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24/03/2013

(Pilote AUS) Please Like Me : un Girls au masculin ?

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Pour conclure le week-end, direction l'Australie aujourd'hui ! Depuis le début d'année 2013, son petit écran a proposé, avec plus ou moins d'inspiration, plusieurs nouveautés très différentes. Il y a par exemple eu The Doctor Blake Mysteries, une série policière historique qui pourra plaire aux amateurs (pour plus d'informations, je vous invite à lire la fiche de présentation de Thierry Attard). Côté dramédie policière, le pilote de Mr & Mrs Murder fut beaucoup plus indigeste, je vous propose donc de l'oublier. Restait sur ma liste à tester une série dans laquelle je me suis plongée cette semaine : Please Like Me.

Une comédie, dans les colonnes de ce blog, cela reste une rareté. Mais la télévision australienne récidive pour la deuxième fois en quelques mois puisque A Moody Christmas avait su retenir mon attention l'automne dernier. Please like me est une série qui a débuté le 28 février 2013, sur ABC2, pour une saison de 6 épisodes d'une demi-heure chacun. Il s'agit d'une création de Josh Thomas, un jeune comique australien qui porte ici à l'écran des passages de son spectacle. A noter que la série sera présentée à la fin du mois prochain à Paris lors de la 4e édition du Festival SériesMania (aux côtés de deux autres fictions australiennes : Puberty Blues, une chronique adolescente que je recommande chaudement, et de Redfern Now). 

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Please Like Me nous plonge dans la vie de Josh, laquelle prend, en quelques jours, des tournants pour le moins inattendus à la veille de ses 21 ans. Il y a d'abord sa petite-amie qui rompt avec lui alors qu'ils s'apprêtent à partager une glace hors de prix. Outre le fait qu'ils se soient de plus en plus éloignés l'un de l'autre, elle lui fait également remarquer qu'il est probablement gay. Pour se changer les idées, Josh rend visite à son meilleur ami, Tom, à son travail. L'occasion de rencontrer le nouveau collègue de ce dernier, Geoffrey, un très charmant jeune homme qui ne perd pas de temps pour se faire inviter à l'appartement que partagent en colocation Josh et Tom... puis dans le lit de Josh.

En plus de ces questionnements et errances amoureuses, Josh doit gérer dès le lendemain une autre type de crise, familiale cette fois-ci. Sa mère a fait une overdose de médicaments qui ressemble fort à une tentative de suicide. Or elle vit seule depuis son divorce avec le père de Josh. Le médecin leur conseillant de ne pas la laisser à sa solitude, voilà Josh à devoir envisager de retourner vivre chez sa mère, avec toutes les complications qu'une telle cohabitation peut laisser entrevoir. Dans le même temps, son père n'est pas d'une grande aide : la conscience coupable, il cache sa nouvelle compagne et ne fait qu'un peu plus peser sur le quotidien de son fils. Please Like Me va donc nous relater le quotidien de Josh, et de tous ceux qui gravitent autour du jeune homme.

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Présentée comme un "Girls au masculin" dans le communiqué de presse du Festival SeriesMania (avec toutes les limites de ces exercices de comparaison), Please Like Me installe rapidement une tonalité bien à elle. Son récit adopte un étrange faux rythme qui peut d'abord dérouter. Multipliant les temps de flottement qui viennent rompre la narration, la série privilégie avant tout la mise en scène de quelques instantanés représentatifs du quotidien compliqué de Josh et des bouleversements qu'il connaît. Afin de provoquer ces passages mémorables, les intrigues peuvent ainsi progresser excessivement vite, à l'image de la vie amoureuse du héros. Ce style d'écriture particulier s'affranchit donc de certaines contraintes narratives pour aller à l'essentiel ; pour autant, il n'en reste pas moins fluide et, surtout, ne perd pas le fil comique de la fiction.

L'humour de Please Like Me repose sur des répliques et des réparties les plus directes qui soient, et sur les situations embarassantes que le personnage principal, avec sa récurrente maladresse, provoque ou désamorce avec plus ou moins de tact. Il faut un léger temps d'acclimatation pour rentrer dans cette série. Tout ne fonctionne d'ailleurs pas toujours. Mais, en dépit de quelques passages un peu lourds, cet élan comique qui semble toujours prendre un malin plaisir à s'inscrire à contre-temps fait mouche. Non seulement le téléspectateur sourit, mais surtout, il se surprend rapidement à s'attacher à cet ensemble. Car Please Like Me est une fiction très humaine, où perce, derrière les échanges mis en scène - lesquels résonnent parfois de manière tellement improbable prononcés à haute voix - , une étonnante et touchante justesse. C'est dans ce dernier aspect que réside le précieux et fragile équilibre de cette série.

