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08/01/2014

(K-Drama / SP) Jin Jin : une histoire d'incompréhensions

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Nouvelle année, et nouveau rythme sur le blog avec la fin du rendez-vous hebdomadaire régulier qu'était le mercredi asiatique. My Télé is Rich! ne quitte pas l'Asie pour autant, mais les billets concernant les fictions venues de ce continent sont désormais intégrés dans la cadence régulière du blog. Au fil de mes visionnages, un drama sud-coréen ou japonais surgira donc, plutôt qu'une série occidentale. Je reste attachée à l'éclectisme sériephile, les passages par l'Asie resteront donc réguliers.

Aujourd'hui est ainsi l'occasion d'ouvrir la page asiatique de 2014 en évoquant un drama special diffusé sur KBS2 le 8 décembre dernier, Jin Jin. Mêlant amitié, meurtre et mystère, cet unitaire s'appuie sur une écriture solide signée Kim Ji Woo, à qui l'on doit notamment la trilogie de dramas déclinant le thème de la vengeance (Resurrection, The Devil, Shark). Avec Jin Jin, elle opte pour une approche plus intime pour délivrer une histoire poignante. Côté pratique, notez enfin que, comme nombre de dramas special précédemment évoqués, KBS World a mis à disposition cet unitaire sur sa chaîne YouTube, où il peut donc être visionné gratuitement et légalement avec des sous-titres anglais : Jin Jin | 진진 (Drama Special / 2013.12.27).

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L'histoire débute par la découverte du corps sans vie d'une célèbre écrivaine à succès, Jin Jin : elle a été assassinée. Le policier, en charge de l'enquête oriente rapidement son investigation vers les trois camarades de lycée de la jeune femme : la victime avait en effet souhaité organiser des retrouvailles, dix ans après avoir perdu de vue ceux qu'elle considérait comme des amis. Lorsque le détective interroge Ha Jin, qui semblait la plus proche de Jin Jin, il a la surprise d'obtenir immédiatement une confession du crime commis. Ha Jin entreprend alors d'expliquer la rancœur et la jalousie qu'elle éprouvait envers la défunte, laquelle était venue du jour au lendemain perturber l'équilibre de leur trio et, surtout, s'immiscer dans ses rapports avec son cher Tae Suk. Mais derrière les affirmations énoncées sans nuance par Ha Jin, une vérité plus complexe se cache. Le policier entreprend de reconstituer peu à peu les événements de cette nuit à l'issue fatale...

Jin Jin propose une déclinaison à part sur les thèmes de la vengeance et de la jalousie. Le drama réunit certes a priori des ingrédients très classiques -mais efficaces- construisant sur cette base une enquête riche en faux-semblants, qui va révéler l'ampleur insoupçonnée de ressentiments exacerbés d'adolescence et de blessures jamais cicatrisées. L'enquêteur que l'on suit avance pas à pas, devant faire le tri des demi-vérités et des récits biaisés qui lui sont proposés : il lui faut en effet non seulement comprendre les heures ayant précédé la mort de Jin Jin, mais aussi les évènements tragiques exhumés de la période lycéenne des protagonistes. Ce fil rouge d'investigation fonctionne de manière correcte : il n'évite pas quelques surenchères dispensables, voire excès, dans ses retournements, mais il retient l'intérêt du téléspectateur grâce à une construction reposant habilement sur la confrontation d'évènements relatés selon plusieurs points de vue, et sur la faculté du policier à identifier les omissions, voire les mensonges, de ces témoins-suspects potentiels.

