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26/09/2012

(K-Drama / Pilote) Nice Guy (The Innocent Man) : jeux de dupes et de trahisons

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Retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique, pour évoquer mes premières impressions sur une série qui vient tout juste de débuter : Nice Guy (aka No Such Thing As Nice Guys ou encore Innocent Man). C'est un drama que j'étais à la fois très curieuse de découvrir, mais aussi très méfiante. Si je dis rarement non par principe à un mélodrame de vengeance, il faut savoir que je ne suis encore à ce jour jamais parvenue au bout d'un drama de Lee Kyung Hee (et le traumatisme qu'a représenté pour moi A Love to Kill reste toujours vivace dans mon esprit - c'est un peu sa faute si j'ai bien failli abandonner les k-dramas avant même d'avoir commencé mon exploration).

Cependant il y avait une (bonne) raison pour laquelle je tenais à donner sa chance à Nice Guy : le trio d'acteurs rassemblés pour porter cette histoire à l'écran, et plus particulièrement la présence de Song Joong Ki. C'est ainsi que j'étais au rendez-vous pour ce drama qui a débuté le 12 septembre 2012 sur KBS2. Diffusé les mercredi et jeudi soir à 22h, il est pour le moment annoncé pour une durée de 20 épisodes. Au terme de ses quatre premières heures, le doute n'est pas levé pour savoir s'il saura tracer son chemin et maintenir son équilibre sur le fragile fil vengeresque du mélodrama qui est le sien, mais comme prévu, les acteurs sont au rendez-vous. Et si en plus on y retrouve la tension et le machiavélisme attendus, il n'y a pas de raison de ne pas en profiter.

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La vie de Ma Roo a basculé du jour au lendemain suite à une décision qu'il a prise pour celle qu'il aimait. Alors qu'il est un prometteur étudiant en médecine issu d'un milieu modeste, s'occupant dans le même temps de sa jeune demi-soeur à la santé fragile, il reçoit un soir l'appel catastrophé d'une de ses plus proches amies, Jae Hee, une journaliste qui, comme lui, espère faire carrière. Ma Roo débarque en pleine nuit dans une chambre d'hôtel en désordre pour découvrir une Jae Hee effondrée aux côtés du cadavre d'un homme. Devant la vision de la jeune femme choquée et bouleversée, il prend alors une décision qui va mettre un terme à la vie qu'il avait commencée à construire : il décide d'endosser la responsabilité du meurtre auprès de la police, et enjoint à Jae Hee de s'enfuir. Elle obtempère, le laissant seul à attendre les autorités.

Plusieurs années plus tard, après avoir purgé une peine de prison, Ma Roo a considérablement changé. Mais le choc n'en est pas moins grand lorsqu'il recroise Jae Hee dans un avion. Son ancienne amie est désormais la femme d'un puissant homme d'affaires avec qui elle a un enfant, mais aussi une belle-fille, Eun Gi, qui n'a que quelques années de moins qu'elle et avec laquelle elle est en concurrence. Cette dernière, marquée par le fait que sa mère ait été écartée, a été élevée pour devenir l'héritière du groupe. Femme d'affaires intense et peu portée sur les compromis, entièrement dévouée à la compagnie, elle entretient pourtant avec son père des rapports difficiles. Tandis que les relations entre Eun Gi et Jae Hee se dégradent, l'arrivée dans leur vie de Ma Roo, et des secrets venus du passé qui l'accompagnent, ajoute une nouvelle inconnue à l'équation complexe que représentent leurs luttes. 

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Ces débuts de Nice Guy s'apprécient par la fluidité de leur exécution, à la manière d'une partition aussi calibrée qu'ordonnée. L'introduction des différents personnages est bien menée car le drama fait le choix d'aller directement à l'essentiel, pour nous laisser entrapercevoir leur vraie nature, mais aussi les différentes facettes et les rôles que les situations ou les évènements vont faire endosser à ces protagonistes. Les premières minutes volontairement stéréotypées, empruntées à un drama médical, permettent ainsi de mesurer le contraste entre le Ma Roo d'alors, qui, outre son innocence et sa spontanéité, renvoie surtout l'image d'un jeune homme droit ayant foi en lui-même, et celui que l'on retrouve après le flashforward en prison. La distance qu'il a désormais acquise le rend presque inaccessible à une caméra qui scrute sans succès ce visage en apparence impassible, masquant ses émotions et cet ancien accès direct à son coeur comme autant de failles à bannir.

