Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/09/2010

(J-Drama) Atami no Sousakan : comme un faux air de Twin Peaks japonais, et bien plus encore...


Un intrigant mystère fantastico-policier à la frontière des genres

ataminosousakan1.jpg

A l'heure où les networks américains me confortent une nouvelle fois dans tout le mal que je pense d'eux, de manière salvatrice, les découvertes enthousiasmantes se succèdent jusqu'au pays du Soleil Levant. Mine de rien, je vais peut-être arriver à la dizaine de j-dramas visionnés au cours de l'année en cours. Je suis d'autant plus contente qu'ils s'inscrivent tous dans des genres très différents les uns des autres, prouvant s'il en était encore besoin, toute la diversité de la télévision japonaise et les perles que l'on s'y cache (si l'on sait où chercher, ou bien si l'on connaît des téléphages charitables qui feront du prosélytisme à bon escient - au hasard par là). Mon dernier coup de coeur en provenance du pays du Japon est une série toute récente, puisqu'elle a été diffusée au cours de cet été 2010, du 30 juillet au 17 septembre, sur TV Asahi. Il s'agit de Atami no Sousakan.

Composée de 8 épisodes, elle est signée du scénariste Miki Satoshi, à qui l'on doit notamment Jikou Keisatsu, un drama qui n'est pas sans avoir une certaine filiation avec Atami no Sousakan (dans l'esprit autant que dans le casting, puisqu'on retrouve dans les deux, le toujours si excellent Joe Odagiri, mais également Fuse Eri). Cette série s'inscrit cependant dans un registre moins léger et plus empreint d'un mystéro-fantastique policier fort attrayant. Au nombre des inspirations de ce jdrama, il est d'ailleurs difficile de ne pas établir des parallèles avec une autre institution téléphagique, américaine cette fois, Twin Peaks, les clins d'oeil se multipliant au cours du pilote pour le plus grand plaisir d'un téléspectateur ravi. Si on tombe sous le charme d'Atami no Sousakan pour son ambiance, c'est sa mythologie qui nous marquera en conclusion.

ataminosousakanb2.jpg

L'histoire d'Atami no Sousakan débute il y a trois ans. Un bus qui transportait 4 écolières pour ce qui devait être leur cérémonie de rentrée dans une école privée disparaît dans des conditions mystérieuses. Son chauffeur s'était arrêté sur le bas côté, en croisant un vieil homme étendu sur la route auquel il voulut porter secours. Mais il n'eut que le temps de se retourner pour voir son car reprendre son chemin et s'enfoncer dans le brouillard d'alors, ses 4 passagères à son bord. Plusieurs jours après, une des disparues, Mai Shinonome, est retrouvée à un arrêt de bus, inconsciente ; tandis que le sort de ses camarades demeure un mystère. Elle va rester plongée dans le coma pendant plusieurs années, jusqu'au jour où elle se réveille sans aucun souvenir de l'incident.

Espérant qu'elle retrouve la mémoire, deux agents spéciaux sont dépêchés sur place pour enquêter sur cette si complexe affaire dont Atami est encore profondément marquée. Kenzo Hoshizaki et Sae Kitajima découvrent une ville avec ses codes implicites, ses règles et ses non-dits, avec pour toile de fond une ambiance quelque peu indéfinissable qui semble cacher bien des choses... Très vite, des rebondissements interviennent dans le cours de leur enquête, apportant de nouveaux indices - le bus, notamment, étant retrouvé au fond de la mer - et jetant un éclairage nouveau sur les évènements passés. Que cachent ces disparitions ? Quel lien ou point commun unissait les quatre jeunes filles ? Les trois adolescentes encore manquantes peuvent-elles être toujours vivantes ? Aidé par les forces de police locale, notre duo d'enquêteurs de choc va finalement être amené à plonger aux sources des secrets d'Atami... En reviendront-ils ? Que découvriront-ils ?

ataminosousakanu.jpg

Le premier atout d'Atami no Sousakan réside dans l'incontestable, et si fascinante, richesse du cadre recréé. Un réel effort scénaristique a été fait pour poser les bases d'un univers à part, résolument décalé, d'où perce un diffus, mais lancinant, mystère. Tour à tour folklorique et inquiétant, il faut dire que tout demeure profondément intrigant dans cette ville dont la dynamique semble échapper à toute rationalisation. La série navigue entre le pittoresque pseudo-fantastique et la caricaturale vie provinciale quelque peu déphasée et en autarcie. Si l'étrangeté générale frappe d'emblée le téléspectateur, la force d'Atami no Sousakan est de parvenir à  façonner, autour d'une mise en scène regorgeant de petits détails typiques et de protagonistes assez uniques, une ambiance étonnante et  décalée qui fascine.

Aussi travaillé qu'ambitieux, le décor reflète l'investissement considérable qui a été réalisé pour soigner ce cadre. Le téléspectateur se laisse instantanément prendre au jeu, rapidement captivé par l'univers qui se met progressivement en place. De façon naturelle, des parallèles s'imposent entre cette indéfinissable atmosphère si résolument mystérieuse, et d'autres fictions du genre, au sein desquelles Twin Peaks exerce une influence prédominante. Il y a d'ailleurs quelque chose d'assez jubilatoire de voir reproduites certaines approches, sorte d'hommage nippon à une oeuvre classique de la télévision occidentale. Si l'atmosphère s'y fait plus légère, tendant plutôt vers une comédie diffuse, il pointe pourtant bel et bien un sourd, presque inquiétant, secret. 

ataminosousakanb.jpg

L'ambiance décalée fonctionne d'autant plus auprès du téléspectateur qu'elle est renforcée par des personnages  aussi loufoques qu'attachants. Kenzo Hoshizaki et Sae Kitajima forment ainsi un duo d'enquêteurs détonnant, aussi atypique que complémentaire. Très différents, les deux agents se révèlent pourtant aussi étonnamment complices dans la conduite de l'enquête. L'alchimie fonctionne parfaitement entre eux deux, renforçant l'impression d'une homogénéité d'ensemble, parfaitement maîtrisée, des protagonistes. Car c'est bien toute la galerie des personnages qui apportent leur contribution - même la plus modeste - et se fondent naturellement dans l'ambiance décalée du drama, contribuant à asseoir sa tonalité. De ce point de vue, la dimension humaine de Atami no Sousakan doit être saluée car elle rend la série particulièrement confortable à suivre pour un téléspectateur qui se surprend à se prendre d'affection pour certains, tandis que d'autres se chargent de nourrir ses questions.

Attachant, ce drama se révèle aussi très intrigant. Si le pan policier est pluôt décalé, l'enquête confère un liant à l'ensemble, permettant à la série de se construire sur et à partir de cette base. Il est difficile de prendre au sérieux les méthodes alternatives de Kenzo Hoshizaki, mais elles ont le mérite de s'intégrer à merveille à l'atmosphère globale et, surtout, de permettre de développer tout ce cadre sans jamais perdre de vue le fil rouge central qui est l'enquête sur la disparition du bus avec les adolescentes à son bord. Atami no Sousakan s'assure ainsi de retenir l'attention du téléspectateur. Le cocktail était audacieux, le burlesque côtoyant le mystérieux dramatique en un mélange des tons à l'équilibre fragile, mais le résultat est à la hauteur des ambitions.

ataminosousakanv.jpg

Cependant, au-delà de l'univers même, la fascination qu'exerce Atami no Sousakan s'explique par une forme d'indéfinissable ambivalence. Certes, la série tend résolument vers la comédie. Elle n'hésite pas à décliner, pour le plus grand plaisir d'un téléspectateur amené maintes fois à sourire, gags naïfs et mises en scène excessives. Pour autant, la série est bien plus qu'une trop facilement catégorisable "comédie'.Elle se révèle bien plus ambiguë, défiant les classifications et les genres. Car on sent confusément poindre, au fil des épisodes, quelque chose de plus sombre, un secret au coeur de cette ville, sans que le téléspectateur puisse véritablement identifier la source de son diffus malaise. Ce sont des répliques apparemment anodines, des indices ou des réactions dont la logique nous échappe, qui entretiennent cette ambiguïté, génère des doutes et des interrogations informulées qui restent à la lisière de notre conscience. Finalement, apparaît, de façon de plus en plus perceptible, une étrange mélancolie, à mesure que la rationnalité du cadre s'étiole.

