Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/03/2013

(Pilote US) Vikings : à la conquête de l'Ouest, par Odin !

vikings0.jpg

Après le succès rencontré l'an dernier par la mini-série Hatfields & McCoys, History Channel poursuit ses incursions dans le genre des séries historiques. Le week-end dernier (le 3 mars 2013), elle lançait ainsi deux nouveautés qui ont été un joli succès côté audiences. C'est tout particulièrement vrai pour la première, The Bible - une mini-série dont vous devinez le sujet -, ayant servi de lead-in à cette soirée de fictions qui s'est poursuivie avec la diffusion du pilote de Vikings.

A l'origine de cette dernière, dont une saison de 9 épisodes est prévue, se trouve Michael Hirst, une figure familière des fictions historiques à qui l'on doit notamment The Tudors de Showtime. Vous connaissez mon inclinaison pour tout se qui ressemble de près ou de loin à une série en costumes : avec son cadre moyenâgeux, Vikings bénéficiait d'un sujet de départ qui avait retenu mon attention, sorte de complément à une de mes lectures actuelles, les Histoires Saxonnes de Bernard Cornwell (des livres qui parlent de l'Angleterre du IXe siècle, entre Saxons et Vikings). Si le pilote m'a un peu laissé sur ma faim, le deuxième est venu confirmer que la série pouvait disposer d'un intéressant souffle narratif. A la conquête de l'Ouest, par Odin !

vikingsd.jpg

Vikings débute à la toute fin du VIIIe siècle. Elle met en scène un ambitieux viking, Ragnar Lothbrok (une figure mi-historique, mi-légendaire du peuple viking) qui rêve de partir à l'assaut des territoires qui se trouvent à l'ouest de la Scandinavie, vers des terres où se trouveraient de nombreuses richesses, mais où s'étend aussi le culte d'un nouveau Dieu. Il partage ses espoirs avec son épouse, Lagertha, une femme de caractère qui sait également manier les armes. C'est cependant sur son impulsif frère, Rollo, que Ragnar s'appuie pour monter ses projets, même s'il apparaît vite d'un soutien très aléatoire, nourrissant des sentiments et ressentiments complexes à son égard.

Les aspirations de Ragnar se heurtent au conservatisme intransigeant du chef local, Haraldson, qui, crispé sur son pouvoir et pas particulièrement visionnaire, envoie invariablement ses hommes piller l'Est depuis des années. En dépit de cette opposition, les choses s'apprêtent enfin à changer : avec l'aide d'un ami, Floki, concepteur de navires capables de parcourir de grandes distances sur les mers, et d'un objet qui lui permet de s'orienter grâce au soleil en naviguant, Ragnar entend désormais réaliser l'expédition dont il rêve et partir vers ces nouveaux territoires, et vers de nouvelles découvertes.

vikingsb.jpg

Vikings est un mélange, assumé et plutôt bien dosé narrativement, entre le divertissement moyenâgeux musclé et abrasif, et la volonté de nous présenter cette société nordique, très superficiellement connue de la plupart des téléspectateurs. La série a ainsi l'art de surfer sur nos préconceptions et sur les images que l'on peut avoir de ce peuple, guère associé dans la mémoire collective au pacifisme, tout en distillant quelques détails culturels qui viennent donner un certain cachet à la reconstitution proposée. Le pilote nous offre ainsi un aperçu de leurs croyances religieuses, puis, dès le deuxième épisode, s'amorce l'opposition entre le paganisme Viking et le christianisme, avec l'évangélisation qui se poursuit en Europe. On a également l'occasion d'assister au rendu de la justice, et de voir le rôle des hommes libres dans le verdict ainsi que l'influence du Earl, protégeant avant tout ses intérêts. Ces différents éléments permettent d'offrir à la série un cadre cohérent - c'est tout l'objet du premier épisode - sur lequel elle va pouvoir ensuite s'appuyer pour développer son histoire.

Sur ce plan justement, Vikings se révèle plutôt simple et basique. Elle va explorer des thèmes familiers, les adaptant à l'époque mise en scène. Au programme de ces conquêtes vers l'Ouest : heurts d'égos et d'ambitions, luttes de pouvoirs, relations de couples et art de faire la guerre, le tout sur fond d'opposition entre un chef établi s'accrochant à ses prérogatives et un jeune ambitieux qui entend redistribuer les cartes à son profit, usant non seulement de son sens de l'initiative mais aussi d'avancées technologiques. Après un premier épisode introductif, le récit décolle vite, sans tergiversation inutile. Les dynamiques qui s'installent entre les personnages sont plutôt pimentées, souvent construites dans la confrontation. De façon appréciable, au sein de cette société guerrière, les femmes savent s'imposer, à l'image de Lagertha qui dévoile une adresse intéressante au tisonnier dès le pilote. Les personnages ont pour la plupart leurs ambivalences (quand ils n'apparaissent pas uniformément sous un jour sombre), comme en témoigne le versant inquiétant que laisse vite transparaître le frère du protagoniste principal. Ragnar lui-même, tout entier consacré à ses projets, a l'aplomb (et la foi, étant donné ses "visions divines") de ceux qui ne doutent jamais du bienfondé de leurs ambitions, au risque de s'y brûler.

