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13/03/2011

(Pilote UK) Monroe : un chirurgien qui ne laisse pas indifférent

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S'il y a des sujets qui vont toujours exercer un attrait au moins théorique sur ma curiosité de téléphage, il en est d'autres qui me laissent au mieux dans une relative et polie indifférence. Les medical drama appartiennent à cette seconde catégorie. Certes, comme tout le monde, j'ai eu mes rendez-vous hebdomadaires ritualisés au Cook County, j'ai passé quelques saisons auprès du docteur House, et même au Seattle Grace Hospital. Mais si je ne suis pas insensible à la chronique sociale que fut Urgences, ou aux mélanges des codes scénaristiques de House MD, une chose est sûre : le genre médical en tant que tel n'est pas vraiment ma tasse de thé.

Si bien que le dernier projet d'ITV, Monroe, n'avait a priori retenu mon attention qu'en raison de la présence de James Nesbitt ; laquelle suffisait à me motiver pour le retrouver dans un autre cadre que le sous-marin dans lequel je l'avais lâchement abandonné l'été dernier. C'est peut-être parce que je n'avais aucune attente, mais tout compte fait, j'ai été plutôt agréablement surprise par le pilote de Monroe, diffusé le 10 mars 2011 sur ITV1. Tout en restant très classique, des efforts ont été faits pour ne pas se être juste une simple énième déclinaison de medical drama. Des efforts expérimentaux plus ou moins inspirés, mais qui sont à saluer.

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Il règne incontestablement un parfum familier - mais pas désagréable - sur les bases de cette nouvelle série qui s'est choisi pour cadre principal le service de chirurgie de l'hôpital St Matthew. Travaillant dans cet établissement (qui offre un joli décor, soit dit en passant), Gabriel Monroe est un brillant neurochirurgien. Si sa gestion des relations humaines sur son lieu de travail tend souvent à se résumer à des réparties grandiloquentes et à un art de la provocation assumée envers ses collègues, derrière son masque d'arrogance haut affiché, il se révèle cependant autrement plus attentif à ses patients dont il se préoccupe sincèrement et avec lesquels il n'hésite pas nouer des rapports de confiance étroits.

Autour de ce personnage central, Monroe se propose de nous faire vivre le quotidien de ce service. Ayant à leur disposition toutes les grandes dynamiques qui fondent les séries médicales, entre espoir et drame, les six épisodes que comptera cette saison seront rythmés par les traitements des patients du jour, mais aussi par la gestion des relations parfois compliquées au sein du personnel, tout allant jusqu'aux imbrications, inévitables, entre vie privée et vie professionnelle. Il faut dire que l'on assiste à l'effondrement de la vie personnelle de Monroe au cours de ce pilote : tandis que son fils quitte le domicile familial pour l'université, sa femme ayant patiemment attendu cette échéance lui annonce dans la foulée qu'elle souhaite le quitter.

Beaucoup de thématiques à gérer et à exploiter pour une série très humaine et non dépourvue d'émotions.

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Si Monroe nous propose donc une recette relativement connue dans un genre au sein duquel il est sans doute illusoire de tenter d'innover, la série démarre pourtant sur des bases solides. Dans ce pilote conduit de façon particulièrement rythmée, il règne un dynamisme communicatif diffus et accrocheur, qui tient en premier lieu à l'attractivité indéniable du personnage principal. Si les médecins à l'égo sur-dimensionné ont envahi notre petit écran depuis fort longtemps, Monroe a surtout pour lui des répliques cinglantes inspirées qui sont autant de piques que le téléspectateur savoure, comptant les points lors de certains échanges. Ces dialogues très pimentés constituent sans doute la valeur ajoutée la plus maîtrisée de ce pilote. Car au-delà de cet art de la mise en scène des storylines, on descelle une autre ambition, qui reste encore à travailler : une dimension humaine que Monroe souhaite à l'évidence investir.

