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19/01/2011

(K-Drama / Pilote) Sign : un medical investigation drama jouant (trop?) sur tous les tableaux

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L'évènement téléphagique du week-end sud-coréen était assurément le final de Secret Garden (un coup de coeur personnel qui aura dépassé toutes mes attentes). Mais comme il me faudra un peu de temps pour prendre du recul et jeter un regard rétrospectif rationnel sur ce drama, aujourd'hui sera le premier mercredi asiatique du blog à traiter d'un k-drama de 2011.

Je vous l'avais déjà confié, rien ne me tentait vraiment a priori parmi les nouveautés. Mais je suis téléphage, donc curieuse, par conséquent cela n'était pas un synopsis peu affriolant qui allait m'arrêter. Et c'est finalement sur Sign que mon choix s'est porté. Un peu par défaut, mais aussi en raison du genre plus policier que la série souhaitait investir. Si sa trame principale lui permet de progressivement gagner en intérêt, j'avoue que ses deux premiers épisodes ne m'ont ni vraiment marqué, ni vraiment convaincu que ce drama mérite de s'y investir davantage. Cependant, pour ceux qui veulent se changer les idées hors des comédies romantiques, Sign peut être une solution...

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 Cette série est officiellement présenté comme un "medical investigation drama", c'est-à-dire qu'elle se propose d'aborder des enquêtes policières sous une perspective plus vraiment originale de nos jours, mais qui reste quand même particulière, celle de la science, à travers le travail de la police scientifique et des médecins légistes. C'est donc une série dont les ressorts narratifs vont être basés sur les indices qui vont pouvoir être collectés et exploités d'une scène de crime, ou sur l'art de faire parler le cadavre d'une victime au cours d'une autopsie. Prompt à exploiter les possibilités qu'offre ce concept en terme d'environnement, Sign nous entraîne en terrain connu dès ses débuts, puisqu'elle s'ouvre sur la mort très suspecte d'une star de la chanson, le leader d'un groupe de k-pop : l'idée de l'homicide fait rapidement son chemin, mais la résolution de l'énigme apparaît rapidement ne pas être la priorité pour tous les protagonistes.

En effet, l'enquête, complexifiée par la sur-médiatisation du cas, va réveiller les tensions inter-services et voir s'affronter différents responsables qui vont avoir tendance à laisser prévaloir leurs ambitions personnelles sur la bonne conduite de l'enquête. Le seul à rester focaliser uniquement sur l'investigation est sans doute Yoon Ji Hoon, médecin légiste au NFS, un institut public chargé notamment de procéder aux autopsies pour la police. Brillant tout en étant doté d'un sens du relationnel proche du néant, ce dernier s'attache à faire son job avec une abnégation louable, mais qui ne tient pas toujours compte de la réalité des rapports de force présents. C'est ainsi que sur cette affaire, il va se heurter de plein fouet à un de ses concurrents de toujours, professeur renommé qui ne partage pas son refus de toute compromission, Lee Myung Han.

Cependant, derrière cette apparente bataille d'égos se cache une affaire plus complexe qu'il n'y paraît. Et si conclure le plus rapidement et en faisant le moins de vague possible paraît être la préocupation première de tous les responsables, c'est peut-être aussi parce qu'en arrière-plan, d'autres jeux d'influence, bien plus puissants, sont à l'oeuvre. La vérité peut-elle -et doit-elle- toujours triompher ?

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Le premier élément scénaristique marquant la découverte de Sign tient assurément à son concept, ou plus précisément à l'approche finalement assez paradoxale qu'elle en fait. C'est amusant de voir la façon dont la série revendique ostensiblement ses influences sans pour autant réellement les embrasser. Certes, depuis une décennie, il suffit de placer au coeur de l'intrigue des scientifiques - policier ou médecin légiste -, et l'esprit du téléspectateur se tournera automatiquement vers la ville de Las Vegas d'où est parti ce phénomène. Et Sign entend pleinement capitaliser sur cet effet de mode. Sans d'ailleurs s'en cacher le moins du monde, au vu du nombre de références directes faites aux Experts dont l'épisode regorge. La fascination pour la série américaine a ainsi forgé la vocation de l'héroïne, tout autant qu'elle suscite la méfiance des plus anciens qui n'ont manifestement pas la même vision de leur métier.

Sauf que... demander à une série sud-coréenne de faire du CSI relève du mimétisme illusoire. Là où sa consoeur américaine déclinera de manière calibrée et huilée un formula show qui s'attachera à une méthode d'investigation rigoureuse, Sign ne va en rien renier le canevas habituel qui forge les bases des k-dramas. Si bien qu'en dépit de cette aspiration à s'inscrire dans un héritage télévisuel particulier, et même si les scénaristes s'efforcent par intermittence de recréer une ambiance scientifique objective, Sign ne va devoir à la série, qu'elle cite pourtant constamment, qu'une poignée de passages qui paraissent au mieux étrangement exotiques dans la narration globale, au pire parfois en rupture avec une tonalité d'ensemble subjectivisant pleinement toutes les situations.

A défaut d'être vraiment maîtrisé, ce qui l'amène à verser trop souvent dans un registre un peu artificiel, disons que, d'un point de vue purement téléphagique, l'expérience est intéressante car la comparaison des influences met vraiment en lumière un certain nombre de ficelles et dynamiques propres à la nationalité de la fiction.

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Au-delà de cette quête identitaire un peu hésitante, Sign se présente sous les traits d'une série policière qui va rapidement prendre des accents de vrai thriller. Certes, c'est une mort suspecte qui sert de catalyseur à l'intrigue, avec une victime symptomatique d'une autre dérive k-drama-esque, puisqu'il s'agit du leader d'un groupe phare de k-pop, permettant par la même occasion de nous entraîner derrière les paillettes, dans les coulisses pas forcément très accueillantes de cette industrie. Cependant, sur cette enquête sur-médiatisée mais qui aurait malgré tout pu être presque banale, vont venir se greffer toutes les complications du genre envisageables. Et autant dire que dans ce domaine, Sign n'hésite pas à voir les choses en grand, voire un peu dans la démesure. Luttes d'influence, abus de pouvoir, impunité des puissants... s'y casent toutes les grandes thématiques familières du petit écran sud-coréen.

D'autant plus que si Sign ne peut pas être un CSI-like, c'est aussi parce que le drama va naturellement personnaliser, presque à outrance, tous ses enjeux. En quelques minutes, il transforme ainsi une simple (en théorie, du moins) autopsie en affrontement jusqu'au-boutiste entre deux rivaux de toujours, allant jusqu'à en faire son premier cliffhanger. Non seulement les égos et ambitions personnelles prennent rapidement le pas sur une enquête qui reste déterminante sans être l'enjeu central, mais la série introduit également l'autre versant confrontationnel par excellence, celui des déceptions amoureuses, en ajoutant à la situation déjà explosive le ressentiment d'un ex-petite amie en colère, qui exerce désormais des responsabilités au bureau du procureur.