La conclusion du drama offre une vraie fin à Atami no Sousakan, bouclant cette boucle dont on sentait confusément l'existence sans forcément la théoriser. Elle a aussi le mérite d'être suffisamment ouverte pour laisser à chacun toute liberté de faire ses propres interprétations. Si elle peut surprendre ou rendre perplexe dans un premier temps, avec le recul et après réflexion, je trouve qu'elle s'inscrit parfaitement dans la construction de la série et dans le glissement narratif qui s'opère peu à peu. Moi qui m'agace si souvent contre ces séries mythologiques qui s'essouflent, usent leur concept et tombent à plat pour notre plus grande frustration, Atami no Sousakan représente le modèle inverse qu'il faut saluer. Le résultat est d'autant plus remarquable que c'est d'une manière subtile, fonctionnant par petites esquisses et sous-entendus que toutes les pièces du puzzle s'emboîtent peu à peu. La construction mythologique ne se fonde pas sur une problématique clairement énoncée, mais fonctionne sur des non-dits ; une approche des plus rafraîchissantes.

ataminosousakanj.jpg

Sur la forme, Atami no Sousakan parvient à prolonger la fascination qu'elle sait susciter par son contenu. Si le décor occupe une place centrale et aussi déterminante dans l'ambiance intrigante créée, c'est en partie grâce à la réalisation, soignée et singulière, qui prend soin de s'attacher aux plus petits détails, mettant en avant les ingrédients les plus anecdotiques pour former au final un ensemble décalé très homogène. La caméra n'est pas non plus avare en plans plus larges, exploitant ces paysages côtiers de campagne. En guise de complément rapidement indispensable, il convient également de saluer la bande-son de la série, parfaite pour distiller cette dose de mystère où la comédie se mêle à quelque chose de plus sombre et mélancolique, indiscernable jusqu'à la fin pour le téléspectateur, mais dont la chanson qui clôture chaque épisode est une parfaite illustration.

Enfin, le casting s'avère juste parfait, réjouissant de décalages et proposant une interprétation reflétant merveilleusement bien l'atmosphère étrange dans lequel baigne ce drama. Il faut dire qu'il était a priori composé de valeurs sûres. Une fois n'est pas coutume, je connaissais même déjà tous les acteurs principaux, à l'égard desquels j'avais un très bon a priori. J'ai certes plus l'habitude de croiser Odagiri Joe au cinéma (tout récemment, il était à l'affiche du troublant/fascinant film japonais sorti en juin dans nos salles, Air Doll) ; voici vraiment un acteur dont j'adore la versatilité et la capacité à alterner les styles avec brio. Quant à Kuriyama Chiaki, si j'avais déjà eu l'occasion de la voir dans d'autres séries, cet été, je l'ai appréciée dans mon j-drama/découverte phare de l'été, le somptueux Hagetaka. Cela m'a fait d'autant plus plaisir de les retrouver que ces deux-là forment à l'écran, dans Atami no Sousakan, un duo d'enquêteurs extras, complice et complémentaire, tout autant que très atypique. C'est savoureux à suivre, en partie grâce à la capacité des deux acteurs à se fondre parfaitement dans leur rôle respectif. A leurs côtés, on retrouve d'autres habitués du petit écran japonais, comme Tanaka Tetsushi, Matsushige Yutaka ou encore Fuse Eri.

ataminosousakanm.jpg

Bilan : Atami no Sousakan se révèle être une série d'une richesse fascinante, dont la mise en scène soignée, aux décalages travaillés, est un délice pour un téléspectateur qui perçoit une filiation Twin Peaks-ienne assumée. Mêlant avec un aplomb tout japonais et beaucoup de maîtrise, mystère fantastique intriguant presque inquiétant et comédie policière atypique défiant toute classification, ce drama ne saurait pourtant se réduire à sa seule apparente légèreté de ton. Car c'est une indicible ambivalence qui s'esquisse peu à peu, sur fond d'un cadre mythologique restant dans l'informulé. Une énième étrangeté dans laquelle la mélancolie de la chanson du générique de fin trouve un écho particulier.

Oeuvre complète, Atami no Sousakan réussit ainsi la synthèse admirable de genres très différents, dont l'agencement offre un résultat intrigant qui mérite le détour à plus d'un titre. Une expérience téléphagique à tenter.


NOTE : 8,5/10


La bande-annonce de la série :


La chanson qui clôture chaque épisode - Welcome to the Heaven :

熱海の捜査官 天国へようこそ

22/09/2010

(K-Drama) Coffee House : une série touchante et attachante, mais au récit trop dilué


coffeehouse1.jpg

S'il est toujours grisant de se disperser en découvertes exotiques, d'entreprendre mille et un chantiers téléphagiques, je ne trouve jamais assez de temps pour venir ensuite dresser un bilan des séries dont je vous ai présenté les premiers épisodes et dont j'ai continué le visionnage. Je profite donc d'une semaine où la rentrée américaine bat son plein - et où mon coup de coeur du moment est japonais (je vous en promets une review d'ensemble très prochainement, étant donné que la diffusion de ce jdrama s'est achevée il y a une semaine au Japon) - pour revenir sur une des comédies romantiques du printemps : Coffee House.

J'avais beaucoup apprécié le côté attachant et burlesque que les premiers épisodes de ce drama proposaient. Pour rappel, ma review de l'époque avait été celle-ci : Coffee House : ambiance caféinée pour une comédie romantique rafraîchissante. J'ai, depuis, achevé mon visionnage des 18 épisodes que comporte cette série : a-t-elle poursuivi sur la voie de ses convaincants débuts ? Et bien disons que je garde une impression mitigée de l'ensemble : un profond attachement qui ne s'est pas démenti, mais, à côté, une dilution continuelle du fil narratif dans le dernier tiers qui a été très dommageable.

coffeehousee.jpg

Versatile à l'excès, Coffee House aura multiplié les hésitations sentimentales, au point de nous proposer une situation finalement bien plus complexe qu'un classique triangle amoureux. En nous entraînant dans les coulisses du monde de l'édition, ce drama nous invitait à suivre les interactions, souvent explosives, d'un trio, puis quatuor, des plus hauts en couleurs. Jin Soo est un écrivain à succès, irascible et arrogant, qui tente vainement de distraire son ennui de façon pas toujours très fine. C'est pour cela qu'il a embauché Seung Yeon comme secrétaire, une jeune femme encore immature et ingénue, qui saura s'endurcir à ses côtés. Jin Soo entretient des relations chaotiques - mais pourtant fortes et, en un sens, très compréhensives - avec sa patronne, présidente de sa maison d'édition, Eun Young. Cette dernière s'est engagée sur une voie de célibat quasi-sacerdotal depuis que son ex-fiancé l'a trompée. Mais ce dernier n'a toujours pas baissé les bras et rêve d'une réconciliation.

