Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/12/2010

(K-Drama / Pilote) King Geunchogo : fresque épique à l'apogée du royaume de Baekje


kinggeunchogo.jpg

Retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique ! En attendant Athena, arrêtons-nous sur une autre nouveauté du mois de novembre, une série appartenant à un tout autre genre pour lequel vous savez que je nourris un (léger) penchant, les sageuk (terme technique désignant les séries historiques). Après le peu convaincant Kim Soo Ro, j'avais très envie de me réconcilier avec ces dramas. Pourquoi donc, me suis-je dit, ne pas découvrir ce que les débuts de King Geunchogo valent, d'autant que Kam Woo Song figure au casting ?

La série est diffusée le week-end depuis le 6 novembre 2010 sur KBS1. Après avoir un peu tergiversé, je me suis finalement décidée à y "jeter un oeil", tout en songeant intérieurement qu'il n'était absolument pas raisonnable d'envisager de se lancer dans une série dont la durée annoncée est de 70 épisodes (le qualificatif de fresque prenant alors tout son sens). Sauf que, classiquement lorsqu'on manque de temps, ces premiers épisodes de King Geunchogo se sont révélés bien accrocheurs et calibrés comme il faut pour un début de grande épopée historique. Si cela ne m'indique pas jusqu'où je poursuivrais l'aventure, au moins cela mérite-t-il bien d'y consacrer un mercredi asiatique.

kinggeunchogod.jpg

Ce qu'il y a de bien lorsque vous commencez à être un habitué des sageuk, c'est qu'en dépit de la vision historique extrêmement biaisée et romancée que cela vous apporte sur le passé d'un pays au sujet duquel vous étiez à l'origine complètement ignorant, des passerelles finissent par s'établir naturellement entre les séries. Et c'est ainsi que vous vous retrouvez à comprendre instantanément le bref exposé de recontextualisation que proposent les dix premières minutes de King Geunchogo, sans même avoir besoin de prendre des notes ou de se plonger dans Wikipedia. Certains diraient que c'est peut-être le signe que vous regardez trop de sageuk, mais honnêtement c'est surtout une conséquence du fait que la période des Trois Royaumes (Baekje, Silla et Goguryeo) semble demeurer une source d'inspiration inépuisable pour les scénaristes sud-coréens. Très concrètement, King Geunchogo s'ouvre donc à la fin de Jumong, sur un sempiternel problème de succession.

Ce dernier n'avait en effet pas l'intention de laisser le trône de son royaume échapper à son fils Yuri, mais sa reine, Sesuno, ne l'entendait pas ainsi. Plutôt que de faire basculer Goguryeo dans une guerre civile fatale, elle choisit de le quitter, emmenant avec elle ses deux fils, Onjo et Biryu, en quête d'un nouveau territoire où refonder sa nation. C'est ainsi que les migrants partirent vers l'Ouest, pour y fonder un nouveau royaume au sein de la péninsule coréenne : Baekje. Nous étions alors à la fin du Ier siècle avant J.-C.. Plusieurs centaines d'années passèrent. Le royaume atteint son apogée militaire et culturelle au IVe siècle, sous le règne du roi Geunchogo, couvrant alors un territoire qui s'étendait sur toute la moitié ouest de la Corée. C'est l'avènement de ce dernier que la série se propose de nous raconter.

kinggeunchogoe.jpg

Lorsque débute l'histoire, le prince Yeogu, ce futur souverain qui conduira Baejke vers la grandeur, occupe une position bien précaire au sein du royaume. Une prophétie l'a en effet désigné comme étant destiné à régner sur Baejke. Mais n'étant que le troisième fils du roi Biryu, et n'étant issu que de son union avec la seconde reine, cette annonce a surtout semblé poser les bases d'un conflit successoral inévitable, alors même que le royaume sort tout juste d'une période très troublée sur cette question pas encore pleinement résolue. Pour éviter cela et assurer à son fils aîné une accession au trône sans souci, Biryu a banni Yeogu du royaume, lui ordonnant de vivre du commerce de sel, sans se préoccuper des enjeux politiques et militaires.

Mais si la situation a pu perdurer ainsi en période de relative stabilité, Yeogu ne cherchant vainement que l'approbation, même du bout des lèvres, de son père, les choses sont sur le point de changer lorsque la série commence. En effet, les tensions avec le puissant royaume voisin de Goguryeo, à l'égard duquel le contentieux qui conduisit la reine Sesuno à l'exil nourrit un fort ressentiment et une concurrence que des conflits récurrents ont entretenu, ressurgissent à propos d'un territoire, perdu il y  a un peu plus de 20 ans, lors des dernières escarmouches entre Baejke, Goguryeo et leurs voisins du Nord, les Hans. Le roi de Goguryeo s'était alors arrogé des terres que Baejke continue de réclamer. Pour résoudre ce conflit territorial qui empoisonne leurs relations, les rois des deux royaumes se proposent de se rencontrer pour tenter d'aboutir à une conciliation. Mais chacun nourrit des arrière-pensées peu avouables, caressant le secret espoir de balayer son rival.

C'est tout le fragile équilibre des pouvoirs au sein de la péninsule coréenne qui va être bouleversé par l'engrenage guerrier qui s'enclenche dans l'escalade à laquelle on assiste. Au milieu de ces évènements, Yeogu ne va pas pouvoir éternellement rester cet insouciant marchand de sel dont il avait embrassé le mode de vie. Il lui faudra des choix et peut-être suivre cette destinée à laquelle il est apparemment lié.

kinggeunchogob.jpg

Il convient de saluer les débuts de King Geunchogo pour l'efficacité avec laquelle ils remplissent leur mission première : capter instantanément l'intérêt du téléspectateur, de façon à pouvoir ensuite se construire sur cette base. La série fait en effet le choix d'un démarrage rapide, sans longue exposition préalable. Le téléspectateur y retrouve condensés tous les ingrédients familiers du genre, que l'on s'attend légitimement à retrouver dans un sageuk. Sur ce point, la série fait quasiment figure de modèle du genre, parfaite pour permettre à un profane d'en découvrir les rouages.

Les premiers épisodes laissent ainsi une bonne place à l'action, permettant de dynamiser l'ensemble avec son lot de combats et de maniement d'armes en tout genre. En toile de fond, se découpent déjà des intrigues de cour fatales, se rapprochant plus des complots successoraux traditionnels que des guerres politiques internes entre factions, ce qui a l'avantage de permettre de rapidement discerner les différents camps en présence. Le tout s'accompagne d'une dimension humaine permettant de toucher le téléspectateur et l'invitant donc à s'investir dans l'histoire. Le thème central de ces débuts reste le désamour d'un père pour ce fils prodigue qui est pourtant sans doute le plus apte à mener leur nation dans la guerre. Enfin, l'ensemble est saupoudré d'un soupçon de romance potentiel, teintée de raisons d'état, aux allures d'amour impossible.

kinggeunchogoh.jpg

En résumé, à défaut de prise de risque narratif ou d'un effort d'originalité, la série a le mérite de présenter un cahier des charges classique dûment rempli et, ce qui est sans doute le plus important, des plus efficacement exploité. La narration est rythmée, les oppositions sont nettement soulignées et les rebondissements ne se font pas attendre. Si bien que l'attention du téléspectateur ne sera jamais prise en défaut au cours de ces trois premiers épisodes, où sont perceptibles tant ce parfum caractéristique de l'invitation à suivre des aventures mouvementées que ce souffle épique de l'Histoire avec un H majuscule qui menace de tout emporter. Sont donc posées des fondations solides sur lesquelles un scénario, riche en intervenants et en retournements de situations, devrait pouvoir efficacement se développer.

