07/09/2013
(DAN) Borgen, saison 3 : un nouveau défi, de nouvelles épreuves
Le jeudi 3 octobre prochain, Arte débutera la diffusion de la troisième et dernière saison de Borgen (elle sortira ensuite en DVD dès la semaine suivante). Comme pour Forbrydelsen, la chaîne publique danoise DR a adopté le schéma d'une série construite sur trois saisons, évitant ainsi tout risque d'essoufflement. Une façon de s'assurer de partir par la grande porte, ce que Borgen a réussi au Danemark l'hiver dernier, où elle a été proposée du 1er janvier au 10 mars 2013.
Quand vient l'heure de quitter une telle série, les mots me manquent, le coeur se serre. Elle n'a pas été la première fiction danoise que j'ai visionnée, ni celle qui a éveillé mon intérêt pour les productions scandinaves, mais elle reste ma préférée. C'est avec des yeux un peu émerveillés que je l'avais découverte en mai 2011, moi qui aime tant les fictions politiques depuis The West Wing. La suite aura été à la hauteur. Parcourue d'une énergie communicative, composée de personnages engageants, elle a marqué ma sériephilie de ces dernières années. J'ai donc remis au lendemain pendant plusieurs semaines le visionnage de ces ultimes épisodes, caressant l'illusion de conserver un peu plus longtemps de l'inédit. Il est cependant temps de refermer ce beau chapitre.
[La review qui suit contient des spoilers sur la saison 3.]
La saison 3 de Borgen s'ouvre plus de deux ans après le final de la saison précédente. Birgitte a perdu les élections législatives et s'est retirée de la vie politique, s'investissant à l'international dans le privé. C'est en Chine qu'on la retrouve lorsque la saison débute ; en plus des affaires, elle y côtoie notamment son nouveau compagnon, Jeremy Welsh, un architecte anglais. Au Danemark, Katrine est toujours présentatrice sur TV1, chaîne sur laquelle Kasper anime désormais une émission d'analyse politique. S'ils ont eu un enfant, leur couple n'y a pas survécu. Tout en réglant à l'amiable la question de la garde, c'est surtout Katrine qui jongle avec son emploi du temps sur-chargé, pouvant heureusement compter sur l'assistance de sa mère.
L'intérêt de Birgitte pour les affaires publiques est resté intact. Elle assiste d'un mauvais oeil au rapprochement de son parti avec certaines des politiques menées par le gouvernement de droite actuelle, notamment sur l'immigration. Cela la décide à vouloir revenir dans l'arène politique ; mais elle se heurte à l'hostilité du nouveau leader centriste, Jacob Kruse, avec lequel elle a déjà un lourd passif du temps où elle était Premier Ministre. Après avoir échoué dans sa tentative de reprendre le contrôle du parti, elle imagine une autre voie : la création de son propre parti centriste. Ayant débauché Katrine pour l'aider, les deux femmes se lancent sur la scène politique décidées à y constituer et à y imposer cette nouvelle force.
Avec cette saison 3, une redistribution importante des cartes s'est opérée dans le paysage politique danois. Borgen nous entraîne dans l'après-gouvernement. Ce choix est très intéressant, car il a le mérite de placer Birgitte dans un tout autre contexte par rapport à celui dans lequel elle a évolué au cours de deux premières saisons. Le récit ne porte plus sur l'exercice du pouvoir et sa défense, mais raconte l'histoire d'un nouveau départ, en repartant de la base, celle de la formation d'un parti. Par conséquent, les problématiques traitées sont différentes : la série nous avait appris les arbitrages d'intérêts et l'art des négociations pour adopter une législation, cette troisième saison est surtout celle des stratégies électorales et des manœuvres politiciennes ayant pour but de progressivement compter dans le débat public. Il ne s'agit plus de gouverner, mais de construire un programme, de tenter de s'engager pour l'avenir sans avoir les moyens présents de peser comme on le souhaiterait.
Les dynamiques humaines sont également différentes. Le passage d'un parti amateur, proche d'une auberge espagnole, où chacun projette des attentes parfois très éloignées des opinions de Birgitte, à un groupe politique cohérent et en ordre de bataille, ne se fait pas en un jour. De plus, seuls trois parlementaires, insatisfaits dans leurs partis d'origine, prennent initialement le risque de rejoindre cette nouvelle formation. Ce n'est certes plus la vie agitée d'un gouvernement qu'il faut s'efforcer de réguler, mais la gestion des égos, des ambitions et des caractères de chacun reste une oeuvre complexe, dans laquelle il y a aura des déceptions pour Birgitte. Cette dernière s'impose avec une force inchangée. Femme de conviction, politicienne habile et solide, elle démontre tout au long de la saison, face à ces nouveaux enjeux, pourquoi le leadership lui est tout naturellement échu. Rarement une figure de pouvoir féminine aura été si magistralement caractérisée.