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Partant sur de telles bases, Jin Jin aurait pu n'être que le simple récit de la reconstitution a posteriori d'une vengeance. Il est plus que cela, en raison de l'orientation particulière choisie qui permet un éclairage sur les rapports de ces quatre jeunes gens. La force de l'histoire repose sur une dimension émotionnelle que le final vient consacrer de façon extrêmement poignante. En effet, si les sentiments sont bien le moteur de tout, le triangle amoureux n'est pas orienté de la façon qu'une Ha Jin, aveuglée, pouvait le croire. Au fil de l'épisode, un changement progressif de perspective est amené, apportant une épaisseur au récit. Jin Jin nous est d'abord présentée sous un jour très négatif, du point de vue de Ha Jin, qui formule tous les griefs qu'elle a accumulés. Sous l'impulsion du policier, cependant, un tableau plus objectif s'esquisse peu à peu. L'histoire dépasse alors le crime vengeur. Elle devient un drame construit sur une incompréhension, une tragédie née dans les aveuglements d'une adolescente et nourrie des préjugés dans lesquels la société peut enfermer. La fin laisse ainsi une déchirure émotionnelle profonde, qui touche le téléspectateur.

Solide sur le fond, Jin Jin l'est aussi sur la forme, avec une réalisation qui est signée Cha Young Hoon, dont on peut rappeler sa collaboration précédente avec Kim Ji Woo sur Shark. Cette histoire émotionnellement dure a le mérite de pouvoir aussi s'appuyer sur de convaincantes performances de la part des deux actrices principales. Yoon Jin Seo (The Return of Iljimae, Fugitive : Plan B, Twelve Men in a Year), dont le masque entre blessure et froideur finira par s'effriter, apporte une vraie consistance à son personnage. Face à elle, Shin So Yool (Answer me 1997), dans la vulnérabilité qu'elle laisse peu à peu entrevoir, tout particulièrement dans le dernier tiers, s'impose avec tout autant d'assurance. A leurs côtés, Kim Da Hyun et Lee Shi Un (Answer me 1997, Shark) sont plus en retrait et ne se voient pas donner le matériel nécessaire pour sortir de l'ombre. Quant au policier, dans un registre de simple observateur collectant les faits, il est interprété par Kim Min Sang.

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Bilan : Jin Jin est un unitaire intéressant, délivrant une déclinaison, particulière et chargée d'émotions, des thèmes de la vengeance et de la jalousie. C'est l'histoire de la reconstitution d'une vérité qui va aller au-delà de la seule enquête policière, en éclairant la réalité des rapports entre ces quatre anciens amis de lycée. Sa gestion des twists cède certes à quelques surenchères, mais l'intrigue demeure efficace. Au final, se dévoile la réalité d'un drame basé sur des incompréhensions et de mauvais réflexes, une histoire d'aveuglement et de secrets trop bien gardés qui se termine mal. Elle ne laisse assurément pas insensible...

L'épisode est disponible par là : Jin Jin | 진진 (Drama Special / 2013.12.27). Avis aux amateurs.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce du drama special :

16/10/2013

(K-Drama / SP) Yeon Woo's Summer : une jolie histoire de maturation pleine de sincérité

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En ce mercredi asiatique, restons en Corée du Sud. Après avoir évoqué The Memory in my Old Wallet la semaine dernière, c'est sur un autre drama special de la saison actuelle de KBS2 que j'aimerais revenir aujourd'hui. Diffusé le 4 septembre 2013, Yeon Woo's Summer propose une histoire qui m'est allée droit au coeur. Il est servi par une solide réalisation confiée à Lee Na Jung (The Innocent Man) et une écriture assurée signée Yoo Bo Ra, le tout parachevé par la belle performance de l'actrice principale, Han Ye Ri. En résumé, il s'agit d'un de ces unitaires qui, en seulement 1h10, vous font vraiment tomber sous son charme.

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Yeon Woo a grandi et toujours vécu dans le vieux quartier de son enfance, dont elle connaît chaque recoin. Tandis que ses amis ont déménagé en suivant leurs parents vers la vie citadine moderne et que leurs maisons ont été vendues à des compagnies immobilières, sa famille est restée, son père s'occupant d'un petit atelier de réparation de tous produits. Yeon Woo a naturellement pris sa suite, vivotant sans vraiment s'interroger sur ses choix de vie. Un jour, sa mère ayant dû être hospitalisée, elle accepte de la remplacer pour une semaine dans son travail d'agent d'entretien au sein d'une grande tour du centre-ville. Elle rencontre par hasard une ancienne amie de l'école primaire, Yoon Ji Wan, qui travaille désormais dans les médias. Cette dernière va demander un service à Yeon Woo qui va bouleverser les certitudes de la jeune femme.

