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12/10/2013

(SE) Upp till kamp (How soon is now ?) : la chronique authentique d'une jeunesse suédoise des années 60-70


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Poursuivons aujourd'hui l'exploration du petit écran scandinave. Après avoir découvert la Suède des années 80, confrontée au virus du sida dans Torka aldrig tårar utan handskar, puis à l'assassinat de son Premier Ministre Olof Palme dans En pilgrims död, je vous propose de remonter un peu plus dans le temps pour s'intéresser à une mini-série diffusée en 2007 sur SVT. Cette fois-ci, direction les années 60-70 !

Upp till kamp (How soon is now ? en version internationale) compte 4 épisodes d'1h30. Écrite par Peter Birro, et réalisée par Mikael Marcimain, son thème sonne familier : suivant les destins croisés de quelques jeunes gens, elle retrace le parcours vers l'âge adulte de cette génération qui avait 20 ans en 1968 et qui se cherche une place au sein d'une société qu'elle souhaiterait remettre en cause. Bien accueillie par la critique, Upp till kamp a fait une tournée plutôt remarquée des festivals européens en 2008, remportant notamment le Fipa d'Or. Plus que son traitement d'un sujet connu, c'est l'atmosphère qu'elle parvient à créer, grâce à certains choix formels, qui permet vraiment à cette fiction de se démarquer.

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Upp till kamp se déroule sur une décennie, de 1966 à 1976. Elle invite à suivre Tommy, Lena, Erik et Rebecka, quatre jeunes gens, issus de milieux très différents et aux aspirations également très dissemblables. Ils vont cependant forger entre eux une solide amitié qui va traverser bien des épreuves et des tempêtes. Unis par une même volonté d'aller de l'avant, de rejeter les conventions imposées par cette société crispée devenue trop rigide, ils prennent leur vie en main et vont faire leurs propres expériences, ainsi maîtres de leur destin, maître aussi de se tromper de voie ou de s'égarer dans leurs choix.

Entremêlant amour et amitié, musique et politique, Upp till kamp relate en filigrane, à travers ces quatre destins croisés, dix années de bouleversement de la société suédoise. La mini-série nous fait traverser tous les enjeux d'alors, des engagements politiques, notamment via la contestation contre la guerre au Vietnam, à la crise économique qui heurte de plein fouet le pays au milieu des années 70. C'est une histoire d'idéaux et d'ambitions, mais aussi de compromis et de désillusions accompagnant l'entrée à l'âge adulte.

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Plus qu'une fiction, Upp till kamp résonne d'abord comme le document d'une époque, un témoignage des tourbillons dans lesquels a été entraînée une génération qui aspirait à beaucoup. La mini-série réussit admirablement l'immersion du téléspectateur. Plus que le fond, ce sont les nombreuses initiatives formelles qui jouent ici un rôle décisif. Côté réalisation, en plus d'un format d'image en cinémascope, l’œuvre fait d'abord le choix - qui peut surprendre initialement - du noir & blanc (le premier épisode l'est intégralement), avant de progressivement retourner vers la couleur. La caméra est nerveuse, proche du récit en filmant au plus près les différents protagonistes et en transmettant son dynamisme à l'histoire.

La mini-série utilise également très fréquemment des passages musicaux, mobilisant des extraits de bande-son d'époque, mais aussi des chansons perçues comme un moyen d'expression pour certains des personnages. Au sein de ce très riche univers musical aux accents rock'n'roll, s'insèrent aussi quelques images d'archives, que la façon de filmer permet d'intégrer d'autant plus naturellement. L'introduction de chaque épisode est d'ailleurs uniquement constituée de vidéos d'époque. Upp till kamp se construit donc une ambiance vraiment à part. C'est le premier épisode qui repousse le plus loin les limites de l'expérience visuelle et sonore dans laquelle le téléspectateur est plongé. Il fascine par l'authenticité brute qui en émane : le choix des plans, la manière dont les scènes sont capturées, empruntent presque au documentaire, donnant vraiment l'impression d'y être.

