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01/04/2011

(UK) Mad Dogs, saison 1 : descente aux enfers sous le soleil de Majorque

 

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Poursuivons le bilan des dernières semaines du petit écran britannique en revenant aujourd'hui sur une fiction qui était très attendue - en raison du casting annoncé - : Mad Dogs. Comportant 4 épisodes d'environ 45 minutes chacun, cette série a été diffusée du 10 février au 3 mars 2001 sur Sky One. Elle s'inscrit dans la politique suivie par cette chaîne visant à s'imposer dans le paysage des fictions télévisées outre-Manche. EDIT : Initialement conçue comme une mini-série, la commande d'une saison 2 lui permettra de poursuivre plus avant l'expérience narrative initiée.

Assez indéfinissable dans son genre, empruntant au buddy show comme à la fiction de gangster, Mad Dogs peut sans doute être rapprochée par son esprit d'un film comme Sexy Beast. Cependant si elle cultive une ambiguïté dans ses tonalités qui se révèle proprement rafraîchissante, elle laisse aussi le téléspectateur sur une impression assez ambivalente à la fin.

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C'est sous le chaud soleil de Majorque, dans un cadre paradisiaque et coloré, que Mad Dogs s'ouvre, nous présentant les retrouvailles de vieux amis qui se connaissent depuis toujours, à l'initiative d'un des leurs, Alvo. Ce dernier a si bien réussi qu'il se propose de fêter déjà sa retraite et les a donc invités pour passer quelques jours dans sa luxueuse villa espagnole.  La quarantaine passée, chacun en est au stade de sa vie où l'on dresse un premier bilan de sa vie, ayant connu réussites et revers de fortune. Leurs situations familiales et professionnelles sont très diverses, mais pas vraiment au beau fixe. Ce qui fait que Baxter, Rick, Woody et Quin sont a priori très heureux de cette opportunité de changer d'air, pour permettre en plus de renouer des liens d'amitié qui ont pu se distendre avec le temps.

Malheureusement ils vont vite déchanter. Car Alvo, avec les arrières-pensées qu'il pouvait nourrir en leur demandant de venir et les origines floues de sa mystérieuse fortune, va les entraîner dans un engrenage dangereux rapidement hors de contrôle. La promesse de vacances paradisiaques s'efface alors, le séjour se transformant en véritable cauchemar. Plongés dans des histoires dont ils ignorent tout, entre mensonges, meurtres et trafic de drogue, voilà nos quatre amis confrontés à un tueur Tony Blair-isé, l'ombre menaçante de la mafia serbe, voire même une police corrompue : s'en sortiront-ils indemnes ? Mais l'enjeu est peut-être ailleurs : leur amitié survivra-t-elle à ces épreuves ?

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Mettant en scène l'éprouvante descente aux enfers de ses quatre personnages principaux, Mad Dogs apparaît tout d'abord comme un thriller psychologique relevé assez fascinant par la dynamique implacable qu'il crée. Sans forcément innover dans les thématiques qu'elle investit, la série retient en effet l'attention du téléspectateur par sa capacité à mêler les genres, empruntant tant aux codes narratifs des fictions de gangsters qu'à celui des huis clos où la tension va croissante et où la cohabitation semble destinée à finir par dégénérer à tout moment. En nous plongeant dans une spirale infernale à l'issue de moins en moins certaine, Mad Dogs se construit par et grâce aux ruptures inattendues qui jalonnent son récit. Si le suspense ainsi généré offre un fil rouge opportun, il convient cependant de relativiser sa réelle importance : entièrement dédiée à ses personnages, la série leur sacrifie une partie de la consistance de sa trame.

En effet, au fil de la progression de l'intrigue, les péripéties mafieuses des personnages ressemblent de plus en plus à un prétexte, plus ou moins bien négocié, à l'artificialité parfois évidente. Car la priorité de Mad Dogs est ailleurs : elle se situe dans la mise en scène des réactions de ses protagonistes face une tension croissante. Quels effets les évènements vont-ils avoir sur leurs intéractions ? Au fond, on en viendrait même à penser que la cause réelle de cet engrenage importe peu : qu'elle ait des accents gangster ou autre, ce que veut la série, c'est poursuivre une oeuvre méthodique de déstabilisation, en poussant chacun dans ses extrêmités. Et elle y parvient de façon plutôt convaincante.

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Ce jeu du révélateur d'une nature humaine ambigue est un parti pris scénaristique qui va constituer tant l'attrait que la limite structurelle de Mad Dogs. Négociant avec brio une dimension humaine qu'elle place en son coeur, la série marque par ces marquantes scènes d'amitié ambivalente, au cours desquelles les rancoeurs se mêlent à un affectif jamais démenti. Quoi de plus pimenté et finalement intrigant que cet étonnant paradoxe constitué par ces explosions où chacun échange ses quatre vérités, parfois de manière particulièrement vicieuse, mais sans que la fondation même de leur amitié puisse être atteinte. Chaque fois qu'une nouvelle confrontation a lieu, le téléspectateur s'interroge : jusqu'où leurs liens peuvent-ils tenir ? Au final, c'est dans ce portrait assez atypique, un brin désillusionné, mais pourtant juste et sincère, des paradoxes de l'amitié, que réside une bonne partie du charme indéfinissable de Mad Dogs.

Cependant, cette dimension humaine ne parvient pas toujours à contrebalancer les faiblesses de la série sur le fond. La résolution bâclée sur laquelle se conclut cette saison, après avoir essayé de construire les bases plus ou moins scolaires du thriller, laisse un arrière-goût mitigé. Plus les choses dégénèrent, plus le côté parachuté des rebondissements semble évident. Si bien que ce fil rouge donne de plus en plus l'impression de sonner creux, le quatrième épisode étant sans doute le plus flagrant sur ce point. Toute l'attention des scénaristes est concentrée sur la tension psychologique qui monte, le reste n'est qu'anecdote, plus ou moins réfléchie et travaillée, pour permettre ce type de développements. Il est donc difficile de ne pas ressortir assez frustré par cette impression de vide dans l'histoire en elle-même.

