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24/08/2011

(J-Drama / Pilote) Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro : une parodie dédiée à tous les amateurs de jeux de rôles

 
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Aujourd'hui, je vous propose un mercredi asiatique tout spécialement dédié aux amateurs de jeux de rôles (voire à tous ceux qui ne sont pas imperméables à des thématiques de fantasy). Pour perpétuer la tradition de ce blog qui veut que je vous parle d'au moins une série japonaise en cours de diffusion par saison, voici donc pour marquer cette fin d'été, un drama qui ne laisse pas indifférent : Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro, c'est-à-dire Yuusha Yoshihiko and Maou's Castle.

La série est diffusée sur la chaîne Tv Tokyo, depuis le 8 juillet 2011, dans sa case horaire du vendredi soir après minuit. Elle devrait comporter 12 épisodes, faisant environ 25 minutes chacun. Comme elle l'annonce elle-même dès son générique, Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro ne dispose d'aucun budget. Mais elle a su intégrer cet aspect à son histoire, pour mieux défier tout sérieux, en se réappropriant dans le même temps les codes classiques des RPGs', et plus précisément, ici, de Dragon Quest. Ce n'est pas toujours fin, mais c'est souvent drôle et rythmé. Un petit plaisir assez jubilatoire.

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Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro se déroule il y a longtemps, à une époque médiévale où la nature prédominait et où les esprits côtoyaient des monstres plus inquiétants. Une mystérieuse épidémie se répand, causant de nombreuses morts d'un village à l'autre. Le père du personnage principal, Yoshihiko, est parti il y a déjà plus de six mois en quête d'une plante légendaire devant apporter un remède contre cette terrible maladie. Mais, sans nouvelle de lui, le village se résigne à mener une nouvelle cérémonie pour désigner un autre héros afin de reprendre cette quête vitale.

C'est Yoshihiko que désigne l'épreuve d'extraction de l'épée plantée dans la roche. Le nouvel héros du village part sans délai, laissant derrière lui une soeur inquiète. Sur le chemin, il croise rapidement trois compagnons, pas forcément très bien disposés à son égard initialement, mais qui vont entreprendre le voyage à ses côtés : un guerrier, une jeune femme souhaitant venger son père (elle est persuadée que Yoshihiko est celui qui l'a tué) et un magicien aux pouvoirs douteux. Si Yoshihiko retrouve, lui, rapidement son père (et les herbes voulues), une divinité va soudain apparaitre au petit groupe prêt à se séparer. Le grand Hotoke leur confie une nouvelle mission d'une toute autre ampleur : défaire Maou, puissance ancienne et malveillante qui s'est réveillée et menace désormais le monde.

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Le premier atout de Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro va être de consciencieusement rassembler tous les ingrédients scénaristiques classiques - et légitimement attendus - que l'on croise dans les jeux de rôles. L'histoire suit ainsi une trame qui nous est familière, reprenant des recettes connues. Le héros, parti initialement sur les traces de son père, se voit confier une quête principale révélée à la fin du premier épisode, qui met en jeu le sort du monde et désigne son adversaire, personnifiant la lutte du Bien contre le Mal. Au fil des épisodes, la progression de la petite troupe est entravée par des missions secondaires dont il hérite au gré des rencontres, s'égarant à la découverte d'obscurs objets magiques et se lançant dans les sauvetages les plus téméraires d'innocents en détresse.

Tout en reprenant la mythologie et le cadre de fantasy propres aux jeux de rôles, la série cultive une tonalité volontairement décalée. Elle adopte en effet une approche parodique totalement décomplexée, normalisant les ressorts narratifs et la logique d'ensemble qui président au fonctionnement de cet univers. Le souci de fidélité des scénaristes à leur concept de départ doit être souligné : il faut saluer avec quel soin le récit, mais aussi la mise en scène, apparaissent codifiés comme dans un jeu vidéo. Les règles à suivre, les étapes à franchir, les combats à mener, jusqu'au niveau variable des méchants à affronter, tout est là... Et c'est sur cette base travaillée que la série va pouvoir construire et développer sa dimension humoristique.

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Car Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro est avant tout une comédie dynamique réussie. Bénéficiant d'une écriture acérée et très vive, son rythme soutenu et ses dialogues ne manquant jamais de réparties sont un terrain propice pour créer et nourrir les décalages les plus invraisemblables. Jouant sur de brusques changements de tonalités, le drama multiplie les ruptures dans le récit, précipitant des chutes qui aiment prendre à contre-pied les attentes logiques du téléspectateur. En fait, le drama s'amuse à suivre la feuille de route traditionnelle de son genre, accentuant même à l'excès certains stéréotypes, pour mieux ensuite dévier et finir par les détourner. Ainsi, par exemple, une des premières scènes donnent immédiatement le ton : l'épée plantée dans le rocher (un classique) désigne bien Yoshihiko comme "le nouvel élu" (normal)... mais ce n'est pas lui qui la retire : elle tombe par terre avant même qu'il ait posé la main dessus (!).

Si tout se finit invariablement comme attendu, la série s'assure cependant toujours que rien ne se passe comme prévu pour parvenir à ce résultat. Du sauvetage d'une demoiselle en détresse prête à être sacrifiée à une divinité locale au combat contre un terrible monstre impliquant la maîtrise d'une puissante épée fusionnant avec une âme humaine, tout se présente a priori sous les formes prévisibles dans une fiction sur un tel sujet... Sauf que la série manie admirablement l'art de la variation parodique, empruntant des chemins détournés avec un aplomb et un enthousiasme communicatif. De plus, le drama ne recule pas non plus devant un certain nombre de running gags qui finissent par devenir les rendez-vous incontournables de l'épisode (par exemple, le fait que Yoshihiko soit le seul à ne pas voir à l'oeil nu la divinité censée le guider dans sa quête - et qu'il y parvienne finalement grâce à... des lunettes 3D).