En s'installant devant Yeon Woo's Summer, le téléspectateur tombe d'abord instantanément sous le charme d'une héroïne attachante, pleine d'une sincérité vibrante et d'une indépendance d'esprit rafraîchissante. Elle est une jeune femme tout juste entrée dans l'âge adulte qui se cherche encore une place et grandit toujours. L'histoire relatée est celle d'une maturation, provoquée par des premières inattendues. Prenant la place de sa mère, Yeon Woo se retrouve projetée dans un nouveau cadre, ce vaste immeuble animé en plein centre-ville à des lieux de son univers habituel. L'apprentissage prend ensuite une tournure sentimentale : invitée par son amie à se rendre à un rendez-vous arrangé en se faisant passer pour elle, Yeon Woo ressort ébranlée par les émotions inconnues nées de cette rencontre. Évoquant tous les doutes, les hésitations, mais aussi les remises en cause qui découlent de ces expériences, le drama dresse un portrait extrêmement touchant de cette jeune femme.

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Yeon Woo's Summer relate en fait le difficile passage à l'âge adulte, avec les enjeux d'amour, mais aussi d'amitié qui s'y rattachent. Il éclaire le moment où les rêves d'enfance et les idéaux de jeunesse sont rattrapés par le parcours suivi, et la vie que ces jeunes adultes sont en train de se construire, engageant leur futur sans toujours en avoir conscience. La situation de Yeon Woo est mise en parallèle avec celle de son amie Ji Wan. Cette dernière semble partie sur une carrière rondement menée, tandis que Yeon Woo mène une existence en marge, loin de cette course, avec sa musique et le petit atelier paternel comme cadre. Plus que des choix personnels, c'est aussi la vie - et leurs parents - qui a séparé ces deux jeunes femmes. Si Ji Wan paraît avoir un temps d'avance, elle n'en est pas plus épanouie. Le drama évite de la réduire à une simple caricature opposante, nuançant au final habilement leurs rapports. Au final, en offrant à Yeon Woo une leçon de vie, le récit vient enrichir qui elle est, sans la remettre en cause.

Se réappropriant avec finesse des thèmes assez universels, Yeon Woo's Summer puise aussi sa force dans l'ambiance que la réalisation parvient parfaitement à construire. A l'image de la scène finale chantée, pleine de chaleur, qui laisse place à une musique de la scène indie (cf. la vidéo ci-dessous), il se dégage de l'ensemble une atmosphère à part, à la fois chaleureuse, intimiste, s'affranchissant de certains canons formels de la même façon que Yeon Woo chérit sa propre indépendance. La performance de Han Ye Ri n'est pas non plus étrangère à la réussite de cet unitaire. L'actrice y est magnifique, pleine d'authenticité et de justesse dans un rôle où elle se glisse avec un naturel déconcertant. A ses côtés, le casting est d'ailleurs solide : tandis que Im Se Mi interprète l'amie d'enfance de Yeon Woo, Han Joo Wan incarne ce jeune homme auquel elle n'est pas insensible. En quelques scènes, une vraie alchimie naît d'ailleurs entre Han Joo Wan et Han Ye Ri. On croise également Kim Hye Ok, Hwang Jung Min ou encore Jung Soo Young.

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Bilan : Jolie histoire de maturation, capturant les émotions et les questionnements du passage à l'âge adulte, Yeon's Woo Summer signe un portrait empreint de sincérité d'une jeune femme profondément attachante. Porté par une ambiance un peu à part, bien servi par une réalisation très convaincante, ce drama special charme comme rarement le téléspectateur. La prestation de l'actrice principale achève de donner une autre dimension à ce récit qui reste simple et bien dosé. Une découverte fortement conseillée. Avis aux amateurs !