Dans son traitement des personnages, Borgen ne modifie pas la recette qui a fait son succès : elle continue de lier professionnel et personnel, en cherchant le juste équilibre pour permettre à ces deux pans de s'emboîter. Cela donne l'occasion d'explorer plus avant ses figures principales. C'est tout particulièrement le cas pour Birgitte, car, en plus de devoir se réinventer politiquement, elle est confrontée à une toute autre épreuve, plus intime, à laquelle rien ne peut préparer : la maladie. A la différence d'autres fictions politiques ayant abordé le sujet sous l'angle de la transparence ou de la remise en cause de la capacité à exercer des fonctions à responsabilité (telle The West Wing), Borgen privilégie un angle personnel.
C'est donc du point de vue de Birgitte que la série nous relate la difficulté à mener de front des ambitions politiques - surtout une campagne électorale - et un traitement médical lourd comme une chimiothérapie. Le téléspectateur mesure ici la détermination inébranlable du personnage. Il assiste aussi à sa prise de conscience progressive : Birgitte ne peut pas continuer comme si de rien n'était, dans le secret y compris vis-à-vis de sa famille. Cela l'érode physiquement, nerveusement. Elle se voit contrainte d'évoluer, mais ce qu'elle parvient malgré tout à accomplir n'en est que plus à saluer. Elle reste fidèle à elle-même, avec la force qu'on lui connaît, pour venir confirmer sa stature de grande femme d'Etat.
Suivant le schéma qui a fait la réussite des deux premières saisons, Borgen ne néglige pas non plus la dimension médiatique de son histoire. Si la série fonctionne toujours avec trois têtes d'affiche, il faut signaler un changement : aux côtés de Birgitte et de Katrine, c'est désormais Torben Friis, responsable de l'information à TV1, qui est mis en avant, tandis que Kasper est beaucoup plus en retrait. Associer Birgitte et Katrine permet de découvrir un autre type de relation entre la politicienne et sa spin-doctor. Faisant un pari osé, elles s'allient pour construire de toutes pièces un nouveau parti. Il en résulte une réelle complicité. Le changement est notable par rapport à Kasper. La série perd en confrontations potentielles, les voix dissidentes, avec des divergences de stratégie, se retrouvant portées par des figures plus extérieures, comme Jon Berthelsen. Si le téléspectateur regrette parfois les explosions passées, cette unité et le consensus apparent entre ces deux femmes souvent sur la même longueur d'ondes se justifient par la différence de cadre. Birgitte n'affronte plus ses adversaires en situation de force, elle a besoin du soutien inébranlable de Katrine.
L'autre storyline médiatique entraîne le téléspectateur dans les coulisses de la chaîne TV1, en phase de restructuration. Borgen aborde la question du traitement de l'information dans les médias. Mettant en scène la course aux audiences, elle s'interroge sur l'endroit où placer le curseur : dans quelle mesure peut-on sacrifier la rigueur de l'information pour adopter des concepts et des mises en scène plus aguicheuse à destination d'un public élargi ? Torben est confronté à un nouveau supérieur qui entend donner un coup de jeune à la chaîne de télévision. Mis sous pression, il tente tant bien que mal d'intégrer ces nouvelles exigences en forçant sa nature et en allant à contre-courant. La saison suit sa progressive perte de repères, dans laquelle le téléspectateur craint longtemps qu'il ne s'égare définitivement. On peut regretter que la mise en scène de cette problématique ne soit pas aussi nuancée que la partie politique, avec quelques évolutions un peu abruptes, mais elle offre des moments pertinents, éclairant notamment la dangereuse porosité de la frontière entre divertissement et information.
Côté casting, le téléspectateur retrouve avec plaisir des acteurs principaux toujours aussi solides et convaincants. Sidse Babett Knudsen rayonne à l'écran avec une présence et une force inchangée : son personnage affronte des épreuves nouvelles, l'occasion de nuancer son jeu, de parfois craquer, tout en continuant de façonner une figure de pouvoir absolument fascinante. Quant à son nouveau compagnon, il est interprété par l'écossais Alastair Mackenzie (Psychos, Monarch of the Glen), l'occasion pour Borgen de prendre quelques accents anglophones puisque son personnage ne parle pas un mot de danois (et de tester du même coup l'accent anglais des autres personnages !).
Par ailleurs, en nouvelles têtes danoises, Borgen a décidément tout fait pour rester durablement dans mes séries préférées : elle accueille en effet plusieurs acteurs que j'apprécie beaucoup. Ainsi, parmi ceux qui rejoignent le parti de Birgitte dès la première heure, figure Jens Albinus (Ørnen: En krimi-odyssé) qui incarne Jon Berthelsen, politicien ambitieux qui, s'il partage un certain nombre de convictions politiques avec Birgitte, fait preuve d'un pragmatisme parfois très empressé. Autre recrue notable, Lars Mikkelsen est introduit en économiste réputé, doté d'un passé communiste encombrant qu'il va falloir gérer. Depuis le temps que je vous parle de cet acteur - croisé dans Forbrydelsen, Edderkoppen, Den Som Draeber... -, il faut que je fasse mon mea culpa : ce n'est que cet été - quand sa participation à la saison 3 de Sherlock a été annoncée - que j'ai découvert ses liens de parenté avec un autre acteur reconnu qui s'est rappelé aux sériephiles cette saison dans Hannibal, Mads Mikkelsen. Conclusion, promis je consulterai plus les pages "trivia" des fiches imdb à l'avenir !