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Les années 60-70 renaissent à l'écran dans ce portrait d'une génération, traversé par ses paradoxes, ses excès, mais surtout chargé d'une vitalité jamais démentie. Le récit suit les parcours chaotiques et heurtés de jeunes gens emportés par leurs certitudes et leurs aspirations. Il relate leurs choix et leurs erreurs, leurs dérives et leurs réussites... La progression du récit est forcément familière, partant des idéaux et des révoltes de jeunesse, jusqu'aux désillusions et aux compromis imposés par la vie et la société. La politique constitue un axe important de la narration : derrière les engagements (pour trois des protagonistes, très marqués à gauche) et les grandes protestations d'une période (le pacifisme face à la guerre du Vietnam), c'est aussi un pays que le téléspectateur voit muer sous ses yeux.

Les quatre protagonistes principaux se rencontrent au cours du premier épisode. Ils sont tous très différents, et auront le temps de se perdre de vue avant de se retrouver à nouveau, au gré des décisions de chacun. Leur caractérisation n'est pas égale, certaines étant plus fouillées que d'autres, si bien que le téléspectateur ne s'investit pas pareillement en chacun. Lena et Tommy sont ceux qui se démarquent dès le départ, le parcours de Lena, de la chanson à la politique, et des sacrifices qu'elle réalisera sont ceux qui m'ont le plus touché. Si Rebecka connaîtra un intéressant éclairage dans la seconde partie, Erik restera plus une énigme, personnage ambivalent dont le détachement et les ambitions contrastent avec ceux de ses amis. L'épilogue n'offre d'ailleurs pas une sortie dosée à tous ces personnages, apportant peut-être une dramatisation excessive à ce qui aurait pu être une conclusion plus posée et ouverte sur l'avenir.

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En outre, Upp till kamp bénéficie d'un casting homogène et solide, respectant le parti pris de réalisme et de sincérité choisi par la série. Sverrir Gudnason (Wallander, Drottningoffret) interprète Tommy, personnage intense qui, entre rébellion et rêves musicaux, aura toujours du mal à trouver le bon équilibre. Fanny Risberg (Arn) incarne quant à elle Lena, avec sa magnifique voix et ses intransigeances politiques. C'est Ruth Vega Fernandez (Johan Falk) qui joue Rebecka, portée par une ambition professionnelle inébranlable. Enfin, Simon J. Berger (ceux parmi vous qui ont vu Torka aldrig tårar utan handskar se souviennent forcément de lui dans le rôle du flamboyant Paul) interprète Erik, fils d'une bonne famille qui peine à se trouver.

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Bilan : Fiction d'ambiance particulièrement aboutie, Upp till kamp est une immersion vivante dans cette décennie de bouleversements que sont les années 60-70. Riche en initiatives formelles, esthétiques comme sonores, qui visent à capturer l'atmosphère d'une époque, c'est une mini-série extrêmement intéressante par l'authenticité qui s'en dégage. Les parcours qu'elle relate sont en revanche plus traditionnels, avec une évolution relativement prévisible. Mettant en scène des protagonistes ordinaires qui cherchent leur place, elle ne romance pas leurs choix et n'idéalisera jamais leur vie : elle évoque seulement, sans artifice, des figures qui se construisent avec leurs forces et leurs failles dans un contexte particulier prompt à la remise en cause de la société.

Avant Upp till kamp, j'avais déjà vu (ou lu) bien des fictions sur un tel sujet (c'est une période qui m'intéresse toujours autant). Sur le fond, les thèmes traités sont ceux qui parcourent la jeunesse occidentale d'alors, déclinés à la Suède. En revanche, cette mini-série restera pour moi une vraie expérience télévisuelle pour son travail d'ambiance et sa plongée réussie dans une époque. C'est une œuvre qui fonctionne sur les sensations qu'elle procure aux téléspectateurs. Avis aux amateurs.


NOTE : 7,75/10


Pour un aperçu de l'ambiance, l'introduction du premier épisode :


Entre guerre du Vietnam, création d'Ikea, nouvelle VOLVO et manifestations...