La série se concentrant sur Gabriel Monroe, ce pilote lui est dédié, nous offrant un aperçu des différentes facettes d'un personnage dont les certitudes professionnelles ne peuvent masquer les échecs plus intimes, du destin de sa fille à ses problèmes de couple. Seulement si Monroe a incontestablement les épaules pour supporter le poids de la série, et un potentiel certain pour retenir la fidélité du téléspectateur, en revanche, pour ce qui est de la galerie de personnages qui l'entourent, tout est encore à construire. Coincés entre des rôles peu affriolants de faire-valoir et des figures assez unidimensionnelles dont on ne sait trop quoi penser, il faudra que la série trouve plus d'homogénité entre tous ces protagonistes. Les one man show ont tendance à lasser s'ils sont invariablement unilatéraux. Mais ce premier épisode n'avait sans doute pas pour objet de développer cet aspect. D'autant que la dimension humaine semble être quand même une des préoccupations des scénaristes, l'approche de la trame médicale du jour étant là pour en témoigner. Les relations que Monroe établit avec sa patiente, mais aussi son petit ami, laisse sur une bonne impression quant au tact et à la subtilité de ces histoires toujours chargée d'humanité.

Si bien qu'au terme de ce pilote, on ressort intrigué par l'ambivalence de ce chirurgien brillant, professionnel aguéri qui n'hésite pas à s'investir auprès de ses patients, trouvant un étonnant équilibre entre arrogance de circonstances et humanité non reniée.

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Cependant, c'est incontestablement sur la forme que Monroe expérimente le plus, ne ménageant pas ses efforts pour dégager une esthétique d'ensemble qui lui soit propre. Confiée pour ces trois premiers épisodes à Paul McGuigan (Sherlock), la réalisation est dynamique, prompte à verser dans tous les effets de style plus ou moins opportuns, notamment ce floutage des contours du cadre dont je ne suis personnellement pas la plus grande fan. Les teintes colorées sont en tout cas agréables à l'oeil, et le soin du détail est perceptible sur le résultat. Pour compléter ce visuel, Monroe bénéficie en plus d'une bande-son omni-présente, petite musique instrumentale entraînante qui couvre les transitions et s'assure que le rythme global se maintient. Si cette relative omniprésence musicale ne se départit pas d'une certaine impression d'artificialité et semble parfois un peu excessive, le téléspectateur finit par s'habituer à ce style au fil de l'épisode.  

Enfin, le casting de Monroe se révèle dans l'ensemble solide, composé d'un certain nombre de têtes familières du petit écran britannique, emmené par un James Nesbitt (Jekyll, Occupation) qui n'aime rien mieux que pouvoir s'exprimer sur ces réparties ciselées sur lesquels surfent les dialogues de la série. A ses côtés, on retrouve notamment Tom Riley (Lost in Austen, Bouquet of Barbed Wire), Sarah Parish (Mistresses, Les Piliers de la Terres), mais aussi Manjinder Virk, Susan Lynch (Bodies), Luke Allen-Gale (The Promise / Le Serment), Michelle Asante ou encore Kitty Wilson.

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Bilan : C'est un pilote d'exposition efficace et dynamique que nous propose Monroe, nous présentant une figure centrale qui a assurément les épaules pour être le coeur de la série. S'inscrivant dans la longue lignée des séries médicales, sans innover dans l'approche classique de toutes les thématiques que le genre offre, il règne cependant un parfum assez rafraîchissant sur l'épisode, en grande partie du aux dialogues bien ciselés qui s'enchaînent, mais aussi à une réalisation "interventionniste". Il reste à la série à trouver son équilibre et surtout une consistance qui lui manque encore en installant plus solidement le reste des protagonistes.

Je ne suis pas une amatrice des séries médicales, mais je jetterai sans doute un oeil à la suite par curiosité.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :

12/03/2011

[TV Meme] Day 28. First TV Obsession.

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours apprécié le petit écran. Certes, durant les quinze premières années de ma vie, l'accès au tube cathodique (d'alors) était strictement réglementé par une rigueur parentale que seule Urgences réussit à faire fléchir un temps pour aboutir à un compromis de circonstances. Mais pour le reste, j'ai toujours usé pleinement de la poignée de plages horaires dont je disposais.

