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03/03/2011

(Mini-série UK) The Promise (Le Serment) : Divided land, divided loyalty.

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Si mon attrait pour la télévision britannique est quelque chose qui a grandi progressivement, ma première vraie rencontre avec ce petit écran remonte à un peu plus de dix ans désormais, en octobre 2000. C'était une fiction diffusée sur Arte. La non-anglophone que j'étais avait même réussi à l'enregistrer en VOST. Ce fut ma première véritable claque téléphagique britannique et j'y ai retenu mon premier nom de scénariste anglais : Peter Kosminsky. La mini-série s'appelait Warriors : l'impossible mission. Ce soir-là, je me suis dit que si cette télévision pouvait produire ce type de fiction, il fallait vraiment que je me penche sur ses programmes. A l'époque, ce n'était qu'un voeu pieux. Mais cette rencontre servit de catalyseur ; et c'est à elle que vous devez sans doute en partie la ligne éditoriale de ce blog (et la présence de Ioan Gruffudd au centre de la bannière d'accueil).

Le nom de Peter Kosminsky demeure donc pour moi une référence dans le petit écran britannique. Le premier à m'avoir montré la voie vers cette télévision. Depuis, de The Projet au Government Inspector, j'ai aussi appris à apprécier son style, qui reste à part. Empreintes de son passé de grand reporter et de documentariste, ces fictions, par leur sujet et la sensibilité politique des thèmes abordés, laissent rarement indifférent. Au cours de ce mois de février 2011, Channel 4 a proposé sa dernière création : une mini-série prenante qui s'inscrit dans la lignée de la tonalité des précédentes, et dont l'idée naquit justement après Warriors.

Composée de 4 épisodes d'1h30 chacun, cette mini-série a été co-produite par Arte et Canal +. Le téléspectateur français pourra la découvrir à partir du 21 mars prochain, à l'occasion d'une diffusion sur la chaîne cryptée.

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Disposant d'une construction narrative originale, The Promise va habilement entrelacer passé et présent, en nous narrant, à travers deux destinées parallèles - celle de la petite-fille d'aujourd'hui et celle de son grand-père dans sa jeunesse - à cinquante années de distance, tant la genèse immédiate de la création de l'Etat d'Israël au sortir de la Seconde Guerre Mondiale que la situation actuelle du pays.

Erin est une jeune anglaise de 18 ans, plus vraiment adolescente, pas encore complètement adulte, dont la vie est bridée par ses crises d'épilepsie. Sa meilleure amie Eliza, une Israëlienne en pension en Angleterre depuis son plus jeune âge, a décidé de rentrer chez ses parents afin de suivre la formation requise pour y effectuer son service militaire. Erin n'ayant rien d'autre de prévu durant ces quelques mois, elle accepte l'offre de venir passer quelques mois en Israël, en guise de soutien moral pour une amie qu'elle ne verra que les week-ends. Avant de partir, la jeune femme, aidant sa mère à trier les affaires d'un grand-père mourant qui leur est étranger à toutes deux, tombe par hasard sur le journal intime qu'il écrivit durant les années qu'il passa dans l'armée. Curieuse d'en apprendre plus sur quelqu'un qui n'a jamais été proche de sa famille, elle prend le journal avec elle. Cette lecture va bouleverser le séjour festif et dilettante qu'elle avait prévu.

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Erin découvre en effet que Len Matthews a non seulement combattu durant la Seconde Guerre Mondiale, mais que, s'étant ensuite engagé dans l'armée de métier, il servit également en Palestine, territoire alors sous mandat britannique depuis la fin de la Première Guerre Mondiale. Il y resta jusqu'au retrait des troupes anglaises en 1948. De la libération du camp de concentration de Bergen-Belsen jusqu'à la création officielle d'Israël, elle revit à travers son récit la genèse immédiate de l'Etat, mais aussi, de manière plus intime, comment ces évènements brisèrent irréversiblement le jeune homme qu'était son grand-père. Et ce d'autant que, plus que les drames et les trahisons qui marquèrent un service qu'il achèvera en prison, il y a aussi cette promesse mystérieuse qu'il n'a jamais pu tenir envers une famille palestinienne, et qui occupe les dernières lignes de son journal.

Marchant sur les traces de son grand-père, cinquante ans plus tard, Erin va apprendre peu à peu à connaître cet homme dont elle ignorait tout. A travers cette histoire personnelle, en éclairant un pan d'Histoire méconnu, la jeune anglaise va effleurer, troublée, la complexité de la réalité actuelle en Israël/Palestine. De la villa au confort illusoire paradisiaque des parents d'Eliza jusqu'à la maison de martyr à Gaza, en passant par Hebron, son approche manichéenne va vite lui apparaître aussi futile que naïve.

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La première force de The Promise vient de son sujet, forcément complexe et extrêmement sensible, qu'il faut aborder avec subtilité, mais aussi nuances. Peter Kosminsky y applique son style habituel : une approche directe, factuelle, dont la sobriété tend naturellement vers le docu-fiction, tout en demeurant une histoire humaine romancée à vocation pédagogique. La mini-série s'attache donc à dresser un tableau aussi complet que possible, rassemblant les points de vue de tous les protagonistes, tout en utilisant le regard extérieur des Anglais, entraînés dans une situation conflictuelle à laquelle ils sont étrangères. Tel un écho parfaitement complémentaire, le passé pose ainsi les bases et un point de départ, tandis que le présent éclaire le résultat et les maux actuels. Homogène et parfaitement maîtrisée, cette alternance entre deux époques est assurément une des grandes réussites de la mini-série. Elle lui apporte la consistance et cette dimension supplémentaire que confèrent le recul, tout en permettant aussi une meilleure compréhension des enjeux et de ce qui a forgé la mémoire de cette région du monde.

