériences très intéressantes. Un autre projet encore en cours devrait d'ailleurs m'occuper dans les mois à venir. Une année donc marquée par une téléphagie qui s'est exportée en dehors de ce seul espace virtuel.

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Côté visionnages, beaucoup de constantes, avec une sériephilie "sans frontières" qui continue de grandir et de mûrir au fil des découvertes. Le blog a posé ses valises dans plusieurs nouveaux pays : Brésil, Chili, République Tchèque, Afrique du Sud. Et l'année n'aura pas manqué de coups de coeur (en partie imprononçables, à l'image de Torka aldrig tårar utan handskar), en plus d'offrir des visionnages enrichissants sur des cultures plus lointaines. La russe Master i Margarita, ce mois-ci, aura par exemple été une belle révélation, tout en m'ayant fasciné.

Comme l'année dernière, pour dresser un bilan un peu plus concret, j'ai repris le grand tableau des destinations, en le complétant d'une nouvelle colonne. Ces chiffres restent incomplets, car je n'écris pas sur tout ce que je regarde. Mais les tendances sont là, et mes petites affinités (britanniques, scandinaves, sud-coréennes notamment) sont identifiables. La continuité éditoriale par rapport au rythme de croisière trouvé l'année dernière est aussi perceptible.

Nombre de séries traitées (par pays et par année)

Pays 1re année 2e année 3e année 4e année
États-Unis 31 24 24 6
France 2 3 7 6
Royaume-Uni 56 37 35 32
Européennes Autres 1 9 20 16
_ Allemagne / 1 1 /
_ Danemark / 4 4 3
_ Espagne / / 1 /
_ Estonie / / 1 /
_ Irlande / 1 / 1
_ Islande / 2 4 1
_ Italie 1 / 2 /
_ Norvège / / 2 3
_ Pays-Bas / / 1 /
_ Portugal / 1 / /
_ République Tchèque / / / 1
_ Suède / / 3 6
_ Suisse / / 1 1
Australie 4 4 4 4
Canada 2 2 2 2
_ Québec / / 1 1
Israël / / 2 2
Nouvelle-Zélande 1 2 / /
Russie / / 1 1
Asie 48 47 47 41
_ Corée du Sud 37 30 23 21
_ Chine (Rép. Pop.) 1 / / /
_ Hong Kong / 1 / /
_ Japon 10 14 24 20
_ Taïwan / 2 / /
Afrique / / / 1
_ Afrique du Sud / / / 1
Amérique Latine / / / 3
_ Brésil / / / 2
_ Chili / / / 1
Pays vus par année 9 13 19 19
Pays vus au total 9 17 25 29

La surprise de ce tableau, pour tout vous dire, c'est le premier chiffre concernant les séries américaines, avec une très forte baisse que je n'avais absolument pas perçue au fil de l'année. En réalité, c'est plus la fin d'une part maintenue artificiellement élevée qu'un changement dans ma consommation. J'ai regardé et apprécié à peu près autant de séries en provenance des États-Unis - et peut-être même plus grâce à plusieurs nouveautés marquantes (Rectify, Hannibal, The Americans, Orange is the new black). La chute provient des reviews de pilotes : j'ai cessé de vous parler de tout ce que je pouvais visionner de vaguement décent et je ne retiens plus que ce qui m'intéresse vraiment, préférant d'ailleurs un bilan d'ensemble à la critique insuffisamment représentative du pilote. Je n'ai ainsi même pas joué au teste-tout pour cette très morose rentrée... Ajoutez à cela plusieurs séries au long cours passées à la trappe par manque de temps et qui auraient mérité d'être là (Justified), on arrive donc à ce chiffre de six séries américaines traitées... Les États-Unis au niveau de la France et de la Suède... Bon, en même temps, est-ce que ce n'est pas tout ce que mérite une industrie qui vient d'annoncer un projet de remake sur Charmed...?

