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17/03/2012

(SE/DAN) Bron/Broen (The Bridge), saison 1 : un polar sombre et prenant aux multiples facettes

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Mes affinités avec les séries scandinaves se confirment ! Après s'être habituée au danois l'an dernier, mon oreille se familiarise depuis le début d'année avec le suédois. Forte de mes visionnages en cours de Äkta Människor ou encore de Anno 1790, je suis passée en ce mois de mars à l'étape suivante : m'offrir un mélange de suédois et de danois, devant une série co-produite par les deux pays, Bron/Broen (The Bridge en version internationale). C'est le moment de souligner que, jusqu'à présent, tous mes achats de coffret DVD étranger "à l'aveugle" (comprendre : sans avoir vu un seul épisode) auront tenu leurs promesses en provenance d'Europe du Nord (de Borgen à Næturvaktin), et cette dernière découverte ne m'aura pas déçue.

Bron/Broen a été diffusée au cours de l'automne 2011 en Suède (sur SVT1, à partir du 21 septembre) et au Danemark (sur DR, à partir du 28 septembre). Sa première saison compte 10 épisodes, d'une durée de 55 minutes environ. Une seconde saison a été commandée. A l'international, la série devrait être diffusée prochainement en Angleterre sur BBC4. Pas de nouvelle pour le moment en France, mais, ma foi, elle serait parfaite pour la politique de diffusion séries actuellement suivie par Arte (laquelle débute justement jeudi prochain la diffusion d'une série policière... suédoise, Les enquêtes du commissaire Winter, dont l'acteur joue aussi dans Bron/Broen) ! C'est donc de ce polar à la fois prenant et intense dont je vais vous parler aujourd'hui.

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Une nuit, sur l'immense pont qui relie le Danemark à la Suède, un incident interrompt le trafic : un corps a été abandonné sur la route, déposé exactement sur la ligne de frontière séparant les deux pays. Les polices sudéoise et danoise sont a priori toutes deux compétentes pour enquêter sur cette mort. Pour éviter tout conflit de juridiction, c'est une collaboration qui se met en place entre les deux officiers de garde dépêchés sur place ce soir-là : la suédoise Saga Noren et le danois Martin Rohde. 

D'abord trop vite catalogué comme le simple meurtre d'une personnalité suédoise connue, ce premier crime se révèle rapidement bien plus complexe qu'il n'y paraissait a priori. Il n'est que la première étape, publique, dans un engrenage qui se transforme en traque d'un tueur semblant toujours avoir un temps d'avance sur les enquêteurs. Si Saga et Martin ont des approches et des méthodes très dissemblables, ils vont devoir apprendre à coopérer et à travailler efficacement ensemble dans cette investigation qui contient bien des fausses pistes.

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Bron/Broen est une série policière feuilletonnante extrêmement prenante. Si elle construit son intrigue sur des bases très classiques, elle va savoir pleinement exploiter tous les ingrédients à sa disposition pour se trouver une identité propre dans ce registre de fiction pourtant familier. A ce titre, c'est tout d'abord par sa très grande noirceur que la fiction se démarque. Elle s'impose en effet comme un de ces polars très sombres, dans la droite lignée d'une tradition scandinave dont la réputation n'est plus à faire et à laquelle elle contribue avec les honneurs.

Avec une sobriété voulue, souvent assez glaçante, il faut préciser que la série se contentera le plus souvent de suggérer la violence plutôt que de nous la montrer, mais l'impact restera tout aussi fort. Et quelques scènes explicites particulièrement dures seront également proposées. En filigrane, c'est la fragilité de la vie qui semble constamment rappelée. Ce parti pris confère à l'oeuvre une résonnance très réaliste, et renforce la tension ambiante tant il apparaît vite clair que le téléspectateur n'a aucune assurance sur l'issue de cette enquête au long cours, ni sur la manière dont va s'orienter cette recherche du tueur qui tourne à la confrontation.

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Au-delà d'une atmosphère à la froideur soignée, Bron/Broen se démarque par sa maîtrise de sa construction narrative. La série glisse admirablement entre les différents genres policiers au fil de la saison, passant du fait divers isolé à la perspective d'un serial killer, des dénonciations provoquantes de dérives de la société moderne à des griefs autrement plus personnels. Les diverses tournures que prend une enquête très mouvante lui permettent de constamment aller de l'avant, sans aucun temps mort, ni jamais donner l'impression d'essayer de gagner du temps. Doté d'une tension constante exemplaire, le format de 10 épisodes est sans doute parfait pour ce genre d'exercice feuilletonnant, comme avait pu le prouver la saison 2 de Forbrydelsen. Le seul bémol éventuel à formuler viendrait peut-être de la façon dont la série a tendance à greffer de manière déconnectée des micro-intrigues et des protagonistes secondaires, donnant parfois l'impression qu'elle se disperse trop.

Il faut cependant reconnaître (et saluer le fait) que, dans l'ensemble, les scénaristes ne laissent en réalité jamais rien au hasard : le moindre détail, la moindre insistance (ou au contraire, non-dit) de la caméra, renvoie à quelque chose qui se révèlera important. L'impression de maîtrise du tableau d'ensemble l'emporte donc aisément sur quelques flottements qui resteront purement anecdotiques à la fin. Et si le téléspectateur se laisse vraiment captiver par l'agencement progressif de toutes les pièces de ce vaste et dangereux puzzle, c'est aussi parce qu'il semble vite évident que c'est le tueur, et non la police, qui le contrôle. La saison forme un seul grand arc, qui nous conduit jusqu'à un apogée à couper le souffle avec un dernier épisode particulièrement réussi. Sans rien en dévoiler, j'insiste dessus car il est d'une force et d'une intensité marquantes. Non seulement le téléspectateur n'en ressort pas indemme, mais cette conclusion justifie vraiment la construction feuilletonnante en amont. Il amène le téléspectateur à porter un nouveau regard sur l'engrenage auquel il vient d'assister, et confère une autre dimension à toute l'histoire. 

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Cependant Bron/Broen n'est pas seulement un solide polar, c'est aussi une histoire qui va permettre d'explorer des personnages principaux à la caractérisation très réussie. La dynamique qui s'installe au sein du duo principal est excellente, permettant d'offrir des passages plus légers, de semi-détente, au cours desquels le téléspectateur esquisse un sourire. La série exploite ici un filon classique, en associant une paire improbable de policiers qui n'ont rien de commun, et qui vont donc devoir essayer de s'entendre. Reste que Bron/Broen apporte sa propre valeur ajoutée, avec notamment le personnage de Saga qui s'est imposé comme un grand coup de coeur personnel. Ses raisonnements binaires tranchés, sa perception très détachée des relations sociales et de son environnement, créent en effet une héroïne atypique vraiment intéressante, tout en constituant un pendant parfait à Martin, plus terre à terre et prêt à assouplir ses principes.

De plus, les relations entre Saga et Martin ne se figeront jamais. A mesure que l'enquête progresse, non seulement ils parviennent à une meilleure compréhension réciproque, mais surtout, chacun influe sur l'autre. Ou plutôt, Saga s'ouvre peu à peu aux personnes qui l'entourent, son respect sincère pour Martin la conduisant à essayer d'assimiler les conseils qui lui donnent sur la vie sociale de tous les jours. Au fil des confrontations de vues parfois proches de la dispute qui ont lieu entre les deux policiers, le téléspectateur assiste à une lente transformation de Saga. C'est ici aussi que se révèle la maîtrise narrative de Bron/Broen, avec ce fameux discours de Martin sur le fait de ménager les susceptibilités et de devoir parfois mentir pour le bien de son interlocuteur. Une conception du mensonge légitimé qui prend toute son importance à la fin. Personnalités complexes, intégrées dans une galerie de personnages secondaires homogène et nuancée, ces deux policiers sont les piliers d'une série qui n'aura jamais négligé sa dimension humaine, et aura réussi le policier comme l'intime.

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Par ailleurs, Bron/Broen est également une belle réussite sur le plan formel. La réalisation est impeccablement maîtrisée, avec des images aux teintes froides dominantes qui correspondent parfaitement à l'ambiance générale. Surtout, la série exploite pleinement son double cadre danois et suédois, en utilisant des images de paysages pour opérer la transition entre certaines scènes. Comme l'illustre son générique à l'esthétique superbe (des time-lapses magnifiques ; cf. la vidéo en-dessous du billet), cela contribue à un certain dépaysement du téléspectateur qui alterne entre les deux pays, avec ce pont qui demeure toujours central. La bande-son reste très sobre, mais la musique qui retentit lors de l'ouverture, particulièrement bien choisie, retentira longtemps dans nos oreilles.