vikingsm.jpg

Sur la forme, Vikings tire parti de son lieu de tournage, l'Irlande, pour proposer quelques jolis paysages "simili-nordiques". Les effets spéciaux ont certaines limites (la bataille introductive avec les Walkyries emportant l'âme des guerriers), mais l'ensemble reste honorable. Moyen-Âge oblige, l'éclairage n'est pas le fort des scènes intérieures, a fortiori lorsqu'elles sont nocturnes, cependant, il n'en demeure pas moins que le téléspectateur se glisse sans difficulté dans l'univers reproduit sous ses yeux. Par ailleurs, la série s'offre aussi un générique assez soigné qui a le mérite de bien poser l'ambiance et l'univers.

Enfin Vikings rassemble un casting au sein duquel certains doivent encore s'affirmer. Mais Travis Fimmel (The Beast) interprète de manière convaincante le héros, apportant à son personnage la dose d'assurance qui convient. Katheryn Winnick (Bones) incarne son épouse. Clive Standen (Camelot) joue son frère, figure rassurante lorsque la bataille vient, mais souvent inquiétante. L'ami concepteur du navire sur lequel repose les espoirs de Ragnar est interprété par Gustaf Skarsgard (Bibliotekstjuven), tandis que le chef auquel il s'oppose l'est par Gabriel Byrne (In Treatment, Secret State). Jessalyn Gilsig (Boston Public, Glee) incarne l'épouse de ce dernier. Enfin, George Blagden joue un moine saxon capturé lors d'un raid au cours du deuxième épisode. En guise de repères linguistiques, chacun parle anglais avec un étrange accent qui, personnellement, m'a un peu perturbé.

vikingsr.jpgvikingsf.jpg vikingsg.jpg

Bilan : Un ancien peuple guerrier avec ses moeurs et ses croyances, de la violence, de jolis paysages, un peu de mal de mer, quelques pillages, le tout sur fond de confrontations d'ambitions et de quêtes de grandeurs et de richesses : Vikings rassemble un cocktail d'ingrédients qui a tout pour donner du divertissement historique moyenâgeux musclé. La série n'a certes pas les ambitions d'une incursion dans la fantasy moyenâgeuse à la Game of Thrones, mais elle a certainement les moyens de proposer une saison honnête et efficace dans son genre. Pour les amateurs.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série :

02/02/2013

(Pilote US) The Americans : agents infiltrés et conflits de loyautés sur fond de Guerre froide

theamericans0_zpsa988ba6c.jpg

La première fois que j'ai entendu parler de The Americans, j'avoue avoir surligné le projet avec un peu d'excitation, laquelle n'a cessé de croître depuis. L'espionnage figure en très bonne place parmi mes genres de prédilection. A fortiori lorsque la fiction se déroule dans LE cadre par excellence pour une telle histoire : celui de la Guerre froide. Certes la télévision a pu nous proposer de solides oeuvres ces dernières années traitant de périodes plus récentes, comme Spooks ou Rubicon ; mais rien ne remplacera jamais la mise en scène de la confrontation Est-Ouest. Je serai éternellement fascinée par ce parfum caractéristique qui flotte dans les grands chefs d'oeuvres d'espionnage que sont des séries comme The Sandbaggers ou Tinker, Tailor, Soldier, Spy (La Taupe).

Avec The Americans, qui a débuté ce mercredi 30 janvier 2013 aux Etats-Unis, nul besoin d'aller exhumer des productions des décennies précédentes : c'est FX qui nous renvoie directement au début des années 80, alors que la Guerre froide est relancée par différentes décisions. Sur le papier, cette série, créée par Joe Weisberg, rassemblait théoriquement tous les ingrédients pour me plaire, de son sujet jusqu'à son casting. Si le pilote reste avant tout un premier contact, inutile d'entretenir le suspense : l'introduction est parfaitement réussie ! Cela faisait quelques temps que je n'avais pas apprécié un premier épisode de série américaine autant que j'ai aimé celui de The Americans. Et cela fait du bien.

theamericansi_zpsd3c63fec.jpg

The Americans s'ouvre aux Etats-Unis en 1981. L'URSS est intervenue en Afghanistan l'année précédente, Reagan débute tout juste son premier mandat... L'atmosphère s'apprête à se glacer une dernière fois, conduisant à une ultime escalade avant que l'un des deux acteurs de l'opposition qui aura scindé le monde en deux pendant plusieurs décennies ne disparaisse. Et il y a quelque chose d'assez ironique, trois décennies plus tard, à voir une série américaine se replonger dans cette période en adoptant le point de vue d'agents... du KGB.