En résumé, Sign ne craint pas d'en faire trop. La série ne cherche d'ailleurs pas à faire dans le réalisme, mais plutôt à positionner ses protagonistes les uns par rapport aux autres, tout en sur-dramatisant les oppositions potentielles. C'est sans doute là où le bât blesse. Si l'intrigue globale finit par retenir l'attention, les personnages apparaissent eux enfermés dans des stéréotypes trop déshumanisés. La distribution des rôles est classique, de la jeune apprentie pleine de bonne volonté au génie arrogant/narcissique/asocial, mais peine à trouver un équilibre crédible. On garde une sensation d'artifice et la dynamique ne prend pas au sein de cette galerie de personnages (du moins au cours des deux premiers épisodes). Mon plus grand souci réside d'ailleurs dans la figure centrale, excessivement antipathique et cariturale, malheureusement présentée sans la moindre prise de distance. Si bien qu'au final, il est vraiment difficile de s'attacher à qui que ce soit.

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Sur la forme, Sign propose une réalisation maîtrisée. Certes, elle ne résiste pas à quelques effets de style, notamment pour mettre en scène la victime ou bien la personne suspecte le soir du crime, mais cela reste globalement assez sobre. Certains montages ou découpages particuliers de l'écran dénotent une réelle volonté d'essayer d'insuffler une forme de dynamisme à l'ensemble - sans forcément toujours y réussir -, doublé d'un effet "high tech" qui se traduit par la mise en valeur du recours à la science. Pour accompagner ses choix, le drama est efficacement servi par une bande-son rythmée, mêlant les styles musicaux. Le rendu musical n'est pas inintéressant.

Enfin, un dernier mot sur le casting qui, là-aussi, manque peut-être d'argument pour me convaincre de donner une chance supplémentaire à la série. Il y a beaucoup de sur-jeu, notamment dans les interprétations des deux acteurs principaux. J'avoue que Park Shin Yang (The Painter of the Wind) m'a plutôt agacé - mais cela tient beaucoup à l'écriture très unidimensionnelle de son personnage. A ses côtés, dans les figures fémines, Kim Ah Joong joue sans surprise la partition prévisible de l'apprentie au fort caractère mais qui a encore tant à apprendre. tandis qu'Uhm Ji Won (The woman who still wants to marry) trouve progressivement sa place à mesure que son personnage peut dévoiler d'autres facettes. Jun Kwang Ryu (Jumong, Baker King) s'impose sans souci dans le registre du rival du héros. Enfin Jung Gyu Woon étant charmant ayant d'autres atouts que son jeu d'acteur (et mes souvenirs de Doctor Champ étant encore frais dans ma mémoire), je me contenterai donc de dire que, pour le rôle de policier impulsif qui lui est dévolu, je suis certaine qu'il conviendra parfaitement.

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Bilan : Série d'inspiration policière qui souhaite jouer sur tous les tableaux thématiques, Sign assume un mélange des genres fourni sans craindre d'en faire trop. Tour à tour enquête scientifique sur laquelle les rivalités personnelles prennent le pas, mais aussi thriller n'oubliant pas une pointe de romance désillusionnée, le drama multiplie les sources d'inspiration, tout en peinant un peu à dégager une identité précise au cours de ces deux premiers épisodes. L'intrigue principale s'assure de retenir l'attention d'un téléspectateur dont la curiosité est attisée par la dimension démesurée qu'elle acquiert. Mais si les personnages sont placés au coeur de la dynamique de la série, ils s'enferment pour le moment dans des registres excessivement prévisibles qui les rendent trop artificiels pour que leur sort importe au téléspectateur.

Pour trouver un équilibre, il reste à Sign à tirer toutes les conséquences au plan humain de la personnalisation des enjeux de ses enquêtes. Si elle y parvient, ceux qui souhaitent s'offrir une petite parenthèse sans comédie romantique y trouveront peut-être leur compte.


NOTE : 5/10


La bande-annonce (images du deuxième épisode) :


Le générique :


Une chanson de l'OST :


12/01/2011

(K-Drama / Pilote) Yacha (Yaksha) : impitoyables luttes de pouvoir sur fond de trahisons

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Je crois que je suis d'humeur nostalgique. Je traîne un peu à passer en 2011 ; Secret Garden se termine et 2010 aura été une année si riche et diversifiée que j'ai du mal à refermer le chapitre. Voilà pourquoi je poursuis l'air de rien mes découvertes des nouveautés du mois dernier. Vous connaissez mon penchant inconditionnel, malheureusement chronophage et donc quelque peu déraisonnable, pour les sageuk. J'essaie par conséquent de ruser. Si les kdramas historiques des grandes chaînes sud-coréennes effraient par leur nombre d'épisodes, en revanche, le câble a l'avantage d'héberger des séries plus courtes. C'est ainsi le cas de Yacha (ou Yashka), diffusée sur OCN depuis le 10 décembre 2010, au rythme d'un épisode par semaine et qui en comportera un total de seulement 12.

Outre sa relative brièveté, l'autre atout du câble, c'est qu'il peut s'affranchir d'un certain nombre de limites ou de cadres imposés aux kdramas diffusés sur les grands chaînes. Si vous avez déjà jeté un oeil à certains, vous avez pu constater que le contenu n'a pas forcément la même tonalité, même si l'on y croise des ingrédients narratifs immuables au pays du Matin Calme. Yacha étant diffusé à minuit, avec la signalétique interdit aux moins de 18 ans, le téléspectateur était prévenu. Encore que... Car la violence et le sexe, c'est une chose ; des effets spéciaux ultra-gores dans les combats, c'en est une autre ! Si la trame qui se construit progressivement au cours des premiers épisodes m'a convaincu d'aller jusqu'au bout d'un drama dont l'histoire a des atouts, j'avoue que ces effets spéciaux dispensables auront quand même bien failli me faire fuir avant même la fin du pilote.

Bref, soyez quand même prévenu, Yacha n'est pas une série devant laquelle vous dînerez.

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Se déroulant dans une époque particulièrement troublée, non précisément située chronologiquement (Chosun ?), Yacha nous plonge dans un royaume où la pauvreté s'étend peu à peu. Le pouvoir central tombe en déliquescence, les révoltes populaires grondent, tandis que la royauté affaiblie s'efforce de conserver jalousement ses quelques parcelles d'autorité face à des ministres avides de puissance. Si un redressement n'est pas rapidement opéré, c'est dans une anarchie complète que le pays risque de sombrer au détriment de sa population. Dans ce contexte si tourmenté, le jeune roi peut compter sur une force de frappe de l'ombre, la confrérie militaire des "Black Cloud Swords" dirigée par un ami d'enfance qui lui a juré fidélité et en qui il peut donc placer toute sa confiance, Lee Baek Rok.