Bilan : Cette saison 3 démontre une nouvelle fois combien Borgen est une série engageante et stimulante, un portrait vivant du Danemark et de sa société. Dotée d'un propos très riche lui permettant d'aborder toutes les facettes du débat public et des moeurs politiques, elle a su passionner pour ces problématiques, en sachant notamment s'appuyer sur des protagonistes principaux à la caractérisation soignée. Le mélange entre vie publique et vie privée a permis d'impliquer émotionnellement un peu plus fortement un téléspectateur déjà séduit par l'écriture. Enfin, la série se conclut de la plus logique et légitime des façons : son dernier épisode referme ces trois saisons par le rappel de cette fièvre caractéristique des soirées électorales, en écho au début de la série où une de ces soirées avait justement propulsé Birgitte, dans d'autres circonstances, sur le fauteuil de Premier Ministre.
Enfin, terminons sur un autre type de bilan. Il y a 2 ans et demi, mon premier billet sur Borgen contenait un souhait : que la série ait l'occasion de faire ses preuves devant le public français. Cela a été le cas, puisqu'elle aura eu la chance de connaître une exposition optimale : une diffusion en prime-time, en VM, sur une chaîne gratuite, avec une campagne promotionnelle solide lors de son lancement, et une sortie DVD de ses trois saisons. Donc un grand merci à Arte !
NOTE : 8,75/10
Le générique de la troisième saison :
Des images de cette saison dans la bande-annonce "séries" d'Arte :
18:42 Publié dans (Séries européennes autres) | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : danemark, dr1, borgen, arte, sidse babett knudsen, mikael birkkjaer, pilou asbaek, birgitte hjort sorensen, freja riemann, emil poulsen, anders juul, thomas levin, soren malling, lisbeth wulff, kasper lange, alastair mackenzie, jens albinus, lars mikkelsen | Facebook |
23/04/2011
(Mini-série DAN) Edderkoppen (L'araignée) : un polar noir entre trafics et corruptions dans un pays à reconstruire
Après avoir évoqué l'après Seconde Guerre Mondiale au Japon, mercredi, avec Fumou Chitai, je vous propose aujourd'hui de rester dans cette période mais de revenir en Europe, pour une critique d'ensemble d'une mini-série danoise intrigante, Edderkoppen (c'est-à-dire "L'araignée"). Mon exploration téléphagique au Danemark se poursuit sur des bases intéressantes, avec cette fois-ci, une fiction historique (oui, il ne m'aura pas fallu longtemps pour mettre la main sur une du genre !) au parfum enfumé et grisâtre, caractéristique des polars noirs se déroulant au milieu du XXe siècle.
Edderkoppen est une mini-série comportant 6 épisodes, d'une heure chacun environ. Elle fut diffusée sur la chaîne DR1, en 2000, rassemblant près de 2 millions de téléspectateurs (sur 5 millions d'habitants). Pour épicer l'ensemble, précisons également que son scénario est basé sur l'histoire vraie d'un syndicat du crime danois, même si l'adaptation est romancée et que la mini-série prend bien soin de préciser que, si elle s'inspire de certaines figures qui ont bien existé, elle reste une fiction.
Edderkoppen s'ouvre quelques années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en 1949, à Copenhague. La ville, comme le pays tout entier, est encore en train de se reconstruire. Les blessures laissées par la guerre ne se sont pas refermées. Les actions des nouvelles institutions gouvernementales apparaissent toujours fragiles face à une économie balbutiante, où le rationnement des denrées perdure. Un marché noir conséquent s'est développé en parallèle. Ces trafics génèrent des revenus qui alimentent des réseaux souterrains, faisant la richesse de certains. A mesure que l'importance de ces derniers grandit, c'est une véritable toile d'araignée criminelle qui se tisse peu à peu dans Copenhague, avec la bénédiction d'officiers de police corrompus ou de connivence.
Dans cette même ville, Bjarne Maden est un jeune journaliste au Social-Democrat, encore plein de certitudes sur son métier et plus que désireux de faire ses preuves. Idéaliste refusant la moindre compromission avec une éthique à laquelle il tient, il entreprend de tenter d'exposer le marché noir dont il perçoit l'importance grandissante. Il soupçonne que se cache derrière ces activités un véritable syndicat du crime bien plus organisé que ce que les officiels veulent bien reconnaître. C'est avec une obstination où l'audace confine parfois à de l'inconscience que Bjarne va se lancer dans une sorte de croisade aux ramifications plus importantes qu'il n'aurait pu l'imaginer. En quête de la tête pensante, "l'araignée", il remonte une toile qui le conduit dans les hautes sphères dirigeantes du Danemark. A mesure qu'il progresse, les choses ne vont cesser de se complexifier pour le jeune homme, qui voit en plus son quotidien bouleversé par le retour des Etats-Unis de son frère, Ole, un ancien sympathisant nazi qui a fui le pays il y a des années.