La seule réserve que je formulerais après ces débuts concerne sans doute la dimension humaine de la série qui demeure perfectible. En effet, les différents personnages, au-delà du seul héros, restent encore à humaniser et à individualiser, de façon à pouvoir présenter une galerie homogène de protagonistes auxquels le téléspectateur pourra s'attacher, afin de se sentir concerné par leur sort éventuel. Pour proposer une fiction pleine, il faudra donc non seulement poursuivre l'exploration de la personnalité de Yeogu, qui manifestement tient plus que tout à obtenir l'assentiment de son père, mais aussi prendre le temps de s'arrêter sur les autres intervenants, alliés ou ennemis, qui apparaissent pour le moment trop unidimensionnels. Mais la série n'étant pas pressée et ayant manifestement choisi de poser prioritairement l'action, le temps devrait naturellement conduire le drama à corriger cet aspect.  

kinggeunchogoa.jpg

Solide sur le fond, King Geunchogo se révèle également soignée sur la forme, avec une réalisation plutôt travaillée qui passe notamment par des combats mis en scène et chorégraphiés de manière convaincante. La photographie est assez belle et sait mettre en valeur les couleurs des costumes comme des décors. Ne manque donc à ce drama qu'à se forger une réelle identité musicale, la bande-son étant trop peu présente à mon goût pour le moment.

Enfin, si le casting ne dépareille pas, l'ensemble reste cependant perfectible. Il y a encore de la marge pour réussir à réellement imposer les présences de certains personnages à l'écran, et il manque parfois d'une empathie véritable envers certains protagonistes. Cependant rien que le temps ne puisse corriger. Le rôle du prince et futur roi est dévolu à Kam Woo Sung, que j'avais découvert il y a quelques années au cinéma dans Le Roi et le Clown et dont le dernier drama, Alone in Love, datait de 2006. A ses côtés, la figure féminine de l'univers très masculin de la série est incarné par Kim Ji Soo (Women of the sun). On retrouve également à l'affiche des habitués des sageuk comme Lee Jong Won (The Kingdom of the wind, Kim Soo Ro, dernièrement dans Gloria), Lee Ji Hoon (You're my destiny), Ahn Jae Mo (dernièrement dans Freedom Fighter), Yoon Seung Won ou encore Lee Se Eun (Fly high).

kinggeunchogof.jpg

Bilan : Proposant des débuts convaincants, King Geunchogo rassemble et exploite efficacement les ingrédients narratifs classiques du sageuk, esquissant déjà par instant le souffle épique caractéristique de la fresque historique que la série envisage de nous relater. Si la dimension humaine reste à mieux développer, pour s'assurer de l'investissement affectif du téléspectateur, le drama se charge de nous faire immédiatement entrer dans une histoire dont on cerne rapidement tant l'importance des enjeux en cause, que les camps en présence.

Les amateurs du genre - ou les ambitieux pas effrayés par 70 épisodes qui souhaiteraient goûter à la saveur d'un sageuk - devraient pouvoir satisfaire leur curiosité sans hésiter.


NOTE : 6.25/10


Un bref teaser de la série :

 

Une bande-annonce de la série :


08/12/2010

(Tw-Drama / Pilote) Gloomy Salad Days : tragédies adolescentes avec une touche de fantastique

Dear death,
please take away my misfortune,
even if the price is for me to turn into a stone...

gloomysaladdays.jpg

Petite révolution en ce mercredi asiatique, avec la découverte d'un nouveau pays encore inexploré : Taiwan. Depuis plusieurs mois que je caressais le projet de me risquer devant ces séries, je n'avais jusqu'à présent jamais trouvé le temps, ou la motivation. Et puis, il y a 10 jours, sur un coup de tête, j'ai sauté le pas. Comme souvent dans ces cas-là, j'en ai oublié mes beaux planning prédéfinis qui prévoyaient de commencer par Black & White ou Automn's Concerto. Il aura en fait suffi d'un simple générique, ou plus précisément de la chanson phare, qui a immédiatement capté mon attention en visionnant la bande-annonce. Une heure plus tard, je m'installais devant le pilote.

Sauf que rien ne m'avait vraiment préparé à la série aussi sombre que bouleversante sur laquelle je suis tombée, ayant naïvement cru à la lecture du synopsis qu'il s'agissait d'une sorte de simple high school drama fantastique. Il serait disproportionné de parler d'incontournable, mais sans être aussi louangeur, incontestablement, ce drama s'est révélé plus solide et est allé bien plus loin que ce que j'aurais pu imaginer à partir du seul concept de départ.

Le billet du jour va donc être consacré à cette fiction qui est diffusée depuis le 9 octobre 2010 sur PTS Channel 13 (Taiwan) et qui s'achèvera le 11 décembre prochain, comportant au total 20 épisodes. Elle s'intitule Gloomy Salad Days.

gloomysaladdaysd.jpg

Comme souvent dans le cadre de la découverte d'un nouveau pays, l'exercice de rédaction de la première review est compliqué : difficile en effet d'ajuster ses attentes et une grille de lecture pour un petit écran que l'on ne connaît absolument pas. En même temps, ça tombe peut-être bien puisque, apparemment, ce drama en a dérouté plus d'un habitué des fictions de ce pays, de par sa noirceur comme en raison des thèmes abordés. J'ai donc adopté un regard de profane, avec pour seules références le caractère universel des thèmes traités. Et en guise de "pilote", j'ai regardé en réalité les... dix premiers épisodes ; disons donc qu'il s'agit plutôt d'une critique à mi-parcours dans ce cas précis.

gloomysaladdaysn.jpg

Gloomy Salad Days nous propose le récit de diverses histoires troublées d'adolescents fréquentant un même lycée. Optant pour une construction scénaristique plutôt originale, ce drama mêle des arcs narratifs quasiment indépendants les uns des autres et un fil rouge se formant peu à peu en arrière-plan, sous couvert de développement mythologique. De manière générale, c'est le thème de la mort, ou plus précisément du passage de la vie à la mort, qui va être la constante principale d'une série à l'arrière-goût résolument tragique.

Sachant jouer sur plusieurs tableaux, le drama dispose d'une touche de fantastique qui va rapidement prendre les accents d'une légende lycéenne. En effet des travaux de terrassement ont permis de découvrir une étrange pierre, apparemment anodine, mais qui va se révéler être une pierre du pont du passage vers l'au-delà (Bridge of Helpessness). Lorsque le détenteur de la pierre se trouve confronté à des situations qui lui paraissent sans espoir, auxquelles il ne pense pouvoir faire face, apparaît devant lui la gardienne de ce pont, Du, connue sous ce qualificatif autrement plus glaçant de Death Girl. Seule la personne ayant la pierre en sa possession a normalement la faculté de la voir, mais un lycéen fait pourtant figure d'exception. En effet, Shen Qi va rapidement devenir le témoin privilégié des évènements qui vont se dérouler dans son établissement. Tout d'abord effrayé, essayant de combattre l'influence que Du semble exercer sur ceux ayant sa pierre, l'approche de l'adolescent va progressivement évoluer vers une forme d'étrange compréhension.