Le traitement des personnages féminins joue lui, non sur la transformation, mais sur une ambivalence qui s'inscrit dans un registre très proche. Pour Jae Hee, les conditions dans lesquelles elle fait le choix de sacrifier Ma Roo sur la scène de crime sont révélatrices : par-delà la panique et les larmes qui marquent son visage, le déchirement, s'il existe, n'en demeure pas moins accepté en conscience. Quant à Eun Gi, sa position exige qu'elle s'entoure d'une armure froide et énergique, sans s'embarrasser des formes. Son introduction, par l'"exécution" professionnelle, sans sourciller, d'un directeur de sa compagnie, symbolise parfaitement la businesswoman qu'elle entend, qu'elle doit incarner - pour survivre dans ce milieu. L'efficacité du pilote de Nice Guy tient à sa capacité d'offrir au téléspectateur une clé de compréhension et de multiples entrées pour chaque protagoniste, laissant deviner dans leur psychologie des dualités autrement plus complexes que ce qu'ils acceptent de dévoiler.

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Ce premier contact donne très bien le ton d'une série où, derrière le jeu des apparences et le vernis des rapports policés et civilisés, s'apprêtent à avoir lieu des luttes intenses et éprouvantes. Les épisodes suivants confirment le potentiel indéniable du trio central. Le ressort narratif principal repose sur les conflits ouverts, mais aussi les manipulations actées en coulisses. Le drama maîtrise à merveille la froideur des échanges, l'importance des non-dits, mais aussi les sous-entendus si perceptibles auxquels finissent par succéder quelques répliques assassines autrement plus directes. Cherchant à maintenir son rythme de narration, Nice Guy se révèle donc efficace dans un jeu de dupes où chacun avance ses pions, et ne laisse transparaître à son interlocuteur que ce qu'il souhaite. Par intermittence, est cependant perceptible le risque inhérent à l'exercice : celui qui serait d'en faire trop. La précarité de l'équilibre d'écriture se perçoit par moment, notamment dans la construction des cliffhangers (même si l'ensemble fonctionne assez bien pour le moment).

Cependant une seconde source de déséquilibre est d'emblée plus problématique : celle liée à la gestion maladroite de l'entourage du trio. Les personnages secondaires subissent en effet un traitement autrement plus aléatoire, et moins travaillé que les principaux. Si certains s'en sortent à peu près, comme le père de Eun Gi, par exemple, qui est plutôt convaincant dans son rôle de patriarche au coeur des jeux de pouvoirs, c'est tout l'opposé de l'utilisation de la soeur de Ma Roo. Cette dernière s'enferme dans un schéma vite répétitif, avec pour défaut de monopoliser de longues plages de temps (surtout dans les épisodes de la semaine dernière) qui n'ont aucune utilité, ni intérêt ou bien de réel lien direct avec l'histoire principale. La seule fonction de ce personnage semble être de lui greffer des micro-storylines qui viennent à l'occasion ajouter du pathos à un drama qui n'a pas besoin d'une dose supplémentaire. Ces maladresses seraient anecdotiques si elles ne venaient pas quelque peu casser le rythme des épisodes. A surveiller.

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Relativement solide sur le fond même s'il montre certaines limites, Nice Guy est en revanche franchement réussi sur la forme. La photographie est belle, la réalisation parfaitement maîtrisée, avec une mise en scène soignée, empruntant à un registre presque théâtral à l'occasion pour parvenir à si bien capturer l'intensité de certaines scènes de confrontation. Et quand le script qui l'accompagne est bon, cela donne donc des passages vraiment savoureux. De plus, la bande-son reste globalement utilisée à bon escient, sans excès, avec un thème instrumental récurrent appréciable.