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Côté casting, on croise dans ce drama beaucoup de têtes familières du petit écran japonais. Le groupe est assez homogène et sait parfaitement jouer sur la fibre parodique, ni complètement sérieux, ni totalement à côté de la plaque : ils incarnent des stéréotypes, et leur jeu se prête parfaitement à ces personnages. C'est Yamada Takayuki (Churasan, Byakuyako) qui incarne le héros Yoshihiko que l'on va accompagner dans cette quête initiatique. A ses côtés, on retrouve également Kinami Haruka (Sunao ni Narenakute, BOSS 2), Muro Tsuyoshi (Tofu Shimai), Takuma Shin (Komyo ga Tsuji), Okamoto Azusa (Moyashimon) ou encore Sato Jiro (Control ~ Hanzai Shinri Sousa).

Enfin, c'est sur la forme que je vais exceptionnellement conclure car elle est d'une grande importance, voire même déterminante pour installer l'ambiance de la série, accentuant la dimension parodique de l'ensemble. Si Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro n'a pas de budget, elle va réussir à transformer ce manque en véritable atout. En effet, elle revendique pleinement son absence de moyens pour mieux jouer sur un côté extrêmement cheap entretenant des décalages visuels permanents. La forme est ici un élément humoristique à part entière. Comment résister et ne pas exploser de rire devant la seule vision de ces improbables monstres en plastique, face à ces bruitages électroniques façon jeux vidéos qui accompagnent les combats, mais aussi devant certaines "élipses" volontaires (le héros s'éloignant de son village sur un "cheval" dont la présence n'est que suggérée). Tous les effets spéciaux excessivement low cost qui parsèment la série entretiennent un second degré rafraîchissant, portés par une bande-son où retentit toujours une musique prompte à verser dans un épique de circonstance tout aussi en décalage.

S'il serait possible de multiplier les exemples pour montrer à quel point, tout autant que l'écriture des dialogues, la forme joue un rôle déterminant dans la série, je crois que les screencaptures ci-dessous seront sans doute plus parlantes que la plus imagée de mes descriptions.

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Au moins, dès le générique, les choses sont claires pour le téléspectateur.

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Le cadre de fantasy : des esprits de la forêt... (souvenez-vous, Mononoke !)

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Monstres (méchants).

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Combat (avec bruitage et effets spéciaux).


Et puis quand le manque de budget se fait trop sentir, le drama use d'une autre tactique : il bascule brièvement en... dessin animé.

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Monstre (très très méchant). Trop effrayant pour être montré en "live".

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Combat sanglant (trop violent pour être montré en "live").

Bilan : Comédie souvent jubilatoire, toujours divertissante, parfois surprenante, Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro investit un univers de fantasy qui, derrière son apparence fidèle aux jeux de rôles traditionnels, va cultiver avec un enthousiasme communicatif les décalages les plus improbables. Dotée d'une écriture très vive, la série excelle dans une dimension parodique où les brusques changements de tons et les chutes les plus inattendues se multiplient, rythmant des épisodes qui se déroulent sans le moindre temps mort. Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro va ainsi rapidement toucher et conquérir le coeur du public ciblé : ne boudons pas notre plaisir !


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :


Le générique :

(source : Ladytelephagy)

17/08/2011

(K-Drama / Pilote) Birdie Buddy : une histoire d'accomplissement sportif simple et humaine

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Avec le drama (au sens propre du terme) actuel qui agite les coulisses de Myung Wol the Spy, illustrant les problèmes liés au fait de filmer les épisodes à flux tendu par rapport à la diffusion télévisée, Birdie Buddy est un peu le contre-exemple qui prouve qu'on peut avoir tout autant de soucis en optant pour une autre façon de faire. En effet, c'est la série qui avait préalablement été intégralement tournée, mais dont plus personne ne savait quoi faire une fois la production finie. C'est ainsi qu'elle fait un peu figure de miraculée aujourd'hui. Initialement, elle aurait dû être diffusée il y a un an, au cours de l'été 2010. De reprogrammations en annulations, elle vit ensuite la case du printemps 2011 promise sur MBC lui échapper. Finalement, alors que plus personne ne semblait y croire, début juillet, tvN a annoncé qu'elle la diffuserait.

Birdie Buddy a donc débuté sur la chaîne payante le 8 août 2011. Diffusée les lundi et mardi soirs, à raison de deux épisodes par semaine, le changement de chaîne a aussi nécessité un redécoupage des épisodes. Alors que la série aurait dû comporter 20 épisodes de 70 minutes chacun, elle comptera finalement 24 épisodes d'environ 45 minutes. Après toutes ces épreuves, j'avais fini par me demander à quoi pouvait bien ressembler Birdie Buddy : est-ce que ces difficultés étaient causées par sa (son manque de) qualité ? Je me suis donc installée sans attente particulière devant ses deux premiers épisodes. Mais avec sa sobriété narrative, sa dimension humaine et son environnement sportif, j'ai finalement trouvé ces débuts plaisants (à défaut d'y desceller déjà une étincelle).