NOTE : 7,75/10


Pour un aperçu de l'ambiance, un extrait (la scène finale chantée venant conclure le drama) :

09/10/2013

(K-Drama / SP) The Memory in My Old Wallet (A Faded Memory) : un intime voyage mémoriel

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Restons en Corée du Sud en ce mercredi asiatique. Chaque année, à côté des séries au long court, je prends toujours le temps de m'arrêter un peu sur la saison parallèle des dramas special de KBS2. Le format bref - des histoires tenant sur un épisode d'1h environ - permet l'exploration de certains thèmes ou une réappropriation de sujets de façon parfois plus expérimentale ou plus personnelle que dans les dramas très codifiés de 16 ou 20 épisodes. La saison dernière, par exemple, un unitaire tel que Art avait été une vraie belle surprise.

Depuis juin, nous sommes rentrés dans la nouvelle saison des dramas special (pour les curieux : un tableau récapitulatif est en ligne par là). Et c'est aujourd'hui sur le premier drama de cette fournée que je vous propose de revenir, puisqu'il débute l'année sous les meilleures auspices. The Memory in My Old Wallet (ou A Faded Memory) a été diffusé le 12 juin 2013 sur KBS2. Son écriture a été confiée à Chae Seung Dae, et sa réalisation à Lee Jung Sub (Hong Gil Dong, Man of Honor). Le résultat est très plaisant à regarder.

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Lee Young Jae a eu un terrible accident de voiture il y a deux ans. Suite au choc, il a perdu la mémoire. Alors qu'il était hospitalisé, nul n'est venu lui rendre visite. Pas un seul numéro de téléphone ne figurait enregistré sur son téléphone. Désormais physiquement rétabli, il demeure isolé, tenant une petite librairie de livres d'occasion. Sans passé, les murs qu'il s'est construit autour de lui ne cessent de grandir. Seule une lycéenne, Chae Soo Ah, s'entête à tenter de les franchir, sans que Young Jae ne réagisse. Un jour, il reçoit par la poste son vieux portefeuille. A l'intérieur, se trouve une photo de lui, souriant, aux côtés d'une jeune femme. Avec l'aide de Soo Ah, il va essayer de retrouver sa trace, et, dans le même temps, de raviver sa mémoire perdue. Mais veut-il vraiment se rappeler ce passé oublié, et l'homme qu'il était ?

The Memory in My Old Wallet est une histoire simple, celle de la découverte de mémoires perdues et des retrouvailles que cela doit permettre en brisant les murs de solitude que Young Jae a bâti autour de lui. En effet, si l'amnésie est liée au choc de l'accident, elle semble aussi devenue un mécanisme de défense dans lequel le personnage se perd. Entreprendre de se rappeler prend donc de véritables accents de quête identitaire, d'autant que l'homme craint ses découvertes éventuelles : son isolement de ces dernières années est-il lié à ses actions passées ? Mérite-t-il en un sens ce qui lui est arrivé ? A partir de ce point de départ, le drame va relater avec une écriture sincère, sans mélodrame inutile, une valse d'hésitations au sein de laquelle l'entêtement de la jeune Soo Ah répond aux tergiversations de Young Jae.

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La dynamique qui s'installe entre ces deux êtres très différents est une des bonnes surprises de l'épisode. Leur relation est initialement présentée comme un simple crush d'adolescence unilatéral, avec les emportements qui lui sont propres. Mais cet aspect s'efface peu à peu derrière une loyauté plus profonde qui trouve une tout autre origine. L'association des personnages fonctionne très bien à l'écran, touchante juste comme il faut à mesure qu'une meilleure compréhension s'installe entre eux. Parallèlement, le récit progresse à un rythme appréciable, sans se précipiter, laissant le temps à l'émotionnel de se construire. Young Jae remonte un fil composé de petits instantanés de sa vie passée, ravivant des moments de bonheur tout en revenant fatalement vers cette nuit fatidique où tout a basculé. La chute finale est adéquate, correspondant bien à la tonalité de l'ensemble.