Du et Shen Qi sont certes les deux personnages pivots de la série, les seuls à avoir vocation à apparaître dans tous les épisodes de Gloomy Salad Days, mais ils ne constituent pas les personnages centraux des épisodes. Car si la dimension fantastique est bien présente, l'enjeu premier semble être ailleurs. Cet aspect paraît servir de prétexte permettant de connecter entre eux les différents récits mis en scène, quasiment indépendants les uns des autres. En effet, le passage de témoin entre les histoires s'opère de manière symbolique par la transmission de la pierre du fameux pont entre les protagonistes. Chaque arc narratif s'étend généralement sur deux épisodes et se concentre donc sur des personnages différents. Va nous être relatée, avec sobriété, une histoire personnelle. Ces dernières marqueront tant par leur diversité que par la dureté des thèmes abordés : gang, prostitution, famille décomposée, homophobie. Plus généralement, chaque personnage se situe à un croisement, une période charnière où sa vie lui échappe et où plus rien ne semble vraiment avoir de sens... Quand tout paraît s'effondrer autour de soi, jusqu'où faut-il - peut-on - se battre ; la vie a-t-elle encore un sens ? 

gloomysaladdaysq.jpg

Plus que sa dimension fantastique parfois presque anecdotique, mais qui apporte une cohésion à l'ensemble, c'est par ces portraits désillusionnés d'une certaine adolescence que la série se démarque. N'hésitant pas à traiter de thématiques difficiles, Gloomy Salad Days aborde sans détour, et avec une réelle liberté de ton parfois très dure, des sujets compliqués, ne s'interdisant rien tout en conservant une certaine pudeur qui lui évite de tomber dans des excès de pathos dommageables. La simplicité des histoires, parfois désarmante, a le mérite de trouver une résonance authentique. Certes, la qualité des arcs narratifs fluctue. Il est d'ailleurs assez paradoxal de constater que c'est la storyline des deux premiers épisodes qui sera la moins convaincante de toute cette première partie ; même si sa conclusion chargée d'une douloureuse amertume, par l'impact émotionnel qu'elle engendre, réhaussera a posteriori l'impression d'ensemble.

Reste que Gloomy Salad Days va s'attacher avec beaucoup de soin à proposer le tableau réaliste d'une jeunesse aux préoccupations bien éloignées des futilités et de l'insouciance à laquelle son âge lui donnerait a priori droit. Cette dimension humaine fouillée se complète d'un versant plus social tout aussi intéressant. Car, au gré des storylines, c'est le portrait bigarré et nuancé de la société taiwanaise qui transparaît peu à peu, par petites touches. La série met ainsi l'accent sur le poids des attentes que la société impose à ces adultes de demain ; elle éclaire également le poids des valeurs morales ou autres, soulignant les réactions que peuvent susciter certains comportements et attitudes. Certaines histoires auront dans cette optique une résonance particulière, comme l'amour impossible entre Xiao Ju et Qiao Qiao (épisodes 9-10), révélateur des difficultés à accepter l'homosexualité. D'autres trouveront un écho plus intime et personnel, telle la famille décomposée de Xiao Lin, incapable de vivre sur les ruines d'un amour parental unilatéral (épisodes 3-4). Toutes ces storylines s'inscrivent pourtant dans une même perspective que submerge une intense désillusion.

gloomysaladdaysa.jpg

Au-delà de la dureté des thèmes de la série, reflet troublé des moeurs et des maux d'une société, Gloomy Salad Days va également marquer par son pessimisme ambiant. Les histoires mises en scène s'apparentent souvent à des chroniques désespérées d'adolescences à la dérive, plongées dans une spirale infernale d'où aucun salut ne viendra. Ce n'est pas un hasard si le titre anglophone retenu est un écho direct à une chanson d'ailleurs utilisée dans certains épisodes, Gloomy Sunday (Sombre dimanche), dont la légende, touchant à la question du suicide, est suffisamment parlante. Les happy end ne sont pas de rigueur et vont rapidement faire figure d'exception dans la série. A contrario, c'est une forme de fatalisme pesant et amer qui se développe, écrasant les adolescents sous le poids conjugé des décisions individuelles discutables de leurs entourages et d'une société broyeuse dans laquelle ils ne voient plus aucune issue.

Gloomy Salad Days est donc une série dont on ne ressort pas complètement indemne et dont le visionnage n'épargnera pas au téléspectateur quelques larmes. Il convient de saluer, sur ce point, l'optique choisie par le drama qui sait rester minimaliste, ne versant jamais dans un lacrymal excessif et sachant parfois prendre une distance opportune avec certaines mises en scène, préférant suggérer sans nous laisser être le témoin des évènements. D'ailleurs, peut-être plus que les tragédies inhérentes aux histoires elles-mêmes, c'est grâce l'empathie suscitée par certains personnages que la série réussira à vraiment toucher le coeur du téléspectateur. Ainsi la détresse incontrôlée de Xiao Lin, dans une storyline, pourtant tristement classique, de divorce ayant mal tourné, est une illustration parfaite de cet habile équilibre mêlant simplicité narrative et décharge émotionnelle bouleversante. Il est d'ailleurs probable que l'impact est d'autant plus fort que la jeunesse des protagonistes offre ce décalage caractéristique, prompt à engendrer un sentiment de profond gâchis, entre la relative innocence ou inexpérience des adolescents et la décision irrémédiable que certains prendront.

gloomysaladdaysp.jpg

Eprouvante sur le fond, Gloomy Salad Days bénéficie en plus d'un fameux générique qui offre un parfait reflet des paradoxes de la série, à la fois chargé de vitalité et semblable à un cri de désespoir (il s'agit de la première vidéo en bas de ce billet). La chanson est également le thème musical récurrent, avec notamment une reprise au piano du refrain à la mélancolie troublante. En résumé, l'environnement musical du drama se révèle donc des plus convaincants. Quant à la réalisation, si cela n'est pas forcément toujours pleinement maîtrisé, j'ai trouvé que l'ensemble ne dépareillait pas et qu'elle était correcte (mais comme il s'agissait d'un aspect que je redoutais un peu dans les tw-dramas, j'avoue que j'avais imaginé bien pire).

Enfin, du côté des acteurs, du fait de la narration particulière adoptée, chaque histoire se concentre sur des personnages centraux différents ce qui, ajouté aux tragédies mises en scène, amène le casting à se renouveler régulièrement. Les deux seuls acteurs ayant vocation à apparaître tout au long de la série, puisque c'est leur histoire, en fil rouge, qui se construit peu à peu, sont Aaron Yan et Serena Fang. Cependant, Gloomy Salad Days se concentrant d'abord sur ses chroniques d'adolescence, elle laisse son temps à à cette storyline pour se développer en arrière-plan. Les deux acteurs sont donc au départ cantonnés à un rôle plutôt de figuration, témoin ou acteur indirect des évènements qui sont relatés. A la moitié du drama, le tableau d'ensemble commence cependant peu à peu à se former, mais nous sommes toujours dans une relative expectative.