Au final, d'une façon pas toujours pleinement maîtrisée et parfois excessivement naïve, Coffee House prend les accents d'une jolie leçon d'humanité, certes classique mais qui a pour elle de toujours rester très chaleureuse. Le téléspectateur suit avec une certaine indulgence et un brin d'amusement cet apprentissage sur la vie que chaque protagoniste va expérimenter au fil de la série, en y étant plus ou moins réceptif. Chacun aura l'occasion de mûrir en se découvrant, et en apprenant à identifier et comprendre ses sentiments, disposant ainsi d'une opportunité volatile de faire la paix avec le tourbillon émotionnel parfois très trouble qu'ils peuvent ressentir. Dans cette perspective, Coffee House présente donc tous les attraits d'une comédie romantique - peu d'originalité de ce point de vue par rapport aux canons du genre - ; son atout est d'être menée avec beaucoup d'énergie, mais aussi de savoir capitaliser sur un charme incontestable.

coffeehousea.jpg

Car le profond attachement du téléspectateur, qui ne se dément pas au fil de la série, est sans doute la fondation la plus solide sur laquelle repose ce drama. La complicité évidente entre les différents personnages, la manière dont leurs relations seront dépeintes et mises en scène, avec une petite touche toujours un peu pétillante, apportent incontestablement beaucoup de fraîcheur à l'ensemble. Mais surtout, il y flotte comme une dose de faux romantisme fleur bleue qui sied particulièrement bien à l'ambiance globale, prompte au burlesque facile, de Coffee House.

Alors même que je ne suis pas une téléspectatrice traditionnellement très sensible à cette dimension purement sentimentale, j'ai été véritablement prise par surprise par la façon dont ce drama, à travers quelques scènes parfaitement dosées, a su me toucher en plein coeur. Les séries sud-coréennes ont cela de magique qu'elles s'inscrivent dans l'émotionnel, disposant d'une capacité unique pour découvrir des cordes sensibles dont le téléspectateur ignorait jusqu'à l'existence. Naviguant quelque part entre une innocence narrative culturelle et des envolées sentimentales naturelles, certains k-dramas parviennent à créer une forme d'osmose émotionnelle, suffisamment rare pour être chérie. C'est toujours très personnel, ce ressenti variant d'un téléspectateur à l'autre. Mais Coffee House a été un de ceux-là pour moi. Même devant une série comme City Hall, qui m'avait pourtant considérablement remuée, je n'avais pas perçu une telle intensité.

coffeehousec.jpg

Doté d'un dynamisme très humain, le rythme de Coffee House bénéficie également de l'enchaînement de gags rocambolesques qui, en dépit de certains excès, prêteront plus d'une fois à sourire. Si les rapports entre Jin Soo et Seung Yeon sont propices aux caricatures, ils offrent aussi une base constamment renouvelée à un burlesque de circonstances. Peu à peu, cependant, la tonalité du drama évolue. Les gags s'espacent, devenant moins absurdes, à mesure que chaque personnage semble mûrir et, finalement, apprendre au contact de l'autre, même inconsciemment. Alors que la série se concentre alors prioritairement sur les états d'âme émotionnels de ses protagonistes, les scénaristes semblent alors perdre un peu la maîtrise de la construction narrative.

En effet, Coffee House s'épuise à tenter vainement de poursuivre sur son rythme initial de retournements de situation incessants. La durée de 18 épisodes apparaît trop longue pour l'histoire mise en scène. L'impression d'une dilution exacerbée de l'intrigue se ressent fortement ; d'autant que le téléspectateur se perd un peu dans les multiples changements d'orientation que la série se permet pour tenter de maintenir sa versatilité amoureuse. Cela devient plus poussif, mais aussi répétitif, perdant une partie de sa fraîcheur. Pour se rattraper, il restera la conclusion : tout dépendra alors de votre impression personnelle, suivant le couple que vous rêviez de voir finir ensemble. La question a suffisamment agité les fans lors de la diffusion pour avoir son importance.

coffeehouseb.jpg

Sur la forme, Coffee House aura présenté une réalisation classique de comédie romantique, sans trop en faire. Ce sont les chansons issues de son OST qui m'auront sans doute le plus marquée, ayant passé une partie de l'été à les écouter en boucle. Rythmée et prenante comme l'ambiance initiale de ce drama, elles auront constitué un reflet parfait et entraînant, invitation musicale à suivre les errances amoureuses de ses héros.

Côté casting, il n'y a pas d'adjectif suffisamment louangeur pour qualifier l'interprétation de Kang Ji Hwan (Capital Scandal, Hong Gil Dong). Si j'avais déjà visionné d'autres dramas dans lesquels il jouait un des rôles principaux, c'est en revanche le premier dans lequel il s'impose avec autant de charisme. Même s'il avait laissé entrevoir cet aspect, par intermittence, dans Capital Scandal, il n'avait jamais été aussi constant. A ses côtés, Ham Eun Jung (du groupe T-ara) n'est sans doute pas la plus grande actrice qui soit et son jeu apparaît rapidement très stéréotypé. Cependant, elle bénéficie de la fraîcheur de son personnage pour s'en tirer honorablement. Quant à Park Si Yeon (My Girl, Story of a Man), même si j'ai pu lire beaucoup de reviews où elle fait rarement l'unanimité, c'est une actrice que j'apprécie. Elle poursuit sa progression et s'affirme dans des registres aux tonalités très différentes. Enfin, Jung Woong In aura investi avec beaucoup de conviction le registre plus comique de son personnage, s'en sortant très bien.

coffeehouseh.jpg

Bilan : Profondément attachante, Coffee House laisse donc une impression au final mitigée. Dotée d'une capacité à toucher et à émouvoir la fibre la plus sensible du téléspectateur, elle fait preuve d'une richesse sentimentale à saluer. Cependant, les scénaristes s'égareront un peu dans la structure narrative de l'histoire, ne parvenant pas à maintenir l'équilibre du drama à mesure qu'il évolue vers plus de maturité. Le dernier tiers apparaît ainsi quelque peu répétitif, 18 épisodes constituant peut-être une durée trop longue.

Au final, même si j'ai été, par certains aspects, un peu déçue par cet étiolement, je ne regrette absolument pas d'avoir pu suivre ce drama. J'ai vraiment savouré certaines scènes délicieuses et j'en garde une profonde affection, ainsi que beaucoup de souvenirs très agréables.


NOTE : 6,5/10


Le bonus parodique final délicieusement décalé :

 

Une des chansons de l'OST :

15/09/2010

(Pilote / K-Drama) Sungkyunkwan Scandal : un highschool drama en costumes


skkscandal.jpg

En ce mercredi asiatique sur le blog, la Corée du Sud n'échappe pas au sentiment de relative insatisfaction qui domine pour l'instant la rentrée ; mais, rassurons-nous, le meilleur reste à venir. Pour être honnête, il est vrai que je doutais fortement, avant même de m'installer devant ces deux premiers épisodes, de la capacité de Sungkyunkwan Scandal à m'intéresser. Disons que j'aurais essayé sans préjugé de donner une chance à cette nouvelle série diffusée sur KBS2 depuis le 30 août dernier et que l'essai ne fut pas concluant.

