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04/01/2014

(SE/DAN) Bron/Broen (The Bridge), saison 2 : une lutte intime vers un échec inéluctable

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Pour ouvrir de la meilleure des façons cette année 2014, je vous propose de prendre la direction de la Scandinavie, entre Danemark et Suède, pour revenir sur une des séries les plus marquantes que j'ai eu l'occasion de visionner ces derniers mois. En 2013, Bron/Broen a surtout fait parler d'elle par l'exportation de son format : un premier remake américain (The Bridge) a été proposé au cours de l'été sur la chaîne FX, déplaçant l'intrigue à la frontière des Etats-Unis et du Mexique. Puis un second, franco-anglais, cette fois, (The Tunnel) a été diffusé cet automne en transposant l'action dans le tunnel sous la Manche.

De quoi presque occulter le fait qu'arrivait cet automne, en Suède et au Danemark, deux ans après, la seconde saison de la série originale. Ce serait pourtant passer à côté de dix bien belles heures de télévision que de négliger cette version scandinave. En effet, cette saison 2 est une confirmation, une consécration même, par l'aboutissement narratif auquel la série parvient. Si une saison 3 est en cours d'écriture, Bron/Broen s'est offert une magnifique suite -pouvant également faire office de conclusion.

En ce qui concerne la diffusion internationale, notez que cette saison 2 débute justement ce soir (samedi 4 janvier 2014) sur BBC4 en Angleterre (avec une sortie DVD prévue pour février 2014). En France, c'est la saison 1 qui arrive sur Canal+Séries à partir du 6 janvier prochain. N'hésitez donc pas.

[La review qui suit contient des spoilers concernant les saisons 1 & 2 : ne pas lire si vous ne les avez pas visionnées.]

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Bron/Broen reprend le fil de son histoire plus d'un an après la fin de la première saison. Si elle a tout de la digne représentante du genre policier, cette seconde saison souligne combien il serait réducteur de la présenter sous ce seul versant. C'est, certes, un polar scandinave à la narration feuilletonnante éclatée qui orchestre différentes destinées autour d'un fil rouge criminel, au sein duquel se retrouve une dimension politique - environnementale - semblable au schéma suivi lors de la première saison. Cette trame est une nouvelle fois rondement menée, avec des changements de perspectives bien introduits : face à une maîtrise narrative rarement prise en défaut, on peut tout au plus discuter le point d'interrogation que laisse au téléspectateur l'ultime scène qui conclut l'épopée criminelle du dernier responsable connu des événements relatés. Mais par-delà l'efficacité dont elle fait preuve dans ce registre, Bron/Broen est bien plus qu'une fiction d'enquête.

En effet, la série est entièrement portée et dédiée à la dynamique qui lie son duo principal. La saison 1 avait fait le choix d'explorer, avec réussite, une recette très familière, celle de l'association professionnelle de deux personnages très différentes qui, peu à peu, trouvent un terrain d'entente et entre lesquelles une complémentarité et même une amitié naissent. Lorsque la nouvelle saison débute, Saga et Martin ne se sont pas revus depuis l'enterrement d'August. Saga a poursuivi sa vie, tandis que Martin tente comme il peut de retrouver la sienne et de se remettre de la mort de son fils. Malgré le drame passé, les deux policiers retrouvent quasi-instantanément les rapports construits entre eux l'année précédente. Leur caractérisation et la mise en scène subtile de leurs rapports restent une des grandes forces de la série. En marge de l'investigation, ils se conseillent, s'influencent, tentent de se protéger, capables d'échanger et de se parler sans tabou : Martin doit faire face au deuil, à sa vie de famille qu'il peut peut-être encore sauver ; Saga expérimente la vie de couple et sa faculté à construire plus avant une relation amoureuse. C'est l'occasion pour la série d'explorer différentes facettes de ces personnages, laissant entrevoir toute la vulnérabilité qui sommeille derrière la surface policière endurcie.

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S'inscrivant dans la directe continuité des événements passés, cette saison 2 est en fait une histoire d'échecs apparaissant inéluctables. En dix épisodes, c'est une tragédie à laquelle on assiste, dont la dimension poignante et déchirante n'est que plus mise en valeur par l'extrême sobriété dont fait preuve l'écriture de Bron/Broen. Il y a un réalisme brut, une authenticité dans les réactions de chacun, qui n'en marque que plus le téléspectateur. Tout au long de la saison, en parallèle du fil rouge criminel à résoudre, une lutte autrement plus intime prend place : Saga et Martin se débattent, tentent d'évoluer... Sans succès. Ainsi, Saga assimile-t-elle des livres sur la gestion d'une cohabitation, sans parvenir à comprendre ces codes de socialisation qui lui échappent ; elle ne peut modifier qui elle est, n'y échapper au besoin de se préserver un espace. Cela anéantira son couple. De son côté, pour dépasser sa douleur, Martin fait le choix de la confrontation avec celui qui a brisé sa vie ; mais l'illusion de l'avoir touché sera balayée par la réalisation que le cocon familial qu'il espérait retrouver n'est plus.

