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28/04/2010

(K-Drama / Pilote) Prosecutor Princess : apprentissage de la vie pour héroïne pourrie-gâtée



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Dernière protagoniste de la confrontation des mercredi et jeudi soir en Corée du Sud, diffusée sur SBS depuis le 31 mars 2010, Prosecutor Princess est la série qui souffre le plus de la concurrence directe de Cinderella's Sister et de Personal Preference, peinant à dépasser les 10% de part d'audience (même si elle est en constante progression chaque semaine). Mais comme je vous l'avais confié il y a 15 jours, lorsque nous avions entamé la découverte de cette case horaire très concurrentielle en ce printemps, je suis, pour une fois, plutôt en accord avec les téléspectateurs coréens. Cinderella's Sister bénéficiait d'un début accrocheur, Personal Preference laissait entrevoir un certain potentiel, mais Prosecutor Princess démarre avec un pilote poussif, qui ne donne pas forcément envie de laisser une chance à la suite.

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Ne vous laissez pas abuser par l'intitulé de ce drama, en dépit d'une référence directe à l'univers judiciaire, le mot clé du nom anglais est incontestablement "princess", le "prosecutor" servant pour le moment avant tout de titre clinquant permettant de raccrocher l'héroïne à une parcelle de "vraie vie" dans son univers de mode déconnecté. En effet, Ma Hye Ri vient tout juste de finir son école et d'être nommée procureur. Cependant, la première chose qu'elle décide de faire, une fois la cérémonie terminée, est de s'éclipser, écourtant les formalités, pour foncer dans une station de ski où doit avoir lieu la vente aux enchères d'une ligne d'accessoires Grace Kelly, parmi lesquels elle rêve d'acheter une paire de chaussures. Si le pilote passe sans doute plus de temps qu'il est nécessaire dans cet hôtel de luxe, il ne pourrait en tout cas plus insister sur l'ordre des priorités dans l'univers de Ma Hye Ri. Obsédée de mode, frivole, la jeune femme accumule les clichés, tout en faisant preuve d'un caractère très têtu et d'une certaine ingéniosité lorsqu'il s'agit d'obtenir ce qu'elle veut.

Logiquement, le téléspectateur devine l'enjeu initiatique qui va probablement progressivement se mettre en place et sous-tendre la série. L'objectif de Prosecutor Princess sera de transformer cette héroïne pourrie-gâtée en procureur digne de sa fonction. Autant dire qu'il y a du travail. Le pilote s'attache surtut à nous présenter le personnage de Ma Hye Ri en forçant les traits. Superficielle jusqu'à l'excès, la jeune femme semble vivre dans un cocon, complètement déconnecté du monde réel. Et lorsqu'il s'agit de remplir la mission qui est attendue d'elle dans le cadre de son métier, sa conception de celui-ci se révèle également très personnelle. Tandis que la constitution lui sert à protéger son "droit fondamental" à porter des mini-jupes, elle fait prendre un tout nouveau sens au concept de "peines automatiques", ne songeant pas un instant à apprécier la situation personnelle du délinquant comparaissant devant elle et à individualiser la peine qu'elle va lui appliquer. Le contraire de l'idéal d'une justice humaine et proche des justiciables en somme.

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Pour bien souligner le caractère très atypique de Ma Hye Ri, le premier épisode de Prosecutor Princess n'est pas avare en détails présentant la jeune femme sous un jour assez peu flatteur. Même si ces excès sont mis en scène à dessein, les scénaristes coréens versant rarement dans la subtilité quand il s'agit de mettre en scène des stéréotypes aussi flagrants, le téléspectateur se crispe rapidement face à l'héroïne. C'est peu dire que les soucis rencontrés dans sa quête mouvementée à la fameuse paire de chaussures sont accueillis avec une certaine satisfaction. Et on rêve rapidement de l'évènement qui servira d'électrochoc pour lui remettre en place le sens des priorités. Il est donc très difficile de s'attacher au personnage principal, autour duquel se concentre pourtant tout le pilote. Ma Hye Ri ne s'inscrit pas dans un registre de comédie. Elle n'est pas drôle, juste exaspérante et crispante. Au final, les quelques rares passages où elle n'est pas présente sont accueillis comme des parenthèses offrant un bol d'air frais au téléspectateur. J'ai donc un peu le sentiment que les scénaristes en ont trop fait dans cette introduction.