Le personnage d'Erin constitue notre point d'entrée dans ce récit. Le téléspectateur va suivre la genèse d'Israël au rythme de sa lecture du journal intime, tout en découvrant, par ses yeux, la situation actuelle. The Promise fait donc tout d'abord office de récit historique, à travers un angle narratif particulier : celui des soldats anglais. Le service de Len va opportunément permettre de balayer toute cette période trouble. De l'accueil difficile des réfugiés juifs en provenance d'Europe, tout juste libérés des camps de concentration, jusqu'au retrait des forces britanniques qui abandonnent le territoire à une guerre civile, entre exodes et massacres de population locale, la mini-série retrace schématiquement les grandes lignes d'une Histoire tourmentée, choisissant d'éclairer tout particulièrement les étapes importantes et les évènements les plus symboliques, comme l'attentat de l'hôtel King David.

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Cependant, tout en proposant une fenêtre sur le passé, c'est aussi sur le présent que The Promise va s'arrêter. En marchant sur les pas tracés autrefois par son grand-père, Erin découvre le pays tel qu'il existe aujourd'hui. Au fur et à mesure de son séjour, une situation de plus en plus complexe, inextricable, se dessine sous ses yeux de jeune londonienne. A nouveau, la mini-série s'efforce de proposer un panorama complet de ce qu'il s'y passe. Au-delà de la situation rencontrée à à Hebron ou à Gaza, c'est en retranscrivant l'état d'esprit des habitants que la mini-série va réussir son oeuvre la plus aboutie. Avec la figure du frère d'Eliza, libéral opposé notamment à la construction du mur, elle introduit un premier débat, pour ensuite l'élargir progressivement et dépeindre les clivages, mais aussi les sensibilités, d'Israëliens comme de Palestiniens. En présentant tous ces points de vue, irréconciliables, formatés par un passé sanglant et spoliateur autant que façonnés par des drames personnels, The Promise propose un véritable instantané de cette région du monde, esquissant ses complexités et ses paradoxes.

Pour autant, si The Promise se veut didactique, sa réussite va être de ne jamais oublier qu'elle demeure, avant tout, une fiction. Son objet n'est pas seulement un éclairage d'Israël, elle relate surtout une histoire profondément humaine, dotée de storylines parfaitement construites et abouties qui ne donnent jamais  l'impression d'être un simple prétexte pour évoquer ce thème. Prenante sur le fond, mais aussi particulièrement chargée émotionnellement, elle ne laissera pas le téléspectateur indifférent. Car ce dernier s'implique sur un plan affectif : il s'attache à ces deux personnages. Erin et Len ont leurs failles, mais leurs réactions sonnent toujours très justes, même lorsqu'elles manquent de lucidité. Ces deux destinées que la mini-série nous fait vivre en parallèle, sorte de parcours initiatiques qui marqueront profondément chacun des protagonistes, sont aussi intenses l'une que l'autre, même si logiquement plus dramatique pour Leonard. Reste que chaque récit, conduit avec habileté mais aussi beaucoup de rigueur, trouve une résonnance particulière dans un téléspectateur qui s'immerge véritablement dans l'histoire. Si bien que j'ai rarement vu passer aussi vite 1h30 devant mon petit écran.

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Pleinement aboutie sur le fond, The Promise l'est aussi sur la forme, qui va se révéler être à la hauteur des ambitions du scénario. Tout d'abord, la mini-série bénéficie d'une réalisation nerveuse. L'image est esthétiquement épurée, la caméra très réactive sans pour autant trop en faire, insufflant une impression de proximité à l'action. Le style d'ensemble est volontairement sobre. Ceci renforce cette sensation de réalisme, qui frôle parfois la mise en scène du docu-fiction, accentuée pour les évènements se déroulant dans le présent.

De plus, pour asseoir la force des images et des situations retranscrites, The Promise dispose d'une bande-son marquante, composée par Debbie Wiseman qui, utilisée à bon escient, fait rapidement partie intégrante de l'oeuvre. Le thème récurrent permet notamment de rythmer la narration et de souligner efficacement les moments de tensions. A l'écoute de ces morceaux composés uniquement d'instrumentaux, notamment avec du piano et du violon, le téléspectateur perçoit quelque chose de mélancolique, presque pesant et fataliste, derrière ces notes de musique qui sauront le toucher tout particulièrement.

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Enfin, The Promise s'appuie sur un casting solide et convaincant. Si téléspectateur s'investit autant émotionnellement auprès des deux protagonistes principaux, c'est sans doute autant grâce aux récits mis en scène qu'à l'interprétation proposée par ces deux jeunes acteurs. Claire Foy (Little Dorrit, Going Postal), dans un rôle d'observatrice extérieure, encore tellement naïve, qui bouleverse les conventions sociales établies, confirme tout le bien que l'on pouvait déjà penser d'elle. De façon peut-être plus notable, il faut souligner que la mini-série va être l'occasion pour Christian Cooke de revenir du bon côté de la force téléphagique et d'oublier les errements passés, en proposant une interprétation pleine et juste dans un registre autrement plus consistant que les séries (Demons, Trinity) dans lesquelles j'avais pu le croiser jusqu'à présent.

