04/08/2013
[Blog] Deuxième petite pause estivale : entre histoires de pont & de casting
Comme je l'avais annoncé au début de l'été, My Télé is rich! connaîtra deux petites pauses estivales. La première a eu lieu en juillet, et pour la seconde, ce sera donc la semaine qui arrive, avec une reprise des publications le week-end prochain. Au programme des semaines aoûtiennes suivantes, des histoires de vampires (je me suis replongée dans ces fictions fantastiques mettant en scène ces créatures aux dents longues pour lesquelles j'ai toujours une inclinaison partiulière), de l'espionnage et autres rattrapages ou bilan de séries estivales.
Côté visionnages actuels, aux Etats-Unis, en dépit de mes réticences, je me suis bel et bien lancée dans le remake américain de Broen/Bron qu'est The Bridge. Au terme des premiers épisodes, la série ne m'a pas conquise, elle peine même à retenir mon attention. Et j'ai pour l'instant bien du mal à voir son intérêt et sa valeur ajoutée en dehors de quelques originalités propres à son cadre par rapport à la série originale. Quand on sait que le remake UK/FR, The Tunnel, devrait arriver pour la fin de l'année, je crains fort la saturation... D'autant que ceux qui ont apprécié Broen/Bron vont pouvoir revenir à l'originale avec la diffusion en Scandinavie, à partir du 22 septembre prochain, de la saison 2 de la série dano-suédoise. Et avec un peu de chance, BBC4 ne sera pas trop longue à suivre en Angleterre... En tout cas, le seul fait d'entendre à nouveau la chanson du générique dans ce bref teaser fait plaisir (en plus de serrer le coeur) :
Broen/Bron - Teaser - Saison 2
En Angleterre, je pense que je reviendrais au moins sur l'une des mini-séries estivales de Channel 4 qui s'emploie à rivaliser de noirceur et de dépression, enchaînant la chronique sociale dramatique avec Run, le period drama social avec The Mill et la tragédie avec Southcliffe (qui débute ce soir). Ce ne sont pas forcément les visionnages de détente dont on rêve en période estivale, mais il y a une certaine continuité logique. Et puis, surtout, les sujet et les castings ne manquent pas d'aiguiser la curiosité. Pour l'instant, je n'ai commencé que Run, et c'est aussi éprouvant qu'annoncé. En plus léger, signalons quand même la reprise de The Café, l'attachante série de Sky1 qui, elle, sonne déjà plus de saison !
Southcliffe - Bande-annonce
Mais bien sûr, l'évènement sériephile de ce dimanche engageait surtout le futur : c'était l'annonce du Douzième Docteur, le successeur de Matt Smith : qui sera donc Twelve ? La saison 7 de Doctor Who m'a laissé sur bien des réserves, mais la curiosité pour l'avenir de la série demeure. L'étincelle est toujours présente, et son potentiel appel à l'imaginaire conserve une résonnance particulière chez moi. L'annonce aura finalement été sans surprise, puisqu'il était un des noms qui revenait le plus souvent dernièrement, c'est donc Peter Capaldi qui reprend le rôle du Docteur. Un très bon acteur que les sériephiles connaissent bien, notamment pour son rôle de Malcolm Tucker dans la géniale The Thick of It. Ce n'est pas un acteur qui passe inaperçu dans ses rôles, à l'image de la saison 2 de The Hour ou dans The Field of Blood. Bref, c'est quelqu'un à qui on peut faire toute confiance... Reste donc à espérer que l'écriture soit à la hauteur de mes attentes. Mais autant vous dire que je suis ce soir très contente.
Pour rappel, Peter Capaldi, c'était notamment cette scène marquante de The Field of Blood :
Et vous, que pensez-vous de ce choix pour incarner Twelve ? Et quelles sont les fictions qui vous occupent dernièrement ?
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31/07/2013
(K-Drama / Première partie) The Blade and Petal (Sword and Flower) : un amour impossible sur fond de chute d'un royaume
"Flowers wither like love, only blades are eternal."
Retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique pour parler sageuk (série historique). Tandis que War of the Flowers - Cruel Palace se poursuit sur jTBC, de nouveaux dramas de ce genre ont été lancés ces dernières semaines sur les grandes chaînes. Certains sont malheureusement plutôt à oublier, comme Jung Yi, the Goddess of Fire sur MBC, en dépit de la présence de Moon Geun Young. Un autre a en revanche autrement retenu mon attention : The Blade and Petal. Cette série a débuté le 3 juillet 2013 sur KBS2. Diffusée les mercredi et jeudi soirs, elle est prévue pour le moment pour une durée de 20 épisodes. Etant donné ses mauvaises audiences, il est peu probable qu'elle soit rallongée (espérons qu'elle ne soit pas raccourcie).
Initialement, c'est un intéressant article publié sur The Vault au sujet de son storytelling qui a aiguisé ma curiosité pour cette fiction. Sur le papier, son synopsis s'inscrit en effet dans les canons classiques du genre, en revanche, visuellement, The Blade and Petal offre autre chose. Sa réalisation a été confiée à Kim Yong Soo, dont certains parmi vous se souviennent certainement du travail d'ambiance assez fascinant réalisé dans White Christmas. En somme, si The Blade and Petal n'innove pas sur le fond, la forme se montre bien plus entreprenante, voire expérimentale. Tout n'est pas parfait, mais il y a un vrai souffle qui anime ce drama, dans lequel je me suis laissée emporter avec plaisir.