Le dernier épisode de la saison, le plus éprouvant -une nouvelle fois-, n'est pas seulement la conclusion d'une saison, il vient refermer un arc qui couvre les deux saisons. Il entérine un retour au point de départ de la série, venant constater que ni Saga, ni Martin n'ont réussi à progresser. Leurs tentatives ont été vaines. Martin cède à la vengeance qu'il n'avait pas commise à la fin de la saison dernière : il tue le meurtrier de son fils. Or Saga comprend, seule, comment il s'y est pris. Elle aurait pu ne rien dire, personne ne se préoccupant vraiment du sort de cet homme. Seulement la jeune femme est fidèle à elle-même, retrouvant cette intransigeance qui reste une de ses caractéristiques. Elle collecte les preuves et fait son rapport, comme elle l'avait fait lors du pilote de la série pour un incident autrement plus anecdotique. C'est ainsi qu'elle dénonce aux autorités celui qu'elle reconnaît être son seul ami, détruisant par là-même l'unique relation humaine -si précieuse donc!- qu'elle avait réussi à nouer. Sans ciller, les scénaristes sont allés au bout de leur exploration de ce duo, en optant pour l'issue la plus implacable et la moins artificielle : celle qui semblait finalement inéluctable...

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La noirceur des développements de cette saison 2 -fidèle à la tonalité posée dans la première- se retrouve dans la photographie de la série, laquelle paraît comme décliner à l'infini des tons de gris aux nuances insoupçonnées. La réalisation est impeccable, sachant parfaitement user de plans larges et mettre en valeur un paysage frontalier, entre Suède et Danemark, qui fait partie intégrante de l'atmosphère du récit. Bron/Broen confirme être une oeuvre esthétiquement très aboutie dont le visionnage constitue une véritable expérience visuelle. Cet aspect se combine avec une bande-son où la sobriété prédomine, superbement incarné par un générique toujours aussi marquant, avec une chanson qui hante durablement le téléspectateur et représente si bien l'identité de la série (cf. la première vidéo ci-dessous).

Si la justesse de Bron/Broen trouve sa source dans les qualités de son écriture, ce sont aussi les performances d'acteurs qui parachèvent cet équilibre de ton. Dans des registres très différents, Sofia Helin et Kim Bodnia sont tous deux impressionnants. Magnifiques même. Tout en suscitant l'investissement émotionnel du téléspectateur, ils vont, chacun à leur manière, avec une retenue remarquable et sans jamais céder à la tentation d'en faire trop, nous faire partager leurs épreuves personnelles. Bouleverser le téléspectateur ne sera d'ailleurs pas leur monopole, notamment dans l'ultime épisode où Vickie Bak Laursen délivrera quelques scènes extrêmement poignantes avec son personnage de Pernille, une policière. A leurs côtés, on peut citer les retours de Sarah Boberg, Lars Simonsen, Puk Scharbau et Rafael Petterson, mais aussi les arrivées de Henrik Lundström, Tova Magnusson, Sven Ahlström ou encore Camilla Bendix.

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Bilan : Si Bron/Broen confirme être une solide série policière, polar scandinave à l'intrigue éclatée réunie en un toutélié maîtrisé, le coeur et la grandeur de la série reposent sur son exploration d'un duo principal, dont les rapports et les destins croisés confèrent une dimension supplémentaire au récit. Derrière la collaboration professionnelle difficile devenue une amitié, c'est une histoire de luttes intimes, de changements personnels impossibles. La dimension tragique de la saison ressort particulièrement par la construction narrative suivie : malgré les tergiversations et les efforts de Saga et de Martin, tout semble inéluctablement les conduire aux ultimes prises de décision dont nous serons témoins, retour à un point de départ aussi déchirant qu'inexorable. En lien direct avec les événements de la première saison, on assiste donc à une vraie conclusion d'ensemble de l'arc narratif ouvert vingt épisodes plus tôt.

L'éventualité d'une saison 3 soulève par conséquent bien des questions, dans la mesure où la dynamique qui fondait la série jusqu'à présent n'est plus. Cependant les scénaristes ont pour le moment si bien su maîtriser leur sujet, qu'il est impossible de ne pas leur faire confiance pour envisager une suite. Surtout, il est bien difficile d'envisager de refermer définitivement ce magnifique chapitre sériephile qu'est Bron/Broen. A suivre donc...