A leurs côtés, c'est toute une galerie d'acteurs au diapason de l'atmosphère de la mini-série qui les secondent efficacement. Parmi eux, on retrouve notamment Itay Tiran (Ha-Burganim), Katharina Schüttler (Carlos), Haaz Sleiman (Nurse Jackie), Ali Suliman, Perdita Weeks (Lost in Austen, The Tudors), Ben Miles (Lark Rise to Candleford), Smadar Wolfman ou encore Holly Aird (Waking the Dead, Identity).

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Bilan : Drame humain autant que récit didactique, The Promise est une mini-série aussi prenante que fascinante, à la fois radiographie du présent et fenêtre sur le passé. Dotée d'une narration homogène, composée de deux intrigues - dans le passé et dans le présent - qui s'emboîtent parfaitement et se complètent, The Promise trouve le juste équilibre entre sa volonté d'exposer une réalité actuelle complexe, dont les racines s'inscrivent dans le genèse-même de cet Etat, et une dimension humaine jamais négligée, avec des personnages forts auprès desquels le téléspectateur s'implique émotionnellement. En somme, sa réussite est de parvenir, en utilisant le prisme des histoires personnelles de ses protagonistes, à éclairer en arrière-plan la situation inextricable de cette région du monde. Cette mini-série aboutie et maîtrisée sur le fond comme sur la forme mérite assurément le détour.


La diffusion française sur Canal + est prévue à partir du 21 mars prochain. Un seul conseil : à ne pas manquer.


NOTE : 9/10


A écouter sur le sujet : une interview de Peter Kosminsky dans une émission de France Culture début février.


Un teaser :


Une bande-annonce de la mini-série :


02/03/2011

(J-Drama / Pilote) CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa : du policier très classique mais sympathique

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Commençons ce premier mercredi asiatique du mois sous le signe du policier. En attendant de jeter un oeil à la série sud-coréenne Crime Squad, je me suis penchée sur d'autres nouveautés de la saison hivernale au Japon, et plus particulièrement ces séries à enquêtes qui semblent avoir la capacité de prospérer dans les écrans de tous les pays. Parmi le large choix proposé actuellement au Pays du Soleil Levant, deux dramas ont retenu mon attention ce week-end : LADY ~ Saigo no Hanzai Profile et CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa.

Tous deux s'inscrivent dans cette vague porteuse du profilage. A qualité d'écriture plus ou moins similaire, reconnaissons à LADY ~ Saigo no Hanzai Profile le fait de savoir s'emparer sans doute de façon plus énergique et moderne de ce concept, cependant son long pilote d'1h40 (!) m'a semblé interminable. Point plus problématique, j'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser au sort de ses différents protagonistes, mes sentiments à l'égard de l'héroïne fluctuant entre indifférence et agacement. A l'inverse, CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa m'a paru autrement plus sympathique. Moins ambitieuse - d'aucuns diraient moins présomptueuse - et finalement, plus facile à apprécier, avec ses qualités comme ses défauts. C'est pourquoi c'est de cette série, diffusée sur Fuji TV depuis le 11 janvier 2011, dont je vais vous parler aujourd'hui. D'autant que l'entraînante - et inattendue - chanson qui clôture ses épisodes mérite d'être saluée.

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Segawa Rio est une jeune détective impulsive et ambitieuse, qui n'hésite pas à prendre des risques et à dire le fond de sa pensée, sans forcément d'ailleurs que celle-ci soit sollicitée par des supérieurs que sa constante débauche d'énergie et son zèle de tous les instants exaspèrent. Une prise de risque de trop se termine dans une fusillade où Rio est grièvement blessée. Si cet évènement n'altère en rien ses certitudes,lorsqu'elle reprend le travail après s'être rétablie, elle apprend qu'elle a été transférée au siège de la police métropolitaine de Tokyo, dans les unités traitant des crimes violents. Mais, tout en retrouvant dans cette brigade un ancien camarade de promotion, Teranishi Kei, Rio se rend malheureusement compte ce n'est pas sur le terrain qu'elle est affectée.

En effet, la jeune femme échoue à un mystérieux poste de management qui consiste plutôt à jouer les assistantes, voire les babysitters, pour un nouveau consultant auquel leurs supérieurs ont décidé de recourir. Universitaire spécialisé en psychologie, Nagumo Jun a répondu positivement à la sollicitation des autorités. Il voit surtout dans cette opportunité de travailler avec la police la possibilité de consulter directement de nombreux dossiers d'affaires pour l'aider dans les recherches qu'il conduit sur le comportement humain. Ses théories, qui sonnent sans doute justes dans ses livres, pourront-elles aider à la résolution des enquêtes, ou s'avèreront-elles incapables de franchir la frontière de la réalité pour s'appliquer à la diversité des situations croisées ?

L'universitaire posé et la policière forte tête n'étaient sans doute pas destinés à essayer de travailler ensemble, mais ce duo a priori si dissemblable pourra peut-être donner des résultats inattendus.

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A la seule lecture de ce synopsis, il est aisé de percevoir que CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa va reposer sur une dynamique connue et qui a fait ses preuves : celle de l'association improbable de deux professionnels, aux tempéraments clairement affirmés et aux méthodes forcément très différentes, mais qui vont apprendre à collaborer pour devenir complémentaires. La recette est éprouvée, mais elle n'en demeure pas moins efficace si sa mise en scène est bien gérée, ce que l'introduction ce drama nous prouve une nouvelle fois. En effet, en dépit des stéréotypes auxquels ces bases renvoient a priori, le traitement des relations qui se nouent entre les deux personnages principaux se révèle étonnamment rafraîchissant et plaisant à suivre à l'écran. Il aurait été facile de verser dans la surenchère et de forcer, mais CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa opte pour une opportune sobriété. La série trouve finalement le juste équilibre entre une dynamique pimentée d'oppositions, tendant plus vers la comédie, et une atmosphère plus sérieuse de drama adulte d'enquêtes.