Pour trouver trace de ma première obsession télévisuelle, il faut sans doute repartir avant l'époque où je devins "sériephile". C'est-à-dire quand j'ai cessé d'être une simple téléspectatrice passive suspendue aux caprices de programmation des chaînes. C'est l'entrée dans les années 2000 qui a marqué ce tournant. Mais auparavant, j'avais déjà connu mes premiers rituels téléphagiques, sans forcément être consciente des symptômes qui transparaissaient. Etait-ce normal de stabiloter méticuleusement le programme tv dès sa réception pour identifier tous les épisodes de la semaine sur le hertzien (en désespoir de cause et parce qu'ils en avaient marre de me voir colorier leur sacro-saint Télérama, mes parents avaient fini par m'acheter un Télé Z sur lequel je pouvais m'adonner à la mise en place de toutes mes complexes stratégies de visionnage) ? Etait-ce habituel de se ruiner en achat de VHS soigneusement étiquetées pour enregistrer lesdits programmes ? Et comment, diantre, avais-je échoué dans la case destinée aux insomniaques de France 2 le jeudi soir vendredi matin très tôt ? Bref, si avant le tournant des années 2000, je n'étais sans doute pas encore "sériephile", j'étais déjà une téléspectatrice assidue et organisée.


La décennie des années 90 a été celle de l'expérimentation. De cette première époque, parmi mes coups de coeur au sujet desquels mes antiques VHS sont alors encore là pour témoigner, on retrouve surtout des séries de M6 (c'est peut-être le moment de vous parler du mauvais temps, du mistral et des problèmes de réception de certaines chaînes hertziennes), avec une certaine tendance à l'aventure et aux voyages spatio-temporels. Parmi les objets de ma vénération adolescente, il y a eu tout d'abord Code Quantum.


Puis lui a succédé un  peu plus tard, Sliders : les mondes parallèles.


Mais ma première véritable obsession téléphagique est sans doute celle qui a dû être la plus chronophage que j'ai connue jusqu'à ce jour - A la Maison Blanche devant tout juste l'égaler en temps consacré à la série en dehors du simple visionnage des épisodes. C'est bien connu l'adolescent a généralement le sens de la démesure et l'obsession têtue et facile. Il s'agit d'une série devant laquelle je m'installais lorsque je rentrais du collège. Durant cette heure bénie où je pouvais profiter de la maison pour moi toute seule. Je lui dois mon ouverture sur le web, la découverte des communautés virtuelles de fans, l'engloutissement d'un certain nombre de VHS dans des enregistrements méthodiques, des centaines d'heures passées à lire et écrire mes premières fanfictions et même mes premiers bidouillages de codes html à cette époque où les pages perso à l'esthétique discutable fleurissaient.

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Outre le fait qu'elle avait l'avantage de passer à un moment où je pouvais regarder la télévision, il est facile d'identifier les raisons qui ont fait de Highlander ma première obsession télévisuelle. On retrouve déjà dans cette série d'aventure, diffusée de 1992 à 1998 et qui est arrivée en 1993 en France, un ensemble de thématiques clairement identifiées que, des années plus tard, j'aurais approfondies et chérirai toujours autant. Qui a dit que les goûts d'adolescence ne reflétaient pas déjà certaines inclinations ?

Après tout Highlander, c'était une bonne dose d'historique servie par des flashbacks qui permettaient de mêler un présent concret et un passé plus romanesque, ponctué de reconstitutions romancées en costume plus ou moins crédibles ou improbables. C'était une pointe de fantastique et de mythologie pour construire un univers qui flirtait avec un thème que d'autres genres approfondiront, celui de l'immortalité. C'était un cocktail d'émotions et de sentiments. C'étaient des personnages qui passaient rarement inaperçus. C'était aussi une certaine simplicité narrative confortable qu'apportait le manichéisme de son héros, que les évènements et les rencontres imprévues finiront par troubler et remettre en cause, à mesure que la série grandit. C'était du divertissement pour s'évader qui sent bon les années 90, lesquelles marquent tant ses codes narratifs que sa réalisation ou encore ses tenues vestimentaires. C'était également un aller-retour du vieux au nouveau continent, de Paris à Vancouver et cette image des quais de la Seine qui y resteront à jamais associés à cette péniche. Et puis, c'était enfin :

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(Methos - saison 3, episode 16)

Au final, je crois que l'attrait de Highlander résidait justement dans toute cette diversité. Il s'agissait d'une série qui offrait une sorte de pont entre les genres, les styles (à un épisode dramatique pouvait succéder un épisode autrement plus léger), les époques et les lieux. C'est sans doute pour cet appel à l'aventure qu'elle constituait que cette fiction a pu me séduire aussi fortement. Elle avait une base qui offrait des possibilités si vastes, si bien que j'ai probablement passé plus de temps à lire des fanfictions qu'à regarder les épisodes. Son concept seul avait quelque chose d'attractif, assez fascinant, qui, encore aujourd'hui, me fait ressentir autant de la nostalgie qu'une sincère affection pour la série. C'était une autre époque, mais elle a incontestablement marqué et forgé à sa manière ma passion actuelle.