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L'héroïne, Sung Mi Soo, est issue d'un milieu populaire, loin des grandes villes. Son père travaille à la mine, sa mère fait le ménage est assure les fins de mois en vendant ses légumes. Mais Mi Soo a cependant une passion très particulière depuis son enfance : elle adore le golf. Si l'image renvoyée par ce sport surtout pratiqué par les classes les plus aisées de la société ne semble pas vraiment lui correspondre, Mi Soo ne se laisse pas démontée pour autant. Sa mère a été caddie pendant un temps, et elle fait toujours le ménage au centre de golf local : cela va lui permettre d'inscrire sa fille, sur-enthousiaste, à ses premiers cours, cultivant et perfectionnant ainsi une passion réelle jusqu'à l'âge adulte. Elle grandit donc un club de golf à la main, gâtée par des parents prêts à tous les sacrifices financiers pour voir leur enfant heureuse.

Devenue une jeune femme, alors même qu'elle continue à s'entraîner, Mi Soo se heurte à un principe de réalité qui finit par la rattraper : que peut-elle espérer de ce sport, où cela la conduit-elle ? Son rêve serait à terme de devenir professionnelle, mais la route apparaît bien longue. C'est dans une période de doute, alors qu'un tournoi important s'annonce, qu'elle fait la rencontre d'un ancien golfeur, John Lee, pas forcément des plus avenants. Dans le même temps, le tournoi en préparation explique le retour des Etats-Unis de Min Hae Ryung, la fille de la propriétaire du grand complexe de golf. Cette dernière a été entraînée depuis son plus jeune âge par sa mère pour devenir une joueuse d'élite. Pour cela, elle souhaite notamment engager John Lee, à la philosophie de vie assez atypique, comme son entraîneur personnel.

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Sans chercher à faire dans l'originalité, Birdie Buddy se réapproprie avec assurance et une efficacité à saluer des recettes classiques d'un genre qui a fait ses preuves. C'est un parcours initiatique que l'on va suivre. Le cadre sportif s'y prête : déjà, les épisodes effleurent la question du dépassement et de la confiance en soi, le golf étant un sport individuel, donc très personnel. Plus généralement, c'est toute la mise en scène des disparités sociales entre l'héroïne et ce milieu du golf auquel elle aspire qui sonne comme une invitation à participer à une aventure humaine formatrice pour grimper les échelons. Dans ce lent, sans doute difficile, apprentissage qui attend Mi Soo, la jeune femme - au dynamisme inébranlable - va devoir prendre ses responsabilités pour atteindre son objectif - celui de devenir une professionnelle vivant de sa passion -, sortant grandie des épreuves qu'il lui faudra traverser. Si les ressorts narratifs paraissent indéniablement familiers, la simplicité et la fraîcheur qui émanent de ce drama jamais prétentieux suffisent à retenir l'attention d'un téléspectateur qui suit sans déplaisir cette entrée en matière.

Birdie Buddy séduit également par ses personnages. Certes, il n'y a pas de coup de foudre pour l'un ou l'autre, mais c'est plutôt grâce à l'ensemble homogène qu'ils forment que la série s'impose. En effet, dans cette galerie de protagonistes très différents, personne n'est unidimensionnel. L'héroïne l'illustre d'ailleurs très bien : Mi Soo est douée et passionnée par le golf, mais jusqu'à présent elle ne s'était jamais vraiment arrêtée sur le sacrifice consenti par ses parents - sa mère surtout - afin qu'elle puisse vivre ses rêves. Or de l'insouciance à une pointe d'égoïsme, il n'y a parfois qu'un pas. Quant à Hae Ryung qui s'impose comme sa vis-à-vis sur un court de golf, elle a peut-être l'assurance des privilégiés, mais ses blessures personnelles et ses rapports conflictuels avec sa mère montrent aussi combien la richesse ne compense pas une cellule familiale éclatée. La série nous fait même nous attacher à des personnages secondaires. Tout le monde a sa part d'ambivalence, du frère de Mi Soo à ses amis, mais aucun n'est caricaturé à l'excès, ni détestable. Birdie Buddy semble ainsi proposer une histoire très humaine, dans le bon sens du terme. Ce n'est pas innovant, mais c'est une fiction plutôt chaleureuse qui s'apprécie sans arrière-pensée. 

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Sur la forme, Birdie Buddy fait preuve d'une même simplicité. On est loin de l'esthétique rendu par la caméra magique de Scent of a woman ou l'image sur-travaillée de The Princess' Man, mais cela sied parfaitement à un drama comme Birdie Buddy qui cultive une sobriété finalement assez rafraîchissante. C'est d'autant plus opportun que la série va vraiment savoir exploiter ses décors et jouer sur une alternance entre les deux milieux sociaux représentés - les mines désaffectées d'une part, le complexe de golf luxueux de l'autre. La neutralité de la caméra, qui met cependant bien en valeur des images colorées, se justifie donc. Quant aux quelques effets spéciaux décalés proposés - le golf façon Quidditch par exemple -, on pardonne facilement. Au niveau musical, en revanche, la bande-son demeure pour le moment assez anecdotique.

