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07/12/2014

(US) Madam Secretary, saison 1 - 1ère partie : jeux de pouvoir et gestion de crises internationales à Washington

 

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Les dernières semaines de novembre sont l'occasion pour moi de faire le bilan de la rentrée des grands networks américains. Après avoir beaucoup présélectionné et jeté un œil à une poignée de pilotes en septembre, sans le moindre coup de cœur, j'accorde une chance à une ou deux nouveautés pour un éventuel rattrapage de mi-saison coïncidant avec le hiatus hivernal. C'est pourquoi je peux donc désormais écrire que How to get away with murder a confirmé toute mon incompréhension face à une écriture de tous les excès, dont il est attendu de chanter les louanges actuellement, mais dans laquelle je ne me retrouve décidément pas. Cependant, c'est un cas plus ambigu -que je n'ai pas encore tranché définitivement- qui a retenu mon attention. Celui d'une autre nouveauté, diffusée sur CBS : Madam Secretary.

Pour qui The West Wing a constitué un déclic dans sa sériephilie de jeunesse, le retour à Washington est toujours empreint d'une certaine nostalgie, entremêlée d'espoirs et d'attentes souvent mal récompensés, à l'aune desquels sont invariablement évaluées toutes les nouvelles prétendantes. Arpenter les coulisses du pouvoir -de Scandal (deux saisons visionnées) à House of Cards US (vu 2 épisodes, puis j'ai préféré regarder à nouveau House of Cards UK), en passant par la toute récente State of Affairs (non testée)- exerce toujours un attrait, en dépit du passif représenté par Commander in Chief ou encore Political Animals. Face à tous ces précédents, au terme de ces onze premiers épisodes, où Madam Secretary se place-t-elle sur l'échelle des fictions politiques américaines du XXIe siècle ?

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Madam Secretary, c'est l'histoire d'Une fille à scandales (Téa Leoni) qui se retrouve propulsée au poste de secrétaire d'État suite à la disparition de son prédécesseur dans un mystérieux accident d'avion. Proposant un mélange des genres au sein duquel l'équilibre n'est pas immédiat, la série esquisse un cocktail ambitieux, se plaçant au confluent du thriller diplomatique international (un récit de gestion de crises au quotidien), du drama familial (la nomination à une fonction aussi exposée troublant quelque peu l'harmonie familiale de la nouvelle secrétaire d'État) et de la fiction conspirationniste (que cache la mort de l'ambitieux homme d'État dont elle a pris la succession ?). Les débuts n'en sont pas moins poussifs, pas seulement parce que Bess McCord doit apprendre à faire face aux contraintes de son nouvel environnement professionnel et à l'hostilité relative d'un staff qu'elle n'a pas choisi.

Sur le plan politique, le format procedural sied assez mal aux crises internationales majeures qu'il convient de régler en 40 minutes, montre en main, et à la complexité inhérente aux jeux diplomatiques. De plus, il est difficile de rejouer Treize jours toutes les semaines en y insufflant la tension dramatique qui convient. À ces problèmes de crédibilité qui entachent l'efficacité des scénarios, s'ajoute un portrait des relations internationales, cédant à bien des caricatures et autres poncifs, qui peut légitimement agacer. Autant d'aspects sur lesquels une série comme Political Animals, par exemple, s'était irrémédiablement échouée. La force de Madam Secretary va être de parvenir à asseoir et à affiner ses atouts au fil des épisodes, avec une seconde moitié de première partie de saison qui laisse peu à peu entrevoir des choses de plus en plus intéressantes.

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La série gagne tout d'abord en homogénéité, notamment en prenant le temps d'exploiter la galerie des personnages qui gravitent autour de Bess. Au sein de son staff, le sens de la répartie des uns et des autres fonctionne de mieux en mieux, y compris dans le registre de l'humour où les répliques et l'impeccable timing de Blake, l'assistant de Bess, font des merveilles. Cela permet de déjouer toute tentation de drama trop pompeux qui se prendrait excessivement au sérieux. Côté familial, la caractérisation reste inégale. Les scénaristes peinent à décider quel rôle attribuer au mari de Bess, entre le professeur observateur extérieur et l'espion réactivé qu'elle entraîne dans son enquête sur la mort de son prédécesseur. Conséquence immédiate, le personnage manque de constance. Mais le couple n'en a pas moins des passages qui sonnent justes, et un potentiel certain qui ne demande qu'à être exploité.

