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22/02/2013

(UK) My Mad Fat Diary, saison 1 : un portrait sincère, drôle et touchant, d'adolescence

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Cela fait plusieurs années que je ne m'installe plus spontanément devant une série mettant en scène des adolescents. Je me dis que ce ne sont plus vraiment des thèmes qui me parlent. Pourtant cela peut être un tort (l'an dernier, Answer me 1997 l'avait parfaitement illustré). Heureusement je ne demande qu'à me tromper. C'est donc sur vos (judicieux) conseils que j'ai lancé la première saison de My Mad Fat Diary, qui sur le papier me faisait un peu penser à un autre teen-drama loin d'être déméritant, Huge.

Diffusée sur E4 depuis le 14 janvier 2013, la série s'est achevée lundi dernier en Angleterre. Adaptée d'un roman de Rae Earl, intitulé My Fat, Mad Teenage Diary, la première saison compte 6 épisodes. Une seconde saison a d'ores et déjà été commandée. Visionnée en quelques jours, My Mad Fat Diary a été une des belles découvertes de ma semaine, dressant un portrait d'adolescence dont l'équilibre interpelle : à la fois poignant et drôle, direct et excessif, réaliste et idéaliste... Une de ces fictions profondément attachantes que l'on quitte avec regret.

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My Mad Fat Diary se déroule dans une petite ville du Lincolnshire, en 1996. Elle nous invite à suivre Rae, une adolescente de 16 ans que le mal-être et la dépression ont presque conduit à commettre l'irréparable. Au cours du pilote, on assiste à sa sortie de l'institut psychiatrique où la jeune fille vient de passer plusieurs mois hospitalisée. Elle laisse là-bas son amie Tix et doit retourner dans le monde, retrouvant notamment une mère avec laquelle les rapports restent difficiles. Parmi ses connaissances, nul ne connaît les réelles causes de son absence, un voyage en France ayant été inventé comme excuse par sa mère.

Par hasard, Rae recroise sa plus ancienne et meilleure amie, Chloe, qu'elle a progressivement perdu de vue au cours de l'année difficile qu'elle vient de vivre. Chloe s'est constituée autour d'elle un groupe d'amis soudés, avec Izzy, Archie, Chop et Finn. Elle invite Rae à entrer dans leur cercle. Enthousiaste et volontaire à l'idée de s'intégrer dans ce groupe d'adolescents qui lui paraissent si "normaux", cette dernière va apprendre beaucoup sur elle-même, sur l'amitié, mais aussi l'amour à leur contact. Pour emprunter la voie de l'acceptation de soi et de la guérison ?

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La force de My Mad Fat Diary est de savoir toucher le téléspectateur comme peu de fictions en sont capables, grâce à une héroïne qui, par ses doutes et par ses questionnements, parle à tout un chacun, écho de nos propres incertitudes. Semblable à un journal intime qu'on feuilletterait, la série nous glisse dans la tête de Rae, laissant une large place à ses commentaires et à ses impressions. Nous faisant ainsi partager son point de vue, toujours spontané, souvent excessif, parfois très cru, la fiction propose un traitement brut et sans détour de thématiques d'adolescence. Là où la série se démarque, c'est dans le portrait qu'elle propose de Rae : au-delà des interrogations propres à son âge, c'est une adolescente qui tente de se reconstruire. Son mal-être s'est mué en une haine d'elle-même, sur laquelle pèse tout le poids d'une dépression qui ne le lui laisse aucune issue. My Mad Fat Diary aborde la maladie de Rae avec une tonalité et une approche semblable à ses autres problématiques adolescentes (amour, sexe, amitié). La série conserve toujours un dynamisme communicatif, capable de se montrer drôle et légère, sans occulter des passages douloureux et poignants. C'est une série très vivante, très humaine, qui, à l'image de ses personnages, se révèle haute en couleur.