Enfin, côté casting, sans briller, chacun prend peu à peu ses marques pour délivrer une performance d'ensemble homogène globalement correcte, sans être transcendante. C'est Uee (You're Beautiful ; du groupe After School) qui incarne l'héroïne dans ce qui est son premier rôle principal dans un drama. Elle est secondée par Lee Yong Woo (Style), qui reste pour le moment en retrait sans doute peu aidé par l'attentat capillaire dont il a été victime (cf. screen-capture ci-dessus), et Lee Da Hee (The Secret of Keu Keu Island). A leurs côtés, on retrouve également Yoon Yo Sun, Oh Hyun Kyung, Yoo In Na ou encore Park Han Bi.

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Bilan : Pas déplaisants à suivre, plutôt attachants même, les débuts de Birdie Buddy répondent aux attentes que le synopsis avait pu faire naître. Sans être indispensable, c'est un drama initiatique, à la tonalité très humaine, qui correspond bien à la période estivale - on en vient à regretter qu'il n'est commencé il y a quelques semaines. Pour ceux qui souhaitent voir mûrir et s'affirmer des personnages dans un cadre sportif particulier, où le dépassement de soi côtoie le dépassement des classes sociales, Birdie Buddy devrait remplir son rôle. Pour les amateurs du genre.


NOTE : 5,75/10


La bande-annonce de la série :

10/08/2011

(Tw-Drama) The Graduate (Bi Ye Sheng) : instantanés désenchantés de fin d'adolescence

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L'exploration du petit écran asiatique nous ramène ce mercredi à Taïwan. Cela fait seulement quelques mois que j'ai découvert ces contrées, et après l'expérience intéressante et concluante qu'a été Gloomy Salad Days, j'ai eu envie de poursuivre sur la voie des histoires de jeunesse désenchantée de ce pays. Si The Graduate a une finalité plus pédagogique et est assurément moins désespéré que Gloomy Salad Days, cette mini-série se situe dans une même ambiance sombre qui me confirme qu'il y a un filon à explorer dans ce pays, même pour quelqu'un qui, comme moi, est peu versée dans les teen-dramas (je pense notamment que j'aimerais voir Bump off lover par exemple).

Bi Ye Sheng (ou The Graduate en anglais) est un court drama, diffusé en 2006 sur PTS. Il ne comporte que cinq épisodes, nous relatant cinq histoires indépendantes, qui peuvent donc se regarder suivant l'ordre que l'on souhaite. Cependant, si je ne devais retenir qu'un seul épisode de cette série, je pense que je retiendrais le premier, The Lonely Game, qui est celui qui m'a le plus touché. Un grand merci donc à Ageha et à Mapenzi pour cette découverte !

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The Graduate se compose de cinq histoires distinctes. Elles ont toutes pour point commun de mettre en scène des adolescents qui se perdent aux portes de la vie adulte, n'ayant pas toujours conscience des conséquences des choix qui s'ouvrent à eux et de la portée des actes qu'ils commettent. 

The Lonely Game (épisode 1) raconte la destinée de deux meilleurs amies qui gagnent Taipei avec beaucoup de rêves et dont les routes vont peu à peu s'éloigner, lorsque l'un d'elles flirte avec l'argent facile de milieux peu recommandables : leur amitié peut-elle y résister ? Summer Black (épisode 2) nous relate l'été bouleversant d'un jeune lycéen modèle entraîné par son cousin dans le milieu des gangs, et qui va se retrouver pris dans un cercle de violence dont il ne saura sortir à temps. Fortunately, we're still here (épisode 3) est l'histoire de deux amis, rackettés et malmenés, qui s'imaginent que la meilleure façon de stopper ces humiliations est de rejoindre le groupe qui les persécute, adoptant un tout nouveau style de vie finalement sans doute encore plus dangereux. Mimi's wandering mind (épisode 4) est la descente aux enfers, puis la quête de rédemption, d'une jeune fille qui a quitté un père abusif pour la rue, et tente de redresser sa vie dans un centre d'éducation qui est sans doute sa dernière chance. Enfin, Waves of nature (épisode 5) nous raconte l'arrivée dans une nouvelle école d'une adolescente qui ne veut rien tant que s'intégrer ; or, pour se fondre dans le moule, il est parfois plus facile de sacrifier ceux qui sont déjà considérés comme des exclus, même s'ils sont ceux qui ont tendu la main les premiers.

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On retrouve dans The Graduate cette sobriété désillusionnée, caractéristique des histoires sombres d'adolescence taiwanaises, et qui en fait tout leur attrait. Le drama met en scène une jeunesse qui, sans avoir forcément grand chose, ploît sans rompre pour se tourner vers le lendemain. Son intérêt réside en grande partie dans les thématiques fortes, souvent difficiles et aux accents parfois tragiques, qu'il va aborder sans détour, mais sans excessive dramatisation non plus. Évitant tout pathos inutile, la série investit des problématiques très humaines. Est par exemple évoquée la question du rapport à la violence, qu'elle soit organisée au sein de gangs, ou émanant d'un parent, éclairant avec justesse toutes les réponses que l'on est tenté d'y apporter et qui ne font souvent qu'empirer les choses. Autre élément bien traité, les dynamiques et relations au sein d'un groupe, et les principes ou les personnes qu'on est prêt à trahir pour appartenir à un collectif. C'est cependant quand ses épisodes embrassent une dimension émotionnelle, en plus des thèmes évoqués, que la mini-série dévoile tout son potentiel et va vraiment toucher le coeur du téléspectateur.

