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01/02/2012

(K-Drama / Pilote) History of the Salaryman : une enthousiasmante comédie noire dans le monde de l'entreprise


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Poursuivons l'exploration des nouveautés du pays du Matin Calme en ce mercredi asiatique. Il semblerait en effet que l'année 2012 commence sous les meilleures auspices dans le petit écran sud-coréen. En ce mois de janvier, j'avais classé History of the Salaryman dans la catégorie des "curiosités à tester", tant les bandes-annonces et les affiches promos (quelque peu étranges/inclassables) m'intriguaient tout en me laissant circonspecte. C'était un peu le genre de drama dont on ne sait trop quoi attendre tant l'ensemble semble déroutant, et au fond, c'était peut-être ce trait spécifique qui était le plus excitant a priori : où allait-on mettre les pieds ?

Pour le savoir, il a fallu attendre la diffusion qui a commencé le 2 janvier 2012 sur SBS, les lundi et mardi soirs. La série devrait comprendre 20 épisodes au total. Il faut préciser que l'équipe à l'origine de ce drama n'est pas un duo inconnu, puisque c'est celle à qui l'on doit Giant. Si History of the Salaryman a débuté assez timidement et que ses audiences restent très moyennes et aléatoires, je ne vais pas faire durer le suspense : j'ai été très agréablement surprise par les premiers épisodes de ce drama, lequel s'impose comme mon premier coup de coeur de l'année. En espérant qu'il poursuive sur ces bases enthousiasmantes !

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History of the Salaryman nous plonge dans le milieu ultraconcurrentiel de grands conglomérats industriels, notamment pharmaceutiques. C'est au sein du groupe Chunha que le drama se déroule principalement. S'il est dirigé d'une main de fer par le patriarche Jin Shi Hwang, ce dernier songe à sa succession : peu confiant dans les capacités de son ambitieux fils, il espère pouvoir compter sur sa petite-fille, Baek Yeo Chi. Mais cette dernière, excentrique jeune femme trop gâtée, se désintéresse complètement de ces affaires. Dans le même temps, cependant, en dépit des tensions internes, le groupe Chunha développe un nouveau médicament qui pourrait considérablement allonger l'espérance de vie. C'est au cours des essais cliniques du produit, dont la direction est confiée à Cha Woo Hee, que nos principaux protagonistes vont avoir  l'occasion de se rencontrer pour la première fois.

Rêvant d'un emploi stable dans une grande entreprise, Oh Yoo Bang enchaîne pour le moment les petits boulots sans parvenir à trouver sa voie. Finalement, une éventuelle opportunité s'ouvre lorsqu'un cadre de Chunha lui donne pour mission d'infiltrer les essais cliniques afin d'extraire un échantillon du produit miracle inventé. Mais Yoo Bang n'est pas le seul à se trouver diligenté sur place avec une mission similaire : un directeur d'un groupe concurrent, Choi Hang Woo, se fait également admettre dans le même but. Finalement, les effets secondaires du médicament et la découverte (erronée) d'un autre espion industriel précipite la fin du programme (et de la carrière de Woo Hee). Une scène de fureur de Yeo Chi, et la révélation du déroulement du test, achèveront de faire échouer le lancement du produit.

Suite à tous ces évènements, Yoo Bang reçoit un soutien inattendu pour réussir l'examen d'entrée au sein du groupe Chunha. Il a la surprise de retrouver dans son service la caractérielle Yeo Chi, punie pour ses excès d'impertinence et devant désormais accepter le statut de simple salariée. Pendant ce temps, Hang Woo continue d'oeuvrer en coulisse pour la chute du groupe Chunha afin de venger la mort de son père, dont le suicide serait lié au président actuel de l'entreprise.

