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26/03/2011

[TV Meme] Day 30. Saddest character death.

Aujourd'hui marque la clôture d'une rubrique qui aura accompagné le rythme de publication de ce blog depuis l'été dernier, avec le trentième et dernier jour de ce TV Meme. J'avais reécrit les règles pour l'occasion en en faisant un rendez-vous hebdomadaire. Le bilan de l'exercice me semble positif. Cela aura été l'occasion de parler de séries plus anciennes et de remonter aux fondements d'une passion dont ce blog n'est que la dernière déclinaison. Les choix faits auront toujours plutôt représentatifs d'une façon ou d'une autre ; si bien que j'ai l'impression que les objectifs initialement fixés ont été remplis.

 

Ce TV Meme se termine sur une note triste : ces passages poignants durant lesquels des personnages, que l'on suivait parfois depuis plusieurs saisons, meurent. De manière générale, j'ai la larme facile devant le petit écran. Il suffit souvent d'une musique appropriée et de quelques plans inspirés pour me faire entamer la construction d'une pyramide de kleenex sur ma table basse. L'émotionnel intense qui se rattache à ces moments explique que leur souvenir a aussi pu se graver plus profondément dans la mémoire téléphagique. Schématiquement, on peut distinguer deux types de mort : celle qui sont intégrées dans les arcs narratifs, bouleversant les bases d'une série qui se poursuit et dont on va apprécier les conséquences ; et celle qui va conclure une histoire, c'est-à-dire la série en elle-même.

D'aussi loin que je me souvienne, la première mort à m'avoir marquée appartient à la première catégorie. C'est le moment où j'ai pris conscience de l'existence d'un pan d'imprévisibilité scénaristique que je ne soupçonnais pas : les "piliers" des fictions me semblaient auparavant destinés à être immuables... et pourtant, ce fut le personnage principal, en bien des points représentatif de la sérien qui mourut dans ce season finale. Cette première pierre larmoyante de ma sériephilie se déroula sur un ring de boxe. Nous étions dans le dernier épisode de la première saison de Hartley Coeur à Vif : il s'agissait de Nick.


Avec le temps, je n'ai jamais perdu ma sensibilité pour ces passages. La série par laquelle j'ai sans doute vécu, de la manière la plus impliquée qui soit, les morts les plus poignantes restera probablement Urgences. La mort de Lucy me laissa terriblement bouleversée, tandis que je ne peux plus écouter la chanson "Over the rainbow" sans penser à Mark Greene (le simple fait d'ailleurs de revoir cette scène provoque aujourd'hui un pincement de coeur très particulier).

La mort de Mark ("Over the rainbow") :


Ce n'est sans doute pas un hasard si l'autre série qui s'est imposée comme une évidence dans ce dernier jour est une chronique qui partage un état d'esprit similaire, une importante et centrale dimension humaine transposée au quotidien d'autres services publics : New York 911 (Third Watch). Cette dernière n'a jamais été tendre avec ses personnages ; j'aurais pu citer la mort d'Alex ou celle de Cruz, mais c'est la première qui m'a indéniablement le plus marqué. Encore une fois, elle est associée à une chanson ("Only time" d'Enya). Lorsque l'épisode en question fut diffusé, un vendredi soir sur France 2, j'ai été incapable de dormir dans les heures qui ont suivi, tellement l'ensemble m'avait remuée. Sans doute était-ce parce que tout un épisode qui y était consacré (symboliquement, comme factuellement). C'est donc celle-ci que j'ai choisi :

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Bobby Caffee
(New York 911 (Third Watch), 2.17 - Unfinished Business)


Les dernières minutes de l'épisode, avec la chanson d'Enya, "Only Time", qui retentit :

 

Enfin, même si mon choix s'est arrêté sur une mort "intégrée à la continuité de la série", je ne peux sans doute pas occulter une autre façon d'utiliser la mort de personnage : celle qui intervient pour conclure la fiction. Dans ce registre, par leur format et leur sens de la tragédie particulièrement abouti, je pense que les séries asiatiques sont en mesure de faire plus que concurrence en terme de litres de larmes versés. J'avoue que je ne recherche pas vraiment ce type de série et j'ai tendance à éviter les fictions dont le synopsis révèle les thématiques difficiles sur lesquelles l'histoire va se concentrer. Mais j'ai quand même pu apprécier ce savoir-faire dans bon nombre de dramas historiques. Si je ne devais en retenir qu'une seule, ce serait une co-production sino-coréenne, dont la résolution fut très éprouvante : il s'agit de Bicheonmu.