Enfin, la série bénéficie d'un casting bi-national très solide. Entremêlant danois et suédois, Bron/Broen est un exemple de co-production utilisée à bon escient ; pour l'apprécier à sa juste valeur, il est donc impératif de la regarder en version originale (cet aspect peut justement être un frein à son arrivée chez nous : une version française le ferait disparaître). J'ai été particulièrement marquée par Sofia Helin : passée la rigidité de la première rencontre, l'actrice se révèle vraiment dans les nuances qu'elle apporte peu à peu au personnage de Saga, avec quelques scènes magistrales (notamment dans le dernier épisode). Face à elle, Kim Bodnia est convaincant dans le rôle d'un officier certes efficace, mais aussi très humain avec ses failles, et qui n'a pas forcément beaucoup d'illusions sur lui-même. A leurs côtés, on retrouve également Dag Malmberg, Rafael Pettersson, Anette Lindbäck, Said Leque, Kristina Bränden, Puk Sharbau, Emil Birk Hartmann, Sarah Boberg, Christian Hillborg ou encore Magnus Krepper.

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Bilan : Polar très sombre à la fois classique, mais également capable de se forger une identité propre dans ce genre policier, Bron/Broen est une série feuilletonnante extrêmement prenante et efficace. Si sa narration donne parfois l'impression d'une tendance à la dispersion, la construction de l'arc formé par cette saison 1 ne laisse pourtant rien au hasard, témoignant d'une belle vision et maîtrise d'ensemble. A mesure que l'enquête progresse, changeant aussi de nature, la série dévoile tout son potentiel, pour se terminer sur un final vraiment réussi qui me hantera sans doute longtemps. Une saison 2 a été commandée, mais cette première saison se suffit à elle-même.

Amateurs de séries policières feuilletonnantes, de polars très sombres, mais aussi de fictions scandinaves, cette première saison de Bron/Broen devrait trouver grâce à vos yeux ! N'hésitez pas.


NOTE : 8,25/10


Le générique :

Commentaires

Hallå/Hej

Ce qui m'a le plus intrigué et subjugué dans cette série c'est l'utilisation de l'architecture et de l'urbanisme comme terrain de jeu pour le développement de l'intrigue.
Cela donne une atmosphère & une lumière (il faut dire que dans ces contrés nordique les journée peuvent être très longues...) bien particulière qui donne un sentiment parfois oppressant à la série.
si au départ l'on dépasse le coté peu réaliste des crimes et attentats perpétués; ou un seul homme mais à feu et a sang 2 villes dans deux pays différents j'ai été fasciné par découvrir l'histoire au fil des épisodes. Premièrement par l'antagonisme historique entre la Suède et le Danemark (le petit contre le grand) le canevas bien construit du script avec des cliff hanger de la muerte que je n'avais pas vu depuis 24h; script qui se permet "d'oublier" en cours des personnages secondaire omniprésent en début de partie et qui disparaissent au fil de l histoire sans que cela pose problème à la narration (ça c'est très fort) et un casting solide qui permet de rendre attachant les duettistes improbables que sont Sofia Helin (à noter que l'on peut faire du cinéma en tant que femme en Suède toute en ayant des cicatrices au visages à méditer dans nos contrés) & Kim Bodnia.

A découvrir et à consommer sans modération avec glaçons...
Ride ON

Écrit par : Dibs | 17/03/2012

@ Dibs : La construction du scénario en escalier est en effet assez fascinante ! Non seulement ça captive, mais la série conduit ses personnages et son intrigue bien au-delà de ce que l'on aurait pu penser a priori.
J'ai écris ma critique dans la foulée du visionnage, et je me demandais si l'impact se serait amenuisé ultérieurement, mais non. Même avec un peu de recul, Bron me semble toujours impressionnante.

Merci de ton commentaire ;)

Écrit par : Livia | 24/03/2012

@Lyvia : you welcome c'est toujours un plaisir de participer (de façon modeste) à ton blog.
en ce moment j essaye de rattraper le temps perdu sur certaines série en suivant tes conseilles genre Reporters; Garrow's law;Kommissarie winter;Akta mais je tiens à signaler un OVNI qui date de 15ans qui s' appel "Profit" (US) une saison devenue culte en seulement 9 épisodes et qui réellement était en avance pour son époque et reste toujours d'actualité. Surprenant

Ride ON

Écrit par : Dibs | 24/03/2012

@ Dibs : Profit est en effet un immanquable pour tout sériephile ! La série était en avance sur son temps, et ce fut sans doute le rôle de la vie d'Adrian Pasdar. Si tu veux une série assez proche, avec des sources d'inspiration commune, une autre série que je te recommande c'est House of Cards. Un modèle de cynisme, de machiavélisme, mais dans le domaine de la politique (c'est anglais) : http://myteleisrich.hautetfort.com/archive/2010/02/21/mini-serie-uk-house-of-cards.html

Écrit par : Livia | 25/03/2012

Je dois avouer que je suis entré dans cette série avec beaucoup de circonspection : encore une flic limite autiste, encore un flic qui en a vu d'autres et qui contourne les règles, encore un serial killer machiavélique.
Ca faisait un peu trop de "encore" pour être honnête.
Mais rapidement, j'ai été intrigué par la structure narrative, conquis par l'atmosphère visuelle et scotché par l'enchainement des évènements.
Au final, un très gros coup de coeur pour cette série où je me suis dit une nouvelle fois que les séries qui comptent vraiment pour moi sont le plus souvent des séries profondément ancrées dans les lieux où elles se déroulent (The wire - Baltimore, Boss - Chicago, Treme - New Orleans,...), des séries dont l'essence même serait profondément affectée si elles se passaient ailleurs (mais qui en même temps se hissent par la hauteur de leur propos au-delà du cadre qu'elles explorent si bien).
J'espère que cette série est promise en dehors de Scandinavie à un aussi bel avenir que Forbrydelsen. Elle le mérite amplement. Et en ce qui me concerne, elle me parait très largement meilleure que Forbrydelsen (saison 1), que j'ai trouvé beaucoup plus faible au niveau de l'ancrage géographique et de la structure narrative (beaucoup trop prévisible).

Écrit par : Fred | 26/03/2012

@ Fred : L'atmosphère et la tension ambiante sont prenantes et fascinantes comme rarement. C'est très juste ce que tu dis sur la mise en valeur/utilisation de l'espace. Je me demande par contre comment une saison 2 saura se renouveler tant la construction narrative de cette saison 1, aboutie, laisse assez peu de place à une suite.
J'espère pour la carrière internationale que Bron fera honneur au petit écran scandinave. Les Anglais sont sous le charme des séries nordiques, donc je pense qu'elle devrait recevoir un bon accueil sur BBC4. J'espère que cela permettra à la série de "buzzer" un peu plus ! Dans les pays francophones, je me demande par contre dans quelle mesure la VF ne ferait pas perdre une partie de ce charme, en gommant les différences suédois/danois.

Sinon, pour la comparaison avec Forbrydelsen, les deux séries ont à mon avis un partie pris différent. Bron s'est révélée à terme plus surprenante et "originale" en un certain sens ; tandis que Forbrydelsen a été plus classique sur son affaire de meurtre, mais plus sobre également. Les enjeux ne furent pas les mêmes et elles ont toutes deux leurs forces. Je pense que Forbrydelsen m'a plus marquée par justement sa capacité à faire revivre efficacement une certaine tradition du polar. Bron se rapproche plus du thriller, en étant particulièrement savoureux/haletant. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti la nécessité de lancer un épisode après un cliffhanger aussi maîtrisé avec une telle force !

Ca fait quand même plaisir de voir de telles fictions européennes désormais :)

Écrit par : Livia | 29/03/2012

"J'espère pour la carrière internationale que Bron fera honneur au petit écran scandinave. Les Anglais sont sous le charme des séries nordiques, donc je pense qu'elle devrait recevoir un bon accueil sur BBC4."

Comme la ZDF est coproductrice, Bron sera aussi très certainement diffusée en Allemagne... et probablement sur Arte.

"Dans les pays francophones, je me demande par contre dans quelle mesure la VF ne ferait pas perdre une partie de ce charme, en gommant les différences suédois/danois."

Je propose de remplacer le danois par du français de Belgique. :)

"Sinon, pour la comparaison avec Forbrydelsen, les deux séries ont à mon avis un partie pris différent. Bron s'est révélée à terme plus surprenante et "originale" en un certain sens ; tandis que Forbrydelsen a été plus classique sur son affaire de meurtre, mais plus sobre également."

