10/04/2011
(Pilote US) The Killing : who killed Rosie Larsen ?
Dimanche dernier, AMC lançait son remake de la série danoise Forbrydelsen : The Killing. Partant sur des bases scénaristiques similaires, la saison 1 de cette déclinaison américaine ne comportera cependant que 13 épisodes, contre 20 dans la version d'origine, ce qui laisse sous-entendre que la série de AMC saura aussi prendre ses distances avec les chemins tortueux et les successions de fausses pistes de sa source d'inspiration. Les critiques américaines lui ont fait bon accueil, pourquoi donc ne pas lui laisser sa chance ? Vous le savez, j'ai d'habitude une règle plutôt stricte vis-à-vis des remakes : je les écarte arbitrairement si je connais (et surtout apprécie) la première version. Par exemple, en janvier, Shameless US n'a jamais eu sa chance avec moi pour cette raison.
Sauf que, exceptionnellement, je me suis engagée à regarder au moins le pilote de la petite dernière de AMC. Ce que j'ai fait consciencieusement. Et au terme de ces deux premiers épisodes, une seule chose est certaine : ma politique de visionnage des remakes n'est pas prête d'évoluer. Est-ce qu'il est possible d'apprécier à sa juste valeur le pilote de The Killing après avoir vécu si intensément Forbrydelsen ? Je n'en suis pas certaine. Aujourd'hui, revenons sur ce premier épisode de la série américaine avec une review où je ne vais pas prétendre oublier la version danoise pour analyser l'américaine. Mais, vous savez quoi, l'exercice, même comparatif parfois, s'est avéré peut-être encore plus instructif !
The Killing s'est choisi pour cadre la ville de Seattle, une région qu'elle va tout particulièrement savoir mettre en valeur à mesure qu'elle se construit une ambiance qui lui est propre. Toute sa première saison va former un grand arc narratif composé de 13 épisodes, qui vont chacun correspondre à un journée d'enquête dans cette affaire qui s'ouvre dans ce premier épisode et qui va bouleverser plus d'une vie.
La série débute sur le dernier jour de travail de la détective Sarah Linden, cette dernière s'apprêtant à déménager pour la Californie afin d'y rejoindre son fiancé, en dépit de l'hostilité de son adolescent de fils. Elle et son remplaçant, Stephen Holder, sont appelés sur les lieux de découverte d'un sac à main rose ensanglanté. Si Sarah est déjà toute entière tournée à son départ, elle se laisse cependant convaincre par son coéquipier du jour de suivre la piste d'une carte nominative trouvée sur place au nom de Stanley Larsen. Le pré dans lequel ces objets ont été retrouvés est trop bien connu pour être un lieu où les prostituées emmènent leur client pour que les policiers s'inquiètent vraimet.
Mais chez les Larsen, l'épouse leur assurant que toute sa famille était hors de la ville ce week-end, une autre explication, autrement plus effrayante, est soudain envisagée par Sarah lorsqu'elle découvre l'existence d'une fille aînée... laissée à Seattle pour fêter Halloween vendredi soir dernier, et dont ils n'ont pas eu de nouvelles depuis ce jour-là. Le parc au sac ensanglanté va malheureusement rapidement fournir la réponse redoutée : le cadavre de Rosie Larsen y est découvert dans le coffre d'une voiture noyée dans un étang. Or le véhicule fait partie du parc automobile de l'équipe d'un politicien local, candidat aux élections municipales qui se profilent : Darren Richmond. Quel est donc le lien entre la victime et un milieu politique au sein duquel les policiers ne peuvent se glisser qu'avec diplomatie ?
"Qui a tué Rosie Larsen ?", voici la question qui promet de retenir toute notre attention pour le reste de la saison 1.
Le principal atout de The Killing réside incontestablement dans la façon dont elle se propose d'exploiter son intrigue policière. Sa construction narrative feuilletonnante à l'extrême va lui permettre non seulement d'exploiter pleinement son format de "série télévisée", mais aussi de la distinguer de ces procedural show dont les quarante minutes d'épisode imparties à chaque enquête suivent un schéma devenu trop invariable pour retenir l'attention de certains téléspectateurs lassés (je ne cache pas faire partie de ces derniers). Plus ambitieuse parce que disposant de plus de temps, The Killing nous glisse non seulement aux côtés des policiers, mais aussi de la famille de Rosie Larsen, et plus globalement de toutes les personnes affectées directement ou indirectement par les évènements. En bien des points, il s'agit d'une série chorale qui permet donc de multiplier les perspectives, offrant un portrait complexe et émietté de toutes ces réactions face à une tragédie bouleversante.
