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30/03/2011

(Tag Dramas) Une histoire de séries asiatiques...

Un mercredi asiatique un peu spécial aujourd'hui, puisque consacré à un questionnaire qui circule depuis quelques jours sur les blogs consacrés aux dramas asiatiques. C'est l'occasion d'une petite remise en situation qui permet de rappeler certains fondements, mais aussi toutes les sensibilités et différences qui peuvent exister au sein de ce public amateur de séries de cet autre continent. C'est donc à l'invitation de Mapenzi et d'Eclair que je me prête à l'exercice.

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1/ Depuis quand regardes-tu des dramas ? Quel a été ton premier drama ? Comment les as-tu découverts ?

Même si c'est un peu lointain pour être très précis, cela remonte  à l'année universitaire 2006-2007. Je me rappelle encore parfaitement de ce frisson d'excitation et de cet étonnant, presque indescriptible, sentiment de dépaysement face à ce pilote qui apparaissait semblable à une bulle d'air frais dans mon paysage téléphagique occidentalisé.

A priori, absolument rien ne me prédisposait à mettre un pied dans l'univers des dramas. En effet, je n'avais jamais éprouvé de véritable intérêt pour l'Asie auparavant. Certes j'avais timidement entrouvert les portes de cette culture à travers une poignée de films historiques (mon amour du Wu Xia Pian étant une des rares choses qui a précédé cela) ou animés (les Miyazaki), mais cela restait pour moi un folklore un peu lointain. De même, si j'avais pu lire quelques romans d'auteurs asiatiques, ou se déroulant sur ce continent, ce thème n'avait jamais été déterminant dans mes choix. Je n'avais jamais non plus ouvert spontanément de manga. Mon expérience de la japanimation se réduisait à un héritage laissé par une enfance rythmée par les dessins animés d'émissions de jeunesse. Quant aux autres aspects de l'entertainement, comme la musique, autant dire que j'ignorais jusqu'à son existence.

Au fond, ma découverte de ces productions particulières a une cause simple : les séries, et plus précisément, la curiosité qui a toujours accompagné mon intérêt jamais démenti pour le petit écran. J'ai découvert l'existence des dramas par le biais de communautés (forums, blogs) de téléphages généralistes, qui mêlaient déjà Occident et Asie. Progressivement de plus en plus intriguée par ces articles croisés au détour de mes lectures, évoquant un versant qui m'était totalement inconnu, j'ai donc entrepris de me renseigner, attérissant dans des communautés cette fois très spécialisées. L'idée a traîné un peu, la résolution se renforçant. Et finalement, un jour de vacances, je me installée devant une série japonaise : Nobuta wo produce (un classique du débutant). Pour un premier contact avec cet univers, j'avais recherché une thématique suffisamment universelle (high school drama, amitié) pour qu'une profane telle que moi ne soit pas trop déstabilisée. Et s'il y eut bel et bien choc culturel, ce dernier conserva le parfum d'une fraîcheur exotique très attrayante.

Ainsi, c'est par le biais des séries que j'ai mis un pied en Asie. Ce n'est qu'ensuite que ma curiosité s'est étendue au cinéma, aux livres et, enfin, à la musique.

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2/ Si tu ne devais garder qu'un drama, lequel ce serait et pourquoi ?

C'est aussi illusoire qu'arbitraire de sélectionner un seul drama, tant il existe de raisons différentes et toutes aussi légitimes les unes que les autres pour évoquer des séries qui constituent à mes yeux des piliers incontournables du paysage asiatique. Mais pour les besoins du questionnaire, je vais quand même me prêter au jeu.

