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23/02/2011

(K-Drama / Pilote) President : la bataille pour la Maison-Bleue sera sans pitié


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Il ne sera pas dit que l'on peut passer tout un mois sur My Télé is Rich ! sans retourner en Corée du Sud, et c'est donc au pays du Matin Calme que nous entraîne ce dernier mercredi asiatique de février. Après plusieurs semaines désertiques, enfin, il y a eu une étincelle dans mes programmes sud-coréens ! Ou plutôt, une satisfaction personnelle tout d'abord : j'ai mis la main sur des sous-titres anglais de qualité pour apprécier les premiers épisodes d'un drama sur lequel je voulais jeter un oeil depuis plusieurs mois et que j'avais presque fini par oublier : President. Et cerise sur le gâteau : j'ai aimé (la série) !

Diffusé sur KBS2 depuis le 15 décembre 2010, ce drama s'achèvera demain soir en Corée du Sud, au terme de 20 épisodes, dans une relative confidentialité. Car parmi les séries politiques de ces derniers mois, c'est la calibrée Daemul qui s'est envolée vers les sommets, tandis que President n'a jamais pu ne serait-ce que frôler des taux d'audience à deux chiffres. Sauf qu'il m'avait fallu trois fois pour parvenir laborieusement au bout du pilote excessivement brouillon de Daemul, et qu'on a beau depuis m'en vanter les supposés mérites par la suite, honnêtement, je n'ai pas trouvé la motivation pour poursuivre cette expérience peu concluante. A l'opposé, ce week-end, une fois le premier épisode de President lancé, je n'ai plus pu décoller de mon petit écran avant d'avoir fini le... troisième épisode.

Certes les amateurs de romances ou encore de comédies légères passeront sans doute leur chemin sans regret, mais pour le moment, ce cocktail accrocheur et pimenté entre dynamiques politique et familial se révèle franchement très addictif.

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President (프레지던트) nous plonge dans les tumultes d'une vie politique sud-coréenne qui s'agite à l'approche de la future élection présidentielle. [Parenthèse constitutionnelle : La Corée du Sud un régime présidentiel, dans lequel le président est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans non renouvelable.] Au sein du parti au pouvoir (The New Wave Party), les ambitions de chacun s'affirment. De l'héritier présomptif, Premier Ministre à l'image policée, au jeune parlementaire ambitieux qui entend bien ne pas patienter et est prêt à brûler les étapes pour arriver au sommet, les primaires vont déjà offrir une première manche d'opposition très musclée, d'où un seul prétendant pourra émerger. Après avoir un temps hésité, appuyé par une épouse tout autant ambitieuse, Jang Il Joon décide de se lancer dans la bataille électorale, à quelques mois de la date fatidique des primaires, dans l'espoir d'obtenir l'investiture du Parti de la Nouvelle Vague.

Parallèlement, le jour-même de son annonce de candidature, dans une petite île éloignée de toutes ces préoccupations, une explosion de gaz, a priori accidentelle, dans une vieille maison, tue son habitante, tandis que son fils en réchappe de peu. Ce dernier, Yoo Min Ki, est un jeune réalisateur de documentaire travaillant à Séoul. Quelques jours après, encore sous le choc, alors qu'il reprend difficilement le travail, il est sollicité directement par l'équipe de campagne de Jang Il Joon : lui est offerte la possibilité de venir filmer un documentaire sur les coulisses de la campagne, avec des conditions d'accès particulièrement avantageuses. Peu politisé et guère intéressé par ces sujets, Min Ki reste un temps sceptique devant cette proposition dorée, n'en comprenant pas la raison.

Mais sa première rencontre avec Jang Il Joon va l'éclairer de la plus surprenante des manières et lui donner la clé manquante : ayant appris le décès de sa mère, le politicien lui révèle être ce père biologique absent dont elle avait toujours tu le nom, emportant son secret dans sa tombe. Peu disposé à l'égard de cette soudaine figure paternelle imposée dont il doute des réelles motivations, Min Ki va cependant essayer d'apprendre à le connaître, rapidement conscient de la puissance de nuisance dont il dispose. La révélation de l'existence d'un fils illégitime causerait en effet un scandale suffisant pour anéantir toute chance électorale. Mais quel est donc le degré de sincérité de Jang Il Joon ? Qui manipule qui dans ces jeux politiciens où les pions sont si facilement sacrifiables et sacrifiés ?

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L'attrait de President réside tout d'abord dans sa capacité à mêler et alterner habilement les deux grandes thématiques que la série investit, entre tumultes politiques et soubresauts familiaux. Deux thèmes au sein desquels le drama va introduire un même parfum de compromis et d'ambiguïté qui se révèle très accrocheur.

Le récit débute chronologiquement avec l'annonce par Jang Il Joon de son intention de briguer l'investiture de son parti, ouvrant la première étape de cette quête vers la Maison-Bleue : les primaires. Si la série se montre naturellement plus versée dans l'éclairage des rouages des basses oeuvres de la politique politicienne que dans le débat d'idées, un des aspects à mettre à son crédit sera incontestablement sa capacité à installer une tonalité chargée d'ambivalences. Portée par des protagonistes aux priorités équivoques, par rapport auxquels il est parfois difficile de se positionner pour le téléspectateur, la série n'est absolument pas manichéenne. Tout en dressant un portrait de ce milieu éloigné de tout idéalisme, elle ne tombe pourtant pas dans un excès désillusionné inverse. Notons que c'est faire preuve d'une maturité narrative à saluer que de savoir éviter cet écueil sur lequel tant d'autres séries politiques se sont échouées : President ne propose pas le récit de l'ascension d'une figure soi-disant providentielle. Conservant une distance opportune avec son sujet, c'est avant tout à une prenante quête du pouvoir que ce drama nous convie.

En effet, President apparaît surtout comme une série sur l'ambition. L'idée principale qui semble guider les scénaristes reste celle-ci : la politique est un combat, de conceptions du pouvoir autant que de personnes. C'est sur cette dimension que le drama appuie en s'attachant à dévoiler, sans complaisance aucune, la mécanique impitoyable de ces jeux de politique politicienne. Jang Il Joon aura beau se draper dans un étendard de probité qu'il porte haut, et qu'il respecte sur certains points par la grâce d'une morale à géométrie variable, le téléspectateur ne se départira jamais d'une certaine réserve à son égard, se demandant surtout si l'éthique à vraiment quelque chose à voir avec son refus de certaines compromissions. N'est-ce pas plutôt un prudent instinct de survie qui lui fera chercher à préserver le futur de ses ambitions ? Car quand les portes de la salle de stratégie se referment, face à la réalité des sondages, la fin justifiera toujours les moyens. Et il n'aura pas d'hésitation à user de toutes les armes dont il dispose... 