De manière générale, pour qu'un procedural show, quelque soit sa natonalité, parvienne à retenir mon attention, ce qui va faire toute la différence, ce ne sont généralement pas tant les enquêtes (à moins d'un grand arc couvrant toute la saison) que les personnages. Et c'est justement par sa dimension humaine, avec ses protagonistes sympathiques, que le pilote de CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa réussit son entrée en matière. Le sur-investissement émotionnel de Rio, avec ses attitudes toujours trop spontanées, est parfaitement contrebalancé par la douce excentricité de Jun, lequel conserve toujours une prudente distance d'observateur face aux faits auxquels il est confronté. Ce n'est pas une dynamique qui marque par une quelconque originalité - qu'elle ne recherche d'ailleurs pas -, mais son attrait réside dans cette impression de naturel. Les oppositions et autres différences de vues ne tombent jamais dans le jusqu'au-boutisme facile. Aucun personnage n'en fait trop (même si Jun manifeste une certaine tendance à s'écouter parler). Si bien que c'est cette confortable justesse de ton qui permet de s'attacher à eux individuellement, mais aussi au duo qu'ils forment ensemble.

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Sur la forme, CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa reste également sobre. Si sa réalisation est de facture classique, en revanche, c'est par sa bande-son que le drama retient l'attention du téléspectateur. Non seulement par son utilisation fréquente de petites musiques rythmées, qui permettent d'alléger l'ambiance et de souligner les passages plus détendus, mais aussi par un générique de fin qui offre une conclusion parfaite. Le montage des images n'a rien d'innovant, mais la chanson choisie surprend, par son côté très entraînant et dynamique. Ce fut pour moi un petit coup de coeur musical.

Enfin, il convient de saluer le casting, qui n'est pas pour rien dans cette appréciation positive des personnages que le téléspectateur retire de ce premier épisode. On y retrouve quelques valeurs sûres du petit écran japonais. Matsushita Nao (Tantei Club) fait preuve d'un dynamisme communicatif, tandis que Fujiki Naohito (Hotaru no Hikari) n'a pas son pareil pour mettre en scène un flegme universitaire difficile à ébranler. A leurs côtés, on retrouve notamment Yokoyama Yu, Kitamura Yukiya, Usuda Asami, Sato Jiro, Katsumura Masanobu ou encore Izumiya Shigeru.

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Bilan : Procedural show construit sur des bases d'un classicisme assumé, si le pilote de CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa se révèle plaisant à suivre, il le doit tant à sa sobriété, qui lui confère une forme d'authenticité, qu'à la dynamique sympathique qui se crée rapidement entre ses personnages principaux. Ce premier épisode n'est sans doute pas celui d'une série policière ambitionnant de marquer ou de surprendre, mais il installe un univers confortable et pose des points de repère auxquels le téléspectateur s'attache aisément. Les amateurs du genre ne seront sans doute pas déçus.

Et puis, dernier point non négligeable pour permettre de quitter le pilote sur une bonne impression : la chanson du générique de fin (dont je vous propose, en bonus, le MV intégral ci-dessous - il s'agit de la dernière vidéo) !


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :


Le générique de fin (et sa musique surprenante et rafraîchissante !) :


BONUS : Le MV de l'excellente chanson du générique (Ginga no Hoshikuzu, par Kuwata Keisuke) :


28/02/2011

(Pilote US) Camelot : les légendes arthuriennes, une source d'inspiration inépuisable

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Les légendes arthuriennes... Voilà bien un sujet d'inspiration par excellence. Livres, films et bien entendu séries, depuis le Moyen-Âge, cet univers qui fait vibrer notre imaginaire s'est modelé en fonction de son public et a pu se décliner en autant d'adaptations, semblables et différentes à la fois. Chacun y va de son interprétation pour révisiter le mythe ces dernières années dans le petit écran, des shortcom françaises (Kaamelott) aux séries fantastiques familiales anglaises (Merlin), en passant par des mini-séries, elle-mêmes déclinaisons d'adaptations littéraires, comme Les brumes d'Avalon. Le sujet demeure une source d'inspiration pour les scénaristes.

Si bien qu'en ce début d'année 2011, c'est la chaîne câblée américaine Starz qui se lance à son tour dans sa propre version du mythe arthurien, en repartant aux origines de la légende. Elle confirme par là-même tout son attrait pour les séries historiques - un genre dans lequel elle finit par se faire une place. A défaut d'avoir de grandes attentes sur la série elle-même, le casting avait l'air plutôt sympathique et comme je ne sais résister à l'appel d'un plongeon dans un univers médiéval (qui plus est légendaire), j'ai donc jeté un oeil sur le pilote que Starz a diffusé ce vendredi.

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La série part sur les bases d'un récit initiatique classique. Le rêve de Camelot n'existe dans ce premier épisode que dans les visions aléatoires d'un Merlin qui craint plus que tout l'anarchie et le chaos menaçant de déchirer le royaume en l'absence de dirigeant suffisamment fort et juste pour maintenir l'ordre. Comme un symbole de l'idéal perdu et du pouvoir à reconstruire, le château de Camelot, celui-là même au sein duquel la légende se forgera, n'est que ruine dans ce pilote qui va efficacement poser les jalons de l'histoire à venir.