Si je ne devais en garder qu'un seul, ce serait Story of a man (A man's story/The slingshot). Non seulement parce qu'il fait partie des quelques dramas fondateurs de ma "coréanophilie" actuelle (aux côtés de The Legend notamment), mais aussi parce qu'il s'impose sur le fond comme un indispensable à bien des égards. C'est un drama qui impressionne tout d'abord par sa maîtrise narrative d'ensemble, c'est-à-dire par sa capacité à se réinventer constamment au fil des épisodes, faisant évoluer les rapports de force en donnant l'impression de maîtriser pleinement le format et le nombre d'épisodes (là où tant de k-dramas connaissent des aléas qualitatifs sur la durée ; qu'ils mettent du temps à démarrer ou qu'ils aient des difficultés à tenir l'histoire jusqu'au bout). Par ailleurs, il réussit se réapproprier des thématiques assez classiques du petit écran sud-coréen (richesse -une famille de chaebol-, ascension sociale, triangle amoureux) en les mêlant à des thèmes plus complexes (la finance, les disparités sociales). Alors que ce mélange aurait pu paraître moins abordable. Story of a man réussit à faire de cette richesse son atout, traitant intelligemment de ces sujets. De plus, ce récit de vengeance et de confrontation personnelle parvient à ne jamais perdre son humanité, conservant une dimension sentimentale parfois très forte. Dans ce drama assez choral, aucun personnage ne laisse indifférent, que l'on s'attache à eux ou que l'on réagisse contre eux. Enfin, la série dispose d'un casting extrêmement solide et très homogène, qui porte et soutient efficacement le scénario.

Drama sombre bénéficiant d'une écriture intelligente, Story of a man est une série étonnamment ambigüe qui sait surprendre et captiver l'attention du téléspectateur : un incontournable du genre.

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3/ Si tu devais nommer un drama " à éviter absolument", lequel ce serait et pourquoi ?

S'il y a bien quelque chose que je regretterais longtemps, c'est le parcours que j'ai suivi pour découvrir les k-dramas. A la différence de toutes les autres nationalités que j'ai pu tester en Asie, des chinoises au taiwanaises, c'est le seul pays avec lequel la première rencontre s'est mal passée (ce qui peut paraître paradoxal aujourd'hui). Si pour les séries japonaises, j'avais d'abord recherché des fictions consensuelles, mon erreur a sans doute été de passer outre cette prudence.

Mes premières incursions en Corée du Sud furent une suite de vraies déceptions. A love to kill se révéla aussi incompréhensible qu'indigeste, je l'abandonnais au bout d'une poignée d'épisodes. Quant à Nine-Tailed Fox, il incarne à mes yeux bon nombre de dérives indigestes et d'écueils à éviter, de son casting extrêmement fade à une histoire aux ficelles narratives trop grosses et caricaturales. Il me faudra deux années pour surmonter les préjugés nés de ce faux pas initial ; la réconciliation n'aura lieu qu'en 2009. Dans l'intervalle, ma consommation sud-coréenne se cantonna à des doses homéopathiques (il faut remercier Damo, le premier k-drama que j'ai aimé, sans lequel j'aurais peut-être baissé les bras).

Par conséquent, si je n'ose désigner A love to kill du fait du faible nombre d'épisodes vus (peut-être le choc culturel, notamment dans le style de la narration, fut-il trop fort ?), pour avoir visionné en entier Nine-Tailed Fox, mon jugement sera cette fois sans appel : fuyez !

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4/ Quel est le drama que tu n'as pas encore vu et qui te tente énormément et pourquoi ?

Même si sa longueur me fait hésiter à m'engager, j'aimerais vraiment trouver le temps de découvrir Ryomaden. En effet, s'il est un genre que j'aime par-dessus tout (en Asie comme en Occident), ce sont les séries historiques. Or j'ai certes vu un certain nombre de dramas de ce genre, en provenance de Corée du Sud (surtout), de Chine, et même de Hong Kong, mais de façon assez paradoxale, je n'ai jamais véritablement exploré ce créneau au Japon. Le plus proche de l'historique au Pays du Soleil Levant fut mon visionnage de JIN, un plongeon particulier au XIXe siècle. Donc j'aimerais vraiment un jour pouvoir apprécier et achever un vrai taiga de NHK. Et Ryomaden me semble remplir tous les critères ! 

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5/ Quel est le drama qui ne te tente absolument pas et pourquoi?

De manière générale, il y a des pans entiers des productions asiatiques que j'évite instinctivement : les high school drama, ou encore les mélodramas, en font partie. Il peut y avoir des exceptions, mais cela reste très marginal. De même, je fuis tout ce qui est trop déjanté au Japon ou trop sucré (j'ai rayé l'adjectif "mignon" de mon vocabulaire il y a des années) en Corée du Sud.