Je reconnais que les cross-dressing shows ont leur charme. Les sud-coréens semblent avoir un goût prononcé - sur lequel il faudrait un jour sociologiquement se pencher - pour ces twists narratifs improbables générés par une héroïne déguisée en garçon, sans doute en partie en raison de leur amour des quiproquos. Le résultat est d'ailleurs généralement au rendez-vous. Coffee Prince reste une référence en la matière, mais les Painter in the wind et autre You're Beautiful ont prouvé que le format pouvait se décliner dans des univers très différents. Cependant j'avais bien deviné que mon principal souci avec Sungkyunkwan Scandal risquait de se situer à un autre niveau : le cadre dans lequel il se déroule. Parce qu'au-delà du décor historique, ce sont bien les codes narratifs d'un classique high school drama (ou d'université, si vous préférez) qui sont recyclés. Or j'ai sans doute déjà dû vous mentionner une vieille overdose que j'ai faite il y a quelques années avec des j-dramas sur ce thème. Désormais, c'est un genre que j'aurais plutôt tendance à fuir. Si bien que, en dépit d'un mélange au final pas inintéressant, il est probable que Sungkyunkwan Scandal demeure à mon goût fondamentalement trop "high school drama", du moins dans ces deux premiers épisodes.

skkscandald.jpg

Ce drama nous plonge sur les bancs et dans les coulisses de la prestigieuse université de Sunkyunkwan, qui fut fondée à la fin du XIVe siècle. Se déroulant sous Chosun, il se propose de suivre le quotidien mouvementé d'étudiants, entre romance et concurrence. A l'époque, l'établissement de haute renommée est uniquement ouvert aux hommes (si possible de descendance noble), tant il apparaît inconcevable qu'une femme reçoive une éducation. Kim Yoon Hee va ainsi venir bouleverser bien des traditions. Appartenant à une famille pauvre et endettée, seule valide à la maison, son frère, malade, restant allité, la jeune femme a pris l'habitude de se travestir pour pouvoir exercer ses talents comme scribe, mettant ses qualités d'écriture au service des tours de passe-passe et autres tricheries organisées qui rythment la vie des quartiers étudiants proches de l'université de Sunkyunkwan.

Prête à tout et dotée d'un caractère bien trempé, Yoon Hee prend tous les risques pour subvenir aux besoins de sa famille, et surtout se sauver face à un créancier se faisant de plus en plus menaçant et caressant l'espoir de "l'acquérir". Elle va participer à l'organisation de fraude lors de l'examen d'entrée à Sunkyunkwan. Au cours de ses pérégrinations agitées dans ces coulisses estudantines, bien que déguisée en garçon, elle exerce déjà une certaine fascination auprès de jeunes gens qui, à la différence d'autres cross-dressing show, devinent rapidement qu'ils ont à faire une femme. C'est ainsi que son quotidien mouvementé va l'amener à rencontrer le fils d'un ministre important, Lee Sun Joon, intransigeant jeune homme qui ne doute de rien, Goo Yong Ha, un playboy qui se laisse vivre, et Moon Jae Shin, une sorte de rebelle moitié looser difficilement catégorisable.

L'enchaînement des évènements l'amènera jusqu'à la dernière épreuve d'admission à l'université, à laquelle le roi assiste. Après plusieurs twists et autres retournements de situation, le tout se concluant par un ordre du roi de rejoindre les rang de Sunkyunkwan, Yoon Hee se résoudra finalement à faire sa "rentrée scolaire", sous le nom de son frère. Cela offrira à ce dernier l'accès à des soins gratuits, tout en permettant à sa soeur de bénéficier d'une éducation dont son sexe la priverait normalement. Evidemment, ses soucis au sein d'une université où elle va devoir feindre d'être un garçon jusque dans le dortoir, ne font que commencer...

skkscandala.jpg

Si le premier élément qui attire l'attention, dans Sungkyunkwan Scandal, apparaît être un résolu mélange des genres, la série donne avant tout l'impression, au cours de ses premiers épisodes, d'être un high school drama en costumes, le cadre historique tenant alors plus du décor exotique. Tensions des examens, tricheries, arrogance d'anciens élèves, bizutage, aucun ingrédient du genre ne manque à l'appel. Les scénaristes optent en fait pour une radicale modernisation des moeurs estudantines au sein de l'université, préférant s'octroyer plus de liberté pour peut-être mieux toucher le téléspectateur sur un terrain qui lui sera familier.

Si bien qu'on a finalement le sentiment récurrent que l'histoire pourrait tout aussi bien se dérouler dans le présent en conservant quasiment les mêmes ficelles. Seules quelques spécificités culturelles historiques se chargent de nous rappeler, à l'occasion, l'époque. Il y a bien un roi, et il est fort probable qu'un complot sera exhumé derrière les regards en coin de ses conseillers, au cours du drama, mais l'atmosphère qui règne sur ce campus est plus proche de celle que l'on utiliserait pour décrire un tel lieu de nos jours. Ainsi, l'initiative de mêler historique et high school drama qui aurait pu, si ce n'est intriguer, au moins paraître singulièrement originale, échoue à trouver une réelle justification à l'écran, la série peinant à trouver une homogénéité entre tous ces aspects.

skkscandalc.jpg


Si Sungkyunkwan Scandal ne réussit pas véritablement à imposer et transposer son concept de départ à l'écran, c'est aussi en partie en raison de l'extrême classicisme des ficelles employées : le drama maintient le téléspectateur avec un arrière-goût de déjà vu dont la série ne parvient, à aucun moment, à se départir. Certes, on retrouve bien, par intermittence, une pointe de fraîcheur innocente dans l'écriture, mais l'ensemble manque considérablement de spontanéité et de liant. Tout y est prévisible à l'excès. A partir d'une base déjà mille fois vue, celle d'une héroïne issue de milieu populaire et de jeunes gens héritiers de puissants, tout s'enchaîne comme le téléspectateur un tant soit peu familier des kdramas s'y attendrait. Sauf qu'en plus, tout manque de cohésion, les storylines et leurs coïncidences nombreuses se succèdant de façon saccadée, excessivement téléphonées ou bien maladroitement parachutées.  Les deux premiers épisodes peinent ainsi à trouver un rythme consistant, et l'intérêt du téléspectateur vacille au gré de ces aléas.

Pour autant, plus qu'une relative fragilité scénaristique, c'est la difficulté que vont éprouver les personnages pour s'imposer qui va peut-être le plus gêner ; et qui, dans un kdrama, est sans doute la plus dommageable. L'alchimie n'opère en effet pas systématiquement dans les relations entre les protagonistes. S'il n'y a rien à redire sur Yoon Hee, la jeune femme s'insérant parfaitement dans les canons des figures féminines du genre, le problème se pose surtout du côté des personnages masculins. Parmi eux, seul Goo Yong Ha, figure un peu creuse, mais versatile et volatile à souhait, du playboy revendiqué, s'en tire honorablement. A l'inverse, monolithique à l'excès, trop unidimensionnel, Lee Sun Joon reste en retrait, tranchant presque avec le dynamisme global, pas toujours pleinement maîtrisé, que l'on sent poindre dans le drama à travers la mise en scène des coulisses d'une université. Et lorsque le personnage principal du drama convainc aussi peu, cela devient rapidement problématique. Enfin, si la troisième figure masculine n'a pas encore été suffisamment développée pour que l'on puisse émettre un jugement, le peu laissé entre-aperçu m'a plus inquiétée que rassurée sur l'épaisseur du personnage.

skkscandalf.jpg

Sur la forme, Sungkyunkwan Scandal bénéficie d'une réalisation de bon standing. Résolument moderne, chatoyante à l'excès, avec quelques effets de caméra plutôt agréables à l'oeil, le drama prend assurément la pleine mesure de son décor. S'il éblouit moins que ce que les flashbacks du passé, dans My Girlfriend is a Gumiho, peuvent faire actuellement, cela demeure un résultat très solide. La bande-son quant à elle est pour le moment un peu en retrait, mis à part la chanson de fin. Sur le plan de la musique, la série devrait donc sans doute gagner en assurance progressivement.