Cette richesse, The Killing sait parfaitement la mettre à profit dès son pilote. Elle s'approprie tous les ingrédients qui fondent un polar noir efficace. Au-delà du crime sordide qu'elle entreprend de relater, elle s'impose comme une série d'ambiance. C'est là que réside peut-être la réelle prise d'indépendance par rapport à sa consoeur danoise et la valeur ajoutée la plus intéressante de ces débuts : sa capacité à se construire une identité qui lui est propre et qui exploite son concept avec les atouts de sa nationalité. The Killing n'a pas l'atmosphère glacée, ni le côté sobre et épuré à l'extrême de la série scandinave. La fiction d'AMC propose un polar américain, où l'empathie apparaît comme une constante plus naturelle. L'émotionnel y est plus assumé et recherché. De même, Seattle n'est pas Copenhague. D'ailleurs, la série exploite de manière convaincante le cadre d'une ville qu'elle présente comme souvent pluvieuse. L'eau constitue d'ailleurs un élément omniprésent dans ces lieux où la nature verdoyante côtoie le citadin grisâtre.
Si elle est habile à se construire son univers pour nous immerger progressivement dans l'intrigue qui va être son coeur, The Killing m'a cependant laissée une impression un peu plus mitigée quant à la maîtrise de son récit. Certes ce dernier reste globalemet efficace, mais j'ai à plusieurs reprises été un peu gênée par une narration trop rapide. Hormis quelques plans destinés à marquer l'atmosphère, le pilote ne perd pas de temps en transitions anecdotiques et en passages plus contemplatifs : il va à l'essentiel. La densité du récit est incontestable ; les scènes s'enchaînent pour permettre à l'intrigue de s'installer sans temps mort. Si c'est efficace pour ne jamais prendre en défaut l'attention du téléspectateur, paradoxalement, on ressort aussi avec un sentiment ambivalent : alors que la série souhaite nous plonger dans un polar réaliste feuilletonant, qui ne se veut pas pris par le temps, elle n'hésite pas à prendre des raccourcis narratifs discutables. Est-ce le parallèle qui s'opère naturellement dans mon esprit avec Forbrydelsen qui biaise ainsi ma perception ?
En fait, le pilote de The Killing offre un récit très proche de la version danoise, se concluant, tout comme elle, sur la découverte nocturne du corps de Rosie Larsen dans la voiture qui est remontée de l'étang. L'histoire est identique dans ses grandes lignes, ce qui permet de faire une autre comparaison plus objective : le premier épisode de Forbrydelsen dure 55 minutes ; celui de The Killing, 45. Dix minutes de moins qui, malgré tout, se ressentent à l'écran. La série danoise cultivait l'art de savoir prendre son temps. L'exploitation de l'intrigue dans The Killing est plus fonctionnelle, au sens où l'anecdotique est plus aisément balayé, privilégiant le rythme à l'ambiance. Les deux choix ainsi faits ont chacun des arguments légitimes en leur faveur. Il ne s'agit pas de les hiérarchiser qualitativement, ils reflètent au fond un savoir-faire différent. Mais je dois être une téléspectatrice qui préfère prendre mon temps, plutôt que d'avoir l'impression d'assister à de brusques accélérations forcées ou à des avancées trop parachutées qui sonnnent un brin artificiel. Par exemple, dans l'épisode 2, la façon dont est amenée la découverte de "the cage" est une parfaite illustration du problème de la version américaine.
Sur la forme, The Killing est une série soignée, où tout s'emploie à construire une atmosphère de polar très intéressantes. Les images sont travaillées, parfois très belles pour mettre en valeur le cadre offert par la région de Seattle avec quelques paysages superbes, mais sachant aussi verser dans un côté sombre qui se justifie également au nom de la tonalité de la fiction (l'omniprésence de la pluie notamment). C'est globalement bien fait, tout comme l'exploitation d'une bande-son qui emprunte à nouveau ses grandes lignes à la version originale, tout en posant sa propre identité. Cependant, j'ai parfois eu l'impression que la musique était un peu trop présente.