Que mon intérêt pour les séries américaines ait décru, ce n'est pas une découverte - l'année clé est même antérieure au blog, puisque cela remonte à la grève des scénaristes (2007-2008), période où quelque chose s'est cassé dans mes rapports avec le petit écran américain. Qu'en est-il du reste du monde ? Comme l'année dernière, My Télé is rich! a posé ses valises dans les petits écrans de 19 pays différents, ce qui porte à 29 le nombre de pays traités depuis le début du blog ! La grande innovation est l'ouverture vers deux nouveaux continents : l'Amérique Latine qui fait une entrée remarquée avec de chouettes séries provenant du Chili et du Brésil, et l'Afrique qui reste pour l'instant encore en retrait. Sinon, j'ai usé plus de jokers concernant les mercredis asiatiques, ce qui explique la (toute relative) baisse du nombre de billets consacrés à ce continent. L'équilibre Corée du Sud/Japon s'y confirme pour la deuxième année consécutive. En Europe, c'est toujours la Scandinavie qui reste ma destination privilégiée, avec pour la première fois, la Suède qui arrive au 1er rang. Israël est là, mais toujours aussi difficile à atteindre téléphagiquement. Concernant le reste des pays anglophones hors États-Unis, c'est la stabilité qui prédomine pour l'Australie ou le Canada. Enfin, la bannière de ce blog peut continuer à flotter fièrement : les séries britanniques conservent largement leur leadership sur le reste du monde. C'est bien la seule permanence de ces quatre années !

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La richesse du petit écran m'impressionne toujours autant, permettant un renouvellement permanent des styles de visionnages et des horizons explorés, entre nouveautés et rattrapages plus anciens. Si je commence à avoir un bagage très solide vers certaines destinations comme la Scandinavie (Islande, Danemark, Suède, Norvège), d'autres projets me tiennent à coeur : partir en direction de l'Europe centrale, sans négliger l'Allemagne ; faire le tour de l'Amérique Latine en séries, avec des fictions de la même qualité que celles que j'ai pu voir cette année sur ce continent ; découvrir des terres encore inexplorées avec, en premier lieu, l'Inde ; cultiver ma curiosité pour la Russie, mais aussi Israël... Je n'aurais sans doute pas l'occasion de tout réaliser, mais l'envie et la passion sont là, c'est l'essentiel. Et puis, il faut bien franchir la barre des 30 pays visités !

Cependant, le futur de My Télé is Rich! s'inscrit plus que jamais en pointillés. Dans un sens ou dans un autre, le mois de décembre prochain va marquer la fin de l'équilibre sur lequel j'avais construit le blog depuis sa création. Il y aura des incidences sur son rythme et sur son devenir au sens large. Mais pour le moment, il est encore trop tôt pour trancher, j'y réfléchis et je vous en reparlerai en fin d'année. En attendant, quelques turbulences sont à prévoir, ce qui devient une habitude, fin novembre-début décembre, où une pause sera programmée. J'avoue une profonde admiration pour ceux qui parviennent à jongler entre publication et activités professionnelles, car de mon côté je trouve vite mes limites !

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Pour revenir au sujet premier de ce billet, et à cet anniversaire, sachez que c'est aussi vous qui avez rendu possible cette quatrième année. Je tiens donc à vous remercier, chers lecteurs, pour toutes vos visites, occasionnelles ou régulières. Une pensée toute particulière à tous ceux qui ont pris le temps de laisser des commentaires ça et là, lesquels sont toujours des réconforts pour la motivation du blogueur, ainsi qu'à ceux qui partagent des liens vers des articles sur les réseaux sociaux. Merci donc à tous pour votre participation à cette aventure !

My Télé is rich! débute officiellement aujourd'hui sa cinquième saison.

Let's party & En avant vers de nouvelles aventures sériephiles !