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Sur la forme, la série joue beaucoup sur son cadre assurément dépaysant et sur le contraste entre les quelques paysages paradisiaques qu'elle nous propose à l'occasion et le cauchemar autrement plus concret dans lequel elle plonge les personnages. Les teintes colorées des images sont en tout cas un écho parfait à ce chaud soleil de Marjorque dont on finit forcément par rêver. Un voyage donc agréable.

Enfin, terminons sur l'atout le plus important de Mad Dogs, ce qui lui permet justement de survivre et de s'imposer grâce à ses personnages : son casting. Il réunit des noms dont la seule lecture suffit a priori à mettre des étoiles plein les yeux du téléspectateur familier du petit écran britannique. Cette série a été faite pour leur donner l'opportunité de travailler ensemble, cela se voit, mais les performances d'ensemble achèvent de balayer les dernières réticences du téléspectateur. Pensez donc : qui pourrait rester insensible et passer son chemin sans sentir sa curiosité éveillée devant un tel casting alléchant, où l'on retrouve John Simm (State of Play, Life on Mars, The Devil's Whore), Marc Warren (State of Play, Hustle, Mutual Friends), Philip Glenister (State of Play, Life on Mars, Ashes to Ashes) et Max Beesley (The Last Enemy, Survivors, Hotel Babylon) ? En ce qui me concerne, j'avais perdu la bataille de la curiosité dès l'annonce du projet. De plus, notons qu'ils sont efficacement secondés au début par Ben Chaplin, puis par Maria Botto.

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Bilan : Au-delà du mélange des tonalités et des genres qu'elle propose, Mad Dogs apparaît avant tout comme une fiction sur l'amitié et les ambiguïtés inhérentes à ces liens humains. Si elle réussit plus dans cette dimension psychologique qui interpellera plus d'une fois le téléspectateur, que dans ses ambitions un peu creuses de thriller, la série bénéficie dans l'ensemble d'une dynamique attrayante grâce à des personnages (efficacement portés par son casting) auxquels elle doit tout. Au final, assez atypique dans notre petit écran, elle mérite probablement un coup d'oeil, en étant bien conscient de ses limites inhérentes.


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce de la série :


30/03/2011

(Tag Dramas) Une histoire de séries asiatiques...

Un mercredi asiatique un peu spécial aujourd'hui, puisque consacré à un questionnaire qui circule depuis quelques jours sur les blogs consacrés aux dramas asiatiques. C'est l'occasion d'une petite remise en situation qui permet de rappeler certains fondements, mais aussi toutes les sensibilités et différences qui peuvent exister au sein de ce public amateur de séries de cet autre continent. C'est donc à l'invitation de Mapenzi et d'Eclair que je me prête à l'exercice.

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1/ Depuis quand regardes-tu des dramas ? Quel a été ton premier drama ? Comment les as-tu découverts ?

Même si c'est un peu lointain pour être très précis, cela remonte  à l'année universitaire 2006-2007. Je me rappelle encore parfaitement de ce frisson d'excitation et de cet étonnant, presque indescriptible, sentiment de dépaysement face à ce pilote qui apparaissait semblable à une bulle d'air frais dans mon paysage téléphagique occidentalisé.

A priori, absolument rien ne me prédisposait à mettre un pied dans l'univers des dramas. En effet, je n'avais jamais éprouvé de véritable intérêt pour l'Asie auparavant. Certes j'avais timidement entrouvert les portes de cette culture à travers une poignée de films historiques (mon amour du Wu Xia Pian étant une des rares choses qui a précédé cela) ou animés (les Miyazaki), mais cela restait pour moi un folklore un peu lointain. De même, si j'avais pu lire quelques romans d'auteurs asiatiques, ou se déroulant sur ce continent, ce thème n'avait jamais été déterminant dans mes choix. Je n'avais jamais non plus ouvert spontanément de manga. Mon expérience de la japanimation se réduisait à un héritage laissé par une enfance rythmée par les dessins animés d'émissions de jeunesse. Quant aux autres aspects de l'entertainement, comme la musique, autant dire que j'ignorais jusqu'à son existence.

Au fond, ma découverte de ces productions particulières a une cause simple : les séries, et plus précisément, la curiosité qui a toujours accompagné mon intérêt jamais démenti pour le petit écran. J'ai découvert l'existence des dramas par le biais de communautés (forums, blogs) de téléphages généralistes, qui mêlaient déjà Occident et Asie. Progressivement de plus en plus intriguée par ces articles croisés au détour de mes lectures, évoquant un versant qui m'était totalement inconnu, j'ai donc entrepris de me renseigner, attérissant dans des communautés cette fois très spécialisées. L'idée a traîné un peu, la résolution se renforçant. Et finalement, un jour de vacances, je me installée devant une série japonaise : Nobuta wo produce (un classique du débutant). Pour un premier contact avec cet univers, j'avais recherché une thématique suffisamment universelle (high school drama, amitié) pour qu'une profane telle que moi ne soit pas trop déstabilisée. Et s'il y eut bel et bien choc culturel, ce dernier conserva le parfum d'une fraîcheur exotique très attrayante.

Ainsi, c'est par le biais des séries que j'ai mis un pied en Asie. Ce n'est qu'ensuite que ma curiosité s'est étendue au cinéma, aux livres et, enfin, à la musique.

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2/ Si tu ne devais garder qu'un drama, lequel ce serait et pourquoi ?

C'est aussi illusoire qu'arbitraire de sélectionner un seul drama, tant il existe de raisons différentes et toutes aussi légitimes les unes que les autres pour évoquer des séries qui constituent à mes yeux des piliers incontournables du paysage asiatique. Mais pour les besoins du questionnaire, je vais quand même me prêter au jeu.