Enfin, dernier atout et non des moindres, Nice Guy dispose d'un solide casting. Les acteurs ne peuvent pas tout faire, mais ne serait-ce que pour avoir l'opportunité d'apprécier leur jeu, ce drama mérite qu'on lui laisse sa chance. Song Joong Ki (Triple, Sungkyunkwan Scandal) m'avait impressionné l'an dernier dans les premiers épisodes de Tree With Deep Roots, où il avait magistralement interprété le jeune roi SeJong, il poursuit sur une même lancée. Il délivre ici une prestation assez fascinante, d'une intensité remarquable de nuances, ne nous laissant jamais complètement oublier que derrière sa façade de détermination distante, il reste toujours un écho vulnérable du jeune étudiant en médecine brièvement croisé au début. Face à lui, pour compléter ce trio, Moon Chae Won (The Painter of the Wind, It's Okay, Daddy's Girl, The Princess' Man) démontre une nouvelle fois qu'elle sait apporter une présence et une force rares à l'écran, tandis que Park Si Yeon (Coffee House), dans un rôle qui sur le papier n'est pas très éloignée de celui qu'elle tenait dans Story of a Man, démontre qu'elle maîtrise désormais très bien ce jeu des apparences et des machinations dans lequel son personnage semble exceller. On notera également les présences de Lee Kwang Soo, Lee Yoo Bi ou encore Kim Young Chul.

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Bilan : Dans un registre assumé de mélodrama de vengeance, les débuts de Nice Guy correspondent à ce que l'on pouvait légitimement en attendre. L'exécution est calibrée, mais globalement solide et fluide. Le potentiel de l'histoire réside dans la dualité et l'ambivalence des différents personnages, autant que dans les confrontations que leurs oppositions promettent. Cette partie est pour le moment la mieux maîtrisée, ce qui conforte dans l'idée que le drama devra faire attention à ne pas se disperser et bien se concentrer sur son enjeu principal. C'est un récit de trahisons, un jeu de dupes et de manipulations, qui nous sont annoncés : à suivre (et surveiller) !


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce du drama :


Une chanson de l'OST :

05/01/2011

(K-Drama / Pilote) It's Okay, Daddy's Girl : le dur apprentissage des réalités de la vie, entre désillusion et initiation


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Premier mercredi asiatique de 2011, c'est (encore) la rentrée. En Corée du Sud, les nouveaux dramas vont se succéder cette semaine. Cependant j'avoue que le programme ne suscite pas beaucoup d'enthousiasme chez moi a priori. Aucun projet n'a vraiment retenu mon attention. Sur le papier, je suppose qu'il y aurait peut-être eu My Princess, mais le simple fait de voir confier le rôle principal à Kim Tae Hee me décourage quelque peu d'emblée. Le sujet de Dream High et ses Idols ne me tente pas non plus particulièrement. Et Sign a l'air d'avoir été mal croisée avec un cop show occidental, ce qui me laisse un peu perplexe. Mais bon, comme c'est aussi quand je n'ai aucune attente qu'arrivent les surprises, sait-on jamais...

Cependant, avant de s'inquiéter pour 2011, aujourd'hui, revenons sur un drama un peu plus ancien, qui a débuté le 22 novembre dernier sur SBS et devrait s'achever à la mi-janvier dans une relative confidentialité : It's Okay, Daddy's Girl. Je reporte sa review depuis plusieurs semaines, ce qui n'est jamais très bon signe. Le pilote était catastrophique, mais je me suis entêtée. Finalement, les deux épisodes suivants ont éveillé mon intérêt pour une série qui semble plus s'apparenter à un de ces longs dramas familiaux de 50+ épisodes. Je ne sais donc toujours pas trop quoi en penser, mais peut-être ne faut-il pas non plus hâtivement lui reprocher tous les maux à cause de son entame.

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It's Okay, Daddy's Girl va progressivement investir un registre choral, gagnant en intérêt au fil de l'affirmation de ses personnages confrontés aux dures épreuves de la vie. Pour poser le cadre des intéractions entre ces protagonistes très divers, la série va mettre en scène plusieurs familles (4), issues de milieux différents, s'intéressant plus particulièrement aux relations existant entre les parents et leurs jeunes adultes d'enfants. L'extrême dysfonctionnalité de certaines tranche avec le relatif angélisme de la famille principale où la figure patriarcale, Eun Ki Hwan, fait figure de modèle. La phrase rassurante du titre du drama s'applique à ses deux filles, mais c'est surtout la plus jeune, Chae Ryung, qui attire toutes les attentions. Cette dernière revient d'études à l'étranger qui ne lui ont manifestement toujours pas fait comprendre le sens des réalités Se réfugiant dans son monde doré sous l'aile protectrice d'un père qui la considère comme la prunelle de ses yeux, elle n'hésite pas à profiter de cette affection pour obtenir tous ses caprices.

