06/07/2011
(K-Drama / Pilote) Heartstrings (You've fallen for me) : une parenthèse étudiante et musicale dispensable
C'est l'été, il fait (théoriquement) beau. En ce premier mercredi asiatique du mois de juillet, intéressons-nous à un de ces dramas légers qui convient à la période estivale, avec une des dernières nouveautés du petit écran sud-coréen : Heartstrings (You've fallen for me). Autant le dire sans détour, derrière ces allures de Playful Kiss musical, ce drama ne semblait a priori pas vraiment m'être destinée. D'autant que le mois de de juillet s'annonce chargé et promet a priori beaucoup de Warrior Baek Dong Soo à The Princess' Man, en passant par Myung Wol the Spy.
En attendant, soyons malgré tout curieux. Hearstrings, c'était aussi l'occasion de retrouver au moins brièvement Park Shin Hye, pour qui j'ai beaucoup d'affection. Lancé le 29 juin 2011 sur MBC, ce drama devrait comporter 16 épisodes et s'achever le 18 août prochain, diffusé tous les mercredi et jeud soirs. Reste que les deux premiers épisodes auront plutôt confirmé mes réticences vis-à-vis de cette série : un drama très dispensable, mais dont l'alchimie prendra peut-être auprès d'un certain public si le couple principal sait s'affirmer.
Heartstrings se déroule sur un campus universitaire, nous plongeant dans les différents départements de musique. Lee Kyun Won est une jeune femme étudiant les instruments traditionnels coréens, perpétuant ainsi l'oeuvre de son grand-père qui l'a élevé et poussée sur cette voie musicale particulière. Dévouée, elle s'efforce de remplir les attentes que ce dernier place en elle. Un soir, ses amies l'entraînent malgré elle à un concert d'un groupe de musique autrement plus moderne, qui fait fureur sur le campus : "The Stupid". Le chanteur et guitariste du groupe, Lee Shin, jouit d'une jolie popularité auprès des étudiantes ; mais le jeune homme, au-delà de sa passion pour la musique, se montre particulièrement froid et arrogant avec tous ceux qu'il côtoie. La seule qui semble l'atteindre est une professeure de danse.
La performance du groupe ne laisse cependant pas indifférente Kyun Won, qui embauche The Stupid pour une soirée de récolte de fonds afin de payer les frais d'hospitalisation d'une enseignante du département des instruments traditionnels. Lee Shin ne pouvant s'y rendre à temps, la tension entre lui et Kyun Won ne cesse de monter et les conduit à se poser un challenge sur la popularité de leurs genres de musique respectifs : lequel est susceptible de remporter les suffrages des autres jeunes gens du campus ? Pendant ce temps, un directeur ayant travaillé à Broadway est sollicité pour monter un important spectacle qui représentera l'université..
Heartstrings est un de ces dramas frustrant contre lequel il est paradoxalement difficile de s'énerver au vu des ambitions minimales affichées. Sans prétention aucune d'originalité, il assume pleinement le fait d'investir une recette bien connue qui a l''avantage d'avoir fait ses preuves. Il faut d'ailleurs concéder que la dynamique du duo principal, logiquement aussi peu accordé que possible de prime abord, fonctionnent relativement bien, en dépit d'une prévisibilité constante, qui donne un peu l'impression de voir rejouer des scènes auxquelles on a déjà assisté 100 fois, mais avec autrement plus d'intensité et de justesse. La seule réelle valeur ajoutée de l'ensemble tient à l'intégration de l'univers musical, l'opposition entre musique traditionnelle et moderne servant de fil rouge aux confrontations des protagonistes. Si cela sonne parfois un peu artificiel, cela a le mérite de renforcer la légitimité estivale de ce drama qui, sans être une comédie, semble finalement plutôt léger.
Cependant l'aspect high school musical ne va parvnir à réellement donner le change et à masquer les maladresses de ces deux premiers épisodes. Trop brouillon, Heartstrings souffre du syndrome des intrigues secondaires parachutées où les faux-raccords sont nombreux. Souvent déconnectées et contribuant à prêter à confusion sur la tonalité réelle du drama et sur ses enjeux, elles plombent le rythme de l'ensemble, à a fois trop longues et inintéressantes pour s'intégrer dans l'histoire. Le manque de maîtrise dans la narration est assez criant à ce niveau : soit ces passages introduisent des parenthèses trop légères (le running-gag déjà si lourd avec le bassiste et la nourriture), soit ils survolent brièvement des thématiques au potentiel beaucoup plus pesant (l'anorexie par exemple). Cela part un peu dans tous les sens sans vraiment de liant. Pour autant ce manque d'homogénité du récit ne serait pas si dommageable si le drama n'échouait pas à éveiller l'intérêt du téléspectateur pour tout cet à côté complètement dispensable.
Les limites de Heartstrings se révèlent donc assez rédhibitoires. Pour dépasser ses défauts, ses deux seuls attraits résident dans un univers musical qui semble trop semblable à une pièce artificiellement rapportée pour pouvoir à lui seul séduire et un couple où le lead-in masculin fait trop pâle figure pour que la dynamique prenne complètement.