Formellement, The Memory in My Old Wallet est une oeuvre maîtrisée. La réalisation est classique et bien dosée, accompagnant efficacement les protagonistes dans le voyage mémoriel qu'ils entreprennent. Elle sait notamment bien introduire ses flashbacks, superposant ces instantanés qui ressurgissent dans l'esprit de Young Jae au présent. Enfin, le drama bénéficie d'un casting solide reposant sur les épaules de son duo principal qui fait preuve d'une vraie complémentarité. C'est Ryu Soo Young (The Lawyers of The Great Republic Korea, Ojakgyo Brothers, Two Weeks) qui interprète ce libraire amnésique qui préfèrerait fuir plutôt que d'être confronté à la douleur potentielle de son passé. Face à lui, Nam Bo Ra (The Moon That Embraces the Sun, Shark) incarne avec beaucoup de justesse une lycéenne pleine d'aplomb qui ne se démonte pas et se révèle peu à peu.

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Bilan : The Memory in My Old Wallet tire le meilleur parti d'une histoire simple mais qui sait toucher le téléspectateur. Le drama nous embarque dans un véritable voyage mémoriel intime, et même poignant à l'occasion. La dynamique qui s'installe au sein de son duo principal atypique ajoute du charme à l'ensemble, le casting se révélant parfaitement à la hauteur. Au final, il s'agit donc d'un épisode aux thématiques relativement classiques qui exploite au mieux son format court. Les amateurs devraient apprécier.

Enfin, pour les curieux, notez que l'épisode est disponible en intégralité (et donc gratuitement), avec des sous-titres anglais, sur le compte YouTube de KBS World.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de ce spécial :

20/02/2013

(K-Drama) Sirius : trajectoires croisées fraternelles et fratricides de jumeaux

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Restons en Corée du Sud en ce mercredi asiatique ! La nouvelle saison des dramas special de KBS s'est ouverte le mois dernier avec une mini-série au synopsis intriguant : Sirius. Diffusé du 6 janvier au 27 janvier 2013, sur KBS2, ce drama compte 4 épisodes d'une durée oscillant entre 1h05 et 1h10 chacun. Basée sur un scénario de Won Ri Oh, et réalisée par Mo Wan Il, l'histoire relatée mélange plusieurs genres, entre le thriller et la confrontation familiale, ou plutôt fratricide. Laissant entrevoir dès le départ un potentiel certain, Sirius se suit sans déplaisir mais peut laisser quelques regrets : il n'aura pas rempli les promesses de ses débuts. Pour autant, ce récit disposant d'une vraie intensité émotionnelle aura été intéressant à suivre.

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Sirius relate les destins croisés de deux frères jumeaux dont les relations ont été rendues particulièrement compliquées par les épreuves que la vie leur a fait traverser. Préféré par sa mère, Eun Chang était un adolescent dynamique et populaire. A l'inverse, Shin Woo accumulait les difficultés, subissant notamment les brimades d'autres lycéens. Eun Chang s'en mêla. Tout finit en tragédie, avec la mort d'un des adolescents qui persécutaient Shin Woo. Eun Chang se rendit, condamné à une peine de prison tandis qu'il laissait Shin Woo et sa mère derrière lui.

Eloignés l'un de l'autre, ils virent les années passer, sans que leurs rapports ne s'améliorent. Leur mère mourut même avant que Eun Chang ne soit finalement libéré, victime d'une dépendance vers laquelle son chagrin l'avait conduite. Désormais adulte, Shin Woo a bien changé. Il est devenu policier et a entrepris une véritable croisade contre les trafiquants de drogue. De son côté, Eun Chang, une fois sorti, a décroché un job de livreur. La quête anti-drogue de Shin Woo va obliger les deux frères à faire le point sur leurs relations, et ce que chacun signifie pour l'autre...  