Le générique de la saison 1 :


15:40 Publié dans (TV Meme) | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : tv meme, highlander |  Facebook |

10/03/2011

(Mini-série UK) South Riding : chronique vivante et touchante d'une bourgade des années 30

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En ce début d'année 2011, les amoureux du petit écran britannique peuvent tout particulièrement savourer leur passion. Les mini-séries intéressantes, couvrant tous les goûts et tous les genres, se succèdent. Parmi elles, South Riding s'inscrit dans la tradition la plus classique du period drama que l'on croise outre-Manche : l'adaptation littéraire. Nous plongeant dans la campagne anglaise du milieu des années 30, il s'agit de la seconde transposition à l'écran du roman de Winifred Holtby, publié en 1936, après une première proposée par ITV en 1974.

Cette mini-série, composée de 3 épisodes d'1 heure chacun, a été diffusée trois dimanche soir successifs du 20 février dernier au 6 mars 2011, sur BBC1. On y retrouve tout le savoir-faire britannique en la matière, porté par un excellent casting, pour une photographie prenante de l'Angleterre changeante des années 30, loin de la capitale londonienne. Trois heures plaisantes à suivre qui méritent le détour.

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South Riding s'ouvre en 1934 dans une petite ville côtière éponyme du Yorkshire, située dans le nord de l'Angleterre. Sarah Burton rentre dans sa bourgade natale après des années à avoir mené une carrière d'enseignante tout en voyant le monde. Elle arrive de Londres pour postuler à la fonction de directrice de l'école municipale de filles, avec des idées de modernisation plein la tête et de hautes ambitions éducatives pour offrir à ces élèves les clés d'une société complexe, où la crise économique précipite les mutations. Si son enthousiasme déstabilise quelque peu le conseil d'administration, la jeune femme emporte cependant l'agrément de la majorité des directeurs, séduits par ce vent de modernité qui semble l'accompagner.

Très vite, Sarah trouve ses marques dans cette petite ville marquée par la Grande Dépression, apprenant à rester fidèle à ses convictions tout en sachant parfois verser dans l'art du compromis, pour assurer la bonne gestion de son école. Elle se découvre des alliés, comme le progressiste Mr Joe Astell, mais aussi des adversaires que ses idées dérangent à l'image de Mr Carne, un conservateur aux conceptions sans doute révolues, mais dont Sarah va peu à peu se rapprocher. Elle va aussi s'investir auprès de ses élèves, prenant sous son aile une boursière très douée, Lydia, ou encore Midge, la fille de Mr Carne.

Avec un quotidien rythmé par les difficultés sociales et les oppositions politiques, c'est dans une chronique ordinaire d'une petite bourgade, typique mais très attachante, que South Riding nous plonge.

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L'attrait de la mini-série  tient tout d'abord au cadre qu'elle investit : celui d'une chronique profondément humaine, mais aussi sociale, d'une époque difficile. Elle offre un instantané vivant et bigarré d'une bourgade anglaise et des préoccupations et autres enjeux très concrets qui agitent ce petit microcosme. Cette reconstitution de l'ambiance des années 30 se révèle particulièrement réussie. South Riding propose en effet un portrait nuancé d'une vie locale marquée par la récession économique, sur fond de tensions irréductibles entre tradition et modernité, tandis que les séquelles de la Première Guerre Mondiale hantent encore les esprits et que se profile à l'horizon le spectre d'autres bouleversements à venir. Ces mises en scène résonnent de manière authentique et juste à l'écran, leur retenue et leur sobriété trouvant un écho particulier auprès du téléspectateur.