Poussif sur le fond, Heartstrings n'est guère mieux loti sur la forme. La réalisation est acceptable, mais donne plus l'impression de subir que de conduire et maîtriser les scènes portées à l'écran. Sans doute trop classique, voire trop scolaire, pour s'affirmer. En revanche, l'univers musical s'impose sans hésitation comme l'attrait majeur de ce drama : l'alternance proposée entre musique moderne et instruments traditionnels nous offre des sonorités très différentes. Les musiques ou chansons, accrochant plutôt bien l'oreille du téléspectateur, accompagnent ainsi agréablement ces deux épisodes.
Reste que Hearstring aurait certainement eu besoin d'un casting très solide pour espérer compenser en partie ces faiblesses. Ce n'est malheureusement pas le cas. Si l'ensemble manque de naturel, la seule à s'imposer est sans surprise Park Shin Hye (You're Beautiful), qui sait capitaliser sur un charme plein de vitalité où perce une forme d'innocence rendant son personnage instantanément attachant. Face à elle, j'avais quelques inquiétudes sur le fait de confier le lead-in masculin à Jung Yong Hwa (You're Beautiful). Le couple s'avère en effet très déséquilibré à l'écran. Si l'acteur sait parfaitement s'en sortir dans la partie musicale (il fait partie du groupe C.N. Blue), il manque singulièrement de présence et reste très limité en terme d'expression émotionnelle pour le reste des scènes. Mais il faut dire que, de manière générale, l'absence de direction se ressent sur tout le casting, où chacun peine un peu à trouver sa place : on croise notamment Song Chang Ui (Life is beautiful), So Yi Hyun (Assorted Gems), Woo Ri, Kang Min Hyuk (lui-aussi membre de C.N. Blue), Lee Hyun Jin (Assorted Gems) ou encore Im Se Mi (Pure Pumpkin Flower).
Bilan : Sans ambition particulière, l'intérêt de Heartstrings tiendra principalement dans le vaste champ musical mis en scène. Si ses débuts ne manquent pas de maladresses, à la fois trop prévisibles et trop dispersés, son couple principal s'installe cependant dans une dynamique pas déplaisante, même si elle reste inégale. Mais l'ensemble peine à trouver une réelle consistance, les intrigues secondaires ne réussissant jamais à intéresser un téléspectateur déjà naturellement porté à faire quelques avances-rapides avant même la fin du deuxième épisode.
Hearstrings a sans doute pour elle de bénéficier d'une diffusion estivale, où le téléspectateur accueille plus facilement ce type de divertissement. Mais même dans ce registre sans prétention, la série demeure très dispensable. Je pense qu'elle est à réserver aux amateurs du genre ou si vous n'avez vraiment rien de mieux à faire (ce que j'ai du mal à imaginer vu les programmes chargés de ces dernières semaines et à venir !).
NOTE : 4,5/10
Un teaser :
Une chanson de l'OST :
07:42 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : k-drama, heartstrings, you've fallen for me, mbc, jung yong hwa, park shin hye, song chang ui, so yi hyun, woo ri, kang min hyuk, lee hyun jin, im se mi | Facebook |
02/07/2011
(Pilote US) Suits : un duo détonnant pour un legal drama divertissant et clinquant
Cela fait plusieurs années que je nourris une tendre affection téléphagique pour USA Network ; un investissement pas franchement toujours récompensé, mais qui demeure inébranlable. Je vais vous épargner mon laïus habituel sur l'art-de-divertir-personnages-attachants-toussa auquel vous avez droit à chaque review de pilote sur cette chaîne. Disons juste que, même si je suis rarement plus d'une série en même temps, parfois deux, du temps où je n'avais pas délaissé Psych, j'ai besoin de ma dose hebdomadaire de 40 minutes en provenance de USA Network.
Actuellement, la place est occupée par White Collar. Pour être honnête, j'ai fini la saison 2 en m'étant persuadée d'abandonner (deux saisons étant souvent la durée moyenne de mon attention devant ces divertissements). Mais j'ai repris la saison 3 il y a quelques semaines... et que dire, si ce n'est que, en dépit de ses faiblesses structurelles, je chéris de manière franchement disproportionnée ce rendez-vous hebdomadaire. Il faut donc se faire une raison, il n'y a pour le moment pas de place vacante à espérer. Pour autant, parmi les nouveautés estivales d'USA Network, si je passe mon tour sans sourciller devant Necessary Roughness, en revanche, il m'était impossible de ne pas jeter un coup d'oeil à Suits dont la diffusion a commencé aux Etats-Unis le 23 juin 2011. Le jour où je saurais dire non à un legal drama n'est pas encore arrivé.
Suits met en scène un duo de juristes détonnant qui va se contituer au cours de ce pilote. Harvey Specter est l'un des meilleurs avocats actuellement en exercice à Manhattan. Il n'a notamment pas son pareil pour mener à bien des négociations. Doté d'un esprit vif, cultivant une apparence soignée où perce une pointe d'arrogance caractéristique, il est le prototype de l'avocat issu de Harvard et ayant réussi. Il aime pourtant à penser qu'il n'est pas un de ces esprits préformatés et tellement ennuyeux qui sortent de cette fabrique à juristes. Quand son cabinet lui confie le soin d'embaucher un assistant ayant suivi ce même parcours, Harvey se montre donc fort peu enthousiaste.