Un peu à la manière de Gloomy Salad Days (même si cette dernière disposait d'un fil rouge et de personnages récurrents, en plus de son côté anthologie), les épisodes de The Graduate sont de qualité, et d'intensité, inégales. Certaines histoires, moins abouties, suivent une construction trop bâteau pour parvenir à concerner le téléspectateur : les épisodes 2 et 3 (Summer Back et Fortunately, we're still here), où les protagonistes sont des garçons, sont les plus faibles. Les trois autres épisodes dépassent en revanche le récit académique sur la violence. Le plus réussi est sans doute le premier, The Lonely Game. Avec beaucoup d'authenticité, et une simplicité désarmante aussi habile que rafraîchissante, il relate les soubresauts d'une histoire d'amitié mise à mal par les choix de vie d'une des deux amies, qui s'éloigne ainsi de leurs idéaux de jeunesse. C'est probablement le plus fort des épisodes, certainement le plus désespéré, et celui qui se rapproche le plus de l'atmosphère de Gloomy Salad Days... C'est en tout cas celui qui m'a incontestablement le plus marqué et le plus touché.

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Sur la forme, la réalisation de The Graduate a certaines des limites des dramas taiwanais, datant en plus de 2006. Dans l'ensemble, le cadrage se concentre souvent sur les visages, et la mise en scène reste très sobre. Cependant la vidéo que j'ai pu visionner est d'une qualité des plus correctes (même si elle est moindre que les séries taiwanaises les plus récentes). La bande-son est peu présente, mais elle laisse généralement un arrière-goût de mélancolie diffuse lorsqu'un instrumental au piano ou bien une chanson retentit, collant parfaitement à l'émotion de la scène qui est ainsi soulignée.

Enfin, comme la mini-série forme cinq histoires indépendantes, le casting change donc à chaque fois. Dans l'ensemble, les jeunes acteurs sont plutôt convaincants et rentrent bien dans leurs rôles ; le seul bémol sera peut-être pour le duo principal du troisième épisode, Fortunately, we're all still here, mais cela vient sans doute de l'écriture de leurs personnages que j'ai eue du mal à cerner. En revanche, j'ai été ravie de retrouver dans The Graduate une de mes actrices coup de coeur de Gloomy Salad Days, Zhang Jung Ming ; elle m'avait déjà brisé le coeur dans cet autre drama. Elle joue en plus ici dans l'épisode le plus abouti et bouleversant, The Lonely Game, et elle m'a une nouvelle fois tiré quelques larmes. Lin Shi Hui, qui incarne sa meilleure amie, est également très convaincante.

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Bilan : Embrassant cette tradition particulière qui semble exister à Taïwan de teen-dramas sombres n'hésitant pas à aborder de front des sujets difficiles et sensibles, The Graduate est une anthologie d'instantanés de fin d'adolescence. A la fois désabusée tout en se tournant vers le futur, chaque histoire se conclut par une esquisse de morale, cherchant à tirer les leçons de la dérive à laquelle on a assisté. Les cinq épisodes sont de qualité inégale, mais si une brève immersion dans la jeunesse taïwanaise vous tente, sans avoir forcément à s'engager pour une série entière (encore qu'elle soit courte ici), n'hésitez pas à prendre le temps : je vous conseille au moins de jeter un oeil au premier épisode, The Lonely Game, vraiment touchant.


NOTE : 6/10


Quelques images avec le début du premier épisode :

03/08/2011

(K-Drama / Pilote) Myung Wol the Spy : une improbable comédie romantique d'espionnage

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En ce premier mercredi asiatique du mois d'août, poursuivons la découverte des nouveautés sud-coréennes de juillet ! Parfois, en lisant certains synopsis, on se demande confusément ce qui est passé par la tête du scénariste lorsqu'il a imaginé le concept. A première vue, l'idée derrière Myung Wol the Spy apparaissait aussi improbable que pourvue d'un potentiel certain (lequel avait forcément aiguisé ma curiosité). La série offre en effet un mélange de deux thématiques prisées : l'exploitation du filon commercial que représente l'Hallyu croisé avec des codes propres aux fictions d'espionnage rendues possible par la situation géopolitique coréenne.

Diffusé depuis le 11 juillet 2011, sur la chaîne KBS2, Myung Wol the Spy est un drama surprenant, mais dans le bon sens du terme. En allant jusqu'au bout dans ce jeu consistant à repousser constamment les limites de ses intrigues, la série s'assume pleinement dans un registre de divertissement dispersé et agréable à suivre. Consciente de disposer d'un équilibre précaire et parfois vacillant, cette comédie, par son assurance, se révèle des plus plaisantes en cette période estivale.

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Myung Wol the Spy débute en Corée du Nord. Han Myung Wol est une jeune femme déterminée, mais parfois trop impulsive, qui ambitionne de suivre les pas de son père et de rentrer dans la division des services secrets. Ayant échoué au test d'entrée, pour le moment, elle demeure un officier des forces militaires spéciales nord-coréennes. Le problème auquel sont confrontés ses supérieurs est actuellement celui de la bataille culturelle qu'est en train de gagner la Corée du Sud : l'Hallyu s'étend en effet en Asie, et trouve même un chemin jusqu'à son voisin du Nord, où la contrebande de dramas se développe. Loin d'être circonscrit à une minorité, certains dignitaires militaires du régime - ou leur famille - ne sont d'ailleurs pas insensibles au phénomène, même si les ordres officiels sont de fermement lutter contre.