Par exemple, analysons pour illustrer mon propos la façon dont est montée la scène finale de découverte du cadavre de Rosie Larsen. Le récit est identique. Ce qui change, outre les acteurs, c'est l'exploitation faite du même morceau musical, un instrumental poignant. La version danoise privilégie la sobriété, ne faisant retentir qu'un seul passage lorsque la mère de Rosie s'effondre dans la cuisine : inutile de trop en faire pour proposer une scène d'une intensité déchirante. A l'opposé, la version américaine joue elle, non pas sur le silence, mais bien sur l'exploitation du morceau musical : ce dernier retentit dans notre écran beaucoup plus tôt, au moment où le corps noyé de Rosie Larsen apparaît lors de l'ouverture du coffre. Cette utilisation propre à chaque nationalité des mêmes ingrédients en dit beaucoup sur les conceptions et le savoir-faire particuliers à chacun de ces deux pays.
Pour un observateur qui s'intéresse à la construction respective de ces fictions, c'est un exercice intéressant que de mettre ces éléments en parallèle. Mais cela permet aussi de comprendre pourquoi le téléspectateur pourra être plus sensible à l'une ou à l'autre version.
Enfin, pour porter à l'écran cette histoire ambitieuse, le casting comporte quelques valeurs sûres du petit écran américain. Mireille Enos (Big Love), avec ses larges pulls et ses cheveux attachés, tranche avec l'archétype de la figure policière. Si j'ai trouvé intéressant le contraste ainsi offert et si j'apprécie cette actrice, cette dernière a d'abord souffert de la comparaison instinctive faite avec sa consoeur danoise, me donnant l'impression de manquer tant en intensité qu'en présence. Cependant, vers la fin du second épisode, je commençais à m'habituer à son style. Donc, même si elle s'avère pour le moment moins convaincante, elle devrait parvenir à s'imposer à moyen terme.
En fait, c'est sans doute avec le casting dans son ensemble que j'ai eu le plus de difficultés pour m'adapter. J'ai eu du mal à me sentir impliquée à leurs côtés, peut-être est-ce dû en partie à une écriture qui a besoin d'un peu plus de temps. Si pour certains, comme Billy Campbell (Once & Again, Les 4400) qui ne dispose que d'une poignée de scènes dans cette ouverture, je ne m'inquiète pas pour la suite étant donné le passé de l'acteur, pour d'autres, je suis plus sur la réserve. Outre Joel Kinnaman, c'est surtout Brent Sexton (Deadwood, Life), en père de famille brisée, qui m'a semblé être le moins convaincant. A leurs côtés, on retrouve également Michelle Forbes (24, In treatment, True Blood), Kristin Lehman (Killer Instinct), Eric Ladin (Generation Kill), Brendan Sexton III ou encore Jamie Anne Allman (The Shield).
Bilan : Polar d'ambiance soignée, à la narration feuilletonante ambitieuse dont l'arbitrage n'est pas toujours complètement maîtrisé, The Killing est une de ces séries dont l'histoire pourtant classique tranche dans le paysage téléphagique actuel américain et dans laquelle on a envie de s'investir. Souhaitant exploiter pleinement son format de série télévisée, avec une intrigue dont l'arc narratif couvrira ses 13 épisodes, elle entreprend rapidement d'immerger le téléspectateur dans son univers potentiellement addictif, en se concentrant sur une question qui devrait en passionner plus d'un au cours des prochaines semaines : qui a tué Rosie Larsen ?
Pour ceux qui connaissent Forbrydelsen, The Killing mérite-t-elle un visionnage ? C'est une fiction profondément américaine : la base du scénario est peut-être identique, mais nul doute que la série dispose d'une identité propre à sa nationalité. Vous y retrouverez des recettes familières qui, suivant vos goûts, peuvent vous séduire ou vous laisser indifférent.
Personnellement, je ne pense pas poursuivre plus avant ma découverte. Jeter un oeil à ce pilote a été instructif à plus d'un titre, mais je ne vois pas vraiment de raison justifiant de m'investir dans cette série.