En tant que figure centrale, autour de qui toute l'histoire tourne, et dont on partage tous les états d'âme, Josh aurait vite pu devenir agaçant. Please Like Me évite pour le moment cet écueil. Les maladresses et les doutes humanisent un personnage qui se situe encore dans cette phase transitoire entre l'irresponsabilité de la jeunesse, parfois infantile, et la prise de conscience de l'entrée dans l'âge adulte. De plus, la série ne vire pas au simple one man show, mais repose sur ses intéractions avec une galerie de protagonistes dont les traits de caractère, bien personnels, ressortent vite, qu'ils soient ordinaires à l'excès ou hauts en couleurs. Ce sont les confrontations, les échanges à rebours et toutes les dynamiques, ou leur flagrante absence, qui sont le ressort du récit. L'équilibre empreint d'humanité de Please Like Me tient d'ailleurs à son diffus mélange des tonalités : la série aborde aussi un versant plus sombre, dramatique, notamment avec la dépression de la mère de Josh, prouvant qu'elle est bien le récit d'une vie, sous tous ses aspects, et non une simple comédie relationnelle.

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Sur la forme, peu de choses à signaler sur Please Like Me qui reste une fiction calibrée et assez sobre. La photographie est maîtrisée et cohérente : à l'éclat excessif de certains passages - comme la scène d'ouverture de rupture au soleil - succèdera par exemple le grisâtre terne de l'hôpital où Josh rendra visite à sa mère. La série use une sorte de mini-générique changeant chaque épisode qui met en scène son personnage principal dans une activité du quotidien.

Enfin, côté casting, Please Like Me est centrée sur Josh, interprété par Josh Thomas. Ce n'est pas un acteur de formation et il n'a pas non plus de véritable expérience en la matière, mais, logiquement, il est tout simplement ce personnage, qu'il joue avec le naturel qui convient. A ses côtés, on retrouve un casting qui ne dépareille pas et se met au diapason : on croise notamment Thomas Ward, Caitlin Stasey, Debra Lawrance, David Roberts, Judi Farr, Wade Briggs, Andrew S. Gilbert, Nikita Leigh-Pritchard et Renee Lim.

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Bilan : Construite à dessein sur un faux rythme, Please Like Me va à l'essentiel au cours de ces premiers épisodes. Elle trouve son ton, détonnant mélange d'authenticité et de décalages. Son humour repose sur quelques confus instants de flottement et des élans spontanés plus ou moins maladroits de ses personnages. Si son écriture n'évite pas quelques excès, il émane d'elle une humanité, ainsi qu'une forme de sincérité, qui touchent le téléspectateur et qui rendent l'ensemble attachant. Le téléspectateur français ne connaissant a priori pas Josh Thomas, cela permet de découvrir la série sans préconception. Une intéressante comédie, donc, qui a aussi pour elle d'être brève. A surveiller si elle préserve son équilbre jusqu'au bout.


NOTE : 7/10


Une bande-annonce de la série :

Commentaires

Bonne surprise également, j'étais également effrayé du côté "la réponse des garçons à girls" qu'on à pu voir ça et là, comme tu l'as remarqué. Non seulement erronée, la comparaison est d'autant plus difficile qu'il s'agit d'un autre continent, d'un autre âge, d'un autre univers.

Ce que j'aime d'ailleurs dans les deux séries citées c'est qu'en évoquant une période de la vie bien particulière, elles la montrent de manière bien plus évolutive et complexe que l'omniprésente occurrence du "jeune" ne peut le faire penser.

On peut ne pas se retrouver devant ces portraits, parfois désabusés et narcissiques, souvent naïfs et à fleur de peau, il n'empêche qu'ils offrent un regard pertinent sur la jeunesse blanche de la moyenne bourgeoisie.

Ce que j'apprécie aussi dans Please like me, c'est non seulement son humour, mais aussi l'aisance avec laquelle elle évite la lourdeur habituelle des sujets lourds dans les séries par une constante dérision et un recul dans les situations, comme la tante qui commente la dépression de la mère, les trois amis qui blaguent sur un coming out aussi soudain qu'évident, etc.

Bref, avec Puberty Blues, c'est agréable d'avoir une nouvelle déclinaison du teen show n'hésitant plus à prendre un peu plus au sérieux ces ado et post ado sans pour autant dramatiser à outrance leurs crises existentielles.

D'une certaine manière, j'ai l'impression que Skins UK, qui jouait pourtant de l'outrancier, a aussi permis un regard moins débilisant et/ou romantique de la jeunesse dans la fiction télévisuelle. C'était pas trop tôt.

Écrit par : 1991 | 26/03/2013

@ 1991 : Tu retranscris très justement la particularité de la tonalité de Please Like Me. Elle a une façon d'aborder certains thèmes, de mettre en scène des situations, à la fois très directe, mais aussi avec un recul assez caractéristique.

Je ne sais pas si on peut établir une filiation ou identifier l'influence d'un Skins derrière ce type de fiction, mais une chose est sûre : la manière dont sont abordées les thématiques de jeunes adultes dans des fictions comme Girls ou Please Like Me est très rafraîchissante.

Écrit par : Livia | 04/04/2013

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