Ces entretiens d'embauche sont perturbés par le débarquement impromptu d'un jeune homme, Mike Ross, confondu avec un des postulants. Ce dernier est en réalité poursuivi par la police pour avoir finalement cédé aux demandes de son meilleur ami, trafiquant, de livrer une valise pleine de drogue, dans ce qui se révèle être un piège policier. Cette péripétie n'est que l'énième épisode d'une longue amitié à problème. Avec sa mémoire photogaphique, Mike aurait pu faire des études, s'il n'avait pas été pris en train de tricher à un examen suite à une combine dudit ami. Depuis, il se nourrit de ses amertumes et regrets, vivote en se faisant payer pour passer l'examen du barreau à la place d'autres personnes et s'occupe de sa grand-mère.
Harvey tient là son esprit non conformiste, un petit mensonge sur la scolarité de Mike à Harvard suffisant à le faire échapper à l'ennui profond que provoquera n'importe quel autre candidat. Pour Mike, c'est une opportunité unique d'une seconde chance pour remettre sa vie en ordre. Reste à savoir s'il aura les épaules pour ce nouveau métier.
A défaut d'originalité, le pilote de Suits n'en dévoile pas moins un attrayant potentiel. La série a deux grands atouts. Tout d'abord, il y a l'environnement de legal drama qui permet de laisser libre cours au sens de la répartie aiguisé des différents protagonistes, forçant les traits pour mettre en scène et surfer sur cette tendance qu'ont ces juristes de tout transformer en un show quasi-permanent. Ensuite, pour exploiter cette recette qui a déjà fait ses preuves, la série va bénéficier de la dynamique qui s'installe progressivement entre les deux protagonistes principaux. C'est une relation hésitante de mentor/apprenti qui se forme, teintée d'une forme de compétition sourde, propre aux rapports entre deux individu, avec leurs certitudes, qui ont chacun un égo à ménager. Le twist du mensonge initial au sujet de Harvard lie leur destinée plus que Harvey et Mike ne le souhaiteraient, pour le meilleur et pour le pire, en un sens. On devine déjà d'où pourront d'ailleurs venir les ennuis : tout cela ne demande donc qu'à être exploré plus avant.
Au-delà de ces bases indéniablement attractives cependant, si le pilote de Suits formule des promesses pour le futur, l'épisode en lui-même n'est pas l'introduction la plus réussie qui soit. Il n'est pas nécessaire de s'attarder sur le classicisme du cas d'espèce constituant la première affaire qu'ils traitent en collaboration : si USA Network sait nous faire aimer ses personnages et ses ambiances, elle ne prend aucun engagement pour ses intrigues ; la clause est implicitement écrite dans son cahier des charges. En revanche, la difficulté à rendre crédible la situation de Mike est plus problématique. La série en fait beaucoup pour caractériser ses protagonistes, peut-être trop : l'ensemble sonne un peu artificiel, et trop forcé par instant, surtout au début. D'autant que la durée d'1h15 aurait sans doute pu être réduite, ce qui aurait évité quelques longueurs.
Reste qu'en dépit de ces petits bémols sur la structure même du pilote, les quelques échanges jubilatoires proposés lorsque l'épisode se lance véritablement suffisent à convaincre le téléspectateur de pousser plus loin la découverte. Mission donc accomplie.
Sur la forme, Suits est une série qui reprend l'esthétique chic-et-classe citadin, ainsi que l'exploitation du décor new-yorkais, que l'on retrouve déjà chez White Collar. Chacun est habillé de manière irréprochable (même s'il faut un temps d'adaptation à Mike), permettant d'accentuer l'impression de photographie parfaitement huilée où les teintes sont volontairement un peu froides. En somme, c'est un décor sur papier glacé correspondant bien au ton de la série qui nous est offert.
Enfin, le casting, composée de têtes familières des sériephiles, répond parfaitement aux attentes. Gabriel Macht (Les médiums) n'a pas son pareil pour incarner avec un naturel désarmant cet avocat à succès flamboyant à l'esprit très vif. Patrick J. Adams oscille entre certitude sur ses capacités et tentation perception de choisir le chemin le plus facile. Les quelques scènes que nous offrent ce duo dans le pilote promettent beaucoup poour la suite. A leurs côtés, on retrouve notamment Gina Torres (Firefly, Huge), fidèle à elle-même en boss exaspérée, Meghan Markle et Rick Hoffman (The Street, Samantha who).
Bilan : Bénéficiant d'un concept intéressant, le pilote de Suits laisse entrevoir un indéniable potentiel, en dépit des quelques inégalités, voire maladresses, pour l'introduire. Exploitant avec enthousiasme la forme clinquante du legal drama où règne un sens de la répartie souvent jubilatoire pour le téléspectateur, la dynamique du duo principal, une fois bien rodée, promet également beaucoup. Avec son parfum de bromance new yorkaise stylisée, Suits s'inscrit au fond dans un registre proche par certains points de White Collar sur USA Network. Ce qui explique l'affinité naturelle que je ne peux que ressentir pour elle. Si la succession dans mes programmes n'est pas à l'ordre du jour, je vais peut-être lui laisser une petite place, histoire de suivre l'évolution de cette première saison.
NOTE : 6,5/10
La bande-annonce de la série :
13:54 Publié dans (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : suits, usa network, gabriel macht, patrick j. adams, gina torres, meghan markle, rick hoffman | Facebook |
29/06/2011
(K-Drama / Pilote) I need romance : dramédie romantique moderne étonnamment rafraîchissante
Si le mois de juillet à venir annonce une nouvelle vague de nouveautés potentiellement très intéressantes en Corée du Sud, dont plusieurs fusion sageuk que j'avoue surveiller d'on ne peut plus près et envers lesquels je nourris quelques espoirs, en ce dernier mercredi asiatique du mois de juin, c'est d'une petite nouveauté sud-coréenne parfaitement dans l'air du temps de ce début d'été dont je vais vous parler aujourd'hui.