A leurs côtés, parmi les membres éphémères du casting - personne n'ayant vocation à vivre heureux et longtemps dans la série - , on retrouve d'autres têtes connues du petit écran taiwanais (d'après mes recherches, puisque je ne connais encore absolument personne). C'est en effet à toute une galerie de personnages qu'il convient de donner vie. On retrouve ainsi notamment Wang Zi, Mao Di, Tang Zhen Gang ou encore Kris Shen. Personnellement, j'ai été très touchée par certaines jeunes actrices n'ayant pas encore de réelle filmographie à leur CV, comme Zhang Jun Ming, en adolescente à la famille brisée qui ne saura pas grandir à temps sur les ruines de sa famille, ou encore Jenny Wan, troublée face à son orientation sexuelle. J'ai aussi beaucoup apprécié Lin Chen Xi et également Chao Yi Lan.

gloomysaladdaysm.jpg

Bilan : Derrière ses fausses apparences de high school drama fantastique, Gloomy Salad Days se démarque autant par les thèmes qu'elle ne va pas hésiter à aborder que par sa dureté d'ensemble. Navigant entre drames de société et drames d'adolescence, la série se révèle par sa dimension profondément humaine qui prend rapidement les accents d'une tragédie fataliste. Si la qualité proposée varie suivant les storylines, plusieurs s'avèreront particulièrement bouleversantes, la simplicité de l'écriture accentuant ces accents d'authenticité. Il se dégage finalement de ce tourbillon émotionnel chargé d'amertume quelque chose de magnétique, tour à tour intrigant et glaçant.

Probablement qu'avec le tableau sombre et excessivement pessimiste qu'elle propose, Gloomy Salad Days n'est pas une série à mettre entre toutes les mains. Soyez d'ores et déjà averti que les happy ends sont une exception souvent sans lendemain. Si vous cherchez quelque chose de léger, passez donc votre chemin. En revanche, si à travers ce prisme commode et pédagogique du high school fantastique de tragédie, la découverte d'un certain portrait de Taiwan et de sa société vous intéresse, ne vous arrêtez pas au seul synopsis et jetez-y un oeil : vous risquez d'être (agréablement) surpris !

En ce qui me concerne, l'exploration du petit écran taiwanais me semble remise à l'ordre du jour.


NOTE : 6,5/10


Le générique de la série :


La bande-annonce de la série :

01/12/2010

(K-Drama / Pilote) Marry me, Mary (Mary stayed out all night) : un concentré de légèreté


Mary_Stayed_Out_All_Night.jpg

Pour ouvrir ce mois de décembre, prenons - enfin - le temps de consacrer ce mercredi asiatique à un k-drama dans la lignée de ces légères sucreries mélodramesques dont le pays du Matin Calme a le secret, également très attendu en raison de son casting : Marry me, Mary (a.k.a. Mary stayed out all night), diffusé depuis le 8 novembre 2010 sur KBS2.

Soyons franc, si cela fait deux semaines que je reporte la critique, c'est en partie parce que je n'ai pas vraiment d'enthousiasme à partager devant cette découverte. Non qu'elle soit déplaisante à suivre, puisqu'elle prend peu à peu ses marques et que Moon Geun Young illumine l'écran. Mais il faut bien dire qu'elle est arrivée dans le courant d'un mois de novembre particulièrement chargé qualitativement en nouveautés sud-coréennes, de Secret Garden (qui s'impose comme mon gros coup de coeur de ces six derniers mois) à King Geunchogo. Abondance de séries ne nuit pas, mais oblige à hiérarchiser et à dresser un ordre des priorités. Tout dépendra ensuite de ce que l'on recherche ; car, pour un téléspectateur en quête de léger pétillant, assurément, Marry me, Mary est toute adéquate. Mais il faut bien reconnaître que la magie n'a pas opéré à mon égard. 

marrymemaryh.jpg

D'emblée, la série s'installe dans le registre de la gourmandise sucrée-acidulée, naïvement romancée, qui se savoure sans arrière-pensée devant son petit écran. Le concept se révèle finalement d'une simplicité relativement désarmante, reprenant ces recettes traditionnelles, promptes à rapprocher des opposés et à faire naître des relations. Sans réellement prendre de distance avec l'histoire mise en scène, Marry me, Mary investit efficacement un terrain déjà connu de tout amateur de k-drama.

Wi Mae Ri est une jeune femme pragmatique et pleine d'entrain, étudiante par intermittence, employée quand elle le peut, dont le quotidien est rythmé par les coups de semonce des multiples créanciers de son père. Dotée d'un tempérament naturellement enjoué, elle s'efforce de prendre la vie du bon côté et de ne pas se laisser atteindre par ce harcèlement perpétuel, tout en protégeant son père du mieux qu'elle le peut, avec ses faibles moyens. Suite à un accident de voiture, elle rencontre - dans des circonstances donc quelque peu compliquées - le chanteur indépendant d'un groupe se produisant dans un club de sa ville, Kang Moo Kyul. Après l'avoir poursuivi pour le forcer à signer une décharge de responsabilité, la jeune femme finit par se lier, bon gré, mal gré, avec un artiste somme toute assez envahissant, qui n'hésite pas à s'inviter chez elle. 

Parallèlement, le père de Mae Ri, préoccupé par sa catastrophique situation financière, retrouve par hasard une vieille connaissance, un industriel ayant fait fortune au Japon. Ce dernier propose à Dae Han un accord pour l'aider à faire disparaître ses ennuis : il épongera toutes ses dettes si Mae Ri épouse son fils, Jung In. Effrayée à la perspective d'un mariage arrangé que son père perçoit comme sa bouée de sauvetage, Mae Ri fait alors passer Moo Kyul pour son nouvel époux, fausses photos de célébration à l'appui. Mais le mensonge ne fait qu'empirer une situation déjà bien confuse lorsque son père exhibe un faux certificat de mariage. Finalement, un bien curieux compromis est trouvé, satisfaisant toutes les parties : Mae Ri dispose d'une période d'essai de 100 jours au bout de laquelle elle devra faire un choix entre les deux jeunes gens qui lui sont proposés - ou éventuellement les refuser tous deux. Comment Mae Ri passera-t-elle ces quelques mois avec son temps ainsi divisé en deux ? Son coeur s'ouvrira-t-il à l'un ou à l'autre ?

marrymemarye.jpg

Comme il est facile de le pressentir à la lecture du synopsis, Marry me, Mary présente un cocktail condensé et revendiqué de légèreté parfaitement calibrée, qu'elle va s'attacher à exploiter par des recettes qui ont plus que fait leur preuve dans le petit écran sud-coréen. Avec une relative insouciance enjouée, un peu à l'image de son héroïne, la série prend son temps pour installer ses enjeux. Faisant le choix de capitaliser pleinement sur une indéfinissable innocence d'écriture, elle introduit dès le départ une dynamique plaisante, presque infantile dans le bon sens du terme, qu'incarne à merveille la resplendissante Mae Ri. C'est sans nul doute dans ce personnage que réside l'âme et le coeur de la série. Déjà, dans ses scènes solitaires, elle éclaire l'horizon du téléspectateur, perdue dans appartement vidée de tout mobiliser à savourer ses dramas. Dans les scènes versant plus dans le relationnel, voire la confrontation, elle apporte ce soupçon de spontanéité qui sonne juste, tout en trouvant instantanément une naturelle alchimie avec ses partenaires, à commencer par Moo Kyul.

