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27/03/2013

(K-Drama / Pilote) The Virus : un classique thriller pandémique

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Hypocondriaques aux abris ! Le concept dans l'air du temps en ce printemps 2013 sur le câble sud-coréen, c'est la lutte contre les pandémies. La sériephile que je suis, qui a gardé un très bon souvenir de l'approche de ce sujet dans la série canadienne Regenesis (surtout de sa grande saison 1 !), ne pouvait que voir sa curiosité éveillée. D'autant qu'en dehors de leurs synopsis aux influences communes, les deux chaînes à s'essayer à ce genre ont généralement des styles et des approches très différents. Je ne vais pas vous cacher que le drama que je suis la plus curieuse de découvrir est celui de jTBC, The End of The World. Mais en attendant d'éventuels (hypothétiques ?) sous-titres anglais, c'est vers The Virus que je me suis tournée.

Ce dernier, dont dix épisodes sont prévus, est diffusé depuis le 1er mars 2013 sur OCN. Si cette chaîne du câble ne convainc pas toujours dans les genres auxquels elle s'essaie, il faut reconnaître malgré tout qu'elle a su se forger une identité propre ces dernières années dans le petit écran sud-coréen, de Vampire Prosecutor à Special Affairs Team TEN (dont la saison 2 arrive le moins prochain à l'antenne), en passant par Hero. La voir s'attaquer au thriller pandémique suit donc la logique de sa politique de fictions, surtout au vu de l'approche très calibrée - et sur certains points, assez limitée - que laissent entrevoir les deux premiers épisodes de The Virus.

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Suivant la tradition du genre, The Virus s'ouvre sur un flashforward aux accents dramatiques : son personnage principal, Lee Myung Hyun, y est poursuivi par la police. Il affirme qu'il faut reprendre tous les éléments de l'enquête autour de ce virus qui a commencé à se propager moins d'un mois auparavant. Acculé sur le toit d'un immeuble, il manifeste soudain les symptômes inquiétants (et plutôt spectaculaires) de la maladie. Le drama nous ramène alors quelques jours auparavant, au tout début de la crise sanitaire : appelés pour un incendie dans un centre médical, des pompiers y découvrent des cadavres dont la mort n'est pas liée au feu. Très vite, ceux qui sont intervenus sur les lieux meurent à leur tour...

Comme il ne fait aucun doute qu'un virus est à l'oeuvre, le CDC sud-coréen (Center for Disease Control) est appelé pour enquêter. L'équipe d'investigation, dirigée par Lee Myung Hyun, doit faire face, avec des moyens humains et logistiques restreints, à une maladie qui semble fatale dans 100% des cas, et suit un mode de transmission identique à celui de la grippe. Un risque important de très grave pandémie pèse sur Séoul. Cependant les politiques sont pour le moment surtout préoccupés par la préservation de l'image de la Corée du Sud. Ne voulant pas alarmer le public, ils préservent le secret. Les cas qui sont reportés laissent pourtant à penser qu'un individu infecté et contagieux, mais qui semble résister à la maladie, se déplace inconscient du danger qu'il représente. Le CDC se lance dans une chasse à l'homme pour ce "patient zéro" qui peut être la clé de tout.

Quelle est l'origine de ce virus et qu'est-ce qui se cache réellement derrière cette pandémie ? Quel sera le sort de Lee Myung Hyun ? Autant d'enjeux auxquels The Virus va tâcher d'apporter des réponses.

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S'il existe quelque part un manuel type de la fiction sur une catastrophe pandémique, The Virus applique à la lettre le classique cahier des charges qu'il fournit. Mettant en scène avec insistance la propagation contagieuse du virus, distillant les doutes et les questions sur l'origine de la maladie en se ménageant une voie possible vers le conspirationnisme, et pointant une hiérarchie et un gouvernement frileux et médiocre, recroquevillé sur l'idée qu'il faut avant tout éviter de nuire à l'image du pays, ce drama bénéficie de l'efficacité toute mécanique que lui offre son concept. La recette est calibrée à souhait, le rythme plutôt rapide permettant de retenir l'attention. Le scénario ne recherche pas l'innovation : les développements sont très prévisibles, et auront sans doute un air de "déjà vu" pour quiconque un tant soit peu familier avec ce type de récit.  Cependant il faut reconnaître que l'ensemble apparaît globalement assez huilé, assumant tous les poncifs qui sont empruntés. La curiosité du téléspectateur est au final aiguisée par l'énigme qui s'esquisse sous ses yeux.

Partant donc sur des bases correctes - sans marquer - dans le registre du thriller, l'écriture de The Virus révèle des limites plus criantes et problématiques quand elle touche aux personnages mis en scène. Plus que l'énième déclinaison de l'immuable héros "chevalier blanc froid et pas toujours diplomate seul contre sa hiérarchie" proposée, ce qui pose plus généralement souci, c'est le fait que tous les personnages apparaissent unidimensionnels, avec un travail de caractérisation à peine minimal qui confine à la transparence. Ces problèmes sont également perceptibles quand le drama tente - un peu vainement - d'humaniser son récit et de faire gagner en consistance ses protagonistes. C'est avec un manque criant de subtilité que la série est alors capable d'enchaîner sans transition des scènes très froides et des passages où l'émotionnel dramatique est surligné à l'excès, comme lorsqu'est dévoilé le passé endeuillé du personnage principal ou lorsque nous découvrons que son ex-femme est une des contaminées du virus. Le contraste dans les tonalités qui se succèdent sur une très brève période dénote un manque d'homogénéité et de maîtrise de la narration qui rend le drama peu engageant : il est en effet difficile de s'impliquer aux côtés de telles figures.

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Sur la forme, The Virus a ce style et l'ambiance un peu sombre, parfois nerveuse, que l'on retrouve dans d'autres dramas d'OCN. Si on peut regretter quelques effets de caméras inutiles dans certaines scènes, et une tendance aux gros plans dispensable, la réalisation correspond au genre investi : le téléspectateur sait immédiatement qu'il est devant un thriller calibré lorsqu'il s'installe devant ce drama.

Enfin, le casting apparaît handicapé par une écriture qui met peu en valeur les acteurs. C'est Uhm Ki Joon (The World That They Live In, Hero (MBC), Ghost) qui interprète le protagoniste principal. Il a la présence à l'écran requise pour ce genre de rôle, mais il a une inclinaison à tomber dans le sur-jeu dans certaines scènes - dès que son personnage s'implique émotionnellement - qui gagnerait à être plus nuancée. Le casting qui l'entoure laisse une impression mitigée, manquant d'implicationn ou n'ayant pas les lignes de dialogues qui permettent de vraiment s'exprimer. On y croise notamment Lee So Jung, Lee Ki Woo, Ahn Suk Hwan, Jo Hee Bong, Yoo Bin, Park Min Woo, Hyun Woo, Oh Yong ou encore Song Young Kyu.

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Bilan : Bénéficiant d'un efficacité mécanique liée à une correcte exploitation de son concept de thriller pandémique, The Virus part sur des bases honnêtes pour proposer une histoire à suspense rondement menée. Si on peut lui reprocher sa relative prévisibilité et une ambition qui reste très minimale, le mystère est bien posé et les questions sans réponses intriguent. Cependant les limites de l'écriture se font plus problématiques au niveau du traitement des personnages ou encore dans la gestion pas toujours très adroite des changements de tonalités. Il sera sans doute difficile pour The Virus de dépasser cela, mais il peut éventuellement retenir l'attention des amateurs de pandémies catastrophes, ici développées dans le cadre particulier sud-coréen.

Avec un tel drama, OCN poursuit donc ses expérimentations et ouvertures. Cela ne donne pas toujours des fictions mémorables, mais cela a le mérite de permettre l'exploration d'autres genres par rapport aux grandes chaînes. Une certaine alternative câblée, à faire grandir.


NOTE : 5,5/10


Une bande-annonce de la série :

04/07/2012

(K-Drama) Hero : en quête de héros dans un futur corrompu et ruiné

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Profitons de ce mercredi asiatique pour s'intéresser au câble sud-coréen. Il faut dire que les transformations qui s'opèrent dans le paysage audiovisuel du pays du Matin Calme sont intéressantes à suivre, avec des chaînes bien décidées à se faire une place dans l'industrie des dramas. Ce dynamisme a donné ces dernières années quelques essais notables, se démarquant des fictions du "Big Three" (SBS, MBC, KBS), comme par exemple Joseon X-Files. Et le mouvement s'est encore accéléré depuis un an. D'une part, il y a eu l'arrivée il y a quelques mois de nouvelles chaînes qui ont investi la production de séries avec des succès très divers, se brûlant parfois les ailes à trop vouloir sauter les étapes. Parmi elles, il faut cependant saluer l'effort de jTBC qui semble avoir su tirer son épingle du jeu. D'autre part, existent toujours les chaînes du câble plus anciennes qui sont, elles aussi, en train de définir leur image, comme tvN et ses rom-coms et autres séries légères...

C'est dans cette optique que OCN se positionne dans le registre de l'action et des fictions plutôt sombres. Cela peut se décliner dans de l'historique (Yaksha), du policier (Special Affairs Team TEN), du fantastique (Vampire Prosecutor)... Mais aussi de l'anticipation presque SF, lorgnant du côté de l'univers des comics, avec le récent Hero. Ce drama, dont je vais vous parler aujourd'hui, a été diffusé au cours du printemps, du 18 mars au 13 mai 2012, le dimanche soir. Il compte un total de 9 épisodes. Sur le papier, l'ambition est appréciable, avec des thèmes certes familiers, mais assez rarement exploités à la télévision sud-coréenne. L'initiative est intéressante, même si malheureusement le drama ne concrétise pas son potentiel de départ et peine devant d'importantes limites narratives. En résumé, OCN essaie, sans forcément toujours convaincre. Mais avec l'expérience et après les erreurs viendra peut-être à terme une meilleure maîtrise... Le câble peut en effet apporter une diversité qu'il faut encourager.

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Hero se déroule dans un futur proche, en 2020. La série nous plonge dans une grande métropole d'une Corée ruinée économiquement, où la corruption règne et où les inégalités n'ont jamais été aussi importantes. Le personnage central du récit, Kim Heuk Chul, est le fils cadet du maire de cette grande ville. Jeune homme issu d'un milieu donc privilégié, inconséquent et irresponsable, éloigné du pays pour éviter les scandales, il est contraint de rentrer en Corée, car ses dernières frasques lui valent une expulsion manu militari de Chine.

Il revient dans un contexte tendu par les élections locales prochaines, où sa famille joue son influence et son pouvoir : il s'agit de faire en sorte que le maire obtienne de la population un nouveau mandat. Une fusillade dans une église offre alors le fait divers parfait pour désigner des boucs émissaires et diviser pour mieux régner. Mais Heuk Chul, loin de rester inactif, se lie avec les officiers chargés de l'enquête. Il est grièvement blessé lors d'une descente de police. Prêt à tout pour le sauver, son père obtient que lui soit injecté un traitement expérimental qui lui confère - au moins pour un temps, car les effets à terme sont inconnus - un pouvoir de guérison presque illimité.

Déjà secoué d'avoir frôlé la mort, Heuk Chul découvre avec surprise ses nouvelles capacités. Dans le même temps, il est confronté directement à la violence et aux injustices de la société de son temps. Il prend alors la décision d'intervenir directement dans certains de ces problèmes. Sans forcément mesurer à quel point sa famille est impliquée dans ce système gangréné.

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En s'appropriant des thème assez classiques qui évoquent les comics, Hero dispose d'un certain nombre d'atouts intéressants. Il s'agit d'une série d'anticipation, résolument pessimiste, avec un soupçon de science-fiction qui permet de mettre en scène quelques gadgets technologiques. De plus, il faut reconnaître à la fiction la volonté de particulièrement soigner son ambiance : elle s'attache à souligner les tensions sociales - et cet inaccessible rêve chinois voisin pour trouver du travail -, mais aussi la violence et le fatalisme d'une population confrontée à une corruption généralisée qui sape la société jusqu'aux fondations d'une comédie de démocratie où les fraudes sont monnaie courante. Le drama fait d'ailleurs sien le thème récurrent de l'impunité des riches et de l'exploitation aliénante des plus défavorisés qui se contentent de tenter de survivre, subissant les soifs de pouvoir des privilégiés. Dans cette perspective, l'épisode le plus intéressant restera le pilote - d'une durée correspondant à un double épisode. Il pose en effet efficacement les bases très noires de cet univers, en s'ouvrant notamment sur une fusillade qui cumule volontairement les points choquants (assassinat d'un prêtre, dans une église, à Noël, avec des enfants...). Dans le même ordre d'idée, les développements ultérieurs cultiveront une amertume qui donne bien le ton d'ensemble recherché.

Mais en dépit de ce départ correct, Hero ne va pas réussir à concrétiser ses ambitions. Certes, la série conserve par la suite une narration globalement rythmée, mettant en exergue l'opposition entre les puissants et le reste d'une population sans espoir. On peut cependant regretter qu'elle garde toujours une versatilité de ton qui amoindrit les efforts faits pour asseoir sa tonalité : aux passages très sombres, succèdent invariablement des pointes d'humour évitables. Toutefois, le principal problème du drama est d'ordre narratif. Le défaut devient flagrant à mesure que le récit progresse : les inconsistances et les incohérences du scénario apparaissent de plus en plus pesantes, et les facilités narratives sont trop fréquentes pour crédibiliser l'histoire. Plus ennuyeux encore, la psychologie des personnages semble se re-écrire au gré des situations auxquelles ils font face, voire selon les épisodes. L'échec majeur restera les développements des derniers épisodes : qu'il s'agisse de la conclusion du semi-fil rouge avec la puissante société pharmaceutique, ou des choix ultimes et des révélations sur les personnages, rien ne convainc vraiment. La série finit par tomber dans les trous qui plombent son scénario.

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Hero est plus cohérent sur un plan formel. La réalisation s'efforce de contribuer à l'atmosphère noire de la série : cela donne donc des images à dominante sombre, où les scènes d'action sont plutôt efficacement menées. La photographie correspond dans l'ensemble assez bien à l'ambiance de ce futur proche, où la détresse de certains est palpables, et où les confrontations de classes sont exacerbées. Sans être toujours maîtrisé, le résultat sait donner envie au téléspectateur de se glisser dans cet univers. Je serais beaucoup plus réservée concernant la bande-son qui, si le style de musique reflète l'axe "action musclée", apporte peu, et n'est pas toujours exploitée à bon escient.

Enfin, Hero bénéficie d'un casting qui alterne le correct et le plus mitigé. Les problèmes d'écriture étant problématiques pour la force des personnages, il est parfois difficile pour les acteurs de se fixer sur un registre d'interprétation. C'est à Yang Dong Geun (I'm Sam) qu'est confié le rôle principal : du jeune homme irresponsable au redresseur de torts masqué, il s'en sort assez bien tant que son personnage conserve sa logique (les derniers épisodes étant plus problématiques sur ce point). Han Chae Ah (actuellement dans Bridal Mask) manque toujours un peu d'expressivité, mais elle donne convenablement la réplique à son vis-à-vis héritier/justicier. On croise également quelques têtes familières des rôles secondaires, comme Son Byung Ho (Yaksha), Choi Chul Ho (Partner), Park Won Sang (Yaksha, Warrior Baek Dong Soo), Kwon Min, Geum Dan Bi (Warrior Baek Dong Soo), Oh Soo Min (Queen of Reversals), Kim Sung Hoon ou encore Otani Ryohei (The Road Home).

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Bilan : Série d'anticipation à l'univers futuriste sombre, Hero est une série qui disposait d'une base d'idées intéressantes sur le papier, qu'elle n'aura pas su ou pu porter convenablement à l'écran, le scénario cédant à trop de raccourcis et de maladresses pour convaincre. Cependant, l'effort reste louable. Et avec son rythme de divertissement musclé, elle peut constituer une curiosité à tester pour les amateurs des redresseurs de torts masqués, avec un univers qui m'a rappelé celui des comics. Mais il faut dans ce cas accepter de ne pas trop se formaliser devant les limites manifestes de l'histoire, particulièrement criantes au cours des derniers épisodes. 


NOTE : 4,75/10


Une bande-annonce de la série :

Une chanson de l'OST :


[A noter : Suite à des problèmes techniques sur mon ordinateur, les screen-captures n'ont exceptionnellement pas été faites par moi, mais sont issues de Dramabeans.]

21/03/2012

(K-Drama / Pilote) Special Affairs Team TEN : une intéressante série policière

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Restons en Corée du Sud en ce mercredi asiatique ! J'écris souvent que je n'aime plus guère les séries purement procédurales. Comme toutes les affinités téléphagiques, cela n'a rien de bien figé, et je ne demande qu'à croiser justement des séries qui bousculent mes préconceptions. C'est ce qu'il s'est passé samedi soir lorsque je me suis installée devant le (long !) pilote de Special Affairs Team TEN. Initialement, je l'avoue, j'avais laissé mes préjugés l'emporter à la fin de l'année dernière (du procedural policier? non merci...), mais quelques échos plus récents ont fini par éveiller ma curiosité.

Special Affairs Team TEN a été diffusé sur la chaîne du câble OCN, du 18 novembre 2011 au 13 janvier 2012. Elle occupait un créneau tardif, puisque programmée le vendredi à minuit. De quoi permettre au gestionnaire du stock d'hémoglobine de la chaîne de laisser libre cours à son âme d'artiste pour reconstituer les crimes les plus sanguinolants. La série compte un pilote, qui est un douple épisode de 2 heures, et 8 épisodes ensuite d'1 heure (comptabilisés comme un total de 10). Après quatre épisodes vus (sur 10), la série a vraiment su me fidéliser. J'irai jusqu'à son terme !   

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La Special Affairs Team TEN est une unité spéciale de la police criminelle qui va être formée au terme du pilote. Elle a pour but de s'occuper des plus violents crimes qui ont été commis dans le pays ; ceux qui sont les plus complexes et restent souvent non résolus. Sa direction a été confiée à Yeo Ji Hoon. Ce professeur est un ex-détective de renom, à la réputation trouble, qui avait quitté son poste au sein de la police pour des raisons qui restent floues au début de la série. La première affaire, à laquelle se consacre le pilote, va permettre à Ji Hoon de rassembler autour de lui une équipe aux talents complémentaires. 

C'est en effet un trio efficace qui se constitue sous ses ordres. On y retrouve de jeunes recrues : Park Min Ho, un nouveau policier qui ne demande qu'à apprendre, et Nam Ye Ri, une jeune détective qui se morfondait jusqu'à alors dans des tâches subalternes, mais dont les qualités pour comprendre les gens et dresser leur profil lui ouvrent la voie vers cette unité. A l'opposé, le dernier membre, Baek Do-Sik, est un vétéran expérimenté, très obstiné et qui sait faire confiance à son instinct. La série nous propose donc de suivre ce quatuor dans leurs investigations, tandis que peu à peu, ils deviennent une "équipe".

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La première force de Special Affairs Team TEN tient à la tonalité choisie par le drama. Proposant un mélange des styles assez bien dosé, il alterne en effet entre drame pur et comédie avec un naturel qui rend le visionnage très agréable. Ainsi, lorsque l'épisode se focalise sur l'intrigue du jour, les passages sont généralement pesants, mettant en scène des crimes violents et/ou poignants. En revanche, lorsqu'il s'arrête sur les actions des personnages eux-mêmes, il est fréquent qu'il se permette des scènes soudain plus légères, voire même qui prêtent vraiment à sourire. Ces parenthèses ne remettent jamais en cause le liant du scénario, si bien que ce curieux cocktail fonctionne étonnamment bien à l'écran. Il rompt tout risque de monotonie et permet au téléspectateur de s'investir non seulement dans l'histoire du jour, mais plus globalement dans l'atmosphère de la série.

Le deuxième aspect qui permet à Special Affairs Team TEN de s'imposer dans son registre tient plus simplement à ses enquêtes. Celle du pilote, particulièrement complexe (d'aucuns diraient alambiquée), est d'une intensité psychologique qui ne saurait laisser le téléspectateur insensible. Le deuxième épisode est plus quelconque, mais à nouveau le troisième renoue avec ce jeu constant des fausses pistes multiples, face à une affaire compliquée dont on ne sait trop par quel bout la prendre. Dans l'ensemble, le scénario apparaît donc toujours bien travaillé. Et non seulement l'ensemble offre un lot de rebondissements suffisant pour ne pas s'ennuyer, mais le téléspectateur se laisse aussi surprendre par certaines issues ; la première enquête est un modèle du genre en terme de complexité ! Sans être brillante, la série soigne de façon très correcte son assise policière.

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Si le curieux mélange entre noirceur et détente adopté par Special Affairs Team TEN constitue sans doute sa valeur ajoutée la plus attractive, il convient également de ne pas négliger l'importance des personnages. Le drama semble porter un intérêt sincère à ses quatre protagonistes principaux. Il réussit à éviter l'écueil majeur où viennent s'échouer tant de cop shows de ce genre, celui de présenter un chef quasi-omniscient dont les subordonnés ne seraient réduits qu'à de simples faire-valoirs. Ici, au contraire, chacun a son rôle et trouve généralement sa place au cours de l'enquête menée. Cette complémentarité soulignée permet une réelle homogénéité, et le mot "équipe" prend finalement tout son sens.

Pour autant, cela ne signifie pas que Special Affairs Team TEN se démarque totalement de la structure classique à ce type de fiction. A la fois arrogant (parfois aux limites de l'antipathique) mais aussi brillant dans son genre, Ji Hoon a souvent un temps d'avance sur ses subordonnés, auxquels il communique rarement ses dernières intuitions. Dès le départ, la série insiste sur certains des traits les plus ambivalents de sa personnalité. Ses méthodes de travail discutables, sa façon de se placer dans la tête du tueur, en allant parfois jusqu'à des reconstitutions musclées, sont autant d'éléments qui indiquent qu'il y a sans doute quelque chose de sombre à explorer en lui. Les quelques indices donnés sur son passé ne font que renforcer cette impression.

Ji Hoon remplit donc parfaitement son rôle pour aiguiser la curiosité du téléspectateur, mais c'est tout à l'honneur de la série - et c'est sans doute ce qui fait sa force - de ne pas réduire l'intérêt humain de Special Affairs Team TEN à ce seul personnage principal, mais d'aménager un espace à chacun. Cela explique que l'on puisse, sans s'en rendre compte, s'attacher très vite à ce quatuor !

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Globalement solide sur le fond, Special Affairs Team TEN est également intéressante sur la forme. La réalisation est vraiment bien maîtrisée, avec un travail perceptible aussi bien au niveau de certains plans, que du montage global des épisodes découpés en chapitre. La photographie est belle : les teintes aux couleurs saturées soulignent la versatilité d'une atmosphère, tour à tour oppressante, puis légère. Quant à la bande-son, elle constitue un réel atout pour le drama. Non seulement elle utilise des musiques qui empruntent au rock ses morceaux les plus classiques, mais elle glisse également quelques morceaux originaux, souvent assez déchirants, qui contribuent grandement à construire la tonalité de la série. Cela faisait quelques temps que je n'avais pas eu de vrais coups de coeur en écoutant une OST : Breath, de Mad Soul Child aura été une belle découverte (cf. seconde vidéo après le billet) !

Enfin, Special Affairs Team TEN bénéficie d'un casting homogène, où les quatre acteurs principaux se révèlent convaincants dans le registre qui est attendu d'eux. Joo Sang Wook (That Fool, Giant, actuellement dans Feast of the Gods) joue parfaitement sur la froideur et la distance de ce professeur aux méthodes particulières. Jo An (Three Sisters) a la fraîcheur, mais aussi la nuance qu'il convient, pour interpréter cette jeune détective qui sait instinctivement comprendre ses interlocuteurs. Choi Woo Sik (à venir dans Rooftop Princess) se glisse aisément dans un rôle d'apprenti qui va beaucoup observer, mais aussi démontrer qu'il sait se débrouiller (même s'il s'agit dans un premier temps de courcircuiter les délais d'attente en allant draguer les secrétaires des autres services). Mais celui qui m'a le plus convaincu reste sans doute Kim Sang Ho (Prosecutor Princess, City Hunter) qui a une sacrée présence à l'écran : il joue un personnage de vétéran haut en couleur, laissant la part belle, mais sans pour autant en faire trop, à ses excès de théâtralisme comme à son pragmatisme. 

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Bilan : Série policière solide et intéressante, Special Affairs Team TEN doit beaucoup à son ambiance qui entremêle habilement les tonalités : à la fois très dure et sombre par moments, le drama est aussi capable de passages de détente bienvenue. Il trouve ainsi son style propre au sein de ce genre sur-exploité du cop show. Ne négligeant pas non plus ses personnages qui bénéficient d'une vraie épaisseur dans leur caractérisation, elle devrait séduire non seulement les amateurs de formula show policier, mais peut-être aussi au-delà, j'en suis l'exemple même. A surveiller !


NOTE : 7/10


Une bande-annonce :


Une chanson de l'OST (Breath, de Mad Soul Child) :
 

12/01/2011

(K-Drama / Pilote) Yacha (Yaksha) : impitoyables luttes de pouvoir sur fond de trahisons

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Je crois que je suis d'humeur nostalgique. Je traîne un peu à passer en 2011 ; Secret Garden se termine et 2010 aura été une année si riche et diversifiée que j'ai du mal à refermer le chapitre. Voilà pourquoi je poursuis l'air de rien mes découvertes des nouveautés du mois dernier. Vous connaissez mon penchant inconditionnel, malheureusement chronophage et donc quelque peu déraisonnable, pour les sageuk. J'essaie par conséquent de ruser. Si les kdramas historiques des grandes chaînes sud-coréennes effraient par leur nombre d'épisodes, en revanche, le câble a l'avantage d'héberger des séries plus courtes. C'est ainsi le cas de Yacha (ou Yashka), diffusée sur OCN depuis le 10 décembre 2010, au rythme d'un épisode par semaine et qui en comportera un total de seulement 12.

Outre sa relative brièveté, l'autre atout du câble, c'est qu'il peut s'affranchir d'un certain nombre de limites ou de cadres imposés aux kdramas diffusés sur les grands chaînes. Si vous avez déjà jeté un oeil à certains, vous avez pu constater que le contenu n'a pas forcément la même tonalité, même si l'on y croise des ingrédients narratifs immuables au pays du Matin Calme. Yacha étant diffusé à minuit, avec la signalétique interdit aux moins de 18 ans, le téléspectateur était prévenu. Encore que... Car la violence et le sexe, c'est une chose ; des effets spéciaux ultra-gores dans les combats, c'en est une autre ! Si la trame qui se construit progressivement au cours des premiers épisodes m'a convaincu d'aller jusqu'au bout d'un drama dont l'histoire a des atouts, j'avoue que ces effets spéciaux dispensables auront quand même bien failli me faire fuir avant même la fin du pilote.

Bref, soyez quand même prévenu, Yacha n'est pas une série devant laquelle vous dînerez.

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Se déroulant dans une époque particulièrement troublée, non précisément située chronologiquement (Chosun ?), Yacha nous plonge dans un royaume où la pauvreté s'étend peu à peu. Le pouvoir central tombe en déliquescence, les révoltes populaires grondent, tandis que la royauté affaiblie s'efforce de conserver jalousement ses quelques parcelles d'autorité face à des ministres avides de puissance. Si un redressement n'est pas rapidement opéré, c'est dans une anarchie complète que le pays risque de sombrer au détriment de sa population. Dans ce contexte si tourmenté, le jeune roi peut compter sur une force de frappe de l'ombre, la confrérie militaire des "Black Cloud Swords" dirigée par un ami d'enfance qui lui a juré fidélité et en qui il peut donc placer toute sa confiance, Lee Baek Rok.

Ce dernier, combattant hors pair, n'a jamais eu une vie facile, prompt à se sacrifier pour des proches qui n'éprouveront pas forcément un besoin réciproque. Il nourrit ainsi une relation très conflictuelle avec un frère qui l'a plus ou moins renié, des rapports teintés de jalousie déplacée et d'ambitions mal dissimulées. A l'origine de leurs problèmes se trouvait la belle Jung Yeon qui avait fait tourner le coeur des deux frères quand ils étaient encore jeunes, mais qui n'avait d'yeux que pour Baek Rok. Ce dernier s'effacera cependant au profit d'un frère, dont l'ambition dévorante le conduira finalement à jeter son dévolu sur la fille d'un ministre, plus apte à lui offrir la position sociale à laquelle il aspire.

Emporté dans les tourbillons des luttes de pouvoir qui déchirent le pays, c'est celui qui semblait être le seul soutien indéfectible de Baek Rok qui va provoquer sa perte. Tandis que  les intrigues létales se poursuivent à la cour, ce dernier ayant miraculeusement survécu au massacre de sa troupe va tout faire pour revenir dans son pays afin de se venger... même s'il ignore encore l'étendue de la trahison qui a eu lieu.
 

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Yacha est une série historique qui reprend à son compte tous les ingrédients classiques du genre et qui, du côté occidental, trouve ses parallèles dans des histoires comme celle de Gladiator. Baignant dans une atmosphère résolument sombre où tous les coups et toutes les trahisons sont permis, ni les liens du sang, ni l'amitié ne préservant des retournements d'allégeance, elle trouve progressivement ses marques après un premier épisode qui sert surtout à poser une ambiance plutôt que des enjeux précis. Poursuivant dans cette tonalité volontairement impitoyable, la série nous plonge ensuite dans les coulisses létales d'un pouvoir semblable à un échiquier (ou au plateau d'un jeu de Go, si on veut faire plus couleur locale) sur lequel évoluent des protagonistes, réduits à l'état de pions à la merci des puissances à l'oeuvre. Chacun sait s'appuyer sur ses forces et ses atouts pour agir dans l'ombre, ou bien de façon plus directe, afin de servir ses ambitions pour les uns, voire un supposé intérêt général pour les plus nobles. Par principe, tout est sacrifiable au nom de cet objectif de pouvoir. Du politicien expérimenté au monarque légitime, en passant par l'intellectuel empreint de confucianisme, les rapports de force se révèleront plus flous que l'on aurait pu le penser aux premiers abords.

Le portrait de cette atmosphère impitoyable constitue l'atout majeur de Yacha et c'est ce qui va retenir l'attention du téléspectateur. Car, à côté, les personnages peinent, eux, à véritablement s'imposer. Restant un peu en retrait, ils servent l'histoire, mais peinent à vraiment peser sur elle. C'est en quelque sorte lorsque les choses sérieuses commencent, lorsque les manoeuvres se révèlent au grand jour, qu'ils vont commencer à trouver leurs marques. Autant Baek Rok reste une figure manichéenne assez prévisible dans son rôle de guerrier sans doute trop honorable pour les temps qui courrent, les autres se révèlent en revanche dans l'adversité, sachant surprendre et s'écarter de certains carcans. Si la dimension humaine n'est assurément pas le point fort de ce drama pour le moment, dans certaines scènes, on perçoit un vrai potentiel qui sera peut-être exploité par la suite, lorsque certains devront véritablement choisir leur camp.

En résumé, Yacha dispose d'une intrigue forte sur laquelle elle réussit progressivement à capitaliser, mais où il manque pour le moment un aspect plus émotionnel traditionnellement attendu dans un k-drama. Les tragédies à l'oeuvre et autres vengeances devraient cependant permettre à la série d'investir un registre dramatique qui lui donnera les moyens de mieux explorer cette humanité (ou son absence).

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Prenant et ne demandant pas un investissement excessif en temps, Yacha s'impose comme un drama très sombre, dont le visuel entend souligner cette tonalité. J'aime beaucoup l'esthétique cinématographique qu'elle investit et que l'on retrouvait déjà cet automne dans Joseon X-Files. Cela tranche avec les sageuks des grandes chaînes. D'autant que, précisons bien : qui dit "câble" ne signifie pas budget moindre. Au contraire. Yacha a en effet des moyens financiers tout à fait appréciable, qui se perçoivent dans sa réalisation et les images qu'elle propose. Malheureusement, à vouloir si bien soigner ses effets de style, la série tombe dans l'excès inverse : elle en fait trop. Car il est impossible de ne pas évoquer un autre élément formel qui marque, mais pas forcément dans le bon sens du terme : il s'agit de ses effets spéciaux.

Si c'est très bien d'avoir un budget confortable, les instances dirigeantes ont malheureusement dû confier leur trésor de guerre à un technicien qui a découvert émerveillé, à cette occasion, de nouveaux logiciels aux possibilités encore inexplorées (dont vous avez un aperçu sobre dans la screen-capture ci-dessous). Les efforts pour introduire une identité visuelle sont manifestes. Mais surtout Yacha n'entend pas se contenter de modestes chorégraphies de combat : elle souhaite bel et bien investir un registre d'action musclée qu'elle revendique haut et fort dès ses premières minutes. Sauf que si l'intention peut paraître louable a priori, ses combats vont naviguer quelque part entre un visuel de jeu vidéo ultra-violent et le film gore. Et j'avoue qu'au bout du quinzième membre tranché, de la quatrième tête qui valdingue par terre et des jets de sang continuels qui parsèment l'écran jusqu'à rester sur la caméra pendant quelques secondes, j'ai fini parfois par détourner les yeux. C'est vraiment donner dans de l'ultra-violent clinquant et gratuit dont les excès ne se justifient pas forcément narrativement parlant, même si cela séduira peut-être les amateurs du genre.

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Si la série en fait donc trop, reconnaissons qu'elle a quand même soigné sa forme jusque dans sa bande-son qui va, elle, prudemment rejoindre les grandes recettes classiques des kdramas, et ce, de façon plutôt efficace. Yacha bénéficie en effet de plusieurs thèmes musicaux qui reflètent avec justesse l'ambiance à la fois épique et tragique pesant sur l'histoire, tout en proposant également une chanson thématique parfaite pour illustrer l'affrontement fraternel sous-jacent au récit. Rien de très original, mais cela fonctionne.

Enfin, quelques mots sur son casting où l'on ne retrouve pas de grandes têtes d'affiche, mais des acteurs qui vont remplir efficacement et sobrement leur rôle. Les personnages n'étant pas forcément la dimension la plus aboutie de Yacha pour le moment, ils restent modérément solicités. Le héros est incarné par Jo Dong Hyuk (Snow in August) à qui on demande avant tout d'être un guerrier. A ses côtés, pour jouer cette partie d'échecs létale, on retrouve Seo Do Young (Invicible Lee Pyung Kang), Jun Hye Bin (The King and I), Son Byung Ho, Suh Tae Hwa (Alone in Love), Park Won Sang (Joseon Police, saison 2) ou encore Seo Yeong (Dal Ja's Spring).

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Bilan : Drama historique résolument sombre, au parfum impitoyable que renforce une violence que l'on retrouve jusque dans l'identité visuelle de la série, Yacha propose une histoire de lutte de pouvoir relativement classique dans ses ressorts narratifs qui, en brisant ainsi la vie du héros, va fonder une vengeance qui sera tout autant fatale. Au rythme des trahisons qui s'enchaînent, elle esquisse des accents de tragédie qui lui permettra peut-être d'exploiter pleinement un potentiel qu'elle ne laisse pour le moment qu'entre-apercevoir par intermittence. En dépit de certains effets esthétiques outranciers dispensables, ses premiers épisodes construisent un cadre intrigant qui a piqué mon intérêt.

Même si elle s'adresse sans doute à un public averti, Yacha me semble donc mériter un investissement pour les 12 épisodes qui vont la composer. Elle devrait s'achever le 25 février prochain.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce :


Une chanson de l'OST (avec des images du début du drama) :