[La review qui suit a été rédigée après le visionnage des huit premiers épisodes.]
The Blade and Petal se déroule au VIIe siècle, à la fin de la période que l'on désigne sous le nom des Trois Royaumes, qui étaient composés de Silla, Baekje et Goguryeo. C'est au sort de ce dernier, le royaume de Goguryeo, que le drama s'intéresse : il va nous relater sa chute, face à la dynastie chinoise Tang et au royaume de Silla, lequel unifiera la péninsule coréenne. Dès les premières scènes, le cadre est posé avec la narration de la princesse Moo Young qui, à côté des ruines fumantes de ce qui fut Goguryeo, s'interroge sur les raisons qui ont précipité son royaume vers sa perte, se remémorrant l'engrenage d'évènements qui allait être fatal. Le drama nous ramène alors au début des tensions avec les Tang, alors que la perspective d'une guerre semble de plus en plus inévitable et que le royaume est de plus en plus divisé.
Tandis que le général Yeon Gae So Mun, le plus haut dignitaire militaire, presse à prendre les armes et à répondre aux provocations chinoises, le roi Young Ryu s'efforce au contraire de freiner ses ardeurs guerrières, estimant que Goguryeo doit se préparer et ne pas se précipiter vers la manière forte. L'opposition entre ces deux hommes qui sont les plus puissants du royaume ne cesse de croître. C'est dans ce contexte déjà difficile que Moo Young fait la rencontre de Yeon Choong. Les deux jeunes gens s'éprennent instantanément l'un de l'autre. Habile combattant, Choong entre même au service de la princesse. Seulement, Moo Young ignore sa réelle identité : il est en fait le fils illégitime du général Yeon, renié par ce dernier, mais venu à la capitale pour rencontrer ce père absent.
L'amour naissant entre Moo Young et Yeon Choong se retrouve pris au piège de la rivalité qui oppose leurs pères. Lorsque l'inéluctable confrontation se produit, les liens du sang et les liens des sentiments se brouillent... La vengeance va-t-elle succéder à l'amour ?
The Blade and Petal se réapproprie une thématique classique : celle de l'amour impossible, déchirant voire autodestructeur, dans la droite lignée d'un Roméo et Juliette. Les sentiments se heurtent violemment à la loyauté familiale, les deux personnages se trouvant écartelés par l'antagonisme de leurs pères. Au cours de ce premier tiers, la série s'attarde sur leurs tiraillements, sur les dilemmes si difficiles à trancher auxquels ils sont confrontés, soulignant combien l'amour semble toujours finir par guider leurs pas, malgré eux, parfois même en dépit de leur raison. Le téléspectateur s'implique sans difficulté dans ce double destin croisé, inachevé et chargé de regrets. Tout se ressent de manière très intense, et l'émotion n'est jamais loin. L'écriture n'a guère à forcer le trait pour acquérir des accents tragiques shakespeariens : le poids des sentiments devient bien douloureux à porter lorsque l'affrontement sort du seul cadre politique et que les complots visant à éliminer le clan adverse prennent forme.
Ces huit premiers épisodes forment une escalade : l'apogée annoncé est le coup d'Etat aboutissant à l'élimination d'un des deux camps - il se réalise finalement dans le huitième. La narration trouve le bon dosage pour nous plonger dans des jeux de cour létaux et dans une montée inéluctable des tensions, tout en ne négligeant jamais les incidences de ces évènements sur les deux jeunes gens placés au centre de l'histoire. Les enjeux sentimentaux sont imbriqués aux luttes de pouvoir en cours. Ironiquement, c'est alors qu'il semblait avoir été définitivement rejeté par son père, que la filiation de Choong acquiert une toute autre dimension : il est un pion projeté sur l'échiquier du royaume, un enjeu pour le roi, mais aussi pour son général de père. Ce lien familial n'est pas appréhendé de la même manière par Moo Young qui, elle, remet en cause ses sentiments, tout en retenant la fidélité manifeste de Choong. Un tournant définitif dans leur relation est cependant franchi lors du coup d'Etat qui signe la mort du roi de la main du général. Le basculement a lieu, le Rubicon est franchi : le désir de vengeance peut désormais se mêler à l'amour, et troubler encore un peu plus ce duo principal.
The Blade and Petal développe donc une histoire classique, entre romance et pouvoir, qui s'inscrit parfaitement dans les canons d'un sageuk. L'originalité du drama ne tient pas à son fond, mais à la manière dont cette histoire va être racontée et mise en scène. Si certaines fictions présentent une réalisation neutre et calibrée, que l'on qualifierait aisément d'interchangeable, ce n'est pas du tout le cas de celle proposée par Kim Yong Soo. En effet, ce dernier se montre particulièrement interventionniste, multipliant des effets de style qui peuvent un temps dérouter, voire surprendre, avant que le téléspectateur ne se prenne au jeu. C'est la caméra qui rythme ici le récit, proposant presque sa propre narration qui se substitue aux dialogues : elle appuie sur les regards, répète certaines scènes, repasse des moments en suivant différentes perspectives, et plus généralement joue sur une théâtralisation de l'écran qui est poussée à son paroxysme.