NOTE : 7,5/10
La bande-annonce de la série :
10:16 Publié dans (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : amc, the killing, mireille enos, billy campbell, joel kinnaman, brent sexton, michelle forbes, kristin lehman, eric ladin, brendan sexton iii, jamie anne allman | Facebook |
08/04/2011
(Pilote DAN) Den som dræber (Those who kill / Traque en série) : du policier classique un peu trop froid
Finalement, cette semaine aura été consacrée à la télévision danoise ! Après le bilan de la saison 1 de Forbrydelsen dimanche dernier, poursuivons aujourd'hui l'exploration de ce genre, souvent glacial mais cher au petit écran scandinave, le policier, avec le pilote d'une des dernières nouveautés en provenance du Danemark. Den som draeber (Those Who Kill) est une série actuellement en cours de diffusion, depuis le 13 mars 2011. Prévue pour une durée de 12 épisodes de 45 minutes (ou découpée en 6 épisodes de 90 minutes), elle doit normalement se conclure le 15 mai prochain.
D'après une idée originale de l'écrivaine Elsebeth Egholm, adaptée par le scénariste Stefan Jaworski, son premier épisode a été un succès d'audience incontestable, puisqu'il a réuni presque 1,5 millions de téléspectateurs danois devant leur petit écran le dimanche soir, avec des chiffres qui correspondent aux plus hauts scores de la chaîne pour une fiction danoise depuis décembre 2008. A noter qu'une déclinaison cinématographique de cet univers est également prévue, la sortie d'un film aura lieu au Danemark en septembre prochain.
Construite sur les bases narratives d'un procedural show classique, 90 minutes étant consacrées à une même affaire, Den som draeber nous plonge dans le quotidien d'une unité de police spécialisée dans les homicides, avec en toile de fond le spectre de possibles serial killers. Si le service est dirigé par Magnus Bisgaard, c'est sur Katrine Ries que le récit va se concentrer. La jeune femme dispose d'un fort caractère, mais surtout de nerfs toujours à vif qui la rendent prompte à réagir instinctivement et très rapidement sur le terrain, comme l'illustrent les premières minutes de l'épisode.
C'est à une affaire particulièrement sordide que va être consacré ce pilote : la découverte des cadavres, enterrés suivant une mise en scène assez spéciale, de quatre femmes disparues au cours des six dernières années. La ritualisation du processus meurtrier s'affinant au fil des victimes, c'est sans nul doute l'oeuvre d'un serial killer. La police piétinant, Katrine n'hésite alors pas à s'adresser à un profiler. Contre l'avis de son supérieur, elle sollicite Thomas Schaeffer. Un choix qui prête à controverse au vu des antécédents de ce dernier, dont la collaboration avec la police s'est terminée dans de très mauvaises conditions. Mais s'il a désormais repris l'enseignement à l'université, les enquêtes réelles lui manquent trop pour qu'il décline bien longtemps l'offre de Katrine, en dépit des réticences de son épouse.
La tradition scandinave existant dans le domaine du policier, tout comme le savoir-faire l'accompagnant, n'est plus à démontrer. De la littérature au petit et au grand écran, les passerelles sont multiples et généralement bien maîtrisées. Mais le défi posé aux fictions actuelles est justement celui de savoir se renouveler et apporter une valeur ajoutée à ce genre désormais très balisé. Le pilote de Den som braeder relève difficilement le challenge de l'innovation, laissant finalement une impression assez mitigée. Calibré, il reprend des ficelles familières qui ont fait leur preuve et face auxquelles le téléspectateur ne saurait rester insensible. Exploitant ainsi cette figure toujours efficace du serial killer, intrigant par l'établissement de son profil psychologique comme par ses agissements, l'épisode sait aussi introduire des personnages faillibles et prompts à se laisser emporter par leurs enquêtes. Le duo formé par Katrine et Thomas a incontestablement du potentiel, avec une complémentarité naturelle évidente ; et ce, en dépit du sentiment de déjà vu que laisse la dynamique qui s'installe.
C'est d'ailleurs en partie par son classicisme que Den som braeder peine à trouver son identité. Indéniablement, la série respecte toutes les clauses du cahier des charges attaché au genre. Mais si sa recette a fait ses preuves, il lui manque ici le liant nécessaire pour faire la différence et prendre une dimension supplémentaire afin de s'imposer. L'univers créé manque d'épaisseur. Si l'amateur trouve facilement ses marques, l'histoire apparaît unidimensionnelle, ne développant qu'un volet strictement policier, trop déshumanisé et sans relief. S'attachant à cultiver une atmosphère froide, parfois glaciale au sens propre du terme, l'épisode est tout entier dédié à la trame principale, ne prenant le temps de s'enrichir que de façon artificielle d'autres ingrédients qui lui auraient donné un équilibre plus consistant. Pour la suite, il apparaît notamment impératif de plus s'investir dans une dimension humaine qu'elle ne fait qu'effleurer : cela n'est pas insurmontable, puisque l'épisode pose quand même des bases intéressantes sur ce plan.
