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05/06/2013

(K-Drama / Pilote) Shark : une variante de revenge drama

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En ce mercredi asiatique, cap sur la Corée du Sud. Cela faisait quelques temps que je n'avais plus évoqué de k-dramas, principalement parce que j'ai plus ou moins fait l'impasse sur les séries du printemps des trois principales chaînes - et de certaines câblées : les synopsis n'étaient guère engageants, et les échos glanés ça et là n'avaient fait que me conforter dans ma relative indifférence. Mais les dernières nouveautés ont, elles, autrement plus aiguisé ma curiosité. Il est donc temps de revenir un peu en Corée du Sud.

Shark est diffusé depuis le 27 mai 2013 sur KBS2. Ce revenge drama aux allures traditionnelles est le troisième volet de la trilogie sur la vengeance du scénariste Kim Ji Woo et du réalisateur Park Chan Hong. Les deux précédents sont des classiques du genre, puisqu'il s'agit de Resurrection datant de 2005 et de The Devil de 2007. Le téléspectateur sait donc dans quoi on lui propose de s'investir lorsqu'il s'installe devant cette nouvelle série. Outre une recette familière, les débuts de Shark sont intéressants parce que le drama trouve son ton pour laisser entrevoir un certain nombre de pistes prometteuses.

[La review qui suit a été rédigée après le visionnage des deux premiers épisodes.]

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Le premier épisode de Shark s'ouvre, dans le présent, sur un mariage, celui de Jo Hae Woo et de Oh Joon Young. Un homme, se présentant comme Yoshimura Junichiro, y assiste de loin. A travers des flashbacks qui vont permettre d'évoquer les origines des rapports de ces trois personnages, le téléspectateur apprend le vrai nom de Junichiro, Han Yi Soo : le drama repart alors dans le passé et la jeunesse des protagonistes pour nous expliquer comment nous en sommes arrivés à la situation actuelle et aux confrontations annoncées.

En effet, c'est quelques années auparavant que Yi Soo et Hae Woo se sont pour la première fois rencontrés. Après une escapade commune pour quitter précipitamment un bar, Yi Soo retrouve la jeune fille dans la classe du nouveau lycée où il est transféré en raison du travail de son père, chauffeur d'un riche et puissant industriel. L'attitude de Hae Woo, qui semble en colère contre le reste du monde, retient son attention. Il découvre ensuite qu'elle est la petite-fille du patron de son père. Si Hae Woo traverse une passe difficile, c'est que sa famille est en train de se désagréger sous ses yeux du fait des frasques d'un père excessif et indigne. En dépit de leurs différences, Yi Soo et Hae Woo vont peu à peu nouer un lien à part.

Mais un jour, tout dérape. Un lourd passé que chacun espérait oublié ressurgit. Un accident de circulation, impliquant le père de Hae Woo, coûte la vie à un passant. Le père de Yi Soo se retrouve dans le rôle du bouc-émissaire idéal, qui en sait trop pour son propre bien sur les origines de la fortune de son patron. Il meurt avant d'avoir pu se rendre au commissariat. Ignorant ce qui s'est réellement déroulé, révolté de douleur, Yi Soo jure de trouver le fin mot de l'histoire et de venger la mémoire de son père... sans imaginer à quelles extrêmités cela va le conduire et combien sa vie va en être bouleversée.

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Shark prend son temps pour poser les bases sur lesquelles son histoire va se construire. Les deux premiers épisodes ont leur lenteur, mais sont efficaces : ils jouent sur une révélation progressive des enjeux, dévoilant un puzzle incomplet qui aiguise la curiosité. Les aller-retours passé/présent se répondent en échos, gérés de façon correcte. Le récit pose les jalons de la confrontation annoncée, en faisant preuve d'un sens de la dramaturgie indéniable qui donne bien le ton, même s'il n'est guère subtile. Il multiplie donc à dessein l'utilisation de symboles, qu'il s'agisse de discussions sur les étoiles ou de monologue sur les requins. Le parti pris du drama est dans un premier temps d'impliquer émotionnellement le téléspectateur dans le destin des protagonistes, avant même d'envisager d'entrer dans le vif de la vengeance. Les débuts se consacrent ainsi au lien particulier qui se noue entre Yi Soo et Hae Woo : c'est bien plus qu'une simple amitié qui se bâtit durant ces quelques moments clés fondateurs. Si les choses peuvent sembler un peu précipitées, la narration adopte une fraîcheur appréciable et adéquate, délivrant quelles scènes à la sensibilité bien dosée qui savent toucher.