Diffusée depuis le 13 juin 2011, prévue pour une durée de 16 épisodes, I need romance a la particularité d'être programmée sur la chaîne payante tvN, les lundi et mardi soir. Derrière ses atours de comédie romantique, classiques au petit écran du pays du Matin Calme, il souffle sur ses premiers épisodes un étonnant vent de fraîcheur, presque de "modernité" pourrait-on dire, dans la façon d'aborder les dilemmes relationnels de son héroïne. Si cette tonalité reste à confirmer, elle a le mérite de poser immédiatement l'identité d'une série qui n'est pas sans rappeler, par son esprit, son aînée américaine, Sex & The City.
I need romance commence sur un refrain bien connu, sur l'air de "on s'était dit rendez-vous dans dix ans, même jour, même heure"... Une classe de collégiens s'était jurée de se retrouverune décennie plus tard sur le terrain de jeux de leurs exploits d'enfance. Si Sun Woo In Young n'a pas oublié cette promesse, c'est malheureusement en vain qu'elle va attendre ses anciens camarades qui ne viendront pas. Seul arrive au rendez-vous Kim Sung Soo, une connaissance d'une autre classe, qui avait toujours eu un faible pour l'extravagance et la spontanéité teintée d'innocence de celle qui est désormais devenue une belle jeune femme. Les deux anciens camarades flirtent sur le chemin du retour, pour finalement céder à l'attraction mutuelle : c'est le début d'une longue relation.
Et c'est dix ans plus tard que nous les retrouvons ensuite, pour véritablement débuter le récit. Sung Soo est devenu réalisateur ; In Young travaille dans une entreprise. Le couple, désormais trentenaires, s'est doucement installé dans une routine quotidienne confortable, mais d'où l'étincelle passionnelle du départ est absente. Les certitudes d'In Young commencent à être érodée par cette demande en mariage qu'elle attend tant, mais que Sung Soo ne semble pas décider à formuler. Les débats à bâtons rompus avec ses amies, au cours desquels les trois jeunes femmes dissèquent leurs relations respectives, ne la rassure guère. D'autant que la carrière de réalisateur de Sung Soo démarre brusquement avec un succès commercial. Le voilà qui attise des convoitises, tandis que leurs rapports se réduisent à une expression purement platonique dont In Young ne peut se satisfaire.
Après dix ans d'amour confortable, la jeune femme décide finalement de reprendre en main sa vie amoureuse et de repartir en quête de la vraie passion. Peut-elle retrouver cette flamme chez Sung Soo, ou doit-elle espérer de nouvelles rencontres ?
I need romance surprend agréablement d'entrée de jeu par sa manière aussi directe que décomplexée d'aborder la relation du couple central du drama. Dès la scène d'ouverture, entre baisers gourmands et discussions intimes sans tabous, la série impose une écriture résolument moderne, s'émancipant du carcan classique plus en retrait et platonique des romances du genre. Il souffle ainsi sur le récit un surprenant vent de fraîcheur, très agréable, qui occulte et fait oublier le côté trop bien connu de l'histoire mise en scène. De plus, cette approche "libérée" confère une vraie authenticité à ce portrait très humain qui est dépeint. Si la série n'échappe pas à quelques poncifs du genre, c'est avec beaucoup de justesse et une impression de proximité naturelle que les problèmes rencontrés sont abordés : comment maintenir une relation toujours aussi épicée après dix ans de vie commune ?
Tout en se réappropriant les codes traditionnels de la comédie romantique, I need romance n'en conserve pas moins une distance salvatrice avec une approche trop fleur bleue dont elle reconnaît malgré tout l'existence. Mêlant les tonalités, elle opte pour une légèreté, résolument versatile et toujours rythmée. Avec simplicité, elle se joue de tous les clichés avec un humour un peu espiègle qui charme tout autant qu'il prête souvent à sourire. La scène du premier baiser entre In Young et Sun Soo est particulièrement révélatrice. Ce baiser "drama-esque", sous la neige avec un lampadaire éclairant les amoureux, ne doit rien au hasard : c'est le fruit d'une volontaire mise en sène spontanée de l'héroïne, qui reproduit elle-même ses fantasmes romantiques. De même, les douces aspirations de retraite à la campagne, de tombes côte à côte, sont traitées avec un second degré plaisant qui impulse une sacrée dynamique et beaucoup de fraîcheur à l'ensemble.
Pour aborder tous ces sujets sans langue de bois et avec un aplomb certain très revigorant, I need romance utilise un procédé narratif connu : introduire un groupe d'amies autour de l'héroïne. Les discussions, directes, s'inscrivent dans la droite lignée de cette "modernité" du drama : on y trouve une alternance constante entre les attentes et inhbitions sociales et une émancipation où l'on parle sexe sans détour. Les discussions à bâtons rompus du trio fonctionnent par leur dynamisme, mais aussi en raison des personnalités clairement identifiables des protagonistes. Ces dernières, représentatives de vues presque antinomiques, sont très différentes, mais se complètent parfaitement à l'écran. Elles se parlent avec la franchise parfois douloureuse de l'amitié, ne manquant ni de répartie, ni d'une spontanéité qui leur fait appuyer là où ça fait mal. La filiation avec Sex & The City est perceptible et assumée. Dans cette optique, I need romance apparaît plus téméraire que The woman who still wants to marry sur ce thème effleuré l'an dernier.