Le corollaire nécessaire d'un tel cocktail de légèreté implique, pour que cela fonctionne, de parvenir à charmer le téléspectateur. Car le seul concept de départ - ces fameux 100 jours pour faire un choix - n'est pas un réel fondement narratif consistant, mais constitue plus un prétexte commode à des mises en scène, allant du rocambolesque franchement comique au touchant quasiment désarmant. Appliquant des recettes bien huilés, Marry me, Mary se révèle au final très contemplative dans sa narration, misant ouvertement tout sur ses personnages, prenant plaisir à distiller, par petites scènes anecdotiques, les bases des relations qu'elle va nous relater. Elle y met d'autant plus d'application que, pour s'assurer d'une tonalité en adéquation avec cette ambition de proximité émotionnelle, la série joue la partition connue de l'écriture à la naïveté aussi confondante que désarmante, dans laquelle le téléspectateur est invité à se laisser bercer.

marrymemaryo.jpg

Sauf que si tous les synonymes et nuances des adjectifs "tendre" ou "mignon" vous viennent en effet inévitablement et naturellement à l'esprit, au cours du visionnage des premiers épisodes, le constat n'en demeure pas moins que la série va échouer à dépasser ces simples déclarations d'intention. A aucun moment, elle n'a réussi à véritablement me toucher. En fait, jamais je ne suis parvenue à me débarrasser d'une impression lancinante d'artifice, qui m'a empêchée de véritablement rentrer dans une histoire sonnant trop creux. Ce ressenti de fictivité, exacerbé par un concept donnant l'impression paradoxale d'être à la fois trop alambiqué et trop caricatural, m'a donc laissé de marbre, observatrice extérieure ni impassible, ni conquise, en dépit de ces quelques scènes, plus pétillantes que les autres, dont on sent confusément que ce sont celles qui doivent marquer.

J'ai coutume de dire que nombre de fictions sud-coréennes ne s'adressent pas au cerveau du téléspectateur (pour l'amoureuse des k-dramas que je suis, cela n'a rien d'un reproche), mais à son coeur, qu'elles ont l'art de savoir toucher et mettre nu comme peu de séries. Le risque de tout miser sur quelque chose d'aussi volatile et subjectif que le domaine émotionnel, c'est qu'à partir du moment où le charme n'opère pas, tout le château de cartes s'effondre. Peu importe que l'on perçoive consciemment le potentiel sous-jacent, peu importe que l'on apprécie telle ou telle scène particulière, ce qui l'emporte, c'est une impression globale de manque de consistance qui va rendre impossible l'adhésion au scénario. Si bien qu'imperceptiblement, au fil de l'épisode, l'intérêt du téléspectateur glisse progressivement pour ne plus tenir qu'à un fil quand vient la fin. Voici malheureusement quelle a été mon expérience devant Marry me, Mary. Il y a eu de petites étincelles par intermittence, mais à aucun moment, la magie globale de la série ne m'a touchée.

marrymemaryn.jpg

Si la série est mitigée sur le fond, en revanche, aucun reproche ne pourra lui être adressé sur la forme. Dotée d'une réalisation énergique, d'une photographie qui n'hésite pas à sacrifier à certains effets de style pour donner le ton, l'image se révèle donc plaisante. Côté bande-son, Jang Geun Suk poursuit sa carrière de chanteur par petit écran interposé (un jour, il faudra tout simplement que quelqu'un l'autorise à diversifier sa carrière à cet autre domaine, au lieu de se servir tous ses projets filmés pour parfaire ses vocalises - ce dont je ne me plains pas) en interprétant les chansons "rock/indie" qui composent l'OST de Marry me, Mary. Si une réflexion sur les paroles d'une des chansons, relative à un bus, m'avait bien fait rire sur Dramabeans, j'avoue que les rythmes finissent par être entêtant après une écoute prolongée de plusieurs épisodes.

Enfin - et c'est sans doute cela qui sauve ce drama de l'étiquette de "comédie romantique anecdotique" -, l'incontestable atout de la série réside dans son casting. Moon Geun Young (The Painter of the wind, Cinderella's sister) illumine l'écran : à la fois pétillante et d'une étonnante fraicheur, elle est la raison pour laquelle Marry me, Mary pourra charmer certains. A ses côtés, Jang Geun Suk (Hong Gil Dong, Beethoven Virus, You're Beautiful) se rappelle à notre bon souvenir. Si j'ai toujours eu beaucoup d'affection pour lui, la sobriété stylistique de l'époque de Beethoven Virus me manque vraiment. Enfin, le casting est complété par Kim Jae Wook (Bad Guy) et Kim Hyo Jin (I am happy).

marrymemaryd.jpg

Bilan : Concentré de légèreté, Marry me, Mary mêle à son classicisme narratif calibré, une innocence d'écriture désarmante et chaleureuse. Portée par une héroïne resplendissante, la série peine pourtant à concrétiser les promesses qu'elle laisse entrevoir. La magie ne parvenant pas à opérer, c'est son singulier manque de consistance global qui finit par ressortir : tout y sonne un peu trop creux, un peu trop vain, pour réussir à faire adhérer à l'histoire.

La série aura probablement ses amateurs ; d'autant que je ne nie pas qu'elle dispose d'un certain potentiel que la suite lui permettra peut-être d'exprimer. Mais elle m'aura laissée insensible, moi qui ne souhaitais qu'y trouver un réconfort chaleureux. Marry me, Mary restera donc probablement un rendez-vous manqué.


NOTE : 5,5/10


La bande-annonce de la série :


Une des chansons de l'OST :


24/11/2010

(K-Drama / Pilote) Secret Garden : comédie romantique aussi pimentée que charmante

secret_garden_korean_drama.jpg

Ne m'en veuillez pas, je crois bien qu'il va falloir patienter encore une semaine pour vous parler de Mary Stayed Out All Night (devenu entre temps Marry me, Mary). La critique était pourtant initialement prévue. J'ai bien regardé le deuxième épisode ; tout s'y met progressivement en place... Mais dimanche soir, pour ma soirée sud-coréenne de fin de week-end, la lecture d'un post de Saru (c'est entièrement sa faute) a trop aiguisé ma curiosité. N'y tenant plus, je me suis lancée dans un des dramas dont j'attendais beaucoup en cette fin d'année, diffusé depuis le 13 novembre 2010 sur SBS : Secret Garden... Sauf qu'ensuite, une fois visionnés les deux premiers épisodes , comment vouliez-vous que je me retienne plus de dix jours avant de vous en parler ?

Car voyez-vous, voilà bien un des rares dramas dans lequel je suis immédiatement tombée amoureuse... de l'héroïne (certes, cette série marquait le retour de Ha Ji Won, qui est une actrice que j'aime plus que tout). Une figure féminine rafraîchissante, dépassant l'archétype classique du genre, tout en étant absolument charmante, cela s'applaudit haut et fort. S'appropriant les codes narratifs de la romance sud-coréenne, tout en jouant sur les attentes du téléspectateur, les débuts de Secret Garden n'ont pas été ce que j'avais imaginés à la lecture du synopsis, le drama prenant finalement son temps pour introduire son fameux twist annoncé. Mais c'est tant mieux car il s'assure en amont d'une réelle consistance. En résumé, j'ai fini la soirée avec le sourire aux lèvres et une sacrée envie d'enchaîner sur les épisodes suivants. Qui sait, un coup de foudre ?

secretgardena.jpg

Si l'originalité du concept annoncé tenait en une pointe de fantastique intrigante, un "échange de corps" entre les deux personnages principaux, dont on se régale déjà d'avance des qui pro quo et autres péripéties que cela devrait générer, la série préfère sagement ne pas tout miser sur ce seul twist. Elle s'attache tout d'abord à forger son univers. Un drama qui ne sacrifie pas sa construction narratif au profit de son concept, c'est une initiative à saluer car elle va donner le temps au récit d'acquérir une une réelle épaisseur. Tout en conservant une certaine distance et en faisant preuve de beaucoup d'habileté, Secret Garden va s'approprier les codes scénaristiques classiques des romances sud-coréennes, tout en y mêlant un ton très libre et dynamique, se jouant parfois des attentes du téléspectateur.