26/10/2013

(UK) Peaky Blinders, saison 1 : un exercice de style enthousiasmant et paradoxal dans le registre du gangster drama


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Hier soir, la BBC a annoncé officiellement (sans surprise) le renouvellement de Peaky Blinders pour une saison 2. La première s'est achevée la semaine dernière au terme de son sixième épisode. Diffusée le jeudi soir sur BBC2 en Angleterre, la série aura su rassembler une audience fidèle. Parmi les nouveautés anglophones de cette rentrée 2013, elle reste ma préférée, celle que j'attendais avec le plus d'impatience chaque semaine. Exploitant le potentiel que son pilote avait laissé entrevoir, Peaky Blinders s'est révélée être une fiction prenante, visuellement et musicalement à part, qui a trouvé sa place dans ce genre du gangster drama tout en empruntant pourtant des sentiers très balisés. Son tour de force est d'avoir su magnifier une histoire classique par son atmosphère et un casting convaincant. Le résultat est suffisamment enthousiasmant pour que je ne boude pas mon plaisir.

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Birmingham dans l'après Première Guerre Mondiale était le cadre parfait pour cette série qui a réalisé avec un aplomb jamais pris en défaut un véritable exercice de style pour investir le genre du gangster drama. Traditionnelle, Peaky Blinders l'est certainement sur le fond, notamment dans les thèmes qu'elle explore. Elle a deux volets complémentaires. Il y a, d'une part, les velléités d'expansion du gang, portées par les ambitions d'un Tommy qui s'avère fin stratège. Au rythme des alliances de circonstances et des trahisons, elles conduisent à une confrontation finale annoncée. D'autre part, parallèlement à ces affrontements, la série suit les voies sensibles du cœur explorant un versant plus intime de ses personnages. Les couples s'y font sous le signe des amours impossibles, des liaisons viciées dès leur fondation. Cela donne un mélange engageant, impliquant le téléspectateur aux côtés de protagonistes dont les parcours se construisent dans les affrontements, dans la droite continuité d'une Grande Guerre jamais très loin dans les esprits.

Pour autant, Peaky Blinders n'en est pas moins une fiction paradoxale. La série captive, tout en faisant preuve d'une invariable prévisibilité. Dotée d'une belle maîtrise de l'art du twist pour se sortir de certaines situations, son écriture calibrée se contente d'une prise de risque minimale. Mettant en scène un milieu violent, elle sait susciter de la tension et proposer des scènes très intenses, mais ne compte finalement que peu de morts. Jouant sur sa faculté à formuler des menaces et à placer ses personnages dans des situations périlleuses, elle s'assure que le téléspectateur retienne son souffle devant son petit écran, sans nous mener jusqu'au point de non retour. Le simulacre d'exécution à la fin du premier épisode donnait le ton : Peaky Blinders cultive une savoureuse aura de noirceur impitoyable... sans chercher à la concrétiser, à l'image de Tommy qui saura démontrer qu'il a envers et contre tout conservé une part de son humanité perdue en France. L'illusion fonctionne avec une efficacité redoutable. Cependant, il sera intéressant de voir la résolution du cliffhanger sur lequel la saison se termine pour découvrir si les scénaristes sont prêts à embrasser un vrai bouleversement.

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Qu'importe si les développements du scénario, qu'il s'agisse des relations personnelles entre les personnages, ou bien des évolutions du gang, apparaissent souvent transparents, l'attrait de Peaky Blinders est ailleurs. Ce n'est pas l'éventuelle innovation ou les surprises, mais bel et bien la manière dont les storylines sont exécutées qui donne toute sa saveur au récit. La série repose sur le soin accordé à la mise en scène, sur un jeu des symboles jamais oublié ou bien encore sur une réappropriation de codes empruntés à d'autres genres. L'influence du western est manifeste - et bienvenue -, comme lors de l'affrontement final qui bascule en un instant de la perspective d'une anarchique guerre des gangs en un duel quasi-codifié qu'une allée de Tombstone n'aurait pas renié. Du côté des personnages, la saison poursuit pareillement sur les bases posées dès le pilote, assurée de ses combinaisons. Les confrontations sont très personnalisées - à l'image de l'affrontement avec l'inspecteur Campbell - et la dynamique du clan Shelby, au sein duquel Tommy et la tante Polly s'imposent, reste une valeur sûre.