Ce dernier, combattant hors pair, n'a jamais eu une vie facile, prompt à se sacrifier pour des proches qui n'éprouveront pas forcément un besoin réciproque. Il nourrit ainsi une relation très conflictuelle avec un frère qui l'a plus ou moins renié, des rapports teintés de jalousie déplacée et d'ambitions mal dissimulées. A l'origine de leurs problèmes se trouvait la belle Jung Yeon qui avait fait tourner le coeur des deux frères quand ils étaient encore jeunes, mais qui n'avait d'yeux que pour Baek Rok. Ce dernier s'effacera cependant au profit d'un frère, dont l'ambition dévorante le conduira finalement à jeter son dévolu sur la fille d'un ministre, plus apte à lui offrir la position sociale à laquelle il aspire.

Emporté dans les tourbillons des luttes de pouvoir qui déchirent le pays, c'est celui qui semblait être le seul soutien indéfectible de Baek Rok qui va provoquer sa perte. Tandis que  les intrigues létales se poursuivent à la cour, ce dernier ayant miraculeusement survécu au massacre de sa troupe va tout faire pour revenir dans son pays afin de se venger... même s'il ignore encore l'étendue de la trahison qui a eu lieu.
 

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Yacha est une série historique qui reprend à son compte tous les ingrédients classiques du genre et qui, du côté occidental, trouve ses parallèles dans des histoires comme celle de Gladiator. Baignant dans une atmosphère résolument sombre où tous les coups et toutes les trahisons sont permis, ni les liens du sang, ni l'amitié ne préservant des retournements d'allégeance, elle trouve progressivement ses marques après un premier épisode qui sert surtout à poser une ambiance plutôt que des enjeux précis. Poursuivant dans cette tonalité volontairement impitoyable, la série nous plonge ensuite dans les coulisses létales d'un pouvoir semblable à un échiquier (ou au plateau d'un jeu de Go, si on veut faire plus couleur locale) sur lequel évoluent des protagonistes, réduits à l'état de pions à la merci des puissances à l'oeuvre. Chacun sait s'appuyer sur ses forces et ses atouts pour agir dans l'ombre, ou bien de façon plus directe, afin de servir ses ambitions pour les uns, voire un supposé intérêt général pour les plus nobles. Par principe, tout est sacrifiable au nom de cet objectif de pouvoir. Du politicien expérimenté au monarque légitime, en passant par l'intellectuel empreint de confucianisme, les rapports de force se révèleront plus flous que l'on aurait pu le penser aux premiers abords.

Le portrait de cette atmosphère impitoyable constitue l'atout majeur de Yacha et c'est ce qui va retenir l'attention du téléspectateur. Car, à côté, les personnages peinent, eux, à véritablement s'imposer. Restant un peu en retrait, ils servent l'histoire, mais peinent à vraiment peser sur elle. C'est en quelque sorte lorsque les choses sérieuses commencent, lorsque les manoeuvres se révèlent au grand jour, qu'ils vont commencer à trouver leurs marques. Autant Baek Rok reste une figure manichéenne assez prévisible dans son rôle de guerrier sans doute trop honorable pour les temps qui courrent, les autres se révèlent en revanche dans l'adversité, sachant surprendre et s'écarter de certains carcans. Si la dimension humaine n'est assurément pas le point fort de ce drama pour le moment, dans certaines scènes, on perçoit un vrai potentiel qui sera peut-être exploité par la suite, lorsque certains devront véritablement choisir leur camp.

En résumé, Yacha dispose d'une intrigue forte sur laquelle elle réussit progressivement à capitaliser, mais où il manque pour le moment un aspect plus émotionnel traditionnellement attendu dans un k-drama. Les tragédies à l'oeuvre et autres vengeances devraient cependant permettre à la série d'investir un registre dramatique qui lui donnera les moyens de mieux explorer cette humanité (ou son absence).

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Prenant et ne demandant pas un investissement excessif en temps, Yacha s'impose comme un drama très sombre, dont le visuel entend souligner cette tonalité. J'aime beaucoup l'esthétique cinématographique qu'elle investit et que l'on retrouvait déjà cet automne dans Joseon X-Files. Cela tranche avec les sageuks des grandes chaînes. D'autant que, précisons bien : qui dit "câble" ne signifie pas budget moindre. Au contraire. Yacha a en effet des moyens financiers tout à fait appréciable, qui se perçoivent dans sa réalisation et les images qu'elle propose. Malheureusement, à vouloir si bien soigner ses effets de style, la série tombe dans l'excès inverse : elle en fait trop. Car il est impossible de ne pas évoquer un autre élément formel qui marque, mais pas forcément dans le bon sens du terme : il s'agit de ses effets spéciaux.

Si c'est très bien d'avoir un budget confortable, les instances dirigeantes ont malheureusement dû confier leur trésor de guerre à un technicien qui a découvert émerveillé, à cette occasion, de nouveaux logiciels aux possibilités encore inexplorées (dont vous avez un aperçu sobre dans la screen-capture ci-dessous). Les efforts pour introduire une identité visuelle sont manifestes. Mais surtout Yacha n'entend pas se contenter de modestes chorégraphies de combat : elle souhaite bel et bien investir un registre d'action musclée qu'elle revendique haut et fort dès ses premières minutes. Sauf que si l'intention peut paraître louable a priori, ses combats vont naviguer quelque part entre un visuel de jeu vidéo ultra-violent et le film gore. Et j'avoue qu'au bout du quinzième membre tranché, de la quatrième tête qui valdingue par terre et des jets de sang continuels qui parsèment l'écran jusqu'à rester sur la caméra pendant quelques secondes, j'ai fini parfois par détourner les yeux. C'est vraiment donner dans de l'ultra-violent clinquant et gratuit dont les excès ne se justifient pas forcément narrativement parlant, même si cela séduira peut-être les amateurs du genre.

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Si la série en fait donc trop, reconnaissons qu'elle a quand même soigné sa forme jusque dans sa bande-son qui va, elle, prudemment rejoindre les grandes recettes classiques des kdramas, et ce, de façon plutôt efficace. Yacha bénéficie en effet de plusieurs thèmes musicaux qui reflètent avec justesse l'ambiance à la fois épique et tragique pesant sur l'histoire, tout en proposant également une chanson thématique parfaite pour illustrer l'affrontement fraternel sous-jacent au récit. Rien de très original, mais cela fonctionne.