Si je ne devais en garder qu'un seul, ce serait Story of a man (A man's story/The slingshot). Non seulement parce qu'il fait partie des quelques dramas fondateurs de ma "coréanophilie" actuelle (aux côtés de The Legend notamment), mais aussi parce qu'il s'impose sur le fond comme un indispensable à bien des égards. C'est un drama qui impressionne tout d'abord par sa maîtrise narrative d'ensemble, c'est-à-dire par sa capacité à se réinventer constamment au fil des épisodes, faisant évoluer les rapports de force en donnant l'impression de maîtriser pleinement le format et le nombre d'épisodes (là où tant de k-dramas connaissent des aléas qualitatifs sur la durée ; qu'ils mettent du temps à démarrer ou qu'ils aient des difficultés à tenir l'histoire jusqu'au bout). Par ailleurs, il réussit se réapproprier des thématiques assez classiques du petit écran sud-coréen (richesse -une famille de chaebol-, ascension sociale, triangle amoureux) en les mêlant à des thèmes plus complexes (la finance, les disparités sociales). Alors que ce mélange aurait pu paraître moins abordable. Story of a man réussit à faire de cette richesse son atout, traitant intelligemment de ces sujets. De plus, ce récit de vengeance et de confrontation personnelle parvient à ne jamais perdre son humanité, conservant une dimension sentimentale parfois très forte. Dans ce drama assez choral, aucun personnage ne laisse indifférent, que l'on s'attache à eux ou que l'on réagisse contre eux. Enfin, la série dispose d'un casting extrêmement solide et très homogène, qui porte et soutient efficacement le scénario.

Drama sombre bénéficiant d'une écriture intelligente, Story of a man est une série étonnamment ambigüe qui sait surprendre et captiver l'attention du téléspectateur : un incontournable du genre.

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3/ Si tu devais nommer un drama " à éviter absolument", lequel ce serait et pourquoi ?

S'il y a bien quelque chose que je regretterais longtemps, c'est le parcours que j'ai suivi pour découvrir les k-dramas. A la différence de toutes les autres nationalités que j'ai pu tester en Asie, des chinoises au taiwanaises, c'est le seul pays avec lequel la première rencontre s'est mal passée (ce qui peut paraître paradoxal aujourd'hui). Si pour les séries japonaises, j'avais d'abord recherché des fictions consensuelles, mon erreur a sans doute été de passer outre cette prudence.

Mes premières incursions en Corée du Sud furent une suite de vraies déceptions. A love to kill se révéla aussi incompréhensible qu'indigeste, je l'abandonnais au bout d'une poignée d'épisodes. Quant à Nine-Tailed Fox, il incarne à mes yeux bon nombre de dérives indigestes et d'écueils à éviter, de son casting extrêmement fade à une histoire aux ficelles narratives trop grosses et caricaturales. Il me faudra deux années pour surmonter les préjugés nés de ce faux pas initial ; la réconciliation n'aura lieu qu'en 2009. Dans l'intervalle, ma consommation sud-coréenne se cantonna à des doses homéopathiques (il faut remercier Damo, le premier k-drama que j'ai aimé, sans lequel j'aurais peut-être baissé les bras).

Par conséquent, si je n'ose désigner A love to kill du fait du faible nombre d'épisodes vus (peut-être le choc culturel, notamment dans le style de la narration, fut-il trop fort ?), pour avoir visionné en entier Nine-Tailed Fox, mon jugement sera cette fois sans appel : fuyez !

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4/ Quel est le drama que tu n'as pas encore vu et qui te tente énormément et pourquoi ?

Même si sa longueur me fait hésiter à m'engager, j'aimerais vraiment trouver le temps de découvrir Ryomaden. En effet, s'il est un genre que j'aime par-dessus tout (en Asie comme en Occident), ce sont les séries historiques. Or j'ai certes vu un certain nombre de dramas de ce genre, en provenance de Corée du Sud (surtout), de Chine, et même de Hong Kong, mais de façon assez paradoxale, je n'ai jamais véritablement exploré ce créneau au Japon. Le plus proche de l'historique au Pays du Soleil Levant fut mon visionnage de JIN, un plongeon particulier au XIXe siècle. Donc j'aimerais vraiment un jour pouvoir apprécier et achever un vrai taiga de NHK. Et Ryomaden me semble remplir tous les critères ! 

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5/ Quel est le drama qui ne te tente absolument pas et pourquoi?

De manière générale, il y a des pans entiers des productions asiatiques que j'évite instinctivement : les high school drama, ou encore les mélodramas, en font partie. Il peut y avoir des exceptions, mais cela reste très marginal. De même, je fuis tout ce qui est trop déjanté au Japon ou trop sucré (j'ai rayé l'adjectif "mignon" de mon vocabulaire il y a des années) en Corée du Sud.

Cette année, parmi les différentes séries déjà diffusées ou en cours, l'archétype du k-drama auquel je n'ai pas laissé une seule chance et dont je n'ai même pas lancé le pilote, c'est sûrement Dream High. Les histoires musicales ne sont pas forcément ma tasse de thé (à l'exception du format biopic comme pour Rock Rock Rock), le cadre "scolaire" me rebutait, tout comme un casting dont les qualités d'acteurs n'étaient pas forcément le point fort... Depuis j'ai eu des échos qui ont contribué à nuancer cette première position, mais impossible pour le moment de songer à lancer ce drama.

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6/ Quels sont tes acteurs(-trices) de dramas préféré(e)s ?

De manière générale, j'ai naturellement tendance à peu personnifier les séries que je suis, en Asie comme en Occident. La première raison est malheureusement très terre-à-terre : je n'ai aucune mémoire pour les visages, comme pour les noms. (Combien de soirées passées à me torturer les méninges pour résoudre un "sentiment de déjà-vu" face à tel ou tel protagoniste ? Heureusement, imdb ou wikidrama ont été créés pour des gens comme moi.) Ce qui fait que les acteurs(-trices) dont la présence au générique d'une série pourra éveiller mon intérêt à l'égard de ce projet sont au final assez peu nombreux. La grande majorité du temps, c'est le concept qui est déterminant et primordial.