Un peu trop froid sur le fond, Den som draeber l'est aussi sur la forme. Certes, les forêts et champs enneigés offrent un cadre glacial privilégié qui permet de poser une ambiance, et c'est toute la série qui se décline à travers ce filtre. Sans que la réalisation constitue une véritable valeur ajoutée sur laquelle la fiction capitalise vraiment, l'image est soignée et, surtout, ses teintes se révèlent toujours très épurées, qu'elles tendent vers des couleurs claires ou que l'on se trouve plongé dans l'obscurité. La bande-son s'avère en revanche assez peu inspirée : ne mettant pas en valeur la la narration, Den som draeber ne parvient jamais vraiment à en tirer parti.
Cependant, soulignons enfin que la série bénéficie d'un casting qui m'était a priori sympathique, même si le potentiel n'est peut-être pas pleinement exploité dans ce premier épisode. Si je ne connaissais pas Laura Bach, qui interprète l'inspectrice principale, j'avais plutôt apprécié Jakob Cedergren dans Morden i Sandhamn (même si cette mini-série policière est très dispensable), tandis que Lars Mikkelsen restera sans doute toujours associé à Forbrydelsen dans mon esprit. A leurs côtés, on retrouve également Lærke Winther Andersen et Frederik Meldal Nørgaard. (Je devine que si je poursuis plus avant mon exploration du petit écran danois, je vais facilement recroiser des têtes connues.)
Bilan : Den som draeber est une série policière au sens le plus (trop?) traditionnel du terme, dotée une intrigue entièrement consacrée à la traque d'un criminel. L'enjeu n'est pas de savoir qui il est, mais bien de l'attraper à temps, ce qui permet à la série de jouer sur une tension psychologique appréciable. Cependant, le pilote se heurte à l'écueil d'une prévisibilité trop grande pour vraiment décoller. Ces 90 minutes s'avèrent globalement efficaces pour retenir l'attention du téléspectateur, mais il manque quelque chose. Il faudra non seulement que la suite sache faire preuve de plus d'inventivité, mais aussi d'une dimension humaine plus approfondie, pour donner à la série une chance de vraiment s'installer sur le long terme.
Constituant apparemment un projet ambitieux de TV2, Den som draeber laisse donc entrevoir quelques éléments pas inintéressants, mais a indéniablement encore tout à prouver (et beaucoup d'aspects à améliorer) après ce pilote. Pour les amateurs du genre.
NOTE : 6/10
La bande-annonce de la série :
17:27 Publié dans (Séries européennes autres) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : danemark, tv2, den som draeber, those who kill, laura bach, jakob cedergren, lars mikkelsen, laerke winter andersen, frederik meldal norgaard | Facebook |
06/04/2011
Mercredi asiatique du jour... Joker !
Aujourd'hui, une petite exception au planning habituel du blog qu'il va falloir me pardonner. En effet, ma vie professionnelle ayant eu raison de mes derniers moments de liberté au cours des dix derniers jours, je ne vais pas vous parler drama... Je dégaine donc mon droit à un joker pour la première fois en plus d'une année de rendez-vous hebdomadaires. Et si je n'ai pas résisté au jeu de mots facile, je vais donc vous épargner une review sur les premiers épisodes de Joker : Yurusarezaru Sousakan (un j-drama policier diffusé l'été dernier, librement inspiré de Dexter, que je vous conseille de toute façon d'éviter).
Cependant, il y a malgré tout une bonne nouvelle pour la suite : à partir de la semaine prochaine, je vais pouvoir (enfin) reprendre une activité téléphagique normale après deux mois compliqués (même si l'activité du blog a réussi à ne pas trop s'en ressentir).
Merci encore pour votre fidélité, le mercredi asiatique revient très vite (et peut-être même plus vite que vous ne le pensez) !