Rétrospectivement, je me rends compte que ce qui m'a réellement marqué dans Forbrydelsen et qui constitue à mon sens sa réelle force, c'est le pan consacré au deuil des parents.
L'intrigue politique, je la trouve finalement assez faible et convenue. Et pour ce qui est de l'enquête, j'avais compris la structure scénaristique dès le premier épisode.
Attention SPOILERS possibles !!!!!!!!!!!
Si on s'attache à décrypter la structure du scénario, on comprend tout de suite que la série va montrer une succession de faux coupables avant de revenir sur le vrai coupable qui était là dès le début mais sur lequel on ne s'était pas focalisé.
C'est très classique et réalisé ici avec tellement peu de subtilité que j'avais deviné l'identité du coupable dès le début de la série.
FIN DES SPOILERS

Reste cependant un final très beau, sans complaisance pour la majorité des personnages.

"Les enjeux ne furent pas les mêmes et elles ont toutes deux leurs forces. Je pense que Forbrydelsen m'a plus marquée par justement sa capacité à faire revivre efficacement une certaine tradition du polar. Bron se rapproche plus du thriller, en étant particulièrement savoureux/haletant."

En ce qui me concerne, c'est surtout la structure scénaristique qui m'a paru beaucoup plus intéressante dans Bron que dans Forbrydelsen.
Je me dis aussi que si Forbrydelsen avait eu les moyens pour "exister visuellement" comme son adaptation américaine (décevante par ailleurs), la série m'aurait sans doute plus accroché.

"Ca fait quand même plaisir de voir de telles fictions européennes désormais :)"

Ouaip.
Et la saison 4 de la meilleure série européenne actuelle vient de commencer pas plus tard que cette semaine sur France 3.


Tiens sinon, je profite du fait que j'écris ici pour signaler que j'ai beaucoup aimé The promise, la mini-série de Peter Kosminsky.
Je l'ai terminée hier et j'ai voulu poster un avis après ta chronique mais l'écriture de commentaires est bloquée.

Écrit par : Fred | 29/03/2012

"Et pour ce qui est de l'enquête, j'avais compris la structure scénaristique dès le premier épisode."

--> Justement, pour moi, la force de Forbrydelsen est d'avoir réussi à happer le téléspectateur en redonnant ses lettres de noblesse à ces feuilletons policiers, écho aux classiques de la littérature de ce genre ; en montrant que de tels codes ne sont pas désuets aujourd'hui si l'on sait construire un scénario et une ambiance aboutis.
Nos opinions sont très proches, je crois, simplement nos goûts et donc notre appréciation des choix narratifs diffère. ;)


"Et la saison 4 de la meilleure série européenne actuelle vient de commencer pas plus tard que cette semaine sur France 3."

--> Cette saison 4 du Village français s'annonce à la fois très ambitieuse et très dure. A savourer !


"Tiens sinon, je profite du fait que j'écris ici pour signaler que j'ai beaucoup aimé The promise, la mini-série de Peter Kosminsky.
Je l'ai terminée hier et j'ai voulu poster un avis après ta chronique mais l'écriture de commentaires est bloquée."

--> C'est débloqué. :) La mini-série sera diffusée sur Arte à la fin du mois d'avril, donc je réouvre les commentaires, en espérant qu'il n'y aura pas les mêmes dérapages.
The Promise, ça a vraiment été une mini qui m'a profondément marquée !

Écrit par : Livia | 29/03/2012

Bienvenue tous au club Born,
je signale tout de même comme je l avais fait dans des posts précédent que Arte fait un effort particulier au doublage Français (du certainement à sa particularité de chaîne binational)on est loin de TF1 ou M6 qui massacre allègrement la tonalité d'une série en version Fr quand ils ne changent pas le générique pour récupérer des € dans des droits d’éditeur de toute façon le mieux reste la VO et c'est dommage qu'Arte ni pense pas...
Pour revenir entre la dualité Forbrydelsen/Bron l'une fait dans la digression contemplative de style l 'autre dans la fiction action inventive. les 2 se complètent très bien.
Pour The promise je pensais a tord que certains lieux avait été tourné en studio et bien non Kosminsky à eu toutes les autorisations nécessaire même si les autorités Israélienne l'on un peu regrettée par la suite...

Ride On

Écrit par : Dibs | 29/03/2012

@ Dibs : Arte est devenue ma chaîne préférée ! Un peu plus tard, ce mois-ci, elle va programmer une série australienne que j'attends avec impatience et sur laquelle j'ai lue beaucoup de choses intéressantes, East West 101.
J'ai hâte de découvrir cela ! :)

Écrit par : Livia | 01/04/2012

J'espère que cette série sera diffusée sur une chaîne française.

Écrit par : Sabine | 16/04/2012

L'épisode 1 passe sur la BBC Four ce samedi à 21 h, et je suppose que cela sera ensuite disponible en replay.
http://www.bbc.co.uk/programmes/b01gmbvb

Vous parlez tous danois ou suédois ? J'ai vu des sous-titres anglais, mais pas de langue autre que nord-européenne sur le DVD.

Écrit par : k3c | 17/04/2012

@ Sabine : Pour l'instant, pas de nouvelles d'achat de droits de diffusion en France. Il faut, je pense, croiser les doigts pour qu'Arte s'y intéresse. Une deuxième saison étant en production ; la série va peut-être pouvoir ainsi progressivement s'installer.
A noter aussi que les deux premiers épisodes sont proposés cette semaine lors du Festival SériesMania (http://www.forumdesimages.fr/fdi/Festivals-et-evenements/Series-Mania-saison-3/Bron-The-Bridge) à Paris, peut-être une façon de faire un peu plus connaître la série ? Et puis aussi l'arrivée sur BBC4 devrait permettre à la série d'acquérir un certain buzz international !


@ k3c : Hélas je n'ai guère de compétences linguistiques en dehors de l'anglais (sauf mention contraire, je regarde toutes les séries non anglophones mentionnées sur ce blog avec des sous-titres anglais) !
De mon côté, j'ai simplement acheté le coffret DVD suédois (ici par exemple : http://www.amazon.co.uk/Broen-Season-1-Sofia-Helin/dp/B0073FAWM6/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1334643958&sr=8-1 ), et avec sa piste de sous-titres anglais (qualité relativement bonne, rien à redire sur ce plan), j'ai suivi la saison 1 en VOSTA (il faut noter que beaucoup de séries nordiques - danoise comme Borgen, islandaise comme Naeturvaktin ou Pressa - ont une piste de sous-titres anglais dans leur DVD d'origine qui permet au moins un accès anglophone ^^).

Pour le moment, la VOSTA semble être la seule version non nordique disponible pour regarder Bron/Broen. La série n'a pas encore été beaucoup vendue à l'international (je crois avoir lu qu'en dehors de BBC4, aucune autre chaîne non nordiques n'a pour le moment investi) ; donc il faut espérer que la diffusion anglaise serve pour la réputation de la série !
Mais elle mérite vraiment le détour. :) Si jamais tu peux la suivre sur BBC4 (ou plus généralement en VOSTA), n'hésite vraiment pas ! (Les sous-titres de BBC4 sont généralement de bonne qualité.) L'expérience vaut le détour !

Écrit par : Livia | 17/04/2012

Hélas, j'avais supposé que c'était en anglais, mais non, je vois sur la page "In Swedish and Danish with English subtitles".

Donc la BBC a juste acheté "ton" DVD.

:-(

Par contre au forum des images c'est VOSTF

http://www.forumdesimages.fr/fdi/Festivals-et-evenements/Series-Mania-saison-3/Bron-The-Bridge
dit
épisodes 1 et 2 vostf coul. 2x58min
(série 10x58min)

Écrit par : k3c | 17/04/2012

Oyo;

j aime bien cette phrase tiré du très bon site 3eme gauche dédicacé à la musique " Je ne sais pas s’il y a eu des études qui tentent d’expliquer la quantité disproportionnée de bonne musique pop (ou de série tv ndr)scandinave.
Entre Bern Hoft, Peter Bjorn & John, Philico Fiction, Asteroid Galaxy tour, j'en passe et des meilleurs et de la tonne de série que l on peu trouvé sur cet excellent blog c est détonnant le dynamise
culturelle (et je parle pas des livres) du nord de l' Europe on peu noter l'absence notoire ou la méconnaissance (même si c'est pas la Scandinavie c'est pas loin) de l Allemagne dans cette effervescence...