La réussite première d'Edderkoppen tient à l'ambition qui transparaît d'une mini-série qui entend exploiter une multitude de thématiques, proposant ainsi un contenu riche et diversifié. Nous plongeant dans les bas-fonds, c'est-à-dire plus précisément dans les coulisses officieuses de Copenhague, cette fiction se réapproprie avec succès les classiques codes narratifs du polar. Elle impose une ambiance noire, très 50s', invitant même des airs de jazz à venir bercer certaines scènes dans un style assez atypique pour une fiction danoise. La mini-série joue d'ailleurs sur cet aspect : dans l'esprit du téléspectateur, le parallèle avec un Chicago de la Prohibition ne serait presque pas déplacé. Mais ce qui fait cependant la valeur ajoutée d'Edderkoppen par rapport à d'autres fictions du genre, c'est que si criminels et société respectable se confondent, cela s'explique parce que nous nous situons sur ce champ de ruines à reconstruire qu'est l'après-guerre.
Car Edderkoppen, c'est aussi une série où l'on retrouve ce parfum un peu particulier d'une société qui a perdu ses repères et où, dans la confusion qui règne, tout est à rebâtir. Le retour du frère de Bjarne, qui avait eu dans les années 30 des sympathies nazies, permet de manière incidente de montrer que les choix passés cataloguent toujours les individus. Cependant la mini-série ne fait qu'effleurer ces thématiques sociales. Elle s'attache en revanche à mettre en lumière la façon dont cette "araignée du crime" que traque Bjarne s'est créée. La guerre a entraîné sur des sentiers loin de la légalité des hommes issus de milieux très différents. La Résistance a fondé des réseaux, elle a aussi su trouver ses ressources. Ses membres, officiels ou officieux, sont les rebâtisseurs de ce nouveau Danemark. Mais tous ne partagent pas la même vision du futur. Le retour à l'ordre et à la légalité n'est pas pour tous une priorité. Si ces tensions ne sont pas toujours précisément explicitées sur le moment, la résolution finale offrira à cette intrigue une dimension supplémentaire qui jette un autre éclairage sur l'ensemble de la mini-série.
Cette atmosphère entre crime et après-guerre se révèle donc être un cocktail détonnant des plus intrigants. Cependant Edderkoppen bénéficie également, pour s'assurer de la pleine attention du téléspectateur, d'une intrigue qui se complexifie considérablement au fil des épisodes. Dans cette recherche qui nous plonge dans les dessous d'un groupe de la Résistance et des mythes qui ont pu l'accompagner, on se perd parfois un peu dans cette galerie d'individus louches et de noms qu'on ne retient pas toujours. Mais la mini-série parvient à maintenir une tension constante des plus appréciables et qui durera jusqu'à la fin. Si bien que, même si on devinera avant Bjarne quelles sont les réelles forces à l'oeuvre, le téléspectateur s'est trop attaché à la destinée du jeune homme et aux choix difficiles qu'il va devoir prendre pour vouloir brusquer les choses. Le puzzle se résoudra en temps voulu et de façon convaincante.
De plus, Edderkoppen n'a rien d'un polar froid déshumanisé. Au contraire, on y retrouve avec une intensité parfois même un peu trop poussée toutes les passions des relations humaines. Ces dernières sont d'ailleurs traitées avec plus ou moins d'habileté. La relation entre Bjarne et son frère, Ole, est décrite avec beaucoup d'ambivalence qui lui confère une touche d'authenticité supplémentaire. En dépit de l'adolescence nazie d'Ole, il y a un lien indéfectible qui semble les unir. Au-delà des valeurs différentes, des concurrences qui se créent parfois, ils restent deux frères qui ont plus ou moins conscience des limites à ne pas franchir avec l'autre et se soutiendront quand il le faudra. Je serais en revanche plus nuancée sur le personnage féminin, prétexte à décliner une ritournelle amoureuse un peu trop caricaturale et forcée pour que l'on y adhère, d'autant qu'elle occasionne des ruptures de rythme dispensables lors de certains passages un peu longs.
L'atmosphère de polar noir des 50s' dans laquelle semble baigner Edderkoppen se retrouve sur la forme, par le biais d'une réalisation qui va utiliser à bon escient des teintes aux coloris noircis un peu froids. Dans ce décor typiquement enfumé où la cigarette est un ingrédient d'ambiance, l'esthétique d'ensemble renforce cette impression de reconstitution historique. Si quelques effets de style (les ralentis notamment) sont dispensables, le téléspectateur apprécie ces images qui correspondent parfaitement à la tonalité du récit proposé. De même, les musiques collent à l'époque et à la manière dont cette période nous est retranscrite à l'écran.