Du côté des acteurs (entre parenthèses, les dramas dans lesquels je les ai vus) :

En Corée du Sud : Kang Ji Hwan (Capital Scandal, Coffee House, Hong Gil Dong), Song Il Gook (Jumong, Lobbyist), Chae Sung Won (City Hall, Athena), Park Yong Ha (Loving you, Story of a man, On Air).

Au Japon : Tamayama Tetsuji (Dare Yori mo Mama wo Aisu, Prisoner, Sunao ni Narenakute, BOSS), Odagiri Joe (Atami no Sousakan, Jikou Keisatsu - et des films), Kimura Takuya (Pride, Karu Narei Hichizoku).

Du côté des actrices :

En Corée du Sud : Ha Ji Won (Damo, Secret Garden),
Kim So Yeon (IRIS, Doctor Champ), Park Si Yeon (Coffee House, Story of a man), Kim Sun Ah (City hall), Lee Ji Ah (The Legend, Beethoven Virus, Athena).

Au Japon : Amami Yuki (BOSS, GOLD), Kichise Michiko (BOSS, Mousou Shimai).

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7/ Quel reste ton meilleur "souvenir drama" ?

Si j'ai vécu des émotions fortes devant les dramas, je crois que le souvenir que je chéris le plus reste le jour où j'ai lancé le premier épisode de Nobuta wo Produce. Non seulement pour ce frisson d'excitation à mesure que l'épisode progressait, que le décor s'installait et que les personnages apparaissaient. C'est sans doute ce qu'on appelle la magie d'une première : je me souviens de cet émerveillement naïf devant un rien complètement anecdotique - sur la forme comme sur le fond. Mais surtout, j'ai eu la chance de partager ce moment un peu à part avec ma soeur. Pas téléphage pour un sou, elle n'a pas été plus convertie aux dramas qu'aux séries occidentales, mais elle en est ressortie fascinée et amoureuse du Japon. Vivre ces moments de découverte symbolisant la raison d'être de la sériephilie avec la complicité d'une autre personne qui est au diapason : ça mérite le détour.

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8/ Enfin, qu'est ce que tu dirais à une personne qui ne regarde pas de dramas pour la convaincre d'en regarder ?

Il se trouve que, dernièrement, j'ai perdu pas mal d'illusions dans le cadre de ce prosélytisme particulier. Certes j'admets sans peine que, comme toute production culturelle, les dramas aient leurs détracteurs et que chacun ait ses affinités, mais mes échecs et débats les plus récents m'ont renforcé dans cette idée ancienne d'une nécessaire multiplicité de grilles de lecture. Une  adaptation s'impose, même si cette dernière, suivant les individus, peut très bien être instantanée (j'en suis l'exemple) ou plus lente (au fil des découvertes progressives). On ne regarde pas une série asiatique pour les mêmes raisons qu'une série occidentale. Par conséquent, il n'est pas possible de simplement se contenter de transposer ses attentes occidentales - culturelles, formelles, etc. - à l'Asie. Une personne qui se contentera de tout analyser par le prisme de son préformatage culturel (conscient ou non) ne pourra jamais apprécier vraiment un drama. Donc si vous attendez du petit écran asiatique la même chose que du petit écran occidental, autant passer votre chemin.

En revanche, si le petit écran et ses productions au sens large vous intéressent réellement... Si vous êtes sincèrement curieux... Si vous avez envie d'explorer et de vous immerger dans d'autres cultures... Si les cahiers des charges des scénarios occidentaux sont devenus une mécanique parfois lassante et déshumanisée qui semble désormais avoir perdu de son charme et avec laquelle vous avez besoin de rompre un peu... Si vous recherchez une écriture qui sait jouer sur une forme d'innocence semblabl à une bulle d'air frais dans vos programmes... Les dramas vous attendent ! Ce sera l'occasion de découvrir d'autres codes narratifs, d'autres esthétiques et savoir-faire. Cette télévision qui fonctionne beaucoup sur les ressentis du téléspectateur, jouant sur une dimension plus émotionnelle, dispose de réels atouts ; et elle m'a permis de redynamiser une passion téléphagique qui commençait à s'essoufler en raison d'une overdose de programmes par trop semblables.

En résumé, vous trouverez ici un autre vaste terrain à explorer, un terrain dont il faut au moins avoir conscience de l'existence au vu de l'importance de ces productions au niveau mondial, mais aussi de la qualité de certaines perles que l'on y trouve. Un tel visionnage a également le mérite de remettre en perspective certaines de nos préconceptions narratives occidentales. De plus, l'ensemble est extrêmement diversifié. Car, de la même façon que l'Asie diffère de l'Occident, au sein de ce continent, il existe aussi d'importantes disparités. On ne regardera pas de la même façon, ni pour les mêmes raisons, une série japonaise et une sud-coréenne (où, par exemple, le registre sentimental sera généralement plus affirmé). Il faut donc expérimenter et explorer pour trouver ce qui peut vous correspondre. A noter cependant que les affinités avec telle ou telle nationalité peuvent être changeantes, au gré des attentes et de ses propres évolutions.

En résumé, actuellement, les technologies offrent une opportunité qui aurait été impensable il y a quelques décennies : apprécier un voyage téléphagique à travers le petit écran mondial... C'est une chance. Profitez-en.

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Ce tag ayant déjà été repris par la plupart des blogs sur les dramas que je connais, je crois que tout le monde a été sollicité, par conséquent, le billet se conclut ici. Merci pour cette idée de tag !

27/03/2011

(Pilote US) The Borgias : jeux de pouvoir impitoyables dans l'Italie de la fin du XVe siècle

 

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Au vu des programmes qui s'annoncent dans les prochaines semaines, je devine que mon mois d'avril aura un parfum historique très prononcé. C'est tout d'abord Showtime qui va ouvrir le bal, avec une fiction destinée à succéder aux Tudors, à partir d'un sujet qui promet tout autant, si ce n'est plus, que le règne de Henri VIII : les Borgias. Ce choix d'une famille restée dans la mémoire collective, non seulement comme un symbole de décadence, mais aussi comme un modèle dans l'art de la quête du pouvoir, telle que le décrira si méticuleusement Machiavel, quelques années plus tard, dans son célèbre Prince, présente a priori tous les ingrédients nécessaires pour offrir un cocktail détonnant mêlant pouvoir, sexe et politique, avec en toile de fond les luxueuses et fatales coulisses du Saint-Siège.