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Et sur ces considérations se referme ce TV Meme. J'espère qu'en dépit des libertés que j'ai pu prendre avec le concept, cette lecture hebdomadaire vous aura intéressé.

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19/03/2011

[TV Meme] Day 29. Current TV show obsession.

Après s'être replongé dans le passé la semaine dernière, pour cet avant-dernier jour du TV Meme, c'est dans le présent que nous repartons. Notons quand même que le terme "obsession" est sans doute un peu disproportionné ;  en grandissant, à mesure que l'on gagne en expérience et en recul sur les productions que l'on voit, à l'emballement des premières découvertes du temps de l'adolescence, succèdent des impressions toujours aussi passionnées, mais quand même plus nuancées.

Réfléchir à ce jour du TV Meme, ça a été l'occasion de dresser un état des lieux des séries actuellement visionnées et/ou en cours de production. Quelle est donc la fiction qui se rapproche le plus de cette fascination prenante que seule la sériephilie parvient à faire naître en moi ? Celle dont j'ai une envie irrépressible de lancer l'épisode suivant lorsque le générique de fin retentit ? Celle, surtout, qui me fait me torturer les méninges en guise de debriefing sitôt l'écran éteint ?

J'avoue n'avoir pas vraiment hésité sur ma réponse : il y a en ce moment dans mes programmes une oeuvre particulière qui s'impose en effet naturellement.

C'est une série dont j'ai commencé le visionnage de la saison 1 au début du mois de février. Elle date de 2007. J'avais raté sa diffusion française au printemps dernier sur Arte. Comme j'hésitais à attendre le remake américain prévu sur AMC le mois prochain,  BBC4 aura finalement eu la très bonne idée de la programmer pour sa soirée du samedi (avec succès) depuis le 22 janvier 2011, à raison de deux épisodes par semaine. Cela a en plus eu l'avantage de m'offrir la possibilité de la voir en VOST. Si bien qu'en dépit du logo ornant les screen-captures ci-dessous, la série du jour n'est pas anglaise, mais bien danoise : il s'agit de Forbrydelsen (The Killing).

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Qui a tué Nana Birk Larsen ? Voilà la question autour de laquelle tourne ma téléphagie depuis plusieurs semaines. Forbrydelsen, c'est un vrai polar au sens classique et noble du terme. Le genre qui vous fascine et vous obsède. Loin du préformatage des procedural show, c'est la résolution d'une seule et même affaire qui va nous occuper pendant les 20 épisodes que compte cette première saison. Multipliant les points de vue, des enquêteurs à la famille de la victime, mettant en scène les confrontations d'intérêts si divergents qui nous conduisent à nous immiscer jusque dans le jeu politique local et des élections municipales qui se profilent, Forbrydelsen est une série captivante qui se nourrit des fausses pistes sur lesquelles elle nous entraîne.

Semblable à ces polars noirs desquels on ne peut se détacher avant d'avoir lu la dernière page, elle s'inscrit dans la tradition policière de ces fictions venues du froid des pays scandinaves. D'une sobriété et d'une rigueur jamais prise en défaut, elle installe une atmosphère bien à elle, vaguement dépaysante de par son cadre géographique et culturel. Elle parvient à retranscrire une tension palpable sans jamais verser dans la moindre surenchère, distillant patiemment, et tellement efficacement, un mystère qui va croissant.

Si le format des séries feuilletonnantes leur confère logiquement une portée et un impact autrement plus important, cela faisait des années que je n'avais pas été ainsi happée devant mon petit écran pour un même fil rouge aussi intensément vécu. Actuellement, j'ai tout juste dépassé la moitié de la saison 1 ; et Forbrydelsen s'est imposée ces dernières semaines comme mon rituel téléphagique dominical. Je savoure chaque week-end ma progression dans cette histoire dont la complexification ne semble pas avoir de fin, bénéficiant d'une maîtrise narrative impressionnante (Soit dit en passant, je préviens que je ferais s'abattre le marteau de Thor sur quiconque osera laisser traîner le moindre spoiler en commentaire de ce billet).