L'histoire emprunte ici quelques routes immuables de ce genre, puisque les deux jeunes gens mis en scène appartiennent à deux sphères sociales qui n'ont rien de commun. Kim Joo Won est l'héritier d'une puissante famille. Il préside sa propre compagnie, avec un arbitraire qui n'a d'égal que sa relative excentricité. Mais derrière son masque d'arrogance et cette fausse apparence de perfection parfaitement contrôlée, le jeune homme cache cependant des failles plus handicapantes, comme son incapacité à prendre un ascenseur, pour lesquelles il consulte un psy. C'est par une rencontre impromptue, née d'un malentendu, que Joo Won rencontre sur un tournage, Gil Ra Im. Dès son introduction, dans ce salon si huppé où le contraste était encore plus flagrant, la jeune femme avait tranché avec bien des idées préconçues. Cascadeuse de son état, évoluant dans un milieu principalement masculin dont elle a pris certains traits pour s'intégrer, elle présente un côté presque "garçon manqué" que complète un sacré tempérament. Pour autant, l'ingénuosité de l'écriture est de réussir à proposer un personnage entier, ne reniant jamais une féminité - et une certaine douceur - qui ressort dès qu'elle abaisse ses défenses.

Assistant à la scène d'un combat à l'épée où elle double l'actrice principale, Joo Won reste absolument fasciné par la jeune femme. Mais entre son absence de manières, ses difficultés relationnelles et la méfiance instinctive de Ra Im, leurs premiers échanges se révèlent surtout excessivement pimentés et plus qu'animés.

secretgardenb.jpg

Alors que Secret Garden paraissait devoir attirer l'attention par son twist fantastique annoncé, le drama réussit le tour de force de s'imposer et de charmer ses téléspectateurs avant même d'entrer dans le vif du sujet, laissant donc de bien belles promesses en suspens sur ce qu'il nous réserve pour l'avenir. Si la dynamique d'ensemble capte si bien notre attention, elle le doit tout d'abord à ses personnages, ou plus précisément, à son duo principal. Joo Won et Ra Im se complètent en effet parfaitement et trouvent instantanément une réelle alchimie à l'écran. Mais, surtout, tant dans la mise en scène de leurs rapports que dans leur personnalité, la série va habilement parvenir à jouer sur les codes du genre, mélant une tradition romantique parfaitement maîtrisée et des ingrédients originaux qui apportent une fraîcheur piquante à l'ensemble. Le drama propose ainsi des personnages complets, non dénués d'une ambivalence sonnant juste, qui, tout en s'inscrivant dans les canons du genre, vont réussir plus d'une fois à surprendre, prenant les attentes du téléspectateur à contre-pied.

Cette synthèse se retrouve parfaitement dans l'atout premier de Secret Garden : son héroïne à la fraîcheur et au charme communicatifs. Ra Im incarne à merveille cette versatilité de tonalités qu'investit la série. Avec ses allures de faux garçon manqué, son pragmatisme tranche agréablement avec la trop classique figure féminine excessivement ingénue des débuts de ce genre de fiction. Pour autant, ce tempérament affirmé ne la dessert pas auprès du téléspectateur. Au contraire. Car derrière cette apparence froide, conçue comme une protection lui permettant d'évoluer dans son milieu professionnel, transparaissent par intermittence une étonnante douceur naturelle et une forme de naïveté sentimentale très touchante, dont le contraste est d'autant plus accentué avec l'image assurée qu'elle renvoie. Il est ainsi impossible de rester insensible devant Ra Im. Par ailleurs, suivant une construction un peu similaire, son vis-à-vis, Jo Woon, se présente aux premiers abords comme l'archétype du jeune héritier, gérant d'une main de fer une compagnie confiée par une figure parentale absente et ayant intégré tous les codes sociaux de son milieu. Pourtant, encore une fois, le personnage s'avère loin d'être unidimensionnel, dévoilant des difficultés dans ses rapports avec ce qui l'entoure qui le montre sous un autre jour, plus vulnérable (même s'il ne se l'avouerait jamais).

secretgardenc.jpg

S'ils sont pour l'instant les seuls à bénéficier d'un tel soin d'écriture et d'un tel travail sur leurs personnalités, les personnages plus secondaires restant en retrait, cela permet à ces figures centrales de susciter déjà un intérêt par elles-mêmes. Et les étincelles instantanées qui vont jaillir lorsqu'elles vont être associées achèvent alors de conquérir un téléspectateur déjà charmé. Car le traitement de leur relation suit une même ambiguïté d'écriture, volontairement explosive et pareillement divertissante. Elle se révèle même être une source de petites jubilations savoureuses lorsque la série s'amuse à inverser les rôles, la spontanéité et le côté casse-cou de Ra Im tranchant singulièrement avec le besoin de contrôle et l'instinct de conservation prudent de Joo Won. Offrant une forme d'avant-goût des plus prometteuses de la suite du drama, cette maîtrise narrative témoigne aussi d'une certaine maturité d'écriture et d'une capacité à se jouer des codes, vraiment plaisante à suivre.

Au final, il flotte un doux parfum de comédie romantique adulte dans Secret Garden, où prédomine cette indéfinissable forme d'innocence sentimentale propre aux fictions sud-coréennes, capable de toucher une fibre sensible dans l'inconscient émotionnel du téléspectateur. Il y a en effet quelque chose d'assez touchant à suivre les réactions de Joo Won, comprenant qu'il n'est pas indifférent à Ra Im, mais incapable de rationaliser ses sentiments, ou encore moins de les exprimer en termes cohérents qui ne passeraient pas pour des directives unilatérales. Le jeune homme apparait comme subissant de plein fouet, sans pleinement l'appréhender, la force de sentiments qu'il ne comprend pas ; ses hallucinations lorsqu'il est seul chez lui en sont la parfaite illustration. L'impression est également renforcée par Ra Im, qui semble tout autant déconnectée de cette sphère sentimentale, aveugle aux attentions particulières de son patron. Ainsi prompte à éveiller l'émotion du téléspectateur, la série s'impose avec beaucoup d'aplomb dans ce registre romantique.

secretgardenl.jpg

Parallèlement à un contenu des plus solides, Secret Garden bénéficie d'une réalisation soignée, assez traditionnelle, mais qui se démarque globalement par sa belle esthétique d'ensemble, se traduisant surtout par certains plans de paysages particulièrement beaux. Les décors en extérieurs, chez Joo Won notamment, sont superbement mis en valeur. Sa bande-son se révèle également assez intéressante. Exploitant dès le départ la chanson phare de son OST, elle mêle immédiatement quelques passages clés de ses débuts aux premières notes de cette musique plutôt plaisante et que j'ai fini par bien apprécier. La recette est des plus classiques, servant à souligner l'émotionnel en sublimant certains passages ; mais il s'agit d'un procédé que j'apprécie beaucoup lorsqu'il est fait sans excès.