NOTE : 8,75/10


Le générique de cette saison 2 :


Une bande-annonce de la série :


12/10/2013

(SE) Upp till kamp (How soon is now ?) : la chronique authentique d'une jeunesse suédoise des années 60-70


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Poursuivons aujourd'hui l'exploration du petit écran scandinave. Après avoir découvert la Suède des années 80, confrontée au virus du sida dans Torka aldrig tårar utan handskar, puis à l'assassinat de son Premier Ministre Olof Palme dans En pilgrims död, je vous propose de remonter un peu plus dans le temps pour s'intéresser à une mini-série diffusée en 2007 sur SVT. Cette fois-ci, direction les années 60-70 !

Upp till kamp (How soon is now ? en version internationale) compte 4 épisodes d'1h30. Écrite par Peter Birro, et réalisée par Mikael Marcimain, son thème sonne familier : suivant les destins croisés de quelques jeunes gens, elle retrace le parcours vers l'âge adulte de cette génération qui avait 20 ans en 1968 et qui se cherche une place au sein d'une société qu'elle souhaiterait remettre en cause. Bien accueillie par la critique, Upp till kamp a fait une tournée plutôt remarquée des festivals européens en 2008, remportant notamment le Fipa d'Or. Plus que son traitement d'un sujet connu, c'est l'atmosphère qu'elle parvient à créer, grâce à certains choix formels, qui permet vraiment à cette fiction de se démarquer.

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Upp till kamp se déroule sur une décennie, de 1966 à 1976. Elle invite à suivre Tommy, Lena, Erik et Rebecka, quatre jeunes gens, issus de milieux très différents et aux aspirations également très dissemblables. Ils vont cependant forger entre eux une solide amitié qui va traverser bien des épreuves et des tempêtes. Unis par une même volonté d'aller de l'avant, de rejeter les conventions imposées par cette société crispée devenue trop rigide, ils prennent leur vie en main et vont faire leurs propres expériences, ainsi maîtres de leur destin, maître aussi de se tromper de voie ou de s'égarer dans leurs choix.

Entremêlant amour et amitié, musique et politique, Upp till kamp relate en filigrane, à travers ces quatre destins croisés, dix années de bouleversement de la société suédoise. La mini-série nous fait traverser tous les enjeux d'alors, des engagements politiques, notamment via la contestation contre la guerre au Vietnam, à la crise économique qui heurte de plein fouet le pays au milieu des années 70. C'est une histoire d'idéaux et d'ambitions, mais aussi de compromis et de désillusions accompagnant l'entrée à l'âge adulte.

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Plus qu'une fiction, Upp till kamp résonne d'abord comme le document d'une époque, un témoignage des tourbillons dans lesquels a été entraînée une génération qui aspirait à beaucoup. La mini-série réussit admirablement l'immersion du téléspectateur. Plus que le fond, ce sont les nombreuses initiatives formelles qui jouent ici un rôle décisif. Côté réalisation, en plus d'un format d'image en cinémascope, l’œuvre fait d'abord le choix - qui peut surprendre initialement - du noir & blanc (le premier épisode l'est intégralement), avant de progressivement retourner vers la couleur. La caméra est nerveuse, proche du récit en filmant au plus près les différents protagonistes et en transmettant son dynamisme à l'histoire.

La mini-série utilise également très fréquemment des passages musicaux, mobilisant des extraits de bande-son d'époque, mais aussi des chansons perçues comme un moyen d'expression pour certains des personnages. Au sein de ce très riche univers musical aux accents rock'n'roll, s'insèrent aussi quelques images d'archives, que la façon de filmer permet d'intégrer d'autant plus naturellement. L'introduction de chaque épisode est d'ailleurs uniquement constituée de vidéos d'époque. Upp till kamp se construit donc une ambiance vraiment à part. C'est le premier épisode qui repousse le plus loin les limites de l'expérience visuelle et sonore dans laquelle le téléspectateur est plongé. Il fascine par l'authenticité brute qui en émane : le choix des plans, la manière dont les scènes sont capturées, empruntent presque au documentaire, donnant vraiment l'impression d'y être.