Au niveau du casting, l'impression est nuancée, voire très mitigée, sans que l'on puisse clairement distinguer les responsabilités entre les scénaristes et les acteurs. Park Min Young (que j'avais déjà trouvée charmante dans Running Gu cet été) est celle qui s'en sort le mieux, incarnant une héroïne rafraîchissante et dynamique. C'est tout l'inverse de son vis-à-vis masculin, Micky Yoochun, dont l'interprétation m'a rapidement agacée, manquant sérieusement d'énergie. Il m'a semblé aux abonnés absents durant la majeure partie des deux épisodes. Yoo Ah In (The Man Who Can't Get Married), lui, n'est guère aidé par la caricature indigeste d'apprenti rebelle qu'il hérite comme personnage. Au final, parmi les trois, celui qui s'en tire le mieux est sans conteste Song Joong Ki (Obstetrics and Gynecology Doctors) qui surjoue allègrement un rôle de playboy dans lequel il s'amuse à l'évidence beaucoup, et son enthousiasme a au moins le mérite de se ressentir. 

skkscandal2.jpg

Bilan : High School Drama en costume, tenant plus de la série estudantine que du sageuk, Sungkyunkwan Scandal peine à trouver son rythme durant ses deux premiers épisodes. Dotée d'intrigues prévisibles à l'excès, elle manque singulièrement de consistance sur le fond, alors même qu'elle ne réussit pas à compenser cette faiblesse par le développement d'une dimension humaine qui reste insuffisamment travaillée, plombée par un personnage masculin principal ne parvenant pas à s'imposer à l'écran. Trop inégale dans ses storylines comme dans ses personnages, il lui manque sans doute une bonne dose de spontanéité et de fraîcheur pour atteindre une homogénéité nécessaire et qui lui permettrait d'investir avec plus d'aplomb son versant émotionnel.


NOTE : 4/10


La bande-annonce de la série (sous-titrée anglais) :


La chanson de l'OST (que l'on entend notamment en fin d'épisode) :

08/09/2010

(Pilote / K-Drama) Secret Investigation Record (Joseon X-Files : Secret Book) : enquêtes sur des phénomènes inexpliqués en plein XVIIe siècle




sir1.jpg


La première fois que j'ai entendu parler de Secret Investigation Record, mon réflexe a été de relire à nouveau l'article qui m'était tombé sous les yeux, de crainte que mon cerveau ait mal traduit le texte anglais qui défilait. Mais non, tvN envisageait bel et bien d'explorer des mystères fort peu courants dans les fictions asiatiques, en embrassant une thématique de science-fiction. Mieux encore, l'histoire se déroulerait au... XVIIe siècle. Adieu images d'Epinal futuristes, bonjour cadre de sageuk traditionnel. De quel scénariste ingénieux défiant les conventions cette initiative venait-elle ? La simple idée, presque saugrenue, de mêler ces deux thèmes a priori si éloignés avait fait naître en moi une curiosité, d'où perçait une pointe d'enthousiasme. Impression renforcée par les premières bandes-annonces où, à défaut de petits hommes verts, des objets volants non identifiés semaient la panique dans certaines provinces du royaume de Joseon...

La diffusion ayant débuté le 20 août 2010 - pour 12 épisodes prévus au total -, c'est donc avec une certaine excitation, doublée d'une relative appréhension (en raison de la fameuse équation, trop d'attente = déception), que j'ai lancé les deux premiers épisodes l'autre soir. D'une durée excessivement brève (seulement 45 minutes chacun), je ne les ai pas vus passer. S'ils se contentent d'introduire les enjeux, ils le font efficacement et remplissent pleinement leur office qui était de s'assurer que le téléspectateur serait fidèle au poste pour le prochain. Car, oui, me voilà fort intriguée et plutôt enthousiaste.

sire.jpg


Les premières scènes du pilote donnent immédiatement le ton de la série. Une exécution est perturbée par le passage d'un étrange objet lumineux dans le ciel qui, poursuivant sa route, sème la panique dans les bourgs environnants d'une petite province de Chosun où débute l'histoire. Ayant assisté à toute la scène, le gouverneur estime qu'il est de son devoir de rapporter les faits troublants dont il a été témoin, en dépit des fortes réticences de ses subordonnés qui devinent qu'une telle information risque de ne pas laisser le pouvoir indifférent. En cas de mauvaise nouvelle, le messager est souvent celui qui est blamé. C'est que, si de nos jours, de tels rapports seraient classifiés comme provenant d'un fou, on devine que dans la société rigide de la Corée du XVIIe siècle, tenir de telles allégations reviendrait plutôt à remettre directement en cause l'autorité du souverain. En clair, l'interprétation se rapprochera plus du soupçon de trahison que de propos tenus par un illuminé. C'est ainsi que le pouvoir réagit de la manière la plus conservatrice qui soit, procédant à l'arrestation du gouverneur et entreprenant de le faire se dédire par la torture.

Tout aussi logiquement, les hauts dignitaires de la capitale dépêchent un enquêteur sur place, officiellement pour vérifier les faits avancés, officieusement pour enterrer l'affaire et donner des fondations à l'accusation de complot portée contre le gouverneur. C'est à Kim Hyung Do que revient cette dangereuse tâche, désigné en raison de son absence d'affiliation politique, mais dont l'accusé fut le mentor. Particulièrement déterminé, attaché uniquement à la vérité, il met immédiatement le doigt dans un engrenage fort dangereux. Evidemment, ses découvertes - notamment la disparition d'un village entier - tendraient plus à confirmer les propos du gouverneur, ce qui n'est pas un résultat acceptable pour ses supérieurs.

Excessivement têtu, le jeune homme s'obstine dans ses investigations, mettant peu à peu à jour la réalité d'évènements troublants, dont l'existence d'un service particulier de l'Etat gardien de bien des secrets. Le sacrifice finalement consenti par son mentor exonèrera Hyung Do dans l'affaire de l'ovni, mais il lui ouvre surtout dans le même temps les portes de ce service mystérieux où le jeune homme se retrouve affecté d'office, en plus de sa fonction d'officier enquêteur. Leur mission est de consigner les évènements inexpliqués qui peuvent avoir lieu dans le Royaume, avec l'espoir que dans quelques centaines d'années, d'autres seront en mesure de comprendre ces phénomènes : ce sont les fameux "X-Files" des Annales de l'Histoire de Chosun. La vie de Hyung Do va prendre alors une toute autre perspective.

sirb.jpg


Le premier - et principal - point fort de Secret Investigation Record réside bien évidemment dans l'originalité des thématiques mises en scène. Au pays du mélodrama et des comédies romantiques, voici une série qui se propose d'introduire rien moins que de la science-fiction dans son scénario ! Tranchant au sein du paysage téléphagique sud-coréen, l'initiative constitue déjà un effort louable et appréciable qu'il convient de saluer. Pour ce qui est de l'introduction dans le fantastique, celle proposée par les deux premiers épisodes reprend un thème très classique du genre (mais rarement mis en scène au pays du Matin Calme, il faut bien le dire) : un objet volant non identifié provoque des scènes de panique en effectuant des rase-mottes dans une province de Chosun. Une telle vision suscitant déjà toutes les spéculations possibles dans notre monde moderne, je vous laisse imaginer l'ampleur des rumeurs que cela peut déclencher, au XVIIe siècle, la simple idée d'un objet volant dans le ciel paraissant défier toute rationnalité. 