C'est la construction d'une atmosphère vraiment à part qui vient sublimer tous ces ingrédients et faire entrer Peaky Blinders dans une autre dimension. La série dispose en effet d'atouts formels marquants. Bénéficiant d'une photographie très soignée, la réalisation ne manque, elle, pas d'initiatives, parfois expérimentales, tel le recours à des ralentis pour souligner l'intensité d'un moment. L'image reste toujours très travaillée. Dans le même temps, la bande-son, à l'anachronisme assumé, déroute un temps, avant d'entraîner le téléspectateur dans son ambiance, portée par une musique d'ouverture parfaitement choisie. Cela permet à la série de se trouver une identité propre, s'affranchissant des codes classiques du period drama britannique. Enfin, le casting aura également été un argument de poids, sous la conduite d'un Cillian Murphy qui s'est parfaitement glissé dans ce rôle froid mais complexe du leader du gang. A ses côtés, Sam Neill, Helen McCrory ou encore Annabelle Wallis ne dépareillent, le casting offrant ainsi une distribution homogène et solide sur laquelle l'histoire s'appuie.

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Bilan : Visuellement travaillée, musicalement décalée, Peaky Blinders est une série efficace et prenante qui sait provoquer l'investissement du téléspectateur. Gangster drama assuré, jouant sur une noirceur parfaitement mise en scène, c'est une série qui se démarque par sa façon de raconter son histoire, plus que par le contenu même d'un récit qui reste très classique, voire convenu. Jubilatoire dans ses fulgurances, toujours engageante, savoureuse dans sa manière de porter à l'écran ses storylines, cette fiction est un véritable exercice de style. Elle a ses paradoxes et ses limites, mais son ambition est manifeste. Au final, elle offre un bien beau moment de télévision. Une découverte donc chaudement recommandée.


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce de la série :

23/10/2013

[Blog] Visionnages asiatiques d'octobre / Joker

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La fatigue l'emporte en ce mercredi asiatique, et je dégaine donc un nouveau joker. Il faut dire que mes quelques tests du week-end sur des nouveautés sud-coréennes d'octobre ne se sont pas révélés très concluants : ni Marry me if you dare (encore une romance avec une pointe de fantastique), ni le tant buzzé The Heirs n'ont réussi à me donner envie de lancer leur deuxième épisode (dans les cas où j'ai réussi à terminer le premier). Tout cela n'a pas trop d'importance, car mes attentes sont toutes entières tournées vers deux autres dramas de cette fin du mois à l'égard desquels j'ai des espoirs autrement plus grands. Il y a d'une part les débuts de Answer Me 1994, "saison 2" reprenant le même concept que Answer Me 1997, un de mes coups de coeur de l'an dernier. D'autre part, c'est Basket Ball qui m'intrigue. Si au moins un des deux est à la hauteur, je serais satisfaite !

En attendant, vous avez remarqué que ce mois d'octobre aura finalement été consacré à des dramas d'un genre un peu particulier : des unitaires qui auront pourtant chacun délivré beaucoup en un peu plus d'une heure. Si j'avais pu rédiger un billet normal aujourd'hui, c'est d'ailleurs sur un autre drama special de KBS2 que je me serais arrêtée, Happy! Rose day (je ne m'interdis pas d'y revenir de manière plus complète ultérieurement). Il s'agit d'une histoire mettant en scène un rectangle amoureux et abordant le thème de l'infidélité d'une manière juste et plutôt habile. Encore une fois, le format court apparaît comme une occasion d'explorer un sujet familier pour entraîner le téléspectateur sur d'autres voies. Le résultat obtenu a une personnalité, apportant un petit quelque chose aux différents genres investis. A une période où nombre de dramas sud-coréens me paraissent sur-calibrés, trop mécaniques, cela fait l'effet d'une petite bulle d'air frais. Certes, la qualité de ces unitaires est loin d'être égale, et il y a des ratés dans le lot. Mais j'ai vraiment savouré le plaisir suscité par ces quelques unitaires, alors même que parallèlement j'éprouve beaucoup de lassitude devant certains dramas longs et leurs exploitations de ficelles trop éculées pour parvenir à faire vibrer comme au premier jour.