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Les années 60-70 renaissent à l'écran dans ce portrait d'une génération, traversé par ses paradoxes, ses excès, mais surtout chargé d'une vitalité jamais démentie. Le récit suit les parcours chaotiques et heurtés de jeunes gens emportés par leurs certitudes et leurs aspirations. Il relate leurs choix et leurs erreurs, leurs dérives et leurs réussites... La progression du récit est forcément familière, partant des idéaux et des révoltes de jeunesse, jusqu'aux désillusions et aux compromis imposés par la vie et la société. La politique constitue un axe important de la narration : derrière les engagements (pour trois des protagonistes, très marqués à gauche) et les grandes protestations d'une période (le pacifisme face à la guerre du Vietnam), c'est aussi un pays que le téléspectateur voit muer sous ses yeux.

Les quatre protagonistes principaux se rencontrent au cours du premier épisode. Ils sont tous très différents, et auront le temps de se perdre de vue avant de se retrouver à nouveau, au gré des décisions de chacun. Leur caractérisation n'est pas égale, certaines étant plus fouillées que d'autres, si bien que le téléspectateur ne s'investit pas pareillement en chacun. Lena et Tommy sont ceux qui se démarquent dès le départ, le parcours de Lena, de la chanson à la politique, et des sacrifices qu'elle réalisera sont ceux qui m'ont le plus touché. Si Rebecka connaîtra un intéressant éclairage dans la seconde partie, Erik restera plus une énigme, personnage ambivalent dont le détachement et les ambitions contrastent avec ceux de ses amis. L'épilogue n'offre d'ailleurs pas une sortie dosée à tous ces personnages, apportant peut-être une dramatisation excessive à ce qui aurait pu être une conclusion plus posée et ouverte sur l'avenir.

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En outre, Upp till kamp bénéficie d'un casting homogène et solide, respectant le parti pris de réalisme et de sincérité choisi par la série. Sverrir Gudnason (Wallander, Drottningoffret) interprète Tommy, personnage intense qui, entre rébellion et rêves musicaux, aura toujours du mal à trouver le bon équilibre. Fanny Risberg (Arn) incarne quant à elle Lena, avec sa magnifique voix et ses intransigeances politiques. C'est Ruth Vega Fernandez (Johan Falk) qui joue Rebecka, portée par une ambition professionnelle inébranlable. Enfin, Simon J. Berger (ceux parmi vous qui ont vu Torka aldrig tårar utan handskar se souviennent forcément de lui dans le rôle du flamboyant Paul) interprète Erik, fils d'une bonne famille qui peine à se trouver.

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Bilan : Fiction d'ambiance particulièrement aboutie, Upp till kamp est une immersion vivante dans cette décennie de bouleversements que sont les années 60-70. Riche en initiatives formelles, esthétiques comme sonores, qui visent à capturer l'atmosphère d'une époque, c'est une mini-série extrêmement intéressante par l'authenticité qui s'en dégage. Les parcours qu'elle relate sont en revanche plus traditionnels, avec une évolution relativement prévisible. Mettant en scène des protagonistes ordinaires qui cherchent leur place, elle ne romance pas leurs choix et n'idéalisera jamais leur vie : elle évoque seulement, sans artifice, des figures qui se construisent avec leurs forces et leurs failles dans un contexte particulier prompt à la remise en cause de la société.

Avant Upp till kamp, j'avais déjà vu (ou lu) bien des fictions sur un tel sujet (c'est une période qui m'intéresse toujours autant). Sur le fond, les thèmes traités sont ceux qui parcourent la jeunesse occidentale d'alors, déclinés à la Suède. En revanche, cette mini-série restera pour moi une vraie expérience télévisuelle pour son travail d'ambiance et sa plongée réussie dans une époque. C'est une œuvre qui fonctionne sur les sensations qu'elle procure aux téléspectateurs. Avis aux amateurs.


NOTE : 7,75/10


Pour un aperçu de l'ambiance, l'introduction du premier épisode :


Entre guerre du Vietnam, création d'Ikea, nouvelle VOLVO et manifestations...

01/09/2013

(SE) En pilgrims död (Death of a pilgrim) : qui a tué le Premier Ministre Olof Palme ?


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Ce vendredi 30 août 2013 se déroulait à Stockholm la cérémonie des Kristallen, les récompenses de la télévision suédoise. C'est la magnifique Torka aldrig tårar utan handskar (Don't Ever Wipe Tears Without Gloves), diffusée à l'automne 2012, qui y a été sacrée meilleure série [Une vidéo de la remise du prix est disponible sur le site de la SVT]. Vous vous en doutez, j'ai envie de saluer une récompense pleinement méritée pour cette fiction qui reste un de mes grands coups de coeur de l'année. En France, elle a été projetée au Festival SériesMania en avril dernier sans laisser ses spectateurs indifférents, puisqu'elle y a remporté le prix du public. J'espère que toutes ces reconnaissances lui permettront de franchir les frontières, et surtout d'arriver jusqu'à notre petit écran un jour prochain !