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Au-delà de son immersion dans ce cambouis politique, President va ainsi capter l'attention du téléspectateur par la complexité de ses personnages, transposant cette sourde ambiguïté jusque dans leurs rapports, même familiaux. Cette dimension humaine, que le drama n'oublie pas de soigner, permet de ne jamais dépersonnaliser ou déshumaniser ces jeux de pouvoir, offrant ainsi un pendant concret aux problématiques politiques. Cela permet de s'assurer de la fidélité d'un téléspectateur qui, sans forcément aimer instantanément les personnages, se sent rapidement impliqué dans le sort de chacun. Si President ne renie pas une influence proche parfois de la dynamique de certains soaps, elle évite pour le moment habilement d'en faire trop, tout en se ménageant des possibilités d'évolution familières (la fille aînée opportunément "adoptée", par exemple). Dans le même temps, la série intrigue par des protagonistes dont les personnalités semblent continuellement se complexifier.

Que penser de la facilité avec laquelle Jang Il Joon décide exposer son fils (légitime) à une humiliation, forme de punition qu'il a certes bien cherché, mais qui surtout permet à son père de récupérer politiquement l'affaire ? Comment interpréter le geste fait à l'égard de Min Ki ? La révélation spontanée laisse le téléspectateur songeur, tout comme l'explication sybilline donnée ("tout fils a droit de connaître son père"). A l'image du jeune homme, le téléspectateur ne peut qu'être troublé devant la coïncidence entre la mort de sa mère et l'annonce de candidature de ce père biologique qui aurait tout à perdre dans ces révélations. Pour autant, c'est bien Jang Il Joon qui a pris lui-même l'initiative de dévoiler la vérité à un fils caché qui ignorait tout. A l'instar des autres personnages, Min Ki prend rapidement la mesure de ce milieu teinté de faux-semblants où les rapports de force semblent la seule vérité. Si bien qu'à son tour, il délaisse sa relative naïveté initiale, se mettant au diapason d'un ensemble assurément très pimenté. 

De façon plus générale, President esquisse des rapports familiaux particulièrement ambivalents, qui vont rester difficiles à cerner. Certes la cellule familiale demeure fondamentale. Mais derrière une apparence faussement unie, chacun semble tiraillé par son propre sens de la grandeur et sa conception personnelle de la famille, à l'image de Jo So Hee, épouse et mère impliquée, décidée à atteindre les sommets tout en protégeant les êtres qui lui sont chers. Héritière d'un grand groupe industriel, c'est pour elle que Jang Il Joon a oublié, le temps d'un séjour en Europe, cette jeune femme simple perdue sur son île, enceinte de ses oeuvres. So Hee n'a pas une fonction de faire-valoir : elle est autant une alliée de poids, qu'un possible point faible, ses actions, moins réfléchies, pouvant se révéler dangereuses. Reste que sa priorité familiale apparaît sincère, face un époux tout à ses rêves présidentiels. Fragilisée par la campagne électorale, l'introduction (pour l'instant secrète) de Min Ki risque bien de déstabiliser un peu plus une famille plus fragile que l'image renvoyée.

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Sur la forme, President s'avère plutôt soigné et assez plaisant. La réalisation est dynamique, à l'image du rythme d'ensemble de la série. On ressent une volonté manifeste de bien faire qui est agréable. Cependant ces efforts n'échappent malheureusement pas à la tentation de trop en faire, notamment relativement à la bande-son. En effet, c'est un recours constant à la musique que propose ce drama, entre divers accompagnements instrumentaux et autre ces petits thèmes au piano - à l'écoute certes plaisante -, qui finit par banaliser cette utilisation. Quasiment aucune scène ne va se dérouler sans une touche musicale, plus ou moins envahissante, en arrière-plan sonore. Comme la série est peu contemplative et jamais figée, on échappe à l'impression clipesque que donnent certains k-dramas. Mais, même si cela ne gêne pas le récit, cette débauche musicale apparaît un peu excessive.

Enfin, le casting laisse une impression d'ensemble globalement satisfaisante, confirmant l'appréciation positive que l'on ressent à l'égard de la galerie de personnages rapidement identifiables. Choi Soo Jong (Emperor of the Sea), que j'avais déjà trouvé convaincant l'été dernier dans Comrades, incarne à merveille ce politicien charismatique qui, derrière des principes de moralité affichés, ne manque pas d'ambiguïté. Ha Hee Ra (Catch a Kang Nam Mother, Give me food), son épouse à la ville comme à l'écran, offre un pendant parfait pour compléter ce couple ambitieux, collaboratrice active aux projets de son mari. Pour incarner leurs enfants, Wang Ji Hye (Personal Preference), en fille aînée responsable, trouve rapidement ses marques, tandis que Sung Min (du groupe Super Junior) reste pour l'instant cantonné à quelques brèves apparitions. Vous savez que j'ai toujours un peu tendance à me méfier des chanteurs devenant acteurs surtout dans leurs premiers dramas ; mais pour incarner le fils illégitime, j'avoue avoir été agréablement surprise par la prestation de Jay Kim (du groupe Trax). En plus d'être plus que charmant (c'est le moment de vous confesser mon léger crush), j'ai trouvé qu'il délivrait une performance d'ensemble globalement solide. Quant aux rôles secondaires globalement plutôt bien travaillés - ce qui est appréciable -, signalons notamment la présence de Kang Shin Il (Call of the country), Im Ji Eun (The Painter of the wind), Lee Doo Il (Chosun Police 3) ou encore Kim Heung Soo (Invicible Lee Pyung Kang). 

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Bilan : President est un drama rythmé et accrocheur, qui trouve rapidement le juste équilibre entre politique et famille, sachant pleinement exploiter tous les ressorts émotifs et dramatiques, teintés d'un machiavélisme de circonstance, que ces thématiques permettent. Nous plongeant dans une arène politique qu'elle dépeint sans complaisance, la série fait preuve d'une maturité narrative louable pour intéresser le téléspectateur à ces jeux de pouvoir. Elle évite aussi bien la déshumanisation de ce versant aride de politique politicienne que la facilité qu'aurait offerte la mise en scène d'une supposée figure providentielle. Se construisant autour de personnages ambivalents, souvent intriguants, et dont le sort ne nous est pas indifférent, President se révèle un drama efficace, calibré mais atypique par son thème, qui sait donner envie de s'y investir.


