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30/11/2014

(UK) Grantchester, saison 1 : un (crime) period drama empreint de chaleur humaine

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De The Vicar of Dibley à Father Ted, en passant par Rev., on peut sans nul doute dire qu'il existe une solide tradition de comédies cléricales dans le petit écran anglais. Mais depuis l'année dernière, les téléspectateurs d'outre-Manche ont désormais l'occasion de se familiariser avec un autre genre de fictions cléricales, des whodunit les replongeant dans les années 50. En janvier 2013, BBC1 a ainsi lancé Father Brown (diffusée dans la journée). Cet automne 2014, c'est ITV1 qui proposait à son tour son propre homme d'Église pour résoudre quelques intrigues criminelles, en prime-time cette fois, dans Grantchester, une série basée sur les romans de James Runcie.

Six épisodes plus tard, il faut reconnaître qu'il est bien difficile de rester insensible au charme de cette série pleine d'humanité (et de ses acteurs, James Norton en tête, dans un rôle qui tranche du tout au tout par rapport au personnage qu'il interprétait dans Happy Valley un peu plus tôt cette année). On retrouve dans Grantchester cette saveur caractéristique des 'period dramas réconforts', un peu hors du temps, très prisés des téléspectateurs britanniques pour conclure leur week-end (même si la série a été diffusée le lundi - les dimanches soirs d'automne, sur ITV1, étant réservés à Downton Abbey). Une fiction donc typiquement anglaise, pour laquelle une seconde saison a (heureusement) d'ores et déjà été commandée.

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Le charme de Grantchester repose sur une chaleur humaine qu'elle a communicative, bien plus que sur les enquêtes relatées dont les atours sonnent quelque peu datés. Se déroulant dans un coin de campagne anglaise, près de Cambridge -un décor champêtre que la réalisation sait admirablement mettre en valeur avec des plans soignés et une photographie lumineuse-, la série se situe dans l'après Seconde Guerre Mondiale. Il ne faut cependant pas attendre d'elle un tableau critique et acéré de l'Angleterre d'alors. Par petites touches, la série aborde certes de manière très classique certains thèmes de société et les préjugés qui ont cours dans ce cadre resté rigide et conservateur, mais elle n'en fait jamais l'objectif premier du récit. Et si l'ombre de la guerre est omniprésente -jusque dans des flashbacks-, c'est avant tout pour éclairer ses conséquences humaines et mieux souligner combien elle hante toujours les esprits et pèse sur les consciences, au premier rang desquelles figure celle de Sidney Chambers, jeune prêtre anglican officiant dans cette petite communauté. La dimension policière -au rythme d'un crime à résoudre par épisode- ne dépareille pas dans cet ensemble, cependant les investigations servent surtout de ressorts narratifs -d'aucuns parleraient de prétextes- parfaits pour faire évoluer et pousser dans leurs retranchements des protagonistes qui constituent le cœur véritable de l'histoire.

En effet Grantchester est entièrement dédiée à ses personnages. La série cultive l'art de mettre en scène des duos inattendus, dont les interactions, vivantes et rafraîchissantes, fonctionnent extrêmement bien à l'écran. Dans le premier épisode, c'est un doute concernant la réalité d'un suicide qui conduit Sidney à pousser pour la première fois les portes du commissariat local. Il y rencontre Geordie Keating (impeccable Robson Green), le policier en charge de l'enquête. Complémentaires dans la résolution des crimes, les deux hommes nouent très vite une solide amitié qui saura par la suite traverser diverses turbulences. L'entourage de Sidney n'est pas en reste et trouve aussi très bien ses marques, de Mrs Maguire, gouvernante énergique à la franchise toujours très directe, au jeune vicaire Leonard et ses débats théologiques abstraits qu'ils accueillent à la mi-saison. L'écriture accorde une large place aux états d'âme des personnages, et tout particulièrement de Sidney. Hanté par la guerre, mais aussi par les déchirements causés par un amour impossible et une vie sentimentale compliquée, il s'évade dans ses disques de jazz -des goûts musicaux accueillis avec perplexité- et noie ses regrets dans l'alcool. Au fil des épisodes et des péripéties, Grantchester s'attarde sur les failles de chacun, mais aussi sur les émotions et les doutes qui menacent de les submerger. Elle dresse ainsi des portraits, plein de sincérité et profondément attachants, qui ne laissent pas le téléspectateur insensible et représentent le vrai fil rouge de la série.

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Ainsi, Grantchester ne saurait se réduire à une simple -énième- fiction d'enquêtes. Plaçant l'humain, avec ses failles et ses passions, au cœur du récit, elle repose sur les dynamiques -entre respect, petites piques et soutien- qui s'installent entre ses personnages, ayant l'art d'associer des figures inattendues pour former des duos fonctionnant très bien à l'écran. Portée par un casting convaincant et une réalisation soignée, elle s'impose comme un period drama empreint de chaleur humaine dont le charme communicatif et sincère ne laisse pas indifférent. Une série qui se révèle donc attachante et parvient à se démarquer dans un genre -whodunit- saturé. Avis aux amateurs.

NOTE : 7,25/10


La bande-annonce de la série :

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