Cette introduction est importante car, dans la structure d'un revenge drama, l'existence même de Hae Woo apporte une dimension particulière au conflit à venir, du fait de sa double connexion avec Yi Soo d'une part, et sa famille d'autre part. Il sera intéressant de voir comment évoluera son rôle. Il faut sans doute ici garder à l'esprit les promesses de tragédie contenues dans le second titre du drama, "don't look back : the legend of Orpheus". Yi Soo n'a pas empêché le mariage de Hae Woo, elle apparaît donc perdue à jamais. Mais cela ne signifie pas que leur lien si fort a disparu. Shark esquisse le mélange intime de deux versants antinomiques, la vengeance et l'amour. D'autres ressorts narratifs particuliers lui permettent aussi de se faire vite une place dans son genre. Si on y trouve des thèmes classiques, telles la corruption policière, l'impunité des puissants, etc., le père de Yi Soo n'est pas un simple innocent : il a en effet un sombre passé. De plus, est exposée l'idée qu'affronter le patriarche Jo et son empire bâti de façon peu recommandable n'est pas une simple confrontation personnelle : il s'agit de rectifier le passé et ses injustices à un autre niveau. Derrière ses atours classiques, ce drama semble donc rassembler un certain nombre d'atouts et d'ambitions ayant du potentiel.

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En plus d'un scénario aux bases intéressantes, Shark bénéficie d'un esthétique soignée. Le drama s'inscrit dans la droite ligne de ces fictions sud-coréennes au visuel épuré et lumineux. La réalisation maîtrise à merveille une mise en scène chargée de symboliques, proposant à l'occasion de véritables tableaux où les positions de chaque protagoniste, mais aussi la mise en valeur du décor d'ensemble, sont parfaitement pensées et rendent superbement à l'écran. Par ailleurs, l'ambiance musicale retient l'attention : s'il reste encore aux thèmes instrumentaux à s'affirmer, en revanche, la première chanson de l'OST, interprétée par BoA, reflète à merveille l'ambiance de l'histoire, envoûtante à souhait (cf. la 2e vidéo ci-dessous).

Enfin, côté casting, si les deux premiers épisodes laissent surtout la part belle aux jeunes acteurs, se concentrant sur l'adolescence des personnages principaux, l'ensemble donne envie d'être optimiste. Pour ce qui est des jeunes, Yun Jun Suk (Cheer up, Mr Kim!) et Kyung Soo Jin (The Equator Man) habitent parfaitement leurs rôles respectifs, démontrant l'intensité des liens qui peu à peu se construisent entre Yi Soo et Hae Woo. Kyung Soo Jin partage d'ailleurs une certaine ressemblance opportune avec Son Ye Jin (Alone in Love, Personal Preference) qui prendra le relais à l'âge adulte : ses quelques scènes de mariage sont prometteuses, et ses rôles passés sont là pour assurer qu'elle conviendra très bien pour ce rôle. Le héros adulte est interprété par Kim Nam Gil (Bad Guy), dont Shark signe le come-back au petit écran après le hiatus dû au service militaire. Il est pour moi celui qui a le plus à prouver, à lui de montrer qu'il est capable d'incarner ce personnage revanchard. A leurs côtés, on retrouve notamment No Young Hak, Lee Jae Goo et quelques habitués du petit écran sud-coréen comme Kim Gyu Chul ou encore Lee Jung Gil.