Je vous en reparlerai plus précisément ultérieurement pour un bilan d'ensemble, une fois ce visionnage achevé. Mais si vous n'y avez pas encore goûté, n'hésitez pas une seule seconde, vous ne regretterez pas l'expérience ! (Et puis, cette série a aussi conforté mes envies d'exploration des séries scandinaves.)

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12/03/2011

[TV Meme] Day 28. First TV Obsession.

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours apprécié le petit écran. Certes, durant les quinze premières années de ma vie, l'accès au tube cathodique (d'alors) était strictement réglementé par une rigueur parentale que seule Urgences réussit à faire fléchir un temps pour aboutir à un compromis de circonstances. Mais pour le reste, j'ai toujours usé pleinement de la poignée de plages horaires dont je disposais.

Pour trouver trace de ma première obsession télévisuelle, il faut sans doute repartir avant l'époque où je devins "sériephile". C'est-à-dire quand j'ai cessé d'être une simple téléspectatrice passive suspendue aux caprices de programmation des chaînes. C'est l'entrée dans les années 2000 qui a marqué ce tournant. Mais auparavant, j'avais déjà connu mes premiers rituels téléphagiques, sans forcément être consciente des symptômes qui transparaissaient. Etait-ce normal de stabiloter méticuleusement le programme tv dès sa réception pour identifier tous les épisodes de la semaine sur le hertzien (en désespoir de cause et parce qu'ils en avaient marre de me voir colorier leur sacro-saint Télérama, mes parents avaient fini par m'acheter un Télé Z sur lequel je pouvais m'adonner à la mise en place de toutes mes complexes stratégies de visionnage) ? Etait-ce habituel de se ruiner en achat de VHS soigneusement étiquetées pour enregistrer lesdits programmes ? Et comment, diantre, avais-je échoué dans la case destinée aux insomniaques de France 2 le jeudi soir vendredi matin très tôt ? Bref, si avant le tournant des années 2000, je n'étais sans doute pas encore "sériephile", j'étais déjà une téléspectatrice assidue et organisée.


La décennie des années 90 a été celle de l'expérimentation. De cette première époque, parmi mes coups de coeur au sujet desquels mes antiques VHS sont alors encore là pour témoigner, on retrouve surtout des séries de M6 (c'est peut-être le moment de vous parler du mauvais temps, du mistral et des problèmes de réception de certaines chaînes hertziennes), avec une certaine tendance à l'aventure et aux voyages spatio-temporels. Parmi les objets de ma vénération adolescente, il y a eu tout d'abord Code Quantum.


Puis lui a succédé un  peu plus tard, Sliders : les mondes parallèles.


Mais ma première véritable obsession téléphagique est sans doute celle qui a dû être la plus chronophage que j'ai connue jusqu'à ce jour - A la Maison Blanche devant tout juste l'égaler en temps consacré à la série en dehors du simple visionnage des épisodes. C'est bien connu l'adolescent a généralement le sens de la démesure et l'obsession têtue et facile. Il s'agit d'une série devant laquelle je m'installais lorsque je rentrais du collège. Durant cette heure bénie où je pouvais profiter de la maison pour moi toute seule. Je lui dois mon ouverture sur le web, la découverte des communautés virtuelles de fans, l'engloutissement d'un certain nombre de VHS dans des enregistrements méthodiques, des centaines d'heures passées à lire et écrire mes premières fanfictions et même mes premiers bidouillages de codes html à cette époque où les pages perso à l'esthétique discutable fleurissaient.

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Outre le fait qu'elle avait l'avantage de passer à un moment où je pouvais regarder la télévision, il est facile d'identifier les raisons qui ont fait de Highlander ma première obsession télévisuelle. On retrouve déjà dans cette série d'aventure, diffusée de 1992 à 1998 et qui est arrivée en 1993 en France, un ensemble de thématiques clairement identifiées que, des années plus tard, j'aurais approfondies et chérirai toujours autant. Qui a dit que les goûts d'adolescence ne reflétaient pas déjà certaines inclinations ?