Ride On

Écrit par : Dibs | 17/04/2012

@ k3c : Reste donc à espérer une diffusion sur une chaîne française ! Après recherche, j'ai vu que la chaîne allemande ZDF avait également commencé la diffusion de Broen fin mars. Mais au MipTV, la série n'a été vendue qu'à des pays de l'Est... J'espère juste qu'elle ne va pas atterrir sur une obscure chaîne du câble dont nul ne connaît l'existence.
La présentation à SériesMania n'est pas une garantie de diffusion en France, mais cela laisse des espoirs !


@ Dibs : Le dynamisme scandinave, y compris au ciné, est en effet assez impressionnant. Pour l'Allemagne, cela reste pour moi un pays très inaccessible du fait de la langue, et les séries qui nous parviennent d'elle ne laissent entrevoir que quelques genres (soit plutôt action, soit quelques comédies). Mais j'imagine que sans avoir la reconnaissance internationale que la Scandinavie est en train de se construire, il doit y avoir aussi des fictions qui peuvent mériter un détour !
Mais l'amélioration générale de la qualité des fictions destinées au petit écran est globalement perceptible au niveau mondial (avec cependant aussi, toujours un aspect cyclique).
En Occident (je laisse de côté Asie et Moyen-Orient), l'autre grand pôle de dynamisme actuel semble être hispanophone. Même si en Espagne, depuis 2011, il y a un certain recul de la part d'audiences de séries jusqu'alors solides (historiques notamment), c'était notamment ce qui était apparu des derniers Fipa. cf. la déclaration dans le petit encadré à gauche au milieu de cet article : http://www.lexpress.fr/culture/tele/fipa-2012-le-bilan_1080124.html
Mais trouver des sous-titres anglais pour des séries hispanophones n'est pas chose aisée.

Écrit par : Livia | 18/04/2012

@ livia

Je ne parle pas un mot d'allemand, mais j'ai fait un tour sur le site de la ZDF et vu un extrait
http://www.zdf.de/ZDFmediathek/beitrag/video/1610500/Die-Bruecke---Folge-5---Trailer-#/beitrag/video/1610500/Die-Bruecke---Folge-5---Trailer-

Pas de sous-titres, et ça ressemble à de l'allemand, donc bravo à ZDF qui a fait l'effort d'un doublage, contrairement à la BBC !

Visiblement ils ont déja diffusé 5 épisodes
http://www.zdf.de/ZDFde/suche.html?pn=1&kw=Die+Br%FCcke+%96+Transit+in+den+Tod&Suchen.x=0&Suchen.y=0

Écrit par : k3c | 18/04/2012

@ k3c : "Pas de sous-titres, et ça ressemble à de l'allemand, donc bravo à ZDF qui a fait l'effort d'un doublage, contrairement à la BBC !"

Là il ne faut pas en vouloir à la BBC. ;) C'est une question de différences de culture dans l'audiovisuel. En effet, le doublage de programmes adultes n'existe pas en Angleterre (pas plus que dans les pays scandinaves d'ailleurs). Toute production non anglophone sera toujours proposée avec des sous-titres anglais uniquement. ;)
Le doublage se retrouve en Europe continentale dans des pays comme l'Allemagne (justement ^^), l'Espagne, l'Italie ou la France, mais il y a une bonne partie de l'Europe (et au-delà) pour qui cette industrie particulière est étrangère et pour lesquels il ne viendrait pas à l'idée de "doubler" un programme au sens français du terme.

Sinon, apparemment, la diffusion sur ZDF devrait se terminer le 22 avril : http://www.nordiskfilmogtvfond.com/news_story.php?cid=3274&sid=14&ptid=7
ZDF avait aussi diffusé Forbrydelsen, donc ça ne devrait pas retenir Arte du point de vue du marché allemand.

Écrit par : Livia | 18/04/2012

Bonjour,
Quelqu'un pourrait me dire comment se termine la série, mon téléchargement a buggé et tout s'arrête quand ....


[EDIT de Livia : Je t'ai envoyé un mail ;) ]

Écrit par : Fanatic | 18/04/2012

@ Fanatic : Réponse envoyée par mail à l'adresse que tu as rentrée pour poster le commentaire (j'ai édité ton message pour éviter tout risque de spoiler intempestif). ;)

Écrit par : Livia | 18/04/2012

Merci!

Écrit par : fanatic | 18/04/2012

Hello
vous m'avez mis l'eau à la bouche avec cette série...J'ai trouvé des St en français mais je ne trouve pas les épisodes :-(
Quelqu'un a une piste?
Merkiii

Écrit par : sacha | 02/05/2012

Je viens de finir la saison 1 de Bron. Excellent !
Un ami me disait récemment beaucoup de mal de Antigone 34 (que je n'ai pas vu), avec une enquêtrice top-model en talons-aiguilles, peu crédible pour courir derrière les malfrats. Ici avec Sofia Helin, on a une fille normale, un peu autiste (et comme signalé précédemment, avec des cicatrices sur le visage, comme l'acteur de Millénium, Michael Nyqvist). Comme Sofie Gråbøl dans The Killing (et son unique pull), elle n'a pas épuisé le budget de la série par ses tailleurs Chanel ou autres vêtements:-)

J'ai beaucoup apprécié la technique de drague de Sofia Helin en boîte de nuit : elle sourit à un type, qui vient la voir et lui propose de lui offrir un verre. Réponse "Non". Le type est tout dépité et perplexe. Elle ajoute "Tu veux venir faire l'amour chez moi ?".

Sinon je trouve que cette série montre des gens à l'aise avec leur corps, loin des américains soit puritains soit obsédés. On voit un sexe masculin ou un sein, sans qu'il n'y ait rien d'érotique. Les différentes personnes, comme dans Millénium, ont de nombreux partenaires.
En ce sens, c'est bien une série nordique.

Écrit par : k3c | 02/05/2012

@ Sacha : Je t'ai envoyé un mail. Le DVD est notamment disponible ici : http://www.amazon.co.uk/Broen-Season-1-Sofia-Helin/dp/B0073FAWM6/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1336018294&sr=8-2
Je rappelle par contre qu'il est absolument interdit de poster des liens illégaux sur ce blog ; merci de respecter la charte d'utilisation. J'ai donc supprimé ton dernier commentaire k3c. ;)


@ k3c : Saga est une figure féminine atypique vraiment intéressante. J'ai beaucoup aimé son personnage et son évolution au fil de la saison. C'est très juste de souligner à quel point la série apparaît scandinave ; on a vraiment toutes les caractéristiques classiques (en terme d'ambiance, d'utilisation du décor, des acteurs et personnages).
En tout cas, heureuse de voir que Broen/Bron continue de susciter l'enthousiasme ! :)

Écrit par : Livia | 03/05/2012

Bonjour ! J'ai beaucoup aimé suivre Bron/Broen, mais j'ai moi aussi eu des problèmes à la fin du dernier épisode, et j'ai loupé le dernier quart d'heure !! Quelle déception .. Quelqu'un pourrait-il me raconter la fin ? Merci d'avance !

Écrit par : Anne Clot | 21/05/2012

P.S. anne.clot@bluewin.ch

Écrit par : anne Clot | 21/05/2012

@ Anne Clot : E-mail envoyé ;)
[Mais encore une fois, je conseille vraiment d'essayer d'une façon ou d'une autre de voir ce marquant dernier quart d'heure !]

Écrit par : Livia | 24/05/2012

Sur le thème du mort retrouvé sur une frontière, il y a le film "Bon Cop, Bad Cop". Deux Inspecteurs canadiens, l'un québécois, l'autre anglophone font équipe bon gré mal gré. Et ils ont une fâcheuse tendance à perdre les cadavres croisés pendant leur enquête !

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bon_Cop,_Bad_Cop

Écrit par : k3c | 30/05/2012

@ k3c : Intriguant ce synopsis ! Le thème de la frontière et de l'enquête conjointe (voire avec des intervenants neutres extérieurs comme dans Joint Security Area par ex.) a un sacré potentiel pour confronter les cultures.
Curieuse de voir aussi si les projets de remake actuellement en cours verront le jour. Je me demande comment capturer les qualités scandinaves de l'original !