NOTE : 7/10


Une bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :

16/02/2011

(HK-Drama / Pilote) 7 Days in Life : mise en quarantaine animée pour une comédie humaine pimentée

 

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Un mercredi asiatique un peu spécial aujourd'hui. C'est vers de nouvelles contrées que m'ont conduite mes explorations téléphagiques de la semaine. Ce billet marque donc une étape supplémentaire dans le tour d'Asie de My Télé is Rich : après la Corée du Sud, le Japon, Taiwan et la Chine, voici donc l'arrivée de séries en provenance de... Hong Kong ! Qu'il ait fallu attendre plus d'un an de rendez-vous asiatiques hebdomadaires avant d'aborder les hk-dramas peut sembler assez étonnant. Car même si je les surveille peu et si je ne me tourne pas forcément vers eux par réflexe, je me suis lancée très tôt dans ce petit écran, il y a déjà 4/5 ans. J'avoue que jusqu'à présent, il n'y a jamais eu de véritables coups de foudre et cela dépasse rarement le stade de la curiosité téléphagique. Mais je teste quand même toujours une poignée de pilotes chaque année.

En fait, si on devait résumer ma relation avec la télévision de Hong Kong, je dirais qu'elle est assez biaisée. J'ai l'impression d'avoir surtout touché à deux grands types de séries : les cop show (qui semblent quand même globalement très très appréciés là-bas) d'une part et les historiques d'autre part. Concernant le premier genre, le dernier hk-pilote que j'avais vu en 2010 était un rip-off peu convaincant de Lie to me, du nom de Every Move You Make. En revanche, j'avais mieux apprécié le dernier historique, datant lui de 2009, Rosy Business. Certes, vous allez m'objecter que ce genre me ferait m'installer devant les télévisions de la plupart des pays du monde (ce en quoi vous n'auriez peut-être pas tout à fait tort). Reste qu'à côté, je n'avais pas trouvé de séries contemporaines me donnant vraiment envie de m'y investir.

Et si je vous parle aujourd'hui de 7 Days in Life pour inaugurer cette nouvelle télévision, vous vous en doutez, c'est que ce week-end, il semblerait qu'un hk-drama moderne ait enfin réussi à retenir mon intérêt. Peut-être aussi parce que, pour une fois, j'ai eu la bonne idée de choisir une série qui n'était pas un simple cop show.

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7 Days in Life est une comédie - voire une dramédie - qui est actuellement diffusée du lundi au vendredi sur la chaîne TVB Jade, et ce depuis le 24 janvier 2011. Elle devrait comprendre en tout 20 épisodes. Si la thématique est classique, cette série trouve son inspiration dans un fait divers ayant eu lieu en mai 2009 : la découverte du premier cas d'une personne porteur du virus H1N1 à Hong Kong avait en effet entraîné la mise en quarantaine de l'hôtel où elle séjournait, l'immeuble et ses occupants ayant été coupés du monde pendant sept jours. C'est évidemment dans ce confinement forcé, huis clos bariolé réunissant des personnes qui n'auraient a priori rien de commun, que réside l'attrait du concept sur lequel repose 7 Days in Life.

Jouant sur un convaincant registre choral que lui permet une telle base, le drama profite du premier épisode pour nous introduire ses principaux protagonistes, nous présentant les raisons diverses qui vont les amener à franchir les portes du si bien nommé Wonderful (!) Hotel. Mêlant les styles, la série s'ouvre tout d'abord sur un faux air de policier, avec le personnage de Chiu Chin-lung, un officier doué mais très forte tête. Le kidnapping d'un enfant pour obtenir une rançon confortable de la part du père va ainsi servir de premier fil rouge. L'enchaînement des circonstances aidant, kidnappeur et policier se retrouvent finalement l'un et l'autre coincés dans ce fameux hôtel. Par ailleurs, une importante exposition de bijoux a également attiré sur place joailliers fortunés et... voleurs forts bien renseignés. En duo de choc efficace, Calvin Yik Cho-on et Christy Wang Ka-yu forment un couple d'escrocs de haut vol à la recherche d'un superbe diamant faisant partie de l'exposition.

C'est au final une galerie extrêmement bigarrée de personnages très divers que l'on croise dans cet hôtel, permettant d'offrir au drama une assise humaine des plus riches, leurs différences promettant de pimenter ce confinement prolongé. D'autant que chacun semble aussi tenir à sa vie privée, cultivant un certain secret autour de ses véritables motivations, de la jeune journaliste qui aspire à être reconnue à la prostituée, en passant par le vieux couple dont le mari professeur souffre de la maladie d'Alzheimer, ou encore la top-model.

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Si les premiers épisodes de 7 Days in Life retiennent aisément l'attention du téléspectateur, ils le doivent tout d'abord à la tonalité adoptée. Derrière la pointe de suspense qu'occasionnent certaines intrigues comme l'organisation du vol ou encore le soupçon d'enquête policière lié au kidnapping, ce drama s'impose surtout comme une comédie capitalisant et exploitant pleinement une ambiance aux accents vaudevillesques très entraînants. Portée par une légèreté rythmée parfaitement calibrée, la narration, extrêmement dynamique, permet de passer sans transition d'une storyline à l'autre, cernant tous les protagonistes et les enjeux divers qui vont finalement se trouver rassemblés dans cet hôtel. Investissant un registre plutôt décalé qui confine parfois à l'absurde, mais sans jamais trop en faire, la série n'hésite pas à manier un burlesque de circonstances, accompagné de mises en scène promptes aux qui pro quos et à certains running-gags. Ainsi lancé, le récit va rapidement trouver son équilbre en développant en parallèle une intéressante exploitation de sa dimension humaine.