L'épisode s'ouvre dans une autre demeure, celle du roi Uther Pendragon, le jour du retour d'une fille prodigue, Morgane, envoyée au loin par un père qui ne voulait plus d'elle. Les retrouvailles se passent forcément mal, la simple vue de la nouvelle reine ayant remplacé sa mère, Ygraine, rendant la jeune femme folle de rage. Après une énième répudiation, cette fois, Morgane décide de définitivement tourner la page, en empoisonnant son père pour pouvoir réclamer ses droits d'unique héritière sur ses terres. Si l'arrivée précipitée de Merlin ne pourra sauver le roi, il a cependant le temps de lui faire signer un document reconnaissant et instituant un autre héritier, un fils que Merlin prit et éloigna dès sa naissance, à la fois fruit et prix des amours magiques entre Ygraine et un Uther qui avait pris l'apparence de son mari d'alors. 

Loin de ces intrigues létales, Arthur a grandi dans une ferme, détaché de toutes ces préoccupations. Il cultiverait même plutôt une insouciance puérile propre à la jeunesse. Mais lorsque Merlin le retrouve, désormais jeune adulte, c'est toute sa vie qui va prendre un brusque tournant inattendu avec la révélation de sa naissance et du destin que l'on entend lui faire accomplir. Avec le soutien de son frère adoptif, Kay, Arthur quitte donc le confort familial pour se lancer dans une lutte de pouvoir dont il ne prend pas réellement conscience initialement, à la poursuite d'un idéal que seul Merlin semble à même de voir. Le jeune homme a peut-être les habits d'un roi, mais il lui reste encore tout à apprendre pour en devenir un... et tout à conquérir. Car Morgane n'entend pas laisser échapper les droits qui lui reviennent.

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Le pilote de Camelot démarre avec la tranquillité et l'assurance des fictions qui savent où elles vont. Sachant capitaliser sur cette impression de retrouvailles avec un mythe familier qu'éprouve forcément le téléspectateur, l'épisode se contente, sans trop en faire, presque modestement mais non moins efficacement, de poser les bases d'une histoire de toute façon connue. Son ambition narrative est simple : il s'agit d'une invitation à se laisser entraîner dans un récit où les dynamiques ont fait leur preuve. Il y parvient avec sobriété en nous introduisant dans les grands enjeux qui vont constituer le coeur de la série. La mort d'Uther sert de prétexte catalyseur parfait pour nous permettre d'assister aux bouleversements déterminants et à la redistribution des cartes qui s'opère entre les différents protagonistes. Tandis que parmi eux, certains se forgent déjà ces oppositions irréductibles qui ne flétriront plus, Camelot trouve progressivement son équilibre.

Au fond, ce que réussit ce pilote, c'est d'avoir su parfaitement coller à ce qui pouvait légitimement être attendu d'un tel projet. Nul n'attendait des innovations, des surprises ou encore d'être impressionné par une recherche de réalisme, une intensité dramatique particulière ou une esthétique marquante. Il s'agissait simplement de proposer une adaptation s'inscrivant dans le divertissement historique, suffisamment plaisante à suivre pour que le téléspectateur ait envie de se laisser entraîner... Et puis, ultérieurement, il sera toujours temps, pourquoi pas, de la voir grandir. Porté par ses dialogues aux réparties insufflant une dynamique à l'ensemble, le pilote de Camelot remplit d'autant mieux son office que les personnages qu'il met en scène vont facilement retenir l'attention d'un téléspectateur qui se surprend à rapidement s'attacher. La spontanéité rafraîchissante d'Arthur, les mystères de Merlin, le machiavélisme de Morgane ou encore le soutien fraternel de Kay, aussi calibrés soient-ils, embrassent certes des stéréotypes attendus, mais ils le font tout en sachant paradoxalement conserver une certaine distance.

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Honnête sur le fond, Camelot l'est aussi sur la forme. Les décors et les efforts de reconstitution historique permettent de se laisser entraîner sans arrière-pensée dans l'histoire. La réalisation reste classique, mais ne dépareille pas. La musique remplit également son office pour verser dans la dramatisation quand il le faut. Relevons tout particulièrement celle qui accompagne le long générique d'ouverture, agréablement soigné et qui reflète bien l'ambiance mi-sacralisée, mi-légendaire de l'histoire, et donne le ton à l'ensemble.

Enfin, point assurément non négligeable, Camelot bénéficie d'un casting sympathique, dans l'ensemble solide, qui compense certaines facilités narratives et explique aussi le relatif attachement que pourra vite éprouver le téléspectateur à l'encontre des personnages. Arthur est incarné avec conviction par Jamie Campbell Bower (The Prisoner), efficacement secondé par Joseph Fiennes (Flash Forward) qui propose une interprétation terre à terre assez rafraîchissante de Merlin, tandis qu'Eva Green incarne l'adversaire, en la personne de Morgane. Pour aider Arthur, on retrouve notamment à ses côtés, Peter Mooney (Falcon Beach, ZOS : Zone of Separation) qui joue son frère adoptif, Claire Forlani (Les Experts : Manhattan), sa mère. De plus, on croise également Clive Standen (aperçu dans quelques épisodes de Robin Hood), Philip Winchester (Crusoe) ou encore Sinéad Cusack (North & South, The Deep). Tamsin Egerton (dernièrement croisée dans Money, dont on retiendra pour l'anecdote qu'elle jouait déjà dans Les brumes d'Avalon) incarnera Guenièvre.