A partir de là, Secret Investigation Record poursuit dans l'exploration de cette thématique en optant pour le recours à tout ce qui a su faire le charme de ces histoires. Rien ne manque à l'appel dans le manuel de la rencontre du 3ème type : qu'il s'agisse de la sonde volante, ou bien de l'intense lumière blanche aveuglante, ou encore de la faille temporelle (parlons même de "boucle") à proximité de la région où semble se fixer l'ovni, tous les ingrédients sont là. Ce classicisme est en un sens rassurant, car on y trouve instantanément ses marques. Cependant, les réflexes du téléspectateur, abbreuvé de déclinaisons à l'infini de ces thématiques sous d'autres latitudes, le rendent plus perceptif aux excès de naïveté dont les scénaristes font preuve dans la gestion de ces éléments. Instinctivement, on opère des comparaisons et la transposition de ficelles traditionnellement occidentales à la sauce sud-coréenne déstabilise parfois un peu.

sirp.jpg

La gestion du rythme narratif suit un tâtonnement similaire. En effet, les scénaristes jugeant peut-être que 12 épisodes, cela va être excessivement bref pour nous relater tout ce qu'ils ont en projet, n'hésitent à introduire des sauts dans la narration, des ruptures de rythme, voire à prendre des raccourcis. Tout cela a l'avantage de permettre à l'intrigue de passer très vite, sans que l'attention, ni l'intérêt du téléspectateur ne faiblissent un seul instant. Cependant, le bémol est d'engendrer parfois une impression de rapidité excessive, avec des avancées brusques et certains points considérés comme implicites, alors qu'ils auraient mérité un peu plus d'exposition. C'est à l'évidence un choix fait à dessein par les scénaristes : ils refusent de proposer un simple récit trop posé. D'ailleurs, on retrouve dans les ficelles narratives de ce drama beaucoup de subtilité et de non-dits : tout n'est pas présenté "clef en main" au téléspectateur, à lui de se montrer attentif. Cette responsabilisation n'est pas pour me déplaire, tant certains dramas ont la fâcheuse tendance de souligner à outrance les évidences. La tradition des séries coréennes reste cependant conservée, par le biais d'une écriture qui demeure suffisamment "innocente".

C'est parfois par ces allures un brin naïves que Secret Investigation Record pèche un peu, donnant l'impression de naviguer entre deux eaux. En dépit de ces quelques maladresses, il faut saluer l'effort réalisé pour nous plonger dans une atmosphère résolument sombre, où perce une paranoïa sourde, nous invitant à nous méfier de tous ceux que croise Hyung Do. Rapidement, le téléspectateur s'interroge sur les loyautés réelles ou supposées des uns et des autres, sentant confusément qu'il lui manque certains éléments pour comprendre les luttes d'influence qui se jouent sous nos yeux. Entre ambitions personnelles, protection du royaume et service du roi, les conflits d'intérêts sont arbitrés diversement suivant les protagonistes. S'ajoutant aux ingrédients de fantastique introduits, l'atmosphère ainsi créée se révèle des plus intriguantes, captivant rapidement le téléspectateur pour culminer dans les  scènes de fin du deuxième épisode - magistrale mise en scène des loyautés qui s'étiolent - qui me laissent espérer que la suite sera du même calibre.

siri.jpg

Prenant beaucoup d'initiatives sur le fond, avec des expériences narratives des plus intéressantes même si elles ne sont pas toujours maîtrisées, Secret Investigation Record se démarque également considérablement des dramas traditionnels dans sa forme. Il faut absolument insister et rendre hommage au style choisi. Loin des couleurs chatoyantes et artificielles d'un tournage en studio, la réalisation a opté pour des couleurs plus sombres et riches, dans une tradition qui se rapproche plutôt des productions cinématographiques sud-coréennes. Le choix est parfait pour retranscrire la tonalité du drama. La photographie est superbe, faisant ressortir la beauté tant des paysages que des personnages. Elle donne en plus une impression de réalisme accrue. Ce ressenti est renforcé par la décision de filmer nombre de scènes "caméra à l'épaule". L'image tressaute, contribuant à cette atmosphère un peu inquiétante. Pour parler en terme de comparaison, cela m'a fait penser un peu à la manière dont était réalisé Conspiracy in the court, mais de manière plus ambitieuse, aboutie et soignée. Pour accompagner cette réalisation sans artifice, la bande-son, tout d'abord en retrait, se révèle progressivement dans des morceaux instrumentaux qui sont un écho parfait pour parfaire l'ambiance atypique qui règne dans ce drama.

Enfin, le drama peut s'appuyer sur un casting globalement solide. Kim Ji Hoon décroche ici un premier rôle des plus intéressants, incarnation du héros (trop) droit, maniant un esprit logique et déductif acéré, et n'ayant pas froid aux yeux. Il s'en sort plutôt bien dans les divers registres que son personnage expérimente, de l'émotionnel jusqu'à la froide détermination. Un brin de sur-jeu parfois, mais rien de bien rédibitoire. Les deux premiers épisodes étant résolument centrés sur Hyung Do, on a assez peu l'occasion d'apprécier les performances des autres membres du casting qui, pour le moment, se contentent d'une présence en retrait. On retrouve parmi eux Im Jung Eun en vis-à-vis féminine intrigante, l'excellent Kim Gad Soo, Jo Hee Bong ou encore Jun So Min.

sirh.jpg

Bilan : Secret Investigation Record tranche dans le paysage téléphagique sud-coréen traditionnel à plus d'un titre. Si sa thématique s'inscrit dans les canons du genre - tout téléspectateur un tant soit peu familier avec la science-fiction occidentale y retrouvera tous les ingrédients indispensables -, l'originalité réside en fait surtout dans le cadre historique qui est proposé. Prendre un thème aux accents plutôt futuristes pour y mêler les données et les contraintes du Chosun du XVIIe siècle, voilà quelque chose qui est assez osé. L'expérimentation semble d'ailleurs le maître mot des scénaristes qui tentent beaucoup, tant sur la forme, avec une réalisation originale superbe, que sur le fond, avec un style narratif à parfaire et une atmosphère sombre, teintée d'une paranoïa diffuse, qui prend peu à peu. Tout n'est pas parfaitement maîtrisé dans le rythme de l'histoire, certains aspects pèchent par une écriture un peu naïve, mais ces deux premiers épisodes montrent assurément des choses très intéressantes qui donnent envie de poursuivre l'aventure. Une expérience à poursuivre !


NOTE : 7,5/10


Le générique de la série :


La bande-annonce de la série (version courte) :


La bande-annonce de la série (version longue) :

06/09/2010

(Téléphagie) Les séries et la musique : le savoir-faire sud-coréen (part. 2)


ostkdrama1.jpg


Choisir des pistes musicales plaisantes, c'est une chose. Parvenir à les utiliser à propos, c'en est une autre. Or, à mes yeux, s'il est un pays qui manie à merveille cet art d'allier séries et musique, c'est la Corée du Sud. En fait, il existe généralement une forme d'osmose entre ces deux aspects qui engendre une réciprocité généralement bien maîtrisée, leur permettant de se mettre mutuellement en valeur. Le téléspectateur finit par associer et mêler les échos positifs de part et d'autre. C'est bien simple, depuis le début de l'année 2010, j'ai dû avoir autant de coups de coeur pour des OST de k-dramas qu'en une décennie entière de téléphagie occidentale. (J'avoue qu'il m'est même arrivée d'aimer la musique, sans apprécier le drama ; le dernier exemple que j'ai en tête est Road Number One.)

ostkdrama3.jpg

Un filon d'exploitation florissant

Ne cachons pas la dimension marketing liée à cette production : l'industrie sud-coréenne de l'entertainement maîtrise parfaitement toutes les ficelles. Pour bien comprendre les enjeux, il suffit de jeter un oeil sur les divers classements des singles les plus vendus/téléchargés sur les plate-formes légales chaque semaine. Par exemple, prenons la dernière synthèse des 5 grands sites de musiques du pays (Melon, Bugs, Mnet, Soribada, Dosirak)
qu'assure KPopNet4 de façon hebdomadaire, proposée pour la dernière semaine du mois d'août au pays du Matin Calme.