Ayant toujours eu un rapport compliqué et beaucoup de réticences face aux Tudors, c'est avec une certaine réserve que j'ai lancé ce premier épisode, même si le sujet m'intéressait a priori beaucoup. Et c'est finalement avec plaisir que je peux dire que le pilote des Borgias remplit a priori toutes les promesses que l'imagination féconde (et romanesque) du téléspectateur pouvait avoir envisagé. D'une longueur imposante de plus d'1h30, il pose le cadre sanglant et ambitieux qui va être celui de la série, tout en introduisant efficacement la situation comme les protagonistes. La diffusion de The Borgias commencera le 3 avril prochain sur Showtime. Je serai au rendez-vous.

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L'histoire s'ouvre à Rome, à la toute fin du Moyen-Âge et à l'aube de la Renaissance, en 1492. Les premières minutes nous permettent d'assister au dernier soupir du pape Innocent VIII. C'est l'opportunité qu'a patiemment attendu toute sa vie le très ambitieux cardinal Rodrigo Borgia, lui-même neveu du pape Callixte III. Le conclave, qui s'organise sous nos yeux, réuni afin d'élire son successeur, va s'avérer aussi disputé qu'opaque. En effet, il va être le cadre des plus intenses tractations et autres manoeuvres corruptives pour permettre à Rodrigo d'obtenir les faveurs de la majorité des votants. A l'extérieur, son fils Cesare le seconde habilement afin d'assurer la réussite de ses projets. Ses ambitions se verront récompensées : Rodrigo deviendra pape, prenant le nom d'Alexandre VI.

Cependant cette consécration est loin d'être une fin en soi. En effet, si les Borgia, une famille originaire d'Espagne, avaient déjà leur part d'ennemis dans l'Italie de cette fin de XVe siècle, l'accession au siège de saint Pierre ne va faire qu'attiser les tensions et renforcer la résolution de leurs ennemis. Se maintenir en place promet d'être aussi difficile et compromettant que l'ascension a pu l'être, en témoignent les complots qui, dès ce premier épisode, rythment déjà les coulisses du Saint-Siège. Alexandre VI devra plus que jamais s'appuyer sur la ruse, mais aussi sur ses enfants, au premier rang desquels, Cesare, qu'il va rapidement nommer cardinal.

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C'est tout d'abord dans le registre d'une fiction politique historique que The Borgias s'impose. Ce pilote se consacre  pleinement à la mise en scène de jeux de pouvoir mortels, sur fond de confrontation fatale entre les ambitions des grandes familles romaines influentes de l'époque. Tous les moyens sont bons pour servir leurs projets, ne s'arrêtant pas seulement à une corruption qui apparaît généralisée. De façon impitoyable, les complots se font et se défont, tandis qu'avec un arrière-goût empoisonné, les trahisons se succèdent, et les morts aussi. Si l'histoire se concentre logiquement sur les manoeuvres de Rodrigo et de son fils, ils sont loin d'être les seuls à agir en coulisses. 

Conduit de façon rythmée, l'épisode nous propose donc une partie d'échec létale très accrocheuse, où la ruse est élevée au rang d'art, où la pitié et la morale ne sauraient intervenir, tout étant sacrifiable pour atteindre et assurer le pouvoir. On parlerait anachroniquement sans nul doute de machiavélisme, si Cesare Borgia n'avait pas justement inspiré le Prince de Machiavel publié quelques années plus tard. De même, à observer ces clans familiaux ainsi s'affairer et s'affronter, entièrement dédiés à cette lutte pour le pouvoir, le sous-titre de l'affiche de la série, "the original crime family", s'avère être bel et bien une promesse tenue. Et quand le cardinal Della Revore découvre son lit ensanglanté par un cadavre - même si c'est celui d'un être humain - la réminescence d'une autre scène cinématographique célèbre du genre vient naturellement : après tout, ce n'est pas non plus un hasard si Mario Puzzo a pu consacrer tout un roman à romancer le destin de cette famille. En résumé, The Borgias dispose de tous les ingrédients pour mettre en scène des luttes de pouvoir aussi animées que complexes. 

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Outre ses enjeux politiques, The Borgias exerce également un attrait plus subversif : le nom de cette famille a conservé à travers les siècles un parfum sulfureux sur lequel le pilote capitalise pleinement. Népotiste assumé, simoniaque rompu à tous les trafics, nicolaïste notoire, Alexandre VI personnifie et symbolise les dérives internes de l'Eglise du XVe et des débuts du XVIe siècle. L'épisode ne nous épargne aucun détail de cette décadence aux multiples facettes : des dessous de l'élection pontificale de 1492, avec la distribution de bénéfices ecclésiastiques et le pillage d'églises vidées de leurs objets de valeur, jusqu'aux questions de moeurs, face à un Souverain Pontife qui écarte de l'oeil du public la concubine qui lui a donné quatre enfants au motif hypocrite du maintien des apparences, tout en installant sa nouvelle maîtresse dans une maison où il peut lui rendre visite en secret.

De plus, ces thèmes se déclinent également à l'intérieur de la dynamique, forcément particulière, d'une famille toute entière consacrée aux ambitions du père. Les rôles y sont déjà distribués. Cesare, en dépit d'un intérêt bien plus porté sur le temporel que le spirituel, se doit d'embrasser une carrière ecclésiastique sur les pas de Rodrigo, tandis que son frère sera celui qui s'investira dans le versant militaire pour consolider leur emprise sur la péninsule. Quant à Lucrezia, le jeu des alliances par mariage lui est ouvert. Il faut noter que c'est jusqu'au sein même de cette famille que les signes de dérive des moeurs sont perceptibles. En effet, l'épisode met ouvertement l'accent sur l'ambivalence des rapports, ou plutôt des sentiments éprouvés par Cesare à l'égard d'une soeur qu'il chérit plus que tout et dont il a bien du mal à concevoir la seule idée du mariage.