Les épisodes semblent trouver leur propre souffle sous la direction d'un réalisateur orchestrant images et musique. Il use dans cette optique d'une bande-son omni-présente qui donne une dynamique à l'ensemble. L'utilisation d'instrumentaux modernes souvent entraînants, loin de toute musique traditionnelle, ainsi que de la chanson phare de l'OST (cf. la 2ème vidéo ci-dessous), tombe le plus souvent juste. The Blade and Petal limite les dialogues et raccourcit les échanges, parlant au téléspectateur visuellement et musicalement. Les scènes paraissent parfois des tableaux s'animant sous nos yeux, poussant la symbolique à son maximum, voire au-delà. La caméra devient un acteur à part entière du récit, dépassant le seul scénario pour aposer sa marque sur la narration. Si bien que l'exécution de l'histoire apparaît presque prendre le pas sur son contenu, un choix dans lequel tous les publics ne s'y retrouveront pas. Signe que la réalisation reste à un stade expérimental, elle ne transforme pas toutes ses tentatives : elle a notamment quelques longueurs, et cède parfois à des répétitions de scènes un peu trop excessives. Mais l'ensemble constitue un effort aussi louable qu'intéressant.
Enfin, The Blade and Petal peut s'appuyer sur un assez solide casting. Concernant les deux représentants de cette romance qui ne peut pas être, c'est Kim Ok Bin (Hello God, Over the rainbow) qui interprète la princesse Moo Young ; tandis que Uhm Tae Woong (Resurrection, The Devil, Dr Champ, The Equator Man) joue Yeon Choong. Leurs scènes communes fonctionnent, et la caméra n'a pas à forcer artificiellement le lien qui se noue entre leurs peronnages. Ensuite, pour incarner leurs pères respectifs, on retrouve Kim Young Chul (IRIS, The Princess' Man), qui interprète le roi, et Choi Min Soo (The Sandglass, The Legend, Warrior Baek Dong Soo) qui joue le général Yeon. Il faut reconnaître à ce dernier une certaine tendance au sur-jeu de la stoïcité au cours des premiers épisodes. Mais les deux forment de solides adversaires à l'écran, et ils délivrent notamment une marquante ultime confrontation. Du côté des rôles plus secondaires, Ohn Joo Wan (Chosun Police) incarne ce cousin royal qui trahit son oncle pour un trône et un pouvoir placé sous la dépendance militaire du général. On retrouve également Lee Jung Shin (du groupe CNBLUE), ou encore Park Soo Jin (My Girlfriend is a Gumiho, Flower Boy Next Door).
Bilan : The Blade and Petal est l'histoire d'une romance impossible, sur laquelle se superpose la fin d'un royaume qui s'apprête à disparaître. Cela confère au récit une dimension émotionnelle, aux accents forcément tragiques, qui happe le téléspectateur. Le scénario est classique, bien huilé mais prévisible. La valeur ajoutée de ce drama vient de la manière dont cette histoire est racontée et portée à l'écran : la caméra très interventionniste orchestre et mène à la baguette un récit auquel elle donne vie et ampleur, se faisant acteur à part entière de la narration. L'initiative est intéressante, même si l'expérience n'est pas toujours parfaite, avec quelques excès. Peut-être que tous les publics ne parviendront pas à adhérer à ce style, mais The Blade and Petal n'en est pas moins un solide sageuk dont le souffle saura emporter plus d'un téléspectateur curieux. Un sageuk qui aura aussi très bien réussi son premier apogée constitué par le coup d'Etat attendu. A découvrir.
NOTE : 7,5/10
Une bande-annonce du drama :
La chanson principale de l'OST (Dear love, de WAX) [Vidéo sous-titrée anglais] :
10:54 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : k-drama, kbs, the blade and petal, sword and flower, kim ok bin, uhm tae woong, kim young chul, choi min soo, ohn joo wan, lee jung shin, park soo jin | Facebook |
28/07/2013
(US) Orange is the New Black, saison 1 : une dramédie humaine, attachante et touchante en milieu carcéral
Quand on mentionne à un sériephile le thème des fictions carcérales, comme un réflexe, ce dernier pense d'abord et avant tout à Oz, série de HBO débuté en 1997 et ayant durablement marqué. Depuis, d'autres séries se sont réappropriées ce cadre particulier, de la mexicaine Capadocia à Prison Break. Mais ces derniers mois, il semble y avoir comme une résurgence de cette thématique. L'anglaise Prisoners Wives, qui en est à sa deuxième saison, se place du point de vue des femmes dont un proche est en prison. Rectify traite quant à elle de la libération d'un ancien condamné, et évoque par flashbacks son quotidien dans le couloir de la mort. Cependant, le thème dominant de ces derniers mois est celui de la prison pour femmes : à l'automne dernier, c'est la canadienne Unité 9 qui se démarquait au Québec ; ce printemps, c'est Wentworth qui s'emparait du sujet en Australie. Enfin, en ce mois de juillet, aux Etats-Unis, était proposée Orange is the New Black.