En effet, The Americans met en scène un couple d'Américains ordinaires, Phillip et Elizabeth Jenning, qui semblent vivre une vie calme, rangée et heureuse. Habitant en banlieue résidentielle, mariés et ayant deux enfants, pour le monde extérieur, ils apparaissent tout simplement comme les représentants parfaits de l'american way of life de ce début des années 80. Mais derrière le poster, la réalité est tout autre : agents russes arrivés sur le sol américain dans les années 60, ils ont surtout tout fait pour se fondre sciemment dans le décor.

Jusqu'à présent, ils ont pu construire leur vie américaine et mener leurs missions sans éveiller de soupçons. Cependant, dans un contexte de recrudescence des tensions entre les Etats-Unis et l'URSS, et avec les inquiétudes des services du contre-espionnage américain dont un agent du FBI vient même s'installer dans leur voisinage au cours du pilote, ils vont voir leurs vies se compliquer un peu plus.

theamericansz_zpsa9a3ac9d.jpg

The Americans signe un pilote extrêmement efficace dont le grand mérite est de très bien introduire l'univers et les enjeux de la série. L'écriture est solide, profitant pleinement de la durée relativement longue - 1h10 - pour soigner les détails du cadre et des personnages. Si le rythme n'est pas égal tout au long de l'épisode, sa construction assurée met habilement l'accent sur un des grands attraits de son concept : l'intéressant mélange des genres qu'il va occasionner. Tour à tour drame familial, questionnement identitaire et fiction d'espionnage, la série a pour elle une richesse potentielle de thèmes et d'approches qui s'annonce extrêmement prometteuse. Au cours de ce pilote, elle se montre convaincante et solide dans chacune de ces différentes facettes, retenant sans faillir l'attention du téléspectateur. Assez logiquement au vu du synopsis, ce sont d'abord les bases d'un divertissement d'espionnage efficace qui sont posées au cours d'une séquence introductive parfaitement exécutée. En quelques scènes clés, se voulant représentatives, on y suit nos deux protagonistes principaux au cours d'une mission qui sera finalement un échec. L'épisode en profite pour également délivrer quelques brèves scènes d'action qui prouvent que la série n'aura pas de difficulté à intervenir dans ce registre lorsque son histoire et ses rebondissements le nécessiteront.

Après un tel démarrage, la tension reste ensuite constante en arrière-plan, chaque petit détail du quotidien rappelant la réalité de la situation des Jennings. Elle ressurgit tout particulièrement au cours de quelques passages qui font office de piqûres de rappel des scénaristes. En effet, au-delà du danger représenté par les missions (souligné dès le départ), existe aussi celui d'être exposé par les autorités américaines. Pour pimenter les choses, le pilote use ici d'une coïncidence qui peut sembler dans un premier temps excessive : l'emménagement en face des Jennings d'un agent du FBI du contre-espionnage. Mais la présentation progressive de ce personnage légitimise peu à peu cette ficelle narrative. Ayant récemment terminé une longue mission d'infiltration, où il a cultivé sa paranoïa, il est un écho parfait au couple principal. Ayant aussi appris que la procédure n'est pas toujours la voie à suivre, il nous offre une dernière scène du pilote hautement symbolique. Elle met en exergue la précarité de la vie bien ordonnancée des Jennings, tout en montrant combien ces derniers restent sur leurs gardes, déterminés à protéger leur existence. Un simple plan de caméra dévoilant Phillip, dans l'ombre, armé et prêt à abattre l'agent s'il avait découvert quoique ce soit pour étayer ses soupçons, l'illustre à merveille. En résumé, la série semble être en mesure d'assumer et de manier tension et divertissement d'espionnage avec brio.

theamericanso_zpse17715e7.jpg

Cependant The Americans ne saurait se limiter à un simple récit d'espionnage, et c'est là sa grande richesse. La situation dépeinte dans ce pilote est atypique, soulevant des conflits originaux dont le traitement s'annonce très intéressant. Nous avons là deux agents, réunis professionnellement pour une mission au long cours. Dans ce but, ils ont eu des enfants et entretiennent l'illusion de la cellule familiale américaine type. Première question soulevée d'emblée, en découvrant Elizabeth en train de soutirer des informations à un haut placé américain en plein ébat sexuel : au sein de ce couple artificiellement créé par les ordres de leurs supérieurs, où se positionnent Phillip et Elizabeth l'un par rapport à l'autre ? A un moment donné, avec tout ce qu'ils ont partagé, le jeu des apparences est-il devenu réalité ? Des sentiments sont-ils nés entre eux ? De plus, avoir fondé une famille a introduit une nouvelle priorité à prendre en considération. Deux loyautés peuvent potentiellement entrer en confrontation : entre le pays et les enfants, qui doit avoir la primauté, un vieux serment prêté il y a deux décennies ou la réalité de la situation actuelle ? Toutes ces problématiques s'annoncent centrales au sein de la série, et l'approche psychologique et nuancée avec laquelle l'écriture les traite dans ce pilote rend optimiste pour la suite.