Enfin, le casting parachève ces bons débuts. Si je nourris, depuis presque toujours, une profonde affection pour Ha Ji Won - puisque c'est une des premières que j'ai nouée avec le monde des k-dramas, car elle date de Damo et de What happened in Bali -, les débuts de Secret Garden l'ont portée à un nouveau niveau. J'aimerais tant la voir plus souvent à la télévision sud-coréenne ! D'une fraîcheur et d'une classe naturelles, elle illumine véritablement l'écran. A ses côtés, on retrouve une autre valeur sûre du petit écran, Hyun Bin (My Name is Kim Sam-Soon, The Snow Queen, Worlds Within, Friend Our Legend) que, en dépit de sa longue filmographie, je n'avais encore jamais eu l'occasion de croiser. Pour compléter les dynamiques relationnelles entre les différents protagonistes, on retrouve également Yoon Sang Hyun (Queen of Housewives), en cousin de Joo Won, accessoirement chanteur à succès sous contrat avec la société de ce dernier, et qui ne m'a pas encore pleinement convaincue ; Kim Sa Rang (Thousand Years of Love, A Love to Kill, Tokyo Shower) en riche héritière potentielle fiancée ; et enfin Lee Philip (The Legend, Story of a Man), fidèle à lui-même, qui joue le patron de Ra Im.

secretgardenf.jpg

Bilan : Il est plutôt rare que les débuts d'un k-drama suscite un tel enthousiasme chez moi, la construction des séries sud-coréennes ayant tendance à faciliter une immersion progressive dans leur univers. C'est d'autant plus rare lorsque j'attends avec impatience ladite fiction. Mais, ne boudons pas notre plaisir, car ces débuts de Secret Garden auront déjoué toutes mes réserves éventuelles pour me faire passer une soirée proche d'un coup de foudre téléphagique qui ne demande que confirmation dans les prochains épisodes.

Sachant aussi bien surprendre que charmer le téléspectateur, ce drama réussit à pleinement s'imposer avant même que n'intervienne le fameux twist à venir. La complexité de protagonistes hauts en couleurs, non dénués d'une ambivalence qui leur confère des personnalités pleines et entières, se dégageant des clichés du genre, est mise au service d'un relationnel dynamique, tout en confrontation, d'où pointe rapidement un émotionnel touchant qui achève de vous conquérir. La série m'ayant en plus rappelé combien j'appréciais Ha Ji Won, sans tomber dans un excès d'optimisme, j'ai très envie de croire qu'elle peut être mon k-drama phare de fin d'année, si elle poursuit sur ces bases. 


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce de la série :


La chanson principale de l'OST :

17/11/2010

(K-Drama / Pilote) Queen of Reversals : arbitrage compliqué entre carrière professionnelle et vie personnelle


queenofreversals3.jpg

Après une escapade japonaise des plus intéressantes, il était temps de retourner en Corée du Sud en ce troisième mercredi asiatique du mois de novembre, afin de s'intéresser aux dernières séries du pays du Matin Calme que j'avais un peu délaissées dernièrement. Ce week-end, je me suis donc arrêtée sur les diverses nouveautés sorties depuis la mi-octobre, en quête d'un petit coup de coeur, ou du moins d'un drama dont les débuts parviendraient plus particulièrement à aiguiser ma curiosité.

Seriez-vous surpris d'apprendre que, tout compte fait, défiant quelque peu mes attentes (mais je suis coutumière du fait), ce n'est ni Daemul, ni Mary Stayed Out All Night (dont la légèreté volatile a fini par faire évaporer mon attention) qui auront retenu mon intérêt téléphagique, mais les premiers épisodes d'une nouvelle série, diffusée depuis le 18 octobre 2010 sur MBC : Queen of Reversals ? Alors même que ce drama avait l'obstacle d'avoir pour lead-in masculin un acteur que j'aime fort peu, finalement, par l'énergie et l'efficacité d'une narration qui ne tergiverse pas, j'ai lancé le second épisode sans hésiter et ait fini la soirée (quasi) conquise. Sans être une suite directe de Queen of Housewives, les deux séries restent quand même liées dans leur inspiration ; cependant, n'ayant pas eu l'occasion de regarder la première l'an dernier, je vais m'abstenir de la moindre référence. 

queenofreversals2.jpg

Dans le domaine très (voire excessivement) riche des comédies romantiques sud-coréennes, Queen of Reversals investit la thématique de la difficile conciliation - et du choix peut-être nécessaire - entre vie personnelle épanouie et carrière professionnelle rondement menée. Sa spécificité tient à ce que la série va choisir de se concentrer non sur une énième progressive construction d'une relation en amont de toute concrétisation relationnelle, mais, au contraire, sur les conséquences ultérieures causées par la vie de couple, avec les difficultés et ajustements nécessaires pour s'adapter aux exigences du travail. Pour en arriver à ce stade, le premier épisode de Queen of Reversals condense, en une petite heure, toutes les étapes qui requièrent habituellement, au terme de mille et un rebondissements, au moins 20 épisodes dans un k-drama classique pour obtenir une belle concrétisation : à savoir le passage de la première rencontre, petit flirt innocent, jusqu'à l'autel où est célébré le mariage. Pour la série, l'enjeu est ailleurs : la vie après cette union se résume-t-elle bien à la sacro-sainte conclusion "et ils vécurent heureux..." ? Pas si sûr.

Directrice d'un département marketing dans une entreprise importante, Hwang Tae Hee est une professionnelle accomplie. Carriériste assumée, elle s'élève aux responsabilités grâce au soutien de sa mentor et supérieure hiérarchique, Han Song Yi, qui voit en Tae Hee une plus jeune version d'elle-même, qu'elle pourra conduire vers les sommets tant que la jeune femme saura placer ses priorités dans le bon ordre : pourquoi s'embêter du poids d'une famille alors que par l'indépendance financière que permet ce job, elle peut profiter pleinement de la vie sans avoir à faire de compromis constants. Seulement Tae Hee, qui règne en "Mishil" (cf. Queen SeonDeok) sur son département, n'est pas aussi réfractaire à l'idée de partager sa vie avec quelqu'un. La pression parentale et sociale (ciel, 32 ans déjà !), mais aussi les circonstances et cette peur d'une vie solitaire où elle finirait aussi aigrie que sa Song Yi, vont conduire à Tae Hee à rêver de pouvoir cumuler les deux, vie privée et professionnelle pleinement remplie. C'est sur son lieu de travail qu'elle va finalement rencontrer Bong Jun Soo. Si ce dernier a eu une relation passée avec une autre de ses collègues (avec laquelle Tae Hee est déjà à couteaux tirés), leur histoire - un amour qui n'a rien de passionnelle, mais apparaît plus comme une relation saine et confortable - les conduit en moins d'un épisode devant l'autel.

Seulement, loin d'être un achèvement, les problèmes ne font que commencer... Au travail, comme à la maison. Ne se sont-ils pas mariés trop vite, préoccupés qu'ils étaient par une situation stable ? Chacun pourra-t-il réellement faire les compromis nécessaires pour s'adapter à l'autre ?

queenofreversalse.jpg

Si j'avais initialement été intriguée par la lecture du synopsis, c'est pourtant un autre aspect de Queen of Reversals qui m'a d'abord séduite dès les premières minutes, et littéralement happée dans un récit pourtant encore balbutiant : il s'agit de l'extrême énergie dégagée par son écriture. Bénéficiant d'un style très direct, qui ne laisse pas de place à des tergiversations inutiles, la série se réapproprie tous les codes scénaristiques classiques de la romance sud-coréenne, tout en y distillant une sacrée vitalité et une dynamique communicative. Certes, ce rythme effréné se justifie particulièrement pour le premier épisode qui nous expédie en une petite heure ce que tout drama coréen normalement constitué mettrait une série entière à concrétiser. Mais dans les manières et les propos très directs des uns et des autres, plus qu'une simple commodité narrative, c'est surtout un style propre que Queen of Reversals se découvre. Envisageant ses intrigues avec une étonnante franchise décomplexée, n'hésitant pas à verser dans la comédie, elle s'impose comme une fiction très rafraîchissante, non en jouant sur la corde habituelle de l'innocence diffuse et touchante, si chère aux k-dramas, mais plus dans sa façon sans artifice de mettre en scène des relations, certes compliquées, mais absolument pas alambiquées.