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Le premier aspect marquant de History of the Salaryman tient à sa richesse de tons. Le drama se révèle en effet être un cocktail détonnant de différents genres, le tout porté par une écriture qui témoigne d'un vrai sens du rythme narratif, ne laissant jamais place à aucun temps mort. Il propose un mélange de thèmes classiques du petit écran sud-coréen, comme l'opposition des classes sociales, les liens personnels naissant peu à peu de premières rencontres antagonistes nourries de qui pro quo, mais aussi des thèmes d'héritage familial et de vengeance... Tout en empruntant ses codes à la comédie, sans hésiter à faire dans le burlesque, la série nous plonge également dans les coulisses de luttes de pouvoir internes et de concurrence, entre et au sein des grandes entreprises. Elle délivre alors des scènes au cours desquelles le drama semble plus emprunter son art des intrigues et des complots, des alliances et des retournements, à un sageuk. Et les confrontations ont les accents de véritables batailles ayant pour cadre l'entreprise. Le résultat, très dense, surprend dans le bon sens du terme.

Il faut dire que ce drama a une façon d'assumer certaines situations les plus farfelues avec un aplomb et un naturel qui s'avèrent très enthousiasmants. Dès les scènes d'ouverture - il débute sur un classique flashforward -, History of the Salaryman s'impose dans un registre prenant et rafraîchissant qui se complaît dans un certain humour noir assumé et qui sait exploiter toute la palette de tonalités à sa disposition. La série captive par sa capacité à manier l'absurde et l'auto-dérision, ne reculant devant aucun ridicule, ni excès théâtralisés, tout en pouvant basculer la minute d'après dans un passage autrement plus sérieux où l'émotionnel prédomine. Le soin apporté aux détails des mises en scène offre aussi son lot de moments proprement jubilatoires. Dans les premiers épisodes, le destin "exceptionnel et tragique" de la fameuse poule du président du groupe Chunha, cobaye du produit miracle, illustre parfaitement cette faculté à flirter avec les extrêmes, en repoussant les limites et en provoquant pour mieux capturer l'attention d'un téléspectateur surpris, sans pour autant jamais en faire trop. 

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Outre ces mélanges osés et dosés, la réussite de History of the Salaryman tient à ses personnages. Ils s'imposent très vite à l'écran, bien caractérisés, permettant d'impliquer émotionellement le téléspectateur dans le devenir de chacun. C'est qu'ils sonnent très humains, avec leurs failles, leurs préconceptions, leurs qualités comme leurs défauts. Aucun n'est unidimensionnel, et leurs personnalités se nuancent progressivement, esquissant une part de complexité et d'ambivalence dès les premiers épisodes. Aucun ne suscite une complète antipathie, même Hang Woo qui, derrière son machiavélisme, laisse entrevoir son lot de blessures. Yeo Chi aurait pu être une énième tête à claque d'héritière, elle est au contraire une jubilatoire explosion permanente de scandales les plus improbables. Les antagonismes et oppositions qui se forment entre les personnages, comme les rapprochements surprenants et associations inattendues qui s'opèrent, forgent des relations volatiles, assez pimentées, qui sont un plaisir à suivre.

De plus, ce qui permet d'être optimiste pour la suite, c'est que les personnages semblent tous disposer d'une marge de progression pour mûrir et véritablement se révéler. Le téléspectateur perçoit chez eux un réel potentiel, narratif et humain, à faire grandir. Comment ainsi ne pas s'attacher à Yoo Bang qui, en dépit de ses réactions parfois excessivement spontanées et assez naïves, n'en démontre pas moins un réel pragmatisme et un sens de la débrouillardise qui finiront par payer ? Fils prodigue ayant hérité du rêve d'ascension sociale de son défunt père, il s'est déjà considérablement endurci au contact de nombre de déceptions. Il apparaît vite comme bien plus complexe et solide que les premières images proposées par la série. De même, on devine que Yeo Chi a un long chemin à parcourir pour quitter ses airs d'enfant gâtée, mais que le caractère de la jeune femme ne l'handicapera pas toujours. Si elle semble si déconnectée de la réalité, elle n'a pas moins toutes les clés en main pour faire quelque chose de sa vie. C'est un tableau donc très vivant et évolutif que forment les personnages.