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Sinon, en partant pour une autre destination, histoire de changer les idées du téléphage, il y a aussi la nouvelle saison japonaise qui a débuté en ce mois d'octobre. Peu de projets ont vraiment retenu mon attention. Mais, disons-le, si Link est sous-titré et se révèle réussi, je serais satisfaite : un casting de rêve, WOWOW, un concept qui semble avoir de l'ambition. A suivre donc.

En attendant, de votre côté, avez-vous quelques recommandations de visionnage en matière de dramas pour les soirées d'automne qui s'allongent ? J'ai notamment bien noté le conseil donné ce week-end par Noémie en commentaire, concernant Karamazov no Kyodai (il faut dire que c'est le moment ou jamais de me vendre des adaptations de littérature russe !).

19/10/2013

(RUS) Ма́стер и Маргари́та / Master i Margarita (Le Maître et Marguerite) : un conte fantastique dans l'URSS des années 30


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Aujourd'hui, c'est en Russie que My Télé is Rich! pose ses valises. Il faut dire qu'à force de suivre les aventures d'agents russes à l'étranger, la curiosité a logiquement fini par prendre le dessus. Si bien qu'après avoir terminé Ta Gordin, la plus russe des séries israéliennes, j'ai eu une envie soudaine de mettre le cap sur la Russie. Les habitués du blog se souviendront que cela n'est pas notre première escale dans ce pays, déjà évoqué l'année dernière, lors de la découverte de Небесный Суд (Nebesnyi Soud), une mini-série fantastique versant dans la comédie noire. Si les informations qui nous parviennent de ce petit écran concernent souvent des remakes de fictions occidentales, c'est une autre source d'inspiration qui aiguisait mon intérêt : les adaptations littéraires. C'est finalement sur une série qui m'a été recommandée l'année dernière que j'ai portée mon choix.

Ма́стер и Маргари́та (Master i Margarita) est une adaptation du fameux roman de l'écrivain Mikhaïl Boulgakov, écrit entre 1928 et 1940, et publié en France sous le titre Le Maître et Marguerite. Cette série a été scénarisée et réalisée par Vladimir Bortko, qui n'en était pas à son coup d'essai dans cet exercice puisqu'il avait porté à l'écran en 2003, L'Idiot de Fiodor Dostoïevski. Master i Margarita compte 10 épisodes de 45 à 50 minutes environ. Diffusée sur Telekanal Rossiva fin 2005, elle y a réalisé des scores d'audience impressionnants. Dans sa narration, elle est réputée très proche du roman d'origine - la durée de presque 8 heures au total permettant d'éviter les coupes sombres. J'avoue que je me suis lancée sans avoir lu au préalable le livre. Sa connaissance donne sans doute une autre dimension au visionnage, mais cela n'en reste pas moins un conte fantastique à plusieurs niveaux de lecture franchement jubilatoire.

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Master i Margarita plonge le téléspectateur dans l'URSS des années 30. Plusieurs histoires s'y entrecroisent autour des actions d'un mystérieux magicien étranger, nommé Woland, qui vient de débarquer en ville accompagné de divers acolytes surprenants, dont un grand chat noir qui parle du nom de Behemoth. Manifestation de Satan, il est venu juger de la population moscovite après tous les bouleversements qui ont eu lieu dans le pays. Insaisissable pour un NKVD dépassé qui n'en frappe pas moins impitoyablement, il sème la zizanie dans la capitale russe, agitant une bureaucratie soviétique médiocre et corrompue.

Parallèlement, une partie de Master i Margarita se déroule à Jerusalem au Ier siècle de notre ère. On y découvre Ponce Pilate devant faire face au procès de Jésus. Deux millénaires plus tard, dans l'URSS des années 30, le dignitaire romain est également le personnage principal d'un roman écrit par le Maître, un écrivain qui a été détruit psychologiquement par les critiques ayant visé cet ouvrage. S'il est désormais interné dans un hôpital psychiatrique, c'est l'amour que lui porte Marguerite, son amante, qui va lui ouvrir une voie vers le salut, lorsque la jeune femme est sollicitée par Woland lui-même pour être sa reine le temps d'une soirée très spéciale.