En outre, Madam Secretary acquiert aussi plus de consistance dans son versant diplomatique. À défaut d'histoires originales (avec des sources d'inspiration transparentes), quelques gestions de storylines se révèlent assez intéressantes. Surtout, la série apprend à déjouer certaines évidences, à nuancer un peu ses vues, et plus généralement à ne pas rentrer systématiquement dans une course à la surenchère permanente par crainte de laisser filer l'attention du téléspectateur. La gestion du fil rouge conspirationniste illustre assez bien ce dosage, qui semble se faire plus assuré dans les derniers épisodes. Tout en jouant pleinement la carte d'une méfiance de plus en plus accrue vis-à-vis de la Maison Blanche, l'écriture fait ainsi le choix de ne pas tirer à outrance sur la corde. Les cartes sont abattues rapidement. L'épisode 11 se conclut sur une redistribution qui, en dépassant la piste d'un simple complot interne, ouvre des perspectives. En posant de nouvelles problématiques, la série complexifie d'autant la partie en cours et aiguise donc la curiosité pour la suite.

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Transposer dans le petit écran une gestion au quotidien de crises diplomatiques, souvent complexes et qui mériteraient un traitement très nuancé, n'est certainement pas une tâche facile - d'aucuns la qualifieraient d'impossible. Sans surprise, Madam Secretary se heurte à un certain nombre d'écueils propres à cette ambition. Pour autant, en onze épisodes, la série montre une progression dans le bon sens au sein des différents registres qu'elle essaie d'investir. Les dynamiques relationnelles restent certainement l'atout le plus accessible, à préserver et à continuer d'affiner. Quant au versant politique, sans doute le plus fragile, l'écriture se montre capable d'éviter la course à la surenchère et s'offre même quelques fulgurances qui réveillent par instant le fantôme des grandes heures de la fiction politique à la télévision américaine.

Cette première partie de saison est donc inégale, mais laisse cependant entrevoir des choses intéressantes. La série parviendra-t-elle à faire mûrir et à exploiter ce potentiel entraperçu, ou retombera-t-elle dans certains travers dont il est difficile de s'affranchir ? Le reste de la saison nous le dira. Mais, pour l'instant, je compte poursuivre le visionnage malgré ces réserves. Et pour une sériephile aussi peu américano-centrée que moi, c'est déjà à saluer. À suivre.


NOTE : 6,25/10


Une bande-annonce de la série :

10/11/2013

(US) Tour of Duty (L'Enfer du Devoir) : chronique de la guerre du Vietnam

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Aujourd'hui, c'est une plongée dans mes archives sériephiles que je vous propose. Le mois dernier, en pleine phase de rangement, j'ai mis la main sur un vieux disque dur externe sur lequel figurait l'intégrale de Tour of Duty (L'Enfer du devoir en VF). Diffusée de 1987 à 1990 sur CBS, cette série américaine compte trois saisons, soit 58 épisodes au total. L'époque était alors propice au traitement d'un tel sujet, puisque, dans la lignée de Platoon, la télévision américaine lancera plusieurs séries sur ce thème à l'image, par exemple, de China Beach sur ABC. C'est à l'occasion d'un revisionnage intégral il y a quelques années que j'en étais venue à vraiment apprécier Tour of Duty. Car, si les années 2000 ont redéfini le genre des séries de guerre, avec des approches très différentes, de Band of Brothers à Generation Kill, cette série des années 80 demeure un solide classique du petit écran qui mérite de ne pas être oublié.

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Tour of Duty relate le quotidien d'une unité de combat durant la guerre du Vietnam, évoquant tout ce qui rythme la vie des soldats sur le terrain, des opérations dans la jungle jusqu'aux journées de repos et autres permissions. La série se construit en premier lieu autour de la dynamique qui s'installe entre les deux officiers supérieurs de l'unité : elle emprunte ici une recette familière, mais qu'elle sait parfaitement exploiter, en associant un jeune officier tout droit sorti de l'école, le lieutenant Goldman, et un sergent vétéran qui a déjà fait plusieurs tours au Vietnam, Anderson. Cela n'ira pas sans friction, mais ces deux fortes personnalités vont progressivement apprendre à travailler ensemble, établissant un rapport de confiance qui sera une des fondations de l'unité (même s'il faudra pour cela, beaucoup de patience à Anderson). Tour of Duty ne se limite cependant pas aux seuls responsables : multipliant les points de vue, c'est toute une troupe de soldats qui est mise en scène et va ainsi peu à peu devenir familière au téléspectateur.