Après tout Highlander, c'était une bonne dose d'historique servie par des flashbacks qui permettaient de mêler un présent concret et un passé plus romanesque, ponctué de reconstitutions romancées en costume plus ou moins crédibles ou improbables. C'était une pointe de fantastique et de mythologie pour construire un univers qui flirtait avec un thème que d'autres genres approfondiront, celui de l'immortalité. C'était un cocktail d'émotions et de sentiments. C'étaient des personnages qui passaient rarement inaperçus. C'était aussi une certaine simplicité narrative confortable qu'apportait le manichéisme de son héros, que les évènements et les rencontres imprévues finiront par troubler et remettre en cause, à mesure que la série grandit. C'était du divertissement pour s'évader qui sent bon les années 90, lesquelles marquent tant ses codes narratifs que sa réalisation ou encore ses tenues vestimentaires. C'était également un aller-retour du vieux au nouveau continent, de Paris à Vancouver et cette image des quais de la Seine qui y resteront à jamais associés à cette péniche. Et puis, c'était enfin :

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(Methos - saison 3, episode 16)

Au final, je crois que l'attrait de Highlander résidait justement dans toute cette diversité. Il s'agissait d'une série qui offrait une sorte de pont entre les genres, les styles (à un épisode dramatique pouvait succéder un épisode autrement plus léger), les époques et les lieux. C'est sans doute pour cet appel à l'aventure qu'elle constituait que cette fiction a pu me séduire aussi fortement. Elle avait une base qui offrait des possibilités si vastes, si bien que j'ai probablement passé plus de temps à lire des fanfictions qu'à regarder les épisodes. Son concept seul avait quelque chose d'attractif, assez fascinant, qui, encore aujourd'hui, me fait ressentir autant de la nostalgie qu'une sincère affection pour la série. C'était une autre époque, mais elle a incontestablement marqué et forgé à sa manière ma passion actuelle.

Le générique de la saison 1 :


15:40 Publié dans (TV Meme) | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : tv meme, highlander |  Facebook |

05/03/2011

[TV Meme] Day 27. Best pilot episode.

Le pilote. C'est une première rencontre avec l'univers d'une série qui peut aussi bien n'engager en rien le futur de la fiction que sceller sa destinée. Sa fonction première est bien entendu de capter l'attention du téléspectateur pour s'assurer qu'il reviendra, mais tant de facteurs et de variables entrent en compte pour sa conception, de la prise en main progressive d'un concept non encore maîtrisée, aux évolutions que le projet peut subir ensuite, à l'épreuve de l'écriture des scénarios et des réactions du public ou des décideurs... Des pilotes se cherchant encore ont pu engendrer des séries qui sont devenues de grands classiques ; à l'inverse, la réussite du premier épisode se révèlera parfois sans lendemain.

Comment dans ces conditions parvenir à désigner le "meilleur pilote" ? Cet épisode est rarement le plus abouti d'une série, laquelle de par son format est destinée à acquérir dans la durée sa pleine dimension. Mais il est cependant celui qui peut la faire partir sur les meilleures bases possibles. Par exemple, le recentrage narratif sur la fonction présidentielle et le staff en général qui s'opéra dans A la Maison Blanche après le pilote ne remet ainsi pas en cause le fait que l'épisode est une porte d'entrée parfaite dans l'aile ouest, en dépit de l'arrivée seulement finale d'un président qui reste durant tout l'épisode une figure tutélaire absente.

C'est donc le type de jour du tv meme où il aurait été facile de citer des dizaines de références ; mais c'est finalement sur un pilote extrêmement abouti, qui, instantanément, a fait passer sa série dans une autre dimension, que j'ai arrêté mon choix. Il s'agit du premier épisode d'une fiction devenue - à juste titre - un peu mythique, celui de Twin Peaks.

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Le premier souvenir que je conserve de Twin Peaks est associé à sa musique. Cette intrigante, étonnamment envoûtante mélodie, qui rythme le générique d'ouverture. Quand j'étais adolescente, j'en avais une version longue sur une cassette audio que j'ai dû écouter des dizaines, voire même des centaines de fois, parfois en boucle. Mais l'effet demeure aussi fort qu'au premier jour : dès que les premières notes retentissent, c'est toujours comme un frisson imperceptible, doublé de cette fascination caractéristique un peu grisante, que renforcent encore plus les images même du générique.