En attendant, profitons de cette actualité suédoise pour revenir aujourd'hui sur une autre série de ce pays, qui était également nominée aux Kristallen : En pilgrims död (Death of a pilgrim en version internationale). Diffusée au cours de l'hiver dernier sur la chaîne publique SVT, du 13 janvier au 3 février 2013, cette fiction comporte quatre épisodes. Elle s'inspire de trois livres de l'écrivain suédois Leif G.W. Persson, publiés en France sous les titres "Entre le désir de l’été et le froid de l’hiver", "Sous le soleil de minuit" et "Comme dans un rêve". Mini-série policière par son thème, elle dépasse cependant ce seul genre en raison du sujet abordé : elle revient en effet sur l'assassinat du Premier Ministre suédois en 1986. Entre enquête, espionnage et reconstitution des années 80, il s'agit d'une mini-série ambitieuse. Elle s'est malheureusement peut-être laissée un peu débordée par tout cela.

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Le 28 février 1986, le Premier Ministre suédois, Olof Palme, revenait à pied d'une séance nocturne de cinéma. Il était accompagné de son épouse, mais n'avait aucun garde du corps à ses côtés. A une intersection, un homme armé rattrape le couple : il abat l'homme politique à bout portant. Palme n'en réchappera pas. Un suspect, Christer Petterson, est arrêté pour cet assassinat. Il est condamné en première instance, mais finalement relaxé en appel faute de preuve, l'arme du crime n'ayant par exemple jamais été retrouvée. Petterson meurt en 2004, et cette affaire, qui a marqué tout un pays, demeure toujours non résolue. Tel est le point de départ de En pilgrims död.

Son histoire débute par la rencontre d'un haut responsable de la police et d'un ancien collaborateur de Palme, Nilsson. Ce dernier est mourant et souhaiterait ne pas partir avant d'avoir compris ce qu'il s'est passé cette terrible nuit de février 1986. Il invite Lars Martin Johansson à reprendre l'investigation de manière non-officielle. Le policier accepte. Il rassemble rapidement une petite équipe avec pour objectif de reprendre, avec le recul des années, toutes les pièces de l'enquête afin d'explorer chaque hypothèse. Il ne s'agit pas seulement de se baser sur les témoignages et les analyses d'époque, les souvenirs sont aussi mobilisés. En dépit du secret, la presse a vite vent de cette nouvelle tentative de résolution. Des informations de source inattendue parviennent alors aux policiers, notamment relatives à l'arme du crime.

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En raison de son concept, En pilgrims död apparaît comme une sorte de Cold Case suédois. Son enquête se déroule a posteriori, et les policiers tentent de démêler des fils d'hypothèses irrésolues depuis un quart de siècle. Elle est donc d'abord une investigation d'archives, où les témoignages sont dépoussiérés et re-confrontés. Cependant, judicieusement, la mini-série ne se cantonne pas à ce seul genre : son récit suit une construction narrative en parallèle, alternant entre des passages dans le passé (de 1985 jusqu'à l'assassinat de Palme) et dans le présent (la réouverture de l'enquête). Grâce à ces aller-retours, elle replonge le téléspectateur dans la Suède des années 80.

La reconstitution historique est l'occasion de dresser un portrait sans complaisance de la police d'alors, gangrénée par la corruption et des groupes fascisants. Elle permet aussi de mesurer le traumatisme représenté par l'assassinat du Premier Ministre. L'incertitude a en effet laissé libre cours aux théories conspirationnistes les plus diverses, imaginant des implications internationales ou questionnant l'action de certains services de l’État, tant l'enquête semble n'avoir pas été menée avec les précautions attendues. Signe d'une époque, la fiction flirte également avec des thématiques d'espionnage, qu'il s'agisse de la remise en cause par certains du Premier Ministre lui-même placé sous le feu des soupçons, ou de la présence d'un journaliste américain téléguidé par ses services secrets.

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L'histoire développée est particulièrement riche, formant un puzzle complexe dont chaque pièce s'emboîte peu à peu. Malheureusement En pilgrims död ne va pas parvenir à exploiter toute cette matière. La mini-série a tous les ingrédients apparents du thriller, mais elle ne génère ni la tension, ni le suspense attendu. Souffrant de développements plats et figés, elle déroule son histoire dans un style impersonnel, avec des personnages qui peinent à exister. Délaissant rapidement la piste politique, le récit s'oriente vers l'hypothèse de la vengeance, sans même essayer d'entretenir le moindre doute. L'enquête est exécutée de manière extrêmement linéaire, sur la base d'un nouveau témoignage. Des raccourcis et quelques choix discutables, à l'image de la construction maladroite d'un passé commun entre l'orchestrateur du meurtre et une des policières, viennent peser sur son développement.