Véritable fiction chorale, cette série est entièrement dédiée à des personnages dont on va suivre les évolutions et les épreuves traversées en trois saisons. Si le récit privilégie l'aspect humain, il ne néglige pas pour autant une reconstitution historique travaillée. En effet, l'unité de combat est un microcosme reflétant la société américaine de la fin des années 60. Faisant cohabiter des soldats de toutes origines, elle apparaît comme un miroir des tensions raciales et politiques qui traversent alors les Etats-Unis. Elle leur fait apprendre à vivre ensemble loin de leur pays, tout en abordant aussi la réception de certains évènements marquants qui s'y déroulent comme l'assassinat de Martin Luther King. Concernant la situation sur le terrain, le souci de réalisme est particulièrement perceptible durant la première saison, où chaque épisode permet d'illustrer un thème et une réalité à laquelle sont confrontés les combattants américains. Tout cela confère à la série une impression d'authenticité, renforcée par le regard général qui est porté sur cette guerre, ni manichéen, ni patriotique.

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Au fil des saisons, Tour of Duty se recentre progressivement sur les vies personnelles et les épreuves de quelques personnages, avec une mise en scène moins rigoureuse du versant militaire. L'attrait demeure pourtant, notamment parce que l'écriture conserve toujours une richesse de tonalités et une multiplicité d'approches appréciables. En effet, la série joue sur plusieurs registres. Elle est capable d'être une solide fiction de guerre, un drame dur éclairant toutes les horreurs et tous les traumatismes que subiront ses protagonistes. Mais elle sait aussi proposer des interludes, n'ayant pas son pareil pour délivrer des dialogues ironiques et complices qui font mouche. La détresse, l'amertume, mais aussi le désir de continuer à vivre, s'entremêlent et cohabitent constamment. La fiction glisse également parfois vers du sentimental, avec quelques histoires d'amour (qui finiront généralement mal). Tour of Duty fait ainsi preuve de beaucoup d'habileté dans sa gestion des tons. Elle est extrêmement vivante, engageante pour un téléspectateur qui n'a aucune peine à s'impliquer aux côtés des différents personnages.

Le point sur lequel elle a le plus vieilli est certainement la forme, avec des combats qu'on peut juger, vingt-cinq ans plus tard, perfectibles dans leur mise en scène. L'ensemble reste cependant correct. Il est surtout un point sur lequel sa saveur demeure intacte : sa bande-son (elle lui a d'ailleurs fait gagner un Emmy Award). Tour of Duty est un vrai bijou d'incursion musicale dans les 60s', une compilation riche et bien utilisée. On y retrouve, rythmant les épisodes, des chansons emblématiques d'une époque, à commencer par celle qui figure au générique, la fameuse Paint it, Black des Rolling Stones à laquelle mon esprit l'associe toujours (cf. la vidéo ci-dessous). Enfin, la série bénéficie d'un casting homogène. Terence Knox interprète le sergent Anderson, tandis que Stephen Caffrey joue le lieutenant Goldman. On croise également Tony Becker, Ramon Franco, Miguel A. Nunez Jr, Stan Foster, mais aussi Kim Delaney, Steve Akahoshi, Eric Bruskotter, John Dye ou encore Dan Gauthier.

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Bilan : Chronique de guerre du Vietnam proposant une reconstitution historique travaillée, Tour of Duty relate le quotidien d'une unité sous forme de récit choral offrant différents points de vue. Capturant les tensions qui traversent la société américaine de la fin des années 60, la série ne néglige aucun des grands thèmes sociaux et politiques que son sujet permet d'aborder, tout en délivrant, sans manichéisme, un récit de guerre souvent dur et dramatique. C'est une œuvre profondément humaine qui met en avant les liens qui se tissent entre ses personnages. Elle sait aussi exploiter une tonalité changeante, où le désespoir côtoie la féroce envie de survivre, avec l'ironie pour seule arme. L'immersion dans les 60s' est parachevée par une bande-son géniale qui vient rythmer l'ensemble, soulignant un peu plus cette recherche d'authenticité et de reflet d'une époque.