Enfin, Edderkoppen bénéficie d'un excellent casting qui n'est pas étranger au charme qui se dégage de la mini-série. J'y ai retrouvé pour mon plus grand plaisir un certain nombre de têtes déjà connues (mais bon, le petit écran danois est vraiment petit, d'où ce rapide sentiment de familiarité avec les acteurs que l'on y croise), à commencer par l'acteur principal, qui joue actuellement dans Den som Draeber : le toujours charmant Jakob Cedergren (Morden i Sandhamn, Harry & Charles). En jeune premier, journaliste encore idéaliste qui va peu à peu réaliser les forces et intérêts en jeu, il n'a pas son pareil et se révèle très convaincant. A ses côtés, les téléspectateurs qui ont suivi la saison 1 de Forbrydelsen reconnaîtront notamment Lars Mikkelsen (que l'on retrouve aussi à l'affiche de Den som Draeber), Bjarne Henriksen (Blekingegade, Lykke) ou encore Ben Mejding. On retrouve également Stine Stengade, Lars Bom, Birthe Neumann, Louis Mieritz, Flemming Enevold, Peter Steen, Troels Lyby, Max Hansen ou encore Lotte Andersen.
Bilan : Derrière les codes narratifs qu'elle emprunte polar noir en nous plongeant dans la toile de trafics et de corruption tissée par un syndicat du crime, Edderkoppen bénéficie aussi de ce parfum caractéristique de la fiction d'après-guerre. Au-delà du chaos persistant dans lequel est plongée Copenhague, il y a en toile de fond un retour progressif à la légalité pour des membres de la Résistance qui ont longtemps oeuvrer légitimement en marge de la loi. L'histoire est complexe, mais le dénouement final dénote une maîtrise d'ensemble des plus convaincantes. Ainsi Edderkoppen est une fiction à multiples facettes, prenante par ses intrigues et attachante par son personnage principal. Une mini-série que je ne regrette donc pas d'avoir découverte.
NOTE : 7/10
La scène d'ouverture, suivie du générique :
20:22 Publié dans (Séries européennes autres) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : danemark, edderkoppen, dr1, jakob cedergren, lars mikkelsen, bjarne henriksen, stine stengade, bent mejding, lars bom, birthe neumann, louis mieritz, flemmig enevold, peter steen, troels lyby, max hanse, lotte andersen | Facebook |
08/04/2011
(Pilote DAN) Den som dræber (Those who kill / Traque en série) : du policier classique un peu trop froid
Finalement, cette semaine aura été consacrée à la télévision danoise ! Après le bilan de la saison 1 de Forbrydelsen dimanche dernier, poursuivons aujourd'hui l'exploration de ce genre, souvent glacial mais cher au petit écran scandinave, le policier, avec le pilote d'une des dernières nouveautés en provenance du Danemark. Den som draeber (Those Who Kill) est une série actuellement en cours de diffusion, depuis le 13 mars 2011. Prévue pour une durée de 12 épisodes de 45 minutes (ou découpée en 6 épisodes de 90 minutes), elle doit normalement se conclure le 15 mai prochain.
D'après une idée originale de l'écrivaine Elsebeth Egholm, adaptée par le scénariste Stefan Jaworski, son premier épisode a été un succès d'audience incontestable, puisqu'il a réuni presque 1,5 millions de téléspectateurs danois devant leur petit écran le dimanche soir, avec des chiffres qui correspondent aux plus hauts scores de la chaîne pour une fiction danoise depuis décembre 2008. A noter qu'une déclinaison cinématographique de cet univers est également prévue, la sortie d'un film aura lieu au Danemark en septembre prochain.
Construite sur les bases narratives d'un procedural show classique, 90 minutes étant consacrées à une même affaire, Den som draeber nous plonge dans le quotidien d'une unité de police spécialisée dans les homicides, avec en toile de fond le spectre de possibles serial killers. Si le service est dirigé par Magnus Bisgaard, c'est sur Katrine Ries que le récit va se concentrer. La jeune femme dispose d'un fort caractère, mais surtout de nerfs toujours à vif qui la rendent prompte à réagir instinctivement et très rapidement sur le terrain, comme l'illustrent les premières minutes de l'épisode.
C'est à une affaire particulièrement sordide que va être consacré ce pilote : la découverte des cadavres, enterrés suivant une mise en scène assez spéciale, de quatre femmes disparues au cours des six dernières années. La ritualisation du processus meurtrier s'affinant au fil des victimes, c'est sans nul doute l'oeuvre d'un serial killer. La police piétinant, Katrine n'hésite alors pas à s'adresser à un profiler. Contre l'avis de son supérieur, elle sollicite Thomas Schaeffer. Un choix qui prête à controverse au vu des antécédents de ce dernier, dont la collaboration avec la police s'est terminée dans de très mauvaises conditions. Mais s'il a désormais repris l'enseignement à l'université, les enquêtes réelles lui manquent trop pour qu'il décline bien longtemps l'offre de Katrine, en dépit des réticences de son épouse.