Au-delà des personnages, parmi lesquels seule l'héroïne est proprement présentée dans cet épisode, c'est la narration-même qui serait à revoir. Le pilote traine en longueur. Même si elles posent un cadre et permettent aux différents protagonistes principaux de se croiser avec ce sens de la coïncidence dont les dramas coréens ont le secret, les mésaventures de Ma Hye Ri dans la station de ski manquent en effet foncièrement de rythme. Certes, les scénaristes distillent quelques pistes et posent les futurs twists et "toutéliés" qui règleront la suite du drama. Mais tout se déroule de façon très plate, comme si la superficialité excessive de l'univers de l'héroîne avait anesthésié l'atmosphère globale. Alors qu'on aurait pu s'attendre à des ruptures de tonalité, les accents de mélodrama restent anecdotiques (ce n'est qu'une paire de chaussures...!), et les quelques pointes de légèreté demeurent marginales (un côté comique plus assumé aurait peut-être été le bienvenu).

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Du côté du casting, il est difficile d'émettre le moindre jugement, tant ce premier épisode se focalise sur le personnage de Ma Hye Ri. Rapidement exaspérante, d'une superficialité quasi-revendicatrice, il est logique que Kim So Yeon n'hésite pas à en faire beaucoup - parfois, peut-être un peu trop, dans la lignée de l'écriture du scénario - pour incarner à l'écran cette jeune femme aux priorités bien étrangement agencées pour une juriste se destinant à une telle carrière. J'avais gardé de bons souvenirs de Kim So Yeon dans IRIS, mais pour le moment, j'avoue qu'elle joue, comme son personnage, dans un registre trop porté vers l'excès à mon goût.

A ses côtés, l'amateur de k-dramas retrouve plusieurs habitués du petit écran coréen, notamment deux figures masculines déjà bien éprouvées par leur rencontre avec Ma Hye Ri. Ca m'a fait plaisir de revoir Park Shi Hoo, que je n'avais plus recroisé depuis Iljimae. Et Han Jung Soo poursuit sa route, avec son jeu tout en réserve, après avoir incarné le Général Choi dans Chuno (Slave Hunters) en début d'année.

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Bilan : Prosecutor Princess délivre un premier épisode un peu poussif qui peine à accrocher immédiatement le téléspectateur. La maturation de l'héroïne, enjeu manifeste du drama, s'annonce comme un véritable parcours du combattant. Présentée avec beaucoup d'insistance comme un personnage pourri-gâté, la jeune femme crispe le téléspectateur, plus qu'elle ne lui permet de s'attacher à la série. Manquant de rythme, le pilote pose de façon un peu maladroite et guère subtile les bases futures de l'histoire. Après cette première heure servant surtout d'exposition, il est possible que Prosecutor Princess devienne plus attractif lorsque le drama rentrera véritablement dans le coeur de son sujet ; mais il est probable que la téléspectatrice que je suis ne fera pas preuve de la patience nécessaire pour découvrir la suite.


NOTE : 4/10


La chanson principale de la série, agrémentée d'images issues des premiers épisodes :

 

Le générique de la série:


21/04/2010

(K-Drama / Pilote) Personal Preference (Personal Taste) : désastres sentimentaux et colocation ambigüe



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En Corée du Sud, ce printemps 2010 nous promettait, à la télévision, un choc frontal, entre trois dramas attendus, ciblant chacun un public assez similaire, dans la case stratégique de 22 heures du mercredi et jeudi soir. Au bout du compte, c'est finalement Cinderella's Sister qui a viré en tête et a su tirer son épingle du jeu ; et, pour une fois, j'avoue être assez d'accord avec la hiérarchie établie, entre ces trois séries, par le biais des audiences. Aux côtés de la re-écriture de Cendrillon dont je vous ai parlé la semaine dernière, un autre drama suscitait également beaucoup d'attentes, porté par un duo d'acteurs de choc et une promo bien orchestrée, il s'agissait de Personal Taste (ou Personal Preference, au choix). Si le visionnage du pilote m'aura moins enthousiasmé que celui de Cinderella's Sister, le concept de départ conserve un attrait certain. Il ne tient qu'aux scénaristes de réussir à l'exploiter par la suite.
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Avec Personal Taste, nous nous retrouvons ici dans un créneau résolument plus léger que Cinderella's Sister, basé sur un concept de départ clairement orienté comédie, saupoudré évidemment d'une touche de romantisme inaltérable. Derrière des ingrédients scénaristiques et une mise en scène des plus classiques, Personal Taste ajoute a priori un petit twist aguicheur, en cherchant à brouiller les cartes de la relation à laquelle ses deux personnages principaux sont promis. Car s'ils finiront plus promptement qu'à l'accoutumée par partager le même logement, initialement, c'est en simple qualité de colocataires. Une situation rendue possible uniquement grâce à cet art du quiproquo que les scénaristes coréens savent décliner à la perfection et sur lequel Jin Ho, en jeune architecte carriériste au pragmatisme des plus intéressés, choisira de capitaliser, plutôt que de démentir, afin d'accéder à la maison dans laquelle vit Gae In.