De manière générale, il émane de South Riding un charme simple qui séduit et retient l'attention, la reconstitution historique se complétant d'une dimension humaine qui ne laisse pas indifférent. Car la mini-série dispose d'une galerie de personnages qui savent se fondre parfaitement dans le récit, tout en y apportant un relief et une nuance qui permettent de s'y attacher. Si tous n'échappent pas aux stéréotypes, la dynamique d'ensemble fonctionne. On se laisse ainsi emporter par le dynamisme communicatif de Sarah, par ses ambitions pour son école comme par son investissement envers ses élèves. De même, à mesure que l'on apprend à connaître Mr Barnes, ses tourments personnels tempèrent l'a priori excessivement rigoriste qu'avait laissé sa première scène. Ces personnalités s'imposent donc de manière convaincante.

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Cependant, l'atout - et l'originalité - de South Riding va sans doute résider dans sa capacité à chroniquer, de manière vivante et finalement étonnamment prenante, un quotidien qui, présenté autrement, paraîtrait vraiment anecdotique. Optant pour un réalisme sobre qui transcende tout son récit, c'est ainsi sans misérabilisme que la mini-série aborde les conséquences de la crise économique. De même, les personnages suivent des destinées toutes aussi nuancées, marquées par les blessures du passé, les tergiversations et incertitudes du présent, mais aussi une fidélité à des principes qu'ils ne pourront jamais renier. Ce sont des instantanés de vies ordinaires, sans romanesque excessif, ni réalisation démesurée, que propose South Riding. Et si on peut peut-être reprocher à la mini-série de ne pas avoir pleinement exploité certains personnages qui auraient mérité des développements plus conséquents, ses choix narratifs demeurent cohérents.

Sa spécificité restera sans doute la tonalité douce-amère qui s'en dégage, une atmosphère où la volonté de poursuivre, toujours tournée vers l'avenir, se mêle aux regrets sur lesquels on ne peut tirer un trait. Cette chronique quelque peu désillusionnée s'offrira ainsi une conclusion à son image parfaite, même si elle cède à certaines facilités et à quelques raccourcis. La vie est faite de choix, mais aussi 'd'aléas inattendus plus ou moins douloureux ; s'il n'est pas possible de s'immuniser contre les erreurs ou les blessures que le temps apporte, ce sont aussi ces expériences qui nous façonnent. A chacun, ensuite, de prendre sa destinée en main.

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Sur la forme, South Riding témoigne d'un savoir-faire que la BBC n'a plus à prouver. C'est un beau period drama, esthétiquement soigné et doté d'une réalisation qui sied particulièrement à l'ambiance qui y règne. L'image est travaillée, les teintes y sont plutôt sombres, en écho à cet instantané d'une époque troublée, où l'espoir se dispute à une douce amertume. Pour accompagner la narration, la mini-série dispose également d'une bande-son composée de quelques morceaux de musique classique bien choisis, avec une mention toute particulière aux morceaux utilisés dans le dernier épisode, poignants et forts comme il le fallait.

Enfin, South Riding bénéficie d'un dernier atout majeur, et non des moindres : un casting cinq étoiles savoureux et extrêmement solide, qui achève d'installer et de donner toute leur dimension aux différents protagonistes, comme au récit lui-même. Anna Maxwell Martin (Bleak House), avec un dynamisme communicatif et beaucoup d'authenticité, incarne à merveille cette institutrice pleine d'entrain, dont la sacerdoce éducatif lui permet d'oublier une vie bouleversée trop tôt par la perte d'un fiancé durant la Première Guerre Mondiale. Pour lui donner la réplique, David Morrissey (State of Play, Meadowlands, Blackpool, Thorne) est parfait pour jouer ce conservateur tourmenté par une vie personnelle bien compliquée qu'est Mr Carne. A leurs côtés, on retrouve notamment le toujours excellent Peter Firth (Spooks), Douglas Henshall (Primeval, The Silence) et son accent écossais incontournable, Penelope Wilton (Downton Abbey), toute aussi impeccable, mais encore John Henshaw, Shaun Dooley, Jennifer Hennessy ou Janine Mellor