Enfin, quelques mots sur son casting où l'on ne retrouve pas de grandes têtes d'affiche, mais des acteurs qui vont remplir efficacement et sobrement leur rôle. Les personnages n'étant pas forcément la dimension la plus aboutie de Yacha pour le moment, ils restent modérément solicités. Le héros est incarné par Jo Dong Hyuk (Snow in August) à qui on demande avant tout d'être un guerrier. A ses côtés, pour jouer cette partie d'échecs létale, on retrouve Seo Do Young (Invicible Lee Pyung Kang), Jun Hye Bin (The King and I), Son Byung Ho, Suh Tae Hwa (Alone in Love), Park Won Sang (Joseon Police, saison 2) ou encore Seo Yeong (Dal Ja's Spring).

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Bilan : Drama historique résolument sombre, au parfum impitoyable que renforce une violence que l'on retrouve jusque dans l'identité visuelle de la série, Yacha propose une histoire de lutte de pouvoir relativement classique dans ses ressorts narratifs qui, en brisant ainsi la vie du héros, va fonder une vengeance qui sera tout autant fatale. Au rythme des trahisons qui s'enchaînent, elle esquisse des accents de tragédie qui lui permettra peut-être d'exploiter pleinement un potentiel qu'elle ne laisse pour le moment qu'entre-apercevoir par intermittence. En dépit de certains effets esthétiques outranciers dispensables, ses premiers épisodes construisent un cadre intrigant qui a piqué mon intérêt.

Même si elle s'adresse sans doute à un public averti, Yacha me semble donc mériter un investissement pour les 12 épisodes qui vont la composer. Elle devrait s'achever le 25 février prochain.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce :


Une chanson de l'OST (avec des images du début du drama) :

05/01/2011

(K-Drama / Pilote) It's Okay, Daddy's Girl : le dur apprentissage des réalités de la vie, entre désillusion et initiation


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Premier mercredi asiatique de 2011, c'est (encore) la rentrée. En Corée du Sud, les nouveaux dramas vont se succéder cette semaine. Cependant j'avoue que le programme ne suscite pas beaucoup d'enthousiasme chez moi a priori. Aucun projet n'a vraiment retenu mon attention. Sur le papier, je suppose qu'il y aurait peut-être eu My Princess, mais le simple fait de voir confier le rôle principal à Kim Tae Hee me décourage quelque peu d'emblée. Le sujet de Dream High et ses Idols ne me tente pas non plus particulièrement. Et Sign a l'air d'avoir été mal croisée avec un cop show occidental, ce qui me laisse un peu perplexe. Mais bon, comme c'est aussi quand je n'ai aucune attente qu'arrivent les surprises, sait-on jamais...

Cependant, avant de s'inquiéter pour 2011, aujourd'hui, revenons sur un drama un peu plus ancien, qui a débuté le 22 novembre dernier sur SBS et devrait s'achever à la mi-janvier dans une relative confidentialité : It's Okay, Daddy's Girl. Je reporte sa review depuis plusieurs semaines, ce qui n'est jamais très bon signe. Le pilote était catastrophique, mais je me suis entêtée. Finalement, les deux épisodes suivants ont éveillé mon intérêt pour une série qui semble plus s'apparenter à un de ces longs dramas familiaux de 50+ épisodes. Je ne sais donc toujours pas trop quoi en penser, mais peut-être ne faut-il pas non plus hâtivement lui reprocher tous les maux à cause de son entame.

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It's Okay, Daddy's Girl va progressivement investir un registre choral, gagnant en intérêt au fil de l'affirmation de ses personnages confrontés aux dures épreuves de la vie. Pour poser le cadre des intéractions entre ces protagonistes très divers, la série va mettre en scène plusieurs familles (4), issues de milieux différents, s'intéressant plus particulièrement aux relations existant entre les parents et leurs jeunes adultes d'enfants. L'extrême dysfonctionnalité de certaines tranche avec le relatif angélisme de la famille principale où la figure patriarcale, Eun Ki Hwan, fait figure de modèle. La phrase rassurante du titre du drama s'applique à ses deux filles, mais c'est surtout la plus jeune, Chae Ryung, qui attire toutes les attentions. Cette dernière revient d'études à l'étranger qui ne lui ont manifestement toujours pas fait comprendre le sens des réalités Se réfugiant dans son monde doré sous l'aile protectrice d'un père qui la considère comme la prunelle de ses yeux, elle n'hésite pas à profiter de cette affection pour obtenir tous ses caprices.

Mais cet univers, où les parents pensent mariage arrangé tandis que les enfants continuent de faire preuve d'une relative insouciance dans laquelle ils se complaisent sans arrière-pensée - , va voir son apparence si bien policée se fissurer à mesure que la série progresse. En effet, les sentiments amoureux de certains, la cupidité d'autres, ou encore cette arrogance chargée d'impunité, vont provoquer un enchaînement d'évènements conduisant à un drame, la mort d'un jeune homme. La veille, ce dernier avait harcelé Chae Ryung en boîte de nuit, avant de subir les foudres du père de cette dernière, arrivé en sauveur. Leur bagarre a-t-elle occasionné le coup fatal ? Les certitudes de la famille Eun vont-elles se diluer dans un procès où ce père idéalisé serait jugé pour homicide involontaire ? Ce qu'ils ne savent pas, c'est que le jeune homme avait été embauché pour effrayer Chae Ryung par un des propres amis de la jeune femme... qui ne semble pas avoir non plus conscience de ce qu'est la vie humaine, habitué à se sentir intouchable.

It's Okay, Daddy's Girl va s'attacher aux conséquences de ce drame initial, s'intéressant à la manière dont ces quatre familles - de celle de l'accusé initial jusqu'à celle du coupable, en passant par celle la victime - que les évènements relient, vont y faire face. Investissant une dimension plus dramatique et humaine, c'est une face autrement plus sombre qui se révèle peu à peu.

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Comme je l'ai déjà évoqué, It's Okay, Daddy's Girl avait très mal commencé. Non seulement l'introduction fut poussive, les personnages plats, tout semblant excessivement prévisible et sans saveur, mais il est aussi rapidement apparu que j'allais avoir un problème avec la figure centrale que la série était sensée voir grandir. En bien des points, il faut dire que Chae Ryung est la caricature de l'héroïne ingénue et superficielle dont les débuts de séries sud-coréennes sont surpeuplés et qui mettent parfois nos nerfs à rude épreuve. C'est un ressenti fatalement très subjectif, mais ses enfantillages me l'ont rapidement rendue vraiment insupportable. Si bien qu'au bout d'un épisode et demi, je cédais déjà à la tentation de quelques avances rapide pour ne pas anéantir ma motivation de poursuivre l'exploration de ce drama. Ce qui n'est jamais bon signe.