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Influencée par Faust, Master i Margarita est une œuvre foisonnante et extrêmement riche, offrant plusieurs niveaux de lecture. Sa tonalité se fait grinçante, à la fois comique et horrifique, n'hésitant pas à verser dans le burlesque et l'excessif. Maniant habilement le fantasque et l'absurde, l'histoire part dans de nombreuses directions, et progresse grâce à des développements et à des chutes qui aiment dérouter le téléspectateur, défiant constamment l'imaginaire et ses attentes. Prenant plaisir à repousser les limites, l'ensemble apparaît aussi original que surprenant, s'affranchissant de toutes les conventions. Il forme une sorte de tourbillon inclassable, proprement jubilatoire et réjouissant, dans lequel il est aisé de se prendre au jeu.

La richesse de Master i Margarita tient aussi au fait que la série se réapproprie plusieurs genres différents. Elle est tout d'abord une fable fantastique mettant en scène le Mal. Autour de Woland qui en constitue l'incarnation, se presse une suite de créatures surnaturelles venues troubler le calme moscovite, des vampires jusqu'aux sorcières. La partition maléfique jouée par le maître de cérémonie se déroule sans rencontrer le moindre obstacle, semant désordre et mort jusqu'au bouquet final qu'est ce bal des damnés rassemblant toute l'élite envoyée derrière les portes de l'Enfer. Les confrontations entre Woland, ses acolytes et les divers dignitaires soviétiques se révèlent souvent savoureuses par leur noirceur, et l'art avec lequel elles ridiculisent invariablement ces derniers.

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Le visionnage de Master i Margarita ne peut pas non plus être détaché des conditions d'écriture du livre d'origine, rédigé justement dans cette URSS des années 30. Au sein d'une Russie communiste où l'athéisme s'est répandu, la remise en cause de toute croyance trouble Woland : la population moscovite a-t-elle changé ? Pour donner le ton, la série s'ouvre avec une discussion philosophique sur l'existence de Dieu entre un responsable de la scène littéraire et un poète. Le magicien s'y invite. Par la suite, il va toujours prendre un malin plaisir à dérouter et à attiser les instincts les plus bas des bureaucrates qu'il croise. C'est un portrait satirique des élites soviétiques qui s'esquisse, confrontées à des évènements surnaturels dépassant leur entendement et les laissant sans réponse, jusqu'au NKVD, ombre omniprésente mais réduite à l'impuissance.

Faisant intervenir de nombreux protagonistes, Master i Margarita multiplie les storylines au sein d'un récit extrêmement touffu. Elle réécrit des évènements bibliques, proposant sa propre version du procès de Jésus par Ponce Pilate, s'intéressant au dilemme posé à un dignitaire romain paralysé par sa propre lâcheté. Dans la Russie des années 30, Pilate devient le personnage central inattendu, tiraillé par sa culpabilité, d'un roman écrit par le Maître, scellant ainsi l'étrange lien qui va unir ces différentes destinées. La série se mue en histoire d'amour pour traiter de la relation entre l'écrivain déchu et la belle Marguerite. Entre recherche d'une libération et de la rédemption, le récit prend un tournant inattendu lorsque la jeune femme accepte l'offre de Woland qui la propulse reine de l'Enfer le temps d'une soirée. C'est au final une quête douloureuse vers la paix que tous ces personnages entreprennent.

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Sur la forme, Master i Margarita est une série très travaillée, où l'effort fait pour correspondre aux diverses ambiances du récit est manifeste. La réalisation joue principalement sur les couleurs, passant d'un noir & blanc très pâle à des scènes autrement plus colorées en fonction des lieux et des époques. Fantastique oblige, il lui faut recourir à l'occasion à des effets spéciaux : qu'il s'agisse de survoler la ville sur un balai ou bien de donner une réception pour les damnés, il faut avouer que les effets sont diversement réussis. Ce n'est pas un point fort de la fiction, mais cela restera à peu près correct. Enfin, l'ensemble bénéficie d'une impressionnante bande-son uniquement composée d'instrumentaux musicaux qui confèrent une belle dimension lyrique au récit.