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Bilan : Sans démesure, avec la tranquille certitude d'exploiter un concept porteur, mais aussi une certaine humilité dans sa façon de s'attaquer à cette légende, le pilote de Camelot réussit son pari de poser les bases d'un divertissement médiéval aux accents initiatiques attrayants (en raison de la jeunesse d'Arthur). Portée par un casting dans l'ensemble solide et sympathique, la série s'installe avec simplicité. C'est typiquement le genre de fiction qui va s'attacher, sans arrière-pensée, ni prétention, à exploiter pleinement son histoire. Elle n'a rien d'incontournable, et chacun pourra sans doute passer son chemin sans nourrir de regret. Mais pour le téléspectateur en quête d'aventures moyen-âgeuses, c'est un début honnête que propose cette série à laquelle j'ai envie de donner sa chance. Rendez-vous donc pris pour avril.


NOTE : 6/10


La bande-annonce :

27/02/2011

(Pilote UK) Silk : un legal drama académique à humaniser

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Vous ai-je déjà dit combien j'aimais les legal drama ? C'est un genre à part, mais qui m'a toujours fasciné. J'en consomme sans doute moins qu'il y a quelques années. Je n'ai toujours pas jeté un oeil à Harry's Law, la dernière née américaine du maître en la matière, David E. Kelley. Mais cela reste une thématique que j'aime tout particulièrement voir abordée par la fiction, notamment pour l'éclairage sociétal inhérent à toute chronique du judiciaire.

Par conséquent, la première fois que j'ai entendu parler d'un tel projet écrit par Peter Moffat, lui-même ancien barrister et dont le nom reste notamment associé ces dernières années à la très intéressante Criminal Justice (déjà diffusée sur BBC1), j'étais assez impatiente de découvrir le résultat. D'autant plus que le casting conduit par Maxime Peake s'annonçait sympathique, avec également Rupert Penry-Jones à l'affiche. C'est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis installée devant le pilote de Silk, qui a débuté ce mardi 22 février 2011, sur BBC1.

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Si Silk paraît immédiatement familière au téléspectateur, c'est qu'elle s'empare d'un sujet bien connu : relater le quotidien de jeunes barristers, cadencé par les audiences et les nuits blanches qui se succèdent pour tenir un rythme effréné qui leur permettra peut-être d'atteindre leurs hautes ambitions. Car, comme son titre l'indique, c'est sous couvert de la quête d'une ascension professionnelle particulière que la série nous plonge dans ce milieu où les civilités policées usuellement en vigueur cachent mal une concurrence exacerbée, qui se joue parfois au détriment du client et qui confine aussi à l'occasion à un machisme d'un autre âge. Car "taking Silk", c'est-à-dire réussir à être nommé Queen's Consel, a beau être l'objectif ultime de ces praticiens du droit , le nombre de femmes à avoir obtenu ce rang particulier est loin de refléter la relative féminisation de la profession. L'héroïne de la série, Martha Costello, n'entend toutefois pas se laisser intimider par ces considérations statistiques.

Ce pilote nous présente la jeune femme en l'introduisant dans ce que l'on pourrait qualifier de suite de "journées-types" : de l'enchaînement des audiences aux difficultés pour tenir professionnellement un tel rythme, rien ne sera épargné à Martha pour ce premier épisode. Si elle bénéficie du soutien sans faille de Billy Lamb, gestionnaire de la chamber dans laquelle elle travaille, elle doit également composer avec la rivalité directe de Clive Reader, un collègue qui entend bien être le prochain à devenir Queen's Consel. La chamber ne pouvant probablement espérer qu'une seule promotion, Martha et Clive se retrouvent donc en concurrence directe. L'arrivée de nouveaux assistants, Nick Slade et Niamh Cranitch, ne va faire qu'exacerber les tensions tandis que chacun des deux barristers accueille un de ces pupils sous sa direction.

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Sur le papier, Silk semble a priori réunir tous les ingrédients nécessaires à la création d'un attrayant legal drama. Un fil rouge assuré par cette ambition de devenir Queen's Consel, des protagonistes aux personnalités affirmées conduits à s'opposer, une pression permettant de maintenir une cadence soutenue qui évitera tout ennui possible, et des intrigues judiciaires qui constituent autant de challenges professionnels prompts à susciter des dilemmes éthiques insolubles pour les barristers. Parfaitement huilé, ce pilote s'efforce d'ailleurs de nous introduire ces éléments, déclinant sous forme de récital mécanique tous les enjeux que la série abordera.

Tout aussi classiquement, c'est par le regard des nouveaux assistants que le téléspectateur découvre ce milieu :  à travers les explications et rapides décryptages sur les moeurs judiciaires faites à l'attention de Nick, c'est à l'observateur extérieur devant son petit écran que le scénariste s'adresse. La distribution des fonctions au sein du système judiciaire nécessitera sans doute un temps de découverte au téléspectateur (non britannique) qui n'y serait pas familier. Dans cette optique, l'épisode dresse un tableau aux finalités surtout pédagogiques, esquissant notamment les rapports entre les solicitors et les barristers, mais aussi éclairant la procédure permettant de devenir Queen's Consel. Si cela semble une étape nécessaire, l'ensemble n'échappe cependant pas à l'écueil de l'exposé scolaire.