Cette année, parmi les différentes séries déjà diffusées ou en cours, l'archétype du k-drama auquel je n'ai pas laissé une seule chance et dont je n'ai même pas lancé le pilote, c'est sûrement Dream High. Les histoires musicales ne sont pas forcément ma tasse de thé (à l'exception du format biopic comme pour Rock Rock Rock), le cadre "scolaire" me rebutait, tout comme un casting dont les qualités d'acteurs n'étaient pas forcément le point fort... Depuis j'ai eu des échos qui ont contribué à nuancer cette première position, mais impossible pour le moment de songer à lancer ce drama.

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6/ Quels sont tes acteurs(-trices) de dramas préféré(e)s ?

De manière générale, j'ai naturellement tendance à peu personnifier les séries que je suis, en Asie comme en Occident. La première raison est malheureusement très terre-à-terre : je n'ai aucune mémoire pour les visages, comme pour les noms. (Combien de soirées passées à me torturer les méninges pour résoudre un "sentiment de déjà-vu" face à tel ou tel protagoniste ? Heureusement, imdb ou wikidrama ont été créés pour des gens comme moi.) Ce qui fait que les acteurs(-trices) dont la présence au générique d'une série pourra éveiller mon intérêt à l'égard de ce projet sont au final assez peu nombreux. La grande majorité du temps, c'est le concept qui est déterminant et primordial.

Du côté des acteurs (entre parenthèses, les dramas dans lesquels je les ai vus) :

En Corée du Sud : Kang Ji Hwan (Capital Scandal, Coffee House, Hong Gil Dong), Song Il Gook (Jumong, Lobbyist), Chae Sung Won (City Hall, Athena), Park Yong Ha (Loving you, Story of a man, On Air).

Au Japon : Tamayama Tetsuji (Dare Yori mo Mama wo Aisu, Prisoner, Sunao ni Narenakute, BOSS), Odagiri Joe (Atami no Sousakan, Jikou Keisatsu - et des films), Kimura Takuya (Pride, Karu Narei Hichizoku).

Du côté des actrices :

En Corée du Sud : Ha Ji Won (Damo, Secret Garden),
Kim So Yeon (IRIS, Doctor Champ), Park Si Yeon (Coffee House, Story of a man), Kim Sun Ah (City hall), Lee Ji Ah (The Legend, Beethoven Virus, Athena).

Au Japon : Amami Yuki (BOSS, GOLD), Kichise Michiko (BOSS, Mousou Shimai).

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7/ Quel reste ton meilleur "souvenir drama" ?

Si j'ai vécu des émotions fortes devant les dramas, je crois que le souvenir que je chéris le plus reste le jour où j'ai lancé le premier épisode de Nobuta wo Produce. Non seulement pour ce frisson d'excitation à mesure que l'épisode progressait, que le décor s'installait et que les personnages apparaissaient. C'est sans doute ce qu'on appelle la magie d'une première : je me souviens de cet émerveillement naïf devant un rien complètement anecdotique - sur la forme comme sur le fond. Mais surtout, j'ai eu la chance de partager ce moment un peu à part avec ma soeur. Pas téléphage pour un sou, elle n'a pas été plus convertie aux dramas qu'aux séries occidentales, mais elle en est ressortie fascinée et amoureuse du Japon. Vivre ces moments de découverte symbolisant la raison d'être de la sériephilie avec la complicité d'une autre personne qui est au diapason : ça mérite le détour.

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8/ Enfin, qu'est ce que tu dirais à une personne qui ne regarde pas de dramas pour la convaincre d'en regarder ?

Il se trouve que, dernièrement, j'ai perdu pas mal d'illusions dans le cadre de ce prosélytisme particulier. Certes j'admets sans peine que, comme toute production culturelle, les dramas aient leurs détracteurs et que chacun ait ses affinités, mais mes échecs et débats les plus récents m'ont renforcé dans cette idée ancienne d'une nécessaire multiplicité de grilles de lecture. Une  adaptation s'impose, même si cette dernière, suivant les individus, peut très bien être instantanée (j'en suis l'exemple) ou plus lente (au fil des découvertes progressives). On ne regarde pas une série asiatique pour les mêmes raisons qu'une série occidentale. Par conséquent, il n'est pas possible de simplement se contenter de transposer ses attentes occidentales - culturelles, formelles, etc. - à l'Asie. Une personne qui se contentera de tout analyser par le prisme de son préformatage culturel (conscient ou non) ne pourra jamais apprécier vraiment un drama. Donc si vous attendez du petit écran asiatique la même chose que du petit écran occidental, autant passer votre chemin.