En tout cas, merci de partager ces compléments avec nous ! ;)

Écrit par : Livia | 07/06/2012

J’arrive encore en retard pour donner une opinion, mais je n’y peux rien : tant de séries et si peu de temps (sachant que j’en consacre une bonne partie aussi à la lecture, et que je n’aime pas enchainer les œuvres car rien ne me détourne autant du plaisir de découvrir de nouvelles séries que le sentiment de consommer)…

Désolée à l’avance si mon opinion est impopulaire, j’espère n’offenser personne mais je n’ai pas du tout aimé Broen : malgré des qualités évidentes et largement développées dans ton billet (je ne vais donc pas y revenir), j’ai eu beaucoup de mal à aller jusqu’au bout de la saison 1. Cette série est supposée être un thriller haletant, or non seulement je n’ai jamais été passionnée par l’intrigue au point de regarder les épisodes à la suite, mais à partir du 6ème épisode j’ai même eu le sentiment de devoir me motiver pour terminer la série.

J’attendais avec une certaine impatience de découvrir la série parce que je rejoins très souvent tes opinions : grâce à toi j’ai découvert Forbrydelsen et c’est vraiment un euphémisme que de dire que j’ai adoré les 2 saisons. C’est l’une des rares séries que j’ai envie de revoir régulièrement. C’est un modèle du genre, un condensé de tout ce qu’il faut faire pour produire une série réussie, un exemple pour tous les producteurs et scénaristes débutants.

Peut être que j’ai tort de comparer autant les 2 œuvres, mais j’avais un sentiment de profondeur et de cohérence très fortes en visionnant Forbrydelsen, le sentiment d’être face à une œuvre aboutie parce que personnelle : reflétant les valeurs morales de son créateur, ainsi que son opinion nourrie et argumentée sur le fonctionnement du système politique danois. Pour Broen, j’ai été dominée par l’impression d’être face à un exercice de style : formellement impeccable, mais très superficiel et creux.

Plus précisément ce qui n’a pas fonctionné pour moi (sous forme de tirets pour aller plus vite et ne pas écrire un essai) :

- Toutes les questions morales et sociétales qui sont évoquées (justice, immigration, pauvreté, corruption, délinquance et insécurité, violences familiales, matérialisme …) sont non seulement survolées mais leur pertinence même est réduite à néant avec la conclusion finale qui donne d’autres motivations au tueur. Ces points essentiels ont été instrumentalisés pour compliquer l’intrigue, et évacués sans autre réflexion alors qu’ils présentaient des drames certes secondaires, mais aussi réels, essentiellement grâce au jeu des acteurs souvent convaincants. Et je suis d’autant plus frustrée que la motivation finale parait tout juste digne d’un soap opéra….

- Si la série reste relativement sobre dans la plupart des scènes de violence, certaines relèvent cependant clairement du voyeurisme, d’une fascination malsaine et collectivement partagée grâce à internet et aux réseaux sociaux à regarder la souffrance d’autrui depuis son canapé. Une des morts en direct (pas de spoilers )de ce point de vue est clairement outrancière : c’est du spectacle pur sans aucune considération pour la victime.

- La résolution finale est pleine d’incohérences tant dans la gestion du temps, que dans les moyens utilisés par le tueur pour exécuter son plan, que dans l’attitude des personnages principaux ( Martin notamment dans la confrontation finale, le tueur dans ses motivations) au point que l’histoire devient invraisemblable.

- Le casting est inégal : l’actrice (et les scénaristes) qui interprète Saga ne sait clairement pas comment réagit un autiste : par expérience, ayant des autistes/asperger dans mon entourage, je peux sans le moindre doute affirmer qu’ils ressentent des émotions et qu’ils sont parfaitement capables d’empathie. Leur problème principal est leur difficulté (probablement d’ordre neurologique) à traiter l’information provenant de l’extérieur (telle une émotion manifestée par une personne proche ou pas), à la replacer dans son contexte et à y apporter une réaction ou une réponse adaptée.
Ce n’est pas instinctif chez eux, cela leur demande un temps de prise de conscience et de réflexion qui les fait paraitre lents d’esprit et maladroits, d’où les moqueries. Il y avait un je ne sais quoi dans cette interprétation qui était trop forcée, une sensation accentuée par les dialogues qui martèlent sans la moindre subtilité le rappel de sa différence.
Au final, son handicap n’aura été qu’un « plot device » destiné à renouveler le concept des deux enquêteurs que tout oppose mais qui doivent travailler ensemble. Ses intuitions fulgurantes auraient pu être justifiées autrement sans que l’intrigue soit affectée.
Pire, elle est reste un « freak » jusqu’au bout : elle passe du statut de l’handicapée légère qui embarrasse son entourage à celui de personne infantilisée, que tout le monde ressent le besoin de protéger en raison de sa naïveté et de son innocence (elle finit dans une scène ridicule par représenter symboliquement l’intégrité et l’honnêteté contre le mensonge). Alors que c’est une jeune femme moderne, indépendante, intelligente et forte qui connait certes de profondes difficultés d’adaptations à une société très peu compréhensive et conciliante envers les plus faibles et les plus vulnérables, mais qui malgré ces obstacles, finit par trouver sa place (même si le quotidien reste dure pour elle car elle est très isolée, et qu’ il est faux de penser que les autistes n’en souffrent pas) .

L’acteur interprétant Martin m’a laissé complètement indifférente : même sur la fin, je n’ai jamais réussi à ressentir de la sympathie pour lui….

L’acteur interprétant Stefan m’a, en revanche, complètement bluffé : ce mélange de mystère, de force et de vulnérabilité n’était pas évident à rendre sans tomber dans le mélo, il s’en tire très bien! Dommage qu’il se soit retrouvé avec un second rôle sous développé, alors qu’il avait le plus de potentiel.

En bref et en toute honnêteté, je ne pense pas suivre une éventuelle saison 2 ….Aucun regret cependant, il reste toujours Forbrydelsen saison 3 pour me consoler (je ne vois pas le fin de cette attente…) et certainement d’autres séries scandinaves à découvrir…

Désolée d’avoir été si longue et négative, je voulais ajouter juste ma petite pierre à l’édifice avec l’idée que des opinions opposées, ça fait aussi des débats plus riches et nuancés….

Écrit par : Titania | 10/07/2012

Bonjour,
Habituellement ravi de faire de belles découvertes grace à ce blog, je viens toutefois de finir difficilement la série Broen.
Je reste sur les mêmes impressions que Titania!
Elle a si bien détaillé les dysfonctionnements que je n'ai rien à ajouter.
Si ce n'est que, fan de Forbrydelsen, j'ai toutefois préféré la saison 2 de la version US, pour son atmosphère glauque et pesante ainsi que pour ses personnages principaux fort attachants.
Mais ça aussi , c'est personnel.

Écrit par : sacha | 10/07/2012

@Titania :
"Désolée à l’avance si mon opinion est impopulaire, j’espère n’offenser personne mais je n’ai pas du tout aimé Broen"

Offensé par une opinion aussi longuement argumentée, voilà qui serait bien dommage...


"Peut être que j’ai tort de comparer autant les 2 œuvres [Forbrydelsen et Broen], mais j’avais un sentiment de profondeur et de cohérence très fortes en visionnant Forbrydelsen, le sentiment d’être face à une œuvre aboutie parce que personnelle : reflétant les valeurs morales de son créateur, ainsi que son opinion nourrie et argumentée sur le fonctionnement du système politique danois. Pour Broen, j’ai été dominée par l’impression d’être face à un exercice de style : formellement impeccable, mais très superficiel et creux."

Personnellement, je n'ai pas trouvé Forbrydelsen particulièrement réussie au niveau des questionnements sociétaux qu'elle aborde.
La storyline politique m'a même paru assez faible sur ces points.
Derrière leurs mécaniques scénaristiques respectives (et très différentes), je ne trouve d'ailleurs pas que Forbrydelsen révèle plus de choses que Broen sur les fractures de la société danoise et/ou suédoise.
J'ai même eu le sentiment d'être beaucoup plus ancré dans le cadre de l'action en visionnant Broen qu'en visionnant Forbrydelsen pour lequel je me suis trop souvent dit que l'action pourrait se dérouler ailleurs qu'à Copenhague sans que cela ne change rien à la série.

Pour ce qui est de l'exercice de style, je dirais que, quelque part, un thriller est toujours avant toute autre chose un exercice de style.
Un thriller peut déborder de ce cadre mais il reste néanmoins toujours régi par une mécanique scénaristique qui en fait un exercice de style.
Et pour moi, à ce niveau, il n'y a pas photo entre Broen et Forbrydelsen.
J'ai trouvé la mécanique de Forbrydelsen beaucoup trop prévisible et articulée autour de relances artificielles rapidement redondantes.
Celle de Broen m'est apparue beaucoup plus fluide, avec un scénario construit de manière beaucoup plus sophistiquée.