Le pilote de Twin Peaks est un des plus aboutis qu'il m'ait été donné de voir, sans doute en partie parce que c'est la série en elle-même qui, déjà, est à part. Non seulement pour la diffuse atmosphère énigmatique s'y trouve caractérisée, mais aussi parce que c'est toute l'identité de la série qui s'installe, de l'esthétique visuel à la musique, en passant par l'introduction des personnages. Flirtant avec la frontière floue de la normalité, il offre, derrière l'enquête criminelle qui est la porte d'entrée du téléspectateur, une immersion progressive admirablement maîtrisée dans le cadre si particulier de cette ville. Le soin apporté aux détails est frappant. Le moindre cadre semble réfléchi. C'est une atmosphère aussi indéfinissable que captivante, une étrangeté inclassable que le pilote esquisse sous nos yeux. Et si mes souvenirs sont un peu flous désormais, le magnétisme mystérieux qui émane de l'ensemble demeure gravé dans ma mémoire.


Le générique envoûtant :


17:48 Publié dans (TV Meme) | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : tv meme, twin peaks |  Facebook |

26/02/2011

[TV Meme] Day 26. OMG WTF season finale

La sensibilité du téléphage à ce jour du TV Meme est un des symptômes de sa passion. Elle représente la capacité des scénaristes à lui fixer un rendez-vous qu'il n'oubliera pas, celui qui aura lieu dans quelques mois pour le retour des inédits de la série. Dans la construction narrative d'une fiction dont le format lui permet de s'étendre sur plusieurs années, la gestion de ces transitions est fondamentale. Cela signifie pas que ces fins de saisons seront automatiquement des ruptures. Certaines optent pour une simple continuité à peine perturbée, laissant le téléspectateur à son confort déjà bien rodé. De manière générale, entre la sobriété d'une season finale sans à-coup et les excès de remises en cause versant dans la surenchère, je préfèrerais toujours la première.

En somme, jouer avec les nerfs du téléphage, c'est grisant. Mais attention, il existe un art du cliffhanger  pour ne pas laisser un arrière-goût désagréable d'artificialité à un téléspectateur qui n'aime pas non plus la manipulation à outrance.

 

J'ai tendance à penser qu'un cliffhanger réussi sera tout simplement un passage qui restera dans notre mémoire téléphagique. Tous n'ont pas à être "explosifs". On a aussi connu ces conclusions emportant d'innombrables questions existentielles, voire plus superficielles, qui laisseront un aspect particulier en suspens sans empêcher le téléspectateur de dormir pour les prochains mois. La vie personnelle des héros peut en susciter plus d'un. En symbolique de cet effet d'annonce facile, mais dont je garde un souvenir plein de tendresse : la demande en mariage particulière dans Lois & Clark, saison 2, avec le "who's asking Clark or Superman ?" (oui, j'étais une adolescente un tantînet fleur bleue !). Mais l'élément introduit peut être autrement plus dérangeant, comme découvrir la personne à côté de laquelle Lorelai se réveille à la fin de la saison 6 de Gilmore Girls.

Lois & Clark : Les nouvelles aventures de Superman, saison 2


Néanmoins, les cliffhangers les plus aboutis, ceux dont on se souvient encore parfaitement lorsque l'on jette un regard rétrospectif sur la série, ce seront avant tout ceux qui auront fait vasciller les bases même du récit. S'ils sont bien maîtrisés, ils peuvent être géniaux. En leur sein, deux grandes catégories se distinguent : ceux qui optent pour le suggestif, en laissant la storyline en suspens (par exemple en mettant en danger la vie d'un (ou plusieurs) personnage mais sans que l'on sache ce qu'il va lui advenir), et ceux qui provoquent le bouleversement avant la fin, pour nous abandonner devant un "to be continued" qui n'aura jamais été aussi frustrant que lorsque vous venez d'assister à une telle redistribution des cartes.