09/10/2013

(K-Drama / SP) The Memory in My Old Wallet (A Faded Memory) : un intime voyage mémoriel

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Restons en Corée du Sud en ce mercredi asiatique. Chaque année, à côté des séries au long court, je prends toujours le temps de m'arrêter un peu sur la saison parallèle des dramas special de KBS2. Le format bref - des histoires tenant sur un épisode d'1h environ - permet l'exploration de certains thèmes ou une réappropriation de sujets de façon parfois plus expérimentale ou plus personnelle que dans les dramas très codifiés de 16 ou 20 épisodes. La saison dernière, par exemple, un unitaire tel que Art avait été une vraie belle surprise.

Depuis juin, nous sommes rentrés dans la nouvelle saison des dramas special (pour les curieux : un tableau récapitulatif est en ligne par là). Et c'est aujourd'hui sur le premier drama de cette fournée que je vous propose de revenir, puisqu'il débute l'année sous les meilleures auspices. The Memory in My Old Wallet (ou A Faded Memory) a été diffusé le 12 juin 2013 sur KBS2. Son écriture a été confiée à Chae Seung Dae, et sa réalisation à Lee Jung Sub (Hong Gil Dong, Man of Honor). Le résultat est très plaisant à regarder.

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Lee Young Jae a eu un terrible accident de voiture il y a deux ans. Suite au choc, il a perdu la mémoire. Alors qu'il était hospitalisé, nul n'est venu lui rendre visite. Pas un seul numéro de téléphone ne figurait enregistré sur son téléphone. Désormais physiquement rétabli, il demeure isolé, tenant une petite librairie de livres d'occasion. Sans passé, les murs qu'il s'est construit autour de lui ne cessent de grandir. Seule une lycéenne, Chae Soo Ah, s'entête à tenter de les franchir, sans que Young Jae ne réagisse. Un jour, il reçoit par la poste son vieux portefeuille. A l'intérieur, se trouve une photo de lui, souriant, aux côtés d'une jeune femme. Avec l'aide de Soo Ah, il va essayer de retrouver sa trace, et, dans le même temps, de raviver sa mémoire perdue. Mais veut-il vraiment se rappeler ce passé oublié, et l'homme qu'il était ?

The Memory in My Old Wallet est une histoire simple, celle de la découverte de mémoires perdues et des retrouvailles que cela doit permettre en brisant les murs de solitude que Young Jae a bâti autour de lui. En effet, si l'amnésie est liée au choc de l'accident, elle semble aussi devenue un mécanisme de défense dans lequel le personnage se perd. Entreprendre de se rappeler prend donc de véritables accents de quête identitaire, d'autant que l'homme craint ses découvertes éventuelles : son isolement de ces dernières années est-il lié à ses actions passées ? Mérite-t-il en un sens ce qui lui est arrivé ? A partir de ce point de départ, le drame va relater avec une écriture sincère, sans mélodrame inutile, une valse d'hésitations au sein de laquelle l'entêtement de la jeune Soo Ah répond aux tergiversations de Young Jae.

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La dynamique qui s'installe entre ces deux êtres très différents est une des bonnes surprises de l'épisode. Leur relation est initialement présentée comme un simple crush d'adolescence unilatéral, avec les emportements qui lui sont propres. Mais cet aspect s'efface peu à peu derrière une loyauté plus profonde qui trouve une tout autre origine. L'association des personnages fonctionne très bien à l'écran, touchante juste comme il faut à mesure qu'une meilleure compréhension s'installe entre eux. Parallèlement, le récit progresse à un rythme appréciable, sans se précipiter, laissant le temps à l'émotionnel de se construire. Young Jae remonte un fil composé de petits instantanés de sa vie passée, ravivant des moments de bonheur tout en revenant fatalement vers cette nuit fatidique où tout a basculé. La chute finale est adéquate, correspondant bien à la tonalité de l'ensemble.