Mise en ligne le 11 juillet 2013, il s'agit de la dernière création originale de ce nouvel acteur dans le monde des séries qu'est Netflix, après, depuis le début de l'année, le remake de House of Cards ou encore Hemlock Grove. Plus notable encore, Orange is the New Black est surtout la dernière création de Jenji Kohan, à qui l'on doit Weeds - une série dont j'ai beaucoup apprécié les premières saisons. Il s'agit de l'adaptation des mémoires de Piper Kerman qui relate un an de sa vie dans une prison pour femmes. Initialement, j'avais quelques réticences à me lancer dans Orange is the New Black : les histoires en milieu carcéral peuvent être assez dures, et l'été n'est pas toujours la meilleure période pour les apprécier. Pourtant, balayant toutes mes craintes, cette série s'est révélée être une jolie surprise, avant tout humaine et attachante. L'occasion de profiter de l'invitation au binge-watching que constitue la méthode Netflix, et de la dévorer en un temps assez indécent... avant de vous en parler aujourd'hui.
Orange is the New Black suit l'incarcération de Piper Chapman. Cette trentenaire du Connecticut, issue d'un milieu aisé, a en effet été rattrapée par son passé et les expériences de sa jeunesse. Tombée sous le charme d'une trafiquante de drogue du nom d'Alex Vause, elle avait fini par accepter de l'aider dans ses affaires : elle transporta pour elle de l'argent issu de ses trafics. Presqu'une décennie plus tard, alors que Piper a refait sa vie et s'apprête à épouser Larry Bloom, le cartel qu'elle avait indirectement fréquenté tombe, et son nom est mentionné aux autorités. Reconnaissant les faits pour éviter de risquer un procès, elle est condamnée à 15 mois de prison dans un établissement carcéral fédéral. Piper va devoir s'adapter à ce nouveau cadre inconnu.
La vie en prison suit en effet des codes sociaux qu'il faut rapidement intégrer pour survivre. Or Piper fait rarement profil bas et a tendance à attirer l'attention. Les conflits ne manquent pas, mais elle découvre aussi peu à peu les histoires des autres prisonnières. Dans le même temps, elle s'inquiète de la vie à l'extérieur qui se poursuit pour ses proches : sa relation avec Larry survivra-t-elle à ces 15 mois de prison ? Les choses se compliquent encore lorsque Piper retrouve Alex Vause, son ancienne flamme, également incarcérée dans la même prison qu'elle. Tout en étant centrée sur Piper, la série nous introduit dans l'ensemble du quotidien de l'établissement, des détenues jusqu'au personnel encadrant.
Le coeur du récit de Orange is the New Black, c'est d'abord le portrait d'une femme et de son évolution. L'expérience de la prison ne laisse pas Piper inchangée, la conduisant à réfléchir sur elle-même mais aussi sur ses choix de vie. Initialement, ce milieu carcéral semblait pour elle un autre monde, lointain, auquel elle n'appartenait pas, se considérant différente de toutes celles qui peuplent l'établissement. Différente, elle l'est certainement sur nombre de points, son milieu d'origine, ses antécédents ou encore son éducation. Mais la série choisit intelligemment de ne pas verser dans la caricature qui aurait consisté à faire d'elle la simple voix de la raison contre le reste de la prison. Cette première saison est pour Piper celle d'une intégration, laquelle va aussi en dire beaucoup sur elle. Comme les autres détenues, elle apprend les règles et les codes propres à ce microcosme. Si les décalages et les maladresses potentiellement fatales qu'elle multiplie ont souvent l'apparence d'un ressort narratif comique, ils ont une portée bien plus significative sur la jeune femme. Devant ajuster son comportement, Piper est forcée de se remettre en cause. Peu à peu, elle dépasse ses préconceptions et autres préjugés. Sa vision sur sa situation change dans le même temps, comprenant ce qui fait d'elle une co-détenue comme une autre : chacune a commis des erreurs, a laissé échapper une partie de sa vie et en paie le prix.
En fait, au fil des épisodes, le personnage de Piper laisse entrevoir une complexité intriguante, exposant des ambivalences qu'elle n'assume pas toujours et qu'elle ne réalise souvent qu'en étant placée devant ses propres contradictions. Elle est parfois agaçante, mais elle a le mérite de toujours rester entière. Elle peut être extrêmement naïve et maladroite, tout comme elle est capable d'un pragmatisme et d'une débrouillardise bien réels, a fortiori à mesure qu'elle intègre les exigences du milieu carcéral. La saison relate donc l'incidence que la prison a sur elle. L'enfermement agit de manière insidieuse, la laissant seule face à elle-même et lui tendant un miroir dont elle n'est pas sûre de vouloir voir le reflet renvoyé. Bousculée, elle perd repères et certitudes, ouvrant la voie à des questionnemets existentiels : qui est-elle vraiment, à quoi aspire-t-elle ? En prison, nulle fuite en avant n'est possible. Or certains pans de sa personnalité sont trop antagonistes, à l'image de sa vie amoureuse, écartelée entre le rêve de carte postale de la famille idéale représenté par Larry et le frisson de l'incertitude dangereuse et de la passion incarné par Alex. Pour ne pas tout perdre, Piper va devoir faire des choix et prendre des décisions, et vivre avec ces dernières.