De manière générale, My Mad Fat Diary mise également sur la diffuse authenticité qui transparaît des dynamiques qu'elle met en scène. D'aucuns parleraient de réalisme, pourtant, si elle se révèle si attachante, c'est surtout par un certain idéalisme. L'enjeu de la saison est, pour Rae, d'apprendre à s'accepter elle-même, pour accepter les autres. Il n'est sans doute pas d'épreuve plus intime et difficile que celle-ci. Au cours de ce cheminement, Rae redécouvre l'amitié, mais aussi tous les espoirs et autres aspirations d'une adolescente de son âge qui vient de passer plusieurs mois coupée de tout. Elle s'intègre peu à peu à une bande de jeunes qui, si on y retrouve toutes les caractéristiques propres à un groupe d'adolescents, l'accueille avec un naturel assez touchant. Par-delà ses craintes et ses besoins, Rae s'ouvre à leur contact. Les épreuves et les péripéties qu'elle va traverser au cours de cette saison ne sont pas toujours parfaitement dosées. Beaucoup sont aussi des classiques du genre au parfum de déjà vu, rappelant que My Mad Fat Diary reste dans la logique des teen-drama. Mais la série ne se départira jamais de sa saveur toute particulière : tandis que Rae fait chuter des barrières qui semblaient si infranchissables, le coeur du téléspectateur se serre et se réjouit. Tout simplement parce que s'esquisse sous nos yeux un portrait sincère, d'une vraie justesse, qui trouve un écho en chacun de nous.

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Sur la forme, My Mad Fat Diary adopte une réalisation très dynamique, avec une caméra qui fait ressortir une relative proximité avec les personnages. L'ensemble sied parfaitement au ton particulier de la série. Fidèle à l'approche narrative du récit qui reste le "journal de Rae", elle introduit en plus à l'image des dessins et autres gribouillages qui défilent et se rajoutent à l'écran : ils accompagnent et illustrent les confidence de l'héroïne, tout en nous permettant d'entrevoir un peu plus le monde de sa perspective. L'accompagnement musical achève de plonger le téléspectateur dans un bout d'adolescence des années 90, tout en restant bien dosé.

Enfin le casting se révèle à la hauteur, tout particulièrement Sharon Rooney autour de qui tourne la série. L'actrice sait susciter l'empathie du téléspectateur, notamment grâce à la manière et la tonalité avec laquelle elle partage avec nous toutes ses remarques sur sa vie. Son psychiatre est interprété par Ian Hart, et sa mère par Claire Rushbrook. Pour jouer les autres adolescents, avec leurs portraits quelque peu idéalisés, on retrouve Jodie Comer, Nico Mirallegro, Dan Cohen, Jordan Murphy et Ciara Baxendale.

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Bilan : Plus qu'un simple teen-show, auquel elle emprunte pourtant un certain nombre de thématiques classiques, My Mad Fat Diary est une série profondément humaine, drôle mais aussi touchante. Elle est une bouffée d'air frais dédiée à l'adolescence, avec les excès et les disproportions que tout acquiert à cet âge-là. Elle est aussi le portrait très juste et entier d'une héroïne, dont les incertitudes, le mal-être et la détresse parlent à tout téléspectateur. Elle est l'histoire d'une reconstruction personnelle, d'une redécouverte et d'un apprentissage de la vie qui ne laissent pas indifférents. Avec son écriture toujours sincère, par-delà ses quelques maladresses, elle mérite assurément l'investissement.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la série :

Commentaires

Muoais, pas aussi emballé que toi.
Ca m'a distrait pendant 3 épisodes (l'histoire d'une petite grosse suicidaire qui essaie de se reconstruire), mais ensuite, j'ai eu l'impression de regarder du sous-Skins, avec des acteurs moyens et des situations vite ennuyeuses, quand elles n'étaient pas aberrantes (la fille qui tombe enceinte 2 ou 3 semaines après son premier rapport, et qui avorte sans que ça la chamboule plus que ça).

Tout le côté girly et over the top (les rêves éveillés de prince charmant, etc...) m'ont également vite agacé.
Je ne parle même pas de la mère et de son côté libidineux, ça n'avait rien à faire dans cette série.