Série chorale, 7 Days in Life bénéficie en effet d'une diversité de protagonistes dotés de personnalités affirmées, dont elle va esquisser des portrait hauts en couleurs. Elle va évidemment prendre un malin plaisir à jouer sur les clash inhérents à la promiscuité créée par la mise en quarantaine (et orchestrée jusque dans les chambres qui doivent être partagées), mais elle s'assure aussi de pimenter le tout en saupoudrant l'ensemble de méfiance et soupçons (justifiés), chacun s'attachant à dissimuler ses véritables objectifs. S'ils ne sont jamais loin de stéréotypes familiers (du kidnappeur confusément gaffeur - le plus improbable qui soit - jusqu'au voleur ambivalent et mystérieux), la dynamique globale fonctionne bien. Car non seulement elle permet de jouer sur un registre humoristique léger et plaisant, mais elle s'assure aussi de toucher une dimension plus affective : l'air de rien, le téléspectateur se surprend à s'attacher à ces personnages, ou du moins à s'intéresser sincèrement à leur sort. Si bien que 7 Days in Life apparaît comme un divertissement assez homogène et dans l'ensemble maîtrisé.

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Bénéficiant d'une dynamique entraînante sur le fond, la série ne ménage pas ses efforts pour essayer de retranscrire cette ambiance sur la forme. C'est ainsi que sa réalisation n'hésite pas à verser dans quelques effets de style, décalés mais pas inappropriés, telles des mini avances rapides permettant d'accentuer le burlesque de certaines scènes. De plus, la bande-son joue également son rôle pour entretenir cette tonalité : des petites musiques légères rythment en effet les différents passages, s'insérant parfaitement dans la narration. Globalement, cela permet au drama de renvoyer une impression de fraîcheur agréable à suivre.

Enfin, 7 Days in Life dispose d'un casting globalement solide qui comporte quelques têtes d'affiche du petit écran de Hong Kong. Steven Ma (Where the Legend begins, Steps) incarne ainsi un voleur de charme, efficacement secondé par une Sonija Kwok (Where the Legend begins, D.I.E., The Conquest) toute en charme. Tandis que Bosco Wong (Devil's Disciples, Every Move You Make) retrouve un rôle de policier au fort caractère qui lui va bien. A leurs côtés, on croise notamment Patrick Tang (The King of Snooker), Koni Lui, Yuen Wah, Joyce Cheng (Off Pedder) ou encore Mimi Lo.

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Bilan : Ses débuts l'imposant comme un divertissement grand public, 7 Days in Life apparaît, sous ses airs pimentés de vaudeville made in Hong Kong, comme une comédie très humaine, à la fois piquante et attachante. Son rythme de narration, volatile et rythmé, se révèle des plus plaisants à suivre, lui permettant de pleinement exploiter une dimension chorale prometteuse, mise en valeur par la diversité des protagonistes que l'on y croise. Et si on pourra sans doute lui reprocher quelques inégalités dans la narration (notamment en raison d'une tendance à introduire certains flash-backs à partir de l'épisode 2), globalement, le cocktail s'avère être assez détonnant, porté par une forme d'enthousiasme communicatif auquel le téléspectateur reste difficilement insensible.


NOTE : 6/10


Une présentation de la série :

09/02/2011

(J-Drama) Densha Otoko : un attachant conte de fées moderne

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Un mercredi asiatique un peu spécial aujourd'hui. Comme vous avez dû vous en rendre compte, au vu du rythme de publication très light sur le blog ces derniers jours, le travail a malheureusement rattrapé mon temps libre. Rien d'irrémédiable, mais n'ayant pas eu le temps de consacrer une seule soirée à visionner des séries au cours de la dernière semaine et demie (et n'ayant vu en tout et pour tout qu'un épisode de Being Human au cours des 10 derniers jours), vous comprendrez que l'exercice de rédaction de review se révèle quelque peu compliqué ! Si mes perspectives de temps libre risquent de ne pas s'arranger avant la fin du mois, je vais cependant tâcher de maintenir un rythme de publication, fut-il modeste, en attendant mieux.

Et, comme j'avais déjà pu le faire à quelques reprises l'an passé, lorsque je n'ai pas eu le temps de découvrir de nouveautés, ce mercredi asiatique devient l'occasion de revenir sur mes premiers pas téléphagiques dans les petits écrans de cet autre continent. Premiers pas téléphagiques qui s'effectuèrent au Japon. Parmi ces dramas qui ont posé quelque peu les bases de ce voyage asiatique, figure ainsi celui que je vais évoquer aujourd'hui : Densha Otoko.

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Diffusé sur Fuji TV en 2005, Densha Otoko ("L'homme du train") est l'adaptation d'un best-steller, lui-même inspiré d'une histoire vraie. La série va nous faire suivre les chamboulements que va connaître la vie de Yamada Tsuyoshi, un jeune homme célibataire, extrêmement maladroit socialement, plus souvent brimé qu'épanoui. Véritable otaku qui préfère se réfugier dans sa passion pour l'univers de l'animation, les relations humaines n'ont pour lui rien d'évident. Or, un jour, en rentrant par le train, il défend une belle jeune femme, Aoyama Saori, qu'un ivrogne importunait. Troublé et conquis par le bref échange que cela occasionna entre eux - et qui se conclut par un échange de coordonnées -, Tsuyoshi décide de prendre les choses en main : comment conquérir celle qui est sans conteste la femme de ses rêves ? C'est vers la communauté virtuelle qu'il fréquente qu'il va se tourner pour glaner quelques précieux conseils.

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Jouissant d'une solide réputation - sans doute avant tout liée à cette magie qu'il semble faire naître sous nos yeux -, Densha Otoko reste un drama culte qui, à sa manière, ne pourra pas laisser indifférent le téléspectateur. L'histoire apparaît somme toute classique - une rencontre entre deux êtres que tout sépare a priori -, difficile pourtant de ne pas conserver une profonde tendresse pour cette sorte d'adaptation moderne de conte de fées. L'association des deux personnages principaux saura toujours conserver ce côté atypique qui permet de ne pas avoir l'impression d'une énième redite, mais plutôt d'une ré-appropriation personnelle des codes du genre. Le drama est doté d'une écriture à part, soignant une forme de paradoxe où se ressent un côté presque déconnecté (suis-je dans un rêve?), tout en sachant pourtant traiter de thèmes qui auront rarement paru aussi solides et concrets. Densha Otoko dégage une impression quelque peu irréelle, mais particulièrement rafraîchissante.