La tradition scandinave existant dans le domaine du policier, tout comme le savoir-faire l'accompagnant, n'est plus à démontrer. De la littérature au petit et au grand écran, les passerelles sont multiples et généralement bien maîtrisées. Mais le défi posé aux fictions actuelles est justement celui de savoir se renouveler et apporter une valeur ajoutée à ce genre désormais très balisé. Le pilote de Den som braeder relève difficilement le challenge de l'innovation, laissant finalement une impression assez mitigée. Calibré, il reprend des ficelles familières qui ont fait leur preuve et face auxquelles le téléspectateur ne saurait rester insensible. Exploitant ainsi cette figure toujours efficace du serial killer, intrigant par l'établissement de son profil psychologique comme par ses agissements, l'épisode sait aussi introduire des personnages faillibles et prompts à se laisser emporter par leurs enquêtes. Le duo formé par Katrine et Thomas a incontestablement du potentiel, avec une complémentarité naturelle évidente ; et ce, en dépit du sentiment de déjà vu que laisse la dynamique qui s'installe.
C'est d'ailleurs en partie par son classicisme que Den som braeder peine à trouver son identité. Indéniablement, la série respecte toutes les clauses du cahier des charges attaché au genre. Mais si sa recette a fait ses preuves, il lui manque ici le liant nécessaire pour faire la différence et prendre une dimension supplémentaire afin de s'imposer. L'univers créé manque d'épaisseur. Si l'amateur trouve facilement ses marques, l'histoire apparaît unidimensionnelle, ne développant qu'un volet strictement policier, trop déshumanisé et sans relief. S'attachant à cultiver une atmosphère froide, parfois glaciale au sens propre du terme, l'épisode est tout entier dédié à la trame principale, ne prenant le temps de s'enrichir que de façon artificielle d'autres ingrédients qui lui auraient donné un équilibre plus consistant. Pour la suite, il apparaît notamment impératif de plus s'investir dans une dimension humaine qu'elle ne fait qu'effleurer : cela n'est pas insurmontable, puisque l'épisode pose quand même des bases intéressantes sur ce plan.
Un peu trop froid sur le fond, Den som draeber l'est aussi sur la forme. Certes, les forêts et champs enneigés offrent un cadre glacial privilégié qui permet de poser une ambiance, et c'est toute la série qui se décline à travers ce filtre. Sans que la réalisation constitue une véritable valeur ajoutée sur laquelle la fiction capitalise vraiment, l'image est soignée et, surtout, ses teintes se révèlent toujours très épurées, qu'elles tendent vers des couleurs claires ou que l'on se trouve plongé dans l'obscurité. La bande-son s'avère en revanche assez peu inspirée : ne mettant pas en valeur la la narration, Den som draeber ne parvient jamais vraiment à en tirer parti.
Cependant, soulignons enfin que la série bénéficie d'un casting qui m'était a priori sympathique, même si le potentiel n'est peut-être pas pleinement exploité dans ce premier épisode. Si je ne connaissais pas Laura Bach, qui interprète l'inspectrice principale, j'avais plutôt apprécié Jakob Cedergren dans Morden i Sandhamn (même si cette mini-série policière est très dispensable), tandis que Lars Mikkelsen restera sans doute toujours associé à Forbrydelsen dans mon esprit. A leurs côtés, on retrouve également Lærke Winther Andersen et Frederik Meldal Nørgaard. (Je devine que si je poursuis plus avant mon exploration du petit écran danois, je vais facilement recroiser des têtes connues.)
Bilan : Den som draeber est une série policière au sens le plus (trop?) traditionnel du terme, dotée une intrigue entièrement consacrée à la traque d'un criminel. L'enjeu n'est pas de savoir qui il est, mais bien de l'attraper à temps, ce qui permet à la série de jouer sur une tension psychologique appréciable. Cependant, le pilote se heurte à l'écueil d'une prévisibilité trop grande pour vraiment décoller. Ces 90 minutes s'avèrent globalement efficaces pour retenir l'attention du téléspectateur, mais il manque quelque chose. Il faudra non seulement que la suite sache faire preuve de plus d'inventivité, mais aussi d'une dimension humaine plus approfondie, pour donner à la série une chance de vraiment s'installer sur le long terme.
Constituant apparemment un projet ambitieux de TV2, Den som draeber laisse donc entrevoir quelques éléments pas inintéressants, mais a indéniablement encore tout à prouver (et beaucoup d'aspects à améliorer) après ce pilote. Pour les amateurs du genre.
NOTE : 6/10
La bande-annonce de la série :
17:27 Publié dans (Séries européennes autres) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : danemark, tv2, den som draeber, those who kill, laura bach, jakob cedergren, lars mikkelsen, laerke winter andersen, frederik meldal norgaard | Facebook |
03/04/2011
(DAN) Forbrydelsen (The Killing), saison 1 : un polar captivant incontournable
En ce premier dimanche d'avril, My Télé is Rich! met le cap vers le nord de l'Europe pour une fiction que j'avais déjà eue l'occasion d'évoquer brièvement lors d'un jour du TV Meme. Pour une première excursion dans le petit écran danois, je pouvais sans doute difficilement mieux tomber que sur cette série qui m'aura tenu en haleine pendant presque deux mois, rythmant chacun de mes week-end. Plus que tout, la saison 1 de Forbrydelsen aura réveillé en moi la fièvre du feuilletonnant nerveux et addictif, un genre dont j'avais un peu oublié la saveur ces dernières années.