Enfin, pour que vous ne soyez pas passés pour rien, un petit aperçu sur le générique quand même assez atypique musicalement de Joker : Yurusarezaru Sousakan :
09:59 Publié dans (Blog), (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook |
03/04/2011
(DAN) Forbrydelsen (The Killing), saison 1 : un polar captivant incontournable
En ce premier dimanche d'avril, My Télé is Rich! met le cap vers le nord de l'Europe pour une fiction que j'avais déjà eue l'occasion d'évoquer brièvement lors d'un jour du TV Meme. Pour une première excursion dans le petit écran danois, je pouvais sans doute difficilement mieux tomber que sur cette série qui m'aura tenu en haleine pendant presque deux mois, rythmant chacun de mes week-end. Plus que tout, la saison 1 de Forbrydelsen aura réveillé en moi la fièvre du feuilletonnant nerveux et addictif, un genre dont j'avais un peu oublié la saveur ces dernières années.
Datant de 2007, la série est toujours en cours de production au Danemark : la saison 2 a été diffusée en 2009, et une saison 3 est annoncée pour l'an prochain. De plus, ce soir débute aux Etats-Unis le remake attendu, The Killing. Mais même si AMC apparaît comme une valeur relativement sûre pour diffuser ce type de fiction, je suis contente d'avoir eu l'occasion de savourer la version d'origine de cette histoire policière qui aura su captiver tout au long des vingt épisodes qui la composent. Ma curiosité - et mon appétit - pour les séries scandinaves étant désormais aiguisé, j'espère que d'autres séries suivront (Arte a bien acheté les droits de Borgen par exemple).
[A noter : La review qui suit est garantie sans spoiler sur la résolution de l'intrigue.]
Se déroulant en tout sur une vingtaine de jours seulement, la saison 1 de Forbrydelsen a pour cadre la ville de Copenhague. Elle s'ouvre sur le pot de départ de la détective Sarah Lund qui s'apprête à vivre un dernier jour de travail au sein de la police danoise, avant d'être transférée en Suède où elle doit rejoindre, avec son fils, son fiancé. Mais si son remplaçant, Jan Meyer, arrive bien comme prévu afin de partager avec elle, sur le terrain, une journée du quotidien de l'unité, l'affaire qui débute ce jour-là, sous leur garde, va bouleverser tous les plans pré-établis.
En effet, la disparition d'une jeune fille de 19 ans, Nanna Birk Larsen, acquiert une dimension criminelle particulière lorsque son cadavre est retrouvé dans le coffre d'une voiture. Violée et battue, elle a été abandonnée vivante dans ce compartiment pour y mourir noyée. En dépit de ses réticences, Sarah Lund se voit alors confier la direction d'une enquête qui s'annonce compliquée. Non seulement parce que, comme toute adolescente, la vie de Nanna comportait son lot de secrets, mais aussi parce que l'investigation va conduire les policiers jusqu'au centre du pouvoir politique local, la mairie de Copenhague en pleine effervescence électorale, prise dans une lutte des ambitions et des égos où tout est permis - et où faciliter une simple enquête policière apparaît loin d'être une priorité.
Forbrydelsen nous plonge ainsi dans une enquête complexe, entrecoupée de fausses pistes, où chacun cache une part d'ombre et de non-dits et où le meurtrier a finalement tissé une toile de faisceau d'indices bien difficiles à interpréter. L'entêtement de Sarah Lund suffira-t-il à démêler et à s'extraire des faux-semblants ? Et surtout, quel sera le prix de la vérité ?
Le premier atout de la série va résider dans sa capacité à exploiter son caractère feuilletonnant de manière extrêmement bien maîtrisée. Tranchant avec les procedural show policiers formatés sur une durée trop brève pour redonner au polar ses lettres de noblesse, c'est une seule et même enquête qui va occuper les vingt épisodes que comporte la saison 1 de Forbrydelsen. Se construisant sur une narration où la tension demeure constante, la série va prendre le temps d'explorer avec méthodes toutes les conséquences et les facettes du meurtre de Nanna Birk Larsen, nous entraînant dans les errances et méandres d'une enquête qui se doit de traiter toutes les pistes envisageables. L'intensité ne se dément pas, mais fluctue de manière crédible, rythmée par les brusques avancées mais aussi par les piétinements des policiers. Demeurant toujours homogène (ce qui est remarquable vu sa longueur), la narration est bien huilée et dénote un savoir-faire indéniable : chaque fin d'épisode nous laisse invariablement en suspens, si bien que réussir à se retenir de lancer l'épisode suivant dans la foulée se transforme en véritable test de maîtrise de soi.