Romance aux faux airs d'une Belle & la Bête modernisée, le drama sait parfaitement jouer sur tous les tableaux, tant amoureux que comiques, permettant une alternance de tons des plus intéressantes. Mêlant habilement un humour qui n'hésite pas à verser dans le burlesque et une dimension sentimentale très émotionnelle, la série capitalise en réalité sur une humanité qui surprend et revigore un téléspectateur rapidement conquis, d'autant que le drama bénéficie d'une galerie de personnages hauts en couleur. L'aspect le plus original de Densha Otoko réside sans doute dans la mise en scène de l'univers des otakus qu'elle propose, surtout à travers la petite communauté virtuelle qui entoure le héros. La série croque avec délice - et une pointe de gentille caricature - les traits d'une bande d'internautes aux liens presque plus unis que ceux qu'ils peuvent nouer IRL. Ce côté extrêmement bigarrée a le mérite de sonner très authentique ; et de permettre une exploitation de ce média de manière moins artificielle qu'une série comme Sunao Ni Narenakute l'an dernier (avec twitter).

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Pour autant, ce qui fait la vraie force de ce drama et qui explique à mon sens tant sa réputation, que le fait qu'il ait pu réunir des téléspectateurs aux goûts très différents, qu'ils viennent pour la comédie, la romance ou pour un mélange de l'ensemble, c'est ce parfum d'espoir qui sous-tend l'ensemble. Car au-delà de la douce incrédulité que ressent le téléspectateur devant la témérité diffuse que représente le fait de seulement envisager l'histoire qui nous est relatée, Densha Otoko est une de ces séries que l'on aime à chérir parce qu'elles se proposent d'ouvrir des portes que l'on croyait définitivement refermées et qui vont donner le courage de poursuivre des rêves que l'on pensait inaccessibles. Un instant, tout paraît pouvoir devenir possible. Comme un conte de fées. On se laisse emporter en se murmurant intérieurement, "et pourquoi pas ?".

Sur la forme, il convient de s'arrêter sur l'OST, car ce sont les musiques qui m'ont marqué dans cette série, et plus précisément les génériques, qui restent encore à ce jour parmi mes préférés de j-dramas (cf. en fin de billet pour les visualiser). En effet, tant pour ouvrir le drama que pour le conclure, Densha Otoko choisit opportunément de pleinement exploiter cet univers otaku qui lui est propre, avec un classique geek par excellence faisant office de première présentation (la chanson Mr Roboto), mais aussi en recréant l'opening d'un dessin animé dont le héros est fan. A la frontière de la réalité, jouant sur l'ambiguïté de sa thématique, c'est très bien trouvé.

Enfin, la série bénéficie d'un casting solide qui s'intègre parfaitement. Les deux rôles principaux sont dévolus à Ito Atsushi et Ito Misaki, tous deux très convaincants. Ils sont entourés d'une galerie de seconds rôles tout aussi déterminants pour forger l'ambiance globale du drama, parmi lesquels on retrouve : Shiraishi Miho, Sato Eriko, Sudo Risa, Hayami Mokomichi, Sato Jiro, Maekawa Yasuyuki, Horikita Maki, Koide Saori, Gekidan Hitori, Toyohara Kosuke, Akiyoshi Kumijo, Kishibe Shiroo et encore Sugawara Eiji.

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Bilan : Conte de fées moderne profondément attachant, Densha Otoko se visionne avec une tendresse jamais démentie. Il ne suscitera pas forcément de coup de foudre instantané, ni de passion démeusurée. Mais derrière sa thématique romantique très classique, tout en bénéficiant de la gestion calibrée de tonalités qui offrent un habile mélange de romance impossible et de comédie aux allures loufoques, se trouve quelque chose d'à la fois très personnel et universel qui ne saurait laisser indifférent. Car ce secret tiraillement qu'il éveille au fond de nous, c'est ce sentiment si précieux que l'on appelle "espoir". C'est cette fibre cachée, celle d'une utopie qui se matérialise, que ce drama parvient à toucher avec une authenticité et une sensibilité rares. 


NOTE : 6,75/10

Le générique de fin :


Le générique d'ouverture :

(Mr Roboto)

02/02/2011

(J-Drama / Pilote) Gaikoukan Kuroda Kousaku (Diplomat Kuroda Kousaku) : thriller classique dans les coulisses diplomatiques


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Après tout un mois de janvier consacré aux dernières nouveautés de la télévision sud-coréenne, en ce premier mercredi asiatique de février, repartons un peu en voyage à travers l'Asie pour aller jeter un oeil à la première rentrée japonaise de l'année. Depuis l'été, j'ai promis d'essayer d'être un peu plus attentive au petit écran du pays du Soleil Levant. Parmi les quelques synopsis qui avaient accroché mon regard, peu disposent pour le moment de sous-titres, à l'exception cependant de Gaikoukan Kuroda Kousakou (Diplomat Kuroda Kousaku). Cette nouvelle série diffusée sur TV Tokyo depuis le 13 janvier 2011 est la suite d'un film, intitulé Amalfi, dont elle reprend le personnage principal.

Vous allez vite comprendre pourquoi ce drama a retenu mon attention : le synopsis ne promettait rien moins que de mêler diplomatie et antiterrorisme... A défaut d'avoir vraiment été conquise par Athena : Goddess of War, Gaikoukan Kuroda Kousakou pouvait-elle être ma série du genre de ce début d'année 2011 ? Certes, en guise de dépaysement japonais, le premier épisode (d'1h30) m'aura surtout offert des courses poursuites policières dans les rues de Los Angeles, ainsi que quelques vues de cartes postales californiennes, le tout ponctué par un rôle de guest-star joué par Lee Byung Hun (zut... je me suis trompée de nationalité de série ?). Le deuxième épisode a cependant retrouvé le cadre plus classique du Japon.

Sans être aussi ambitieuse que la précédente série japonaise du genre que j'avais pu visionner (Gaiji Keisatsu), ni poser une ambiance aussi aboutie et sombre,  Gaikoukan Kuroda Kousakou n'est pas inintéressante. Mais elle suit un chemin trop traditionnel pour que ces débuts lui permettent de s'imposer immédiatement.

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Kuroda Kousaku est un diplomate dépendant du Ministère des Affaires Etrangères, mais qui officie en réalité pour le compte d'une unité anti-terroriste qui y est rattachée, dont les fonds comme l'existence apparaissent entourés de secrets jusque pour les membres du gouvernement. Il y a 11 ans, une mission à l'ambassade japonaise de Mexico a tourné au drame. Son collège d'alors, Shimumora Takeshi, démissionna peu après ; tandis que depuis, Kuroda Kousaku a, lui, accepté toutes les missions à l'étranger que ses supérieurs voulaient bien lui confier, ne pouvant se résoudre à remettre un pied au Japon. C'est ainsi qu'il intervient en urgence, pour résoudre des situations compliquées comme des prises d'otage de citoyens japonais, ou plus généralement pour garantir la sécurité de certains officiels en visite.