Si Orange is the new Black utilise Piper comme notre clé d'entrée dans l'univers carcéral, la série ne se réduit absolument pas à cette seule figure. Au contraire : c'est en tant que fiction chorale qu'elle s'impose et acquiert toute sa dimension. Sa force est de s'appuyer sur une vaste galerie, d'une richesse rare, de personnages qui ont tous beaucoup de potentiel. Pour évoquer ce microcosme particulier qu'est la prison, la série se réapproprie les stéréotypes de la fiction carcérale, tout en conservant une distance de ton bienvenue qui lui permet à l'occasion de les détourner et de s'en jouer. Les portraits de cette suite de protagonistes féminins hauts en couleurs s'affinent donc au fur et à mesure que l'on apprend à les connaître, notamment par l'intermédiaire de flashbacks car Piper n'est pas la seule à en bénéficier. Que ces femmes paraissent attachantes, vulnérables, excessives, détestables voire inquiétantes, toujours est-il qu'elles sont rarement unidimensionnelles, dévoilant peu à peu des facettes cachées à première vue, qu'il s'agisse de blessures passées non cicatrisées ou de rêves inaccessibles. Soignant ses personnages, la série est un véritable kaléidoscope d'émotions brutes, capturant leurs doutes et leurs illusions, leurs déceptions mais aussi leurs joies ; le caractère éphémère de ces dernières ne les rendant que plus intenses.
En résumé, Orange is the new Black marque par l'humanité profonde qui la traverse. C'est cette approche qui rend la série extrêmement attachante, mais aussi très touchante. Elle suscite une implication du téléspectateur qui ne peut rester insensible au sort de chacune. Adoptant le style d'une dramédie, il ne s'agit pas d'une fiction pesante, ni excessivement éprouvante, même si elle a ses moments poignants et déchirants, tout particulièrement en se rapprochant de la fin de la saison. L'écriture utilise une tonalité versatile habilement dosée, qui lui permet de proposer un mélange homogène de comédie et de drame : les passages légers se savourent, sans que le caractère difficile du cadre carcéral ne soit jamais complètement oublié et ne se rappelle parfois durement aux protagonistes. C'est une fiction chargée d'une vitalité communicative, au dynamisme constamment renouvelé. Elle fait vibrer le téléspectateur au rythme de ses amitiés, de ses amours, de ses confrontations, de ses trahisons, mais aussi de la solidarité qui se découvre dans l'adversité. Elle plonge le public dans un tourbillon d'humanité, avec tous les excès qui lui sont inhérents, mais aussi une force indéfectible qui permet à ses personnages de continuer à aller de l'avant.
Sur la forme, Orange is the New Black est aussi très solide. La réalisation est soignée et maîtrisée, la photographie épousant les teintes du cadre carcéral. L'immersion dans la prison fonctionne donc, sans que le téléspectateur ne trouve rien à redire. Mieux encore, la série dispose d'un long générique - ce qui est toujours un bonus très appréciable pour la sériephile que je suis -, dont le parti pris de se concentrer sur un défilé de visages, et notamment de regards, capture l'essence de l'histoire : c'est une ouverture vers l'âme de ces femmes qui sont ainsi mises en scène. De plus, il est accompagné d'une chanson entraînante interprétée par Regina Spektor, intitulée You've got time, qui nous met instantanément dans l'ensemble.
Enfin, la série dispose d'un casting convaincant, dont les performances n'y sont pas pour rien dans l'attachement que Orange is the New Black va susciter auprès du téléspectateur. Les performances d'ensemble sont homogènes. Piper Chapman est interprétée par une Taylor Schilling (Mercy) qui va admirablement capturer toutes les contradictions, mais aussi la force inébranlable de son personnage qui baisse rarement les bras. C'est à Laura Prepon (That 70s' show, October Road, Are you there Chelsea ?) qu'a été confié le soin de jouer Alex Vause, celle qui la trouble tant et qui l'a entraîné en prison. Interprétant deux personnages aux personnalités très différentes, les deux actrices n'en ont pas moins une vraie alchimie à l'écran, surtout durant la brève période d'apaisement qu'elles trouveront. Quant au fiancé de Piper, il est joué par Jason Biggs, et, toujours à l'extérieur, Maria Dizzia interpète la meilleure amie. Côté co-détenues, on retrouve notamment Michelle Hurst, Kate Mulgrew (Star Trek : Voyager, The Black Donnellys), Laverne Cox, Natasha Lyonne, Uzo Aduba, Taryn Manning (Drive), Elizabeth Rodriguez, Dascha Polanco ou encore Yael Stone (Spirited).