Car Phillip et Elizabeth sont très dissemblables, avec chacun leurs propres aspirations, leurs propres interrogations et leurs propres hiérarchies des priorités. Elizabeth a conservé ses certitudes et son nationalisme, profondément fidèle à son pays. Elle en peine même à admettre que ses enfants se transforment sous ses yeux en adolescents américains moyens. A l'opposé, Phillip nourrit beaucoup de doutes : c'est la famille qu'ils ont fondée qu'il veut d'abord préserver. Il rêve de voir cette illusion se transformer en réalité et d'en finir avec cette double vie : pourquoi ne pas, comme tant d'autres, faire défection ? Si la caractérisation des deux personnages est soignée, le plus fascinant dans ce pilote est la dynamique de couple introduite. Nourri d'ambivalences, un lien fort n'unit pas moins les deux personnages. Phillip est certes celui qui est le plus investi dans cette relation, mais la manière dont le couple se retrouve à la fin, partageant un degré de compréhension et une alchimie rares, démontre la complexité de leurs rapports.

theamericansy_zps1564ca51.jpg

Solide sur le fond, The Americans convainc également sur la forme. La reconstitution des années 80 est appliquée, qu'il s'agisse du cadre comme de l'utilisation d'une bande-son qui fleure bon cette période : qu'il s'agisse de passages uniquement musicaux (la course-poursuite du début par exemple est assez jubilatoire) ou bien le recours à quelques chansons parfaitement en adéquation (Phil Collins flotte In the air tonight après avoir vu ce pilote). Les quelques scènes d'action sont également bien réalisées : sans que la série ne bascule dans ce genre, elle impose d'emblée une crédibilité appréciable aux différentes facettes de la vie des espions. Si le générique n'apparaît au cours de ce pilote, il a cependant été dévoilé par ailleurs (cf. la deuxième vidéo ci-dessous) et se révèle très bon : il partage avec d'autres fictions récentes ayant pour thème l'infiltration - à savoir Sleeper Cell et Homeland - une approche où se mêlent images d'archives/d'actualité et images des protagonistes de la fiction. Recontextualisant avec nombre de symboles les enjeux de la série, il se montre des plus attrayants pour donner le ton.

Enfin The Americans a aussi pour elle de bénéficier d'un casting tout simplement impeccable, avec un duo central qui sait tirer le meilleur parti des solides personnages qui sont introduits. Keri Russell (Felicity) propose un personnage intense, armée de ses certitudes. Tandis que Matthew Rhys (Brothers & Sisters - qui retraverse l'Atlantique après une année passée outre-Manche dans The Mystery of Edwin Drood ou encore The Scapegoat) dévoile plus de doutes, mais partage ce même froid professionnalisme notamment durant les scènes d'action. Jouant dans des registres à la fois différents et complémentaires, et dotés d'une très bonne alchimie, les deux acteurs trouvent immédiatement le ton juste. Face à eux, c'est Noah Emmerich (récemment croisé dans quelques épisodes de White Collar ou de The Walking Dead) qui interprète leur nouveau voisin du FBI instinctivement soupçonneux, avec pour collègue de travail un agent joué par Maximiliano Hernandez. Keidrich Sellati et Holly Taylor jouent les enfants du couple Jennings. Du côté des protagonistes secondaires, on retiendra tout particulièrement la présence annoncée de Margo Martindale.

theamericansa_zpsbc27d46e.jpg
theamericans2b_zps58602f21.jpg

Bilan : Doté d'une écriture solide et nuancée, The Americans signe un pilote maîtrisé et convaincant. Tout en esquissant des portraits intéressants, tout en finesse psychologique, de ses personnages principaux, il laisse entrevoir le potentiel prometteur de son concept de départ, positionnant la fiction à la croisée de différents genres. Au-delà du récit d'espionnage, c'est une déclinaison très particulière du drama familial qui se dessine. Dans une fiction où la dualité est maître-mot, les différents rapports mis en scène semblent destinés à rester ambigus ; et dans cette optique, de nombreuses problématiques méritent d'être explorées. Il faudra voir comment la série maintiendra son équilibre entre ces genres à moyen terme, mais, assurément, je serai devant mon petit écran pour l'apprécier ! A suivre.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série :