Au-delà du ton global, la dimension humaine de ce drama s'impose assurément comme un des atouts qui va fidéliser le téléspectateur. S'il y a des excès, des points un peu plus caricaturaux, l'impression d'authenticité n'est à aucun moment remise en cause. Il y a peu d'artificialité dans ces personnages auxquels on s'attache rapidement. L'ambiance créée est confortable, plaisante à suivre et divertissante dans le bon sens du terme. Ainsi, les débuts de I need romance pose donc les bases d'un drama relationnel qui a les moyens de se construire une identité et de pouvoir se faire une place dans cette catégorie trop prisée de la comédie romantique.
Sur la forme, I need romance s'efforce d'adopter ce même dynamisme léger qu'elle insuffle par ses dialogues. La réalisation surprend par sa nervosité, ayant par exemple tendance à alterner les plans proches/plus larges même dans les scènes de discussion les plus posées. L'effet de style est parfois un peu artificiel, mais la bonne volonté est manifeste. La photographie assez épurée apparaît légère, les teintes sont colorées, le tout correspondant à l'atmosphère du drama. On ressent donc bien l'effort de conférer un certain rythme à l'ensemble ; la musique, omni-présente, offre un cocktail d'inspirations avec quelques chansons classiques qui collent bien à l'histoire.
Enfin, I need romance bénéficie d'un casting sympathique qui a le mérite de savoir rester simple et d'apporter une touche authenticité aux différentes personnalités mises en scène. Jo Yeo Jung (The Road Home), expressive et spontanée à souhait, apporte ce côté un peu pétillant qui donne pleinement vie à l'héroïne du drama. Pour lui donner la réplique, Kim Jung Hoon (Goong, Witch Amusement) offre un pendant réservé et posé qui met bien en lumière le déséquilibre dans leur relation. Choi Jin Hyuk (It's okay, Daddy's girl) incarne un collègue de travail à l'amitié pas forcément désintéressée, tandis que Choi Yeo Jin (My Woman) et Choi Song Hyun (Prosecutor Princess) forment un duo détonant d'amies de choc, toujours là pour offrir leurs avis sur l'état de leur vie amoureuse respective.
Bilan : Dramédie pétillante empruntant les chemins les plus classiques de la comédie romantique sud-coréenne, I need romance surprend pourtant par sa vitalité et la fraîcheur qui s'en dégagent. Alternant les tons, entre légèreté et passages plus pesants, elle bénéficie d'une écriture légère très dynamique, cultivant une modernité recherchée, qui retient l'attention. Les personnages, attachants, complètent ce cocktail qui, sans révolutionner un genre trop bien connu, se construit un style identifiable qui lui est propre. Un divertissement à surveiller.
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la série :
Un petit teaser :
12:10 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : k-drama, tvn, i need romance, jo yeo jung, kim jung hoon, choi yeo jin, choi song hyun, choi jin hyuk, ha yun joo | Facebook |
27/06/2011
(US) Game of thrones (Le trône de fer), saison 1 : You win or you die.
La saison américaine 2010-2011 s'achève tout juste en ce début d'été, et avec elle, la première saison de celle qui s'est révélée comme une des meilleures - et ma préférée - de ses nouveautés : Game of Thrones (Le trône de fer). Lors de ma critique déjà très enthousiaste du pilote, j'avais replacé tout l'enjeu et le contexte qui sous-tendaient cette adaptation d'une des grandes sagas littéraires de fantasy encore en cours (4 tomes à ce jour sortis, le cinquième est prévu pour ce mois de juillet aux Etats-Unis, l'intégrale devant normalement comporter 7 volumes). La pression était forte, le challenge compliqué... si bien que la réussite n'en est que plus savoureuse !
Au vu du déroulement de cette première saison, où la qualité, mais aussi l'intensité, auront été constantes, je ne doute pas que la saga aura glané au passage plus qu'une poignée de lecteurs que la perspective d'une longue attente avant la saison 2 (laquelle a - heureusement - été très rapidement commandée) galvanise tout autant que les émotions fortes procurées au cours de ces dix premiers épisodes. En ce qui me concerne, Game of Thrones n'aura pas simplement rempli toutes mes attentes, la série aura bel et bien dépassé mes espoirs. C'est quelque chose de tellement rare que je me suis même surprise à regarder plusieurs fois - avec toujours autant de saveur - certains épisodes.
Si la première scène de la série introduisait une menace lointaine semblable à une épée de Damoclès pesant sur tout le continent de Westeros, l'histoire de Game of Thrones reste en cette première saison avant tout une lutte de pouvoir. Sur l'échiquier impitoyable du trône du fer, chaque pion se place et chaque coup se révèle létal pour le perdant. D'alliances en trahisons, les rapports de force se redessinent sans cesse modelant les batailles à venir. Tout en nous plongeant dans un univers très complexe, l'ensemble n'en demeure pas moins accessible : sa densité fascine, notamment parce qu'elle oblige à recourir à une grille de lecture des conflits à plusieurs niveaux. Les grandes maisons focalisent les attentions, déclenchant de vastes engrenages. Mais chaque protagoniste, chaque choix fait, apparaît comme autant de contributions à la partie qui a commencé il y a deux décennies ; et ceux qui veillent dans l'ombre sur leurs propres agendas sont tout aussi déterminants.