Car voilà bien un sentiment dont j'avais un peu oublié le parfum et que Forbrydelsen aura réveillé de la plus convaincante des manières : l'effet addictif et grisant que peut provoquer un arc sur lequel toute une saison est construite. Cette série est en fait très semblable, par sa capacité constante à se complexifier et à retenir l'attention du téléspectateur, à ces romans policiers qui se dévorent d'une traite, ces polars noirs que vous commencez un soir et dont les pages se tournent avidement, chaque fin de chapitre (à la manière des fins d'épisodes de Forbrydelsen) étant une invitation à poursuivre plus avant une intrigue dont on ne peut plus se détacher avant d'être arrivé au bout. Le parallèle avec ce genre littéraire pourrait a priori sembler étonnant puisqu'il s'agit d'une série télévisée, mais le téléspectateur retrouve de manière frappante les mêmes ingrédients utilisés dans la construction scénaristique suivie, avec ses poussées d'adrénaline, ses fausses pistes évidentes et ses non-dits qui jouent peu à peu sur la paranoïa des protagonistes comme du téléspectateur.
Extrêmement prenante, Forbrydelsen nous réconcilie ainsi avec un genre policier qui se décline assez peu, au petit écran, sous ce format feuilletonnant le plus poussé. Mais sa capacité à nous tenir en haleine n'est pas son seul attrait. C'est un polar au sens complet et noble que la série va proposer. En effet, en nous faisant suivre les conséquences de l'affaire Nanna Birk Larsen, elle s'ouvre à une multiplicité de points de vue et de remises en perspective qui l'enrichissent considérablement. Certes, l'enquête conduite par Sarah Lund demeure centrale, mais ses thématiques sont très larges. Elle nous glisse en effet également au côté des parents de la victime qui doivent non seulement faire face à la mort de leur fille aînée, mais aussi à ce jeu éreintant des spéculations et des soupçons policiers si changeants. De plus, Forbrydelsen nous introduit dans les coulisses de la scène politique locale : tandis que les enquêteurs s'interrogent sur les liens de la victime avec la mairie, l'affaire va être aussi un prétexte pour s'engouffrer dans des jeux de politique politicienne dont les intérêts ne recoupent pas toujours ceux d'une police sur laquelle s'exerce des pressions contradictoires. Cela complexifie d'autant l'investigation.
De plus, outre la richesse de son cadre, la série marque également par la dimension humaine, plus psychologique, qu'elle investit. Ne s'effaçant jamais devant le fait divers mis en scène, elle s'intéresse sincèrement à ses protagonistes. A mesure que l'enquête progresse et se fait plus éprouvante, le portrait de ces derniers se nuance, les apparences se craquellent et les failles apparaissent. Car ce meurtre va non seulement happer chacun, mais surtout les ronger peu à peu de façon quasi inexorable. Nous entraînant dans une spirale de plus en plus obsédante de quête du coupable, le récit se dote d'accents très authentiques : de l'obstination inflexible d'une Sarah Lund qui en perd peu à peu le sens des priorités dans sa vie, au travail de deuil si difficile de la famille de Nanna qui doit, en dépit de tout, continuer à vivre et à aller de l'avant, en passant par les doutes d'un Troels Hartmann qui voit ses certitudes s'étioler, s'efforçant d'arbitrer maladroitement entre exploitation électoraliste et aide à la police. C'est finalement un glissement vers la part sombre de chacun qui s'opère au fil de la série, avec une justesse fascinante pour un téléspectateur se laissant à son tour gagner par cette ambiance oppressante.
Polar prenant, presque source d'obsession sur le fond, Forbrydelsen se révèle toute aussi convaincante sur la forme. D'une neutralité bienvenue, la réalisation opte pour une efficacité sobre, sans effet de style particulier. L'image est mise au service de l'intrigue, les angles choisis par une caméra parfois nerveuse sachant quand il le faut aiguiser les suspicions d'un téléspectateur, sans pour autant verser dans un suggestif excessif. Par ailleurs, il faut également saluer une bande-son présente sans être envahissante, composée de morceaux intrumentaux parfaitement adéquats. C'est surtout la musique de clôture de chacun des épisodes, transition captivante qui s'impose comme le symbole de la continuité narrative et de ce registre de feuilletonnant addictif.