En revanche, si le petit écran et ses productions au sens large vous intéressent réellement... Si vous êtes sincèrement curieux... Si vous avez envie d'explorer et de vous immerger dans d'autres cultures... Si les cahiers des charges des scénarios occidentaux sont devenus une mécanique parfois lassante et déshumanisée qui semble désormais avoir perdu de son charme et avec laquelle vous avez besoin de rompre un peu... Si vous recherchez une écriture qui sait jouer sur une forme d'innocence semblabl à une bulle d'air frais dans vos programmes... Les dramas vous attendent ! Ce sera l'occasion de découvrir d'autres codes narratifs, d'autres esthétiques et savoir-faire. Cette télévision qui fonctionne beaucoup sur les ressentis du téléspectateur, jouant sur une dimension plus émotionnelle, dispose de réels atouts ; et elle m'a permis de redynamiser une passion téléphagique qui commençait à s'essoufler en raison d'une overdose de programmes par trop semblables.

En résumé, vous trouverez ici un autre vaste terrain à explorer, un terrain dont il faut au moins avoir conscience de l'existence au vu de l'importance de ces productions au niveau mondial, mais aussi de la qualité de certaines perles que l'on y trouve. Un tel visionnage a également le mérite de remettre en perspective certaines de nos préconceptions narratives occidentales. De plus, l'ensemble est extrêmement diversifié. Car, de la même façon que l'Asie diffère de l'Occident, au sein de ce continent, il existe aussi d'importantes disparités. On ne regardera pas de la même façon, ni pour les mêmes raisons, une série japonaise et une sud-coréenne (où, par exemple, le registre sentimental sera généralement plus affirmé). Il faut donc expérimenter et explorer pour trouver ce qui peut vous correspondre. A noter cependant que les affinités avec telle ou telle nationalité peuvent être changeantes, au gré des attentes et de ses propres évolutions.

En résumé, actuellement, les technologies offrent une opportunité qui aurait été impensable il y a quelques décennies : apprécier un voyage téléphagique à travers le petit écran mondial... C'est une chance. Profitez-en.

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Ce tag ayant déjà été repris par la plupart des blogs sur les dramas que je connais, je crois que tout le monde a été sollicité, par conséquent, le billet se conclut ici. Merci pour cette idée de tag !

14/02/2010

(J-Drama) Nobuta wo Produce : une fable universelle sur l'amitié

Jusqu'à présent, dans le cadre des dimanches asiatiques, je ne vous ai parlé que de séries coréennes. Ce qui a pu vous donner l'impression erronée que je ne suis jamais allée au-delà de cette péninsule en Asie. En réalité, mon attrait coréen est somme toute assez récent, puisqu'il date surtout de l'année dernière. Aujourd'hui, c'est un post de retour aux sources que je vous propose (chronologiquement, je concède qu'il est probable que j'aurais dû commencer par là).

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C'est par le Japon que j'ai découvert les séries asiatiques, il y a de cela 3-4 ans. En fait, j'y suis arrivée de façon peut-être un peu atypique, emportée par ma téléphagie. Car, a priori, je ne corresponds pas trop au profil classique d'amateurs des dramas de ces nationalités. Je n'avais jamais manifesté de véritable intérêt pour l'Asie auparavant. Tout juste le cinéma permettait-il d'entre-ouvrir une porte vers les fictions de ces pays, les films de Wu Xia Pian ou les Miyazaki m'ayant conduit plus d'une fois dans les salles obscures. Mais, à côté, je n'avais quasiment jamais lu de mangas de ma vie (ce qui n'a pas changé, d'ailleurs, depuis). J'ignorais tout aussi de l'entertainment asiatique, n'ayant jamais entendu parler de jpop ou de kpop avant de mettre un pied dedans (il faut dire que je n'ai jamais été très branchée musique). Et mon expérience avec la japanimation était principalement issue d'un passé chargé par des heures passées devant les programmes de jeunesse de TF1, à une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, où les dessins animés japonais trustaient toutes les matinées.