Vingt-cinq ans après, Tour of Duty demeure donc une série très solide dont les ingrédients fonctionnent toujours, qu'importe si elle n'a pas la mise en scène d'une des fictions de guerre de HBO. Elle mérite assurément un revisionnage, ou même une découverte pour tout sériephile qui s'intéresse à un tel genre ou sujet.


NOTE : 7,5/10


Le générique (tellement marquant) de la série :

08/09/2012

(Pilote US) Elementary : du non-sens d'une comparaison (et d'une polémique)

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Parmi toutes les nouveautés de la rentrée américaine, s'il y en a bien une qui a déclenché des débats dès son annonce de projet et des attaques en règle avant même que son pilote soit disponible, c'est Elementary. Il est difficile de passer outre les controverses en s'installant devant. C'est une série qui, chez moi, suscite des réactions très contradictoires. Tout d'abord, le visionnage de ce premier épisode m'a conforté dans l'opinion que l'utilisation du personnage du nom de Sherlock Holmes par CBS n'est qu'un atour marketing. Elementary est dans la lignée des procedural à duo de CBS, et si ce n'était le nom de son héros, on la considèrerait plutôt comme une déclinaison du schéma adopté avec succès par The Mentalist sur cette même chaîne. Sauf que la marque Sherlock Holmes attire forcément plus l'attention ; et je reconnais sans peine que cette approche dénaturante et purement commerciale de CBS ne m'enchante guère.

Mais, dans le même temps, la disproportion atteinte par les attaques formulées a priori contre Elementary m'a passablement agacé. La dynamique de la paire complémentaire initiée par Arthur Conan Doyle a été dupliquée, déclinée et adaptée en tant de versions depuis tant de décennies que la réduire à une seule représentante, celle à succès du moment, est absurde. Les derniers films hollywoodiens ont si bien remis au goût du jour la franchise qu'une série russe sur Sherlock Holmes sera même lancée avant la fin de l'année ; et personne ne jettera la pierre aux Russes... Le prestige du nom fonctionne par-delà les frontières. Quant aux questions de personnes, nombre d'acteurs ont déjà prêté leurs traits au célèbre détective et ce n'est certainement pas un rôle fermé monopolisé par un seul. On a tous un légitime Sherlock de coeur (et c'est tant mieux). Le mien devant l'éternel restera toujours Jeremy Brett, qui incarnait de la plus parfaite des manières l'image que je m'en fais (et qu'il a contribuée à modeler). Mais tout nouveau venu mérite sa chance. Et j'ai toujours bien aimé Jonny Lee Miller...

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Malgré cette défense du droit de personnifier Sherlock, il faut reconnaître d'entrée que Elementary se regarde plus comme un cop show de CBS, avec quelques apports propres à son concept, que comme une transposition de Sherlock Holmes à New York. C'est d'ailleurs une fois qu'elle a balayé les préconceptions, les préjugés et le réflexe instinctif de comparer qui vient au téléspectateur, que le pilote se révèle efficace (sous-entendu : pour un pilote d'un cop show de CBS). Il démarre par une introduction certes peu convaincante (la démonstration devant les télévisions), mais l'épisode trouve ensuite progressivement son rythme. Mieux encore la dynamique qui s'installe entre Holmes et Joan Watson a clairement du potentiel et fonctionne très bien. D'une part, les deux apparaissent complémentaires dans la progression de l'enquête (correcte) du jour : l'esprit de déduction de Holmes se heurtant à ses facultés relationnelles défaillantes, Watson intervenant alors comme médiatrice avec l'extérieur. D'autre part, leurs échanges font souvent mouche : les réparties sont cinglantes, chacun jauge l'autre et les prémices de leurs rapports sont bien posés.

En cela, Elementary est aidé par un casting qui, après une entrée en matière un peu hésitante, prend la mesure de l'histoire et de leur rôle respectif. Jonny Lee Miller (Eli Stone) s'épanouit dès lors que son personnage verse dans la confrontation, et que Sherlock s'anime face à un nouveau challenge et une énigme à résoudre. Lucy Liu (Ally McBeal) apporte cette présence, à la fois forte et posée qui fait sa marque, à un personnage humanisé par l'introduction de son passé (à défaut d'être original). Ils représentent bien, tous deux, la dualité, à la fois brillant et faillible, de la série. Et pour une fiction qui ambitionne de se reposer sur les rapports qui vont s'établir, la paire ainsi formée laisse entrevoir du potentiel. Sur la forme, Elementary reste dans un creuset classique de séries policières sur CBS, mais elle bénéficie d'une bande-son intéressante, avec un thème musical entraînant qui est au bout du compte peut-être ce qui sonne le plus Holmesien dans cette série.