"Toutes les questions morales et sociétales qui sont évoquées (justice, immigration, pauvreté, corruption, délinquance et insécurité, violences familiales, matérialisme …) sont non seulement survolées mais leur pertinence même est réduite à néant avec la conclusion finale qui donne d’autres motivations au tueur."

Je ne vois pas très bien en quoi leur pertinence serait tout à coup réduite à néant juste par un twist du scénario.
Leur pertinence pour l'enquête en cours, je veux bien le comprendre, mais pas leur pertinence dans l'absolu pour le téléspectateur.

"Et je suis d’autant plus frustrée que la motivation finale parait tout juste digne d’un soap opéra…. "

Ou plutôt digne d'un... thriller, non?
Ah ben, ça tombe bien, Broen est un thriller.
Je crois que ta déception vient aussi d'attentes peut-être excessives par rapport au produit.
Personnellement, je ne suis vraiment pas fan du genre thriller. J'en consomme très peu. Dans le cas de Broen, ma curiosité a été titillée par la chronique de Livia et je me suis dit que j'allais laisser une chance à cette série, sans attentes particulières.
Broen m'a séduit par son ambiance visuelle très réussie et par sa construction scénaristique très travaillée (deux points qui m'avaient beaucoup déçu dans Forbrydelsen). Je ne lui demandais pas plus.

"[Saga] Au final, son handicap n’aura été qu’un « plot device » destiné à renouveler le concept des deux enquêteurs que tout oppose mais qui doivent travailler ensemble."

Oui.
Tout ce que tu écris sur le personnage de Saga me parait assez juste.

Pour ce qui est de tes avis sur les autres acteurs et leurs personnages, je dirais que c'est très subjectif et que, de toute manière, dans un thriller, le personnage est toujours quelque part inféodé au déroulement du récit.
Le thriller, ça penche toujours plus vers le "story driven" que vers le "character driven".
Broen ne déroge pas à cette règle.
Peut-être Forbrydelsen le faisait-il plus, ce qui est sans doute une des raisons de ton appréciation plus positive de cette dernière (corrige-moi si je me trompe).


"des opinions opposées, ça fait aussi des débats plus riches et nuancés…."

C'est quand tu veux, en ce qui me concerne.
Avec plaisir.

Écrit par : Fred | 10/07/2012

@Fred Merci pour cette réponse de qualité (argumentée, détaillée) Un vrai plaisir à lire, qui s’ajoute au plaisir de débattre.

« Personnellement, je n'ai pas trouvé Forbrydelsen particulièrement réussie au niveau des questionnements sociétaux qu'elle aborde.
La storyline politique m'a même paru assez faible sur ces points.
Derrière leurs mécaniques scénaristiques respectives (et très différentes), je ne trouve d'ailleurs pas que Forbrydelsen révèle plus de choses que Broen sur les fractures de la société danoise et/ou suédoise.
J'ai même eu le sentiment d'être beaucoup plus ancré dans le cadre de l'action en visionnant Broen qu'en visionnant Forbrydelsen pour lequel je me suis trop souvent dit que l'action pourrait se dérouler ailleurs qu'à Copenhague sans que cela ne change rien à la série. »

C’est fascinant cette différence de perspectives, car pour moi, même si le drame humain occupe dans Forbrydelsen s1 plus de place entre l’impact émotionnel du décès de Nanna pour sa famille et la recherche éprouvante du meurtrier pour Sarah, ce n’est pas le cœur du récit.

J’ai toujours eu le sentiment que c’était la storyline politique qui était la storyline principale. Troels occupe l’arrière plan, mais il est le vrai héros de la série, et ce dès son choix initial de se présenter contre son ancien mentor alors qu’il aurait pu occuper une place privilégiée dans l’équipe de ce dernier ; un choix lié à son désir idéaliste de combattre la corruption et le clientélisme, de recentrer la politique sur le bien commun et de faire à nouveau des politiciens de sa ville des agents au service des citoyens.

Mais, il est constamment confronté à des conflits d’intérêt exacerbés par le contexte intense de la campagne électorale : doit il accomplir son devoir de citoyen impliquant de coopérer avec la justice et fournir toutes les informations dont il dispose ou protéger son parti et sa carrière politique ? Doit-il se retirer alors qu’il est le meilleur candidat, dès lors qu’il est mis en garde à vue ? Doit-il user de son influence au sein des services de police pour empêcher sa mise en cause au risque de ralentir l’enquête et d’aider involontairement le meurtrier ?

Progressivement, on le voit s’éloigner de ses valeurs morales, de sa compassion réelle pour la douleur de la famille Birk Larsen, sous l’influence grandissante des intérêts particuliers (individus ou partis) qui s’expriment, et veulent peser sur ses futures décisions pour protéger leurs survies politiques.

Personnellement, j’ai analysé la trajectoire personnelle de Troels comme la représentation symbolique de l’évolution de la société danoise, un peu comme si le créateur de la série s’interrogeant pour tous ses concitoyens se demandait : nous avions des idéaux et des valeurs morales que nous voulions transmettre à nos enfants, comment en sommes nous arriver là ? Comment tant de violence, de mensonges et de compromissions ont-ils pu se développer en notre sein ? Pourquoi avoir laissé faire ? Sarah est le témoin de tous ces vices et refuse de laisser faire, et elle paiera le prix fort pour cela.

Ce n’est peut être pas une critique très originale ou révélatrice, mais c’était brillamment exprimé, intelligemment mené, et passionnant à regarder pour moi. Je n’ai pas eu ces moments là avec Broen malheureusement.

Quant à l’importance du choix du lieu de l’action et du système politique, c’est surtout vrai pour la saison 2 de Forbrydelsen , où l’explication du jeu des alliances m’a beaucoup déconcerté : c’est peut être le fait de vivre dans un pays où le bipartisme est profondément ancré (sociologiquement et historiquement) , mais je n’imagine pas en France une union du centre ou de la droite conservatrice avec l’extrême droite, même sur des questions d’intérêt général. La culture du consensus est vraiment spécifique à ces pays d’Europe du Nord, ce qui à son revers en terme de transparence politique et de vérité judiciaire comme le démontre magistralement la saison 2.


« Pour ce qui est de l'exercice de style, je dirais que, quelque part, un thriller est toujours avant toute autre chose un exercice de style.
Un thriller peut déborder de ce cadre mais il reste néanmoins toujours régi par une mécanique scénaristique qui en fait un exercice de style.
Et pour moi, à ce niveau, il n'y a pas photo entre Broen et Forbrydelsen.
J'ai trouvé la mécanique de Forbrydelsen beaucoup trop prévisible et articulée autour de relances artificielles rapidement redondantes.
Celle de Broen m'est apparue beaucoup plus fluide, avec un scénario construit de manière beaucoup plus sophistiquée. »

Je reconnais bien volontiers qu’il ya toujours une mécanique scénaristique, càd des passages obligés (un meurtre, un enquêteur, une résolution) quand on s’inscrit dans un genre précis comme la fiction policière, mais le style n’aime pas nécessairement l’ennemi du fond : une série comme New York District, très exigeante sur la forme et très riche sur le fond l’a superbement démontré. Il en de même, en littérature (je n’ai pas vu les adaptations tv) des romans d’Henning Mankell où apparait le fameux Wallander, qui révèlent clairement la forte conscience sociale et politique de cet auteur. Et il n’est pas le seul : voir Georges Pelecanos, john Harvey… Et bien sûr the Wire.

Sur la fluidité du scénario, je dirai que ce que Broen gagne en intensité et en action, la série le perd en rigueur et en réalisme. Les fausses pistes répétées dans Fordbrydelsen ne sont pas gratuites : elles reflètent le caractère non linéraire d’une enquête de police où le facteur humain joue un rôle dominant, qui par son imprévisibilité augmente considérablement le risque d’erreur. Tous les personnages cachent un bout d’information pour différentes raisons, chaque nouvel élément découvert oblige les enquêteurs à repartir depuis le début en envisageant le problème sous un nouvel angle. Dans Broen , le tueur est incroyablement organisé et distance constamment la police. J’ai personnellement plus de mal à adhérer à l’idée d’un super génie du crime, même si la série donne une explication valable à cette situation.


« "Toutes les questions morales et sociétales qui sont évoquées (justice, immigration, pauvreté, corruption, délinquance et insécurité, violences familiales, matérialisme …) sont non seulement survolées mais leur pertinence même est réduite à néant avec la conclusion finale qui donne d’autres motivations au tueur."