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Solide sur le fond, History of the Salaryman est également un drama très soigné sur la forme. On y retrouve, avec la même réussite, ce cocktail surprenant qui s'impose comme la marque de la série. La réalisation est impeccable. Sobre quand il faut, elle reste toujours très dynamique, n'hésitant pas non plus à verser dans quelques excès de théâtralisation dans la mise en scène, lesquels, volontairement excessifs, déclencheront chez le téléspectateur plus d'un fou rire. La photographie est plutôt sombre, ce qui correspond parfaitement aux thèmes abordés. De manière générale, l'esthétique apparaît comme un écho parfait à la tonalité versatile du drama. Et l'utilisation de la bande-son est convaincante : cette dernière mêle admirablement les styles les plus divers, entre thèmes pop-culturels connus comme des musiques de films, des morceaux de musique classique au parfum faussement épique et des chansons récurrentes plus orientées k-pop, classiques d'un k-drama.

Enfin, History of a Salaryman ne serait pas aussi enthousiasmant s'il ne s'appuyait pas sur un casting excellent, à la hauteur du scénario. Je ne doutais pas un instant que Lee Bum Soo (On Air, Giant) serait parfait dans ce rôle de salarié a priori moyen qui trouve peu à peu ses marques et amorce son ascension ; j'aime beaucoup comment très vite le personnage s'affirme, sans jamais se départir d'une certaine innocence. J'ai par contre eu un gros coup de coeur pour Jung Ryu Won (Automn Shower, Ja Myung Go), qui était la seule que je ne connaissais pas au sein du casting principal. Alors même que le type de rôle qui lui est confié peut souvent avoir tendance à m'agacer, elle est ici extra en héritière excentrique dont la personnalité va, elle aussi, peu à peu se nuancer. Elle impose une sacrée présence à l'écran. De son côté, Jung Gyu Woon (Dr Champ, Sign) est également efficace dans un rôle assez sombre qu'il maîtrise bien. Enfin Hong Soo Hyun (Temptation of an Angel, Lie to me, The Princess Man) complète avec énergie ce quatuor.

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Bilan : Comédie noire mêlant les genres, toujours très dynamique et souvent jubilatoire, History of the Salaryman est un drama abouti sur le monde des entreprises. Bénéficiant d'une écriture habile, il sait jouer sur tous les registres. Avec un certain sens de la provocation, ne reculant devant aucun excès, il réussit dans l'humour comme dans l'émotionnel, dans l'absurde comme dans les mises en scène plus nuancées et complexes. S'affirmant dans cette alternance des tonalités, la série trouve un équilibre rafraîchissant qui la démarque d'autres productions ayant perdu leur âme dans le sur-formatage.

Même si je ne veux pas trop m'emballer, et que seul le temps nous dira si History of the Salaryman saura préserver l'étincelle de ses débuts, au vu de la solidité de ces premiers épisodes, j'ai envie de faire confiance aux scénaristes pour poursuivre sur cette voie. 


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :

19/01/2011

(K-Drama / Pilote) Sign : un medical investigation drama jouant (trop?) sur tous les tableaux

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L'évènement téléphagique du week-end sud-coréen était assurément le final de Secret Garden (un coup de coeur personnel qui aura dépassé toutes mes attentes). Mais comme il me faudra un peu de temps pour prendre du recul et jeter un regard rétrospectif rationnel sur ce drama, aujourd'hui sera le premier mercredi asiatique du blog à traiter d'un k-drama de 2011.

Je vous l'avais déjà confié, rien ne me tentait vraiment a priori parmi les nouveautés. Mais je suis téléphage, donc curieuse, par conséquent cela n'était pas un synopsis peu affriolant qui allait m'arrêter. Et c'est finalement sur Sign que mon choix s'est porté. Un peu par défaut, mais aussi en raison du genre plus policier que la série souhaitait investir. Si sa trame principale lui permet de progressivement gagner en intérêt, j'avoue que ses deux premiers épisodes ne m'ont ni vraiment marqué, ni vraiment convaincu que ce drama mérite de s'y investir davantage. Cependant, pour ceux qui veulent se changer les idées hors des comédies romantiques, Sign peut être une solution...

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 Cette série est officiellement présenté comme un "medical investigation drama", c'est-à-dire qu'elle se propose d'aborder des enquêtes policières sous une perspective plus vraiment originale de nos jours, mais qui reste quand même particulière, celle de la science, à travers le travail de la police scientifique et des médecins légistes. C'est donc une série dont les ressorts narratifs vont être basés sur les indices qui vont pouvoir être collectés et exploités d'une scène de crime, ou sur l'art de faire parler le cadavre d'une victime au cours d'une autopsie. Prompt à exploiter les possibilités qu'offre ce concept en terme d'environnement, Sign nous entraîne en terrain connu dès ses débuts, puisqu'elle s'ouvre sur la mort très suspecte d'une star de la chanson, le leader d'un groupe de k-pop : l'idée de l'homicide fait rapidement son chemin, mais la résolution de l'énigme apparaît rapidement ne pas être la priorité pour tous les protagonistes.

En effet, l'enquête, complexifiée par la sur-médiatisation du cas, va réveiller les tensions inter-services et voir s'affronter différents responsables qui vont avoir tendance à laisser prévaloir leurs ambitions personnelles sur la bonne conduite de l'enquête. Le seul à rester focaliser uniquement sur l'investigation est sans doute Yoon Ji Hoon, médecin légiste au NFS, un institut public chargé notamment de procéder aux autopsies pour la police. Brillant tout en étant doté d'un sens du relationnel proche du néant, ce dernier s'attache à faire son job avec une abnégation louable, mais qui ne tient pas toujours compte de la réalité des rapports de force présents. C'est ainsi que sur cette affaire, il va se heurter de plein fouet à un de ses concurrents de toujours, professeur renommé qui ne partage pas son refus de toute compromission, Lee Myung Han.

Cependant, derrière cette apparente bataille d'égos se cache une affaire plus complexe qu'il n'y paraît. Et si conclure le plus rapidement et en faisant le moins de vague possible paraît être la préocupation première de tous les responsables, c'est peut-être aussi parce qu'en arrière-plan, d'autres jeux d'influence, bien plus puissants, sont à l'oeuvre. La vérité peut-elle -et doit-elle- toujours triompher ?

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Le premier élément scénaristique marquant la découverte de Sign tient assurément à son concept, ou plus précisément à l'approche finalement assez paradoxale qu'elle en fait. C'est amusant de voir la façon dont la série revendique ostensiblement ses influences sans pour autant réellement les embrasser. Certes, depuis une décennie, il suffit de placer au coeur de l'intrigue des scientifiques - policier ou médecin légiste -, et l'esprit du téléspectateur se tournera automatiquement vers la ville de Las Vegas d'où est parti ce phénomène. Et Sign entend pleinement capitaliser sur cet effet de mode. Sans d'ailleurs s'en cacher le moins du monde, au vu du nombre de références directes faites aux Experts dont l'épisode regorge. La fascination pour la série américaine a ainsi forgé la vocation de l'héroïne, tout autant qu'elle suscite la méfiance des plus anciens qui n'ont manifestement pas la même vision de leur métier.

Sauf que... demander à une série sud-coréenne de faire du CSI relève du mimétisme illusoire. Là où sa consoeur américaine déclinera de manière calibrée et huilée un formula show qui s'attachera à une méthode d'investigation rigoureuse, Sign ne va en rien renier le canevas habituel qui forge les bases des k-dramas. Si bien qu'en dépit de cette aspiration à s'inscrire dans un héritage télévisuel particulier, et même si les scénaristes s'efforcent par intermittence de recréer une ambiance scientifique objective, Sign ne va devoir à la série, qu'elle cite pourtant constamment, qu'une poignée de passages qui paraissent au mieux étrangement exotiques dans la narration globale, au pire parfois en rupture avec une tonalité d'ensemble subjectivisant pleinement toutes les situations.

A défaut d'être vraiment maîtrisé, ce qui l'amène à verser trop souvent dans un registre un peu artificiel, disons que, d'un point de vue purement téléphagique, l'expérience est intéressante car la comparaison des influences met vraiment en lumière un certain nombre de ficelles et dynamiques propres à la nationalité de la fiction.

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Au-delà de cette quête identitaire un peu hésitante, Sign se présente sous les traits d'une série policière qui va rapidement prendre des accents de vrai thriller. Certes, c'est une mort suspecte qui sert de catalyseur à l'intrigue, avec une victime symptomatique d'une autre dérive k-drama-esque, puisqu'il s'agit du leader d'un groupe phare de k-pop, permettant par la même occasion de nous entraîner derrière les paillettes, dans les coulisses pas forcément très accueillantes de cette industrie. Cependant, sur cette enquête sur-médiatisée mais qui aurait malgré tout pu être presque banale, vont venir se greffer toutes les complications du genre envisageables. Et autant dire que dans ce domaine, Sign n'hésite pas à voir les choses en grand, voire un peu dans la démesure. Luttes d'influence, abus de pouvoir, impunité des puissants... s'y casent toutes les grandes thématiques familières du petit écran sud-coréen.

D'autant plus que si Sign ne peut pas être un CSI-like, c'est aussi parce que le drama va naturellement personnaliser, presque à outrance, tous ses enjeux. En quelques minutes, il transforme ainsi une simple (en théorie, du moins) autopsie en affrontement jusqu'au-boutiste entre deux rivaux de toujours, allant jusqu'à en faire son premier cliffhanger. Non seulement les égos et ambitions personnelles prennent rapidement le pas sur une enquête qui reste déterminante sans être l'enjeu central, mais la série introduit également l'autre versant confrontationnel par excellence, celui des déceptions amoureuses, en ajoutant à la situation déjà explosive le ressentiment d'un ex-petite amie en colère, qui exerce désormais des responsabilités au bureau du procureur.

En résumé, Sign ne craint pas d'en faire trop. La série ne cherche d'ailleurs pas à faire dans le réalisme, mais plutôt à positionner ses protagonistes les uns par rapport aux autres, tout en sur-dramatisant les oppositions potentielles. C'est sans doute là où le bât blesse. Si l'intrigue globale finit par retenir l'attention, les personnages apparaissent eux enfermés dans des stéréotypes trop déshumanisés. La distribution des rôles est classique, de la jeune apprentie pleine de bonne volonté au génie arrogant/narcissique/asocial, mais peine à trouver un équilibre crédible. On garde une sensation d'artifice et la dynamique ne prend pas au sein de cette galerie de personnages (du moins au cours des deux premiers épisodes). Mon plus grand souci réside d'ailleurs dans la figure centrale, excessivement antipathique et cariturale, malheureusement présentée sans la moindre prise de distance. Si bien qu'au final, il est vraiment difficile de s'attacher à qui que ce soit.

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Sur la forme, Sign propose une réalisation maîtrisée. Certes, elle ne résiste pas à quelques effets de style, notamment pour mettre en scène la victime ou bien la personne suspecte le soir du crime, mais cela reste globalement assez sobre. Certains montages ou découpages particuliers de l'écran dénotent une réelle volonté d'essayer d'insuffler une forme de dynamisme à l'ensemble - sans forcément toujours y réussir -, doublé d'un effet "high tech" qui se traduit par la mise en valeur du recours à la science. Pour accompagner ses choix, le drama est efficacement servi par une bande-son rythmée, mêlant les styles musicaux. Le rendu musical n'est pas inintéressant.

Enfin, un dernier mot sur le casting qui, là-aussi, manque peut-être d'argument pour me convaincre de donner une chance supplémentaire à la série. Il y a beaucoup de sur-jeu, notamment dans les interprétations des deux acteurs principaux. J'avoue que Park Shin Yang (The Painter of the Wind) m'a plutôt agacé - mais cela tient beaucoup à l'écriture très unidimensionnelle de son personnage. A ses côtés, dans les figures fémines, Kim Ah Joong joue sans surprise la partition prévisible de l'apprentie au fort caractère mais qui a encore tant à apprendre. tandis qu'Uhm Ji Won (The woman who still wants to marry) trouve progressivement sa place à mesure que son personnage peut dévoiler d'autres facettes. Jun Kwang Ryu (Jumong, Baker King) s'impose sans souci dans le registre du rival du héros. Enfin Jung Gyu Woon étant charmant ayant d'autres atouts que son jeu d'acteur (et mes souvenirs de Doctor Champ étant encore frais dans ma mémoire), je me contenterai donc de dire que, pour le rôle de policier impulsif qui lui est dévolu, je suis certaine qu'il conviendra parfaitement.

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Bilan : Série d'inspiration policière qui souhaite jouer sur tous les tableaux thématiques, Sign assume un mélange des genres fourni sans craindre d'en faire trop. Tour à tour enquête scientifique sur laquelle les rivalités personnelles prennent le pas, mais aussi thriller n'oubliant pas une pointe de romance désillusionnée, le drama multiplie les sources d'inspiration, tout en peinant un peu à dégager une identité précise au cours de ces deux premiers épisodes. L'intrigue principale s'assure de retenir l'attention d'un téléspectateur dont la curiosité est attisée par la dimension démesurée qu'elle acquiert. Mais si les personnages sont placés au coeur de la dynamique de la série, ils s'enferment pour le moment dans des registres excessivement prévisibles qui les rendent trop artificiels pour que leur sort importe au téléspectateur.

Pour trouver un équilibre, il reste à Sign à tirer toutes les conséquences au plan humain de la personnalisation des enjeux de ses enquêtes. Si elle y parvient, ceux qui souhaitent s'offrir une petite parenthèse sans comédie romantique y trouveront peut-être leur compte.


NOTE : 5/10


La bande-annonce (images du deuxième épisode) :


Le générique :


Une chanson de l'OST :


13/10/2010

(K-Drama / Pilote) Doctor Champ : une partition classique étonnamment rafraîchissante

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Il devait être écrit que je ne quitterais pas immédiatement les rêves olympiques et les ambitions dorées londoniennes. Après GOLD la semaine dernière, c'est un drama, de facture plus classique mais assûrement attachant, qui va être le sujet du mercredi asiatique de la semaine. Qu'on se le dise, l'Asie prépare assidûment les prochains Jeux Olympiques. Télévisuellement du moins.

Ce que j'aime par dessus tout dans la téléphagie, ce sont les surprises. Les séries attendues qui nous plaisent, on se situe dans un certain ordre des choses. Les surprises qui nous font passer une agréable fin de soirée devant notre petit écran, alors que l'on ne l'avait pas prévu pas, en revanche, voilà un peu de piment fort attrayant. Car ce ne sont pas toujours les séries dont on parle le plus a priori qui vont retenir finalement notre attention à plus long terme. La dernière semaine de septembre en est une parfaite illustration. Le buzz médiatique conduisait logiquement à surveiller Fugitive : Plan B sur KBS2, série navigant (ou s'embrouillant) entre action et second degré comique. Or, deux jours plus tôt, c'est une série dont j'ai visionné le pilote un peu par hasard, sans attente particulière, Doctor Champ, qui présentait un premier épisode autrement plus convaincant.

Si ma conscience téléphagique m'avait conduit devant Doctor Champ, c'est sans doute en partie pour Kim So Yeon, qui avait été une de mes bonnes surprises d'IRIS, pour laquelle j'avoue garder une certaine affection, même si Prosecutor Princess eut du mal à me convaincre au printemps dernier. Ayant débuté le 27 septembre 2010 sur SBS, c'est sur des bases plus attrayantes et sympathiques qu'est parti Doctor Champ, dans un registre assez familier où se mêlent sport & relationnel.

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Tout débute logiquement par de grands bouleversements dans la vie de chacun des protagonistes, qui vont les conduire, pour des raisons et par des chemins divers, au fameux Taereung National Village, le centre d'entraînement olympique sud-coréen.

Ambitieuse et pleine de certitudes, Kim Yeon Woo avait une vie parfaite, épanouie professionnellement comme sur le plan personnel. Brillante interne qui venait de réussir l'examen la qualifiant et lui ouvrant les portes d'un prestigieux hôpital jusqu'à cet éventuel poste de professeur qu'elle convoitait. elle sortait également avec un de ses collègues dans une relation qui lui semblait sérieuse. Mais, du jour au lendemain, un choix difficile qu'elle va avoir le courage d'assumer jusqu'au bout va briser ce cadre idyllique. Son mentor, médecin respecté, commet une erreur dans la salle d'opération qui entraîne la paralysie de la patiente. Refusant l'omerta implicite, puis explicite, qui lui est suggérée, Yeon Woo ne falsifie pas son rapport officiel et formule des accusations. Du jour au lendemain, devenue "traître", elle perd travail, petit ami et toute réputation. Un suicide de carrière en bonne et due forme.

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Dans ce cycle sans fin des mauvaises nouvelles, à la suite de divers incidents, elle fait la rencontre d'un sportif s'entraînant en vue des sélections nationales, Park Ji Heon. Judoka qui s'est remis à la compétition à la suite de la mort de son frère - évènement tragique sur lequel peu de renseignements nous sont donnés -, le jeune homme s'est promis, ainsi qu'à son neveu, d'atteindre la médaille d'or aux prochaines Jeux Olympiques. Mais si sa motivation ne fait aucun doute, son intégration au sein de l'équipe nationale de judoka pourra-t-elle se faire sans remous, lui qui n'est plus un débutant, arrivant à un âge où beaucoup ont déjà leur carrière derrière eux ?

Parallèlement, toute la direction médicale du centre d'entraînement olympique est bouleversée suite à un drame en compétition qui remet en cause le suivi des athlètes. C'est vers un médecin réputé, qui a déjà eu des résultats très probants, mais à l'égo et au caractère difficilement gérables que les instances sportives se tournent, Lee Do Wook. Décidé à compléter son staff, il formule une offre d'emploi, qui intervient alors que Yeon Woo est à bout, atteinte moralement devant les rejets en cascades de toutes ses candidatures dans les hôpitaux où elle postule. Le centre d'entraînement pourra-t-il constituer un nouveau départ pour tous ?

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Derrière ses allures de comédie romantique & sportive, qui investit sans détour un créneau finalement très familier, ce qui prend le téléspectateur quelque peu au dépourvu, le surprenant agréablement, c'est cette impression diffuse de fraîcheur qui émane de la série. Un caractère rafraîchissant qui ne réside pas dans une quelconque originalité, mais plutôt dans une sobriété d'ensemble habilement mise en scène et une capacité certaine à s'approprier des ingrédients simples qui demeurent des valeurs sûres du genre. Car si l'histoire en elle-même reprend des thématiques connues, avec une gestion du relationnel typiquement sud-coréennes, elle a le mérite de parler instantanément au téléspectateur. Bénéficiant d'un rythme dynamique et consistant, sans temps mort, Doctor Champ ne sort aucunement des sentiers balisés, mais se rélève, par la manière dont elle se réapproprie ces codes, des plus agréables à suivre. "Sympathique" est ainsi le premier qualificatif qui vient à l'esprit pour l'évoquer.