En fait, le problème principal tient surtout à la manière dont le pilote sur-exploite cette dimension de jeune femme excessivement enfantine et gâtée. En effet, faisant preuve d'une excessive neutralité dans sa tonalité - ni drame, ni comédie, simplement une introduction des différentes situations - (ce qui me ferait presque me demander si les scénaristes savaient où ils allaient lorsqu'ils l'ont écrit), il ne prend pas la peine d'essayer d'investir un registre un peu plus décalé. Il n'y a pas la moindre touche de folie ou prise de distance qui aurait permis d'évacuer la frustration que certains des comportements de Chae Ryung font naître. Et face à cette exposition purement académique, au final assez fade, l'agacement s'accumule rapidement. Certes, je sais pertinemment que nous allons assister à la maturation du personnage - c'est d'ailleurs tout l'enjeu de la série - et qu'il est fort probable qu'elle gagne progressivement en épaisseur, comme en humanité. Mais l'impression première renvoie l'idée que les bases de la série n'étaient absolument pas maîtrisées narrativement.

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Après cette entrée en matière qui aurait donc pu figurer dans la catégorie du pire pilote de l'année dans mon bilan de l'année 2010 en Corée du Sud (si la catégorie avait existé), j'ai cependant décidé d'appliquer jusqu'au bout la maxime selon laquelle "il est impossible de juger un k-drama sur son seul pilote". D'autant que ce premier épisode laissait quand même entrevoir quelques ingrédients et des codes scénaristiques qui pouvaient poser des thématiques pas inintéressantes dès lors que l'obsession du mariage dans les familles représentées passerait un peu au second plan. Et finalement, It's Okay, Daddy's Girl m'a surprise. Je ne vais aller jusqu'à dire que il y a eu un coup de foudre à retardement, mais disons que si je m'y suis prise à trois fois (!) pour parvenir au bout du pilote, j'ai ensuite enchaîné les deux autres épisodes suivants quasiment dans la foulée, avec un intérêt commençant à poindre (et, certes, une poignée d'avances rapide pour sauter quelques unes des répliques répétitives de Chae Ryung, qui est heureusement moins omniprésente que dans la première heure de la fiction).

Parce qu'après avoir proposé un premier épisode d'une platitude confondante dans lequel le drama semblait ne pas savoir quelle voie suivre, It's Okay, Daddy's Girl a finalement opté pour le mélodrama. Ce n'est pas l'amour, mais le thème de la famille qui va retenir son attention. Mine de rien, ce sont les bases d'un drama choral qui sont posées. Sont introduites quatre cellules familiales presque opposées dans leurs dynamiques, comme dans les milieux dont elles relèvent. La série va s'intéresser plus particulièrement aux intéractions des jeunes adultes - qui sont ses personnages principaux - avec leurs parents. Les actions des uns et des autres entraînent des réactions en chaîne qui vont conduire jusqu'au drame qui sert finalement de déclencheur. A partir de là, les portraits commencent alors à se nuancer, les masques tombent. Les apparences volent en éclat. Chacun semble défini par les rapports qu'il entretient avec le reste de sa famille, qu'il s'inscrive en rupture ou dans une prudente continuité.

Au sein de ces relations tumultueuses que fondent les liens du sang, la série se révèle finalement d'une violence psychologique inattendue dans les oppositions qu'elle met en scène. Devant l'avidité des uns, l'intransigeance des autres et ces attitudes autodestructices, l'innocence devient presque un défaut à corriger... Dans toute cette galerie de personnages progressivement caractérisés, ce qui marque, c'est désormais une noirceur humaine qui peu à peu permet d'introduire une dimension émotionnelle. Après avoir débuté sous des apparences sirupeuses et clinquantes faussement idylliques, It's Okay, Daddy's Girl ajuste sa tonalité pour se révéler dans un registre autrement plus dramatique et plus noir. L'évolution est salvatrice. Le drama manque encore certes de personnages s'étant vraiment imposés (paradoxalement, le seul protagoniste ayant suscité un début d'intérêt de ma part fut celui dont la mort allait être le catalyseur narratif attendu), sa narration demeure brouillonne, mais ses thèmes retiennent désormais l'attention.

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Sur la forme, It's Okay, Daddy's Girl fait dans le classique. Une réalisation assez figée, peu de travail dans la photographie, la priorité n'est manifestement pas dans le visuel qui n'apporte pas de valeur ajoutée particulière. L'OST se révèle par contre plus en harmonie avec la tonalité qu'acquiert progressivement le drama. Sans être très marquantes, les chansons sont des ballades plutôt plaisantes à écouter et ajoutent leur petite touche mélodramatique à certains passages.

Enfin, le casting est globalement homogène mais pas forcément des plus solides. Au début, il leur manque aussi la matière pour leur permettre de s'exprimer. Si j'ai détesté Chae Ryung, il faut préciser que cela n'a rien à voir avec l'actrice Moon Chae Won (The Painter of the Wind, Take care of the young lady, Shining Inheritance) qui l'interprète. Cette dernière agit suivant la volonté des scénaristes et il est probable que, à mesure que son personnage à travers les épreuves de la vie, elle s'impose également à l'écran de façon très honnête. L'aspect choral du drama restreint également un peu le temps d'antenne de chacun, si bien que c'est au bout de trois épisodes que tout le monde commence à bien trouver ses marques. Parmi les têtes d'affiche, au-delà de Jun Tae Soo qui occupait un rôle secondaire à l'automne dans Sungkyunkwan Scandal (et qui est accessoirement le frère de Ha Ji Won pour les curieux amateurs d'anecdotes), on retrouve dans l'ensemble un certain nombre d'acteurs assez inexpérimentés : Lee Hee Jin, Choi Jin Hyuk, Lee Dong Hae ou Kang Sung.

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Bilan : It's Okay, Daddy's Girl révèle un certain potentiel dramatique dans l'exploration des rapports au sein de la famille qu'il s'attache à mettre en scène, mais son propos se perd quelque peu dans les maladresses de sa narration et les poncifs auxquels le drama cède trop facilement. L'ensemble manque de relief, mais la dimension sombre dans laquelle la série se glisse progressivement, avec une tonalité finalement extrêmement désillusionnée qui tranche avec le clinquant insouciant des débuts, indique qu'il y a peut-être un potentiel à exploiter. A condition que la série poursuive dans ce registre mêlant dynamiques désabusée et initiatique. 


NOTE : 4,75/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :


29/12/2010

(K-Drama / Pilote) Athena : Goddess of War : un thriller d'espionnage explosif

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Le premier mercredi asiatique de 2010 ayant été consacré à un bilan d'IRIS, c'est presque logiquement qu'Athena : Goddess of War va conclure l'année... Attendue comme le thriller de cette fin 2010 en Corée du Sud,  cette série (à noter que cette étrange fascination pour les mythologies antiques ne semble pas prête de s'arrêter, puisque Poseidon débarquera sur les écrans en 2011) avait bénéficié d'une importante promotion. Spin-off d'un des dramas marquants de 2009, IRIS qui, à défaut d'avoir fait l'unanimité de la critique, avait fédéré une bonne partie du public, se concluant tout juste sous la barre des 40% de part d'audience, la série devait assumer cet héritage, tout en sachant se renouveler suffisamment pour ne pas sembler se contenter d'exploiter un filon s'étant révélé rentable.