Bref, je n'avais vraiment aucune prédisposition asiatique a priori. J'étais, au mieux, complètement ignorante. Cependant, via des forums ou des blogs de téléphagie "généraliste", je croisais de temps en temps d'intrigants articles évoquant un pan inconnu de la sériephilie et employant un vocabulaire qui m'était tout aussi étranger. De fil en aiguille, se réveilla en moi la curiosité associée à tout instinct de téléphage. Certes, je ne savais pas où je mettais les pieds. Je manquais cruellement de connaissances et de références culturelles ; mais quoi de plus excitant que de partir à l'aventure en des terres sériephiles inconnues ? Pourquoi ne pas tenter une brève incursion pour découvrir en quoi consistaient concrètement ces fictions qui paraissaient très diversifiées ? Qui sait, je pourrais peut-être même apprécier...

Une fois la résolution prise, j'ai ensuite cherché la série adéquate pour débuter. Là encore, un rapide balayage synthétique des forums et blogs m'avait appris l'importance de ce premier contact, mais aussi qu'il existait un certain nombre de "dramas clés" particulièrement bien indiqués. Il fallait une thématique suffisamment universelle pour parler à mon esprit d'occidentale, surtout pour une personne aussi profane que moi. Après diverses hésitations, mon choix s'arrêta sur un drama, jouissant d'une assez bonne réputation et en apparence suffisamment neutre pour ne pas provoquer de chocs culturels trop importants. Il se déroulait en plus dans un des rares cadres dont j'avais quelques souvenirs via les dessins animés : le lycée. Les high school dramas furent d'ailleurs, au cours de mon premier été asiatique, le genre prédominant que je découvris (une ère qui est révolue depuis). Il s'agissait de Nobuta wo Produce (oui, un des grands classiques pour commencer).

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Quand j'y repense après toutes ces années, je me dis que ce premier visionnage comprenait une part de naïveté confondante, assez touchante au fond. Il y avait une excitation presque inexplicable, un quasi-émerveillement d'avoir enfin sauté le pas et de me retrouver devant ce décor entièrement nouveau. C'étaient une langue inhabituelle, des moeurs particulière et un environnement, à la fois familier et si différent, de ce que je pouvais connaître.

Je me demande si je pourrais un jour avoir le moindre recul critique sur Nobuta wo Produce, tant cette série occupe une place à part dans la construction de ma téléphagie. Elle est une de ces pierres, fondatrices d'un nouvel édifice, et restées, pour cela, chères à mon coeur. Je n'ai d'ailleurs jamais osé la revoir depuis, de crainte de briser le mythe idéalisé que mon esprit a forgé autour. De peur que 20, 30 dramas plus tard, des situations qui m'avaient tant touché sur le moment, me paraissent soudain d'une plate banalité. Nobuta wo Produce reste protégée dans mes souvenirs, un petit îlot utopique et inaccessible, jouissant d'un souvenir sans doute autant conjoncturel que lié à sa qualité indéniable.

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Cette série, datant de 2005, est composée de 10 épisodes. Elle nous raconte une histoire classique, assez universelle : il s'agit d'une fable sur l'amitié, entre trois élèves aux personnnalités très différentes. Nobuko Kotani (Horikita Maki) vient d'arriver dans ce nouveau lycée. Timide et effacée, ne parlant quasiment jamais, elle devient rapidement le souffre-douleur de ses camarades (subissant un ijime). Parallèlement, Shuji Kiritani (Kamenashi Kazuya) est, à l'opposé, le garçon le plus populaire de l'établissement. Toujours entouré, il se sent pourtant profondément isolé, en marge des autres élèves avec lesquels il traîne et pour lesquels il joue la comédie du lycéen parfait, leur présentant l'image qu'ils attendent de lui. Akira Kusano (Yamashita Tomohisa) se situe, lui, à part, assez étrange et cultivant sa marginalité. Il essaye, maladroitement, de se rapprocher de Shuji. Finalement, à la suite d'un enchaînement de circonstances, ces trois étudiants très différents vont se réunir en se fixant un challenge : parvenir à rendre Nobuko populaire. Un fil rouge à l'origine d'une belle amitié.