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Bilan : Chronique ordinaire d'une bourgade anglaise des années 30, South Riding a le parfum doux-amer de l'instantané d'une époque troublée, où la reconstitution historique des enjeux politiques et sociaux représentatifs de leurs temps se mêle à l'incertitude des destins personnels. C'est un portrait vivant et nuancé, à la fois plein d'émotions et d'espoirs, mais aussi chargé de désillusions douloureuses et poignantes, qui est proposé. Si le téléspectateur s'attache presque instantanément à l'ambiance qui y règne , c'est que la mini-série parvient à séduire autant par sa simplicité maîtrisée que par l'authenticité des portraits qu'elle met en scène. En résumé, South Riding offre un retour aux fondamentaux de la fiction rafraîchissant et plaisant à suivre.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la mini-série :

09/03/2011

(K-Drama / Pilote) Midas : un drama clinquant qui doit encore s'affirmer

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C'est en Corée du Sud que nous ramène le mercredi asiatique du jour. Si mon k-drama du moment reste incontestablement President, dont la diffusion s'est achevée fin février et qui, à chaque épisode visionné, s'impose un peu plus comme ma référence asiatique de ce début d'année 2011 (même s'il est vrai que la concurrence ne fut pas trop rude), j'ai quand même suivi ma résolution de tester quelques-unes des nouveautés de ce mois de février. Le bilan est pour le moment très mitigé. Les New Tales of Gisaeng ont eu toutes les peines du monde à retenir mon attention jusqu'à la fin du pilote.

Quant à la série du jour, Midas, si j'ai bien visionné sans me forcer les trois premiers épisodes, nous sommes pour le moment loin du coup de foudre. Si son titre confirme le penchant actuel des k-dramas pour les références mythologiques, j'avoue que c'étaient surtout les noms d'acteurs associés au projet qui avaient éveillé ma relative curiosité. Le synopsis proposé, peu éclairant et un brin aride, m'avait lui plutôt laissé sur une prudente réserve... que ces premiers épisodes n'auront pas dissipée.

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Par le biais de son personnage principal, Midas nous plonge dans le monde de la haute finance et, plus généralement, dans celui très luxueux d'une famille de chaebol. Kim Do Hyun vient tout juste de sortir de l'école de formation où il se destine à devenir avocat. Brillant, le jeune homme est courtisé par tous les grands cabinets. Mais son professeur le met en relation avec une organisation plus confidentielle, méconnue du grand public et dont l'activité est assez floue tout en restant extrêmement rentable. Attiré par les talents du jeune avocat, notamment ses facultés à comprendre et analyser les marchés et à s'adapter aux règlementations, le dirigeant des lieux lui fait une offre en or : outre des avantages matériels conséquents, il lui propose également de devenir immédiatement associé. En dépit de son ignorance sur le contenu de son futur travail, Do Hyun est incapable de résister aux sirènes de l'argent.

Jusqu'à présent, ce jeune carriériste ambitieux avait rêvé d'une vie professionnelle réussie sans jamais négliger sa vie personnelle. Il est ainsi fiancé à Lee Jung Yeon, une infirmière, qu'il doit épouser très prochainement. Mais son nouveau travail le fait basculer dans un autre monde pour un travail qui se rapproche plus du conseiller que celui d'avocat au sens strict. Il découvre en effet que le cabinet qui l'a recruté travaille en effet pour un homme d'affaires extrêmement puissant. Ce sont ses avoirs, mais aussi sa famille au sens large qu'il faut protéger. La mission apparaît d'autant plus difficile que, derrière une apparente unité de façade, la perspective de l'ouverture prochaine de la succession du patriarche aiguise les appétits de ses enfants. Do Hyun, par ses nouvelles attributions, va rapidement se trouver mêler à des enjeux autrement plus complexes que de simples questions de droit. Il va finalement prendre le parti de l'entrepreneuse à succès qu'est Yoo In Hye, dont l'intervention quelques jours plus tôt à son école dans le cadre d'une conférence l'avait marqué... pour le meilleur ou le pire ?

Les premiers épisodes de Midas s'attacher à relater le basculement de Do Hyun, mais aussi à un degré moindre de Jung Yeon par son transfert dans la branche VIP de l'hôpital, dans un monde de luxe aux préoccupations et au sens des priorités bien différents. Leur relation y résistera-t-elle ?