Ceci explique son envoi à Los Angeles dans ce premier épisode. Le Japon et les Etats-Unis voyant leurs leurs relations tendues en raison d'un conflit commercial concernant des quotas d'importation de viande, la vice-ministre des affaires étrangères se rend outre-Pacifique pour prendre part à une conférence internationale qui s'annonce houleuse. Or, des renseignements collectés indiquent que des menaces pèsent sur sa personne. Alors qu'il s'efforce d'assurer la protection de cette femme plus qu'ambitieuse, Kuroda Kousaku est contacté, pour la première fois après toutes ces années, par Shimumora Takeshi. Leur rencontre est brève, assez cryptique, laissant le diplomate très perplexe. Cependant, parallèlement, au Japon, la police enquête sur un meurtre. En dépit des doutes exprimés par la jeune - et trop expérimentée - Ogaki Rikako, tous les indices désignent avec évidence un suspect : Shimumora Takeshi. Mais peu après sa rencontre avec Kuroda, avant que la police ait eu la possibilité de l'interroger, ce dernier se suicide. Ou du moins, met-il en scène sa propre mort, laissant derrière lui une fille encore adolescente devant faire face à l'opprobre social.

Devinant confusément que quelque chose de plus complexe est à l'oeuvre, alors que tous les indices pointent sur le Mexique - de l'incident d'il y  a 11 ans, jusqu'aux importantes négociations commerciales en cours -, Kuroda Kousaku obtient de rentrer au Japon pour essayer de démêler les fils de cette affaire où son ancien ami est impliqué et qui le touche de près.   

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 Gaikoukan Kuroda Kousaku affiche, dès le pilote, un cadre géographique ambitieux, puisque c'est principalement au Mexique et en Californie que l'épisode se déroule, s'attachant à mettre tout particulièrement en valeur quelques lieux symboliques de Los Angeles. Au-delà de cet effort de dépaysement, l'ensemble paraît de premier abord d'autant plus intrigant que le drama entreprend de se détacher rapidement de tout format de procedural show. Il préfère partir sur des bases plus ambitieuses, posant les bases d'un thriller qui présentera un toutélié complexe et à suspense, et qui affiche des ramifications à l'internationale et jusque dans certaines sphères gouvernementales.

Une ambition, certes, mais qui va demeurer cependant très limitée. Car ce sont des recettes éculées qu'il choisit de se réapproprier : du traitement des relations au sein des différentes institutions japonaises (des concurrences inter-services, couplées d'une défiance gouvernementale) jusqu'aux subterfuges exploités (mise en scène de mort). S'il n'est certes pas difficile de se laisser prendre au jeu de ce mystère qui rapidement s'épaissit, c'est cependant une impression mitigée qui prédomine avec cette entrée en matière (les deux premiers épisodes). Comme si, en dépit d'un cahier des charges en apparence méticuleusement rempli, il manquait quelque chose - un vrai liant - pour que les enjeux, et surtout le suspense, aiguisent vraiment la curiosité d'un téléspectateur, plus spectateur que vraiment impliqué dans l'histoire qui s'esquisse.

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Cette réserve s'explique sans doute par la relative prévisibilité, ou plutôt le refus de prise de risque, de ce drama. Préférant rester en terrain connu, on ne retrouve pas dans le scénario cette dose diffuse de surprise qui permettrait de créer une réelle tension. Toute spontanéité paraît absente de l'écriture. C'est d'autant plus frustrant que, pour le moment, Gaikoukan Kuroda Kousaku joue plutôt dans un registre suggestif, livrant quelques pièces du puzzle à résoudre de manière très (trop?) disséminée. Si on devine certes - au-delà de l'intuition bien pratique narrativement de Kuroda - que tout est lié d'une façon ou d'une autre, du mystère Shimumura jusqu'au Mexique, on reste pour le moment dans l'expectative. Si bien qu'il y a comme un arrière-goût un peu artificiel qui émane de l'ensemble. C'est sans doute en partie un défaut de mise en route ; au drama de savoir le gommer par la suite.

L'autre aspect sur lequel Gaikoukan Kuroda Kousaku devra encore s'affirmer est sans doute plus déterminant : il touche aux peronnages. Ces derniers démarrent sur des bases assez caricaturales de stéréotypes du genre, trop figés pour réussir à créer une réelle dynamique. J'ai eu du mal à vraiment m'intéresser à ces protagonistes et à leur sort. En fait, il faut attendre la fin du deuxième épisode pour les voir véritablement commencer à s'humaniser ; le dernier quart d'heure redonne espoir pour la suite. On voit un peu s'effriter le masque imperturbable qu'arbore Kuroda. Ce qui coïncide avec le moment où Ogaki Rikako commence - enfin - à s'affirmer, et à obtenir la reconnaissance de son travail. Ces deux-là ont assurément un potentiel pour former une paire complémentaire, aux scénaristes de savoir l'exploiter à l'avenir maintenant qu'ils commencent à vraiment collaborer.

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Sur la forme, Gaikoukan Kuroda Kousaku alterne quelques bonnes idées (la mise en valeur du décor californien dans le pilote est effectivement convaincante) avec d'autres initiatives plus discutables. Si la réalisation est classique, n'ayant pas l'ambition d'essayer d'imprimer sa marque et une ambiance propre à la série, en dépit de quelques de plans plus travaillés, le point faible vient plus de l'utilisation de la bande-son. La musique a surtout tendance à souligner des sur-dramatisations évidentes, là où elle devrait savoir accompagner et faire corps avec la narration. Elle peine à vraiment s'intégrer dans le récit.

Côté casting, le duo principal est composé d'Oda Yuji (Last Christmas) - pour interpréter un Kuroda Kousaku peu prompt à se dérider - et de Shibasaki Kou (Galileo), qui campe pour le moment l'archétype de la jeune professionnelle gaffeuse mais pleine de bonne volonté, dont on attend une reprise en main. A leurs côtés, gravite toute une galerie de personnages dont on ne cerne pas toujours les motivations plus ou moins troubles, plus ou moins ambitieuses surtout. On retrouve notamment parmi eux Kagawa Teruyuki, Kaho, Tanaka Kei, Nishijima Takahiro, Iwamatsu Ryo, Hagiwara Masato, Kondo Masaomi, Katase Nana, Ohkura Koji, Tanaka Tetsushi, Kaga Takeshi, Konno Mahiru, et enfin, dans le pilote, Lee Byung Hun (IRIS).