En un sens, Athena ne dépareille pas : si IRIS m'avait globalement plu, elle m'avait aussi laissé d'importantes frustrations et certaines insatisfactions jamais corrigées. Les débuts d'Athena aussi explosifs qu'excessivement brouillons semblent reprendre le flambeau des points positifs comme négatifs. Si la série gagne progressivement en intensité - il lui faut quand même trois épisodes pour s'installer -, ces débuts laissent un même arrière-goût d'inachevé qui me fait dire que ce n'est sans doute pas encore pour cette fois que l'on aura un Gaiji Keisatsu coréen pleinement maîtrisé dans sa globalité.  

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Athena s'inscrit dans le même univers qu'IRIS, se déroulant plusieurs années après cette dernière, mais elle constitue cependant une histoire indépendante, ne partageant pas les mêmes protagonistes à l'exception du président occupant la Maison Bleue et des apparitions prévues en guest-star de Kim So Yeon et de Kim Seung Woo. Il y a donc bien quelques références à sa grande soeur, mais rien qui puisse empêcher de découvrir Athena sans avoir préalablement vu IRIS. Poursuivant dans une relative continuité thématique, elle lui emprunte quand même un enjeu similaire sensible, celui du nucléaire, reprenant le cours du programme nucléaire sud-coréen et des tensions que ce projet peut potentiellement générer vis-à-vis de ses voisins du Nord comme d'autres acteurs de la communauté internationale.

Athena débute sur des évènements qui se sont déroulés au Japon trois ans plus tôt : l'extraction compliquée du professeur Kim, un physicien qui va être une des figures déterminantes de ce programme. Tournant au désastre, les membres de l'équipe officieuse chargée par le gouvernement sud-coréen de rapatrier le scientifique furent alors quasiment tous exterminés, à l'exception du leader, Kwon Yong Gwan, par un mystérieux commando mené par Son Hyuk. Cependant le scientifique put être installé en Corée du Sud. Quelques années plus tard, le programme nucléaire de ce pays est sur le point d'être achevé et le professeur demeure l'objet de toutes les convoitises. Le NTS, service spécialisé du NIS, emploie toutes ses ressources à sa protection. Tandis que Son Hyuk, désormais à la tête de la section Asie de la Homeland Security aux Etats-Unis, fait tout pour empêcher ce projet qui tient à coeur au président sud-coréen d'être finalisé. Il a la surprise de retrouver sur sa route Kwon Yong Gwan qu'il avait épargné lors de leur précédente confrontation. Ce dernier vient d'être récemment nommé chef du NTS et n'en référe désormais directement qu'au président.

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Parallèlement, Lee Jung Woo travaille comme agent de terrain au sein du NTS. Il fait par hasard la connaissance de Yoon Hye In lors d'une de ses missions, découvrant a posteriori qu'elle s'occupe de faire visiter le NIS à des classes d'enfants. Ce qu'il ignore, c'est que la jeune femme faisait également partie du commando étant intervenu au Japon, non sous les ordres de Kwon Yong Gwan, mais dans l'équipe de Son Hyuk. Cependant c'est un coup de foudre qu'éprouve Jung Woo en la rencontrant, décidé à mieux la connaître. Dans le même temps, les choses s'accélèrent sur le terrain autour du programme nucléaire sud-coréen. Les Russes, mais aussi les Nord-Coréens, se manifestent. Tandis que Jung Woo remonte la piste de terroristes en lien avec cette affaire, les supérieurs de Son Hyuk le pressent de prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher les Sud-Coréens d'achever leur programme. Tout cela les conduit dans une petite ville d'Italie, Vincenza...

A ce titre, le cadre constitue peut-être le premier atout formel de ce drama, signe également de son budget. A défaut d'avoir vraiment compris où se situait Alger sur une carte de l'Afrique, les scénaristes ont cependant pu déplacer l'action en Italie où s'est déroulée une partie du tournage. La série profite donc pleinement de ce décor de carte postale. Elle dispose d'un budget conséquent et entend le démontrer à l'écran. Pour cela, elle n'hésite pas à faire étalage de ses moyens, même en sacrifiant à certains artifices narratifs un brin forcés. Les rêves JamesBondiens de Jung Woo offrent ainsi un exutoire parfait aux scénaristes. Sonnant un peu creux, ils ont quand même le mérite d'afficher la couleur mais aussi une certaine prise de distance vis-à-vis de cette image d'Epinal du monde l'espionnage. En fait, les scénaristes semblent un peu à la croisée des chemins, adoptant une certaine ambivalence pour jouer sur tous les tableaux : conscients des clichés que ces scènes véhiculent, ils souhaitent aussi profiter de l'attrait qu'elles exercent fatalement sur l'inconscient d'un téléspectateur facilement charmé par ces éléments d'action très classes.

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Le contenu même d'Athena reflète d'ailleurs sur certains points cette même ambiguïté, jonglant avec un cahier des charges aux exigences très diverses. En effet, tout en n'hésitant pas à mettre en scène des passages d'action musclée et à poser des enjeux géopolitiques majeurs, Athena n'entend pas non plus renier son identité de drama sud-coréen. Elle s'efforce donc de replacer à l'occasion ses personnages au coeur de son propos, n'oubliant pas que c'est cette marque de fabrique plus portée vers l'émotionnel qui conduit prioritairement les téléspectateurs devant les séries de ce pays. Des romances potentielles qui s'esquissent, marquant les débuts hésitant d'un triangle amoureux, sur fond de trahison programmée et d'agents aux loyautés variables, jusqu'aux vengeances de sang, prix à payer pour des actes passés, les ingrédients sont là. Mais l'introduction de cette dimension plus humaine dans cet apparent thriller d'espionnage policé s'opère de façon assez peu naturelle. Parachutés maladroitement entre des scènes aux enjeux autrement plus importants, ces moments se mêlent aussi parfois aux storylines en cours, aboutissant à un étrange toutélié où l'enchaînement des coïncidences apparaît finalement trop peu crédible pour que le téléspectateur puisse y croire et s'y impliquer.