La réussite de l'adaptation va être d'avoir su capter l'âme et la force du récit d'origine. L'ensemble acquiert rapidement une véritable dimension épique prenante et intense. Dans cette course au trône, aucune alternative n'existe, comme le comprendront trop tard certains : seule la mort attend le vaincu. Au-delà de la multiplicité des camps en présence, la force de cette mise en scène doit beaucoup à une approche dénuée de tout penchant manichéen. Les parallèles faits avec certaines oeuvres littéraires (et sériephiles) comme Les rois maudits me semblent assez bien refléter cet aspect. Et si le téléspectateur éprouve une inclinaison naturelle pour les Starks, force est de constater rapidement que chacun oeuvre pour des intérêts qui ont tous, de leur point de vue personnel, une forme de légitimité indéniable. Que leurs actions se fondent sur l'honneur, la vengeance ou au nom du sang familial, tout est enveloppé dans un voile de pragmatisme qui brise les stéréotypes. La fresque qui prend forme peu à peu devant nos yeux ne comporte ni noir, ni blanc... constamment en mutations, elle n'est que nuances...
C'est par la richesse de ces destinées personnelles qui s'entrechoquent que Game of thrones assoit sa légitimité de grande saga de fantasy. Retranscrire l'ampleur des enjeux impliquait de savoir gérer une vaste galerie de protagonistes : c'est le cas ici, le nombre impressionnant ne faisant pas obstacle à ce que la psychologie de chacun soit travaillée. Se jouant des codes traditionnels, les personnages transcendent et dépassent souvent les simples canons du genre. Cela leur confère une authenticité qui leur permet de sonner justes jusque dans leurs failles et leurs impulsions irréfléchies. Non seulement, ils ne sont pas unidimensionnels, mais ils ne sont pas non plus figés. C'est sur les plus jeunes que la saison pèse le plus, les voyant perdre leur innocence initiale : s'adapter, c'est survivre aux épreuves qu'ils doivent affronter. Mais qu'ils soient honorables ou méprisables, grandioses ou pathétiques, brillants ou aveuglés par leurs émotions, tous ces personnages s'imposent immédiatement avec force à l'écran, galerie bigarrée qui retient assurément l'attention d'un téléspectateur captivé et charmé.
Cette mise en scène de l'ambivalence de ces protagonistes hauts en couleurs va même légitimer l'adaptation : la série apporte sa propre valeur ajoutée, même pour quelqu'un connaissant l'univers par le livre. Alors que les romans offrent des chapitres contés suivant le point de vue particulier et biaisé d'un personnage, la série, avec sa vision d'ensemble extérieure, objectivise les évènements. Le lecteur redécouvre ainsi, sous un jour presque différent, tel ou tel passage important. Non seulement des vérités sautent soudain aux yeux, mais en plus des personnages peu mis en valeur dans le premier tome bénéficient d'un tout autre traitement, et dévoilent très vite leur potentiel en gagnant considérablement en épaisseur. C'est par exemple le cas pour Jaime Lannister auquel il faut plusieurs tomes pour acquérir une autre étiquette que celle du "Régicide" introduit par un acte si choquant au tout début, qu'il en aura marqué plus d'un. Dans la série, le personnage est immédiatement bien plus soigné et donc nuancé. De même, l'avènement de Robb, pas seulement vu à travers le regard maternel, prend une dimension supplémentaire vraiment galvanisante.
De manière générale, Game of Thrones atteint une maîtrise de sa narration impressionnante et aboutie. Commençant plutôt dans l'exposition, afin que chacun puisse situer enjeux et protagonistes, la suite de la saison se construit en allant crescendo, pour atteindre un souffle et une tension aussi jubilatoires qu'éprouvants dans son dernier tiers. Le téléspectateur (peut-être celui qui est familier des livres y est-il plus sensible) reste fasciné par sa faculté à sélectionner avec soin les informations à partir d'une base excessivement dense : on perçoit le choix minutieux fait de chaque scène, de chaque dialogue. C'est ce qui va permettre de jongler avec fluidité entre tous ces lieux et toutes ces intrigues. Les scénaristes sont parvenus à capturer l'essence même du récit, en préservant son esprit, mais tout en sachant le rendre accessible à l'écran : l'explicite côtoie le symbolique, mais aussi des éléments simplement suggérés implicitement. Un vrai délice.
Pour ne pas totalement verser dans la critique dithyrambique uniforme, quelques points éventuellemet discutables peuvent être soulevés. Parmi les choix de scènes, il y a celui de ne nous montrer aucune bataille : la caméra se contentant des scènes avant/après. Cependant, cela ne m'a pas dérangé : à aucun moment, dans cette saison, cela n'affaiblit la portée du récit. Comme on touche ici à des problématiques également financières, j'aurais tendance à penser que dans la mesure où l'intensité et les enjeux ne sont pas amoindris, il n'y a rien à y redire. Plus discutable est en revanche la tendance aux scènes de sexe gratuite dans laquelle la série verse parfois. Certes, on est sur HBO, face à d'autres moeurs et civilisations... nulle surprise donc de les retrouver dans la série. Certaines se justifient même sans aucun problème ; en revanche, d'autres frôlent le racolage un peu facile et assez dispensable (le show organisé par Littlefinger par exemple).