Enfin, Forbrydelsen bénéficie d'un solide casting qui achève d'asseoir la crédibilité de l'ensemble, chacun sachant retranscrire la progressive transformation des personnages et le tournant que ces quelques jours vont faire prendre à leurs vies. Leurs jeux, tout en sobriété, permettent de construire avec beaucoup de justesse la tension qui s'installe. Retenons quelques noms pour des excursions téléphagiques danoises futures, parmi lesquels Sofie Gråbøl, Søren Malling, Lars Mikkelsen, Bjarne Henriksen, Ann Eleonora Jørgensen, Marie Askehave, Michael Moritzen, Nicolaj Kopernikus, Bent Farshad Kholghi.
En résumé : laissez-vous happer par ce polar venu de l'Europe du Nord.
Qui a tué Nanna Birk Larsen ?
Bilan : Toujours captivante, parfois proprement haletante, Forbrydelsen est une fiction ambitieuse tant par la multiplicité des points de vue adoptés et des thématiques développées autour du meurtre qui constitue son coeur, que par sa construction narrative, feuilletonnante à l'extrême. Polar noir inspiré qui s'inscrit dans la plus belle tradition de ce genre, l'histoire met son format de série télévisée - avec une longueur qui aurait pu effrayer plus d'un scénariste - au service d'une intrigue complexe, qui sait prendre son temps sans que son rythme d'ensemble n'en souffre jamais. Si elle connait des moments plus intenses, elle impressionne cependant par son homogénéité globale : du premier au dernier épisode, c'est un arc narratif parfaitement maîtrisé, avec un début, des doutes et une résolution finale qu'elle va nous relater.
Pour toutes ces raisons, Forbrydelsen est une série à découvrir. Une de ces expériences téléphagiques qui se vivent et se savourent pleinement, renouvelant les fondements et la vitalité des productions du petit écran. C'est ce qu'on appelle une incontournable...
NOTE : 9/10
La bande-annonce de la série (Arte / VF) :
A re-écouter - Des extraits de la bande-son musicale :
10:20 Publié dans (Séries européennes autres) | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : danemark, arte, dr1, forbrydelsen, the killing, sofie gråbøl, søren malling, lars mikkelsen, bjarne henriksen, ann eleonora jørgensen, marie askehave, michael moritzen, nicolaj kopernikus, bent mejding, farshad kholghi | Facebook |
02/04/2011
[Festival] Séries Mania, saison 2 (du 11 au 17 avril)
Si j'évoque rarement des manifestations (ou conventions) sur le thème des séries, aujourd'hui, je vais faire une petite exception pour la deuxième édition du Festival Séries Mania qui se tient au Forum des Images du 11 au 17 avril prochain. Pourquoi ? Parce qu'en jetant un oeil sur le programme (fort alléchant) proposé, l'effort de visibilité accordé aux séries "internationales" au sens large a l'air vraiment appréciable.
Si je parle régulièrement des fictions du bout du monde qui ne semblent pas toujours destinées à se frayer un chemin jusqu'à notre petit écran, voici une occasion de s'installer devant la projection du pilote certaines ou d'assister à des rencontres pouvant être très intéressantes. Non seulement le festival fait la part belle au petit écran français, à des séries américaines (par exemple: Boardwalk Empire, Rubicon, Treme) ou anglaises (tels: Downton Abbey, The Promise, Accused, This is England 86', Luther), mais il a aussi le mérite de vouloir nous transporter également par-delà les mers, avec des fictions israëliennes comme Arab Labor, et les océans, jusqu'au Canada ou en Australie (vous souvenez-vous de Rake par exemple ?) et (cerise sur le gâteau !) même en Corée du Sud (avec trois dramas relativement récents que j'ai déjà mentionnés, qui relèvent de genres très différents : Comrades, Chuno et IRIS).
Toujours est-il que si (contrairement à moi) vous êtes dans le coin, cela vaut peut-être le coup de jeter un oeil aux programmes, vous trouverez tous les renseignements sur le site officiel : http://www.series-mania.fr/ (les places sont à retirer depuis hier) ; il y en a pour les téléphages de tous horizons.
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