25/01/2013

(Pilote US) The Following : dans la droite lignée des fictions mettant en scène des serial killer

thefollowing0_zpsb4da27c5.jpg

Regarder à quelques jours d'intervalle les pilotes respectifs de Utopia et de The Following vous conduit à vous poser une question existentielle : qu'est-ce que les scénaristes peuvent bien avoir en ce mois de janvier contre les yeux de leurs protagonistes ? Y-a-t-il une symbolique cachée derrière cet acharnement ? Sans doute pas, mais comme ces deux séries ont en plus tendance à nourrir votre paranoïa latente, le doute s'insinue... Cependant, en dehors de ce traumatisme oculaire commun, ces deux nouveautés ne partagent pas grand chose, si ce n'est un certain goût pour la mise en scène hémoglobineuse.

The Following a débuté, aux Etats-Unis, le 21 janvier 2013 sur Fox. Créée par Kevin Williamson, elle s'inscrit dans la (longue !) lignée des fictions sur des serial killers et sur les rapports que ces individus peuvent entretenir avec un vis-à-vis dans les forces de l'ordre. Ayant passé mon adolescence devant Profiler, ayant adoré la fascinante Wire in the blood, mais aussi apprécié un certain nombre de films du genre au cinéma, un tel concept avait forcément éveillé ma curiosité. Malheureusement le pilote de The Following est loin de m'avoir convaincu. 

thefollowingc_zps800d81a3.jpg

Ce premier épisode débute par l'évasion de Joe Carroll, un serial killer qui se trouvait dans le couloir de la mort. Cet ancien professeur d'université, fasciné par les oeuvres d'Edgar Allan Poe, a tué un certain nombre de jeunes femmes, avant d'être arrêté par un agent du FBI, Ryan Hardy, qui a réussi à sauver celle qui aurait dû devenir une de ses victimes. Grièvement blessé lors de cette intervention, Hardy a désormais quitté le FBI, n'étant plus apte au service actif. Mais il est cependant rappelé, lors de l'évasion de Carroll, en tant que consultant, connaissant mieux que personne l'homme qu'ils traquent. Seulement Carroll n'est pas juste un serial killer isolé. Charismatique, il a su s'entourer et développer autour de lui tout un culte, embrigadant des adeptes qui sont prêts à tout pour l'aider dans ses plans. Mégalomane, il nourrit en effet un certain nombre de projets, et il a choisi son adversaire pour le nouveau volume sanglant qu'il entend écrire : ce sera Hardy.

thefollowingh_zpsfd4dfc43.jpg

Familier des fictions mettant en scène des serial killer, vous ne serez nullement égaré devant le pilote de The Following : la série revendique de manière transparente ses diverses sources d'inspiration. Mais vouloir s'inscrire dans un genre qui a du potentiel et en reprendre les codes avec une fidélité assumée n'implique pas faire l'économie d'une véritable réappropriation de tous ces concepts. Malheureusement, l'épisode enchaîne les poncifs et ressemble vite à une accumulation de clichés, aussi bien dans les portraits esquissés de ses personnages principaux, que dans ses répliques. A tel point point que certains passages n'auraient franchement pas dépareillé dans A Touch of Cloth, la parodie policière de Charlie Brooker. L'ensemble laisse donc un arrière-goût prononcé de "déjà vu", et l'impression diffuse de s'être égaré devant une fiction datant d'il y a dix ans. Il a certes ses fulgurances, quelques bonnes idées pas pleinement exploitées au niveau des rebondissements et des passages qui donnent un temps l'impression que l'épisode décolle enfin, mais tout cela retombe trop vite. Il échoue donc dans sa tâche première : celle de donner une consistance et une crédibilité aux évènements et aux protagonistes de la série.

Par ailleurs, il faut reconnaître que ce pilote de The Following n'est pas non plus aidé par un problème récurrent qui se rencontre dans certains pilotes des grands networks US de ces dernières années : le fait de partir en sur-régime. Cherchant à retenir un public zappeur à l'attention présupposée déficiente, il adopte un rythme extrêmement rapide, emballant en quarante minutes un maximum de rebondissements et d'informations. Ce survol ne serait pas trop problématique si l'intrigue elle-même n'empruntait pas de nombreux raccourcis. C'est tout l'enjeu d'un premier épisode de trouver l'équilibre entre le fait de vendre efficacement un concept au téléspectateur et celui de poser de manière cohérente son histoire. Seulement ici le scénario condensé donne l'impression d'être bâclé, peu abouti et sur-calibré de manière artificielle. De plus, si ce rythme de narration particulier peut éventuellement fonctionner pour un téléfilm, une série a vocation à s'inscrire dans le temps. Or avec un démarrage de ce genre, on mine dès le départ ses fondations-mêmes, sachant qu'elle ne pourra pas reproduire cette recette telle quelle très longtemps. Sur un plan plus optimiste, on peut aussi se dire que cette contrainte auto-imposée pour le pilote ne sera peut-être pas la même pour la suite, et que les épisodes pourront être plus soignés.