Quant au casting, il est globalement homogène, et permet à toute cette vaste galerie de personnages hauts en couleur de prendre vie. Marguerite est interprétée par Anna Kovalchuk, tandis que le Maître est incarné par Aleksandr Galibin (à noter qu'il est doublé dans la série par Sergey Bezrukov qui joue également Jésus). C'est Oleg Basilashvili qui interprète le mystérieux et inquiétant Woland. Vladislav Galkin joue quant à lui le poète témoin de la mort de Berlioz qui débute la longue liste d'internés en hôpital psychiatrique à cause des évènements. Quant aux acolytes de Woland, ils sont joués par Aleksandr Abdulov, Aleksandr Filippenko et Aleksandr Bashirov. A Jerusalem, Kirill Lavrov incarne Ponce Pilate. A leurs côtés, une foule de figures secondaires se succèdent.

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Bilan : Satan, un chat qui parle, un écrivain désabusé, Ponce Pilate, une sorcière, le tout avec pour toile de fond l'URSS des années 30 et le NKVD, autant d'ingrédients qui font de Master i Margarita une série inclassable, jubilatoire et particulièrement savoureuse. Peuplé de figures fantasques et hautes en couleurs, ce conte fantastique joue sur divers registres, entre la comédie burlesque et horrifique, la satire politique et même l'histoire d'amour. Bénéficiant d'un récit dense, extrêmement riche, la série n'évite pas quelques longueurs, sans doute en partie dues à la fidélité de l'exercice d'adaptation, mais l'ensemble aboutit à créer une œuvre résolument à part dans laquelle le téléspectateur se laisse entraîner avec beaucoup de plaisir.

J'ai donc passé un très bon moment devant cette mini-série, et ma curiosité actuelle pour la Russie n'en a été que plus encouragée. J'ai commandé le livre Le Maître et Marguerite pour découvrir l'original, car j'imagine que la transposition à l'écran a pu laisser de côté certains aspects d'un roman au concept tellement fascinant. Quant à mes explorations téléphagiques, je me dis que L'Idiot du même Vladimir Bortko peut être un prochain projet de visionnage très intéressant. A suivre.


NOTE : 7,5/10


Un extrait de la première conversation de la série (sous-titré en français) :

Un extrait d'un épisode ultérieur (toujours sous-titré en français) :

16/10/2013

(K-Drama / SP) Yeon Woo's Summer : une jolie histoire de maturation pleine de sincérité

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En ce mercredi asiatique, restons en Corée du Sud. Après avoir évoqué The Memory in my Old Wallet la semaine dernière, c'est sur un autre drama special de la saison actuelle de KBS2 que j'aimerais revenir aujourd'hui. Diffusé le 4 septembre 2013, Yeon Woo's Summer propose une histoire qui m'est allée droit au coeur. Il est servi par une solide réalisation confiée à Lee Na Jung (The Innocent Man) et une écriture assurée signée Yoo Bo Ra, le tout parachevé par la belle performance de l'actrice principale, Han Ye Ri. En résumé, il s'agit d'un de ces unitaires qui, en seulement 1h10, vous font vraiment tomber sous son charme.

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Yeon Woo a grandi et toujours vécu dans le vieux quartier de son enfance, dont elle connaît chaque recoin. Tandis que ses amis ont déménagé en suivant leurs parents vers la vie citadine moderne et que leurs maisons ont été vendues à des compagnies immobilières, sa famille est restée, son père s'occupant d'un petit atelier de réparation de tous produits. Yeon Woo a naturellement pris sa suite, vivotant sans vraiment s'interroger sur ses choix de vie. Un jour, sa mère ayant dû être hospitalisée, elle accepte de la remplacer pour une semaine dans son travail d'agent d'entretien au sein d'une grande tour du centre-ville. Elle rencontre par hasard une ancienne amie de l'école primaire, Yoon Ji Wan, qui travaille désormais dans les médias. Cette dernière va demander un service à Yeon Woo qui va bouleverser les certitudes de la jeune femme.