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Bilan : Shark signe des débuts lents mais prometteurs, se réappropriant les ressorts classiques du revenge drama en y apportant des variantes et une touche qui lui sont propres. Outre l'exécution de la vengeance, le récit laisse entrevoir d'autres thèmes à explorer, avec en premier lieu la place de la relation née entre Yi Soo et Hae Woo qu'il sera intéressante de voir évoluer. C'est typiquement le genre de série qui prendra sa pleine dimension à mesure que le récit progressera. Avec de telles fondations aux allures solides, tout en gardant à l'esprit les références antérieures de l'équipe qui se trouve derrière cette fiction, ces premiers épisodes réussissent leur objectif : donner envie de s'investir dans Shark. Reste à la suite à mériter cette confiance. Avis aux amateurs !


NOTE : 7/10


Une bande-annonce du drama :

La chanson principale de l'OST ('Between Heaven and Hell', par BoA) :

Commentaires

Bsr,
Je viens de voir le premier épisode.
Votre article me semble complet et tellement bien écrit (analyse, documentations, appréciations)que je viens porter ici tous mes encouragements.
Merci beaucoup pour cette qualité qui se fait rare et qui est développée tout au long de cette publication, félicitations!
michel r

Écrit par : michel r | 10/06/2013

@ Michel R : Merci beaucoup pour votre commentaire ! Shark est une fiction calibrée et bien huilée dans le registre du revenge drama, mais qui n'en reste pas moins dense : il y a beaucoup à dire sur elle dès ses premiers épisodes.
En espérant vous compter parmi mes lecteurs pour la suite de mes explorations sud-coréennes, voire au-delà. ;)

Écrit par : Livia | 14/06/2013

Bonjour,
je suis une lectrice assidue de votre blog (je m'excuse de mon ingratitude pour n'avoir jamais posté de commentaire).Je me base souvent sur celui-ci pour trouver de nouvelles fictions à regarder. Je me retrouve quasiment toujours dans vos critiques pour lesquelles je vous félicite, ainsi que dans le choix des drama et des séries critiqués.
Cependant, fait rarissime^^ je ne vous suis pas du tout sur ce drama. Je n'ai pas pu aller au delà du premier épisode. Après une très longue pose dans la vision des fictions asiatiques, j'ai repris cette semaine en regardant des jdrama pour commencer, Lady joker et Karamazov no Kyodai (que je vous conseil d’ailleurs, pas exempt de défauts, mais une adaptation d'un chef d'oeuvre de la littérature russe et une bande son constituée des Rolling stones, Pink Floyd, Beatles ect, pour un drama c'est pas banal). Shark fait suite à ces deux drama et je n'ai pas pu supporter cette mise en scène coréenne, avec les violons qui viennent appuyer chaque action, cet étirement des scènes où les perso se regarde pendant des heures...même Kim Nam Gil pour qui fut une époque où j'en était dingue (Queen Seon Deok) m'a laissé de marbre. Bref je n'ai pas du tout accroché, mais ça ne change rien en la confiance que je vous porte quant à la qualité de vos critiques.
Merci pour votre blog,
à bientôt

Écrit par : noémie | 21/10/2013

@ Noémie : Un grand merci pour ce premier commentaire (qui fait très plaisir) !
Il est normal que l'on n'ait pas toujours les mêmes ressentis ou avis, même en partageant beaucoup de goûts communs. Je peux d'ailleurs comprendre qu'après un drama comme Lady Joker (que j'ai beaucoup aimé - vive WOWOW ^^), l'enchaînement avec Shark ne soit pas très aisé, ces dramas fonctionnant sur des registres vraiment différents. Mais c'est en tout cas toujours très intéressant de lire des avis, a fortiori divergents.
Je note avec beaucoup d'intérêt la recommandation pour Karamazov no Kyodai. C'est d'autant plus la période que je suis en plein cycle de culture russe, alors ma curiosité est d'autant plus éveillée. Et puis Tsumi no Batsu (Crime et Châtiment) a prouvé que la transposition au Japon de classique de Dostoïevski pouvait se révéler très intéressante.
Un grand merci donc pour ce commentaire, j'espère continuer à vous faire voyager en séries pendant quelques temps. N'hésitez pas à poster quelques mots en réaction à certains billets, même si c'est pour exprimer un autre avis, c'est toujours intéressant ! ;)

Écrit par : Livia | 26/10/2013

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