thefollowingg_zps4ad0c49a.jpg

Au-delà de ces problèmes sur le fond, le pilote de The Following déçoit également sur la forme. Adoptant une réalisation pas toujours inspirée, rejouant des mises en scène trop convenues qui soulignent encore plus la prévisibilité d'ensemble du scénario, l'épisode ne dépasse jamais les allures de correcte série B, revisitant un genre sans aucune valeur ajoutée, ni rien apporter qui lui soit propre. Certes, il y a bien des moments de tension, des passages où le téléspectateur se prend mécaniquement au jeu et où une ambiance inquiétante se crée, mais cela reste fugitif. Trop souvent c'est sur des éclats et les scènes volontairement "chocs" de bains de sang (humain ou animal) que repose la mission de capturer l'horreur que  son sujet devrait susciter.

Enfin, sur le papier, The Following dispose d'un casting qui a du potentiel. Kevin Bacon face à James Purefoy (Rome, The Philanthropist, Injustice), la confrontation peut valoir le détour, encore faut-il que les deux acteurs aient matière pour s'exprimer. Malheureusement ils se retrouvent pris au piège des limites d'écriture dont souffre ce pilote. Enfermé dans les plus usants clichés du flic amoché et alcoolique, confronté à une affaire qui le touche de près, Kevin Bacon a une présence presque minimaliste durant tout l'épisode, en dehors de deux ou trois passages qui, j'espère, seront amenés à devenir plus la règle. Quant à James Purefoy, il est solide, mais ne parvient pas à empêcher son personnage de sonner faux. Et ce n'est pas du côté des rôles secondaires que l'on trouvera un jeu consistant, l'équipe du FBI (Shawn Ashmore ou Jeananne Goossen) n'étant pas particulièrement convaincante. A noter également que l'on retrouve Natalie Zea (partie de Justified) qui interprète l'ex-femme de Carroll.

thefollowinga_zps063c1f4b.jpg

Bilan : Encombré de stéréotypes mais disposant de quelques fulgurances "chocs", le pilote de The Following pourrait être une honnête et convenue incursion de série B dans le genre des fictions de serial killer. Mais en tant que pilote d'une série, il laisse plus dubitatif, échouant dans sa mission première qui était de crédibiliser et de poser des fondations solides à son concept de départ. Incapable de donner une consistance à ses personnages, il se voit contraint de se reposer sur des artifices sanguinolants et sur la paranoïa suscitée par l'existence des adeptes de Carroll - y-aura-t-il un traître dans l'équipe du FBI ?. Cela peut peut-être permettre de faire illusion un temps, mais l'ensemble m'a semblé sonner bien creux, a fortiori pour s'inscrire dans la durée.


NOTE : 5,75/10


La bande-annonce de la série :

29/09/2012

(Pilote US) Last Resort : le choix de la désobéissance

 lastresort0.jpg

On y est, c'est la rentrée, la vraie de vraie, celle des grands networks américains ! Certes, je ne suis plus une très grande consommatrice des séries de ces chaînes : leurs shows que je suis toujours se comptent sur les doigts d'une main, et s'il fallait en trouver pour lesquels je suis à jour... et bien... on n'en trouverait qu'un seul. Ma sériephilie s'est forgée et construite devant les grands networks américains, mais elle les a depuis plusieurs années délaissés. Cependant, à chaque rentrée, il y a toujours une ou deux nouveautés que je coche avec espoir. Ma plus grande attente de 2012 était sans aucun doute Last Resort. Il y avait le nom de Shawn Ryan (aux côtés de celui de Karl Gajdusek) à la création, la perspective de retrouver Andre Braugher au casting, mais aussi et surtout, un concept fort, intriguant, qui ouvrait sur des thèmes ambitieux au potentiel indéniable.