C'est dan ce contexte que Myung Wol est officieusement envoyée à Singapour, pour escorter la fille de son supérieur au concert d'une des grandes stars de l'Hallyu, Gang-U. Le voyage avait aussi un autre objectif, son collègue tentant de dérober une antiquité mystérieuse, vieux livre qui focalise l'attention de bien des personnes, mais que Gang-U réussit à acheter. L'échec et les erreurs du séjour à Singapour remettent en cause les rêves de services secrets de Myung Wol. Elle décide alors de prendre les choses en main et de partir pour la Corée du Sud ; une escapade que ses supérieurs n'apprécient guère. Alors qu'elle souhaitait avant tout récupérer l'antiquité, voire éliminer une personne symbolisant une culture qu'il faut combattre, un nouvel ordre lui est adressé après qu'elle ait sauvé Gang-U d'un accident en plein tournage : elle doit séduire et épouser la star sud-coréenne, pour ensuite la convaincre de faire volontairement défection au Nord.

Voilà bien une mission qui a tous les caractères d'une mission impossible !

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La seule lecture du synopsis laisse entrevoir la tonalité à part de cette série. Myung Wol the Spy est un drama qui se réapproprie des codes classiques des différents genres effleurés pour en faire un cocktail rom-com aussi inattendu que détonant. Vaguement déjanté, il fait sien le qualificatif d'"improbable". Multipliant les pistes pour exploiter pleinement toutes les facettes imaginables de son idée de départ, celle de tenter marier une espionne nord-coréenne à une star de l'Hallyu, la série propose une narration rythmée, tourbillonnante et virevoltante.

L'attrait du drama, mais aussi sans doute sa limite, va justement être de se poser un peu à la croisée des styles pour mieux mêler le romantique et l'espionnage dans un emballage extérieur de comédie. S'il ne se visionne pas au premier degré, il ne tombe pas non plus dans le versant inverse d'une parodie dénuée d'épaisseur dramatique, esquissant rapidement une part d'ambivalence dans ses personnages. Reste cependant que la série semble souvent s'amuser à défier toute logique, voire toute cohérence, ce qui peut dans un premier temps quelque peu déstabiliser. Si la recette fonctionne pourtant au cours de ces premiers épisodes, le drama le doit à sa façon d'assumer presque crânement ses excès et le créneau qu'il investit.

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Avec une assurance communicative, presque provocateur dans sa façon de mettre en scène certaines coïncidences ou d'imaginer des intrigues (la quête de la vieille antiquité, par exemple), Myung Wol the Spy cultive son décalage. Assez paradoxalement, il fait de l'absence - ou plutôt de son refus conscient - de maîtrise de son scénario, non pas une faute, mais un vrai atout qu'il va travailler. Délivrant une partition un peu folle et prenant un malin plaisir à se disperser dans tous les sens, il importe peu que son scénario ne soit pas des plus aboutis.

Il y a d'ailleurs sans doute une part d'illusion dans l'image brouillonne renvoyée, car cette dynamique ne doit pas grand chose au hasard ; la part de spontané et celle de calculé restent cependant à déterminer. Défiant toute tentative de rationalisation, il emporte le téléspectateur dans son univers à part. Lui faisant fermer les yeux sur les failles des intrigues, il lui est facilement possible d'apprécier l'ensemble pour ce qu'il est : un divertissement qui surfe assurément sur une corde raide, mais qui pour le moment remplit la mission première qu'il s'était fixé, celle de faire passer une heure agréable devant son petit écran, sans qu'on s'ennuie une seule seconde.

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Sur la forme, Myung Wol the Spy s'applique à respecter son registre de divertissement improbable : la réalisation est dynamique, la photographie claire et, surtout, colorée. L'ensemble apparaît donc très vivant, avec un entrain communicatif. Pour agrémenter cette ambiance, la bande-son du drama s'attache à décliner, dans toutes les versions possibles et imaginables, le thème musical classique de Mission Impossible qui retentit dès qu'un défi se pose à un des agents secrets. Cependant, la série prend aussi le temps d'introduire quelques chansons originales, plus douces et mélancoliques, qui vont accompagner les passages moins rocambolesques.

Enfin, Myung Wol the Spy rassemble un casting des plus corrects. Il est emmené par un duo marquant, dont les échanges burlesques ou inattendus fonctionnent très bien à l'écran, composé de Han Ye Seul (à qui j'ai pardonné l'égarement Nine Tailed-Fox, vue depuis dans Tazza ou encore Will it snow for Christmas) et d'Eric (Strongest Chil Woo, Que Sera, Sera). C'est peu dire que ce dernier se prend au jeu de la star de l'Hallyu qu'il incarne, jusqu'à avoir créé un compte twitter alternatif pour son personnage (ce qui reflète bien d'ailleurs la dimension joyeusement improbable du drama). Ils sont épaulés par deux acteurs à l'égard desquels je serais plus mitigée : si Jang Hee Jin (Seoul Warrior Story) fait ce qu'on attend d'elle, j'avoue ne pas trop apprécier Lee Jin Wook (Alone in Love, City of glass, Air City) même s'il correspond sans nul doute à l'officier nord-coréen qu'il incarne. Les rôles plus secondaires, dévolus à des personnages plus décalés, sont plutôt bien pourvus : on y croise Lee Duk Hwa, Jo Hyung Ki, Yoo Ji In, Lee Kyun, Park Hyun Sook, Shin Seung Hwan, Lee Da Hee, Lee Byung Joon ou encore Lee Ji Hoon.