Datant de 2007, la série est toujours en cours de production au Danemark : la saison 2 a été diffusée en 2009, et une saison 3 est annoncée pour l'an prochain. De plus, ce soir débute aux Etats-Unis le remake attendu, The Killing. Mais même si AMC apparaît comme une valeur relativement sûre pour diffuser ce type de fiction, je suis contente d'avoir eu l'occasion de savourer la version d'origine de cette histoire policière qui aura su captiver tout au long des vingt épisodes qui la composent. Ma curiosité - et mon appétit - pour les séries scandinaves étant désormais aiguisé, j'espère que d'autres séries suivront (Arte a bien acheté les droits de Borgen par exemple).
[A noter : La review qui suit est garantie sans spoiler sur la résolution de l'intrigue.]
Se déroulant en tout sur une vingtaine de jours seulement, la saison 1 de Forbrydelsen a pour cadre la ville de Copenhague. Elle s'ouvre sur le pot de départ de la détective Sarah Lund qui s'apprête à vivre un dernier jour de travail au sein de la police danoise, avant d'être transférée en Suède où elle doit rejoindre, avec son fils, son fiancé. Mais si son remplaçant, Jan Meyer, arrive bien comme prévu afin de partager avec elle, sur le terrain, une journée du quotidien de l'unité, l'affaire qui débute ce jour-là, sous leur garde, va bouleverser tous les plans pré-établis.
En effet, la disparition d'une jeune fille de 19 ans, Nanna Birk Larsen, acquiert une dimension criminelle particulière lorsque son cadavre est retrouvé dans le coffre d'une voiture. Violée et battue, elle a été abandonnée vivante dans ce compartiment pour y mourir noyée. En dépit de ses réticences, Sarah Lund se voit alors confier la direction d'une enquête qui s'annonce compliquée. Non seulement parce que, comme toute adolescente, la vie de Nanna comportait son lot de secrets, mais aussi parce que l'investigation va conduire les policiers jusqu'au centre du pouvoir politique local, la mairie de Copenhague en pleine effervescence électorale, prise dans une lutte des ambitions et des égos où tout est permis - et où faciliter une simple enquête policière apparaît loin d'être une priorité.
Forbrydelsen nous plonge ainsi dans une enquête complexe, entrecoupée de fausses pistes, où chacun cache une part d'ombre et de non-dits et où le meurtrier a finalement tissé une toile de faisceau d'indices bien difficiles à interpréter. L'entêtement de Sarah Lund suffira-t-il à démêler et à s'extraire des faux-semblants ? Et surtout, quel sera le prix de la vérité ?
Le premier atout de la série va résider dans sa capacité à exploiter son caractère feuilletonnant de manière extrêmement bien maîtrisée. Tranchant avec les procedural show policiers formatés sur une durée trop brève pour redonner au polar ses lettres de noblesse, c'est une seule et même enquête qui va occuper les vingt épisodes que comporte la saison 1 de Forbrydelsen. Se construisant sur une narration où la tension demeure constante, la série va prendre le temps d'explorer avec méthodes toutes les conséquences et les facettes du meurtre de Nanna Birk Larsen, nous entraînant dans les errances et méandres d'une enquête qui se doit de traiter toutes les pistes envisageables. L'intensité ne se dément pas, mais fluctue de manière crédible, rythmée par les brusques avancées mais aussi par les piétinements des policiers. Demeurant toujours homogène (ce qui est remarquable vu sa longueur), la narration est bien huilée et dénote un savoir-faire indéniable : chaque fin d'épisode nous laisse invariablement en suspens, si bien que réussir à se retenir de lancer l'épisode suivant dans la foulée se transforme en véritable test de maîtrise de soi.
Car voilà bien un sentiment dont j'avais un peu oublié le parfum et que Forbrydelsen aura réveillé de la plus convaincante des manières : l'effet addictif et grisant que peut provoquer un arc sur lequel toute une saison est construite. Cette série est en fait très semblable, par sa capacité constante à se complexifier et à retenir l'attention du téléspectateur, à ces romans policiers qui se dévorent d'une traite, ces polars noirs que vous commencez un soir et dont les pages se tournent avidement, chaque fin de chapitre (à la manière des fins d'épisodes de Forbrydelsen) étant une invitation à poursuivre plus avant une intrigue dont on ne peut plus se détacher avant d'être arrivé au bout. Le parallèle avec ce genre littéraire pourrait a priori sembler étonnant puisqu'il s'agit d'une série télévisée, mais le téléspectateur retrouve de manière frappante les mêmes ingrédients utilisés dans la construction scénaristique suivie, avec ses poussées d'adrénaline, ses fausses pistes évidentes et ses non-dits qui jouent peu à peu sur la paranoïa des protagonistes comme du téléspectateur.