Formellement, The Memory in My Old Wallet est une oeuvre maîtrisée. La réalisation est classique et bien dosée, accompagnant efficacement les protagonistes dans le voyage mémoriel qu'ils entreprennent. Elle sait notamment bien introduire ses flashbacks, superposant ces instantanés qui ressurgissent dans l'esprit de Young Jae au présent. Enfin, le drama bénéficie d'un casting solide reposant sur les épaules de son duo principal qui fait preuve d'une vraie complémentarité. C'est Ryu Soo Young (The Lawyers of The Great Republic Korea, Ojakgyo Brothers, Two Weeks) qui interprète ce libraire amnésique qui préfèrerait fuir plutôt que d'être confronté à la douleur potentielle de son passé. Face à lui, Nam Bo Ra (The Moon That Embraces the Sun, Shark) incarne avec beaucoup de justesse une lycéenne pleine d'aplomb qui ne se démonte pas et se révèle peu à peu.

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Bilan : The Memory in My Old Wallet tire le meilleur parti d'une histoire simple mais qui sait toucher le téléspectateur. Le drama nous embarque dans un véritable voyage mémoriel intime, et même poignant à l'occasion. La dynamique qui s'installe au sein de son duo principal atypique ajoute du charme à l'ensemble, le casting se révélant parfaitement à la hauteur. Au final, il s'agit donc d'un épisode aux thématiques relativement classiques qui exploite au mieux son format court. Les amateurs devraient apprécier.

Enfin, pour les curieux, notez que l'épisode est disponible en intégralité (et donc gratuitement), avec des sous-titres anglais, sur le compte YouTube de KBS World.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de ce spécial :

05/10/2013

(Pilote UK) The Wrong Mans : une comedy-thriller improbable et décalée

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BBC2 est officiellement ma chaîne préférée de cette rentrée 2013. Elle avait tout d'abord magnifiquement débuté le mois de septembre avec un marquant unitaire évoquant un journal satirique tenu dans les tranchées durant la Première Guerre Mondiale (The Wipers Times). Depuis, côté drama, Peaky Blinders confirme semaine après semaine tout le potentiel entrevu dans le pilote, rejouant les codes du period drama dans un registre de fiction de gangsters à l'atmosphère vraiment à part. Enfin, pour parachever le tableau, côté comédie, a commencé il y a une dizaine de jours une nouveauté qui était attendue : The Wrong Mans.

Créée par James Corden (Gavin & Stacey) et Mathew Baynton (Horribles Histories), The Wrong Mans est une co-production entre BBC2 et la plateforme de vidéo à la demande Hulu (concurrente de Netflix). Si la série sera disponible en novembre aux États-Unis, elle a débuté en Angleterre le 24 septembre 2013. Son pilote a réalisé une excellente audience sur la chaîne - plus de 3 millions de téléspectateurs, soit rien moins que la meilleure audience pour une comédie de BBC2 depuis le premier épisode de Extras en 2005. Il faut dire que The Wrong Mans promet un sacré mélange des genres, se réappropriant avec un humour décalé les codes du thriller.

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The Wrong Mans met en scène deux employés de bureau, on ne peut plus ordinaires, qui se retrouvent pris dans un engrenage criminel qui les dépasse. Un matin, en se rendant à pied au travail après une soirée arrosée, Sam Pinkett assiste à un accident de voiture. Tandis que l'automobiliste est évacué vers l'hôpital, un téléphone abandonné sonne non loin du lieu du crash. Pensant qu'il s'agit de l'appareil de l'homme accidenté, Sam le ramasse et y répond. Au bout du fil, une voix le menace : "Si vous n'êtes pas là à 5 heures, nous tuerons votre femme". Préférant tout d'abord ignorer cette histoire abracadabrante de preneur d'otage, Sam se confie cependant à Phil Bourne, un collègue. Ce dernier ne tarde pas à le convaincre de s'impliquer pour sauver la femme qui a été kidnappée. Décidant d'essayer de retrouver le propriétaire du téléphone, ils se rendent à l'hôpital. Les évènements s'enchaînent alors en prenant une tournure de plus en plus dangereuse. C'est bientôt leur vie que ces Wrong Mans vont devoir sauver.