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Bilan : Il faut aborder Elementary en ayant conscience que l'utilisation du nom de Sherlock Holmes n'est qu'un prétexte promotionnel pour une série qui reste avant tout un procedural de CBS. Cela peut agacer. Il n'en reste pas moins que, une fois dégagé des préconceptions que l'on peut avoir sur la représentation du célèbre détective, ce pilote est très correct et pose des bases potentiellement intéressantes reposant sur la dynamique de ses personnages. Le résultat donne un cop show qu'il faut sans doute plus rapprocher d'une sorte de The Mentalist (dont j'avais suivi la première saison).

C'est typiquement le genre de séries dont je me lasse. Mais une chose est sûre : Elementary n'a rien de commun avec la série de la BBC. Elle s'inscrit dans une approche et un processus créatif différents (qui n'est pas ma tasse de thé, mais suit une recette éprouvée). CBS a certes tendu le bâton pour se faire battre en voulant bénéficier de l'éclat actuel de la franchise, mais le débat Sherlock/Elementary n'a pas lieu d'être. [Et pour arriver à me faire jouer les semi-avocates pour une série de CBS, c'est vous dire à quel point je sature...]


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :

18/12/2011

(US) Rawhide : un western classique qui a conservé toute sa saveur

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Rollin', rollin' rollin',
Rollin', rollin' rollin',
Keep movin', movin', movin',
Though they're disapprovin',
Keep them dogies movin',
Rawhide!
Don't try to understand 'em,
Just rope, throw and brand 'em,
Soon we'll be livin' high and wide!
My heart's calculatin',
My true love will be waitin',
Be waiting at the end of my ride!
Move 'em on, head 'em up, head 'em up, move 'em on,
Move 'em on, head 'em up, Rawhide!
Let 'em out, ride 'em in, ride 'em in, let' em out, cut 'em out,
Ride 'em in, Rawhide!

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Petite digression "oldies" en ce dimanche enneigé, à l'occasion de laquelle je vous propose de remonter dans la mémoire sériephile. Si vous êtes des lecteurs un peu régulier de ce blog, vous connaissez sans doute ce penchant naturel que je nourris pour les westerns. De cette époque bénie que fut l'âge d'or de ce genre à la télévision américaine (50s'-60s'), je vous ai notamment déjà raconté combien j'appréciais une série comme Au nom de la loi (Wanted dead or alive). Le week-end dernier, dans le cadre de la préparation à un podcast auquel je participe, j'ai pu élargir un peu mes horizons téléphagiques. Le thème de l'émission était les westerns ; l'opportunité était donc parfaite pour découvrir une série sur laquelle j'avais eu des échos très intéressants, mais jamais vraiment l'occasion de la caser dans mon planning : Rawhide.

Sans qu'elle puisse prétendre faire vibrer en moi une quelconque fibre nostalgique, puisque je la voyais pour la première fois plus de cinquante ans après la diffusion de son pilote, cette série a pourtant vraiment retenu mon attention. Pour la présenter rapidement, précisons que Rawhide est la cinquième série western la plus longue du petit écran américain. Elle compte 8 saisons qui furent diffusées sur CBS, le vendredi soir, de 1959 à 1965, pour un total de 217 épisodes en noir et blanc. Produite par Charles Marquis Warren, elle rassemble devant la caméra un casting emmené par Eric Fleming et Clint Eastwood (quand je vous disais que c'était un vrai western !).  

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Rawhide se déroule dans la décennie 1860, quelques années après la fin de la guerre de Sécession. La série est un pur western qui s'intéresse à de vrais cowboys, au sens premier du terme, puisqu'elle va nous permettre d'accompagner une vingtaine d'hommes, des vachers dirigés par Gil Favor, navigant entre le Texas et le Missouri, et qui conduisent un troupeau qui peut parfois comporter plusieurs milliers de vaches. N'allez cependant pas croire que les épisodes vont se concentrer sur la gestion dudit bétail.