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Aussi appliqué soit-elle, c'est peut-être justement cet excès d'académisme qui empêche Silk de vraiment imposer sa marque dès ce pilote. En effet, si ce cocktail attrayant de quotidien judiciaire chroniqué laisse entrevoir les bases d'un potentiel incontestable, on sent confusément qu'il manque pour le moment quelque chose. A trop vouloir remplir le cahier des charges supposé du genre, l'épisode manque de spontanéité. La prévisibilité de sa construction narrative va plutôt lui donner l'allure d'une énième déclinaison d'un concept certes intéressant, mais auquel il est impératif de donner plus de relief pour s'investir sur le long terme.

En fait, tout s'emboîte trop parfaitement dans ce pilote. Plus que les storylines judiciaires dont le classicisme ne remet pas en cause l'efficacité et qui rejoignent cette tonalité scolaire liée à un premier épisode, c'est en priorité sa dimension humaine que Silk devra travailler. En effet, les personnages, pour le moment très unidimensionnels, sont trop facilement catégorisés dans des stéréotypes qu'il faudra nuancer à l'avenir. Pour autant, si Silk doit encore gagner en épaisseur, le pilote laisse entrevoir un potentiel, en témoigne la force des contre-interrogatoires par Martha du vieil homme agressé. La série dispose du cadre pour devenir un legal drama complet, à défaut de ré-inventer le genre.

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Sur la forme, Silk est une oeuvre soignée, dont la réalisation maîtrisée s'inscrit dans la lignée des fictions proposées en prime-time sur BBC1. L'image est travaillée, tout en restant dans un classique de circonstances. Signalons également l'effort réalisé pour les images d'un générique superbe, dont l'esthétique rappelle, par exemple, celui de l'élégante série policière Luther. Les deux sont une création de la compagnie Momoco, à laquelle on devait également dernièrement celui de Zen.

Enfin, Silk bénéficie d'un casting globalement homogène et assurément solide qui  conduit à être optimiste pour la suite. Derrière une Maxine Peake (Shameless, The Devil's Whore, Little Dorrit, Criminal Justice) fidèle à elle-même, aux interprétations toujours parfaitement maîtrisées, on retrouve à ses côtés Neil Stuke (Trust, Monday Monday, Reggie Perrin) en soutien indéfectible et Rupert Penry-Jones (Spooks, Whitechapel) en rival prêt à tout. Tom Hughes (Trinity) et Natalie Dormer (The Tudors) incarnent ces jeunes assistants qui vont rapidement comprendre les règles du jeu au sein de la chambers. Et Nina Sosanya (Meadowlands/Cape Wrath, Five Days) et John MacMillan complètent ce casting convaincant.

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Bilan : Derrière ses atours excessivement académiques, Silk laisse entrevoir au cours de ce pilote un potentiel indéniable dont il lui reste encore à prendre la mesure. Apparaissant surtout comme un épisode d'exposition pour servir d'introduction dans cet univers et en comprendre les codes, l'épisode souffre d'un déroulement prévisible qui manque de relief. Cependant, les bases étant désormais toutes posées, les protagonistes installés, les enjeux déclarés, la suite devrait permettre à la série de se départir de cette impression scolaire pour se construire une identité. La bande-annonce de l'épisode suivant apparaît en tout cas autrement plus pimenté. A suivre.


NOTE : 5,75/10


La bande-annonce de la série :

26/02/2011

[TV Meme] Day 26. OMG WTF season finale

La sensibilité du téléphage à ce jour du TV Meme est un des symptômes de sa passion. Elle représente la capacité des scénaristes à lui fixer un rendez-vous qu'il n'oubliera pas, celui qui aura lieu dans quelques mois pour le retour des inédits de la série. Dans la construction narrative d'une fiction dont le format lui permet de s'étendre sur plusieurs années, la gestion de ces transitions est fondamentale. Cela signifie pas que ces fins de saisons seront automatiquement des ruptures. Certaines optent pour une simple continuité à peine perturbée, laissant le téléspectateur à son confort déjà bien rodé. De manière générale, entre la sobriété d'une season finale sans à-coup et les excès de remises en cause versant dans la surenchère, je préfèrerais toujours la première.

En somme, jouer avec les nerfs du téléphage, c'est grisant. Mais attention, il existe un art du cliffhanger  pour ne pas laisser un arrière-goût désagréable d'artificialité à un téléspectateur qui n'aime pas non plus la manipulation à outrance.

 

J'ai tendance à penser qu'un cliffhanger réussi sera tout simplement un passage qui restera dans notre mémoire téléphagique. Tous n'ont pas à être "explosifs". On a aussi connu ces conclusions emportant d'innombrables questions existentielles, voire plus superficielles, qui laisseront un aspect particulier en suspens sans empêcher le téléspectateur de dormir pour les prochains mois. La vie personnelle des héros peut en susciter plus d'un. En symbolique de cet effet d'annonce facile, mais dont je garde un souvenir plein de tendresse : la demande en mariage particulière dans Lois & Clark, saison 2, avec le "who's asking Clark or Superman ?" (oui, j'étais une adolescente un tantînet fleur bleue !). Mais l'élément introduit peut être autrement plus dérangeant, comme découvrir la personne à côté de laquelle Lorelai se réveille à la fin de la saison 6 de Gilmore Girls.

Lois & Clark : Les nouvelles aventures de Superman, saison 2


Néanmoins, les cliffhangers les plus aboutis, ceux dont on se souvient encore parfaitement lorsque l'on jette un regard rétrospectif sur la série, ce seront avant tout ceux qui auront fait vasciller les bases même du récit. S'ils sont bien maîtrisés, ils peuvent être géniaux. En leur sein, deux grandes catégories se distinguent : ceux qui optent pour le suggestif, en laissant la storyline en suspens (par exemple en mettant en danger la vie d'un (ou plusieurs) personnage mais sans que l'on sache ce qu'il va lui advenir), et ceux qui provoquent le bouleversement avant la fin, pour nous abandonner devant un "to be continued" qui n'aura jamais été aussi frustrant que lorsque vous venez d'assister à une telle redistribution des cartes.