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The Wrong Mans offre une mélange aussi improbable que savoureux de comédie et de thriller. Tout l'enjeu d'un tel concept était de trouver le juste équilibre entre ces deux genres : les deux premiers épisodes y parviennent sans difficulté, amusant le téléspectateur grâce à leur traitement par l'absurde des situations dans lesquelles plongent les deux protagonistes, tout en se montrant capable de conduire une incursion dans le suspense qui fonctionne. La narration oscille entre des ruptures inattendues, des chutes improbables qui prêtent à sourire, et une réappropriation des codes les plus classiques du thriller. Sur ce dernier point, le récit prend la peine de construire son intrigue mystérieuse, se payant même le luxe de conclure ses épisodes par des cliffhangers. Le téléspectateur se prend ainsi facilement au jeu d'une fiction où la légèreté se combine à des enjeux létaux, pour un cocktail tour à tour déroutant, rafraîchissant... et toujours détonnant.

L'autre attrait de la série tient au duo principal sur lequel elle s'appuie. Derrière des allures de sympathique buddy show, The Wrong Mans met en scène deux personnages qui tiennent plus des éternels perdants, avec toutes leurs limites, que des héros d'action sauvant la mise à la fin des situations périlleuses. Le scénario prend un malin plaisir à aller à rebours de ce que l'on peut attendre de tels protagonistes, se jouant des canons du genre. Prenant les mauvaises décisions, semblant toujours faire empirer les choses une fois le dangereux engrenage lancé, ils flirtent constamment avec la catastrophe pour finir par retomber momentanément plus ou moins sur leurs pieds. L'idée d'une telle série est notamment venue à ses créateurs - et interprètes - après avoir vu Burn After Reading des frères Coen, la filiation est perceptible. Tout en maniant un humour typiquement anglais, la série sait donc efficacement impliquer dans les aventures de Sam et Phil.

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Sur la forme, The Wrong Mans est une réussite. L'ensemble est bien filmé (la co-production a permis d'étoffer le budget), la réalisation assurée se révèle capable de trouver les bons dosages au milieu de tous les décalages d'un récit qui alterne et mélange la comédie et le suspense ponctué de scènes d'action. La mise en scène joue sur des codes qui empruntent aux deux genres, les détournant à l'occasion lorsqu'une scène d'action ou un passage revisitant un passage classique - comme une exécution - se termine par une chute autrement plus légère.

Enfin, côté casting, la série repose sur la dynamique qui s'installe immédiatement au sein de son duo central : en plus d'être les créateurs de la fiction, Mathew Baynton (Spy) et James Corden (Gavin & Stacey) en sont également les interprètes principaux. Le premier est celui par qui tout arrive, se laissant entraîner dans cette histoire presque malgré lui. Le second, au contraire, voit dans ce coup de téléphone improbable un signe du destin et une possibilité de se révéler en délaissant leur morose quotidien. La paire en fait des tonnes, et ça fonctionne bien, car les acteurs trouvent vite le bon rythme entre eux. A leurs côtés, on croise également Sarah Solemani (Him & Her, Bad Education), Tom Basden (Plebs), Paul Cawley, Chandeep Uppal et Jordan Long.

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Bilan : Investissant avec aplomb un registre de comedy-thriller des plus rafraîchissants, The Wrong Mans amuse le téléspectateur par son équilibre étonnant, fragile mais efficace, entre humour absurde et réappropriation des ficelles du récit à suspense. L'improbable duo principal précipité dans cet engrenage d'évènements dangereux est sympathique, allant complètement à rebours des canons attendus pour les héros de récit d'action. Le téléspectateur se prend donc progressivement au jeu d'une série qui apparaît comme un véritable hybride à la tonalité décalée très particulière. Le résultat est assez savoureux, plaisant à suivre. Bref, ma comédie de la rentrée !


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la série :


03/10/2013

(K-Drama / Pilote) The Suspicious Housekeeper : une étrange gouvernante au sein d'une famille endeuillée


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Il vous avait manqué, le revoilà, le rendez-vous asiatique... du jeudi, pour cette semaine. Aujourd'hui, je vous propose de prendre la direction de la Corée du Sud pour un drama un peu particulier. Si vous me lisez régulièrement, vous connaissez mes réticences vis-à-vis des remakes : cela peut aller de la réaction épidermique à la franche mauvaise foi suivant la qualité de l'adaptation et de l'originale. Cependant, parallèlement, je reste une sériephile curieuse. Et quand la télévision sud-coréenne adapte le grand succès japonais de 2011, Kaseifu no Mita, je ne peux résister à l'envie d'y jeter un oeil. 