En effet, Last Resort, c'est l'histoire d'un sous-marin nucléaire américain amené à rompre avec le commandement de son pays. Tout débute lorsque l'USS Colorado reçoit, par un canal secondaire inhabituel, l'ordre authentifié de lancer un missile nucléaire sur le Pakistan. Le capitaine Marcus Chaplin questionne la légitimité de l'ordre, réclamant une confirmation par les voies de communications classiques. Il est alors relevé de son commandement par l'officiel qui répond. Mais son second, Sam Kendal, suit son exemple, et refuse de simplement exécuter l'ordre. Un missile est alors tiré par un autre navire américain sur l'USS Colorado, obligeant le sous-marin à la fuite. Chaplin décide de mettre le cap sur une petite île perdue au milieu de l'océan, où se trouve une station de communication de l'OTAN. Pour protéger ses hommes, il n'hésite pas à recourir à l'arme de dissuasion la plus classique qui soit : la menace nucléaire et les 18 missiles qu'il a à disposition.

lastresortb.jpg

A la lecture des évènements mis en scène dans ce pilote, se perçoit immédiatement le principal problème de cette entrée en matière : tout y va vite, beaucoup trop vite. Les scénaristes semblent avoir spécialement ciblé le téléspectateur potentiellement zappeur en dépouillant l'épisode de tout ce qui n'est pas essentiel pour essayer par tous les moyens de retenir son attention. Le point de départ de Last Resort était pourtant en soi, déjà, une situation extraordinaire qui méritait qu'on s'y attarde, qu'on prenne le temps de la rendre crédible - pour légitimer les fondations de la série - et d'exploiter toute sa force. Mais c'est le feu de l'action que l'épisode préfère privilégier.

En négligeant d'installer le cadre du sous-marin et ses protagonistes, en expédiant la tension devant mener au point de rupture, ce pilote laisse la frustrante impression de rater sa cible : le matériel de base avait tout pour offrir des scènes marquantes mais, à l'image du discours final de Chaplin, l'ensemble tombe quelque peu à plat. Plus désagréable encore, outre la difficulté à admettre l'engrenage d'évènements auquel on assiste, le défaut de réelle mise en place des personnages font d'eux des figures unidimensionnelles et stéréotypées dans lesquelles il est difficile de s'investir. C'est un défaut que le temps pourra corriger, mais cela pèse sur l'implication du téléspectateur dans le récit.

lastresortj.jpg

Empruntant ses ressorts narratifs à la mécanique trop bien huilée et quelque peu artificielle du blockbuster, ce premier épisode ne porte pourtant pas préjudice à la suite de la série. Le potentiel de départ reste intact ; et la curiosité initiale demeure toujours aussi forte face à ce concept très intéressant. Si l'installation en tant que telle peine à totalement convaincre, on peut se dire au moins que, désormais, tout est en place au terme du pilote. Plusieurs voies à explorer ont ainsi été posées, avec plus ou moins d'efficacité. Les bases d'une fiction complotiste semblent constituer un fil rouge solide et prometteur, puisque le futur des sous-mariniers et leur espoir de rentrer dans leur pays un jour dépendent de leur compréhension de ce qu'il s'est vraiment passé. 

Parallèlement, la prise de contrôle de l'île par les militaires et l'utilisation de l'arme nucléaire pour dissuader toute attaque amènent à s'interroger sur l'avenir de ce lieu. Même si l'idée sonne un peu parachutée à la fin - encore une fois, elle souffre de ne pas être vraiment amenée -, Chaplin évoque une hypothèse de micro-Etat de la seconde chance. La reconstruction d'une société, c'est un sujet aussi ambitieux que difficile à transposer de manière convaincante à l'écran. Cependant se perçoit bien le large éventail de thématiques à explorer : des interrogations sur le maintien du cadre militaire et de la hiérarchie (avec des soldats livrés à eux-mêmes), jusqu'aux tensions pouvant naître avec les locaux civils (et les hommes de pouvoir déjà installés).

lastresortp.jpg

lastresortx.jpg

Bilan : Le pilote de Last Resort n'aura pas été le coup de coeur espéré. Trop dense et précipité, il néglige un temps d'exposition qui aurait été vital pour poser les personnages et apprécier pleinement les enjeux. On peut être frustré de le voir ainsi échouer à marquer comme il le devrait. Mais dans le même temps, le concept n'en demeure pas moins toujours très attrayant. Entre la fiction complotiste et cette île qui offre la possibilité de reconstruire une micro-société, il y a tant de voies intéressantes à explorer.

Si ce pilote ne rassure pas complètement sur la capacité de Last Resort à exploiter son potentiel, la curiosité est bien là. Pour l'instant, c'est le principal. A suivre.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :

08/09/2012

(Pilote US) Elementary : du non-sens d'une comparaison (et d'une polémique)

elementary0.jpg

Parmi toutes les nouveautés de la rentrée américaine, s'il y en a bien une qui a déclenché des débats dès son annonce de projet et des attaques en règle avant même que son pilote soit disponible, c'est Elementary. Il est difficile de passer outre les controverses en s'installant devant. C'est une série qui, chez moi, suscite des réactions très contradictoires. Tout d'abord, le visionnage de ce premier épisode m'a conforté dans l'opinion que l'utilisation du personnage du nom de Sherlock Holmes par CBS n'est qu'un atour marketing. Elementary est dans la lignée des procedural à duo de CBS, et si ce n'était le nom de son héros, on la considèrerait plutôt comme une déclinaison du schéma adopté avec succès par The Mentalist sur cette même chaîne. Sauf que la marque Sherlock Holmes attire forcément plus l'attention ; et je reconnais sans peine que cette approche dénaturante et purement commerciale de CBS ne m'enchante guère.