Je ne vois pas très bien en quoi leur pertinence serait tout à coup réduite à néant juste par un twist du scénario.
Leur pertinence pour l'enquête en cours, je veux bien le comprendre, mais pas leur pertinence dans l'absolu pour le téléspectateur. »

Zut alors, la réponse est un spoiler ! Je dirais juste que j’ai été déçue que le sort des personnages secondaires (Stefan et Sonja, Samir et son père, Veronica et ses enfants), pourtant liés fortement à ces questions morales et de société, n’ait pas été plus développé ; et que le fils de Martin pose à Saga une question à ce sujet et que la réponse de celle-ci conforte mon idée que les scénaristes n’avaient pas d’intérêt pour les cas qu’ils présentaient.

« "Et je suis d’autant plus frustrée que la motivation finale parait tout juste digne d’un soap opéra…. "

Ou plutôt digne d'un... thriller, non?
Ah ben, ça tombe bien, Broen est un thriller. »

Dans les thrillers sud coréens tels Resurrection ou Story of a Man, ça marche très bien. Dans Broen, ça a produit un hybride douteux. Question de maîtrise du sujet sans doute.

« Personnellement, je ne suis vraiment pas fan du genre thriller. J'en consomme très peu. Dans le cas de Broen, ma curiosité a été titillée par la chronique de Livia et je me suis dit que j'allais laisser une chance à cette série, sans attentes particulières.
Broen m'a séduit par son ambiance visuelle très réussie et par sa construction scénaristique très travaillée (deux points qui m'avaient beaucoup déçu dans Forbrydelsen). Je ne lui demandais pas plus. »

La réalisation, la photographie et les paysages sont incontestablement sublimes. J’ai du me retenir pour ne pas faire des arrêts sur image toutes les 2 minutes….


« "des opinions opposées, ça fait aussi des débats plus riches et nuancés…."

C'est quand tu veux, en ce qui me concerne.
Avec plaisir. »

Le plaisir était pour moi. A bientôt sur le blog.

Écrit par : Titania | 12/07/2012

"J’ai toujours eu le sentiment que c’était la storyline politique qui était la storyline principale."

Personnellement, c'est le deuil de la famille qui m'est apparu comme le véritable atout et le véritable attrait de la série.

La trajectoire de Troels, que tu décris certes fort bien, me parait quand même assez loin de présenter la subtilité, la finesse et l'ambiguité de ce que David Simon a proposé avec Carcetti dans The Wire.
Quand Forbrydelsen ose s'aventurer hors des cadres bien délimités du thriller, comme avec la storyline politique, ce n'est pas toujours très heureux. Broen a pour elle la modestie de rester dans ce cadre mais de le faire plutôt très bien.

"Quant à l’importance du choix du lieu de l’action et du système politique, c’est surtout vrai pour la saison 2 de Forbrydelsen , où l’explication du jeu des alliances m’a beaucoup déconcerté : c’est peut être le fait de vivre dans un pays où le bipartisme est profondément ancré (sociologiquement et historiquement) , mais je n’imagine pas en France une union du centre ou de la droite conservatrice avec l’extrême droite, même sur des questions d’intérêt général. La culture du consensus est vraiment spécifique à ces pays d’Europe du Nord"

Je n'ai pas encore vu la saison 2, donc je ne me prononcerai pas sur ce que tu en dis.
Ceci dit, en regardant Forbrydelsen, je me suis souvent dit que le succès en France de la série pouvait provenir en partie de l' "exotisme" de la storyline politique pour un téléspectateur français.
Personnellement, je suis originaire d'un pays où la culture du consensus est bien installée, où tous les gouvernements sont nécessairement des gouvernements de coalition et où il n'est pas rare de voir travailler ensemble dans un même gouvernement des partis de gauche et de droite (c'est d'ailleurs le cas actuellement).
Le jeu politique tel qu'on le voit dans Forbrydelsen ne m'est dès lors pas apparu très dépaysant, d'où mon impression qu'il n'y avait là rien de particulièrement spécifique au Danemark et que la série aurait très bien pu se dérouler ailleurs.

"Je reconnais bien volontiers qu’il ya toujours une mécanique scénaristique, càd des passages obligés (un meurtre, un enquêteur, une résolution) quand on s’inscrit dans un genre précis comme la fiction policière, mais le style n’aime pas nécessairement l’ennemi du fond"

Ici, je ne parlais pas en général de fiction policière mais du sous-genre thriller en particulier.
Les exemples que tu cites (Pelecanos, Harvey), ce n'est pas du thriller, c'est du polar ou du roman noir.
Et en ce qui me concerne, c'est infiniment plus intéressant que le thriller.
Forbrydelsen, c'est une espèce d'hybride entre d'une part le thriller et ses mécaniques rodées et d'autre part le polar et les points de vue qu'il peut développer sur la société.
Et le problème pour moi, c'est que ça donne quelque chose qui ne fonctionne pleinement ni dans un genre ni dans l'autre.
C'est pour cela que je trouve Broen, qui se contente de faire du thriller et de le faire bien, plus modeste mais plus satisfaisant.

"Sur la fluidité du scénario, je dirai que ce que Broen gagne en intensité et en action, la série le perd en rigueur et en réalisme."

Le but d'un thriller, ce n'est pas le réalisme.
A ce sujet, Alfred Hitchcock ironisait sur "nos amis les vraisemblants" qui reprochaient le manque de réalisme de ses films.
On est à l'opposé de la "verysimilitude" pronée par David Simon.
Le problème de Forbrydelsen, c'est que ça voudrait être dans le même temps du Hitchcock et du Simon, sans au final atteindre ni la réussite de l'un ni celle de l'autre.

Écrit par : Fred | 12/07/2012

« La trajectoire de Troels, que tu décris certes fort bien, me parait quand même assez loin de présenter la subtilité, la finesse et l'ambiguité de ce que David Simon a proposé avec Carcetti dans The Wire.
Quand Forbrydelsen ose s'aventurer hors des cadres bien délimités du thriller, comme avec la storyline politique, ce n'est pas toujours très heureux. Broen a pour elle la modestie de rester dans ce cadre mais de le faire plutôt très bien.
Ici, je ne parlais pas en général de fiction policière mais du sous-genre thriller en particulier.
Les exemples que tu cites (Pelecanos, Harvey), ce n'est pas du thriller, c'est du polar ou du roman noir.
Et en ce qui me concerne, c'est infiniment plus intéressant que le thriller.
Forbrydelsen, c'est une espèce d'hybride entre d'une part le thriller et ses mécaniques rodées et d'autre part le polar et les points de vue qu'il peut développer sur la société.
Et le problème pour moi, c'est que ça donne quelque chose qui ne fonctionne pleinement ni dans un genre ni dans l'autre.
C'est pour cela que je trouve Broen, qui se contente de faire du thriller et de le faire bien, plus modeste mais plus satisfaisant. »

Mes goûts me portent à privilégier les auteurs qui tentent de nouvelles expériences: je préfère donc généralement les œuvres tv ou littéraires qui tentent de sortir du cadre imposé par le genre auxquelles elles appartiennent, même si le résultat final est imparfait et critiquable.
Dans une interview radiophonique ( donnée à Mauvais Genres), l’écrivain britannique de romans policiers RJ Ellory a eu l’occasion de développer une théorie très simple à laquelle j’adhère complètement (et que je cite tout le temps, du coup), selon laquelle les fictions (policières incluses) se divisent en 3 types : celles de divertissement aux intrigues très travaillées et aux rebondissements nombreux, celles dont les auteurs ont pour ambition de développer un propos social, de dénoncer une injustice, de révéler un scandale passé sous silence et qui ont donc une valeur quasi-documentaire , et enfin celles qui parviennent à créer et maintenir tout du long un équilibre parfait entre l’ambition morale, sociale ou politique et un récit passionnant. Toutes les 3 ont un intérêt littéraire ou artistique, mais au final c’est dans la dernière catégorie qu’on trouve le plus souvent les chefs d’oeuvre.
Forbrydelsen, The Wire, New York district appartient selon moi à à la dernière catégorie et sont des chefs d’oeuvre. Broen à la 1ère et s’oublie à un rythme bien plus rapide, que le temps nécessaire pour regarder l’intégralité de sa saison 1.