Dans le top 30 des singles, on retrouve rien moins que 7 singles issus d'OST de dramas. Le savoir-faire marketing est encore plus flagrant lorsque l'on analyse de près ces sorties, puisque ces 7 morceaux couvrent en réalité "seulement" 3 séries différentes. Tout d'abord, il y a les singles tirés du grand succès d'audience actuel en Corée du Sud, Baker King, encore représenté dans ce top 30 par 2 singles (alors même qu'ils sont présents depuis quelques temps déjà, une longévité à souligner). A ses côtés, le drama actuellement à son apogée musicale est incontestablement My Girlfriend is a Gumiho, lancé le 11 août dernier sur SBS, dont on retrouve rien mois que les 4 singles différents de l'OST dans le top 30. Les dates de sorties de ces derniers sont d'ailleurs significatives : les chansons ont été disponibles, respectivement, les 4 août, 11 août, 20 août et 25 août pour la dernière... Parlez-moi d'une campagne parfaitement orchestrée ! Mieux encore, le morceau d'OST le plus haut dans le classement (n°4) est rien moins qu'une entrée, pour le moins fracassante, relevant d'un drama dont la diffusion est prévue... pour le mois de novembre prochain. Il s'agit en effet du premier extrait de l'OST d'Athena : Goddess of War (le spin-off d'IRIS) dont SBS a lancé la campagne de promotion fin d'août.

Ces exemples illustrent parfaitement la réciprocité installée entre ces deux volets de l'entertainement sud-coréen et cette forme de complémentarité, mais aussi de dépendance qui existe, chacun pouvant être instrumentalisé pour promouvoir l'autre. Dans le cadre de My Girlfriend is a Gumiho, la série sert de tremplin de promotion pour les chansons (l'acteur principal est d'ailleurs l'interprète de la chanson du premier single - ainsi, la boucle est bouclée) ; dans le cadre d'Athena, c'est la chanson qui sert de mise en bouche.

ostkdrama2.jpg

La composition des OST : une recette bien huilée

Si les soundtracks des dramas font recette et que tout le monde y trouve finalement son compte dans la distribution qui s'opére, c'est aussi parce qu'elles n'ont généralement pas leur pareil pour séduire le public.

 A quoi ressemble l'OST "type" d'un drama ?

Une OST se compose généralement d'une partie de chansons et d'une partie de simples instrumentaux. Il est fréquent d'ailleurs de rencontrer dans l'OST plusieurs versions, instrumentale et chantée, du même morceau. Parmi les chansons, on trouve quelques reprises (l'import de "classiques" étrangers n'est pas rare, avec une certaine tendance anglo-saxonne), mais aussi des inédits conçus spécialement pour la série. La plupart des musiques d'une OST auront chacune un interprète différent, ce qui va donc multiplier les influences et les interventions sur une même soundtrack. On y croise généralement au moins un acteur (ou une actrice) de la série. Les carrières acteur/chanteur ne sont pas cloisonnées en Corée du Sud ; et même si ladite personne n'a jamais envisagé son futur dans la chanson, elle saura généralement pousser la chansonnette sans trop de difficulté. Par ailleurs, participent également des chanteurs et/ou groupes extérieurs, sans aucun lien avec le drama ; ils peuvent être déjà connus, prêtant ainsi une part de leur notoriété à la série, ou bien, moins présent sur la scène médiatique, ils vont se servir de la série comme tremplin personnel. Il y a une forme de donnant-donnant constat entre les deux sphères de l'industrie du divertissement.

 Quant aux chansons, la diversité de leurs styles ne doit pas cacher qu'à quelques variantes près, leur contenu reste fidèle à un grand classique : la thématique de l'amour impossible/la rupture/l'adieu demeure la grande source d'inspiration première de la plupart d'entre elles. Pour peu qu'on se penche un peu sur  les paroles, ces dernières sont généralement assez édifiantes. L'amour est au fond un thème qui transcende tous les genres et les styles de dramas. Cependant, il faut bien insister sur le fait que tous les genres musicaux sont représentés et explorés, de façon à s'adapter au mieux à la tonalité de la série. On y trouve ainsi beaucoup de balades mélancoliques appréciées dans le cadre des sempiternels mélodramas, mais aussi des morceaux très dynamiques, plus orientés variétés, destinés à mettre en valeur l'atmosphère légère des comédies. Il y aura également des chansons aux accents franchement épiques pour accompagner les séries historiques.

En règle générale, le morceau musical s'appréciera pleinement si l'on a vu le drama ; et ce, même si certaines chansons peuvent s'imposer de manière indépendante. Reste que l'association d'une mélodie au souvenir d'un moment téléphagique agréable demeure le plus sûr moyen de diffusion de ces OST, mais aussi une façon d'assurer leur pérennité. L'assimilation du morceau par le téléspectateur est de plus facilitée par sa récurrence au cours des épisodes : la simple répétition de l'écoute familiarisera toute oreille récalcitrante qui n'aura pas eu un coup de foudre instantané.

ostkdrama4.jpg


Aperçu de soundtracks : éclectisme et multiplicité

Examinons maintenant quels morceaux ont pu marquer mon parcours téléphagique au pays du Matin Calme.

L'instrument de prédilection des OST de kdramas est le piano. Rien de tel que son utilisation pour proposer des thèmes profondément touchants et mélancoliques, qui vous donneraient presque instantanément envie de fondre en larmes lorsque les premières notes retentissent. L'OST de Bicheonmu est à mes yeux une des plus abouties sur ce point (pas seulement parce que cette série est celle qui m'a sans doute tiré le plus de larmes). Comment ne pas frissonner et rester insensible devant la beauté mélancolique de cette superbe composition ? 

(Nocturne, par Park Ji Yoon)
OST du drama Bicheonmu

Autre exemple de piano doux déchirant : A song of sorrow, par Kim Bum Soo, issue du drama Damo. Cette approche chargée d'une extrême douceur n'est pas le seul registre musical permettant d'éclairer et de faire vibrer la fibre tragique d'un drama. Les sud-coréens maîtrisent toutes les nuances de ce genre, pouvant également proposer des chansons qui déboucheront sur un résultat tout aussi poignant, mais où le fond musical sera plus riche en instruments de musique diversifiés et où le rythme sera un peu plus tranchant. Toujours dans Damo, nous y trouvons le parfait exemple illustrant ces subtiles variations dans l'émotionnel :

(A song of devotion, par Page)
OST du drama Damo


Si le piano demeure un instrument apprécié, il faut préciser que son utilisation ne renvoie pas automatiquement à des morceaux mélancoliques ou tristes. En effet, couramment employé pour souligner et servir toutes sortes de tonalités, il peut également, par exemple, constituer le support de chansons entraînantes à souhait, en offrant en guise de refrain mélodieux, une petite ritournelle agréable à l'oreille :

(Blood tears, par Lisa)
OST du drama Gumiho : The Tale of the Fox's Child

 
Au-delà de ces questions instrumentales, plus généralement, il est facile d'affirmer que la Corée du Sud est le pays des ballades. On y croise toutes les variantes du genre, déclinées avec toutes les nuances possibles et imaginables. Il est rare qu'une OST de kdrama n'en contienne pas au moins une. Il est fréquent d'en croiser plusieurs. Pour les interpréter, les possibilités ne manquent pas. On n'hésite pas à mettre à contribution les acteurs de la série, mais on est aussi prêt à se tourner vers d'autres chanteurs, plus ou moins confirmés, ou à faire appel aux multiples groupes et autres boys bands qui sévissent dans l'entertainment coréen.
Exemple du degré d'imbrication entre l'industrie de la musique et celle de la télévision, dernièrement, Baker King a ainsi pu confier la conception d'une de ses chansons phares à Lee Sung Chul, un des chanteurs coréens les plus productifs en terme de ballades.