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Au-delà de ces thèmatiques où se mêlent pouvoir et sexe avec en toile de fond une reconstitution historique mettant en avant le luxe romain de cette fin de XVe siècle, la réussite de ce pilote va aussi être de ne jamais déshumaniser les jeux politiques qu'il dépeint. Si, par son sujet, The Borgias ne pouvait être manichéenne, elle va aussi proposer des personnages avec leurs failles et leurs propres ambiguïtés : ce ne sont pas des figures unidimensionnelles qui se réduiraient à leurs seules ambitions. Certes, la plupart des personnages sont moralement condamnables, mais ils sont surtout les dignes participants d'une tragédie du pouvoir shakespearienne, permettant à la série d'investir une dimension humaine qui retient également l'attention.

Ainsi, le pilote installe et et réserve une part d'ambivalence à tous ces protagonistes qui ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins. Sans doute pour bien introduire son cadre, il se concentre surtout sur Rodrigo (Alexandre VI) et Cesare. Pour le premier, ce sont ses positions teintées d'hypocrisie qui renforcent ses paradoxes, le vernis se craquellant rapidement derrière les déclarations d'intention initiales annonçant sa volonté de remplir dignement la fonction à laquelle il a été élu. Pour Cesare, les conflits internes sont plus personnels. Instrument frustré de son père, prêt à tout pour protéger sa famille, il ne rêve que de se voir délier de ses voeux ecclésiastiques pesant qu'il n'a prêté qu'avec réticence, mais il va finalement se retrouver nommé cardinal par le biais d'une énième manoeuvre politique de son père pour s'assurer d'une assise majoritaire auprès de ces dignitaires.

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Au-delà de son efficacité sur le fond, c'est aussi sur la forme que The Borgias a su mettre tous les atouts de son côté. La série séduit par l'esthétique proposé dans ce pilote qui exploite pleinement le faste et le luxe de son décor romain. Il se dégage de ces superbes images comme un parfum de fin de XVe siècle absolument saisissant. La réalisation est soignée. Une attention toute particulière a été portée aux costumes, comme aux lieux dans lesquels se déroulent les scènes. Les effets de caméra, comme les teintes choisies, sont un vrai plaisir pour les yeux du téléspectateur.

Pour accompagner cette forme très convaincante, la série dispose également d'une bande-son en parfaite adéquation avec son ambiance, reprise réagencée de musique aux faux accents religieux. Elle n'est pas trop envahissante, mais contribue à donner son atmosphère de cette fiction, rythmant les intrigues et pointant la solennité de certains passages. D'ailleurs, c'est dès le départ, avec son long et magnifique générique, que The Borgias impose son style et ses ambitions sur la forme (cf. la première vidéo en bas de ce billet).

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Enfin, pour donner vie aux protagonistes dans cette fresque, The Borgias bénéficie d'un casting international solide qui s'avère être à la hauteur des attentes. Jeremy Irons s'impose d'emblée comme la figure centrale ambitieuse, non dénuée d'ambiguïté dans sa façon d'alterner autoritarisme et ruse pour parvenir à ses fins. Pour le seconder dans ses basses oeuvres au sein de l'Eglise, son fils Cesare est interprété efficacement par François Arnaud (Yamaska). David Oakes (Les Piliers de la Terre), qui s'épanouit dans le domaine militaire, Holliday Grainger (Demons, Above suspicion, Any human heart) en troublante Lucrezia et Aidan Alexander, jouent ses autres enfants, tandis que Joanne Whalley incarne leur mère.

Autour de la famille Borgia gravite des alliés d'un jour et des ennemis encore plus déterminés. On retrouve dans la galerie d'acteurs qui les interprètent : Derek Jacobi (Mist : Sheepdog Tales), Colm Feore (24, The Listener), Ruta Gedmintas (Lip Service), Lotte Verbeek, Elyes Gabel, Sean Harris (Meadowlands), Simon McBurney (Rev.), Vernon Dobtcheff, Peter Sullivan (The Bill, The Passion) ou encore Bosco Hogan (The Tudors).

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 Un aperçu des décors...

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Bilan : Superbe sur la forme, solide sur le fond, The Borgias démarre sur un pilote convaincant et abouti qui correspond à l'image romanesque préconcue que l'on pouvait avoir d'une fiction centrée sur cette famille marquante des XVe et XVIe siècles italiens. Grandeur et décadence, sexe et politique, religion et corruption, seront au rendez-vous de cette série historique qui nous plonge dans les coulisses du Saint-Siège. Au vu de cette introduction, elle dispose a priori de tous les ingrédients pour s'imposer comme un rendez-vous hebdomadaire plaisant. A suivre !


NOTE : 8/10


Le générique :

La bande-annonce de la série :

26/03/2011

[TV Meme] Day 30. Saddest character death.

Aujourd'hui marque la clôture d'une rubrique qui aura accompagné le rythme de publication de ce blog depuis l'été dernier, avec le trentième et dernier jour de ce TV Meme. J'avais reécrit les règles pour l'occasion en en faisant un rendez-vous hebdomadaire. Le bilan de l'exercice me semble positif. Cela aura été l'occasion de parler de séries plus anciennes et de remonter aux fondements d'une passion dont ce blog n'est que la dernière déclinaison. Les choix faits auront toujours plutôt représentatifs d'une façon ou d'une autre ; si bien que j'ai l'impression que les objectifs initialement fixés ont été remplis.