Le travail de recontextualisation en lui-même, aspect très intéressant de la fiction, est perfectible. Si la mini-série fait du bon travail pour évoquer l'institution policière, elle se révèle trop minimale en ce que concerne Palme lui-même. Ce dernier n'est paradoxalement qu'assez peu évoqué et, surtout, tous les enjeux politiques que pouvait soulever son assassinat ne sont que très indirectement évoqués. Il est difficile d'admettre un traitement aussi restrictif pour traiter de la mort d'un chef de gouvernement. Tout cela laisse une impression un peu frustrante d'inachevé, car En pilgrims död avait assurément un sujet très dense. En l'exploitant au final de façon trop superficielle, elle se laisse seulement suivre, alors qu'elle aurait pu être d'un tout autre calibre.

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Sur la forme, En pilgrims död est une mini-série austère empruntant au polar noir. La réalisation est solide. Se déroulant la plupart du temps entre quatre murs, dans les couloirs ou les sous-sols d'un commissariat, elle permet à la caméra de capturer et de jouer sur une ambiance assez sombre. La bande-sonore est opportunément sobre. Se démarque cependant un générique composé d'images d'archives, au thème musical entêtant, qui reflète assez la paranoïa et les incertitudes que la fiction n'aura pas réussi à mettre en avant (cf. la vidéo ci-dessous).

Quant au casting, il rassemble des têtes familières du petit écran suédois. S'ils ont peu l'occasion de tirer leur épingle du jeu, c'est surtout à cause d'une caractérisation des personnages trop minimale. C'est Rolf Lassgard (Den fördömde, Dag) qui interprète le responsable de la réouverture de l'enquête, un incorruptible et inébranlable policier qui entend cette fois aller au bout de l'investigation. Parmi ses assistants, Helena af Sandeberg (Oskyldigt dömd) est la plus développée, mais l'évolution de son personnage, et la manière dont son passé rejaillit pour éclairer l'enquête, sont un des écueils du scénario. A leurs côtés, on retrouve Ellen Jelinek(/Mattsson) (Morden, Äkta Människor) et Henrik Norlén (Morden). Au sein des responsables policiers, on croise Kjell Bergqvist (Graven, Morden, Mäklarna, 30 grader i february), Claes Malmberg (Guds tre flickor) ou encore Per Svensson (Ett gott parti). Enfin, Jonas Karlsson (Mannen under trappan) interprète Walin, tandis que Ulf Friberg (Torka aldrig tårar utan handskar) incarne Hedberg.

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Bilan : En pilgrims död est une mini-série ambitieuse, dotée d'un sujet fort - l'assassinat d'un homme politique. Elle a le mérite de jeter un intéressant éclairage sur la Suède, revenant sur un évènement qui a marqué tout un pays. Mêlant enquête policière, enjeux politiques et pointes d'espionnage, le tout saupoudré d'ambitions personnelles et d'égos, cette fiction tenait une histoire très riche. Son exécution linéaire, trop superficielle par moment et marquée par quelques choix narratifs discutables, laisse donc des regrets. Au final, elle reste une fiction méritante pour qui s'intéresse à la Suède, mais qui est loin d'exploiter tout le potentiel que son sujet et son histoire avaient.

A réserver aux téléspectateurs curieux amateurs de la Suède et de son petit écran. (Pour tous les autres, n'hésitez pas à découvrir
Torka aldrig tårar utan handskar !)


NOTE : 6,25/10


Le générique de la mini-série :

04/05/2013

(Pilote SE) 30 grader i februari (30 Degrees in February) : l'espoir ou l'illusion d'un nouveau départ au bout du monde


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Poursuivons les découvertes faites à Series Mania avec une série suédoise que j'avais placée parmi mes priorités de visionnage (et qui n'a pas déçu mes attentes). L'unicité de 30 grader i februari tient au fait qu'elle nous entraîne loin des emblématique paysages enneigés de Scandinavie, vers un tout autre continent : direction l'Asie, et plus précisément la Thaïlande.