Mais cet univers, où les parents pensent mariage arrangé tandis que les enfants continuent de faire preuve d'une relative insouciance dans laquelle ils se complaisent sans arrière-pensée - , va voir son apparence si bien policée se fissurer à mesure que la série progresse. En effet, les sentiments amoureux de certains, la cupidité d'autres, ou encore cette arrogance chargée d'impunité, vont provoquer un enchaînement d'évènements conduisant à un drame, la mort d'un jeune homme. La veille, ce dernier avait harcelé Chae Ryung en boîte de nuit, avant de subir les foudres du père de cette dernière, arrivé en sauveur. Leur bagarre a-t-elle occasionné le coup fatal ? Les certitudes de la famille Eun vont-elles se diluer dans un procès où ce père idéalisé serait jugé pour homicide involontaire ? Ce qu'ils ne savent pas, c'est que le jeune homme avait été embauché pour effrayer Chae Ryung par un des propres amis de la jeune femme... qui ne semble pas avoir non plus conscience de ce qu'est la vie humaine, habitué à se sentir intouchable.

It's Okay, Daddy's Girl va s'attacher aux conséquences de ce drame initial, s'intéressant à la manière dont ces quatre familles - de celle de l'accusé initial jusqu'à celle du coupable, en passant par celle la victime - que les évènements relient, vont y faire face. Investissant une dimension plus dramatique et humaine, c'est une face autrement plus sombre qui se révèle peu à peu.

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Comme je l'ai déjà évoqué, It's Okay, Daddy's Girl avait très mal commencé. Non seulement l'introduction fut poussive, les personnages plats, tout semblant excessivement prévisible et sans saveur, mais il est aussi rapidement apparu que j'allais avoir un problème avec la figure centrale que la série était sensée voir grandir. En bien des points, il faut dire que Chae Ryung est la caricature de l'héroïne ingénue et superficielle dont les débuts de séries sud-coréennes sont surpeuplés et qui mettent parfois nos nerfs à rude épreuve. C'est un ressenti fatalement très subjectif, mais ses enfantillages me l'ont rapidement rendue vraiment insupportable. Si bien qu'au bout d'un épisode et demi, je cédais déjà à la tentation de quelques avances rapide pour ne pas anéantir ma motivation de poursuivre l'exploration de ce drama. Ce qui n'est jamais bon signe.

En fait, le problème principal tient surtout à la manière dont le pilote sur-exploite cette dimension de jeune femme excessivement enfantine et gâtée. En effet, faisant preuve d'une excessive neutralité dans sa tonalité - ni drame, ni comédie, simplement une introduction des différentes situations - (ce qui me ferait presque me demander si les scénaristes savaient où ils allaient lorsqu'ils l'ont écrit), il ne prend pas la peine d'essayer d'investir un registre un peu plus décalé. Il n'y a pas la moindre touche de folie ou prise de distance qui aurait permis d'évacuer la frustration que certains des comportements de Chae Ryung font naître. Et face à cette exposition purement académique, au final assez fade, l'agacement s'accumule rapidement. Certes, je sais pertinemment que nous allons assister à la maturation du personnage - c'est d'ailleurs tout l'enjeu de la série - et qu'il est fort probable qu'elle gagne progressivement en épaisseur, comme en humanité. Mais l'impression première renvoie l'idée que les bases de la série n'étaient absolument pas maîtrisées narrativement.

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Après cette entrée en matière qui aurait donc pu figurer dans la catégorie du pire pilote de l'année dans mon bilan de l'année 2010 en Corée du Sud (si la catégorie avait existé), j'ai cependant décidé d'appliquer jusqu'au bout la maxime selon laquelle "il est impossible de juger un k-drama sur son seul pilote". D'autant que ce premier épisode laissait quand même entrevoir quelques ingrédients et des codes scénaristiques qui pouvaient poser des thématiques pas inintéressantes dès lors que l'obsession du mariage dans les familles représentées passerait un peu au second plan. Et finalement, It's Okay, Daddy's Girl m'a surprise. Je ne vais aller jusqu'à dire que il y a eu un coup de foudre à retardement, mais disons que si je m'y suis prise à trois fois (!) pour parvenir au bout du pilote, j'ai ensuite enchaîné les deux autres épisodes suivants quasiment dans la foulée, avec un intérêt commençant à poindre (et, certes, une poignée d'avances rapide pour sauter quelques unes des répliques répétitives de Chae Ryung, qui est heureusement moins omniprésente que dans la première heure de la fiction).