 

Ce TV Meme se termine sur une note triste : ces passages poignants durant lesquels des personnages, que l'on suivait parfois depuis plusieurs saisons, meurent. De manière générale, j'ai la larme facile devant le petit écran. Il suffit souvent d'une musique appropriée et de quelques plans inspirés pour me faire entamer la construction d'une pyramide de kleenex sur ma table basse. L'émotionnel intense qui se rattache à ces moments explique que leur souvenir a aussi pu se graver plus profondément dans la mémoire téléphagique. Schématiquement, on peut distinguer deux types de mort : celle qui sont intégrées dans les arcs narratifs, bouleversant les bases d'une série qui se poursuit et dont on va apprécier les conséquences ; et celle qui va conclure une histoire, c'est-à-dire la série en elle-même.

D'aussi loin que je me souvienne, la première mort à m'avoir marquée appartient à la première catégorie. C'est le moment où j'ai pris conscience de l'existence d'un pan d'imprévisibilité scénaristique que je ne soupçonnais pas : les "piliers" des fictions me semblaient auparavant destinés à être immuables... et pourtant, ce fut le personnage principal, en bien des points représentatif de la sérien qui mourut dans ce season finale. Cette première pierre larmoyante de ma sériephilie se déroula sur un ring de boxe. Nous étions dans le dernier épisode de la première saison de Hartley Coeur à Vif : il s'agissait de Nick.


Avec le temps, je n'ai jamais perdu ma sensibilité pour ces passages. La série par laquelle j'ai sans doute vécu, de la manière la plus impliquée qui soit, les morts les plus poignantes restera probablement Urgences. La mort de Lucy me laissa terriblement bouleversée, tandis que je ne peux plus écouter la chanson "Over the rainbow" sans penser à Mark Greene (le simple fait d'ailleurs de revoir cette scène provoque aujourd'hui un pincement de coeur très particulier).

La mort de Mark ("Over the rainbow") :


Ce n'est sans doute pas un hasard si l'autre série qui s'est imposée comme une évidence dans ce dernier jour est une chronique qui partage un état d'esprit similaire, une importante et centrale dimension humaine transposée au quotidien d'autres services publics : New York 911 (Third Watch). Cette dernière n'a jamais été tendre avec ses personnages ; j'aurais pu citer la mort d'Alex ou celle de Cruz, mais c'est la première qui m'a indéniablement le plus marqué. Encore une fois, elle est associée à une chanson ("Only time" d'Enya). Lorsque l'épisode en question fut diffusé, un vendredi soir sur France 2, j'ai été incapable de dormir dans les heures qui ont suivi, tellement l'ensemble m'avait remuée. Sans doute était-ce parce que tout un épisode qui y était consacré (symboliquement, comme factuellement). C'est donc celle-ci que j'ai choisi :

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Bobby Caffee
(New York 911 (Third Watch), 2.17 - Unfinished Business)


Les dernières minutes de l'épisode, avec la chanson d'Enya, "Only Time", qui retentit :

 

Enfin, même si mon choix s'est arrêté sur une mort "intégrée à la continuité de la série", je ne peux sans doute pas occulter une autre façon d'utiliser la mort de personnage : celle qui intervient pour conclure la fiction. Dans ce registre, par leur format et leur sens de la tragédie particulièrement abouti, je pense que les séries asiatiques sont en mesure de faire plus que concurrence en terme de litres de larmes versés. J'avoue que je ne recherche pas vraiment ce type de série et j'ai tendance à éviter les fictions dont le synopsis révèle les thématiques difficiles sur lesquelles l'histoire va se concentrer. Mais j'ai quand même pu apprécier ce savoir-faire dans bon nombre de dramas historiques. Si je ne devais en retenir qu'une seule, ce serait une co-production sino-coréenne, dont la résolution fut très éprouvante : il s'agit de Bicheonmu.

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Et sur ces considérations se referme ce TV Meme. J'espère qu'en dépit des libertés que j'ai pu prendre avec le concept, cette lecture hebdomadaire vous aura intéressé.

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25/03/2011

(US) Au nom de la loi (Wanted Dead or Alive) : chroniques d'un chasseur de primes

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Aujourd'hui, un billet un peu spécial et l'occasion d'ouvrir une nouvelle rubrique sur My Télé is Rich!.

Si vous me lisez depuis quelques temps déjà, vous le savez : j'ai des centres d'intérêt très (trop?) divers. Parmi les multiples thématiques qui me passionnent, il en est une dont je ne vous ai encore jamais vraiment parlé. Sans doute parce qu'elle touche plus à un volet cinématographique que strictement téléphagique : ma passion pour les westerns. Si mes parents et moi partageons peu d'affinités culturelles communes, voilà cependant leur héritage. Il est lié à ce rendez-vous incontournable du samedi soir où toute la famille se réunissait pour lancer la VHS tressautante d'un John Ford ou d'un Sergio Leone. Encore aujourd'hui, des années après avoir quitté la maison parentale, je suis toujours capable de réciter en même temps que les acteurs les lignes des dialogues de la première heure de Rio Bravo, des Sept Mercenaires ou encore de la Charge héroïque.

De façon plus marginale, cette sensibilité particulière pour l'appel de l'Ouest s'est aussi déclinée dans le petit écran. Certes cet héritage téléphagique parental reste très circonscrit. Mais il a son importance, car il correspond aux plus anciennes séries que j'ai jamais suivies : celles du petit écran américain des années 50. De cette époque, je garde un penchant pour ces chevauchés sauvages à travers le souvenir de trois séries qui ont accompagné, chacune à leur façon, ma découverte de la télévision : Rintintin, Zorro et Au nom de la loi. Si la première m'a moins marqué, les deux autres demeurent des productions devant lesquelles je peux spontanément m'installer, encore aujourd'hui, pour passer une soirée à les savourer.

Et hier (sans doute une conséquence indirecte d'être allée voir True Grit mercredi soir), j'ai ressorti les épisodes de mon chasseur de primes favori. Appelez cela de la nostalgie, mais j'ai passé une petite heure extra devant mon écran.