Si cette activité principale n'est pas exempte de péripéties, elle constitue surtout le prétexte narratif parfait pour justifier le déplacement continuel des protagonistes qui vont ainsi au devant de nouvelles aventures. Schématiquement, une histoire typique de Rawhide adopte une construction presque immuable : sur la route qu'ils font emprunter à leur troupeau, les cowboys croisent ou sont sollicités par d'autres voyageurs, voire s'aventurent dans des villages aux alentours dans lesquels ils tombent sur des situations à problème qu'il va leur falloir régler.

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Les amoureux des westerns retrouveront dans Rawhide tous les ingrédients qui ont pu leur faire aimer ces aventures dans l'Ouest américain du XIXe siècle. Parfaitement représentative du savoir-faire d'une époque (50s-60s'), on perçoit instantanément dans la série, dès le pilote, la saveur et l'ambiance caractéristiques des classiques de cette période. Il faut dire qu'elle se réapproprie avec beaucoup de maîtrise les codes narratifs du genre. Fiction nomade qui suit ses protagonistes au fil de leur voyage, un de ses atouts réside justement dans la diversité des histoires qu'elle va pouvoir offrir, revisitant pour l'occasion tous les grands thèmes associés aux westerns.

Certes les développements pourront parfois paraître relativement prévisibles aux yeux du téléspectateur moderne, mais ses épisodes n'en demeurent pas moins fluides et consistants. Car si Rawhide se découvre et s'apprécie avec un enthousiasme intact aujourd'hui, elle le doit à la solide assise que lui confère la richesse de son portrait de l'Ouest. Non seulement son univers n'est pas manichéen - et la série n'hésitera pas à traiter de sujets tels que le racisme ou les séquelles de la guerre de Sécession -, mais en plus, un soin tout particulier est accordé à l'ensemble des personnages, même les plus secondaires rencontrés pour un seul épisode. Si ces derniers précipitent invariablement nos héros dans de nouveaux ennuis, ils sont hauts en couleur, et rarement interchangeables, contribuant chacun à leur manière à forger l'identité de la série. Ce sont tous ces éléments qui expliquent que la série réussisse vraiment à capturer l'attention d'un téléspectateur sous le charme.

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Par ailleurs, pour renforcer son atmosphère de western, Rawhide bénéficie d'une solide réalisation, avec une caméra qui maîtrise parfaitement son sujet. Elle est de plus accompagnée d'une bande-son très riche au sein de laquelle retentissent des musiques caractéristiques du genre qui contribuent grandement à construire l'ambiance générale. La chanson la plus représentative restera sans conteste celle du générique, qui retentit au début et à la fin, que vous pouvez écouter dans la première vidéo ci-dessous. Composée par Dimitri Tiomkin, et chantée pour l'occasion par Frankie Laine, elle va non seulement continuer de vous trotter dans la tête longtemps après l'avoir entendu, mais elle place aussi le téléspectateur dans les meilleures dispositions possible pour pleinement apprécier l'histoire qui va suivre. En somme, c'est le genre de générique qui sait vraiment marquer la tonalité de la série qu'il ouvre.

Enfin, si vous cherchez encore un dernier argument pour vous convaincre d'être curieux, vous le trouverez certainement du côté du casting rassemblé par la série. Au sein des acteurs principaux, c'est Eric Fleming qui incarne celui qui dirige les manoeuvres parmi les cowboys. Cependant Rawhide reste sans doute surtout la série qui a permis à un tout jeune acteur d'attirer l'attention de quelques grands, notamment de Sergio Leone : Clint Eastwood. C'est donc l'occasion de redécouvrir ce dernier dans un de ses premiers rôles, la diffusion de la série débutant en 1959. De plus, Rawhide permet aussi de croiser toute une galerie de guest-stars de luxe, de Robert Culp à Charles Bronson, en passant par Leslie Nielsen, qui sont autant de bonnes raisons de se lancer dans sa découverte !

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Bilan : Classique à la saveur inaltérée, qui se visionne toujours avec beaucoup de plaisir un demi-siècle après sa première diffusion, Rawhide est une série vraiment représentative du savoir-faire américain de ces décennies glorieuses pour le western. Les amateurs d'Ouest sauvage devraient y trouver leur bonheur. De plus, elle intéressera également tous les passionnés des fictions du petit écran, qui découvriront là une production aboutie occupant incontestablement une place de choix dans le panthéon sériephile.