Totalement aboutie sur le fond, Game of Thrones l'est également sur la forme. Le défi que représente la fantay, c'est de parvenir à créer un univers médiévo-exotique qui garde une relative crédibilité à l'écran. La série s'en tire avec les honneurs. Non seulement, la réalisation est superbe, mais elle est aussi très intelligente. Ainsi, elle sait à l'occasion se jouer des limites budgétaires, en privilégiant notamment parfois les cadres serrés quand la présence d'une foule importante doit être suggérée. Elle va aussi se retenir de verser dans toute surenchère, nous offrant des scènes implacables dont la force réside justement par cette faculté à ne pas trop en faire. Bref, le téléspectateur se retrouve totalement immergé, de manière très convaincante, dans ces différents décors aux tonalités si dissemblables. Le tout s'accompagne d'une bande-son magnifique, qui apporte cette petite touche supplémentaire parachevant l'ensemble.
Enfin, Game of Thrones, c'est aussi un grand casting, extrêmement solide, qui va rendre justice aux personnalités fortes que la série transpose à l'écran. Parmi ceux qui m'ont vraiment marqué, Sean Bean est vraiment parfait pour le rôle d'Eddard Stark, apportant cette noblesse indéfinissable qu'il insuffle à chacun des personnages de fantasy qu'il joue. Peter Dinklage est caustique et jubilatoire comme j'en rêvais dans le rôle de Tyrion. La classe de Nikolaj Coster-Waldau sied de façon si naturelle à Jaime Lannister. Et du côté féminin, Maisie Williams incarne une Arya plus vraie que nature, tandis qu'Emilia Clarke dans la droite lignée de son personnage. Enfin, à titre personnel, je confesse ne pas être restée insensible au charme aux bouclettes noires de Kit Harington et de Richard Madden.
Bilan : A la fois féroce et magnifique, violente et épique, Game of thrones dispose de ce souffle rare qui construit les grandes épopées. La série signe une immersion convaincante et prenante dans un univers de fantasy complexe, où l'ambivalence règne, et dont elle va prendre la pleine mesure. Adaptation fidèle dans l'esprit comme dans son contenu, dotée d'une maîtrise narrative impressionnante, elle nous entraîne dans une lutte pour le pouvoir, impitoyable et létale, dont le froid réalisme marquera plus d'un téléspectateur. Cette série m'aura fait frissonner comme rarement devant mon petit écran : simplement superbe. A savourer.
NOTE : 9,25/10
Une bande-annonce de la série :
Le (superbe/somptueux) générique :
20:53 Publié dans (Séries américaines) | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : hbo, game of thrones, le trône de fer, george r. r. martin, sean bean, michelle fairley, kit harington, isaac hempstead-wright, maisie williams, richard madden, sophie turner, mark addy, peter dinklage, nikolaj coster-waldau, lena headey, emilia clarke, harry lloyd, jason momoa | Facebook |
25/06/2011
(UK) Case Histories, saison 1 : une tonalité versatile, des enquêtes et beaucoup d'humanité
Les dimanche et lundi soirs de ces trois dernières semaines, je suis tombée amoureuse d'Edimbourg et de l'Ecosse en général. Certes j'étais une pré-convaincue, mais il faut dire que ma soeur étant actuellement dans les cartons de déménagement pour partir y vivre une année, c'est donc avec un regard tout particulièrement intéressé que l'on a découvert et apprécié le cadre proposé par Case Histories.
Série diffusée sur BBC1 du 5 au 20 juin 2011, elle est l'adaptation de plusieurs romans de Kate Atkinson. Comportant 6 épisodes, la série est construite en trois arcs de deux épisodes chacun, diffusés deux soirs à la suite pendant trois semaines en Angleterre. Cherchant parfois un peu son équilibre entre intrigues et émotions, Case Histories reste une série qui a su retenir mon attention - en un sens, me charmer - grâce à l'indéfinissable mais constante empathie qu'elle a pu susciter au fil de ses développements.
Jackson Brodie a été soldat, puis policier, avant de quitter les forces de l'ordre en paria, resté en fort mauvais termes avec la plupart de ses membres. Devenu persona non grata, son ancienne coéquipière reste la seule à accepter de répondre encore à ses appels et autres sollicitations d'aide... Car Jackson n'en a pas délaissé la résolution des crimes pour autant, il officie désormais à Edimbourg en tant que détective privé. Une activité qui lui sied bien, car il faut lui reconnaitre un talent certain pour attirer à lui tous les ennuis que l'on peut imaginer croiser dans ce coin d'Ecosse qui se révèle fort peu paisible.
Derrière son apparence de dur au mal et ses qualités indéniables d'enquêteur pragmatique, Jackson résiste cependant rarement aux appels en détresse, peu importe la solvabilité de ces potentiels clients. Toujours hanté par les drames qui ont marqué son adolescence et brisé sa famille, il s'investit souvent trop dans ses cas, délaissant sa propre famille. Si son ex-femme n'a plus vraiment d'espoir quant à ses capacités parentales, en revanche, sa petite fille demeure un élément stable auquel il tient plus que tout.