Bilan : Orange is the New Black est une dramédie carcérale, à l'écriture habile, qui va parvenir à très bien gérer et doser une tonalité versatile, tout en croquant des personnages hauts en couleurs qui la rendent attachante et touchante. C'est une série avec ses moments de tendresse, mais aussi ses passages poignants. C'est une oeuvre profondément, et avant tout, humaine qui ne laisse pas le téléspectateur indifférent. Qu'il s'agisse d'assister à l'évolution de Piper au contact de la prison, ou bien de s'investir dans toutes les figures qui composent sa riche galerie de personnages, la série fait preuve d'une vitalité communicative, s'appuyant sur des dynamiques relationnelles jamais figées. Chargée d'émotions, elle suscite l'implication de son public et se regarde sans modération. A découvrir.
NOTE : 8/10
Le générique de la série :
Une bande-annonce de la série (en VOSTF) :
17:44 Publié dans (Séries américaines) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : netflix, orange is the new black, jenji kohan, taylor schilling, laura prepon, michael j harney, michelle hurst, kate mulgrew, jason biggs, laverne cox, natasha lyonne, uzo aduba, taryn manning, elizabeth rodriguez, dascha polanco, yael stone | Facebook |
26/07/2013
(UK) Burton and Taylor : la dernière pièce
La dernière pièce, la fin d'une ère... C'était la pensée qui venait au téléspectateur anglais de BBC4, ce lundi 22 juillet 2013, en s'installant devant le téléfilm proposé en soirée, Burton and Taylor. Pas seulement parce qu'il avait pour sujet le dernier acte ensemble de deux icônes cinématographiques du XXe siècle. Mais aussi parce que Burton and Taylor s'annonce comme probablement la dernière production originale de la chaîne BBC4, laquelle doit faire face à des coupes budgétaires importantes. Côté fictions, elle continuera seulement à importer des séries étrangères - elle est celle qui a initié la "vague scandinave" outre-Manche avec Forbrydelsen et Borgen. Pour rappel, parmi ses plus récentes fictions dont j'avais pu vous parler, il y avait eu notamment Spies of Warsaw ou encore Dirk Gently. Par conséquent, avec sa durée d'1h22, Burton and Taylor marque la fin d'une ère de plusieurs points de vue, à l'écran comme en coulisses, et il le fait de belle manière, notamment grâce à un casting convaincant.
Burton and Taylor n'est pas un biopic qui couvrirait l'ensemble de la relation, aussi intense que tumultueuse, ayant uni les acteurs Richard Burton et Elizabeth Taylor. Il aurait sinon fallu un format autrement plus long. Ce téléfilm s'ouvre simplement en 1983. Il met en scène ce duo mythique du cinéma, deux fois mariés et deux fois divorcés, dans ce qui sera leur dernier projet commun : une pièce de théâtre de Broadway, Private Lives (Richard Burton décèdera l'année suivante, en 1984).
Lorsque le récit débute, le temps a passé depuis leur dernière séparation (leur second divorce remonte à 1976), lui est désormais fatigué physiquement et rêve de jouer Le Roi Lear, elle subit ses dépendances et souhaiterait renouer avec lui. Ils vivent chacun en couple avec un autre, mais leurs sentiments réciproques sont toujours là, avec tous les excès qui les accompagnent. Cette réunion sur scène sera éprouvante... sortira-t-elle de la seule sphère professionnelle ?
Il y a deux fils narratifs qui s'entremêlent dans Burton and Taylor, une histoire professionnelle, et une autre, beaucoup plus intime. Le point de départ, c'est d'abord l'aboutissement d'un projet théâtral : on suit donc la préparation, puis la mise en scène d'une pièce à Broadway, assistant jusqu'aux réactions du public et des critiques et à la façon dont cela affecte chacun. Le fait que les protagonistes soient des acteurs reste une donnée centrale du récit : leur histoire, leur passé, depuis le tournage de Cléopâtre, sont liés à leur carrière. Le téléfilm essaie ainsi d'éclairer et de comprendre leur relation de travail, soulignant leurs différences dans la manière de concevoir leur métier, mais aussi de vivre et d'exploiter la célébrité qui les accompagne. Elizabeth Taylor représente l'icône hollywoodienne par excellence. Le contraste entre leurs méthodes est frappant dès la première répétition, mais le respect professionnel qu'ils ont l'un pour l'autre est bien réel. Ce qui n'empêche pas les jugements sur leurs prestations. Seulement, tout prend souvent des tournures démeusurées dans leurs rapports, car évidemment ces derniers ne sauraient se réduire au seul versant professionnel.
L'histoire plus personnelle qui se joue en parallèle est celle qui confère à Burton and Taylor cette tonalité particulière, au final poignante, qui marque le téléspectateur. Réunir sur scène et en coulisses ces deux acteurs, c'est voir se confronter à nouveau les sentiments intenses qui les unissent par-delà leurs ruptures. Ce récit n'est pas tant celui des retrouvailles, que celui du rappel des étincelles, parfois douloureuses, voire dangereuses, qui caractérisent leur relation. Ce n'est pas l'existence de leur amour qui est en cause, mais son intensité qui les entraîne dans une spirale au potentiel autodestructeur difficilement maîtrisable. Richard Burton est usé, Elizabeth Taylor plus que jamais prise dans ses addictions... il s'agit de se résoudre, pour tous deux, à tourner la page, d'où le ressenti de la fin d'une ère qui prédomine. Il ne s'agit pas de ne plus s'aimer, mais de reconnaître que cet amour les brûlera tous deux s'ils tentent de reprendre cette voie. Le temps a passé, ils doivent aspirer à autre chose. Burton and Taylor est donc le récit de cette admission difficile. C'est un dernier acte : une ultime réunion professionnelle derrière laquelle se trouve entériné un au revoir plus personnel et déchirant.