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Pour cette plongée dans le monde des affaires, Midas mêle allègrement jeux d'argent et de pouvoirs, se réappropriant de classiques dynamiques familiales, énième déclinaison de sempiternelles concurrences d'ambitions et de luttes fratricides. Si son approche de la finance veut marquer, n'hésitant pas à manier les chiffres à voix haute, ces débuts ne font qu'esquisser de manière peu convaincante les bases de la fiction financière. Tout en employant les mots clés attendus, navigant entre investissements et mises en jeu du capital, on reste au stade d'un superficiel qui cède trop facilement à un romanesque paresseux. Ce traitement empêche de se sentir impliqué dans des enjeux excessivement flous ; on est loin de la tension autrement plus concrète et prenante à laquelle était parvenu un drama comme Story of a man pour aborder cette thématique .

En réalité, le problème de superficialité de Midas se révèle sans doute plus profond et structurel. En effet, le mot d'ordre prioritaire semble avant tout avoir été le suivant : une immersion dans le luxe, ou plus précisément l'argent. Bien plus qu'un éventuel enjeu d'ascension sociale, bien plus qu'une incursion timide dans les marchés - même si elle en prend à l'occasion les illusoires apparences -, il s'agit avant tout d'éblouir. Les millions de wons défilent, dépensés, investis ou simplement rêvés ; combien de chiffres égrénés au cours de ces premiers épisodes avec pour seul objet d'essayer (maladroitement) d'impressionner ? A l'image de son héros, Midas se laisse griser par le luxe affriolant qui lui sert de cadre, tentant vainement d'entraîner le téléspectateur à sa suite, dans cette seule dimension trop restreinte pour faire vivre une série.

Car ce clinquant assumé, revendiqué, finit par plomber l'histoire même qu'il est censé servir. Face à cette mise en scène excessivement théâtralisée, où tout semble figé, presque forcé, l'ensemble sonne excessivement faux. Les cautions narratives pour s'immerger dans cet univers restent trop prévisibles, à l'image des ficelles scénaristiques utilisées. Les protagonistes ne parviennent pas non plus à s'imposer, restant comme en retrait devant ce cadre trop artificiellement riche. Si bien que Midas propose des débuts très déshumanisés sans donner au téléspectateur matière à s'attacher et à se fidéliser. Si on ne s'ennuie pas devant ce drama, on le suit sans s'impliquer.

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Sur la forme, la réalisation est classique, sans prise de risque particulière, ni d'identité imposée. En revanche, je serais pour une fois plus réservée concernant la bande-son de la série. Je suis souvent la première à saluer cet art de narrer musicalement des histoires et le savoir-faire que l'on croise souvent dans les k-dramas, mais Midas m'a laissé une impression mitigée. Si les chansons de l'OST ne marquent pas spécialement pour le moment, en revanche certaines musiques semblent employées à contre-temps dans le récit (notamment une). 

Enfin, il convient de s'arrêter sur un casting qui exerce évidemment un attrait incontestable. Mais, à nouveau, le drama ne parvient pas à exploiter tous ses atouts. S'il dispose d'acteurs solides, Midas peine à leur offrir l'occasion de s'exprimer pleinement, les laissant évoluer dans un ensemble un peu trop figé qui les bride quelque peu. Au sein du trio central de la série, Jang Hyuk (Robber, Tazza, Chuno) est fidèle à lui-même, investissant un registre assez sobre qui ne l'empêche pas d'imposer une présence à l'écran convaincante, qui reste cependant à bien affirmer. Lee Min Jung (Smile, You) est cantonnée à un registre de fiancée pour le moment assez unidimensionnelle. Et c'est finalement sans doute Kim Hee Ae (Snow Flower) qui s'en sort le mieux pour le moment, bénéficiant du personnage le plus ambivalent. 

Sinon, sur un plan plus secondaire, depuis janvier et Rock Rock Rock, j'ai gardé une affection toute particulière pour No Min Woo (My Girlfriend is a Gumiho), cela m'a donc fait plaisir de le retrouver ; d'autant que son personnage, par les libertés qu'il s'accorde, lui permet d'échapper opportunément au pesant ambiant. Parmi les autres acteurs, citons notamment la présence de Lee Duk Hwa, de Kim Sung Kyum, de Choi Jung Woo, de Chun Ho Jin, Lee Moon Soo, Jung Suk Won, Seo Joo Ae ou encore Yeo Ho Min.