The Suspicious Housekeeper a débuté sur SBS le 23 septembre 2013, diffusée les lundi et mardi soirs. Elle est annoncée pour une durée de 20 épisodes, donc bien plus longue que l'originale qui comptait seulement 11 épisodes, lesquels étaient en plus beaucoup plus courts que le format sud-coréen d'épisodes dépassant 1h. Le scénario a été confié à Baek Woon Chul, et la réalisation à Kim Hyung Shik. Pour tout vous dire, même si je ne me suis pas installée devant ma télévision à reculons, je ne vous cache pas que j'étais assez sceptique de voir porter à l'écran un telle adaptation. Ces premiers épisodes n'ont pas balayé toutes mes réserves.

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The Suspicious Housekeeper s'ouvre sur des funérailles : celle d'une mère de famille laissant derrière elle quatre enfants sans repères, ainsi qu'un mari dépassé par le rôle de père et les responsabilités qui lui sont soudain confiées, lui qui préfèrerait se consacrer à sa carrière et à sa maîtresse. Ce dernier décide de louer les services d'une gouvernante pour remettre de l'ordre dans la maison et assurer les tâches du quotidien. L'agence à laquelle il s'adresse lui envoie une employée très particulière : Park Bok Nyeo. Appliquée et consciencieuse, elle est incapable de sourire et reste invariablement impassible. Elle exécute aussi tous les ordres - quels qu'ils soient - sans broncher. Sa supérieur conseille d'ailleurs de faire attention : si on lui donnait l'ordre de tuer quelqu'un, il se pourrait bien qu'elle l'exécute...

Malgré son étrangeté, Park Bok Nyeo s'intègre au sein de la famille brisée et dysfonctionnelle qui l'emploie, provoquant des réactions qui permettent à chacun d'exprimer ce qu'il a sur le coeur. Cependant, la maisonnée frôle l'implosion lorsque la vérité sur le drame qui les a durement touchés est révélée. Outre le récit d'une famille en ruines et à reconstruire, le drama invite le téléspectateur à s'interroger : qui est vraiment cette gouvernante ? Quels secrets passés dissimule-t-elle ?

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Au cours de ses deux premiers épisodes, la trame de The Suspicious Housekeeper suit un schéma relativement fidèle au drama d'origine. La série respecte les deux grandes sphères narratives qui avaient fait la force de Kaseifu no Mita : le mystère du personnage de Park Bok Nyeo et le difficile travail de deuil au sein de la famille Eun. Concernant le premier point, nul doute que la gouvernante intrigue. Sa froide impassibilité, combinée à l'excellence de ses compétences - de ses qualités de cuisinière à ses capacités de mathématicienne -, interpelle. Ses non-réactions et la manière abrupte dont elle peut prendre congé de conversations très importantes vont à rebours de toute convention sociale. Souvent, l'étalage de ses connaissances tient du spectacle, mais, dès qu'une pointe plus inquiétante se fait jour, The Suspicious Housekeeper prend son envol : la scène finale du premier épisode fait office d'électrochoc, à la suite de l'avertissement sur les dangers de l'obéissance aux ordres de Bok Nyeo. Deux problématiques sont ainsi à exploiter : en plus de se demander jusqu'où la gouvernante peut aller et quels actes elle peut commettre dans le cadre de ses fonctions, elle s'impose comme une énigme. Pourquoi est-elle ainsi ?