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Bilan : Aussi confusément que délicieusement improbable, Myung Wol the Spy est un divertissement décalé, qui exploite, avec un second degré travaillé mais jamais complètement parodique, le concept surprenant qui lui sert de base. Rejouant de façon assez savoureuse les codes de la comédie romantique, se les appropriant pour mieux les détourner, le drama semble prendre un malin plaisir à partir dans tous les sens, assumant ses dispersions narratives pour mieux flirter avec une folie douce qui lui sied très bien, tant qu'il parviendra à maintenir l'équilibre sur-vitaminé, précaire et précieux, qu'il paraît avoir trouvé.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :

27/07/2011

(K-Drama / Pilote) Warrior Baek Dong Soo : un fusion sageuk d'action au parfum de récit initiatique

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Retour en Corée du Sud pour ce dernier mercredi asiatique de juillet ! Ce mois aura offert l'embarras du choix en terme de nouveautés en tout genre au pays du Matin Calme. Si Myung Wol the Spy est encore plus improbable et déjanté que je l'avais imaginée, quand il m'a fallu déterminer le drama du jour, cela ne vous surprendra sans doute pas, mon coeur a fatalement fini par pencher vers l'historique... Je vais donc commencer mon tour d'horizon des premières impressions sur ces nouveaux dramas avec Warrior Baek Dong Soo.

Diffusé sur SBS depuis le 4 juillet 2011, ce fusion sageuk d'action, qui nous replonge à l'époque troublée du prince Sado (cf. ma note sur Eight Days Mystery of Jeong Jo Assassination d'il y a 15 jours), se révèle plaisant à suivre, avec une histoire prenante. Certes, il ne m'a pas encore pleinement convaincue de sa dimension plus dramatico-épique, mais il a démontré un potentiel. Comme souvent dans ce genre de drama qui démarre durant l'enfance des personnages, j'ai préféré attendre le passage à l'âge adulte des héros - au cours de l'épisode 5 - avant d'en rédiger la première critique que voilà. Donc en guise de "pilote", la review qui suit a été rédigée au terme des six premiers épisodes.

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Warrior Baek Dong Soo se déroule au XVIIIe siècle, relatant le destin d'un héros qui a révolutionné les arts martiaux au sein du royaume. Dans une Corée qui a été défaite au siècle précédent par la Chine, le prince héritier Sado ambitionne de restaurer la grandeur de Joseon. En 1743, il détruit un monument symbolique, donnant ainsi des munitions à ses opposants politiques - les Norons - pour l'attaquer. Si le roi en exercice n'en est pas (encore) à aller jusqu'à porter atteinte à son propre fils, l'exécution du garde personnel de ce dernier, Baek Sa King, est ordonnée. C'est toute sa lignée jusqu'à la troisième génération qui doit être passée par le fil de l'épée. Si la mort de Sa King ne peut être empêchée, en revanche, sa femme met au monde, après une grossesse longue et difficile, un fils, Dong Soo, que le plus grand guerrier du royaume, dénommé le Sword Saint, parvient à sauver au prix d'un sacrifice personnel important.

Dong Soo vivra, mais sa naissance a laissé des séquelles physiques qui semblent irréversibles, plus prisonnier que maître de son propre corps. Il est élevé par un ami de son père, fidèle lui-aussi à la bannière du prince Sado et au groupe qu'ils avaient formé des années auparavant. Doté d'une volonté de fer, Dong Soo va cependant réussir à dépasser son handicap initial, sans jamais devenir l'adolescent rompu à l'art du combat qu'il se rêverait. Il n'en demeure pas moins fanfaron et plein de vitalité. Tout le contraire d'un autre adolescent que recueille celui qui l'a élevé, également fils d'un ami, Yeo Woon. Déjà formé aux arts martiaux, ce dernier semble être un guerrier prometteur, même s'il conserve bien des secrets. Les deux garçons sont finalement envoyés dans un camp de formation, visant à fournir au prince Sado des guerriers confirmés et de confiance.

Car le prince n'a jamais renié ses vues politiques. Il s'est fait des ennemis mortels que son sang royal n'arrêtera pas. Et ce d'autant plus qu'il est sur la trace d'un livre de guerre très convoité, censé contenir les plans d'une expédition qui pourrait justement rendre possible ses desseins politiques et militaires.

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Dans le créneau des fusion sageuk qu'il investit sans chercher à innover, il émane de Warrior Baek Dong Soo l'assurance de ces fictions qui savent qu'elles s'approprient des recettes classiques ayant fait leur preuve. Tout l'enjeu va être de bien doser chaque ingrédient. Drama résolument orienté vers l'action, comme en témoigne les premières scènes d'ouverture, c'est plus généralement tout le rythme de la narration qui fait preuve de beaucoup de dynamisme et ne souffre d'aucun temps mort. Si la série prend cependant son temps pour véritablement nous plonger dans les grands enjeux - notamment les ambitions guerrières du prince Sado -, la portée du récit n'en souffre pas : les cinq épisodes sur la genèse des conflits et sur l'adolescence des héros sont une introduction efficace, justifiée par l'éclairage et la compréhension qu'elle offre des différents personnages clés de l'histoire.

Avec de beaucoup de volontarisme, Warrior Baek Dong Soo fait tout pour impliquer le téléspectateur et ne pas le laisser indifférent. Alternant entre les passages submergés par l'émotion des divers drames qui sont vécus et les moments plus légers où un burlesque presque humoristique perce, naviguant entre une insouciance rafraîchissante et de durs rappels à la réalité, le drama couvre rapidement toute la palette d'émotions que l'on attend légitimement d'un k-drama. Cela fonctionne, et l'ensemble se suit sans déplaisir. Le seul bémol sera la relative frustration que laisse certaines scènes, ne faisant qu'effleurer un potentiel dont elles ne prennent pas pleinement la mesure. L'écriture, trop scolaire, manque parfois de subtilité, amoindrissant quelque peu les efforts des scénaristes. Mais il est probable que l'avancée du récit aidera à acquérir ce souffle supplémentaire.