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Sirius n'est pas un thriller conventionnel, ni une simple chasse au gangster. L'intérêt du drama repose sur son exploration de la relation, à la fois fraternelle et fratricide, qui subsiste entre deux frères ne sachant pas se positionner l'un par rapport à l'autre. Ils ne se sont jamais ni vraiment trouvés, ni même compris. Les ressentiments et les complexes de Shin Woo, abandonné un temps à l'orphelinat et ayant toujours semblé dans l'ombre de son grand frère, n'ont cessé de grandir, même après l'emprisonnement de ce dernier, se muant en une colère froide, explosive. Quant à Eun Chang, il a vu sa vie brisée indirectement du fait de ce jeune frère revenu tardivement dans leur vie familiale, en intervenant dans un quotidien dont il aurait mieux fait de ne pas se mêler. Par-dessus tout ce passif, les préférences de leur mère n'ont fait que creuser un fossé devenu à l'âge adulte quasi-insurmontable.

Tout au long de ses quatre épisodes, Sirius va essayer de maintenir, de nuancer, mais aussi de jouer autour de l'ambivalence des rapports qu'entretiennent les deux frères. Même si l'écriture peine à aller au bout de ses idées, le téléspectateur n'en demeure pas moins intrigué par la manière dont est mise en scène et perdure une loyauté ambigue, très complexe, par-delà la détérioriation des liens qui les unissent. Shin Woo s'est endurci, et n'a plus besoin d'un grand frère protecteur qui n'a d'ailleurs plus les moyens de les défendre : une sorte d'inversion des rôles semble s'être opérée, mais elle n'empêche pas d'anciens réflexes de revenir. Les liens du sang demeurent, les engagements passés aussi. Toute cette dynamique de confrontation apporte à l'ensemble une dimension émotionnelle dont l'intensité permet d'occulter quelque peu les limites de fond de ce drama.

Car il faut reconnaître que si Sirius bénéficie d'un concept intriguant, la construction de son scénario ne va pas permettre d'exploiter de manière pleinement satisfaisante ces rapports tour à tour fraternels et fratricides. Manquant souvent de finesse et de subtilité, l'écriture n'est pas toujours des plus convaincantes, avec un rythme parfois haché et des dialogues aux lignes assez convenues. De plus, les développements de l'histoire l'enferment trop vite dans une simple chasse au trafiquant de drogue, où l'on retrouve une utilisation rapidement répétitive de différents ressorts narratifs ; ce qui pour un drama ne comptant que quatre épisodes est presque un comble, puisque le format aurait dû permettre d'éviter un tel écueil. Cela traduit sans doute un défaut de vision d'ensemble ou d'ambition de la part du scénariste qui laisse quelques regrets...

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Sur la forme, Sirius s'en sort plutôt honnêtement avec le budget et les moyens qui sont les siens. La réalisation est globalement correcte, même si la caméra peut se montrer un peu brouillonne, ne dosant pas toujours avec justesse la mise en scène. En guise de bande-son, le drama use et abuse d'un thème aux accents mélodramatiques qui a tendance à surgir un peu trop souvent, pour venir surligner plus que de raison certains passages poignants. On est loin du niveau de qualité formelle d'une référence en thriller parmi ces dramas special qu'a pu être White Christmas.

Enfin, côté casting, le drama repose en grande partie sur les épaules de Suh Joon Young (To the Beautiful You) qui a la lourde tâche de devoir interpréter devant la caméra deux personnages très différents, Eun Chang et Shin Woo. L'acteur ne démérite pas. Les limites de l'écriture troublant plus les lignes entre ces deux figures principales que son jeu qui, dans l'ensemble, parvient à donner vie à ces deux opposés qui ont considérablement évolué depuis leur adolescence (ce qui rend l'ensemble plus trompeur). A ses côtés, les autres acteurs n'ont que peu l'occasion de briller et viennent surtout contre-balancer ou révéler l'antagonisme des deux frères. On croise parmi eux notamment Ryu Seung Soo, Uhm Hyun Kyung, Jo Woo Ri, Shin Jung Geun, Baek Won Kil, Kim Sang Syu, Yun Je Woo ou encore Park Soon Chun.