S'il vous fallait une autre raison de jeter un oeil à Burton and Taylor, ce serait la performance d'ensemble offerte par son casting, et plus précisément par ses deux acteurs principaux. Helena Bonham Carte est fascinante en Elizabeth Taylor, capturant à merveille les envolées et autres élans de star de son personnage, et apportant une belle présence à chacune de ses apparitions à l'écran. Dominic West (The Wire, Appropriate Adult, The Hour) propose quant à lui un pendant parfait, avec une figure plus posée, mais sur lequel le téléspectateur mesure bien l'importance et l'influence de chacune de ses intéractions avec son ex-femme. L'alchimie entre les deux acteurs est indéniable à l'écran, et ils assurent ainsi l'investissement du téléspectateur aux côtés de ce couple qu'ils interprètent. S'ils occupent quasiment tout l'espace, signalons quelques têtes familières dans les rôles secondaires, tels Lenora Crichlow (Sugar rush, Being Human), Greg Hicks, Stanley Katselas (The Shadow Line) ou encore William Hope (aperçu dans la dernière saison de Spooks).
Bilan : Burton and Taylor est un téléfilm qui retient l'attention non pas tant du fait de l'éventuel glamour de la réunion sous les feux des projecteurs de deux icônes du cinéma du XXe siècle, mais avant tout en raison de l'ambiance poignante qui traverse le récit. Tout en traitant des thèmes périphériques attendus comme la célébrité, ou encore l'addiction, c'est avant tout l'histoire d'un amour qui ne peut plus être, car entraînant ses représentants sur une voie trop dangereuse. C'est le récit du difficile choix d'accepter la fin d'une histoire commune. En gardant en plus à l'esprit la mort de Richard Burton l'année suivante, tout cela confère au téléfilm une dimension étonnamment touchante. Pour les prestations des acteurs, comme pour son sujet, les amateurs devraient apprécier une soirée devant Burton and Taylor (d'autant que le téléfilm reste court).
NOTE : 7,25/10
La bande-annonce du téléfilm :
11:18 Publié dans (Mini-séries UK), (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bbc, unitaire, burton and taylor, dominic west, helena bonham carter, lenora crichlow, greg hicks, stanley katselas, william hope, isabella brazier-jones, lucille sharp | Facebook |
24/07/2013
(J-Drama / Pilote) Limit : de la tragédie à la lutte pour la survie
En ce mercredi asiatique, je vous propose de prendre la direction du Japon où la saison estivale bat son plein. Plusieurs dramas actuellement diffusés ont retenu mon attention, notamment Woman, déjà arrivée à mi-saison après ses trois premiers épisodes et sur laquelle je reviendrai une fois la série intégralement vue. Mais c'est un autre drama, d'un genre très différent, qui va retenir mon attention aujourd'hui : Limit.
Proposé par TV Tokyo, le vendredi soir (dans la même case horaire que Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro, par exemple), il s'agit de l'adaptation d'un manga de Keiko Suenobu. Ses épisodes ont une durée moyenne d'une demi-heure environ, pour une diffusion qui a débuté le 12 juillet 2013. Outre son affiche réussie, c'est son concept même, une histoire de survie en milieu hostile, qui avait aiguisé ma curiosité. Toujours est-il que le pilote signe une entrée en matière convaincante.
Limit est l'histoire d'une sortie de classe qui va se changer en drame, puis en cauchemar pour ses survivants. La série débute aux côtés de Konno, une jeune lycéenne ayant parfaitement intégré les codes sociaux de son établissement. Elle appartient à un des groupes de filles les plus populaires, et traverse ainsi sans souci les difficultés d'être adolescent sur les bancs d'une école. Mais son quotidien bien ordonnancé bascule le jour d'une sortie scolaire : le chauffeur du bus, qui les conduisait, elle et ses camarades, vers leur destination, perd connaissance au volant. Le car rempli de lycéens sort alors de la route et tombe dans un ravin.
Lorsque Konno reprend ses esprits, elle découvre que la plupart des occupants du véhicule n'ont pas survécu à la chute, y compris le personnel encadrant. Seules 5 jeunes filles s'extirpent vivantes de ces décombres métalisées. Coupées du monde, car leurs téléphones ne captent pas dans cette forêt dense, elles ne peuvent pas non plus espérer de secours immédiats : le chauffeur n'avait pas emprunté l'itinéraire prévu... Nul ne sait où elles sont. Pour survivre, elles vont devoir chercher des ressources jusqu'au plus profond d'elles-mêmes. Mais les choses s'annoncent d'autant plus difficiles que les adolescentes ayant survécu ont toutes des personnalités très différentes, voire antagonistes... et les tensions sont immédiates.