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Au-delà du cocktail alléchant d'aventures historiques, c'est par sa dimension initiatique que Warrior Baek Dong Soo va fidéliser le téléspectateur. C'est son humanité qui va lui pemettre d'exploiter de manière plus profonde qu'on aurait pu le croire a priori les relations mises en scène. Si le héros est une figure classique, un jeune homme initialement trop impulsif et immature que les épreuves feront grandir, son sort va toucher le téléspectateur. Car le premier obstacle qu'il doit surmonter, ce sont les limites de son propre corps. Sa mise au monde à problème l'avait laissé presque semi-infirme... Réussir cette deuxième naissance en ne faisant que normaliser ses capacités physiques est sa première victoire. Son tempérament difficile et ses exubérances se justifient finalement parfaitement au vu des années si frustrantes et limitées qu'il a vécues, comme une sorte de sur-compensation logique.

La dimension humaine de ce drama, si elle doit encore mûrir et reste pour le moment embryonnaire sur le plan sentimental, est prometteuse dans sa façon de mettre en scène les affrontements entre les différents camps. La série prend le temps de personnaliser les confrontations et les rivalités. Elle joue sur l'idée qui consiste à reconnaître la valeur de son adversaire malgré tout ce qui peut les séparer : ainsi, le chef des Assassins et le "Sword Saint" sont ennemis, mais pour autant, une forme de respect marque leurs combats. Engagés sur une voie similaire, les rapports entre Dong Soo et Yeo Woon reflètent une ambivalence très intéressante. Au-delà de la concurrence naturelle entre les deux jeunes gens et tout qui semble déjà les séparer, il y a aussi derrière ces bravades une forme de compréhension mutuelle, un lien d'amitié qui, malgré tout, se crée. Cette part d'ambiguïté permet d'éviter l'écueil d'une mise en scène trop manichéenne et suscite aussi la curiosité quant à l'évolution des rapports entre les deux jeunes hommes. Liés malgré eux, même si tout paraît destiné à les opposer.

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Encore en phase de maturation sur le fond, Warrior Baek Dong Soo s'est en revanche imposé d'emblée sur la forme. Sans avoir les moyens de verser dans les effets (excès ?) de style de certains de ses prédécesseurs dans ce domaine de l'action historique, que cela soient les chorégraphies millimétrées de Chuno ou les éclats sanguinolants de Yaksha, ce drama fait preuve de beaucoup de maîtrise pour proposer une réalisation aboutie qui met en valeur, sans trop en faire, les scènes de combat. Sa relative sobriété n'empêche cependant pas la sére de disposer d'une très belle photographie, avec des images d'extérieur et un contraste au niveau des couleurs qui sont souvent un vrai plaisir pour les yeux. De plus, Warrior Baek Dong Soo bénéficie d'une bande-son de belle qualité, qui flirte parfois avec une tonalité tout droit issue d'un western et qui est agrémentée d'une chanson principale marquante, conférant une dimension à la fois épique et romanesque aux scènes qu'elle accompagne.

Enfin, la série dispose d'un casting où, à côté de valeurs sûres des k-dramas, les responsabilités sont confiées à un casting assez jeune qui doit trouver ses marques - même lorsque les personnages atteignent l'âge adulte. Les adolescents sont assez convaincants au cours des cinq premiers épisodes, jouant avec un aplomb et un dynamisme appréciables. On y retrouve Yeo Jin Goo en Dong Soo intenable, Park Gun Tae en Yeo Woon ténébreux, mais aussi Lee Hye In et Nam Ji Hyun. Le basculement dans l'âge adulte s'opérant sur le tard, je n'ai donc eu véritablement que le sixième épisode pour découvrir le cast qui va nous accompagner pour le reste de la série. Pour le moment, je suis assez optimiste concernant Ji Chang Wook, qui conserve l'expressivité de son personnage et devrait trouver ses marques dans la peau de ce héros encore trop spontané. En revanche, pour ces débuts, Yoo Seung Ho m'a semblé manquer de présence à l'écran. Je reste également sur la réserve concernant les lead-in féminins, ni Yoon So Yi, ni Shin Hyun Bin, ne m'ont vraiment convaincu durant leurs quelques scènes. Mais encore une fois, il faut leur donner un peu de temps. Cependant, l'enjeu est de taille pour ce drama qui repose beaucoup sur ses personnages.

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Bilan : Warrior Baek Dong Soo est un fusion sageuk d'action qui sait pleinement capitaliser sur les forces et atouts de son genre. Nous entraînant dans un tourbillon d'émotions où les drames côtoient l'insouciance de la jeunesse, et où les affrontements n'effacent pas le respect que l'on peut nourrir pour un adversaire, ce drama propose un récit rythmé et efficace, avec une dimension humaine travaillée, qui se révèle plaisant à suivre. Si on pourra sans doute lui reprocher un certain académisme qui l'empêche d'atteindre un niveau supplémentaire, le téléspectateur se laisse embarquer dans cette aventure sans arrière-pensée. Pour les amateurs du genre.


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce de la série :


La chanson principale de l'OST :