Quel est le lien qui unit ces deux pays que l'on situerait plutôt aux antipodes l'un de l'autre ? Pour comprendre cette série, il faut savoir que la Thaïlande est une destination phare en Suède. Pas moins de 600.000 suédois visitent chaque année ce petit coin d'Asie aux plages paradisiaques, ce qui représente quand même 7% de la population. Au total, actuellement, plus de la moitié des suédois se sont rendus au moins une fois dans leur vie en Thaïlande... Voici donc le constat qui a inspiré 30 grader i februari. Cette série a été diffusée sur la chaîne publique SVT du 6 février au 9 avril 2012. Elle compte une saison de 10 épisodes de 58 minutes chacun. Tout en profitant pleinement de son cadre dépaysant, elle fait figure de drame humain désenchanté qui touche le téléspectateur à plus d'un titre.

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30 grader i februari délaisse la neige et le froid d'un mois de février en Suède, pour suivre différents personnages jusque sur le sable chaud thaïlandais. Il faut dire que la Thaïlande est certes une destination de rêve pour les vacances, mais elle peut être bien plus que cela : pour certains, elle apparaît comme une opportunité, une terre nouvelle pour changer de vie, pour tout recommencer sur de nouvelles bases. Ce sont quatre histoires croisées de protagonistes très divers, débarquant tout juste dans ce pays d'Asie, que la série va nous conter.

Il y a tout d'abord ce couple de sexagénaires dont la relation inégale interroge : le mari, malade, en fauteuil roulant, traîne son mal-être et fait subir à sa femme toutes les frustrations que lui cause cette condition. C'est pour lui changer les idées que son épouse lui a offert ce voyage surprise en Thaïlande, séjour qu'il ne semble pourtant pas décidé à apprécier. C'est en revanche pour un retour au calme, loin de la tension de la Suède, qu'une mère, venant d'être victime d'une attaque, emmène ses deux filles retrouver les plages où la famille s'était constituée tant de bons souvenirs des années auparavant. Dans le même temps, c'est avec un autre type d'espoir que Glenn débarque pour la première fois dans ce pays : célibataire rêvant d'une famille, il a rencontré sur internet une jeune thaïlandaise et espère revenir en Suède mari et femme. Enfin, c'est un retour aux sources très différent que vit le dernier protagoniste : thaïlandais tombé amoureux d'une suédoise pour laquelle il a tout quitté, il rentre chez lui et va notamment tenter de renouer avec un fils à la dérive qu'il avait alors laissé derrière lui.

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30 grader i februari est une série empreinte d'humanité. C'est une fiction sur la vie, avec toutes les épreuves et les désillusions qui la peuplent, mais aussi avec ces brèves satisfactions, ces fugaces moments de bonheur, qui l'accompagnent, la rythment et dont l'existence permet à chacun de continuer à aller de l'avant. Très vite, il apparaît clairement que la Thaïlande ne sera pas la terre des miracles espérée, où il aurait été possible de tout laisser derrière soi et de repartir de zéro. Tous ces personnages venus y poser leurs valises, pour quelques jours ou avec l'espoir d'y construire un futur, vont d'ailleurs être, chacun à leur manière, rattrapés par leur histoire, par leur passé, par leur caractère, par tous ces éléments qui les définissent peu importe le lieu où ils sont. De plus, la Thaïlande est aussi un pays de mirages : derrière l'illusion de paradis et des possibilités qui semblent infinies, transparaît une réalité plus sombre. La dureté de la vie, sa noirceur même, n'est pas restée avec le froid dans la Scandinavie qu'ils ont quittée. Au fil de ses deux premiers épisodes, 30 grader i februari se révèlera à la fois poignante et touchante.

Bénéficiant d'une écriture fine qui permet une juste et soignée caractérisation des personnages, la série repose sur une galerie de portraits nuancés. Si elle ne manque pas de passages durs émotionnellement, elle n'en est pas moins chargée de vitalité. 30 grader i februari fait preuve d'une faculté assez unique pour entraîner le téléspectateur dans de véritables montagnes russes émotionnelles, signe d'une maîtrise narrative qu'il faut saluer. Pour chacun, aux déceptions succèdent de brefs moments où le bonheur semble possible, voire atteint. La fiction capture et sublime ces instants-là avec une intensité qui impressionne. C'est par exemple le cas de l'excursion en plongée de l'épouse brimée, dont ce moment de liberté et d'émerveillement innocent va droit au coeur. Reste que c'est une tonalité assez sombre qui prédomine sur ces débuts. Cependant, du fait de son concept, la série dispose d'une voie à explorer qui empêche de tout peindre en noir. Car la Thaïlande est bel et bien une occasion qui ne se représentera sans doute pas : voyager, changer de cadre, ce n'est pas seulement revoir son quotidien, c'est surtout un moyen d'apprendre sur soi-même, de revoir ses priorités, de mieux comprendre ses aspirations. Ce pays n'est pas une solution miracle, mais il offre une chance pour s'épanouir... à chacun de la saisir.