En résumé, ce billet pour vous dire : après tant d'années inscrite sur ma liste interminable des "séries à voir", j'ai enfin découvert Rawhide : et c'est une bonne résolution sériephile de remplie !

A noter : Les premières saisons de la série sont disponibles en France en DVD.


NOTE : 7/10


Le générique :


Une bande-annonce :

25/03/2011

(US) Au nom de la loi (Wanted Dead or Alive) : chroniques d'un chasseur de primes

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Aujourd'hui, un billet un peu spécial et l'occasion d'ouvrir une nouvelle rubrique sur My Télé is Rich!.

Si vous me lisez depuis quelques temps déjà, vous le savez : j'ai des centres d'intérêt très (trop?) divers. Parmi les multiples thématiques qui me passionnent, il en est une dont je ne vous ai encore jamais vraiment parlé. Sans doute parce qu'elle touche plus à un volet cinématographique que strictement téléphagique : ma passion pour les westerns. Si mes parents et moi partageons peu d'affinités culturelles communes, voilà cependant leur héritage. Il est lié à ce rendez-vous incontournable du samedi soir où toute la famille se réunissait pour lancer la VHS tressautante d'un John Ford ou d'un Sergio Leone. Encore aujourd'hui, des années après avoir quitté la maison parentale, je suis toujours capable de réciter en même temps que les acteurs les lignes des dialogues de la première heure de Rio Bravo, des Sept Mercenaires ou encore de la Charge héroïque.

De façon plus marginale, cette sensibilité particulière pour l'appel de l'Ouest s'est aussi déclinée dans le petit écran. Certes cet héritage téléphagique parental reste très circonscrit. Mais il a son importance, car il correspond aux plus anciennes séries que j'ai jamais suivies : celles du petit écran américain des années 50. De cette époque, je garde un penchant pour ces chevauchés sauvages à travers le souvenir de trois séries qui ont accompagné, chacune à leur façon, ma découverte de la télévision : Rintintin, Zorro et Au nom de la loi. Si la première m'a moins marqué, les deux autres demeurent des productions devant lesquelles je peux spontanément m'installer, encore aujourd'hui, pour passer une soirée à les savourer.

Et hier (sans doute une conséquence indirecte d'être allée voir True Grit mercredi soir), j'ai ressorti les épisodes de mon chasseur de primes favori. Appelez cela de la nostalgie, mais j'ai passé une petite heure extra devant mon écran.

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On l'a quelque peu oublié aujourd'hui, étant donné qu'il a quasiment disparu du petit écran, mais un des premiers genres de prédilection dans lequel se sont épanouies les séries télévisées américaines fut bel et bien le western. Les années 50 et le tournant des 60s' correspondirent à un apogée qui vit mûrir et se développer un western plus adulte et moins manichéen qu'à ses débuts, à travers des séries comme The Life and Legend of Wyatt Earp en 1955. Ainsi, diffusée de 1958 à 1961 sur CBS, Au nom de la loi appartient-elle bien à son époque ; la figure mythique de Bonanza naissant d'ailleurs une année après en 1959. Comptant au total 94 épisodes, d'une durée moyenne de 25 minutes environ, Au nom de la loi arrivera rapidement en France, diffusée dès 1963 sur l'ORTF.

Cette série se propose de nous faire suivre les aventures d'une figure solitaire, représentative en bien des aspects de cet Ouest américain du XIXe siècle, celle d'un chasseur de prime du nom de Josh Randall. Muni d'une arme très reconnaissable sur laquelle la caméra zoome lorsque le générique s'ouvre, une Winchester 1984 qui lui restera à jamais associée, c'est avec pour seule motivation l'argent de la récompense promise pour leur capture que cet homme traque et livre aux représentants de l'Ordre des personnes recherchées par la Justice, sur des territoires où cette dernière apparaît parfois très illusoire. Série non feuilletonnante, chaque épisode dispose d'une histoire indépendante, seuls ses employeurs, voire exceptionnellement la nature de sa mission, varient. Développées sur moins d'une demi-heure, les histoires restent généralement simples, se résumant la plupart du temps en une traque plus ou moins mouvementée. Cependant, conduites sans temps mort, elles se laissent suivre sans déplaisir et se révèlent efficaces.