Mais, dans le même temps, la disproportion atteinte par les attaques formulées a priori contre Elementary m'a passablement agacé. La dynamique de la paire complémentaire initiée par Arthur Conan Doyle a été dupliquée, déclinée et adaptée en tant de versions depuis tant de décennies que la réduire à une seule représentante, celle à succès du moment, est absurde. Les derniers films hollywoodiens ont si bien remis au goût du jour la franchise qu'une série russe sur Sherlock Holmes sera même lancée avant la fin de l'année ; et personne ne jettera la pierre aux Russes... Le prestige du nom fonctionne par-delà les frontières. Quant aux questions de personnes, nombre d'acteurs ont déjà prêté leurs traits au célèbre détective et ce n'est certainement pas un rôle fermé monopolisé par un seul. On a tous un légitime Sherlock de coeur (et c'est tant mieux). Le mien devant l'éternel restera toujours Jeremy Brett, qui incarnait de la plus parfaite des manières l'image que je m'en fais (et qu'il a contribuée à modeler). Mais tout nouveau venu mérite sa chance. Et j'ai toujours bien aimé Jonny Lee Miller...

elementary1.jpg

Malgré cette défense du droit de personnifier Sherlock, il faut reconnaître d'entrée que Elementary se regarde plus comme un cop show de CBS, avec quelques apports propres à son concept, que comme une transposition de Sherlock Holmes à New York. C'est d'ailleurs une fois qu'elle a balayé les préconceptions, les préjugés et le réflexe instinctif de comparer qui vient au téléspectateur, que le pilote se révèle efficace (sous-entendu : pour un pilote d'un cop show de CBS). Il démarre par une introduction certes peu convaincante (la démonstration devant les télévisions), mais l'épisode trouve ensuite progressivement son rythme. Mieux encore la dynamique qui s'installe entre Holmes et Joan Watson a clairement du potentiel et fonctionne très bien. D'une part, les deux apparaissent complémentaires dans la progression de l'enquête (correcte) du jour : l'esprit de déduction de Holmes se heurtant à ses facultés relationnelles défaillantes, Watson intervenant alors comme médiatrice avec l'extérieur. D'autre part, leurs échanges font souvent mouche : les réparties sont cinglantes, chacun jauge l'autre et les prémices de leurs rapports sont bien posés.

En cela, Elementary est aidé par un casting qui, après une entrée en matière un peu hésitante, prend la mesure de l'histoire et de leur rôle respectif. Jonny Lee Miller (Eli Stone) s'épanouit dès lors que son personnage verse dans la confrontation, et que Sherlock s'anime face à un nouveau challenge et une énigme à résoudre. Lucy Liu (Ally McBeal) apporte cette présence, à la fois forte et posée qui fait sa marque, à un personnage humanisé par l'introduction de son passé (à défaut d'être original). Ils représentent bien, tous deux, la dualité, à la fois brillant et faillible, de la série. Et pour une fiction qui ambitionne de se reposer sur les rapports qui vont s'établir, la paire ainsi formée laisse entrevoir du potentiel. Sur la forme, Elementary reste dans un creuset classique de séries policières sur CBS, mais elle bénéficie d'une bande-son intéressante, avec un thème musical entraînant qui est au bout du compte peut-être ce qui sonne le plus Holmesien dans cette série.

elementary2.jpg

Bilan : Il faut aborder Elementary en ayant conscience que l'utilisation du nom de Sherlock Holmes n'est qu'un prétexte promotionnel pour une série qui reste avant tout un procedural de CBS. Cela peut agacer. Il n'en reste pas moins que, une fois dégagé des préconceptions que l'on peut avoir sur la représentation du célèbre détective, ce pilote est très correct et pose des bases potentiellement intéressantes reposant sur la dynamique de ses personnages. Le résultat donne un cop show qu'il faut sans doute plus rapprocher d'une sorte de The Mentalist (dont j'avais suivi la première saison).

C'est typiquement le genre de séries dont je me lasse. Mais une chose est sûre : Elementary n'a rien de commun avec la série de la BBC. Elle s'inscrit dans une approche et un processus créatif différents (qui n'est pas ma tasse de thé, mais suit une recette éprouvée). CBS a certes tendu le bâton pour se faire battre en voulant bénéficier de l'éclat actuel de la franchise, mais le débat Sherlock/Elementary n'a pas lieu d'être. [Et pour arriver à me faire jouer les semi-avocates pour une série de CBS, c'est vous dire à quel point je sature...]


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :