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01/12/2010

(K-Drama / Pilote) Marry me, Mary (Mary stayed out all night) : un concentré de légèreté


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Pour ouvrir ce mois de décembre, prenons - enfin - le temps de consacrer ce mercredi asiatique à un k-drama dans la lignée de ces légères sucreries mélodramesques dont le pays du Matin Calme a le secret, également très attendu en raison de son casting : Marry me, Mary (a.k.a. Mary stayed out all night), diffusé depuis le 8 novembre 2010 sur KBS2.

Soyons franc, si cela fait deux semaines que je reporte la critique, c'est en partie parce que je n'ai pas vraiment d'enthousiasme à partager devant cette découverte. Non qu'elle soit déplaisante à suivre, puisqu'elle prend peu à peu ses marques et que Moon Geun Young illumine l'écran. Mais il faut bien dire qu'elle est arrivée dans le courant d'un mois de novembre particulièrement chargé qualitativement en nouveautés sud-coréennes, de Secret Garden (qui s'impose comme mon gros coup de coeur de ces six derniers mois) à King Geunchogo. Abondance de séries ne nuit pas, mais oblige à hiérarchiser et à dresser un ordre des priorités. Tout dépendra ensuite de ce que l'on recherche ; car, pour un téléspectateur en quête de léger pétillant, assurément, Marry me, Mary est toute adéquate. Mais il faut bien reconnaître que la magie n'a pas opéré à mon égard. 

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D'emblée, la série s'installe dans le registre de la gourmandise sucrée-acidulée, naïvement romancée, qui se savoure sans arrière-pensée devant son petit écran. Le concept se révèle finalement d'une simplicité relativement désarmante, reprenant ces recettes traditionnelles, promptes à rapprocher des opposés et à faire naître des relations. Sans réellement prendre de distance avec l'histoire mise en scène, Marry me, Mary investit efficacement un terrain déjà connu de tout amateur de k-drama.

Wi Mae Ri est une jeune femme pragmatique et pleine d'entrain, étudiante par intermittence, employée quand elle le peut, dont le quotidien est rythmé par les coups de semonce des multiples créanciers de son père. Dotée d'un tempérament naturellement enjoué, elle s'efforce de prendre la vie du bon côté et de ne pas se laisser atteindre par ce harcèlement perpétuel, tout en protégeant son père du mieux qu'elle le peut, avec ses faibles moyens. Suite à un accident de voiture, elle rencontre - dans des circonstances donc quelque peu compliquées - le chanteur indépendant d'un groupe se produisant dans un club de sa ville, Kang Moo Kyul. Après l'avoir poursuivi pour le forcer à signer une décharge de responsabilité, la jeune femme finit par se lier, bon gré, mal gré, avec un artiste somme toute assez envahissant, qui n'hésite pas à s'inviter chez elle. 

Parallèlement, le père de Mae Ri, préoccupé par sa catastrophique situation financière, retrouve par hasard une vieille connaissance, un industriel ayant fait fortune au Japon. Ce dernier propose à Dae Han un accord pour l'aider à faire disparaître ses ennuis : il épongera toutes ses dettes si Mae Ri épouse son fils, Jung In. Effrayée à la perspective d'un mariage arrangé que son père perçoit comme sa bouée de sauvetage, Mae Ri fait alors passer Moo Kyul pour son nouvel époux, fausses photos de célébration à l'appui. Mais le mensonge ne fait qu'empirer une situation déjà bien confuse lorsque son père exhibe un faux certificat de mariage. Finalement, un bien curieux compromis est trouvé, satisfaisant toutes les parties : Mae Ri dispose d'une période d'essai de 100 jours au bout de laquelle elle devra faire un choix entre les deux jeunes gens qui lui sont proposés - ou éventuellement les refuser tous deux. Comment Mae Ri passera-t-elle ces quelques mois avec son temps ainsi divisé en deux ? Son coeur s'ouvrira-t-il à l'un ou à l'autre ?

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Comme il est facile de le pressentir à la lecture du synopsis, Marry me, Mary présente un cocktail condensé et revendiqué de légèreté parfaitement calibrée, qu'elle va s'attacher à exploiter par des recettes qui ont plus que fait leur preuve dans le petit écran sud-coréen. Avec une relative insouciance enjouée, un peu à l'image de son héroïne, la série prend son temps pour installer ses enjeux. Faisant le choix de capitaliser pleinement sur une indéfinissable innocence d'écriture, elle introduit dès le départ une dynamique plaisante, presque infantile dans le bon sens du terme, qu'incarne à merveille la resplendissante Mae Ri. C'est sans nul doute dans ce personnage que réside l'âme et le coeur de la série. Déjà, dans ses scènes solitaires, elle éclaire l'horizon du téléspectateur, perdue dans appartement vidée de tout mobiliser à savourer ses dramas. Dans les scènes versant plus dans le relationnel, voire la confrontation, elle apporte ce soupçon de spontanéité qui sonne juste, tout en trouvant instantanément une naturelle alchimie avec ses partenaires, à commencer par Moo Kyul.