 

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Bilan : Bénéficiant d'un concept intéressant au potentiel certain, Sirius repose surtout sur quelques très bonnes idées de départ avec un thème central fort : cette relation fraternelle, à la fois intangible mais tellement fragilisée, est un fil rouge, notamment émotionnel, solide qui retient l'attention du téléspectateur. Mais des limites d'écriture et notamment un certain plafonnement à mi-parcours, en ne parvenant pas à aller au bout des idées entrevues, empêchent la mini-série d'atteindre tout son potentiel. Néanmoins par-delà les regrets, l'expérience reste intéressante pour un drama special, et sa durée relativement brève permet de ne pas trop s'apesantir sur ces limites. Une fiction réservée aux curieux et amateurs du petit écran sud-coréen qui cherchent à diversifier les thèmes de leurs fictions.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :

12/12/2012

(K-Drama / SP) Art : les aléas de la création artistique et de la construction d'un mythe cinématographique


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Après deux semaines de pause, cela fait du bien de reprendre la plume et de vous retrouver ! Surtout que si ces derniers jours ont été éprouvants, ils ont aussi levé un grand poids de mes épaules, et soudain l'écriture se fait plus légère et spontanée. De retour aux affaires après 15 jours d'absence (ce qui, dans la planète sériephile, équivaut à une faille spatio-temporelle qui ne se résorbera pas avant des semaines), en ce mercredi asiatique, je préfère laisser les dernières nouveautés de côté pour revenir sur une fiction visionnée en novembre qui m'a intrigué et fasciné comme peu dernièrement : Art.

Le format permis par les drama special de KBS - des histoires courtes, se déroulant sur une heure - est propice aux expérimentations, saisissant l'occasion pour nous entraîner par-delà les canons classiques du petit écran sud-coréen. Ecrit par Han Seung Woon, Art incarne parfaitement cette ambition, nous glissant dans les coulisses de l'industrie cinématographique en adoptant le style particulier du mockumentary (ce qui est une première pour moi, n'ayant encore jamais vu la télévision sud-coréenne s'initier à ce type de fiction). Au final, cela donne une heure très intéressante à tous les niveaux qui fait pour l'instant de Art mon drama special préféré de la saison.

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Dans l'imaginaire du cinéphile sud-coréen moderne, le film Hideout apparaît aujourd'hui comme une légende. Flop retentissant lors de sa sortie, où il avait réuni pour sa première séance 32 spectateurs, il est pourtant le premier film du pays à avoir été invité au Festival de Cannes. Mais face à cet accueil glacial, le réalisateur a brûlé toutes les copies existantes de son film, avant de se donner la mort. L'actrice principale, la mystérieuse Ko Jeong Ah, a ensuite rapidement disparu du milieu cinématographique. Depuis, Hideout est pourtant devenu une référence dans les ciné-clubs du pays ; tout passionné du grand écran a visionné quelques extraits de très mauvaise qualité d'un film dont il n'existerait plus aucune copie intacte originale.

C'est du moins ce que l'on croyait lorsque, à Cannes, un festivalier met la main sur une version d'origine entièrement préservée. Pour préparer le retour au pays et la sortie en DVD du chef-d'oeuvre mythique, un jeune réalisateur se voit confier le soin de faire un documentaire qui conduise dans les coulisses du tournage passé et éclaire les mystères de la conception du célèbre film. Interviewant d'anciens membres du casting ou de l'équipe technique, il a pour objectif de retrouver l'actrice principale. Mais si Hideout jouit aujourd'hui d'un statut de film culte, Joon découvre surtout les paradoxes et les difficultés qui ont marqué sa conception, loin de l'aura que l'oeuvre a désormais acquise.