Adoptant une approche finalement plus pragmatique que romantique, le téléspectateur se découvre une proximité presque instinctive avec les situations décrites et les problématiques posées. Ce qui tranche et fait finalement une part de l'originalité de la série, c'est qu'à la différence des comédies romantiques sud-coréennes traditionnelles, qui vont pleinement jouer et capitaliser sur l'affectif du téléspectateur, dans Queen of Reversals, c'est plutôt sur la situation en elle-même que se concentre l'intérêt du téléspectateur. Peut-être est-ce dû à une écriture qui, tout en étant très aiguisée et aimant cultiver un certain décalage, semble dans le même temps assez mature. Ce n'est pas un de ces dramas qui permettra au téléspectateur de fondre devant tel ou tel personnage. Car, finalement, le couple principal, tout en ne provoquant aucune aversion, ne nous prend pas non plus particulièrement par les sentiments. Mais à défaut de nous aveugler dans un émotionnel de circonstances (registre où une série comme Coffee House aura excellé cette année), Queen of Reversals va finalement nous gagner par son histoire. Et c'est déjà en soi une victoire.

queenofreversalsc.jpg

En effet, outre ce style dont la spontanéité permet à la série de bénéficier d'une plaisante sobriété, son second atout réside tout simplement dans son concept. Certes, l'originalité du traitement du thème principal ou la subtilité des mises de scène ne sont pas les priorités de Queen of Reversals. Elle n'hésitera pas non plus à céder à quelques facilités scénaristiques pour le bien de l'avancement de son intrigue. Mais si l'évolution de Tae Hee, passant de la carriériste pré-formatée à la femme qui prend soudain conscience qu'elle ne veut pas finir seule, peut sembler au premier abord assez abrupte, l'ensemble jouit d'une telle dynamique que le téléspectateur n'a aucune peine à la suivre. Se concentrant plutôt sur cette crainte lancinante et communément partagée de la solitude - qui peut d'ailleurs expliquer cette précipitation initiale du couple principal - , la série joue pleinement sur la dualité de sa figure centrale. Après avoir volontairement forcé jusqu'à la caricature les traits des deux extrêmes de ces comportements - entre travail et couple -, le second épisode permet à la série de dépasser ce cadre presque manichéen de départ pour esquisser ce qui va finalement constituer la problématique principale : la conciliation des deux est-elle possible ?

De manière plus subtile et dosée qu'il n'y paraîtrait a prori, c'est une réflexion sur les ambivalences de nos rapports entre ces idéaux, possiblement antagonistes, du professionnel et du personnel, qui s'esquisse à travers la figure centrale. Le premier épisode constitue une étape narrative nécessaire : après avoir souligné à l'excès combien chaque choix de vie semble se rattacher à des comportements opposés, Queen of Reversals opère une synthèse en mettant en exergue les conflits internes de Tae Hee, qui prouve qu'elle n'entend aucunement abandonner l'un ou l'autre. La fausse impression initiale d'un possible cloisonnement entre ces deux vies est rapidement dépassée. Le principe de réalité rattrape le couple. C'est un nouvel équilibre que Tae Hee doit trouver, et ce, en dépit d'une assise professionnelle qui se dérobe. Car au-delà du plan personnel, c'est le cadre social, et ses préconceptions, qui vient complexifier l'ensemble. La série dresse en effet le portrait sans complaisance d'un milieu professionnel machiste, où celles qui veulent réussir doivent faire un choix.

A la question du cumul de ces deux objectifs, se rajoute en plus un autre aspect que l'on pressent déjà dès le second épisode : l'union presque excessivement pragmatique de deux êtres, sans doute plus poussés par la crainte de la solitude que par leur amour réciproque, peut-elle survivre à tous ces obstacles ? Reprenant le processus relationnel à l'envers, c'est peut-être après le mariage que les deux jeunes vont finalement apprendre à se connaître... et à tester la solidité de leurs sentiments.   

queenofreversalsf.jpg

Sur la forme, Queen of Reversals bénéficie d'une réalisation assez traditionnelle, sans valeur ajoutée particulière. Cependant, elle n'hésite pas non plus à dynamiser certaines mises en scène, jouant sur de petits effets de style cartoonesques pour accentuer l'émotionnel de certains moments-clés ou introduire des décalages plus humoristiques et léger dans une tonalité d'ensemble assez sérieuse. Ce minimalisme agrémenté de passages plus proches des comédies romantiques classiques permet au drama de pleinement s'inscrire dans les deux tableaux qu'il s'est fixé : son allure plus mature ne signifie pas qu'il doive sacrifier le registre déluré et faussement ingénu de ce genre télévisuel, satisfaisant ainsi tous ses téléspectateurs.

Enfin, concernant le casting, comme je l'ai dit, Queen of Reversals a la particularité - et le mérite - de parvenir à passer outre les réserves que je pourrais a priori formuler à son sujet. Si Kim Nam Joo (Queen of Housewives) rentre rapidement dans la peau d'un personnage peut-être plus à l'aise et naturel dans le côté autoritaire et maîtrisé de la carriériste que dans le volet fleur bleue de l'amoureuse, je ne pense pas arriver à jamais véritablement adhérer au jeu de Jung Joon Ho (Last Scandal, IRIS), qui incarne son mari. Je n'ai pas été séduite, mais il ne m'a cependant pas non plus dérangé. Tant que l'intérêt du téléspectateur pour l'intrigue n'en pâtit pas, cela reste donc anecdotique. A leurs côtés, Chae Jung Ahn (Coffee Prince, Cain and Abel, Emperor of the Sea) joue le rôle de la rivale, dont la concurrence très personnelle avec Hae Tee s'exerce sur tous les plans, professionnel comme privé. Ha Yoo Mi (Cain And Abel) incarne la froide personnalité de l'ancienne mentor. Enfin, Park Shi Hoo (Iljimae, Prosecutor Princess) est introduit au cours du second épisode, en incarnation d'une des figures les plus classiques de ce genre de drama sud-coréen : le fils prodigue d'une riche famille qui a encore beaucoup à apprendre pour mettre de l'ordre dans son sens des priorités.

queenofreversalsg.jpg

Bilan : Construite autour d'une thématique des rapports entre professionnel et personnel somme toute classique, mais qui trouve toujours un écho actuel particulier, Queen of Reversals séduit l'attention du téléspectateur par son style direct et une tonalité d'ensemble finalement très décomplexée, entre drama et humour. Bénéficiant d'un rythme de narration rapide, qui ne laisse pas place à des tergiversations inutiles, l'écriture de la série se joue des clichés du genre pour se révéler plus mature et réfléchie qu'il n'y paraitrait au premier abord. Insistant sur l'ambivalence et la difficulté des arbitrages de son personnage principal, en filigrane, par petites touches, s'esquisse le portrait d'une génération active moderne qui n'estime plus que ces deux idéaux doivent automatiquement s'exclure l'un, l'autre. Des jeunes adultes qui sont désormais le produit d'une société qui leur a appris à vouloir tendre aux deux ; même si cette dernière ne semble pas toujours prête à dépasser ses préjugés et valeurs traditionnelles.

Plaisante à suivre, faisant preuve d'un dynamisme contagieux et communicatif, Queen of Reversals débute donc sur de solides bases qu'il lui reste donc à faire fructifier. A suivre !


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :

 


La chanson principale de l'OST :