Le corollaire nécessaire d'un tel cocktail de légèreté implique, pour que cela fonctionne, de parvenir à charmer le téléspectateur. Car le seul concept de départ - ces fameux 100 jours pour faire un choix - n'est pas un réel fondement narratif consistant, mais constitue plus un prétexte commode à des mises en scène, allant du rocambolesque franchement comique au touchant quasiment désarmant. Appliquant des recettes bien huilés, Marry me, Mary se révèle au final très contemplative dans sa narration, misant ouvertement tout sur ses personnages, prenant plaisir à distiller, par petites scènes anecdotiques, les bases des relations qu'elle va nous relater. Elle y met d'autant plus d'application que, pour s'assurer d'une tonalité en adéquation avec cette ambition de proximité émotionnelle, la série joue la partition connue de l'écriture à la naïveté aussi confondante que désarmante, dans laquelle le téléspectateur est invité à se laisser bercer.

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Sauf que si tous les synonymes et nuances des adjectifs "tendre" ou "mignon" vous viennent en effet inévitablement et naturellement à l'esprit, au cours du visionnage des premiers épisodes, le constat n'en demeure pas moins que la série va échouer à dépasser ces simples déclarations d'intention. A aucun moment, elle n'a réussi à véritablement me toucher. En fait, jamais je ne suis parvenue à me débarrasser d'une impression lancinante d'artifice, qui m'a empêchée de véritablement rentrer dans une histoire sonnant trop creux. Ce ressenti de fictivité, exacerbé par un concept donnant l'impression paradoxale d'être à la fois trop alambiqué et trop caricatural, m'a donc laissé de marbre, observatrice extérieure ni impassible, ni conquise, en dépit de ces quelques scènes, plus pétillantes que les autres, dont on sent confusément que ce sont celles qui doivent marquer.

J'ai coutume de dire que nombre de fictions sud-coréennes ne s'adressent pas au cerveau du téléspectateur (pour l'amoureuse des k-dramas que je suis, cela n'a rien d'un reproche), mais à son coeur, qu'elles ont l'art de savoir toucher et mettre nu comme peu de séries. Le risque de tout miser sur quelque chose d'aussi volatile et subjectif que le domaine émotionnel, c'est qu'à partir du moment où le charme n'opère pas, tout le château de cartes s'effondre. Peu importe que l'on perçoive consciemment le potentiel sous-jacent, peu importe que l'on apprécie telle ou telle scène particulière, ce qui l'emporte, c'est une impression globale de manque de consistance qui va rendre impossible l'adhésion au scénario. Si bien qu'imperceptiblement, au fil de l'épisode, l'intérêt du téléspectateur glisse progressivement pour ne plus tenir qu'à un fil quand vient la fin. Voici malheureusement quelle a été mon expérience devant Marry me, Mary. Il y a eu de petites étincelles par intermittence, mais à aucun moment, la magie globale de la série ne m'a touchée.

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Si la série est mitigée sur le fond, en revanche, aucun reproche ne pourra lui être adressé sur la forme. Dotée d'une réalisation énergique, d'une photographie qui n'hésite pas à sacrifier à certains effets de style pour donner le ton, l'image se révèle donc plaisante. Côté bande-son, Jang Geun Suk poursuit sa carrière de chanteur par petit écran interposé (un jour, il faudra tout simplement que quelqu'un l'autorise à diversifier sa carrière à cet autre domaine, au lieu de se servir tous ses projets filmés pour parfaire ses vocalises - ce dont je ne me plains pas) en interprétant les chansons "rock/indie" qui composent l'OST de Marry me, Mary. Si une réflexion sur les paroles d'une des chansons, relative à un bus, m'avait bien fait rire sur Dramabeans, j'avoue que les rythmes finissent par être entêtant après une écoute prolongée de plusieurs épisodes.

Enfin - et c'est sans doute cela qui sauve ce drama de l'étiquette de "comédie romantique anecdotique" -, l'incontestable atout de la série réside dans son casting. Moon Geun Young (The Painter of the wind, Cinderella's sister) illumine l'écran : à la fois pétillante et d'une étonnante fraicheur, elle est la raison pour laquelle Marry me, Mary pourra charmer certains. A ses côtés, Jang Geun Suk (Hong Gil Dong, Beethoven Virus, You're Beautiful) se rappelle à notre bon souvenir. Si j'ai toujours eu beaucoup d'affection pour lui, la sobriété stylistique de l'époque de Beethoven Virus me manque vraiment. Enfin, le casting est complété par Kim Jae Wook (Bad Guy) et Kim Hyo Jin (I am happy).

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Bilan : Concentré de légèreté, Marry me, Mary mêle à son classicisme narratif calibré, une innocence d'écriture désarmante et chaleureuse. Portée par une héroïne resplendissante, la série peine pourtant à concrétiser les promesses qu'elle laisse entrevoir. La magie ne parvenant pas à opérer, c'est son singulier manque de consistance global qui finit par ressortir : tout y sonne un peu trop creux, un peu trop vain, pour réussir à faire adhérer à l'histoire.

La série aura probablement ses amateurs ; d'autant que je ne nie pas qu'elle dispose d'un certain potentiel que la suite lui permettra peut-être d'exprimer. Mais elle m'aura laissée insensible, moi qui ne souhaitais qu'y trouver un réconfort chaleureux. Marry me, Mary restera donc probablement un rendez-vous manqué.


NOTE : 5,5/10


La bande-annonce de la série :


Une des chansons de l'OST :