Je n'ai pas encore vu la saison 2, donc je ne me prononcerai pas sur ce que tu en dis.
Ceci dit, en regardant Forbrydelsen, je me suis souvent dit que le succès en France de la série pouvait provenir en partie de l' "exotisme" de la storyline politique pour un téléspectateur français.
Personnellement, je suis originaire d'un pays où la culture du consensus est bien installée, où tous les gouvernements sont nécessairement des gouvernements de coalition et où il n'est pas rare de voir travailler ensemble dans un même gouvernement des partis de gauche et de droite (c'est d'ailleurs le cas actuellement).
Le jeu politique tel qu'on le voit dans Forbrydelsen ne m'est dès lors pas apparu très dépaysant, d'où mon impression qu'il n'y avait là rien de particulièrement spécifique au Danemark et que la série aurait très bien pu se dérouler ailleurs.

J’espère que tu auras prochainement l’occasion de voir la saison 2, dune part parce qu’elle est largement supérieure à la saison 1 (grâce à une meilleur maitrise du récit, une intrigue plus rythmée et mieux équilibrée, une écriture plus fine et nuancée) , et d’autre part parce qu’elle intègre la question de la nature du système politique et de ses dysfonctionnement au cœur du récit, et que le côté purement exotique n’a plus rien à voir avec les raisons pour lesquelles j’ai été captivée devant mon écran….


"Sur la fluidité du scénario, je dirai que ce que Broen gagne en intensité et en action, la série le perd en rigueur et en réalisme."

Le but d'un thriller, ce n'est pas le réalisme.
A ce sujet, Alfred Hitchcock ironisait sur "nos amis les vraisemblants" qui reprochaient le manque de réalisme de ses films.
On est à l'opposé de la "verysimilitude" pronée par David Simon.
Le problème de Forbrydelsen, c'est que ça voudrait être dans le même temps du Hitchcock et du Simon, sans au final atteindre ni la réussite de l'un ni celle de l'autre.

Je reconnais sans mal que dans le domaine de l’art et de la fiction, la 1ère règle est qu’il n’y en a pas, et que l’imagination a tous les pouvoirs. Mais il faut aussi tenir compte de ce qui fonctionne ou pas : dans un roman ou une série policière, si le meurtre n’est pas vraisemblable un minimum, c’est comme de regarder un mauvais acteur, ça distrait excessivement l’attention et cela empêche de se concentrer sur le reste. C’est le problème de Broen pour moi.
Je rapprocherais plus Forbrydelsen des romans d’Henning Mankell, car je n’arrive pas à trouver d’équivalent dans l’univers des séries tv (c’est pas non plus un thriller politique)….

« Je crois que ta déception vient aussi d'attentes peut-être excessives par rapport au produit. »

Je crois que tu as raison, partiellement du moins : toutes les fictions policières scandinaves n’ont pas vocation à développer un discours politique ou social sur les sociétés, ni à être des ersatz de Forbrydelsen… Mais je suis convaincue malgré tout que même en tant que simple thriller, Broen aurait pu faire mieux.

Écrit par : Titania | 15/07/2012

"Mes goûts me portent à privilégier les auteurs qui tentent de nouvelles expériences: je préfère donc généralement les œuvres tv ou littéraires qui tentent de sortir du cadre imposé par le genre auxquelles elles appartiennent, même si le résultat final est imparfait et critiquable."

Pareil pour moi.
D'ailleurs, je préfère la démarche des auteurs de Forbrydelsen à celle des auteurs de Broen.
C'est uniquement en terme de résultats par rapport aux intentions (ou plutôt ce que j'en perçois, peut-être d'ailleurs erronément) que je trouve Broen supérieure à Forbrydelsen.
Ceci dit, si je critique Forbrydelsen, c'est surtout pour le plaisir de discuter. Surtout pour que l'on me donne des arguments qui me donnent d'autres angles de vue. Et sur ce point, j'avoue que notre petite discussion me ravit.

Sinon, j'aime bien moi aussi le classement de Ellory. Pas certain cependant que ces trois seules catégories puissent à elles seules embrasser la totalité de la production, mais c'est pour chipoter.

"J’espère que tu auras prochainement l’occasion de voir la saison 2"

C'est évidemment prévu dans un futur plus ou moins proche.
Mais comme mon budget annuel consacré aux séries télévisées est précisément de 0 euros, j'attends que mon fournisseur habituel de dvds achète et me prète le coffret (ce qui ne devrait sans doute pas trop tarder).
En tout cas, tu me donnes bien envie de le motiver à effectuer son achat... :)

"dans un roman ou une série policière, si le meurtre n’est pas vraisemblable un minimum, c’est comme de regarder un mauvais acteur, ça distrait excessivement l’attention et cela empêche de se concentrer sur le reste. C’est le problème de Broen pour moi."

C'est marrant mais une des choses qui m'a vraiment irrité dans Forbrydelsen, c'est de s'être embarqué dans beaucoup de directions extérieures à l'intrigue policière sans assurer correctement les fondations de cette dernière.
Parce que'en tant que série policière pure, la saison 1 de Forbrydelsen, je trouve ça vraiment franchement médiocre.
Tout est tellement cousu de fil blanc que, pour reprendre tes termes, cela m'a sans doute distrait excessivement l’attention et empêché de me concentrer sur le reste.
Et au niveau, des incohérences, des invraisemblances, des coincidences fortuites mais particulièrement heureuses, Forbrydelsen n'est certainement pas plus avare que Broen.
Ceci dit, je conçois bien qu'on puisse trouver que dans un cas, cela fonctionne mieux que dans l'autre.
Et de toute façon, in fine, l'invraisemblance en soi, on s'en fout, l'important c'est de voir si ça fonctionne ou pas, si c'est justifié ou pas pour la progression dramatique du récit.
Même une série comme The Wire, pourtant particulièrement accrochée à la vraisemblance de l'action comporte des enchainements de séquences hautement invraisemblables.
Par exemple, à la fin de l'avant-dernier épisode de la saison 2, l'enchaînement de séquences qui voit finalement Frank Sobotka aller à la rencontre des Grecs est complètement improbable. Tout s'accélère abruptement à tel point qu'il devient complètement invraisemblable que tout ce qui se passe pratiquement simultanément puisse raisonnablement se dérouler dans un temps aussi restreint. Mais quelle intensité dramatique insoutenable!!! Cette fin d'épisode est gravée de manière indélébile dans ma mémoire.

Écrit par : Fred | 15/07/2012

Bravo pour ce blog bien documenté. Je suis tombé dessus après avoir dévoré "Bron" et j'y ai trouvé de nouvelles séries scandinaves que je vais regarder. Merci de partager toutes ces infos et analyses. Juste une remarque: "The Fades", mini-série britannique (2010) est durement notée ;)

Écrit par : Franck | 18/07/2012

Comme tu le sais je viens de terminer et ça fait plaisir de voir tous ces commentaires, ça me fait plein de lecture :D
Pour revenir sur la comparaison Forbrydelsen/Bron je dirais que les deux séries n'ont pas du tout le même objectif. Dans Forbrydelsen, le meurtre est un prétexte pour explorer d'autres choses, dans Bron le meutre (enfin les) est au centre de tout, on est vraiment dans du pur thriller. Dans le genre j'ai trouvé Bron très réussi car on se fait vraiment balader par les scénaristes de twist en twist et il n'y a pas vraiment d'apaisement une fois que l'on trouve qui est le tueur. Au contraire.

Écrit par : Jessica | 22/07/2012

Bonjour à tous,

je termine actuellement la série Broen, que je trouve à titre personnel très intéressante.

En revanche, je ne trouve nulle part le titre et l'auteur du générique, qui est absolument sublime et typiquement ce que je peux écouter comme musique. Un de vous aurait-il une idée ?

Bonne journée,

Matthieu

Écrit par : Matthieu | 12/09/2012

http://www.youtube.com/watch?v=3g-xwkJOAxA

Écrit par : Fred | 12/09/2012

Merci beaucoup !

Écrit par : Matthieu | 13/09/2012

J' ai mis énormément de temps à me lancer dans cette série, et je le regrette. J' avoue avoir dévoré en quelques jours les 2 saisons.
Et, pour mon plus grand plaisir, la saison 2 est encore meilleure que la première, ce qui est assez rare.
Une saison 3 est clairement annoncée, le bonheur!
Ce qui m' a motivé à la regarder, ce sont tous ces remakes. Je me suis dis qu' il devait y avoir quelque chose de fort avec cette série.
Bon bah, maintenant j' attend que Lillyhammer S2 se termine, après le Danemark et la Suède, la Norvège!

Écrit par : Trankill | 16/12/2013

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