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Bilan : L'adjectif qui définirait sans doute le mieux les débuts de Gaikoukan Kuroda Kousaku reste le terme "classique". Classique au sens de prévisible, c'est-à-dire qu'elle va suivre un canevas familier au genre, mais qui va au final laisser un sentiment de manque d'ambition un peu décevant au vu des atouts mis de son côté dès le pilote. Si l'histoire apparaît complexe et intrigante, il reste à concrétiser des enjeux un peu trop flous. De même, il faudra que la suite permette aux personnages de se nuancer, comme semble l'esquisser la fin du deuxième épisode, si la série souhaite réellement impliquer le téléspectateur. 

En résumé, Gaikoukan Kuroda Kousaku dispose incontestablement d'un potentiel que l'on entre-aperçoit. A la série d'assumer l'ambition de son concept et à vraiment prendre ses responsabilités pour ne pas se contenter de rester une simple énième déclinaison du genre thriller-toutélié d'espionnage qui devrait cependant satisfaire les amateurs du genre.


NOTE : 5,5/10

26/01/2011

(K-Drama / Special) Rock Rock Rock : bio-pic rock'n'roll au parfum doux-amer sur un guitariste de génie



"I've always been like that dark sky. The one helping those stars shine. The kind of dark sky which, if no stars shine beside it, is completely ignored. I, too, wanted to shine like those stars, at least once.
"

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En ce dernier mercredi asiatique de janvier, je peine toujours autant à débuter les dernières nouveautés sud-coréennes. Je ruse donc. Et cette semaine, je me suis tournée vers un drama spécial de KBS2, forme de "mini-série" composée de 4 épisodes d'un genre un peu particulier dans les k-dramas : le bio-pic (ou "docu-drama"). Et si la thématique dominante est assurément musicale, l'époque et l'approche de cet univers apparaissent sans rapport avec un drama comme Dream High. Avis aux amateurs : nous nous situons donc avant la déferlante k-pop/Idols.

Car c'est peu dire que Rock Rock Rock est un drama qui porte bien son nom. Sa bande-son va ainsi plutôt verser dans du Led Zeppelin et, entre les covers, vont peu à peu percer les chansons originales de ce courant musical des 80's. Cette série, diffusée sur KBS2 du 11 au 18 décembre 2010, nous ouvre en effet les portes de la scène rock sud-coréenne qui va vivre son apogée. Pour moi, ce fut d'ailleurs plutôt une découverte culturelle au sens large. Avant ce visionnage, j'avoue que non seulement je n'y connaissais pas grand chose - hormis quelques chansons... reprises dans d'autres dramas -, mais je n'avais jamais entendu parler d'un groupe comme Boohwal. Bref, Rock Rock Rock a donc un autre attrait, celui d'éclairer de manière particulière sur cet univers. 

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En s'inscrivant dans le registre du bio-pic/docu-drama, c'est la vie d'un guitariste-compositeur majeur de la scène musicale sud-coréenne que Rock Rock Rock se propose de nous raconter, Kim Tae Won. Il est le leader et guitariste du groupe de rock Boohwal (qui signifie "Résurrection"), formé en 1985 dans le courant de cette vague rock qui déferlait alors sur la Corée. En dépit des revers de fortune, des épreuves et autres défections, le groupe a poursuivi sa route à travers les genres musicaux mais aussi les succès, faisant preuve d'une longévité à saluer. Son dernier album est ainsi sorti en 2009. On lui doit quelques grands classiques du répertoire musical sud-coréen, qu'il s'agisse de chansons rock ou de ballades plus nuancées (dont vous avez un aperçu dans les vidéos à la fin de ce billet).

Du tournant constitué par la fin des années 70/début des années 80 jusqu'au milieu des années 2000, ce sont plus de deux décennies musicales que Rock Rock Rock va couvrir, relatant de manière incidente les modes et les mutations d'une industrie  de l'entertainment qui, si les goûts changent, conserve son appétit financier intact.  Adoptant un style biographique romancé, la série s'intéresse donc plus particulièrement au parcours chaotique de Kim Tae Won. C'est un musicien assurément surdoué, mais ses rêves et exigences démesurés, accompagnés d'un tempérament difficile, sont au moins à la hauteur de son talent évident pour composer des chansons marquantes. Si en visionnant ce drama, il est aisé de songer que, quelque part, le succès a toujours un prix, Rock Rock Rock trouve sa force dans la dimension humaine du portrait qu'il dresse, proposant une histoire balançant entre drames et réussites, mais qui reste celle de l'accomplissement personnel d'un passionné.

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La première force de Rock Rock Rock va être sa capacité à se bonifier au fil des épisodes. Car c'est un de ces dramas qui sait mûrir et gagner, tant en intensité émotionnelle qu'en densité narrative, à mesure que l'histoire progresse. Ses débuts adoptent un air connu, plutôt prévisible : de l'adolescent en rupture avec les études qui découvre dans la musique un vrai centre d'intérêt, aux (més)aventures relativement convenues de l'aspirant musicien qui cherche sa voie, la série joue une partition balisée. Cependant, sans faire d'étincelles, elle l'exploite de manière très correcte, profitant de cette longue introduction pour forger la personnalité de Kim Tae Won et offrir au téléspectateur quelques clés pour cerner toutes ses ambivalences. Cependant, c'est véritablement à partir de l'entrée du personnage dans l'âge adulte, marquée par les premiers aléas de la vie, entre drames (une tentative de suicide après une histoire d'amour qui a mal fini) et échecs, que la série décolle vraiment et se démarque du trop calibré musical drama du premier épisode.