Bref, ça aurait pu être vachement mieux si on s'était intéressés aux personnages de l’hôpital, qui me semblaient bien plus touchants et moins clichés.

Écrit par : Julien | 22/02/2013

@ Julien : Je comprends tes réserves. En fait, ce que je trouve intéressant dans cette série, c'est l'équilibre qu'elle trouve entre le teen-drama avec des ressorts "déjà vu" presque caricaturaux et la fraîcheur apportée par son personnage principal, avec les thèmes qu'elle se permet de traiter dans le même temps (dépression, tentative de suicide). Le public de E4 est un public adolescent ; mais la série essaie de dépasser ce seul public par l'approche choisie. Il y a certainement des maladresses (surtout dans le dernier épisode je dirais), des passages expédiés où on retrouve une impression de déjà vu... Et je comprends que l'on puisse regretter un parti pris avec une ambition reste très différente d'une série comme Les Bracelets rouges (Polseres Vermelles) centrée sur des adolescents hospitalisés. Mais dans l'ensemble, avec seulement six épisodes, j'ai vraiment l'impression que l'équilibre est trouvé et que le pari est tenu. Il ne s'agissait pas juste d'une énième déclinaison de teen-drama : la série avait quelque chose à dire qui lui était propre. Après je pense que l'impression laissée par la série dépendra beaucoup du ressenti du téléspectateur face à Rae ; et que les saisons aussi brèves sont un atout pour ce type de show.

Écrit par : Livia | 23/02/2013

Le truc, c'est que je ne suis pas dans la cible visée (j'ai plus de 30 ans et je suis un mec), et que des teen dramas, j'en ai vus quelques-uns avant celui-là, donc forcément, je suis plus critique, mais je comprends que cette série puisse plaire à un autre public auquel je n'appartiens pas. L'actrice principale a été bien castée par exemple (je n'en dirais pas tant de ses amis de l'extérieur), mais dans l'ensemble, My Mad Fat Diary me laisse une impression de "pouvait mieux faire avec un tel sujet".

Écrit par : Julien | 23/02/2013

Je viens de terminer la série et je suis plutôt d'accord avec ton billet. J'ai aimé l'équilibre entre le sujet de base qui est tout de même assez dur et des aspects plus légers. Il y a aussi une vraie tendresse pour les personnages (même pour Chloé qui dans le regard de Rae n'est pas toujours un personnage très positif) je trouve.
Et puis j'aime bien la date choisie :D J'avais 11 ans à l'époque donc ça me rappelle bien des choses :D

Écrit par : Jessica | 14/03/2013

@ Julien : Je ne suis pas si éloignée des 30 ans non plus (bon, ça reste entre nous ça ;) ), mais oui, après c'est aussi une question d'affinité. Je pense que ceux qui apprécient aiment cette série parce qu'elle leur parle, les touche... Donc on est dans un registre aussi qui dépend beaucoup des sensibilités de chacun.

@ Jessica : Pareil pour ce côté inattendu d'une légère "nostalgie", j'avais 11/12 ans à l'époque, et quelque part je crois que la série touche finalement aussi une autre cible grâce à la période à laquelle elle se déroule (plutôt qu'un teen show se déroulant de nos jours).

Écrit par : Livia | 22/03/2013

J'ai lu votre article avec beaucoup d'intérêt.
Pourriez-vous nous indiquer comment ce procurer cette série en version française, ou en V.O sous titrée en français.
Merci tout beaucoup !

Écrit par : Mutsuko | 27/03/2013

@ Mutsuko : Je ne pense pas qu'il existe déjà de version française vu qu'aucune chaîne française ne l'a encore diffusée. Pour ce qui est de VOSTF, il ne doit pas être particulièrement difficile de mettre la main sur cette série en cherchant.
A tout hasard, le DVD est sorti en Angleterre (avec des sous-titres anglais) : http://www.amazon.co.uk/My-Mad-Fat-Diary-Series/dp/B00AQG7YFW ;)

Écrit par : Livia | 04/04/2013

Les commentaires sont fermés.