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Nobuta wo produce propose une histoire profondément humaine, d'une simplicité à la fois désarmante et rafraîchissante, qui n'en demeure pas moins très intéressante. Le trio principal offre finalement une association quelque peu atypique, d'adolescents très différents qui, ensemble, vont peu à peu mûrir et se découvrir au contact les uns des autres. Le drama met en scène une introspection touchante, qui conduit à l'apprentissage de ce qu'est l'amitié par trois jeunes gens qui n'avaient encore jamais connus de liens aussi forts. Dotée d'une écriture fine, assez subtile, et qui confère une authenticité troublante à l'ensemble, la série n'écarte d'ailleurs pas la logique ambivalence des sentiments réciproques des héros, traçant les contours flous d'un triangle implicite qui n'est pas destiné à se concrétiser. A tâtons, chacun se construit grâce aux autres, apprenant, au fil des évènements, autant sur lui-même que sur ses amis. L'idée initiale, "produire Nobuta", apparaît, en fin de compte, comme le prétexte parfait, une idée presque puérile, anecdotique, qui a permis cette rencontre a priori improbable entre ces trois adolescents.

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Outre cette thématique qui trouve une résonnance universelle, les personnages contribuent grandement à l'attachement que le téléspectateur ressent instantanément pour cette série. Leurs personnalités gagnent en profondeur et en complexité au fur et à mesure que les épisodes introduisent de nouvelles situations, nuançant leurs traits de caractère tout en restant fidèles à ce qu'ils sont. Nobuko ne deviendra jamais une jeune fille extravagante et sûre d'elle, mais elle va peu à peu prendre confiance en elle, apprenant à se tourner vers les autres. Shuji reste attaché aux apparences, tout en comprenant que l'on ne peut mener une vie uniquement basée sur un artifice.  Akira garde ses comportements loufoques et spontanés, tout en découvrant ce que s'attacher à quelqu'un signifie. Tour à tour, drôles, touchants, suprenants ou encore émouvants, ces trois jeunes gens nouent une relation d'amitié difficilement catégorisable, qui ne peut laisser indifférent.

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Au-delà de ce trio principal, c'est l'ambiance générale de la série qui l'impose comme une fiction à part. Elle bénéficie d'un récit qui mélange habilement les tons, passant avec aisance de moments légers à des scènes véritablement poignantes, jouant sur le ressenti et les émotions du téléspectateur comme de ses protagonistes. Le drama utilise d'ailleurs toute la palette de ressorts scénaristiques à sa disposition, n'hésitant pas à introduire quelques scènes très décalées, plutôt déjantées, qui s'intègrent pourtant parfaitement dans la narration. Il parvient également à exploiter au maximum une galerie de personnages secondaires particulièrement riches. Que ces derniers servent de guides ou bien de révélateurs pour nos héros, ils permettent d'ajouter une dimension supplémentaire à l'histoire.

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Concernant le casting, si, à l'époque, je ne les connaissais absolument pas - je n'avais fait aucune recherche avant de regarder la série -, il est inutile de les présenter : tout amateur de j-dramas a déjà croisé les trois acteurs principaux, qui sont des habitués du petit écran japonais. Kamenashi Kazuya, Horikita Maki et Yamashita Tomohisa délivrent ici une performance d'ensemble homogène qu'il faut saluer. Dans cette série, peut-être aidés par la force du thème de départ, ils parviennent à créer à l'écran une réelle alchimie entre eux, si bien que le téléspectateur ressent une empathie instantanée pour ce groupe atypique d'adolescents en quête d'eux-mêmes. D'ailleurs, j'ignore si c'est une conséquence de cette ambiance particulière, mais j'avoue qu'il s'agit du seul rôle dans lequel Yamapi m'ait réellement convaincu en tant qu'acteur (ou alors, je suis mal tombée pour les dramas ultérieurs).

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Bilan : D'une authenticité presque désarmante, Nobuta wo Produce est une série profondément humaine et touchante. C'est une histoire d'une grande simplicité, sur l'adolescence et ses apprentissages, abordant des thématiques connues, au sein desquelles l'amitié occupe une place centrale. Elle offre un récit dont la force réside, tant dans l'attachement instantané ressenti par le téléspectateur, que dans le caractère universel de son thème, qui trouve une résonnance particulière auprès de chacun.


NOTE : 8/10


Un extrait vidéo (en VOSTF) :


Le générique de fin, la chanson Seishun Amigo, par Shuuji to Akira (interprétée par les deux acteurs principaux de la série) :