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Bilan : En dépit d'un casting solide (auquel le drama doit sans doute une grande partie de l'attrait qu'il peut encore conserver au terme de ces premiers épisodes), Midas peine à démarrer. Certes, la série impose d'emblée une ambiance clinquante sûrement travaillée, mais l'artificialité de la mise en scène, accompagnée de la trop grande prévisibilité des storylines, plombe une dynamique d'ensemble sur laquelle pèse aussi lourdement la tendance des scénaristes à céder à trop de facilités narratives. Renvoyant une impression de manque d'ambition un peu frustrante, cette série manque de relief et d'identité, tout en laissant le téléspectateur globalement insensible, en dépit de quelques petites étincelles.

Il y a sans aucun doute du potentiel ; mais je ne suis pas certaine que l'approche par la série de sa thématique soit celle qui en permette une bonne exploitation.  


NOTE : 5/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :


05/03/2011

[TV Meme] Day 27. Best pilot episode.

Le pilote. C'est une première rencontre avec l'univers d'une série qui peut aussi bien n'engager en rien le futur de la fiction que sceller sa destinée. Sa fonction première est bien entendu de capter l'attention du téléspectateur pour s'assurer qu'il reviendra, mais tant de facteurs et de variables entrent en compte pour sa conception, de la prise en main progressive d'un concept non encore maîtrisée, aux évolutions que le projet peut subir ensuite, à l'épreuve de l'écriture des scénarios et des réactions du public ou des décideurs... Des pilotes se cherchant encore ont pu engendrer des séries qui sont devenues de grands classiques ; à l'inverse, la réussite du premier épisode se révèlera parfois sans lendemain.

Comment dans ces conditions parvenir à désigner le "meilleur pilote" ? Cet épisode est rarement le plus abouti d'une série, laquelle de par son format est destinée à acquérir dans la durée sa pleine dimension. Mais il est cependant celui qui peut la faire partir sur les meilleures bases possibles. Par exemple, le recentrage narratif sur la fonction présidentielle et le staff en général qui s'opéra dans A la Maison Blanche après le pilote ne remet ainsi pas en cause le fait que l'épisode est une porte d'entrée parfaite dans l'aile ouest, en dépit de l'arrivée seulement finale d'un président qui reste durant tout l'épisode une figure tutélaire absente.

C'est donc le type de jour du tv meme où il aurait été facile de citer des dizaines de références ; mais c'est finalement sur un pilote extrêmement abouti, qui, instantanément, a fait passer sa série dans une autre dimension, que j'ai arrêté mon choix. Il s'agit du premier épisode d'une fiction devenue - à juste titre - un peu mythique, celui de Twin Peaks.

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Le premier souvenir que je conserve de Twin Peaks est associé à sa musique. Cette intrigante, étonnamment envoûtante mélodie, qui rythme le générique d'ouverture. Quand j'étais adolescente, j'en avais une version longue sur une cassette audio que j'ai dû écouter des dizaines, voire même des centaines de fois, parfois en boucle. Mais l'effet demeure aussi fort qu'au premier jour : dès que les premières notes retentissent, c'est toujours comme un frisson imperceptible, doublé de cette fascination caractéristique un peu grisante, que renforcent encore plus les images même du générique.

Le pilote de Twin Peaks est un des plus aboutis qu'il m'ait été donné de voir, sans doute en partie parce que c'est la série en elle-même qui, déjà, est à part. Non seulement pour la diffuse atmosphère énigmatique s'y trouve caractérisée, mais aussi parce que c'est toute l'identité de la série qui s'installe, de l'esthétique visuel à la musique, en passant par l'introduction des personnages. Flirtant avec la frontière floue de la normalité, il offre, derrière l'enquête criminelle qui est la porte d'entrée du téléspectateur, une immersion progressive admirablement maîtrisée dans le cadre si particulier de cette ville. Le soin apporté aux détails est frappant. Le moindre cadre semble réfléchi. C'est une atmosphère aussi indéfinissable que captivante, une étrangeté inclassable que le pilote esquisse sous nos yeux. Et si mes souvenirs sont un peu flous désormais, le magnétisme mystérieux qui émane de l'ensemble demeure gravé dans ma mémoire.


Le générique envoûtant :


17:48 Publié dans (TV Meme) | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : tv meme, twin peaks |  Facebook |