D'une durée de moins de 30 minutes, ce premier épisode adopte un rythme rapide, allant avec justesse à l'essentiel. Sa construction, classique, est efficace, commençant d'abord par introduire le téléspectateur dans la vie des lycéens. Il le fait par l'intermédiaire de Konno qui, a posteriori, s'improvise narratrice : logiquement, c'est donc avec un regard plein de distance qu'elle réveille ses souvenirs du quotidien d'avant la tragédie, consciente des futilités et des insouciances d'alors, mais aussi des codes qui régissaient ce microcosme, destinés à se perpétuer par-delà les portes de l'établissement. Pour dresser ce portrait de classe, Limit emprunte aux canons les plus traditionnels du high school drama : on y retrouve, pêle-mêle, les populaires, les marginaux, les souffre-douleurs ou encore les potentiels intérêts amoureux. Ces passages permettent de rendre très concrète pour le téléspectateur la tragédie qui est en marche - toutes ces vies qui s'apprêtent à être fauchées -, tout en esquissant les personnalités de celles qui vont survivre. On comprend les relations complexes qu'elles pourront avoir et leurs éventuelles oppositions, voire confrontations. Les deux premiers tiers de l'épisode sont ainsi utilisés pour poser les enjeux et cerner les dynamiques qui seront à l'oeuvre dans la série.
Puis, dans son dernier, Limit entre dans le vif du sujet. C'est là qu'elle conquiert pleinement l'attention : nous faisant vivre les évènements de la perspective de Konno, l'épisode met en scène une tragédie qui frappe au coeur. Depus le flashforward d'ouverture, le récit est construit sur un compte-à-rebours. La tension monte progressivement jusqu'au moment fatidique de l'accident, au cours duquel la série bascule, avec une efficacité redoutable et éprouvante, dans le drame véritablement glaçant. S'ensuivent plusieurs scènes marquantes, à l'intensité émotionnelle palpable, vécues à travers les yeux de Konno. Il y a par exemple le réveil de la lycéenne, avec sa main ensanglantée d'un sang dont elle ne sait à qui il appartient. Puis la prise de conscience de l'ampleur de ce qui s'est produit quand elle découvre, effarée, tous ces corps sans vie, désarticulés, ensanglantés, de camarades avec qui elle passait ses journées de classe. Autre vision d'horreur : celle de la rangée de cadavres écrasés, alignés sur un côté. Le bus s'est transformé en cercueil de fer, implacable et létal. Ce sont là des passages extrêmement forts. Et comme la série adopte le point de vue de Konno, le téléspectateur ressent vraiment le choc émotionnel. L'intensité atteinte dès ce pilote incite à l'optimisme pour la suite : à Limit de se baser sur ce démarrage pour reproduire la même approche prenante en relatant les épreuves à venir des survivantes.
Sur la forme, Limit est une série de TV Tokyo : son budget n'a donc rien de mirobolant. La réalisation s'en sort cependant de manière décente, notamment pour recréer l'accident. De manière générale, on se situe plutôt dans la moyenne de la télévision japonaise, avec les limites qui lui sont inhérentes. Côté bande-son, le drama ne fait pas dans la nuance, offrant une ambiance musicale assez sur-chargée. Si quelques-unes des premières scènes m'ont fait un peu peur par leur sur-utilisation de chansons, la suite se contente d'instrumentaux. L'ensemble est un peu à l'image du générique (cf. 1ère vidéo ci-dessous) : il y a un effort pour construire une ambiance, mais tout n'est pas toujours bien dosé. Le téléspectateur se laisse cependant facilement happer par l'ensemble.
Enfin, le casting est plutôt homogène. C'est Sakuraba Nanami (Last hope) qui interprète Konno, celle par laquelle le téléspectateur va vivre l'histoire. A ses côtés, pour lutter également pour leur survie, on retrouve Tsuchiya Tao (dans un tout autre registre par rapport à son rôle dans Suzuki Sensei où elle jouait l'adolescente qui troublait tant son enseignant), Kudo Ayano (HUNTER~Sono Onnatachi, Shoukin Kasegi~), Yamashita Rio (Kaitakushatachi) et Suzuki Katsuhiro (Shima Shima). Parmi les rôles secondaires, il faut noter notamment la présence de Watanabe Ikkei (Strawberry Night, Magma).
Bilan : Limit signe un premier épisode prenant, mené sans temps mort, et introduisant efficacement la situation et les enjeux particuliers du drama. Le potentiel du concept apparaît pour l'instant bien compris et exploité : l'épisode fait preuve d'une intensité marquante, éprouvante même, pour relater l'horreur que représente la tragédie qui frappe de plein fouet ces lycéens. Partant sur de telles bases, la suite semble prometteuse : il sera question de survie, au sein d'un groupe divisé et face à une forêt hostile, tout en continuant à en apprendre plus sur les survivantes, avec toutes les réactions diverses qu'elles pourront avoir dans cette situation exceptionnelle. A suivre.
NOTE : 7/10
Le générique du drama :
Une bande-annonce du drama :
18:22 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : j-drama, tv tokyo, limit, sakuraba nanami, tsuchiya tao, kudo ayano, yamashita rio, suzuki katsuhiro, masuda yuka, kubota masataka, watanabe ikkei, funaki sachi, taki yukari, takada riho, yamamoto yuko, oishi goro | Facebook |