Dans ce style musical, l'approche la plus épurée - et peut-être une des plus agréable - demeure une valeur sûre : la ballade intimiste, où la sobriété est maître mot et où le fond musical se contente d'accompagner tout en douceur, une voix simple qui ne force pas. I am Legend a proposé, dans ce registre, une belle version mélancolique le mois dernier, avec une chanson interprétée par Kim Jung Eun. Mais une des premières à m'avoir marqué dans ce style est issue du drama On Air. On pourra remarquer que, sans doute à dessein, dans chacun de ces exemples, le morceau est interprété par l'actrice principale de la série : un choix pas si innocent et plutôt judicieux.


(Shadow, par Song Yoon Ah)

OST du drama On Air


Si l'identité musicale du drama se forge naturellement dans le cadre d'une ballade personnelle comme citée ci-dessus, c'est un peu moins vrai pour les ballades plus classiques. Elles ne
s'apprécieront sans doute vraiment que si l'on a visionné la série - car certaines donnent parfois le sentiment d'être un peu interchangeables -, associant ainsi des souvenirs à cette mélodie. Cependant, on croise aussi dans ce genre quelques petites perles assez marquantes qui vont sortir du lot. Parmi mes préférés, figure une belle ballade langoureuse à souhait, qui vint rythmer un drama un peu plus ancien, All in :

(Just like the first day, par Park Yong Ha)
OST du drama All in


Comme je l'ai dit, les kdramas ne se contentent pas d'exploiter les doubles compétences de leurs acteurs, ils recourent également à des artistes populaires, déjà installés. S'opèrera alors la jonction entre deux sphères a priori réellement indépendantes, l'industrie musicale et l'industrie télévisée. Cette collaboration permet de mêler le style musical de l'artiste sollicité avec la tonalité particulière du drama à mettre en valeur. Pour une comédie romantique assez légère et explosive, comme Coffee House, cela donnera un morceau de kpop entraînant et dynamique à souhait, penchant vers la variété :



(Page One, par SG Wannabe & Ock Ju Hyun)
OST du drama Coffee House


Toujours dans ce cadre, certaines des plus belles OST de kdramas sont nées de cette collaboration : le recours à ces chanteurs peut en effet aussi déboucher sur de superbes ballades musicalement abouties et qui sauront vous transporter. Un drama comme The Legend, qui propose dans son ensemble une des plus belles OST qu'il m'ait été donné d'écouter (ecléctique, particulièrement riche et très réussie), exploitera ainsi à merveille cette voie, avec une chanson où pointe une dose de merveilleux, teinté d'épique, qui sied parfaitement à cette série :


(Love song for a thousand years, par TVXQ (DBSQ))

OST du drama The Legend


Par ailleurs, on ne soulignera jamais assez à quel point tous les genres musicaux sont représentés. Certains dramas contiendront des petits morceaux très légers, tel Go Go Chan, dans Coffee Prince. D'autres morceaux investiront des styles un peu moins présents à l'écran, tel du r'n'b, dans City Hall :

(I'll believe in myself, par Jung In ft. Bizzy)
OST du drama City Hall


Les OST s'adaptent donc à la tonalité des séries, mais elles vont également se positionner par rapport aux époques relatées. Il y aura alors deux approches possibles : soit la musique va s'inscrire dans le prolongement de la période mise en scène, permettant ainsi d'accentuer le dépaysement, soit il y aura une rupture volontaire qui sera orchestrée, de façon à distiller une certaine ambivalence dans l'atmosphère de la série.

Pour ce qui est de la première hypothèse, un des meilleures illustrations se trouve dans l'OST de Capital Scandal. En écho au contexte des années 30, pour un drama se déroulant durant l'occupation japonaise, elle nous plonge dans un morceau swinguant à souhait :

(Kyung Sung Scandal, par Eru)
OST du drama Capital Scandal


Dans le registre des sageuk - les kdramas historiques -, on retrouve les deux grandes écoles au sein des productions. Soit il va s'agir d'exalter cette fibre épique contenue dans le drama, à la manière par exemple, de Jumong. Ou bien, certaines OST vont prendre le téléspectateur à contre-pied en optant pour des styles musicaux où pointe un flagrant anachronisme qui peut quelque peu déstabiliser dans un premier temps : parmi cette seconde tendance, on peut citer Damo et ses morceaux de krock endiablés, ou, plus récemment, Chuno (Slave Hunters).

Relevant de la première voie, voici un exemple d'envolée épique :

(Sesang-i nareul ora hane, par Insooni)
OST du drama Jumong

Relevant de la seconde voie, certains k-dramas vous prouveront avec beaucoup d'aplomb qu'une introduction type "chants grégoriens" qui enchaîne sur du rock endiablé en plein XVIIe siècle, et bien si, c'est possible...

(Change, par Gloomy 30's)
OST du drama Chuno (Slave Hunters)

De la même manière, toujours dans ce décalage anachronique, du rock électrique :

(Fate, par Kim Sang Min)
OST du drama Damo


Enfin, les dramas eux-mêmes parachèvent parfois la confusion des deux sphères musique et série, en intégrant l'univers musical directement dans les storyline. La série mettra alors en scène un chanteur ou bien un groupe fictif. Gloria, You're Beautiful, ou encore dernièrement I am Legend, rentrent tous dans cette catégorie. Et, une fois encore, cela ouvre un horizon particulièrement éclectique : il y en a pour tous les publics, et pour tous les goûts.

I am Legend propose des morceaux plutôt dynamiques, de la pop tendant vers  le rock, à l'image d'un de mes récents coups de coeur :

(Millions roses, par Come back Madonna)
OST du drama I am Legend


En mode Idols (boys bans), A.N.Jell aura été un groupe "fictif" particulièrement marquant et rentable, surfant sur le buzz et le "phènomène" You're Beautiful en fin d'année 2009 :

(I will promise you, par A.N.Jell)
OST du drama You're Beautiful

 

Pour conclure, en guise de dernière illustration de cette extraordinaire diversité des OST de k-drama, voici mon dernier gros coup de coeur du moment, issu de la soundtrack de My Girlfriend is a Gumiho, un morceau étrangement féérique d'où s'échappe comme une pointe de magie :

(Fox Rain (Sun Shower), par Lee Sun Hee)
OST du drama My Girlfriend is a Gumiho



En conclusion, j'ai envie d'insister sur le fait que la Corée du Sud n'est pas seulement un des pays qui propose les OST originales les plus abouties, avec des morceaux qui constituent et apportent une réelle valeur ajoutée à ses séries, soutenant ainsi leur contenu. Elle est aussi un des plus pragmatiques, faisant partie de ceux qui ont le mieux perçu tous les avantages à imbriquer ces deux volets, poussant la réciprocité entre musiques et séries à son maximum. Là où les Etats-Unis balbutient un Glee plus ou moins digeste, la Corée du Sud fait preuve d'une maîtrise globalement bien supérieure dans ce domaine.

Toutes les OST ne sont pas aussi marquantes que celles que j'ai pu évoquer ici, mais, dans l'ensemble, j'espère que cet article aura pu vous présenter un aperçu synthétique de la richesse de l'univers musical des kdramas, expliquant pourquoi il est à mes yeux le plus soigné parmi les nationalités dont le petit écran m'est familier.


Et vous, comment percevez-vous et ressentez-vous cet univers téléphagique musical du pays du Matin Calme ? Vous avez déjà poussé l'écoute des OST hors visionnage de la série ? Quelles sont les k-dramas qui ont pu vous marquer dans cette perspective ?

 

En complément, je vous conseille d'aller lire l'article d'Eclair sur Les OST de séries et de films coréens, ce dernier dispose en effet sans doute d'une vision d'ensemble plus complète, en raison d'un meilleur recul et d'une plus grande expérience sur tout ce qui touche à la Corée.