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Art est tout une histoire rythmée et stimulante du fait de sa densité : plusieurs récits se superposent, puisque l'on suit la conception d'un documentaire sur... la conception d'un film. Semblable à une enquête où le but est de multiplier les interviews afin de revenir aux sources de l'oeuvre étudiée, le drama se construit sur une dynamique d'opposition permanente entre le réalisateur et la scénariste du documentaire. Le premier voit dans ce projet le moyen de -enfin- se faire un nom dans une industrie qui semble avoir oublié qu'il était autrefois considéré comme un de ses talents prometteurs. Il n'hésite pas à se détacher de l'oeuvre elle-même pour s'intéresser aux conflits bien plus humains et matériels l'ayant entourée, exaspérant sa collègue qui veut restituer l'âme de Hideout. Pourtant, très vite, il apparait que ces deux jeunes professionnels poursuivent inconsciemment une même quête, réunis par le métier créatif qu'ils ont choisi : celle de comprendre comment un simple film a pu acquérir une telle aura.

S'intéressant aux voies impénétrables et si aléatoires de la création artistique, Art nous entraîne par-delà le culte d'un film, déconstruisant progressivement le phénomène contemporain que l'oeuvre est devenue, avec la part de mystères, d'extrapolations et de légendes entretenues depuis des années. Apportant soudain un nouvel éclairage et du recul par rapport à cet ensemble, le drama essaie d'apprécier et d'expliquer comment le processus de création, mais aussi tout ce qui a pu ensuite entourer la vie et l'exploitation du film, ont chacun participé à la construction d'un mythe qui a échappé à son concepteur. La fiction éclaire à quel point le mélange de facteurs contradictoires a été décisif : des adversités mal surmontées aux contraintes budgétaires inattendues, en passant par les gestions difficiles d'égos et des actes spontanés finalement conservés. Ils ont tous apporté une pierre à l'édifice en gestation. En filigrane, se dessine aussi le portrait peu flatteur d'une industrie, de ses intérêts commerciaux, et des enjeux financiers jamais loin de sacrifier le créatif, tandis que jouait aussi la complexité du contexte politique où la censure conservait un rôle.

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Comme tout mockumentary, la forme a également son importance dans Art, le drama special jouant sur les vues plus ou moins intrusives et proches que permettent les caméras multiples qui accompagnent les personnages principaux. L'aspect documentaire reste un facteur à part entière du récit : les protagonistes intéragissent avec l'appareil qui les filme, prenant le public potentiel à témoin. La réalisation réussit très bien aussi à faire ressortir l'ambivalence du format, oscillant entre mise en scène mercantile et un réalisme spontané qui nait dans les saillies verbales et réactions capturées.

Si les atouts du mockumentary sont bien exploités, cela se fait parfois au détriment du développement des personnages. C'est pourquoi sans doute les acteurs donnent l'impression de mettre un peu de temps à trouver leurs marques. Cependant, étant donné que l'approche privilégie la sobriété et un jeu le plus naturel possible, cela n'amoindrit en rien l'exercice de style proposé. C'est Eom Tae Goo qui incarne le réalisateur à qui est confié le soin de mener cette enquête dans les coulisses de cette oeuvre mythique. On retrouve à ses côtés Lee Bo Hee, Park Joon Geum, Kim Sin Ah, Kim Jong Goo ou encore Baek Chan Gi.

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Bilan : S'intéressant à la manière dont une oeuvre peut changer de dimension pour atteindre un véritable statut "culte" allant bien au-delà du film d'origine, Art est un drama extrêmement intéressant par sa manière d'éclairer sans complaisance, ni jugement, les aléas de la création et les paradoxes et contradictions de l'industrie cinématographique. Le format du mockumentary est indéniablement un atout pour le récit : non seulement il permet une mise en scène dynamique de l'enquête des documentaristes, mais il apporte aussi une fraîcheur très appréciable à l'ensemble.

Art est donc une expérience télévisuelle très intéressante qui exploite pleinement sa courte durée (même si elle peut peut-être un peu frustrer, effleurant seulement certaines thématiques). Reste qu'il s'agit d'un essai dans un genre qu'on n'a pas forcément souvent l'occasion de voir dans le petit écran sud-coréen : à découvrir !


NOTE : 8,5/10