En s'installant devant Yeon Woo's Summer, le téléspectateur tombe d'abord instantanément sous le charme d'une héroïne attachante, pleine d'une sincérité vibrante et d'une indépendance d'esprit rafraîchissante. Elle est une jeune femme tout juste entrée dans l'âge adulte qui se cherche encore une place et grandit toujours. L'histoire relatée est celle d'une maturation, provoquée par des premières inattendues. Prenant la place de sa mère, Yeon Woo se retrouve projetée dans un nouveau cadre, ce vaste immeuble animé en plein centre-ville à des lieux de son univers habituel. L'apprentissage prend ensuite une tournure sentimentale : invitée par son amie à se rendre à un rendez-vous arrangé en se faisant passer pour elle, Yeon Woo ressort ébranlée par les émotions inconnues nées de cette rencontre. Évoquant tous les doutes, les hésitations, mais aussi les remises en cause qui découlent de ces expériences, le drama dresse un portrait extrêmement touchant de cette jeune femme.

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Yeon Woo's Summer relate en fait le difficile passage à l'âge adulte, avec les enjeux d'amour, mais aussi d'amitié qui s'y rattachent. Il éclaire le moment où les rêves d'enfance et les idéaux de jeunesse sont rattrapés par le parcours suivi, et la vie que ces jeunes adultes sont en train de se construire, engageant leur futur sans toujours en avoir conscience. La situation de Yeon Woo est mise en parallèle avec celle de son amie Ji Wan. Cette dernière semble partie sur une carrière rondement menée, tandis que Yeon Woo mène une existence en marge, loin de cette course, avec sa musique et le petit atelier paternel comme cadre. Plus que des choix personnels, c'est aussi la vie - et leurs parents - qui a séparé ces deux jeunes femmes. Si Ji Wan paraît avoir un temps d'avance, elle n'en est pas plus épanouie. Le drama évite de la réduire à une simple caricature opposante, nuançant au final habilement leurs rapports. Au final, en offrant à Yeon Woo une leçon de vie, le récit vient enrichir qui elle est, sans la remettre en cause.

Se réappropriant avec finesse des thèmes assez universels, Yeon Woo's Summer puise aussi sa force dans l'ambiance que la réalisation parvient parfaitement à construire. A l'image de la scène finale chantée, pleine de chaleur, qui laisse place à une musique de la scène indie (cf. la vidéo ci-dessous), il se dégage de l'ensemble une atmosphère à part, à la fois chaleureuse, intimiste, s'affranchissant de certains canons formels de la même façon que Yeon Woo chérit sa propre indépendance. La performance de Han Ye Ri n'est pas non plus étrangère à la réussite de cet unitaire. L'actrice y est magnifique, pleine d'authenticité et de justesse dans un rôle où elle se glisse avec un naturel déconcertant. A ses côtés, le casting est d'ailleurs solide : tandis que Im Se Mi interprète l'amie d'enfance de Yeon Woo, Han Joo Wan incarne ce jeune homme auquel elle n'est pas insensible. En quelques scènes, une vraie alchimie naît d'ailleurs entre Han Joo Wan et Han Ye Ri. On croise également Kim Hye Ok, Hwang Jung Min ou encore Jung Soo Young.

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Bilan : Jolie histoire de maturation, capturant les émotions et les questionnements du passage à l'âge adulte, Yeon's Woo Summer signe un portrait empreint de sincérité d'une jeune femme profondément attachante. Porté par une ambiance un peu à part, bien servi par une réalisation très convaincante, ce drama special charme comme rarement le téléspectateur. La prestation de l'actrice principale achève de donner une autre dimension à ce récit qui reste simple et bien dosé. Une découverte fortement conseillée. Avis aux amateurs !


NOTE : 7,75/10


Pour un aperçu de l'ambiance, un extrait (la scène finale chantée venant conclure le drama) :