Parce qu'après avoir proposé un premier épisode d'une platitude confondante dans lequel le drama semblait ne pas savoir quelle voie suivre, It's Okay, Daddy's Girl a finalement opté pour le mélodrama. Ce n'est pas l'amour, mais le thème de la famille qui va retenir son attention. Mine de rien, ce sont les bases d'un drama choral qui sont posées. Sont introduites quatre cellules familiales presque opposées dans leurs dynamiques, comme dans les milieux dont elles relèvent. La série va s'intéresser plus particulièrement aux intéractions des jeunes adultes - qui sont ses personnages principaux - avec leurs parents. Les actions des uns et des autres entraînent des réactions en chaîne qui vont conduire jusqu'au drame qui sert finalement de déclencheur. A partir de là, les portraits commencent alors à se nuancer, les masques tombent. Les apparences volent en éclat. Chacun semble défini par les rapports qu'il entretient avec le reste de sa famille, qu'il s'inscrive en rupture ou dans une prudente continuité.

Au sein de ces relations tumultueuses que fondent les liens du sang, la série se révèle finalement d'une violence psychologique inattendue dans les oppositions qu'elle met en scène. Devant l'avidité des uns, l'intransigeance des autres et ces attitudes autodestructices, l'innocence devient presque un défaut à corriger... Dans toute cette galerie de personnages progressivement caractérisés, ce qui marque, c'est désormais une noirceur humaine qui peu à peu permet d'introduire une dimension émotionnelle. Après avoir débuté sous des apparences sirupeuses et clinquantes faussement idylliques, It's Okay, Daddy's Girl ajuste sa tonalité pour se révéler dans un registre autrement plus dramatique et plus noir. L'évolution est salvatrice. Le drama manque encore certes de personnages s'étant vraiment imposés (paradoxalement, le seul protagoniste ayant suscité un début d'intérêt de ma part fut celui dont la mort allait être le catalyseur narratif attendu), sa narration demeure brouillonne, mais ses thèmes retiennent désormais l'attention.

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Sur la forme, It's Okay, Daddy's Girl fait dans le classique. Une réalisation assez figée, peu de travail dans la photographie, la priorité n'est manifestement pas dans le visuel qui n'apporte pas de valeur ajoutée particulière. L'OST se révèle par contre plus en harmonie avec la tonalité qu'acquiert progressivement le drama. Sans être très marquantes, les chansons sont des ballades plutôt plaisantes à écouter et ajoutent leur petite touche mélodramatique à certains passages.

Enfin, le casting est globalement homogène mais pas forcément des plus solides. Au début, il leur manque aussi la matière pour leur permettre de s'exprimer. Si j'ai détesté Chae Ryung, il faut préciser que cela n'a rien à voir avec l'actrice Moon Chae Won (The Painter of the Wind, Take care of the young lady, Shining Inheritance) qui l'interprète. Cette dernière agit suivant la volonté des scénaristes et il est probable que, à mesure que son personnage à travers les épreuves de la vie, elle s'impose également à l'écran de façon très honnête. L'aspect choral du drama restreint également un peu le temps d'antenne de chacun, si bien que c'est au bout de trois épisodes que tout le monde commence à bien trouver ses marques. Parmi les têtes d'affiche, au-delà de Jun Tae Soo qui occupait un rôle secondaire à l'automne dans Sungkyunkwan Scandal (et qui est accessoirement le frère de Ha Ji Won pour les curieux amateurs d'anecdotes), on retrouve dans l'ensemble un certain nombre d'acteurs assez inexpérimentés : Lee Hee Jin, Choi Jin Hyuk, Lee Dong Hae ou Kang Sung.

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Bilan : It's Okay, Daddy's Girl révèle un certain potentiel dramatique dans l'exploration des rapports au sein de la famille qu'il s'attache à mettre en scène, mais son propos se perd quelque peu dans les maladresses de sa narration et les poncifs auxquels le drama cède trop facilement. L'ensemble manque de relief, mais la dimension sombre dans laquelle la série se glisse progressivement, avec une tonalité finalement extrêmement désillusionnée qui tranche avec le clinquant insouciant des débuts, indique qu'il y a peut-être un potentiel à exploiter. A condition que la série poursuive dans ce registre mêlant dynamiques désabusée et initiatique. 


NOTE : 4,75/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :