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10/11/2010

(J-Drama / Pilote) Guilty Akuma to Keiyakushita Onna : jusqu'où le désir de vengeance peut-il conduire ?


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Devant l'embarras de choix téléphagiques en ce dernier trimestre 2010, j'ai l'impression d'avoir des problèmes de riche pour remplir mon mercredi asiatique. Ce qui, pour un téléphage, ne peut jamais être objectivement qualifié de "problème". Tant de nouveautés aux synopsis aguicheurs, aux genres complètement différents, aux castings retenant mille et une attentions... Sur quels critères objectifs (ou non) donner la priorité à telle ou telle série ? Avant un retour probable en Corée du Sud, où les nouvelles séries m'appellent, ce week-end, après de nombreuses tergiversations, j'ai finalement jeté mon dévolu sur un drama, diffusé depuis le 12 octobre 2010 au Japon, Guilty Akuma to Keiyakushita Onna.

Parce que les histoires de vengeance exercent toujours une certaine fascination chez moi. Parce que même si je n'imagine pas Fuji tv porter à l'écran une série aussi sombre que ce dont je pourrais rêver à partir de la seule lecture du résumé, j'avais bon espoir que la mise en scène d'un flou moral troublant, dépassant tout caractère manichéen, soit plus réussie que l'un des principaux ratés de mes expériences estivales, JOKER Yurusarezaru Sosakan. Finalement, Guilty Akuma to Keiyakushita Onna ne s'est pas révélé exempte de défauts, et il serait excessif d'en faire un coup de coeur automnal. Pour autant, la série a su si bien accrocher mon intérêt que j'ai visionné les trois premiers épisodes d'affilée, tout en conservant le secret espoir que le drama saura grandir et mûrir au fil de la saison. Ainsi, même si elle est loin d'être parfaite, la série n'en demeure pas moins digne d'attention.

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Guilty Akuma to Keiyakushita Onna, c'est une histoire de revanche implacable, mais pas seulement. Au cours des deux premiers épisodes, s'esquisse également une rencontre, de deux êtres à une intersection de leur vie, à un croisement incertain où les dérives et choix qui s'offrent à eux vont rapprocher ces deux adultes qui n'auraient jamais rien dû avoir en commun.

En apparence, Nogami Meiko incarne la jeune femme sans histoire, menant une existence paisible en occupant un emploi dans un salon dédié aux animaux domestiques. Appliquée et enthousiaste dans son travail, personne ne pourrait se douter que lorsque les regards se détournent, le sourire qui illumine habituellement son visage se fige et disparaît. Car Meiko cache des blessures plus profondes. A l'âge de 19 ans, elle a été accusée et condamnée pour les meurtres par empoisonnement de son beau-frère et son beau-fils, cette tragédie aboutissant au suicide de sa soeur. Elle a toujours clamé son innocence, mais en vain. Désormais libérée, elle utilise son emploi du temps flexible et ses sorties pour organiser un autre plan autrement plus sombre : orchestrer une vengeance implacable contre les personnes, dont les actions ont, des années plus tôt, brisé sa vie. Si le téléspectateur ignore quel secret unit toutes les cibles de Meiko, il assiste à l'inarrêtable progression des plans de la jeune femme. Si pour le moment, elle est toujours parvenue, à la suite de chantage impliquant des êtres qu'elles aiment, à pousser ses victimes au suicide, jusqu'où peut-elle aller dans cette spirale de vengeance ? Pourra-t-elle vraiment, si la situation l'y oblige, prendre une vie de sang-froid ?

Sa perspective va peut-être changer en raison d'une rencontre fortuite pour son travail, se liant avec l'ami d'un client ayant laissé son chien : Mashima Takuro. Les états d'âme de Meiko semble se refléter comme dans un miroir chez cet homme dont elle ne connaît quasiment rien. C'est du point de vue de ce dernier que l'histoire nous est contée. Car Takuro, ayant ses propres préoccupations et problèmes, va lui cacher sa qualité de policier. Depuis une erreur de jugement qui a coûté la vie à la recrue qu'il avait sous ses ordres, Takuro n'est que l'ombre de lui-même. En plus d'un lourd poids sur la conscience qui lui fait trouver refuge dans l'alcool, il doit supporter les brimades continuelles de ses collègues pour poursuivre sur les ruines d'une carrière policière qui aurait pu être brillante. S'ajoute à tous ces soucis déstabilisants la disparition récente de son ancien mentor, accusé de corruption. Si tout le monde a vite fait de classer ce cas en suicide, Takuro découvre que c'est sur une affaire glissante que le vieil homme s'est lancé : l'affaire d'empoisonnement qui vit condamner Meiko. Rapidement, Takuro établit un lien entre d'étranges suicides qui ont lieu depuis plusieurs semaines et la jeune femme... Alors que le meurtrier de son ancien partenaire échappe à la condamnation pour insanité, Takuro poursuit ses visites auprès de Meiko, sans rien reporter de ses soupçons à des supérieurs qui préfèrent tant l'ignorer. Jusqu'où le conduira cette fréquentation ?

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Guilty Akuma to Keiyakushita Onna laisse une première impression ambiguë, qui apparaît finalement comme un reflet fidèle au flou ambiant que réserve la tonalité de la série. Appliquée, la série flirte avec une ambivalence morale jamais complètement assumée, mais où pointe une volonté scénaristique évidente de dépasser tout cadre manichéen, afin de remettre en cause la dichotomie traditionnelle du bien et du mal. C'est dans le personnage de Meiko que s'incarnent toutes les nuances de gris composant l'univers de ce drama : son projet de vengeance fait distinctement transparaître les deux faces dissociées d'une même personne, sans que le téléspectateur puisse deviner quelle est la réelle personnalité qui se cache sous ces masques. Est-ce cette face enjouée et ouverte aux autres ? Ou bien est-ce celle qui se referme et laisse entrevoir une détermination ayant banni toute émotion humaine ? Si la non-culpabilité de Meiko, pour l'empoisonnement à l'origine de tout, ne semble faire aucun doute de la perspective du téléspectateur (avec le peu d'éléments dont il dispose), en revanche, l'image qu'elle renvoie à l'occasion, d'une froideur déconnectée de toute contingence morale apparaît presque en accord avec le portrait terrifiant que sa mère en dresse.

Pourtant, si Guilty Akuma to Keiyakushita Onna entretient une volontaire ambivalence quasi-schizophrénique construite autour de son personnage central, la série ne franchit jamais un certain seuil, comme prisonnière d'un restant d'inhibitions. Ainsi, lorsque Meiko menacera de lâcher le bébé du haut du toit d'un immeuble, on découvrira a posteriori qu'il ne s'agissait que d'une poupée... Invariablement, elle utilise toujours le bluff pour fonder son chantage fatal, et n'a pour le moment jamais eu à mettre à exécution ses menaces. Certes, elle apparaît implacable à l'encontre de ses cibles, n'hésitant pas à détruire leur famille par leur mort ; mais si elle se ré-invente des codes moraux, elle ne s'en affranchit jamais complètement. S'attachant à ne pas dépasser ce point de non-retour virtuel, pour le moment, la série semble ménager à Meiko une porte de sortie. Pour autant, cette prudence permet aussi à Guilty Akuma to Keiyakushita Onna de laisser subsister un certain non-dit, autrement plus inquiétant, puisque résonne en arrière-plan une question lancinante : jusqu'où Meiko peut-elle se laisser emporter dans cette spirale de vengeance ?

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A ce stade de l'histoire, deux possibilités s'offrent à ce drama pour son évolution future. Ou bien peut-il nous décrire un progressif glissement hors de contrôle de personnages emportés par un désir de justice personnelle, réglant alors de manière privée et implacable leurs comptes en achevant de détruire leur rattachement à un certain idéal. Ou bien peut-il rester prudemment sur le sentier balisé de ces premiers épisodes, exploitant pleinement l'ambiguïté de la mise en scène, mais sans jamais concrétiser ce risque, se contentant de laisser en suspens la possibilité d'une telle dérive. Tout le paradoxe de Guilty Akuma to Keiyakushita Onna est finalement de parvenir à faire d'une de ses limites, a priori les plus contraignantes par rapport à son concept, une forme de point fort, en ce sens que la série ne se ferme aucune porte et sait jouer sur la suggestion pour envisager toute éventualité.

Le personnage de Takuro suit un schéma similaire ; le cumul de sa faillite personnelle et de la faillite du système judiciaire qui relâche le meurtrier de son partenaire achève de détruire ses dernières certitudes qui sont emportées par la disparition de son mentor. Sa rencontre, puis la relation qui s'esquisse entre lui et Meiko, interpellent immédiatement le téléspectateur. Non seulement par cet effet de miroir que l'on perçoit entre les deux dans leurs échanges, pareillement tiraillés, mais aussi en raison du fait que le policier sait ce que représente la jeune femme, sans que cela l'empêche de ressentir une étrange fascination pour elle. Or, consciemment ou non, le rapprochement qu'il encourage avec Meiko, et le silence dans lequel il s'enferme vis-à-vis de ses supérieures, apparaît un premier pas vers un glissement plus sombre, qui anéantirait ses derniers repères.

Outre l'attraction qu'exercent ces figures troublées, si la série bénéficie pleinement de la force des thèmes abordés, un des reproches principaux qui peut être adressé à son écriture, est sans doute son relatif manque de subtilité, auquel s'ajoutent quelques problèmes de crédibilité - le personnage du journaliste excentrique à l'excès, aux motivations floues, et vaguement omnipotent, représentant l'incarnation de certaines caractéristiques des fictions japonaises auxquelles je ne me suis jamais habituée.  Pourtant, que ce soit dans les rapports qu'entretiennent les personnages, ou bien dans la façon dont l'histoire progresse, le drama sait maintenir une tension constante dans la narration qui ne prend jamais l 'intérêt du téléspectateur en défaut. Il offre une consistance d'ensemble apportant une solide homogénéité dans la narration, qui vient ainsi compenser certains de ses travers récurrents.

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Presque logiquement pourrait-on dire, la forme s'inscrit dans une certaine continuité par rapport au fond de la série. En effet, d'apparence classique et sans valeur ajoutée particulière dans ses premières scènes, c'est finalement par une frustrante intermittence que la série laisse entrevoir un réel potentiel esthétique et une certaine maîtrise des tonalités colorées qui mérite d'être soulignée. Elle adopte ainsi à l'occasion une photographie plus soignée et recherchée, s'attachant avec beaucoup de réussite, et une certaine poésie de la mise en scène - consacrée par le générique de fin -, à refléter l'ambiance trouble du passage concerné. L'exercice est appréciable à l'écran ; mais ne nous donne que plus de regret sur l'identité visuelle que Guilty Akuma to Keiyakushita Onna aurait pu se construire si elle en avait eu l'ambition.

Pour supporter cette difficile histoire, le casting se révèle à la hauteur. Je confesse cependant que ma mémoire m'a (encore une fois) fait défaut. Il aura fallu attendre que je me plonge dans la filmographie du casting en rédigeant cette review, pour me rendre compte que cette série marque en fait un retour aux sources, par des retrouvailles avec un des premiers acteurs de séries asiatiques croisé au cours de mes débuts téléphagiques sur ce continent : Tamaki Hiroshi. Puisque Nodame Cantabile fut, avec Nobuta wo Produce, mon premier drama asiatique (il est plus récemment apparu dans Love Shuffle). Cette parenthèse de nostalgie téléphagique refermée, il convient de saluer Kanno Miho (Ai no Uta, Magerarenai Onna ou encore Niji wo Kakeru Ouhi), qui n'a sans doute pas un rôle facile en raison des hésitations des scénaristes, mais qui s'en sort de façon convaincante. Par ailleurs, retrouver Kichise Michiko (Mousou Shimai, BOSS) suffit à m'offrir quelques petits instants de bonheur à l'écran. Enfin, on croise également dans  la série des têtes familières du petit écran japonais, comme Mikami Kensei (GOLD, Tsuki no Koibito), Yoshida Kotaro, Karasawa Toshiaki (Fumo Chitai), Rikiya, Moro Morooka, Takizawa Saori (Jotei), Yokoyama Megumi ou encore Iwamoto Masuyo.

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Bilan : A l'image de ses personnages, Guilty Akuma to Keiyakushita Onna est un drama sombre qui flirte avec ses propres inhibitions narratives, à la croisée des chemins, et auquel il manque peut-être une construction scénaristique plus subtile et rigoureuse pour pleinement exploiter son potentiel. C'est ce que ses deux personnages principaux feront de leur rencontre et jusqu'où les conduiront leurs réflexions et états d'âme qui déterminera la valeur et la portée de cette série. Pour autant, au terme de ces premiers épisodes, on ne peut que constater la capacité étonnante de cette fiction à savoir se jouer de ses limites pour cultiver une ambiguïté au sein de son univers qui interpelle, transcendant toute classification. En dépit de certaines réserves, et sans adhérer à tout, il se révèle très difficile de décrocher de cette intrigante histoire, une fois que l'on est immergé dans ces mystères. Téléphages amateurs d'histoire de vengeance, laissez-vous tenter sans hésiter.   


NOTE : 6,5/10


Le générique très sombre et esthétique :

03/11/2010

(J-Drama) Karei Naru Ichizoku : déchirement familial sur une toile de fond industrielle

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Une review en forme de bilan en ce premier mercredi asiatique du mois de novembre. Non que je manque de nouveautés à découvrir, aussi bien japonaises que sud-coréennes, mais parce que, comme annoncé durant l'été, je m'efforce de poursuivre en parallèle mon exploration de la télévision du pays du Soleil Levant, suivant notamment vos recommandations du mois d'août (en l'espèce, merci donc à lady et calcifer qui m'avaient parlé de ce drama). Car ce week-end, j'ai profité du changement d'heure pour terminer une série commencée il y a déjà quelques semaines : Karei Naru Ichizoku. Diffusée en 2007, sur la chaîne TBS, elle comporte 10 épisodes (le premier et le dernier durant 75 minutes, les huit autres, 45 minutes).

Au vu du résumé, je m'attendais à de l'économique, de l'industriel, une pointe d'ambiance sixties... J'ai eu bien plus que cela. C'est une série qui, par ses thématiques et la manière de les traiter, ne ressemble à aucune autre. Rien ne m'avait vraiment préparé, à la seule lecture du synopsis, à la force de l'histoire dans laquelle je me suis ainsi engagée. Dix épisodes plus tard, Karei Naru Ichizoku s'est imposé à mes yeux comme un incontournable du petit écran japonais. Pas pleinement séduite dès le départ, au final, ce récit dont la tension va crescendo, s'affirmant peu à peu, aura plus que mérité l'investissement réalisé. Si bien que, c'est en téléspectatrice sans doute pas encore complètement remise de ce visionnage que je vous propose un bilan aujourd'hui. Car il était inconcevable de reporter d'une seule semaine la critique de ce drama.

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Adaptation d'un roman de Yamazaki Toyoko, Karei Naru Ichizoku nous plonge au coeur de la réorganisation financière du Japon à la fin des années 60, à travers la destinée tumultueuse de la famille Manpyo, riche et puissante dynastie qui a fait fortune dans le domaine bancaire. A l'aube de l'entrée dans l'ère de l'économie moderne, la série offre un parfait reflet des tensions d'une époque, portrait contrasté d'une société hésitant entre crispation sur des acquis s'amenuisant et regard tourné vers le futur. A ce conflit, incarné par les deux figures centrales de la série, se superpose la description d'une relation - ou plutôt d'une non-relation, troublée et troublante, chargée d'incompréhension, entre un père et son fils.

Patriarche dirigiste, qui mène son entourage d'une main de fer, Manpyo Daisuke possède une importante banque en bonne santé financière. Mais cette dernière est mise en danger par les plans de restructuration du ministère qui prévoient, à terme, de créer de grandes concentrations bancaires, au sein desquelles les plus petites se dilueront. Parallèlement, son fils aîné, Teppei, qui n'a jamais manifesté le moindre attrait pour ces jeux d'argent, s'est pleinement investi dans l'industrie métallurgique. Rêvant de faire entrer le Japon parmi les pays les plus industrialisés, visionnaire quant aux futurs enjeux décisifs, Teppei dirige une entreprise de fabrication de métaux. Ses certitudes le portant vers des projets ambitieux, la grande réalisation qu'il souhaite accomplir est la construction d'un haut fourneau qui lui permettra d'acquérir une indépendance de fabrication et une assise matérielle pour partir à l'assaut de nouveaux marchés, notamment américains.

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Pour mener à bien ses idées, Teppei a besoin de soutiens financiers. C'est pourquoi il s'adressera logiquement à Daisuke, en dépit des rapports atypiques, dénués de tout sentiment qu'il a toujours entretenu avec lui, le fils se sentant comme étrangement rejeté par un père qui n'a eu d'yeux que pour le cadet, Ginpei. Aussi meurtri qu'il soit par cette attitude paternelle, Teppei continue obstinément de rechercher une trace de satisfaction dans le regard que son père peut poser sur lui. Seulement, pour ce dernier, la survie et la pérennité de la famille Manpyo ne sauraient passer que par la prospérité de leur banque. Ses manoeuvres pour permettre ce sauvetage vont l'amener à prendre des décisions difficiles et à orchestrer des manipulations brisant, sans arrière-pensée, plus d'un adversaire sur sa route. C'est ainsi sur une voie bien dangereuse qu'il conduit fermement une famille au bord de l'implosion. Daisuke se dit certes prêt à tout pour sauver sa banque, mais a-t-il vraiment songé au prix qu'il pourrait payer ? La famille Manpyo survivra-t-elle à ces soubressauts ? Quels seront les sacrifices à réaliser ?

A la seule lecture du synopsis, si on pressent le potentiel indéniable de Karei Naru Ichizoku, on peine à vraiment apprécier la multiplicité des thématiques que la série va développer et la force d'une histoire qui va tout simplement submerger le téléspectateur. Ce serait une erreur que de trop hâtivement la catégoriser dans un genre précis. Car un de ses principaux atouts va justement être de savoir transcender tous les thèmes mis en scène, pour finalement offrir un récit dense et surtout homogène, dont la maîtrise dans l'exploitation de ces différentes facettes, va dépasser toutes les attentes initiales.

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Tout d'abord, Karei Naru Ichizoku a évidemment les accents d'une saga industrielle au sens noble du terme. Nous plongeant dans les coulisses agitées et létales de la restructuration économique japonaise de la fin des année 60, elle manie avec dextérité le langage compliqué des financiers, tout comme les manipulations retorses des ambitieux qui peuplent ses réunions. Son incursion politique se révèle toute aussi désillusionnée, tant elle dévoile un monde corrompu aux alliances changeantes. Pour autant, ces passages complexes ne vont jamais rendre la série abrupte ou rébarbative. Au contraire, elle réussit à intégrer avec naturel ces enjeux, parfois excessivement abstraits mais toujours compréhensibles, dans les tensions émotionnelles sous-jacentes qui la parcourent.

Car voilà bien un des attraits les plus fascinants de Karei Naru Ichizoku : sa capacité constante à développer une empathie diffuse et sous-jacente tout au long de la série. Si le téléspectateur ne se sent jamais déconnecté de ces intrigues politico-industrielles, c'est parce que le récit n'y est jamais déshumanisé. C'est toujours par le facteur humain, les personnages, que l'histoire se construit, demeurant profondément liée aux aspirations et conflits internes qui les régissent. C'est ainsi que le téléspectateur va être capable de ressentir et de partager cette bouffée d'idéalisme mal contenue manifestée par Teppei, lorsque ce dernier décrit ses grands projets d'avenir, ou qu'il parle avec passion de l'industrie métallurgique. De même, on perçoit bien que les apparentes froides motivations de Daisuke cachent d'autres non-dits, d'autres blessures plus profondes et plus enfouies.

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Dans Karei Naru Ichizuku, si elle en est le décor principal, l'industrie n'est pas une fin en soi. Elle apparaît comme une extension, un univers qui se superpose à la famille, cette dernière restant le coeur véritable du drama. Car cette série est avant tout un véritable drame familial, dans tous les sens du terme. 

La puissance des Manpyo n'a d'égal que le malaise qui s'étend et se creuse dans une famille au bord de l'implosion. Placée sous la férule tyrannique et patriarcale d'un Daisuke pour qui chacun de ses enfants est un outil lui permettant d'oeuvrer à la protection de l'empire financier qu'il souhaite pérenniser, le téléspectateur s'aperçoit bien vite que la gangrène qui ronge les Manpyo est beaucoup plus profonde que de simples mariages arrangés. Il y a quelque chose de vicié dans ce portrait dressé d'une dynamique familiale, quelque chose qui va bien au-delà d'une simple histoire de moeurs et de cette maîtresse omniprésente, presque officiellement intronisée et qui s'arroge la place de l'épouse officielle. Face à ce ressort qui semble cassé, le téléspectateur est longtemps réduit à se perdre en conjectures, incapable d'identifier ce qui se cache derrière certains non-dits ou réactions disproportionnées.

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Pourtant, dès le départ, on devine inconsciemment que tout tourne, comme la série elle-même, autour de cette relation père-fils dont la détérioration apparaît presque instantanément inéluctable. Telle la partition maîtrisée d'une tragédie à l'ancienne au destin déjà scellé, on assiste impuissant à l'engrenage qui s'opère. Cette incompréhension initiale, de deux êtres qui ont toujours été des étrangers l'un pour l'autre, se change progressivement en une concurrence, un temps seulement inconsciente, mais qui prend peu à peu toute sa force pour se conclure en un affrontement direct visant à l'anéantissement de l'autre. Cette inimité qui bascule dans une aversion unilatérale à travers laquelle Daisuke règle ses comptes avec son propre père, Teppei n'étant qu'une incarnation, à ses yeux, de cette figure paternelle tant haïe, est proprement glaçante à l'écran. Si les secrets de famille soigneusement gardés expliqueront bien des ressorts cassés au sein des Manpyo, rien ne pourra arrêter l'engrenage infernal initié par cette opposition destructrice. A mesure que la situation se détériore et que la possibilité d'une réconciliation s'éloigne, le téléspectateur perçoit très tôt - trop tôt - l'issue probable vers laquelle tout finit par tendre.

Le dernier acte de cette tragédie qu'est Karei Naru Ichizoku est à l'image de la série, reflet de toutes les désillusions que cet univers aura apporté. Plus que le contenu de cette fin, c'est l'extrême vanité de tous ces évènements qui reste le plus marquant. Ces luttes acharnées auxquelles on a assisté, ces sacrifices qui ont été faits jusqu'au plus ultime, nous auront entraîné et submergé dans un tourbillon émotionnel d'une ampleur rare. Mais, au final, ce sont d'autres forces, bien plus implacables, bien plus déshumanisées qu'une famille se déchirant, qui poursuivent leurs oeuvres, imperturbables, broyant sur leur passage tout ce qui peut se mettre au travers de leur route. C'est en cela que l'ambivalence de Karei Naru Ichizoku reste profondément dérangeante : certes, au sein de la famille Manpyo, la tradition l'a emporté sur la modernité, mais elle a déjà perdu la bataille finale. Ce n'est qu'un sursis un peu vain, qui donne au final un arrière-goût extrêmement amer (pas uniquement en raison du flot de larmes salées l'accompagnant), conclusion parfaite dans la droite lignée de la série.

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Sur la forme, si sa réalisation est classique, la photographie bénéficie d'une intéressante teinte un peu sepia. Reflet de son appartenance aux sixties, elle renforce aussi l'ambiance de reconstitution historique à la veille de grands changements qu'évoque le drama. Cependant, le registre dans lequel Karei Naru Ichizoku excelle plus que toute autre, c'est dans la composition de sa bande-son. Avec ses accents épiques un peu surprenants aux premiers abords, au vu du sujet traité, elle permet au récit d'atteindre une dimension supplémentaire, lui conférant un souffle fascinant, mais qui prend tout son sens devant la mise en scène de cet affrontement au parfum de tragédie dans laquelle l'histoire glisse progressivement. Minimaliste dans son recours à des chansons, c'est par des morceaux instrumentaux que ce volet musical s'impose. Omniprésente, sans que son utilisation paraisse pour autant excessive ou artificielle, il apparaît rapidement que la musique occupe la fonction d'un outil de narration, rythmant le récit, ses avancées et ses bouleversements, renforçant d'autant l'intensité émotionnelle de certains passages. Cela accroît également cette apparence théâtrale, étonnamment grandiloquente, mais dont la force emporte le téléspectateur comme rarement. C'est bien une des plus marquantes - et des plus belles - OST de j-dramas qu'il m'ait été donné d'écouter.  

Enfin, Karei Naru Ichizoku bénéficie d'un casting très solide. S'il s'appuie sur une riche galerie de personnages, le rôle principal est dévolu à un Kimura Takuya très convaincant. Même pour une relative néophyte en télévision japonaise telle que moi, cet acteur ne pouvait être un inconnu. Cependant, évènement notable, c'est la première fois que je parviens au bout d'un de ses dramas, après des essais infructueux devant Pride ou MR BRAIN. Face à lui, Kitaoji Kinya (Zettai Reido) incarne un père avec ses propres préoccupations, mais aussi blessures personnelles. A leurs côtés, on retrouve un large casting, composé notamment de Suzuki Kyoka, Hasegawa Kyokon, Yamamoto Koji, Yamada Yu, Aibu Saki, Fukiishi Kazue, Nakamura Toru, Inamori Izumi, Takigawa Yumi, Nishimura Masahiko ou encore Harada Mieko.

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Bilan : Entre épopée industrielle et saga familiale, Karei Naru Ichizoku est avant tout une histoire d'hommes. Avec pour toile de fond la modernisation économique du Japon, ce drame humain relate la détérioration progressive de la relation de deux êtres qui n'ont jamais su se trouver, ni se comprendre : un père et son fils aîné, dont les actions vont être une source de souffrance pour l'autre. A mesure que la série progresse, le récit acquiert une ampleur aussi fascinante que presque inattendue. Chaque épisode, chaque nouvelle prise de décision, renforce cette impression d'assister à un nouvel acte d'une sourde tragédie qui s'est inéluctablement mise en marche, et que rien ne paraît pouvoir arrêter. Entre tradition et modernité, entre amour et haine, il y a quelque chose de profondément désillusionné dans l'univers de cette série, illustré par la vanité finale de tous ces évènements. Vraiment dotée d'une intensité émotionnelle rare, Karei Naru Ichizoku ne laissera aucun téléspectateur indifférent.

Un incontournable du petit écran japonais.


NOTE : 9/10


La bande-annonce de la série :


Le thème musical principal (superbe) :

20/10/2010

(K-Drama / Pilote) Fugitive : Plan B : de l'action décalée dans un registre de divertissement revendiqué


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Une série qui était fort attendue en ce nouveau mercredi asiatique sud-coréen, puisque c'est Fugitive : Plan B qui va faire l'objet de la critique du jour. Si ce drama avait débuté sur de convaincantes bases d'audience, le situant au-dessus de la barre des 20%, le 29 septembre dernier sur KBS2, son assise populaire s'est peu à peu effritée face à la concurrence directe d'une série, toujours aussi chaotique en coulisses mais semblant s'être taillée une solide place auprès des téléspectateurs : Daemul. Si bien que l'épisode de Fugitive : Plan B de jeudi dernier dépassait tout juste les 12%, tandis que Daemul menait la tranche horaire de plus de 10 points, au-delà des 22%.

Ayant pourtant succédé au boulanger, champion hors catégorie des audiences sud-coréennes de cette année 2010, dans une case stratégique, il semble donc que Fugitive : Plan B n'ait pu capitaliser sur cette héritage et peine à satisfaire les attentes placées en elle. Il faut dire que l'extrême volatilité du ton de cette série d'action peut a priori surprendre et déstabiliser, la rendant difficilement classable. Avec un second degré plus assumée que A Man Called God (diffusée au printemps), tout en gardant un côté très cheesy et kitsch, elle suit une fine ligne d'équilibre pour tenter d'investir le créneau du divertissement rythmé et décalé. 

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Fugitive : Plan B est une série qui se veut "fun", aussi divertissante qu'explosive, avec une touche volontairement sexy indéniable (qui se traduit notamment par l'incapacité récurrente des personnages masculins à savoir boutonner une chemise). Voici condensé le message que la scène d'ouverture du pilote délivre au téléspectateur. C'est en effet l'occasion mouvementée de faire connaissance avec Ji Woo, détectice privé exerçant son métier prohibé en marge de la loi sud-coréenne. Homme d'affaires méticuleux, le jeune homme gère avec maîtrise une entreprise florissante, basée sur une réputation solide - en dépit de son caractère occulte et des démêlés judiciaires troubles de Ji Woo - et un réseau d'informateurs fiables à travers toute l'Asie. Quelque part entre l'homme d'action prompt aux échanges musclés et un côté plus feutré aux faux airs James Bond-ien, le personnage cultive son ambivalence tout au long de ces deux premiers épisodes.

S'il demeure marqué par la mort non élucidée de son ancien associé, il y a plusieurs années, il suit un quotidien bien rôdé, fait d'enquêtes et d'aventures, d'où ressortent un attrait incontestable pour l'argent. Mais sa rencontre avec Jin Yi va l'entraîner sur une route plus dangereuse encore. Car la jeune femme, qui souhaite l'engager, vit dans des eaux particulièrement troubles, fuyant un passé ensanglanté où ses proches ont été tous decimés avec des morts très suspectes. Une nouvelle énième tentative d'assassinat, commanditée depuis le Japon, témoigne d'ailleurs de la précarité de son existence. Amorçant les débuts d'une longue fuite, loin de ses meutriers pour Jin Yi et loin des autorités pour Ji Woo, c'est finalement dans une chasse au trésor d'un genre un peu à part, en quête d'un argent ayant disparu durant la Guerre de Corée, que tous ces protagonistes vont se retrouver entraînés... 

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Paradoxalement, si ces deux premiers épisodes de Fugitive : Plan B se révèlent particulièrement rythmés, peu avares en scènes d'actions assumant tous les clichés du genre, et prompts à recourir à des ruptures de narration des plus dynamiques, ils apparaissent au final également relativement creux dans leur contenu, laissant les enjeux progressivement s'installer sans pour autant vraiment centrer le coeur de la série sur ceux-ci. En un sens, cette approche est significative de la réelle ambition de ce drama : offrir une série permettant de se divertir sans arrière-pensée devant son petit écran. Il s'agit de se faire plaisir, et pour cela, Fugitive : Plan B ne va pas hésiter pas à verser dans une surenchère revendiquée, portée par des situations et des protagonistes clinquants à souhait.

Les premières scènes donnent d'ailleurs immédiatement le ton, avec une course poursuite aussi musclée qu'irréaliste, agrémentée de plans qui vous indique clairement que les amateurs de vraies sensations fortes et de suspense peuvent passer leur chemin. Fugitive : Plan B est certes une série d'action, mais elle est volontairement débridée et refuse crânement tout rigueur. Cela lui permet d'éviter l'écueil qui aurait été de se prendre trop au sérieux. Chacun est conscient du manque de réalisme de l'ensemble, mais l'assume et investit un second degré salvateur. Cette impression est d'ailleurs renforcée par l'alternance perpétuelle des tons, passant d'un instant sérieux à connotation dramatique à une mimique comique et burlesque en un clignement d'oeil. Le cocktail est difficile à cerner, laissant trop souvent le téléspectateur en porte-à-faux, mais le maître-mot des scénaristes semble bien être de s'amuser.

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 Derrière ces allures finalement très cheesy, mais non dépourvues d'un certain charme, Fugitive : Plan B donne un peu l'impression d'évoluer constamment sur une corde raide, s'attachant à maintenir un équilibre fragile dans cette succession, spontanée et vaguement désordonnée, de changements de tonalités, entre passages excessivement légers et moments beaucoup plus pesants. Même si les enjeux apparaissent encore trop comme un tableau flou accroché en arrière-plan, il est cependant assez facile de se prendre au jeu des rebondissements multiples, des mystères et questions qui s'esquissent et de l'action qui semble omniprésente. Série résolument polyglotte, naviguant entre quatre langues (coréen/japonais/chinois/anglais), Fugitive : Plan B aère l'esprit et promène ses téléspectateurs, les invitant à l'aventure.

Si ces deux premiers épisodes introduisent l'ensemble des protagonistes, prenant soin de les situer dans la partie d'échecs létale en cours, c'est assurément sur les épaules de Ji Woo que repose l'ensemble de la série. Figure centrale ambiguë, aussi charmeur que théâtral, il cultive avec soin une fausse désinvolture qui ne laisse entrevoir que par éclipse quelques failles plus sombres, notamment concernant la mort de son ancien associé. C'est par lui que le téléspectateur est introduit dans ce quotidien mouvementé que la rencontre avec Jin Yi va encore plus complexifier. En somme, il constitue la clé d'entrée dans la série ; et c'est sans doute là que se situe l'origine de mes difficultés pour rentrer dans l'histoire. En effet, excessivement versatile, inconstant, artificiel et excessif, ce personnage principal ne m'a convaincue que par de trop brèves intermittences.

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Sur la forme, Fugitive : Plan B conserve un peu la même ambivalence que sur le fond. Classique, voire kitsch, dans certaines scènes d'actions, elle n'hésite pas à revoir ses ambitions à la hausse par moment, s'attachant à exploiter pleinement ses atours internationaux, dans les voyages comme dans les enchaînements de plans à travers l'Asie. Au final, ce n'est pas désagrable à suivre et donne finalement une identité visuelle entre-deux à ce drama. Pour ce qui est de la bande-son, j'avoue qu'elle m'a assez peu marquée, trop souvent effacée pour le moment.

Côté casting, les noms sont accrocheurs, mais tout le monde n'a pas encore trouvé ses marques. Cependant j'avoue être un peu embarassée de l'impossible objectivité avec laquelle j'ai visionné ces deux premiers épisodes. Peut-être le contenu un peu creux de la narration m'a-t-il conduit à me concentrer sur d'autres préoccupations que l'histoire ; d'autant que dans ces cas-là, trop souvent, les failles du scénario se reflètent sur la performance du casting. Si je n'ai jamais vu Full House, j'avais en revanche gardé de relatifs (très) mauvais souvenirs de ma première rencontre avec Rain dans A love to kill - ce fut le premier k-drama que j'ai jamais visionné, il y a de cela déjà plusieurs années et, à l'époque, cette expérience ratée faillit bien me convaincre de ne plus jamais tenter d'excursion aventureuse dans les programmes sud-coréens. Et, malheureusement, Fugitive : Plan B m'a rappelé pourquoi je n'avais pas aimé Rain à l'époque. En fait, ce n'était pas un problème de choc culturel/découverte des k-drama, c'est juste une réaction épidermique qui manque peut-être de rationnalité : j'ai beaucoup de mal à me faire à son (sur-)jeu d'acteur. Si bien que cela n'a pas facilité mes rapports avec cette série. Et ce, en dépit d'une Lee Na Young (Ireland) qui ne manque pas de classe à l'écran, parfaitement adéquate à son rôle. Lee Jung Jin (Love Story in Harvard, I love you, don't cry), en policier volontaire, impose une présence naturelle dans ses scènes, et il forme surtout un duo assez sympathique avec la pétillante Yoon Jin Seo (The Return of Iljimae), qui est une actrice pour qui j'ai beaucoup d'affection. Enfin, Daniel Henney (Spring Waltz) - parlant plus anglais (avec l'avantage d'être compréhensible, à la différence des autres acteurs) que coréen - a, lui, juste besoin de faire acte de présence pour me combler (ce qui n'a pas grand chose à voir avec un éventuel jeu d'acteur, je le confesse). En résumé, c'est plutôt le casting secondaire qui pourrait me convaincre de poursuivre ce drama.

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Bilan : Divertissement calibré, décalé et musclé, Fugitive : Plan B est une série d'action rythmée qui assume un second degré sur lequel elle joue beaucoup. Privilégiant les ruptures narratives et les rebondissements plutôt qu'un réel travail sur une intrigue principale encore très floue, cette série apparaît comme une invitation à se détendre. Mais derrière ces surenchères, tout sonne malheureusement un peu trop creux, manquant encore de consistance. Ce n'est pas déplaisant à suivre, mais avec une certaine distance et sans marquer le téléspectateur. Le genre de série qui se visionne sans conséquence, et dont on peine ensuite à expliquer le pourquoi. Pour les amateurs de cette alternance de tons particulière et pour ceux qui recherchent un drama contemporain qui tranche avec les sacro-saintes comédies romantiques du pays du Matin Calme, Fugitive : Plan B pourra peut-être convenir. En ce qui me concerne, j'avoue fortement hésiter à continuer ma découverte.


NOTE : 5/10


Une bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :


13/10/2010

(K-Drama / Pilote) Doctor Champ : une partition classique étonnamment rafraîchissante

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Il devait être écrit que je ne quitterais pas immédiatement les rêves olympiques et les ambitions dorées londoniennes. Après GOLD la semaine dernière, c'est un drama, de facture plus classique mais assûrement attachant, qui va être le sujet du mercredi asiatique de la semaine. Qu'on se le dise, l'Asie prépare assidûment les prochains Jeux Olympiques. Télévisuellement du moins.

Ce que j'aime par dessus tout dans la téléphagie, ce sont les surprises. Les séries attendues qui nous plaisent, on se situe dans un certain ordre des choses. Les surprises qui nous font passer une agréable fin de soirée devant notre petit écran, alors que l'on ne l'avait pas prévu pas, en revanche, voilà un peu de piment fort attrayant. Car ce ne sont pas toujours les séries dont on parle le plus a priori qui vont retenir finalement notre attention à plus long terme. La dernière semaine de septembre en est une parfaite illustration. Le buzz médiatique conduisait logiquement à surveiller Fugitive : Plan B sur KBS2, série navigant (ou s'embrouillant) entre action et second degré comique. Or, deux jours plus tôt, c'est une série dont j'ai visionné le pilote un peu par hasard, sans attente particulière, Doctor Champ, qui présentait un premier épisode autrement plus convaincant.

Si ma conscience téléphagique m'avait conduit devant Doctor Champ, c'est sans doute en partie pour Kim So Yeon, qui avait été une de mes bonnes surprises d'IRIS, pour laquelle j'avoue garder une certaine affection, même si Prosecutor Princess eut du mal à me convaincre au printemps dernier. Ayant débuté le 27 septembre 2010 sur SBS, c'est sur des bases plus attrayantes et sympathiques qu'est parti Doctor Champ, dans un registre assez familier où se mêlent sport & relationnel.

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Tout débute logiquement par de grands bouleversements dans la vie de chacun des protagonistes, qui vont les conduire, pour des raisons et par des chemins divers, au fameux Taereung National Village, le centre d'entraînement olympique sud-coréen.

Ambitieuse et pleine de certitudes, Kim Yeon Woo avait une vie parfaite, épanouie professionnellement comme sur le plan personnel. Brillante interne qui venait de réussir l'examen la qualifiant et lui ouvrant les portes d'un prestigieux hôpital jusqu'à cet éventuel poste de professeur qu'elle convoitait. elle sortait également avec un de ses collègues dans une relation qui lui semblait sérieuse. Mais, du jour au lendemain, un choix difficile qu'elle va avoir le courage d'assumer jusqu'au bout va briser ce cadre idyllique. Son mentor, médecin respecté, commet une erreur dans la salle d'opération qui entraîne la paralysie de la patiente. Refusant l'omerta implicite, puis explicite, qui lui est suggérée, Yeon Woo ne falsifie pas son rapport officiel et formule des accusations. Du jour au lendemain, devenue "traître", elle perd travail, petit ami et toute réputation. Un suicide de carrière en bonne et due forme.

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Dans ce cycle sans fin des mauvaises nouvelles, à la suite de divers incidents, elle fait la rencontre d'un sportif s'entraînant en vue des sélections nationales, Park Ji Heon. Judoka qui s'est remis à la compétition à la suite de la mort de son frère - évènement tragique sur lequel peu de renseignements nous sont donnés -, le jeune homme s'est promis, ainsi qu'à son neveu, d'atteindre la médaille d'or aux prochaines Jeux Olympiques. Mais si sa motivation ne fait aucun doute, son intégration au sein de l'équipe nationale de judoka pourra-t-elle se faire sans remous, lui qui n'est plus un débutant, arrivant à un âge où beaucoup ont déjà leur carrière derrière eux ?

Parallèlement, toute la direction médicale du centre d'entraînement olympique est bouleversée suite à un drame en compétition qui remet en cause le suivi des athlètes. C'est vers un médecin réputé, qui a déjà eu des résultats très probants, mais à l'égo et au caractère difficilement gérables que les instances sportives se tournent, Lee Do Wook. Décidé à compléter son staff, il formule une offre d'emploi, qui intervient alors que Yeon Woo est à bout, atteinte moralement devant les rejets en cascades de toutes ses candidatures dans les hôpitaux où elle postule. Le centre d'entraînement pourra-t-il constituer un nouveau départ pour tous ?

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Derrière ses allures de comédie romantique & sportive, qui investit sans détour un créneau finalement très familier, ce qui prend le téléspectateur quelque peu au dépourvu, le surprenant agréablement, c'est cette impression diffuse de fraîcheur qui émane de la série. Un caractère rafraîchissant qui ne réside pas dans une quelconque originalité, mais plutôt dans une sobriété d'ensemble habilement mise en scène et une capacité certaine à s'approprier des ingrédients simples qui demeurent des valeurs sûres du genre. Car si l'histoire en elle-même reprend des thématiques connues, avec une gestion du relationnel typiquement sud-coréennes, elle a le mérite de parler instantanément au téléspectateur. Bénéficiant d'un rythme dynamique et consistant, sans temps mort, Doctor Champ ne sort aucunement des sentiers balisés, mais se rélève, par la manière dont elle se réapproprie ces codes, des plus agréables à suivre. "Sympathique" est ainsi le premier qualificatif qui vient à l'esprit pour l'évoquer.

Ce ressenti est conforté par la perception que ses personnages offrent. En effet, dans la droite lignée de la narration globale, c'est avec une certaine retenue, sans trop en faire, que la série installe ses protagonistes. Si les stéréotypes ne sont jamais loin, chacun s'avère rapidement attachant. Certes, Yeon Woo dispose d'un sacré caractère et son traitement des autres internes, au début, ne manque pas de cette pointe d'immaturité pleine d'énergie, propre aux débuts des héroïnes de k-dramas. Pour autant, ces quelques poncifs de départ sont vite balayés par les évènements, la jeune femme se heurtant à un principe de réalité des plus cruels pour tenter de faire rebondir sa carrière. Si bien qu'au final, c'est une intéressante homogénéité qui caractérise la dimension humaine de Doctor Champ, conférant à l'ensemble une attractivité indéniable. Si tout demeure à concrétiser, on sent poindre derrière ces premières esquisses un potentiel réel pour la mise en scène future de relations compliquées mais attendrissantes, chargées d'une vitalité communicative. Pourquoi ne pas se prendre au jeu ?  

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Classique sur le fond, la série reste également scolaire sur la forme qui s'avère sans prise de risque particulière. Elle délivre une réalisation qui remplit le cahier des charges, des couleurs chatoyantes, et, dès le premier épisode, une jolie scène de lâchés de lanternes dans la nuit qui permet quelques plans paysage-sques des plus agréables. Il n'y a donc, somme toute, guère à redire, ni à souligner, par rapport à cet aspect. La bande-son n'est pas déplaisante à suivre, d'autant que cela s'est traduit de mon côté par un gros coup de coeur pour une des chansons utilisées en fond sonore, des plus entraînantes (My way, de Wheesung). Un accompagnement musical donc plutôt réussi.

Enfin, du côté du casting, si aucun acteur ne se démarque vraiment par son jeu dès ces deux premiers épisodes, chacun remplit son rôle et aucun ne dépareille dans l'ensemble. Je vous ai déjà dit toute la tendresse que je conserve à l'égard de Kim So Yeon (IRIS) ; cela m'a donc fait plaisir de la retrouver dans un rôle plus posé et beaucoup moins crispant que les débuts éprouvants de Prosecutor Princess. A ses côtés, Jung Gyu Woon (Loving you a thousand times) a la carrure parfaite pour jouer les sportifs confirmés, le jeu d'acteur viendra en appoint s'il s'avère nécessaire. Uhm Tae Woon (Queen Seon Deok, The Devil) s'immisce sans peine dans le rôle de ce responsable médical caractériel, qui se remet toujours difficilement d'une blessure qui l'a laissé éclopé. Enfin, ce trio est complété par Cha Ye Ryun (Invicible Lee Pyung Kang) qu'on a peu l'occasion de croiser dès ces débuts.

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Bilan : Si Doctor Champ s'approprie des ingrédients des plus classiques, la série esquisse un mélange pas inintéressant, mais surtout étonnamment rafraîchissant, mêlant des thématiques traditionnelles d'accomplissement professionnel et personnel, avec le duo amour & sport qui sert de toile de fond. Dotée de personnages attachants, d'une narration rythmée et relativement sobre qui s'avère plaisante à suivre, le téléspectateur se surprend à passer un agréable moment devant son petit écran.

Ces deux premiers épisodes proposent donc une fiction sympathique, à laquelle il est facile de s'attacher. Sans s'imposer comme une indispensable, le potentiel semble là pour construire un relationnel des plus attendrissants ; ce qui n'est déjà pas si mal. Seul l'avenir nous dira si la série a été capable de concrétiser les promesses ainsi posées.


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :

Fall in love with you, par Bobby Kim

06/10/2010

(J-Drama / Pilote) Gold : objectif Londres 2012

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Comme toujours, je cultive obstinément cette habitude de suivre la télévision japonaise à distance, maintenant un décalage entre les diffusions du pays du Soleil Levant et mes propres découvertes. Si bien que, généralement, c'est lorsque la nouvelle saison pointe le bout de ses programmes que je commence à me plonger sérieusement dans le trimestre téléphagique précédent. Cela a ses avantages, puisque j'ai tendance à suivre les conseils des uns et des autres, plus qu'à me fier à la seule lecture de synopsis souvent insuffisants.

C'est ainsi que la semaine passée, je vous avais présenté mon bilan de Atami no Sousakan, qui restera sans nul doute ma série japonaise préférée de cet été 2010. Poursuivant ma route, je me suis, ce week-end, penchée sur Gold, dont les sous-titres anglais sont moins avancés, mais qui était également chaudement recommandée (par ici). J'avoue avoir eu quelques réticences avant de tenter ce drama, comportant 11 épisodes et qui fut diffusé du 7 juillet au 16 septembre 2010 sur Fuji TV. La thématique sportive sous-tendant l'ensemble me semblait excessivement familière. Cependant, au-delà de cette seule thématique sur le sport, entrelacée avec celle de la famille, c'est face à une série, avec beaucoup de personnalité et une dimension humaine plus large que ce seul concept initial, que je me suis retrouvée. Les deux premiers épisodes visionnés m'ont intriguée ; en espérant poursuivre cette découverte.

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Le coeur de Gold réside dans la force, mais aussi l'attractivité, de sa figure centrale, dont le charisme supporte une bonne part des thématiques abordées dans ce drama. En effet, Saotome Yuri est une femme d'affaires à succés, surfant sur un empire mêlant sport, diététique et beauté. Héritière des ambitions sportives familiales, elle s'est construite toute une image médiatique façonnée autour de l'éducation de ses enfants, toute entière tournée vers des rêves de médaille d'or. Car Yuri est aussi restée la seule dépositaire des espoirs olympiques paternels, après la mort accidentelle de son frère aîné, qui était celui qui avait été programmé pour réaliser cette ambition.

Ayant épousé un ancien sportif, lui-même médaillé d'or, Yuri a eu quatre enfants. Si elle vit désormais séparée de fait de ce dernier - mais maintenant les apparences aux yeux du public -, c'est elle qui est restée en charge d'élever leurs enfants. Elle a suivi l'idéal rigoriste qu'elle prône jusque dans les livres qu'elle publie sur le sujet. Mère intransigeante, fidèle à ses principes, elle a fait des trois premiers des athlètes à la carrière en devenir, tous trois s'entraînant dur en vue des Jeux Olympiques de Londres. Le plus jeune, de santé plus fragile, bénéficie en revanche d'un traitement particullier, qui le protège tout en l'excluant implicitement de cette émulation collective. Habile psychologue et manipulatrice hors paire, Yuri ne laisse rien au hasard. Même quand elle engage comme secrétaire la si jeune et innocente Nikura Rika.

Mais quel est le prix à payer pour atteindre ces rêves olympiques de grandeur ? Tous les sacrifices se justifient-ils au nom de l'or ?

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Initialement, je craignais un peu de me retrouver face à l'archétype de la série sportive, avec tous les poncifs que cela impliquait entre dépassement de soi et course à la réussite par l'effort. Or, Gold va dévoiler bien plus que cette seule dimension. Si en toile de fond, l'aspect sportif demeure une constante qui conditionne la vie de tous les personnages, c'est en amont, dans les dynamiques relationnelles qui s'initient entre les personnages, mais aussi dans les questions qu'elles soulèvent, que se situe la richesse de la série. Le drama bénéficie en plus de sa tonalité extrêmement directe, n'hésitant pas à aborder frontalement des thématiques compliquées. Ces dernières se révèlent d'ailleurs plus complexes et ambivalentes que les apparences premières avaient pu le laisser penser, ce qui permet aussi de prendre une certaine distance avec les théories prêchées par le personnage principal.

Le pilote, ou du moins sa première demi-heure, s'apparente à un pamphlet sans concession contre les méthodes d'éducation modernes. Jetez votre vieil exemplaire de Françoise Dolto aux oubliettes, voici la vision des choses telle que prônée par Yuri. Inflexible et exigeantes elle a élevé ses enfants "à la spartiate", comme le qualifie métaphoriquement le présentateur tv dans la séquence d'ouverture. Rejetant tout compassionnel, le discours parfaitement rodé de Yuri sert d'entrée en matière musclée dans la série. Il est loin de faire l'unanimité, mais cette quête vers l'excellence, ancrée dès le plus jeune âge, séduit également par l'élitisme ainsi affiché, par ce relatif déterminisme qui semble entériné et écarter tout hasard. La thématique est potentiellement glissante ; inconsciemment au moins, lorsque l'on découvre que Yuri s'est mariée avec un sportif lui-même médaillé, le terme "eugénisme" pointe en arrière-plan.

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C'est dans ce cadre que, précisément, la série va faire preuve d'une maîtrise narrative admirable, ne tombant dans aucun des pièges potentiels. Prenons pour exemple l'excellente scène d'ouverture du drama, qui donne parfaitement le ton immédiatement. Sa vraie réussite, c'est d'avoir offert un contradicteur - qu'elle ridiculise - à Yuri. Les indignations désordonnées et instinctives de ce dernier sont semblables à celles qui viennent naturellement au téléspectateur, face à une femme qui vous expose, avec un réel aplomb, ses certitudes concernant la division des enfants en plusieurs catégories, les gagnants contre les loosers, les "b-child" contre les "poor child", produits de l'éducation laxiste de leurs parents. Or le contradicteur fait ici office d'exutoire pour le téléspectateur : cette opposition, aussi peu inspirée qu'elle soit, permet de crever l'abcès avant qu'il ne s'infecte. L'entrée en matière de la série ainsi dédramatisée, le téléspectateur peut se concentrer non sur son déni réflexe des théories avancées (le rôle ayant déjà occupé), mais sur la figure qui formule de telles idées.

C'est à partir de là que la magie de Gold opère. Car, sous la surface si policée, les choses se révèlent plus complexes et ambivalentes que l'idéal prôné par Yuri. Cette dernière symbolise d'ailleurs à elle-seule toute la part de lumière, mais aussi d'ombre, qui sous-tend la série. Une brève rencontre avec son père nous révèle combien elle s'inscrit dans un schéma de reproduction sociale stricte ; elle transfère sur ses enfants sa propre éducation. De même qu'elle leur a transmis l'héritage laissé par son frère décédé, celui de remporter cette fameuse médaille d'or, une véritable course à l'excellence familiale. Au-delà de cette rigoureuse reproduction, Yuri est elle-même consciente des coûts et des ambiguïtés inhérentes à cette voie. Quand elle éclate en sanglots dans la voiture, après avoir été placée devant les contradictions de sa vie amoureuse, n'est-ce pas le poids de son impuissance à s'épanouir en tant que femme, dans le schéma de vie forcée qu'elle suit, qui est soudain trop lourd à porter ? Au fil des scènes, c'est un fascinant portrait féminin qui est peu à peu dressé.

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Si Yuri est incontestablement la figure centrale de ce drama, les autres personnages n'en sont pas pour autant oubliés. Il y a une réelle homogénéité d'ensemble, une complémentarité de tous, qui permet à la série de développer toute une dimension très humaine - peut-être un peu inattendue au vu du seul synopsis - et qui est très intéressante à suivre, sans doute parce que la qualité de l'écriture permet de trouver rapidement le juste équilibre entre chacun. Les enfants de Yuri, dont les plus âgés entrent bientôt dans l'âge adulte, avec leurs personnalités propres, plus ou moins affirmées, sont le produit d'une éducation, mas c'est aussi leur propre identité qui achève de se construire (et donc de s'affirmer). Témoins privilégiés de leurs motivations secrètes, de la façon dont ils appréhendent finalement le statut que leur mère a choisi pour eux, la très grande diversité que proposent les trois adolescents permet une prise de distance. Leurs failles paraissent ainsi comme rassurantes, face au déterminisme excessif de certaines certitudes de Yuri. C'est avec un intérêt jamais démenti que l'on assiste à ces conflits constants, entre impulsions premières, éducation et sentiments.

Enfin, dernière preuve de la maîtrise narrative dont font preuve ces deux premiers épisodes de Gold, le téléspectateur dispose d'un repère pour s'inviter peu à peu dans le quotidien de Yuri et de son entourage, avec l'introduction d'une nouvelle secrétaire, innocente à l'excès, Rika. C'est à ses côtés que l'on va découvrir les craquelures sous la surface et la réalité nuancée de la vie de cette famille. C'est aussi grâce à Rika que la série se permet de jouer quelque fois sur une fibre plus légère et comique, détendant l'atmosphère globale et occasionnant quelques ruptures narratives salvatrices. Ce personnage se révèle d'autant plus intéressant qu'elle trouve rapidement ses marques aux côtés de Yuri ; les deux femmes forment un duo très complémentaire, parfaitement détonnant, qui occasionne vraiment d'excellents échanges, avec des réparties bien dosées.

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Enfin, Gold bénéficie d'un excellent casting, où resplendit surtout une Amami Yuki (Last Present, BOSS) impressionnante de charisme, qui parvient avec beaucoup de talent à retranscrire à l'écran les différentes facettes de son personnage. Elle est parfaitement au diapason de cette figure centrale qu'elle incarne. C'est par rapport à elle que les autres se positionnent et trouvent finalement leur pendant logique, justifiant la façon dont ils abordent leurs personnages. On retrouve notamment Nagasawa Masami (Last Friends), dans le rôle de la secrétaire, et Sorimachi Takashi (HOTMAN), dans celui de l'entraîneur. Je suis un peu moins convaincue, pour le moment, par les acteurs incarnant les enfants de Yuri (Mikami Kensei, Matsuzaka Tori, Takei Emi), mais ils s'insèrent dans le cadre général du drama.

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Bilan : Bien plus qu'une énième déclinaison de fiction dite "sportive", Gold s'impose comme une série dotée d'une profonde dimension humaine, à la fois troublante et fascinante. Toutes les théories sur l'éducation de Yuri soulèvent de lourdes questions, frôlant déterminisme, voire eugénisme, mais pour le moment, la série évite admirablement bien tous les pièges potentiels en éclairant et développant toute l'ambivalence qui les entoure. Ce positionnement entre ombre et lumière fait prendre au drama toute son ampleur. Car ce sont des tensions constantes que met à jour cette série, par le biais d'une écriture étonnamment mâture, maîtrisant admirablement toute sa narration.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la série :


Le générique de clôture :