C'est sans trop de succès que la série recherche un point d'équilibre entre ces deux sphères, au cours de ces premiers épisodes, ne parvenant d'ailleurs pas à capitaliser sur un éventuel développement de l'affectif vis-à-vis de personnages auxquels on ne s'attache pas vraiment pour le moment. Le temps et le démarrage véritable de l'histoire permettront peut-être de gommer ces problèmes de mise en place initiaux. Mais IRIS avait souffert d'un même problème narratif qui est sans doute plus structurel. Je pense que cela tient surtout au fait que ces séries empruntent volontairement à leurs consoeurs occidentales certains codes scénaristiques - y trouvant notamment leur inspiration pour tous les aspects relatifs à l'espionnage -, tout en essayant de préserver ce qui fait la particularité des dramas sud-coréens. Or la conciliation de ces deux priorités ne va pas forcément de soi et est plus difficile qu'il n'y paraît. Au final, la dimension sentimentale fragilise quelque peu la solidité d'une histoire où certaines grosses ficelles auraient été clairement dispensables.

Cela ne signifie pas pour autant qu'Athena ne mérite pas le détour et une chance de grandir, car son explosivité et les enjeux forts qui s'esquissent laissent entrevoir un potentiel indéniable qui ne demande qu'à être exploité. L'ensemble est perfectible et dispose à l'évidence d'une bonne marge de progression. D'ailleurs, il faut noter qu'à partir du moment où l'intrigue paraît véritablement lancée et les ingrédients mis en place, il se dégage de l'ensemble une intensité nouvelle incontestablement prenante qui sait retenir l'attention du téléspectateur.

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Sur la forme, la réalisation reprend les ingrédients qui avaient fait l'identité visuelle d'IRIS. La photographie se veut sobre, sans le côté chatoyant que l'on croise traditionnellement dans les comédies romantiques. Les scènes d'action, que ce soient les fusillades ou les combats, se partagent tant bien que mal entre le désir évident de démontrer toute l'explosivité inhérente à la série et celui, plus anecdotique, de paraître réaliste. La bande-son se compose de plusieurs chansons déjà bien en place. Si leur emploi ne s'avère pas toujours des plus adroits, cela est dû aux difficultés du scénario de jongler entre le genre action et la nécessaire dose de romance, qui l'amène à passer sans transition de l'un à l'autre, au moyen justement de la soundtrack, de façon pas toujours très équilibré.

Enfin, le casting apparaît incontestablement comme une des forces de ce drama, qui pourra amender quelques faiblesses narratives. Si IRIS mêlait des révélations coups de coeur et des acteurs que je ne supporte (vraiment) pas, le casting d'Athena est plus homogène. Venu du grand écran, surtout connu en France pour le film Le Bon, la Brute et le Cinglé, Jung Woo Sung est une valeur sûre qui s'installe peu à peu dans un personnage à l'écriture un peu trop hésitante au départ. Face à lui, on retrouve Cha Seung Won qui m'a plus que marquée dans ce drama coup de coeur que fut City Hall. Je serais tentée de dire que c'est celui qui s'en sort le mieux dès ses premières scènes, bénéficiant sans doute du fait qu'il entre immédiatement en action. Il prend pleinement la mesure d'un personnage déjà défini dès le départ. L'actrice Soo Ae (Love Letter) complète le triangle qui s'esquisse, plus à l'aise dans ses scènes d'action que dans son travail au NIS. A leurs côtés, on retrouve une autre actrice que j'apprécie beaucoup depuis The Legend, Lee Ji Ah (Beethoven Virus), mais aussi d'autres figures très familières du petit écran sud-coréen, comme Kim Min Jong (The Return of Iljimae, A man called God), Choi Si Won (Oh! My Lady), Lee Bo Young (Harvest Villa), Yoo Dong Geun (Dandelion) ou encore Lee Jung Gil (IRIS).  

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Bilan : Auteur de débuts poussifs et relativement brouillons, que viennent obscurcir certaines grosses ficelles narratives oubliables, Athena n'est probablement pas ce thriller d'espionnage qui aurait appris des erreurs d'IRIS que l'on aurait pu espérer. Pour autant, face à un ensemble rythmé efficacement porté par un casting des plus solides, le téléspectateur se surprend à vouloir laisser le temps à la série de s'installer, sentant le potentiel indéniable sous-jacent. Signe que l'introduction se termine, les enjeux commencent à se concrétiser au cours d'un troisième épisode plus prenant, qui est notablement le premier à se terminer sur un vrai cliffhanger.

Après cette entrée en matière pas forcément des plus convaincantes, il faut espérer que l'écriture s'affine et murisse à mesure que l'intrigue se développe. De toute façon, vous connaissez mon penchant pour les histoires d'espions... Je serais donc au rendez-vous.  


NOTE : 5,75/10


Une bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :


22/12/2010

(Bilan) L'année téléphagique 2010 en Corée du Sud

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Ce n'est certes pas le dernier mercredi asiatique de décembre, mais les deux premiers épisodes de It's okay, Daddy's Girl ne m'ayant pas particulièrement enthousiasmé, profitons de ce jour pour dresser un petit bilan des k-dramas de l'année 2010. Pour tout vous dire, l'exercice est une nouveauté, puisque c'est bien la première fois que je suis de façon aussi assidue et "en direct" la saison sud-coréenne.

Comme dans tous les billets rétrospectifs de ce blog, le résultat donne un mélange de sérieux et de décalé permettant d'évoquer tout ce qui a pu me marquer au cours de l'année. J'ai choisi de retenir en priorité des dramas achevés ; cependant, une exception notable et irréductible est venue se glisser dans ce bilan, car il était inconcevable de ne pas évoquer Secret Garden qui s'impose un peu plus chaque semaine comme mon coup de coeur de 2010. Je vais donc prendre le risque de l'inclure sans en connaître la conclusion, choisissant de faire confiance aux scénaristes.

Pour le reste, les références sont diverses et variées. Dans la mesure du possible, j'ai essayé de privilégier des passages peu spoilerisant, parlant par exemple des scènes des premiers épisodes. Enfn, le dernier problème à surmonter fut de réactiver mes souvenirs des dramas du début de l'année ; cela a été réalisé avec plus ou moins de succès... N'hésitez donc pas à partager vos souvenirs !