Des season finale appartenant à la première catégorie, parmi ceux qui me viennent instinctivement à l'esprit, je citerais notamment : certaines des fins de saison de Spooks (MI-5), série qui nous laissa plus d'une fois sans voix notamment lors de ses deux premières saisons ; mais également Babylon 5 (saison 3 - Za'ha'dum) ; ou encore Farscape qui en a fait une spécialité maîtrisée (saison 2 - Die Me Dichotomy ; saison 4 - Bad Timing) ; et enfin The West Wing, saison 1 : What Kind of Day Has It Been ?. Le seul que j'ai vécu pleinement (c'est-à-dire pour lequel je n'ai pas pu lancer le DVD de l'épisode suivant dans la foulée) est le dernier, c'est sans doute pourquoi il demeure emblématique dans mon esprit, tout en mettant en scène un indémodable classique : une fusillade. Plus que le contenu, ceci s'explique par les conditions (compliquées) dans lesquelles je l'ai suivi : dans l'anonymat des soirées du vendredi de l'été 2001, France 2 avait confidentiellement diffusé la saison 1. Elle ne reprit sa diffusion de la saison 2 à destination des noctambules que plusieurs années après (2005 ?). Entre temps, je vous rassure, j'avais pu me ruiner en investissant dans les coffrets DVD sortis. Il reste que c'est sans doute le season final que j'ai ressenti le plus intensément parce que j'ai été forcée de respecter ce délai théoriquement imparti entre les deux saisons. Ce qui m'amène à penser que pour qu'un cliffhanger puisse être vraiment apprécié, il faut que son visionnage respecte le rythme de diffusion pour lequel il a été conçu ; mais aussi éviter de tomber dans cette chasse aux spoilers quasi-obsessionnels pour certains. Il faut rester dans sa bulle et apprécier le récit pour ce qu'il est (une utopie à notre époque).

The West Wing, saison 1 : What Kind of Day Has It Been ?



Cependant, les fins les plus marquantes restent sans conteste celles qui ont su bouleverser vraiment les bases narratives de la série, celles qui ont remis en cause tout ce quotidien confortable dans lequel le téléspectateur avait pris ses habitudes, faisant voler en éclat toutes ses certitudes conquises après plusieurs saisons à fréquenter les personnages et la dynamique d'ensemble. Ne nous voilons pas la face : ce sont aussi les cliffhanger les plus risqués. Il est si facile de trop en faire, d'égarer la recette de la série, voire de jump-er the shark en étant ensuite incapable de rebondir à partir des nouvelles données.

Parmi ces cliffhangers les plus ambitieux, deux me viennent tout particulièrement à l'esprit. Tout d'abord, celui de la fin de la saison 2 d'Alias. Je vous l'ai déjà dit : je n'aime pas le style de J. J. Abrams ; quelque part au milieu de Ses conceptualisations mythologiques, de sa gestion d'écriture et des personnages, j'ai un jour eu une réaction épidermique de rejet que je n'ai depuis jamais surmontée. Alias fut la dernière série que j'ai, un temps (2 saisons), pu apprécier - je crois qu'elle est aussi celle qui m'a vacciné de l'illusion des fictions mythologiques. Mais j'ai beau nourrir nombre de griefs à l'encontre du scénariste, je suis la première à reconnaître que ce final de la saison 2 était... magistral ! Je m'en souviens encore comme si c'était hier : il mêlait absolument tous les ingrédients, une vraie remise à plat générale, avec du mystère, de la mythologie et des instants shipper. Je me rappelle trépignant devant ma télé en m'écriant (intérieurement) : "non, ce n'est pas possible !".

L'autre grand final de ce genre conclut aussi une saison 2, il s'agit de  Battlestar Galatica (Lay down your burden). Sur New Caprica, les colons sont désormais installés, Gaïus est président... Une illusion de presque happy end balayée et réduite à néant en un instant, par ces quelques dernières minutes qui relancent ce cycle fatal sans fin : l'arrivée des cylons.

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Pour autant, si la science-fiction offre des possibilités fascinantes pour conclure une saison, j'ai aujourd'hui opté pour un autre genre de bouleversement. Une fin plus basique mais tout aussi intense qui vient consacrer, de la plus terrible des façons, une autre spirale : un glissement hors de contrôle déjà perceptible, désormais irréversible. Il s'agit d'une mort particulière, comme un symbole, celle qui vient marquer la fin de la saison 5 de The Shield.

Ce meurtre glaçant prend au dépourvu par ses circonstances, tant par la victime que par l'identité du tueur... Elle marque véritablement la fin de l'idée même de la Strike Team, telle qu'on a pu la connaître en dépit de tous les aléas. La sentence de Vic, à la toute fin de l'épisode, où il promet une vengeance implacable nous confirme que plus rien ne pourra être comme avant. Même s'il ne le sait pas encore, la confrontation avec Shane se profile irrémédiablement à l'horizon. L'engrenage infernal lancé des années plus tôt vient soudain de s'accélérer dangereusement, le téléspectateur étant pleinement conscient que cela ne peut que mal se terminer.

The Shield, le superbe teaser de la saison 6 :



The Shield
- Entre la 5 et la 6, un webisode effectuait un lien entre les saisons :