Des season finale appartenant à la première catégorie, parmi ceux qui me viennent instinctivement à l'esprit, je citerais notamment : certaines des fins de saison de Spooks (MI-5), série qui nous laissa plus d'une fois sans voix notamment lors de ses deux premières saisons ; mais également Babylon 5 (saison 3 - Za'ha'dum) ; ou encore Farscape qui en a fait une spécialité maîtrisée (saison 2 - Die Me Dichotomy ; saison 4 - Bad Timing) ; et enfin The West Wing, saison 1 : What Kind of Day Has It Been ?. Le seul que j'ai vécu pleinement (c'est-à-dire pour lequel je n'ai pas pu lancer le DVD de l'épisode suivant dans la foulée) est le dernier, c'est sans doute pourquoi il demeure emblématique dans mon esprit, tout en mettant en scène un indémodable classique : une fusillade. Plus que le contenu, ceci s'explique par les conditions (compliquées) dans lesquelles je l'ai suivi : dans l'anonymat des soirées du vendredi de l'été 2001, France 2 avait confidentiellement diffusé la saison 1. Elle ne reprit sa diffusion de la saison 2 à destination des noctambules que plusieurs années après (2005 ?). Entre temps, je vous rassure, j'avais pu me ruiner en investissant dans les coffrets DVD sortis. Il reste que c'est sans doute le season final que j'ai ressenti le plus intensément parce que j'ai été forcée de respecter ce délai théoriquement imparti entre les deux saisons. Ce qui m'amène à penser que pour qu'un cliffhanger puisse être vraiment apprécié, il faut que son visionnage respecte le rythme de diffusion pour lequel il a été conçu ; mais aussi éviter de tomber dans cette chasse aux spoilers quasi-obsessionnels pour certains. Il faut rester dans sa bulle et apprécier le récit pour ce qu'il est (une utopie à notre époque).

The West Wing, saison 1 : What Kind of Day Has It Been ?



Cependant, les fins les plus marquantes restent sans conteste celles qui ont su bouleverser vraiment les bases narratives de la série, celles qui ont remis en cause tout ce quotidien confortable dans lequel le téléspectateur avait pris ses habitudes, faisant voler en éclat toutes ses certitudes conquises après plusieurs saisons à fréquenter les personnages et la dynamique d'ensemble. Ne nous voilons pas la face : ce sont aussi les cliffhanger les plus risqués. Il est si facile de trop en faire, d'égarer la recette de la série, voire de jump-er the shark en étant ensuite incapable de rebondir à partir des nouvelles données.

Parmi ces cliffhangers les plus ambitieux, deux me viennent tout particulièrement à l'esprit. Tout d'abord, celui de la fin de la saison 2 d'Alias. Je vous l'ai déjà dit : je n'aime pas le style de J. J. Abrams ; quelque part au milieu de Ses conceptualisations mythologiques, de sa gestion d'écriture et des personnages, j'ai un jour eu une réaction épidermique de rejet que je n'ai depuis jamais surmontée. Alias fut la dernière série que j'ai, un temps (2 saisons), pu apprécier - je crois qu'elle est aussi celle qui m'a vacciné de l'illusion des fictions mythologiques. Mais j'ai beau nourrir nombre de griefs à l'encontre du scénariste, je suis la première à reconnaître que ce final de la saison 2 était... magistral ! Je m'en souviens encore comme si c'était hier : il mêlait absolument tous les ingrédients, une vraie remise à plat générale, avec du mystère, de la mythologie et des instants shipper. Je me rappelle trépignant devant ma télé en m'écriant (intérieurement) : "non, ce n'est pas possible !".

L'autre grand final de ce genre conclut aussi une saison 2, il s'agit de  Battlestar Galatica (Lay down your burden). Sur New Caprica, les colons sont désormais installés, Gaïus est président... Une illusion de presque happy end balayée et réduite à néant en un instant, par ces quelques dernières minutes qui relancent ce cycle fatal sans fin : l'arrivée des cylons.

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Pour autant, si la science-fiction offre des possibilités fascinantes pour conclure une saison, j'ai aujourd'hui opté pour un autre genre de bouleversement. Une fin plus basique mais tout aussi intense qui vient consacrer, de la plus terrible des façons, une autre spirale : un glissement hors de contrôle déjà perceptible, désormais irréversible. Il s'agit d'une mort particulière, comme un symbole, celle qui vient marquer la fin de la saison 5 de The Shield.

Ce meurtre glaçant prend au dépourvu par ses circonstances, tant par la victime que par l'identité du tueur... Elle marque véritablement la fin de l'idée même de la Strike Team, telle qu'on a pu la connaître en dépit de tous les aléas. La sentence de Vic, à la toute fin de l'épisode, où il promet une vengeance implacable nous confirme que plus rien ne pourra être comme avant. Même s'il ne le sait pas encore, la confrontation avec Shane se profile irrémédiablement à l'horizon. L'engrenage infernal lancé des années plus tôt vient soudain de s'accélérer dangereusement, le téléspectateur étant pleinement conscient que cela ne peut que mal se terminer.

The Shield, le superbe teaser de la saison 6 :



The Shield
- Entre la 5 et la 6, un webisode effectuait un lien entre les saisons :