 

LES SERIES

Mon top 5 :
5. Joseon X-Files / Pasta
4. Doctor Champ
3. Coffee House
2. Jejoongwon
1. Secret Garden

Le top des séries historiques :
5. Comrades
4.
Chuno (Slave hunters)
3. Dong Yi
2. Joseon X-Files
1. Jejoongwon

Les lots de consolation :
Prix de l'originalité du concept : Joseon X-Files
Prix de l'originalité de l'écriture : Harvest Villa
Prix de la comédie la plus gourmande : Pasta
Prix de la meilleure OST : My girlfriend is a gumiho
Prix de la plus belle image : Doctor Champ
Prix de la photographie la plus cinématographique et aboutie : Joseon X-Files
Prix de la série la plus kitsch : A man called God
Prix de la série ayant réalisé le plus d'économies budgétaires dans la conception des costumes de ses acteurs : Chuno ( Slave hunters)
Prix de la série la plus fédératrice du public (audiences)  : Baker King
Prix de la série la plus légère : Marry me, Mary
Prix du buzz internet le plus important : Sungkyunkwan Scandal
 
Prix de la série que je n'ai pas regardée dont on m'a le plus parlé : Prosecutor Princess

Le top des déceptions :
5. My country calls 
4. God of Study
3. A man called God
2. Kim So Roo
1. Road Number One


ILS ONT MARQUE 2010 : instantanés choisis


La scène comique devant laquelle je ris encore en me la remémorant :

Personal Taste : Un ascenseur, deux hommes, un problème de fermeture éclair, deux possibilités et une ouverture de porte inopinée... ai-je besoin d'en dire plus ?

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La scène la plus intense émotionnellement parfaite :

Cinderella's sister : Dans le train que Song Eun Jo a pris avec sa mère pour échapper à son "beau-père" du moment, la jeune fille voit les hommes de main lancés à leur poursuite approcher. Sa mère dort. Durant un instant de tergiversation, l'adolescente envisage de l'abandonner pour s'enfuir seule. Une scène dont la brièveté n'a d'égale que son intensité. Un déchirement sobrement et si justement mis en scène.

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 La scène d'action à la meilleure chorégraphie de combat :

Chuno (Slave Hunter) : S'il y a bien un aspect qui fut soigné dans Chuno, ce fut sa forme. Une photographie travaillée, des combats superbement chorégraphiés, avec cascades et autres prouesses, le tout (parfois trop?) magnifiquement mis en relief à grand renfort de ralentis et autres effets de style. Aucun doute sur ce point, le drama était destiné à impressionner visuellement le téléspectateur.

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 La scène d'action à la cascade la plus improbable :

Fugitive Plan B : Tout ce que vous n'aviez jamais soupçonné pouvoir faire au volant d'une moto... sans même être décoiffé (et en gardant sa chemise d'un blanc immaculé, et nécessairement ouverte façon négligé chic). Au moins voilà une entrée en matière (explosive) où le drama annonce clairement la couleur.

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La scène esthétique qui a mis plein d'étoiles dans les yeux du téléphage :

Doctor Champ : L'image de ce drama fut dans l'ensemble vraiment superbe, alors même que l'enjeu ne se situait pas dans cet aspect formel. La scène qui symbolise peut-être le mieux cette dimension esthétique reste le magnifique lâcher de lanternes à souhait ô combien symbolique. C'est d'ailleurs au cours de ce moment, lors du pilote, que s'est produit le déclic qui m'a définitivement fait tomber sous le charme de ce drama.

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Le plus beau paysage :

My Girlfriend is a Gumiho avait de vrais accents féériques par moment, profitant du concept particulier de la série pour mettre en valeur et exploiter certains cadres superbes. Comment ne pas tomber en admiration devant de tels décors ?

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Le final ésotérique qui a donné mal à la tête :

Joseon X-Files : Disons juste qu'il s'inscrit dans la lignée de l'ambiance atypique de la série et laisse à chacun le soin de faire ses interprétations.

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La créature fantastique de l'année :

Le Gumiho. Désormais, le renard à neuf queues n'a plus de secret pour le téléphage coréanophile, les chaînes sud-coréennes ayant entrepris de revisiter cette légende populaire célèbre, avec deux séries adoptant deux approches très différentes du sujet : Gumiho : Tale of the Fox's Child et My girlfriend is a Gumiho.

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Mes instants "fleur bleue"


Le couple de l'année :
Gil Ra Im et Kim Ji Won (Secret Garden)

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Le baiser de l'année :

Coffee House : Le premier baiser entre Seo Eun Young et Lee Jin Soo, à la fin de l'épisode 8. Sous la pluie, dans une cabine téléphonique, une impulsion irréfléchie qui sonne juste et me fait complètement fondre devant mon petit écran (même au bout du dixième vingtième re-visionnage de ladite scène).

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La scène romantique de l'année :

Doctor Champ : J'ai déjà évoqué ces fameux lâchers de lanternes destinés à exaucer un souhait et la symbolique qu'ils ont pris dans ce drama. Je crois bien que tous les téléphages qui ont suivi Doctor Champ n'ont pu que sentir une chaleur particulière envahir leur coeur devant cette conclusion ouverte sur l'avenir. 

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LES PERSONNAGES

Un personnage principal masculin : Kim Joo Won, interprété par Hyun Bin (Secret Garden). Pour son narcissisme, ses maladresses, et la force et l'intensité de ses sentiments.

Un personnage principal féminin : Gu Miho, interprétée par Shin Min Ah (My girlfriend is a Gumiho). Pour sa fraîcheur, sa spontanéité, et ce mélange confus de douceur et d'exubérance.

Un vrai bad guy : Son Hyuk, interprété par Cha Seung Won (Athena). Oui, je sais, je n'ai pas encore regardé un seul épisode d'Athena... et alors ?

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LES ACTEURS

Celui dont je suis amoureuse : Kang Ji Hwan (Coffee House)

Celui qui aurait mérité d'être mieux exploité : Uhm Tae Woong (Doctor Champ)

Celui dont j'aimerais qu'il choisisse mieux ses projets : So Ji Sub (Road Number One)

Celle que j'aime toujours très fort : Ha Ji Won (Secret Garden)

Celle qui a été une confirmation après le coup de coeur dans IRIS, même si je n'ai pas aimé tous ses dramas de 2010 : Kim So Yeon (Prosecutor Princess, Doctor Champ)

L'apparition cameo qui m'a fait plaisir : Kim Seung Woo (Queen of Reversals)

Ma découverte eye-candy de l'année : Kim Jin Hoon (Joseon X-Files)

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LES SOUNDTRACK

Le top 3 des plus belles chansons de l'année :

3. That woman, par Baek Ji Young (Secret Garden)



2. Page One, par SG Wannabe & Ok Ju Hyun (Coffee House)



1. Fox Rain, par Lee Sun Hee (My girlfriend is a gumiho)


L'année aura donc été diversifiée et intéressante. Cependant, paradoxalement, s'il y eut finalement beaucoup de dramas plaisant à suivre, il y en a peut-être eu peu de véritablement marquants se détachant unanimement du lot. Certes, 2010 vit un gros succès d'audience et quelques buzz importants, mais je n'ai été très sensible ni à l'un, ni aux autres.

J'espère en tout cas que vous avez pris autant de plaisir que moi devant cette année téléphagique en Corée du Sud. En tout cas, les "mercredi asiatique" furent de loin les critiques les plus visitées sur ce blog, merci beaucoup !

Reste à souhaiter que 2011 soit aussi riche !