Si tous les ingrédients sont posés pour susciter le mystère, il faut cependant avouer que les débuts de cette version sud-coréenne fonctionnent moins bien que ceux de Kaseifu no Mita qui capitalisait sur une dimension inquiétante plus prononcée. La faute peut-être à une narration dont la tonalité se disperse trop facilement. De plus, l'écriture verse dans quelques excès dispensables, manquant de la subtilité attendue devant à certaines situations. Car, parallèlement aux questions provoquées par Bok Nyeo, c'est dans une famille en train d'imploser que The Suspicious Housekeeper nous plonge. Le drama évoque la douleur de ces enfants privés de leur mère, mais aussi la faillite complète de ce père et de ce mari. Des ajustements restent à opérer : certains enfants sont vite crispants, et le père est encore trop renfermé pour que le téléspectateur dépasse l'antipathie instinctive générée par ses actions. L'équilibre était plus immédiat dans Kaseifu no Mita. Cependant, au sein de ce tableau de famille désagrégée, et dans les déchirures qui se poursuivent au gré des révélations - s'accélérant efficacement durant le second épisode -, se perçoit un vrai potentiel narratif, lequel ne demande qu'à être mis en valeur par une écriture plus fine.

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Sur la forme, The Suspicious Housekeeper reste plutôt en dedans, avec une réalisation sans prise de risque, extrêmement classique. Si quelques scènes sont assez réussies - la scène dans la rivière du premier épisode, par exemple -, dans l'ensemble, le visuel est très quelconque. Quant à la bande-son, on y retrouve certaines des incertitudes liées à la tonalité du récit, avec le surgissement pas toujours opportun d'une musique soudain légère plus orientée comédie, avec des passages d'une ambiance à l'autre soient toujours bien dosés.

Enfin, côté casting, c'est Choi Ji Woo (Winter Sonata, Can't Lose) qui interprète la mystérieuse gouvernante : l'impassibilité exigée par son rôle rend la performance presque minimale. Ayant logiquement tendance à la comparer avec Matsushima Nanako, j'ai trouvé qu'il lui manquait ce petit quelque chose grâce auquel l'actrice japonaise apportait une aura très particulière à cette figure étrange ; cependant, Choi Ji Woo est pleinement entrée dans son personnage. Au sein de la famille qui l'accueille, Lee Sung Jae (A wife's credentials) incarne ce père dépassé : c'est en faisant ressortir ses failles qu'il saura l'humaniser. Quant aux quatre enfants, les performances sont très diverses : Chae Sang Woo, dans le rôle du fils le plus âgé, vite l'insupportable, tandis que Kim So Hyun sait se montrer plus assurée en tant que fille aînée ; Nam Da Reum et Kang Ji Woo complètent le tableau familial. Il manque peut-être pour l'instant l'homogénéité du drama japonais. Enfin Wang Ji Hye (President, Personal Preference) interprète la maîtresse de Sang Chul.

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Bilan : A mi-chemin entre le drame familial et le mystère intrigant que représentante la gouvernante, The Suspicious Housekeeper se réapproprie assez fidèlement les ingrédients qui avaient fait l'efficacité de la série d'origine. Ce drama entraîne le téléspectateur dans des dynamiques difficiles, mais ambitieuses, face à une famille en cours de désagrégation suite au deuil qui l'a frappé. L'écriture est correcte, mais manque de finesse, notamment avec des changements de tons et des excès pas toujours heureux. L'ensemble intrigue, sans pour autant parvenir à susciter la même aura inquiétante que Kaseifu no Mita.

En résumé, des réglages sont encore nécessaires. Je pense que si je n'avais pas vu et apprécié Kaseifu no Mita, j'aurais donné quelques épisodes de plus à The Suspicious Housekeeper pour s'installer. Je retenterai peut-être un peu plus tard en fonction des échos que je lirai sur le drama. Pour les curieux amateurs de mélange des genres.


NOTE : 6,25/10


Un extrait du premier épisode :


Une chanson de l'OST :


02/10/2013

[Blog] Note de service : mercredi asiatique, rendez-vous ce jeudi

Exceptionnellement, cette semaine, le rendez-vous asiatique est décalé du mercredi au jeudi. Il est possible que cela se reproduise dans les semaines à venir, je vous tiendrai au courant. L'important est de s'assurer de revenir de manière hebdomadaire faire un tour dans le petit écran asiatique ! A demain.

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