Ce ressenti est conforté par la perception que ses personnages offrent. En effet, dans la droite lignée de la narration globale, c'est avec une certaine retenue, sans trop en faire, que la série installe ses protagonistes. Si les stéréotypes ne sont jamais loin, chacun s'avère rapidement attachant. Certes, Yeon Woo dispose d'un sacré caractère et son traitement des autres internes, au début, ne manque pas de cette pointe d'immaturité pleine d'énergie, propre aux débuts des héroïnes de k-dramas. Pour autant, ces quelques poncifs de départ sont vite balayés par les évènements, la jeune femme se heurtant à un principe de réalité des plus cruels pour tenter de faire rebondir sa carrière. Si bien qu'au final, c'est une intéressante homogénéité qui caractérise la dimension humaine de Doctor Champ, conférant à l'ensemble une attractivité indéniable. Si tout demeure à concrétiser, on sent poindre derrière ces premières esquisses un potentiel réel pour la mise en scène future de relations compliquées mais attendrissantes, chargées d'une vitalité communicative. Pourquoi ne pas se prendre au jeu ?  

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Classique sur le fond, la série reste également scolaire sur la forme qui s'avère sans prise de risque particulière. Elle délivre une réalisation qui remplit le cahier des charges, des couleurs chatoyantes, et, dès le premier épisode, une jolie scène de lâchés de lanternes dans la nuit qui permet quelques plans paysage-sques des plus agréables. Il n'y a donc, somme toute, guère à redire, ni à souligner, par rapport à cet aspect. La bande-son n'est pas déplaisante à suivre, d'autant que cela s'est traduit de mon côté par un gros coup de coeur pour une des chansons utilisées en fond sonore, des plus entraînantes (My way, de Wheesung). Un accompagnement musical donc plutôt réussi.

Enfin, du côté du casting, si aucun acteur ne se démarque vraiment par son jeu dès ces deux premiers épisodes, chacun remplit son rôle et aucun ne dépareille dans l'ensemble. Je vous ai déjà dit toute la tendresse que je conserve à l'égard de Kim So Yeon (IRIS) ; cela m'a donc fait plaisir de la retrouver dans un rôle plus posé et beaucoup moins crispant que les débuts éprouvants de Prosecutor Princess. A ses côtés, Jung Gyu Woon (Loving you a thousand times) a la carrure parfaite pour jouer les sportifs confirmés, le jeu d'acteur viendra en appoint s'il s'avère nécessaire. Uhm Tae Woon (Queen Seon Deok, The Devil) s'immisce sans peine dans le rôle de ce responsable médical caractériel, qui se remet toujours difficilement d'une blessure qui l'a laissé éclopé. Enfin, ce trio est complété par Cha Ye Ryun (Invicible Lee Pyung Kang) qu'on a peu l'occasion de croiser dès ces débuts.

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Bilan : Si Doctor Champ s'approprie des ingrédients des plus classiques, la série esquisse un mélange pas inintéressant, mais surtout étonnamment rafraîchissant, mêlant des thématiques traditionnelles d'accomplissement professionnel et personnel, avec le duo amour & sport qui sert de toile de fond. Dotée de personnages attachants, d'une narration rythmée et relativement sobre qui s'avère plaisante à suivre, le téléspectateur se surprend à passer un agréable moment devant son petit écran.

Ces deux premiers épisodes proposent donc une fiction sympathique, à laquelle il est facile de s'attacher. Sans s'imposer comme une indispensable, le potentiel semble là pour construire un relationnel des plus attendrissants ; ce qui n'est déjà pas si mal. Seul l'avenir nous dira si la série a été capable de concrétiser les promesses ainsi posées.


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :

Fall in love with you, par Bobby Kim