A mesure que les tonalités se nuancent et s'assombrissent, le drama gagne en épaisseur, accompagnant la maturation de son personnage dans les épreuves difficiles qu'il traverse. Car c'est une carrière tourmentée, reflet parfait de ses états d'âme perpétuels, entre désillusions et recherche obstinée de perfection, que va connaître Kim Tae Won. De la formation du groupe aux premiers succès rapidement obscurcis par d'autres problèmes qu'ils engendrent, le récit renvoie l'image de constants mouvements de balancier, parfois cruels, entre cette quête pour toucher les étoiles et des retours sur terre toujours plus brutaux et douloureux. Rock Rock Rock va donc prendre le temps d'aborder les thématiques classiques qui rythment, voire brisent, la vie d'un artiste. Si ses propos se font plus assurés quand elle traite de cette indispensable ambition inhérente à toute carrière, c'est lorsqu'elle s'intéresse à la dynamique du groupe, et à son rapport au succès, que la série trouve souvent un ton juste très intéressant. Tout en dépeignant des tensions internes courantes, avec l'un d'eux se retrouvant en pleine lumière (le chanteur) tandis que les autres, supposés égaux en théorie, n'ont les faveurs, ni des médias, ni des fans, le drama se concentre en priorité sur la manière dont cette carrière - pas toujours satisfaisante personnellement - marque et façonne peu à peu Kim Tae Won. Car au-delà d'une aventure musicale, c'est par sa dimension humaine que la série s'impose.

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Si Rock Rock Rock fonctionne dans ce registre biographique, elle le doit en grande partie à la complexité d'un personnage central particulièrement intense, auquel il est difficile de rester insensible. Passionné trop souvent déconnecté de tout sens des réalités, aussi impulsif qu'obstiné quand cela touche à la musique, Kim Tae Won nourrit tout à la fois une certaine folie des grandeurs, mais aussi un sentiment d'infériorité qui l'amène à toujours chercher à en faire plus, et donc parfois trop. Il y a en lui un profond besoin, une véritable soif de reconnaissance qui le conduit toujours plus loin dans les extrêmes, qu'il s'agisse de toucher les sommets en dépassant toutes les attentes ou de sombrer dans les abysses et dérives de la vie d'artiste. 

On pourrait certes se dire qu'il s'arroge un peu facilement ce flambeau du musicien-rockeur supposé écorché vif, mais si cette mise en scène fonctionne aussi bien, c'est parce qu'une forte empathie grandit envers ce personnage finalement touchant. Son naturel penchant autodestructeur est à la hauteur d'un talent dans lequel il semble pouvoir à tout moment se perdre et se noyer (et il basculera bien dans cette partie la plus sombre à l'occasion). Au fond, le téléspectateur assiste à une forme de lutte perpétuelle, où l'enjeu est plus la survie que l'hypothétique triomphe. Au sein du personnage, se joue un conflit tant interne, car se nourrissant des paradoxes et ambivalences de Kim Tae Won, qu'externe, face aux difficultés qu'il doit surmonter pour porter ce groupe qui lui tient tant à coeur, qui est sa "seule fierté" comme il le reconnaît lui-même.

Si bien qu'avec l'affirmation d'une telle figure centrale, Rock Rock Rock gagne en subtilité au fil du récit, sachant continuer à jouer sur le registre de la passion dévorante, tout en y introduisant une maturation nécessaire qui assombrit l'ensemble. Car c'est incontestablement un parfum doux-amer qui flotte sur la série, celui du dur apprentissage des désillusions de la vie et de la conscience du caractère éphémère de toute satisfaction.

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Enfin, s'il vous fallait une dernière raison de jeter un coup d'oeil à Rock Rock Rock, vous la trouverez tout simplement dans le sujet qu'elle traite. C'est une série consacrée à une passion : la musique. Si elle fait de cette dernière un omniprésent outil narratif à part entière, précisons qu'elle offre non seulement l'occasion de réviser les classiques du rock occidental (Led Zeppelin, AC/DC...), mais elle permet aussi d'explorer un versant moins médiatisé de la production du pays du Matin Calme, à travers les répertoires de Boohwal, mais en évoquant également d'autres groupes phares de cette époque, comme Sinawe... Si durant le premier épisode, l'exploitation de ce côté musical apparaît un peu artificielle et le trait forcé, la mini-série prouve ensuite toute sa légitimité et trouve progressivement son équilibre, faisant se rejoindre la vie du compositeur avec les chansons qui vont marquer le parcours de Boohwal. Musicalement parlant, le visionnage de Rock Rock Rock apparaît donc très intéressant, permettant aussi de profiter d'un style qui tranche avec le courant kpop actuel.

Côté casting, j'abordais ce drama avec quelques hésitations. Car même si gravitent autour du personnage central toute une galerie de protagonistes récurrents, c'est peu dire que Kim Tae Won détermine et porte l'ensemble de l'histoire. Or je n'avais pas gardé un souvenir imperissable de No Min Woo dans My Girlfriend is a Gumiho l'été dernier. Mais la figure qu'il incarne ici a le mérite d'être autrement plus nuancée et travaillée que son personnage d'alors, si bien qu'au fil du drama, après des débuts un peu hésitants, il semble peu à peu prendre la pleine mesure de ce personnage compliqué, nous offrant dans les derniers épisodes quelques scènes touchantes vraiment bien menées. A ses côtés, proposant une performance correcte dans l'ensemble, citons notamment Hong Ah Reum, Bang Joong Hyun, Kang Doo ou encore Kim Jong Seo.

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Bilan : Docu-drama éclairant avec un regard rétrospectif un autre pan de la scène musicale sud-coréenne, Rock Rock Rock est un bio-pic qui gagne progressivement en densité et en épaisseur, pour finalement s'imposer auprès du téléspectateur grâce à la dimension profondément humaine qu'il insuffle au portrait de la figure musicale ambivalente présentée. Car si c'est une aventure musicale et collective qui nous est dépeinte en arrière-plan, tout repose sur le personnage central de Kim Tae Won, musicien de génie, dont on suit au final l'accomplissement personnel. Plus qu'une simple histoire de succès, c'est le récit d'une quête acharnée, touchante à l'occasion et dont l'intensité ne laisse pas émotionnellement indifférent, vers une reconnaissance presque vitale.

Pour quatre épisodes, il est donc facile de se laisser emporter par le plongeon dépaysant proposé par Rock Rock Rock. Et si la narration de ce docu-drama n'est pas exempte de défauts, le sujet dispose cependant de vrais atouts qui méritent que l'on s'y arrête. Une découverte qui se fait donc sans déplaisir.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :


Parce que la musique originale est sans doute plus parlante :

부활 Boohwal 정동하 - 비와 당신의 이야기(Rain and your story) (1986)

부활 Boohwal - 사랑할수록 (The more I love) (1993)


부활 Boohwal - Never ending story... (2002)