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On l'a quelque peu oublié aujourd'hui, étant donné qu'il a quasiment disparu du petit écran, mais un des premiers genres de prédilection dans lequel se sont épanouies les séries télévisées américaines fut bel et bien le western. Les années 50 et le tournant des 60s' correspondirent à un apogée qui vit mûrir et se développer un western plus adulte et moins manichéen qu'à ses débuts, à travers des séries comme The Life and Legend of Wyatt Earp en 1955. Ainsi, diffusée de 1958 à 1961 sur CBS, Au nom de la loi appartient-elle bien à son époque ; la figure mythique de Bonanza naissant d'ailleurs une année après en 1959. Comptant au total 94 épisodes, d'une durée moyenne de 25 minutes environ, Au nom de la loi arrivera rapidement en France, diffusée dès 1963 sur l'ORTF.

Cette série se propose de nous faire suivre les aventures d'une figure solitaire, représentative en bien des aspects de cet Ouest américain du XIXe siècle, celle d'un chasseur de prime du nom de Josh Randall. Muni d'une arme très reconnaissable sur laquelle la caméra zoome lorsque le générique s'ouvre, une Winchester 1984 qui lui restera à jamais associée, c'est avec pour seule motivation l'argent de la récompense promise pour leur capture que cet homme traque et livre aux représentants de l'Ordre des personnes recherchées par la Justice, sur des territoires où cette dernière apparaît parfois très illusoire. Série non feuilletonnante, chaque épisode dispose d'une histoire indépendante, seuls ses employeurs, voire exceptionnellement la nature de sa mission, varient. Développées sur moins d'une demi-heure, les histoires restent généralement simples, se résumant la plupart du temps en une traque plus ou moins mouvementée. Cependant, conduites sans temps mort, elles se laissent suivre sans déplaisir et se révèlent efficaces.

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Ce n'est ni dans les storylines (relativement peu complexes), ni dans les décors souvent interchangeables de cette série tournée en noir et blanc et qui fut colorisée durant les années 90 - la chemise du héros devenant ainsi bleue alors qu'elle était en réalité beige à l'origine -, que réside le principal attrait d'Au nom de la loi. Son véritable atout, lui permettant d'être appréciée encore aujourd'hui et grâce auquel elle a pu résister, bien mieux que la plupart de ses consoeurs, à l'épreuve du temps, repose sur l'originalité du personnage de Josh Randall. Car ce solitaire pragmatique, dont la seule motivation est l'argent, n'a rien du redresseur de torts auquel renvoie traditionnellement le mythe du héros de l'Ouest. Représentant d'une profession loin d'avoir une bonne image, il tranche singulièrement dans le paysage télévisuel de l'époque, s'imposant au contraire comme une forme d'anti-héros.

Ainsi, si Josh Randall reste un homme droit, qui ne tue que lorsque cela est nécessaire, il diffère de l'idéal du justicier par ses motivations purement matérielles : ses priorités sont la prime, non la justice. De même, courageux mais pas téméraire, jamais il ne prendra de risques inconsidérés : capturer des criminels ne mérite pas d'y sacrifier sa vie. Derrière ce portrait intrigant, qui conserve encore une aura diffuse de mystère même aux yeux du téléspectateur moderne, se dessine en fait la recherche d'une figure réaliste, loin de toute idéalisation. Loin d'être unidimensionnel, il apparaît avant tout très humain. Cette nuance et cette ambivalence cultivées, préfigurant les évolutions narratives ultérieures des héros du petit écran, confèrent à ce personnage central une consistance, mais aussi un attrait, qui ont justement permis à Au nom de la loi de traverser les décennies.

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Il est d'ailleurs intéressant de souligner que cette approche, qui apporte une authenticité prenante à la série, tenait tout particulièrement à coeur de l'acteur à qui ce rôle a donné l'occasion de se faire connaître : Steve McQueen. Il a toujours défendu cette vision empreinte de réalisme, qu'il s'est efforcée d'imposer à une chaîne plus réticente qui tenait, elle, à son image romancée du cowboy. Outre la personnalité de Josh Randall, l'interprétation de Steve McQueen est aussi une des raisons pour laquelle Au nom de la loi mérite d'être vue. Par la présence nonchalente mais tellement charismatique qu'il dégage à l'écran, l'acteur incarne véritablement cette figure de l'Ouest, dans toute son assurance comme dans la relative ambivalence d'un personnage qui est aussi faillible.

Ce parti pris n'est pas non plus un hasard : Steve McQueen se spécialisera par la suite au cinéma dans ces rôles d'anti-héros qui le populariseront. En bien des points, on peut voir dans Josh Randall un précurseur. D'ailleurs, à titre personnel, j'avoue que c'est justement ce rôle qui a fait de lui un des premiers acteurs fétiches de mon adolescence. Et cette série explique que la plupart de ses films, de Bullitt à La grande évasion, se retrouvent aujourd'hui dans ma DVDthèque.

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Bilan : Western de l'âge d'or du genre à la télévision américaine, Au nom de la loi appartient incontestablement au patrimoine sériephile. Cependant, au-delà de ces considérations d'histoire du petit écran et de la curiosité culturelle qu'elle peut susciter, il faut souligner qu'il s'agit aussi d'une série qui a su relativement bien résister au temps grâce à la figure centrale qu'elle met en scène. La modernité de la personnalité de Josh Randall, caractérisée par cette aura d'ambivalence teintée de pragmatisme, reste l'attrait majeur de cette série, faisant de ce chasseur de primes une des figures marquantes du petit écran.

Ainsi, pour les amoureux de l'Ouest sauvage comme pour les sériephiles curieux de découvrir ce qui a pu façonner le petit écran d'outre-Atlantique, Au nom de la loi demeure une série qui se redécouvre avec plaisir. Elle est la digne représentante d'un genre important qui permet de nous rappeler, non seulement que les fondations du petit écran datent de bien avant notre naissance, mais aussi la façon dont le savoir-faire moderne s'est construit et forgé dans ces premières décennies de la télévision.


NOTE : 7/10


Le générique de la série :


Pour les curieux qui aimeraient en savoir plus, je vous conseille notamment ce très intéressant article : Au nom de la loi [Arrêt sur Séries].