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Ce n'est ni dans les storylines (relativement peu complexes), ni dans les décors souvent interchangeables de cette série tournée en noir et blanc et qui fut colorisée durant les années 90 - la chemise du héros devenant ainsi bleue alors qu'elle était en réalité beige à l'origine -, que réside le principal attrait d'Au nom de la loi. Son véritable atout, lui permettant d'être appréciée encore aujourd'hui et grâce auquel elle a pu résister, bien mieux que la plupart de ses consoeurs, à l'épreuve du temps, repose sur l'originalité du personnage de Josh Randall. Car ce solitaire pragmatique, dont la seule motivation est l'argent, n'a rien du redresseur de torts auquel renvoie traditionnellement le mythe du héros de l'Ouest. Représentant d'une profession loin d'avoir une bonne image, il tranche singulièrement dans le paysage télévisuel de l'époque, s'imposant au contraire comme une forme d'anti-héros.

Ainsi, si Josh Randall reste un homme droit, qui ne tue que lorsque cela est nécessaire, il diffère de l'idéal du justicier par ses motivations purement matérielles : ses priorités sont la prime, non la justice. De même, courageux mais pas téméraire, jamais il ne prendra de risques inconsidérés : capturer des criminels ne mérite pas d'y sacrifier sa vie. Derrière ce portrait intrigant, qui conserve encore une aura diffuse de mystère même aux yeux du téléspectateur moderne, se dessine en fait la recherche d'une figure réaliste, loin de toute idéalisation. Loin d'être unidimensionnel, il apparaît avant tout très humain. Cette nuance et cette ambivalence cultivées, préfigurant les évolutions narratives ultérieures des héros du petit écran, confèrent à ce personnage central une consistance, mais aussi un attrait, qui ont justement permis à Au nom de la loi de traverser les décennies.

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Il est d'ailleurs intéressant de souligner que cette approche, qui apporte une authenticité prenante à la série, tenait tout particulièrement à coeur de l'acteur à qui ce rôle a donné l'occasion de se faire connaître : Steve McQueen. Il a toujours défendu cette vision empreinte de réalisme, qu'il s'est efforcée d'imposer à une chaîne plus réticente qui tenait, elle, à son image romancée du cowboy. Outre la personnalité de Josh Randall, l'interprétation de Steve McQueen est aussi une des raisons pour laquelle Au nom de la loi mérite d'être vue. Par la présence nonchalente mais tellement charismatique qu'il dégage à l'écran, l'acteur incarne véritablement cette figure de l'Ouest, dans toute son assurance comme dans la relative ambivalence d'un personnage qui est aussi faillible.

Ce parti pris n'est pas non plus un hasard : Steve McQueen se spécialisera par la suite au cinéma dans ces rôles d'anti-héros qui le populariseront. En bien des points, on peut voir dans Josh Randall un précurseur. D'ailleurs, à titre personnel, j'avoue que c'est justement ce rôle qui a fait de lui un des premiers acteurs fétiches de mon adolescence. Et cette série explique que la plupart de ses films, de Bullitt à La grande évasion, se retrouvent aujourd'hui dans ma DVDthèque.

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Bilan : Western de l'âge d'or du genre à la télévision américaine, Au nom de la loi appartient incontestablement au patrimoine sériephile. Cependant, au-delà de ces considérations d'histoire du petit écran et de la curiosité culturelle qu'elle peut susciter, il faut souligner qu'il s'agit aussi d'une série qui a su relativement bien résister au temps grâce à la figure centrale qu'elle met en scène. La modernité de la personnalité de Josh Randall, caractérisée par cette aura d'ambivalence teintée de pragmatisme, reste l'attrait majeur de cette série, faisant de ce chasseur de primes une des figures marquantes du petit écran.

Ainsi, pour les amoureux de l'Ouest sauvage comme pour les sériephiles curieux de découvrir ce qui a pu façonner le petit écran d'outre-Atlantique, Au nom de la loi demeure une série qui se redécouvre avec plaisir. Elle est la digne représentante d'un genre important qui permet de nous rappeler, non seulement que les fondations du petit écran datent de bien avant notre naissance, mais aussi la façon dont le savoir-faire moderne s'est construit et forgé dans ces premières décennies de la télévision.


NOTE : 7/10


Le générique de la série :


Pour les curieux qui aimeraient en savoir plus, je vous conseille notamment ce très intéressant article : Au nom de la loi [Arrêt sur Séries].