Sous ses allures de série mêlant diverses storylines d'enquêtes qui vont la rythmer, Case Histories ne saurait se réduire à cette seule dimension "policière". C'est tout d'abord par sa construction narrative qu'elle surprend et peut un instant dérouter. Couvrant des arcs de deux épisodes, elle débute invariablement sur des évènements apparemment sans rapport entre eux, avec des protagonistes excessivement déconnectés les uns des autres, pour progressivement rapprocher toutes ces intrigues en une forme de toutélié où Jackson sera plus que le dénominateur commun. Ce schéma explique pourquoi l'histoire va toujours crescendo : parfois un peu lente, peinant à pleinement retenir notre attention au tout début - le deuxième arc étant celui qui en souffre peut-être le plus -, à mesure que tout se connecte, la série renoue alors avec son plein potentiel.
Au fil de la progression de l'intrigue, elle se révèle souvent des plus denses et nuancées, sachant remettre en cause les certitudes du héros, comme les préconceptions d'un téléspectateur trop hâtif à cataloguer chacun des protagonistes. Avec un style bien elle, la série alterne habilement des passages légers, où les dialogues ciselés se savourent, et des moments bruts où le drame frappe durement et sans prévenir : ce mélange lui confère une tonalité très personnelle. C'est d'ailleurs principalement par cette dimension émotionnelle que Case Histories marque, à l'image de ses conclusions qui laisse invariablement un arrière-goût doux amer, où la notion de justice ne correspond pas toujours à l'idée légaliste que l'on s'en ferait a priori.
Si la série nous laisse ainsi dans ce tourbillon de ressentis, un peu troubles et parfois contradictoires, c'est aussi parce qu'elle parvient à se construire une identité qui lui est propre. En effet, l'attrait, mais aussi la part d'originalité de Case Histories, réside dans sa tonalité. Plaçant la dimension humaine au coeur de sa narration, elle démontre un réel talent pour créer et animer, avec beaucoup d'inspiration et une authenticité rare, une galerie de personnages, toujours soignés, souvent hauts en couleurs, qui vont pleinement soutenir les différentes intrigues.
Si Jackson Brodie est la pierre angulaire de l'édifice, personnage complexe, parfois excessivement abrasif socialement, mais capable de laisser s'exprimer un coeur d'or l'instant suivant, la réussite plus générale de Case Histories est de se reposer sur des personnages qui ne sont jamais unidimensionnels. Ils gagnent toujours considérablement en profondeur - et en intérêt - au fil d'une histoire qui, elle aussi, se complique. C'est plus précisément dans les portraits de ses plus jeunes protagonistes, enfants ou adolescents, que la série va faire preuve d'une franche réussite : à la fois juste et touchante, elle leur offre quelques scènes proches de la perfection, qui ne laisseront pas le téléspectateur indifférent. Rarement manichéenne, teintée de nuances et d'ambiguïtés, Case Histories est une de ces séries qui sait cultiver et récompenser l'attachement du téléspectateur tout au long de ces épisodes. On se laisse prendre au jeu sans arrière-pensée.
Sur la forme, Case Histories bénéficie d'une jolie réalisation qui met bien en valeur ses décors, nous offrant non seulement quelques superbes paysages à la photographie agréablement retravaillée, mais également de belles vues de la ville d'Edimbourg. Tour à tour posée puis dynamique, elle est au parfait diapason de la tonalité volatile d'ensemble. De même, la bande-son offre une sélection de chansons plutôt bien inspirées qui correspondent aux successions d'émotions si diverses que la série sait susciter.
Cependant, l'atout majeur de Case Histories réside incontestablement dans son casting. Je n'ai certes jamais lu les livres d'origine, mais Jason Isaacs (Brotherhood, The State Within) est parfait en un Jackson Brodie, oscillant entre détermination sans faille, tellement happé par son travail, et une pointe de vulnérabilité qui transparaît lorsque les drames du passé reviennent le hanter plus fortement. Si son sens des priorités et du relationnel en général est à retravailler, on ne s'attache pas moins à un personnage dont Jason Isaacs propose une interprétation convaincante. A ses côtés, nul ne dépareille. Mais j'avoue avoir eu un vrai coup de coeur pour l'actrice incarnant sa fille, Millie Innes (Single Father), adorable gamine d'une franchise confondante, qui fera fondre le téléspectateur autant que son père. On retrouve également Amanda Abbington (After you've gone), Kirstie Mitchell, Zawe Ashton ou encore Natasha Little (Mistresses, Kidnap and Ransom).
Bilan : Dotée d'une tonalité versatile travaillée, presque tragi-comique par instant, et empreinte d'une profonde humanité, Case Histories est une série à laquelle on s'attache pour ses portraits de personnages et pour sa façon bien à elle d'entretenir un émotionnel à fleur d'écran. La construction parfois un peu trop éclatée de ses intrigues pèse à l'occasion sur les débuts de ses arcs (surtout sur le deuxième), le scénario cherchant alors son rythme, mais à mesure que l'histoire se densifie et se complexifie, elle finit toujours invariablement par reconquérir le téléspectateur pour s'imposer comme une série dans laquelle il est fort agréable de s'investir.
NOTE : 7/10
La bande-annonce :
07:28 Publié dans (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : bbc, case histories, jason isaacs, amanda abbington, kirsty mitchell, zawe ashton, natasha little, millie innes | Facebook |