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Sur la forme, 30 grader i februari dispose d'un atout de choix, qui lui permet de se démarquer visuellement de toutes les autres fictions scandinaves : son décor thaïlandais, et tous ces paysages sur lesquels la caméra va pouvoir s'attarder. La série s'emploie à pleinement les mettre en valeur, qu'il s'agisse de ces longues plages paradisiaques, de cet océan au bleu si clair, de cette faune et flore exotique à portée de main... Tout au long de ses épisodes, la fiction semble comme ironiquement jouer sur le contraste entre la beauté des lieux dans lesquels se déroule son action - soulignée par une superbe photographie -, et la dureté des histoires qui s'y jouent. Pour accompagner le tout, la série bénéficie d'une ambiance musicale où perce un soupçon d'exotisme opportun, à l'image du chouette générique assez envoûtant que vous pouvez visualiser plus bas (1ère vidéo sous ce billet). 

Enfin, 30 grader i februari est une série chorale qui peut s'appuyer sur un casting homogène et solide, capable de faire passer une émotion, un sentiment de détresse ou de joie, par une simple expression, sans avoir besoin de surligner le moment ou d'ajouter des dialogues superflus. On retrouve notamment en son sein Kjell Berggvist (Graven, En Pilgrims Död), Lotta Tejle (Mäklarna, Morden, Morden i Sandhamn), Maria Lundgvist (Sally), Hanna Ardéhn (Dubbelliv), Viola Weidemann, Thomas Chaanhing, Sanong SudLa, Kjell Wilhelmsen (Saltön), DoungJai Hiransri, Sumontha Sounpoirarat, Björn Bengtsson (Labyrint), Torkel Petersson (Hjälp!) ou encore Rebecka Hemse (Beck, Dag).

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Bilan : Dotée d'une écriture solide, démontrant une capacité à dépeindre avec beaucoup de nuances et de justesse les portraits de chacun, 30 grader i februari est un drame humain, choral, à la noirceur bien réelle, qui va toucher et impliquer émotionnellement le téléspectateur. Au contact du décor thaïlandais, la vie de chaque protagoniste poursuit son cours, imperturbable à sa manière et n'étant que peu affectée par ce cadre. Le dépaysement apparaît comme une échappatoire illusoire, les difficultés se perpétuant même au bout du monde... Cependant, c'est aussi une occasion de repartir de l'avant, d'apprendre sur soi. Cela donne au final une série entre ombres et lumières, à la fois amère et pleine de vitalité, dont le visionnage marque.

Une série dont il me reste à espérer qu'elle attire l'attention d'une chaîne de façon à permettre un visionnage intégral de la saison, car il est bien frustrant de ne pas accompagner plus loin tous ces personnages.


NOTE : 7,75/10


Le générique de la série :

La bande-annonce de la série :


26/04/2013

[Dossier] Au Nord il y a des séries !

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Quittant la (relative) fiabilité de ma connexion internet pour quelques jours, je vous préviens donc que l'actualisation de ce blog dépendra pour le week-end à venir de l'éventuel wifi que mon ordinateur pourra capter. Je ne vous laisse cependant pas sans lecture.

En effet, j'ai fait quelques infidélités à mon blog cette semaine, et j'ai réalisé pour Allociné un dossier consacré aux séries scandinaves. C'est un article qui pourra intéresser ceux qui, parmi vous, sont amateurs de séries scandinaves (ou les curieux par-delà ces frontières !), appréciant Äkta Människor actuellement sur Arte, ayant aimé Borgen ou encore Forbrydelsen, voire ayant essuyé plus récemment quelques larmes devant Don't ever wipe tears without gloves. Ce dossier vient compléter d'une certaine manière toutes les explorations nordiques que j'ai pu partager au fil de ce blog.

L'idée n'a pas été de se lancer dans une revue exhaustive, mais plutôt d'essayer d'apprécier l'essor et le dynamisme scandinave (ainsi que l'effet de mode) sous ses différentes facettes. L'article est organisé comme suit :

1. Äkta Människor : un drame humain et social
2. La fiction, miroir critique de la société
3. Une source littéraire ne se limitant pas au polar
4. Le Danemark et la révolution de DR à la fin des années 90
5. Le dynamisme actuel
6. Par-delà les frontières de la Scandinavie
7. Une fiction scandinave ne se limitant pas au polar

Pour lire l'article, rendez-vous par là : "Real Humans", "Borgen", "The Killing"... Au Nord il y a des séries !

Le générique de Ørnen: En krimi-odyssé.

(Pour se mettre dans l'ambiance)