Extrêmement prenante, Forbrydelsen nous réconcilie ainsi avec un genre policier qui se décline assez peu, au petit écran, sous ce format feuilletonnant le plus poussé. Mais sa capacité à nous tenir en haleine n'est pas son seul attrait. C'est un polar au sens complet et noble que la série va proposer. En effet, en nous faisant suivre les conséquences de l'affaire Nanna Birk Larsen, elle s'ouvre à une multiplicité de points de vue et de remises en perspective qui l'enrichissent considérablement. Certes, l'enquête conduite par Sarah Lund demeure centrale, mais ses thématiques sont très larges. Elle nous glisse en effet également au côté des parents de la victime qui doivent non seulement faire face à la mort de leur fille aînée, mais aussi à ce jeu éreintant des spéculations et des soupçons policiers si changeants. De plus, Forbrydelsen nous introduit dans les coulisses de la scène politique locale : tandis que les enquêteurs s'interrogent sur les liens de la victime avec la mairie, l'affaire va être aussi un prétexte pour s'engouffrer dans des jeux de politique politicienne dont les intérêts ne recoupent pas toujours ceux d'une police sur laquelle s'exerce des pressions contradictoires. Cela complexifie d'autant l'investigation.
De plus, outre la richesse de son cadre, la série marque également par la dimension humaine, plus psychologique, qu'elle investit. Ne s'effaçant jamais devant le fait divers mis en scène, elle s'intéresse sincèrement à ses protagonistes. A mesure que l'enquête progresse et se fait plus éprouvante, le portrait de ces derniers se nuance, les apparences se craquellent et les failles apparaissent. Car ce meurtre va non seulement happer chacun, mais surtout les ronger peu à peu de façon quasi inexorable. Nous entraînant dans une spirale de plus en plus obsédante de quête du coupable, le récit se dote d'accents très authentiques : de l'obstination inflexible d'une Sarah Lund qui en perd peu à peu le sens des priorités dans sa vie, au travail de deuil si difficile de la famille de Nanna qui doit, en dépit de tout, continuer à vivre et à aller de l'avant, en passant par les doutes d'un Troels Hartmann qui voit ses certitudes s'étioler, s'efforçant d'arbitrer maladroitement entre exploitation électoraliste et aide à la police. C'est finalement un glissement vers la part sombre de chacun qui s'opère au fil de la série, avec une justesse fascinante pour un téléspectateur se laissant à son tour gagner par cette ambiance oppressante.
Polar prenant, presque source d'obsession sur le fond, Forbrydelsen se révèle toute aussi convaincante sur la forme. D'une neutralité bienvenue, la réalisation opte pour une efficacité sobre, sans effet de style particulier. L'image est mise au service de l'intrigue, les angles choisis par une caméra parfois nerveuse sachant quand il le faut aiguiser les suspicions d'un téléspectateur, sans pour autant verser dans un suggestif excessif. Par ailleurs, il faut également saluer une bande-son présente sans être envahissante, composée de morceaux intrumentaux parfaitement adéquats. C'est surtout la musique de clôture de chacun des épisodes, transition captivante qui s'impose comme le symbole de la continuité narrative et de ce registre de feuilletonnant addictif.
Enfin, Forbrydelsen bénéficie d'un solide casting qui achève d'asseoir la crédibilité de l'ensemble, chacun sachant retranscrire la progressive transformation des personnages et le tournant que ces quelques jours vont faire prendre à leurs vies. Leurs jeux, tout en sobriété, permettent de construire avec beaucoup de justesse la tension qui s'installe. Retenons quelques noms pour des excursions téléphagiques danoises futures, parmi lesquels Sofie Gråbøl, Søren Malling, Lars Mikkelsen, Bjarne Henriksen, Ann Eleonora Jørgensen, Marie Askehave, Michael Moritzen, Nicolaj Kopernikus, Bent Farshad Kholghi.
En résumé : laissez-vous happer par ce polar venu de l'Europe du Nord.
Qui a tué Nanna Birk Larsen ?
Bilan : Toujours captivante, parfois proprement haletante, Forbrydelsen est une fiction ambitieuse tant par la multiplicité des points de vue adoptés et des thématiques développées autour du meurtre qui constitue son coeur, que par sa construction narrative, feuilletonnante à l'extrême. Polar noir inspiré qui s'inscrit dans la plus belle tradition de ce genre, l'histoire met son format de série télévisée - avec une longueur qui aurait pu effrayer plus d'un scénariste - au service d'une intrigue complexe, qui sait prendre son temps sans que son rythme d'ensemble n'en souffre jamais. Si elle connait des moments plus intenses, elle impressionne cependant par son homogénéité globale : du premier au dernier épisode, c'est un arc narratif parfaitement maîtrisé, avec un début, des doutes et une résolution finale qu'elle va nous relater.
Pour toutes ces raisons, Forbrydelsen est une série à découvrir. Une de ces expériences téléphagiques qui se vivent et se savourent pleinement, renouvelant les fondements et la vitalité des productions du petit écran. C'est ce qu'on appelle une incontournable...
NOTE : 9/10
La bande-annonce de la série (Arte / VF) :
A re-écouter - Des extraits de la bande-son musicale :
10:20 Publié dans (Séries européennes autres) | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : danemark, arte, dr1, forbrydelsen, the killing, sofie gråbøl, søren malling, lars mikkelsen, bjarne henriksen, ann eleonora jørgensen, marie askehave, michael moritzen, nicolaj kopernikus, bent mejding, farshad kholghi | Facebook |