Après des débuts typiquement volcaniques, nos deux protagonistes s'insupportant instantanément, poussés par les circonstances à commencer par se quereller autour d'un taxi, leurs chemins ne vont ensuite cesser de se croiser, un peu pour le meilleur, mais surtout pour le pire, dans le cadre de  situations de plus en plus personnelles et intimes. Ainsi, si Jin Ho est aux premières loges pour assister à la cruelle descente aux enfers sentimentaux et à l'humiliation subies par Gae In, cette dernière a également l'occasion de découvrir le jeune homme sous un jour nouveau. A la suite d'une série d'échanges au double sens jubilatoire (pour le téléspectateur), facilitant les extrapolations sur son orientation sexuelle, elle est bientôt persuadée qu'il est gay. Soudain moins inquiète pour sa vertu, la voilà instinctivement plus conciliante avec une personne qui a de toute façon été un des témoins privilégiés de son récent calvaire.

C'est donc sous l'aspect d'une variante du genre "comédie romantique" que se présente a priori Personal Taste. L'objectif est de jouer sur les double-sens, les conclusions erronées hâtives, afin de présenter une relation un peu atypique, basée sur une omission ou une sorte de mensonge, involontaire à l'origine... Il est aisé d'imaginer combien cette thématique peut se révéler être une source intarissable de scènes improbables, où règne un quiproquo grisant pour l'observateur extérieur, a fortiori si tout cela évolue ensuite dans le huis clos d'une colocation.

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De façon rassurante, il y a un constat qui s'impose au sortir de ce premier épisode : les passages qui sortent du lot et retiennent l'attention du téléspectateur sont précisément les scènes au cours desquelles le drama se rappelle soudain de son idée de départ et se réconcilie avec l'image que l'on s'en faisait a priori. Il y a donc bel et bien une petite étincelle, un potentiel réel et intrigant qui légitimise Personal Taste ; et cette flamme mérite d'être nourrie et de grandir pour se voir transposer pleinement à l'écran. Pour ses premières manifestations, on n'échappe pas aux classiques disputes, au détour des couloirs d'hôtel d'un soir, dans lesquelles les phrases échangées revêtent un sens particulier, le contexte colorant singulièrement leur contenu. Mais l'épisode nous concocte également des instants où le comique de situation joue à plein, pour notre plus grand plaisir : l'ascenseur se révèle être le cadre parfait d'une scène qui est un véritable modèle du genre. Elle correspond tout à fait à la tonalité que j'attendais a priori de la série. Ce passage contient ce petit éclair malicieux tant recherché, se nourrissant des faux-semblants ; prêtant à sourire, cela vous conforte en plus dans l'idée que vous n'avez pas entrepris ce visionnage pour rien.

En somme, ces moments constituent la preuve que les scénaristes sont capables, a priori, de conduire Personal Taste à travers ce croisement des genres où, sans renier l'aspect romantique, la série serait également à même d'exploiter la spécificité offerte par son concept de départ, et le potentiel comique indéniable qui y est lié.  Malheureusement, ces instants se comptent sur les doigts d'une main au cours de ce pilote.

En effet, si l'emballage nous annonçait une comédie, Personal Taste s'ouvre sur un air de mélodrama. Son pilote, un peu trop timoré et rigide, opte en effet pour une longue présentation des derniers soubresauts de la tragédie amoureuse, proche du pathétique, que vit l'héroïne. Attention à ce que le twist de départ, qui fait a priori toute la saveur potentielle de cette énième déclinaison de comédie romantique, ne se révèle pas n'être que poudre lancée aux yeux du téléspectateur, simple prétexte, cachant mal un excès de conformisme et de banalité.

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Si les débuts de Personal Taste font esquisser quelques sourires au téléspectateur, ces scènes improbables, promises par le concept même de la série, se noient au milieu d'un sentimentalisme d'arrière-garde. A la place d'une comédie légère, nous est proposé l'imbroglio dramatico-romantique d'un couple qui n'existe déjà plus en fait, et que seul l'aveuglement naïf de l'héroïne permet de faire durer jusqu'à la fin de ce premier épisode.

Quand le couperet tombe enfin, après d'interminables tergiversations dilatoires, il y a comme un soulagement pour le téléspectateur. Certes, la vie amoureuse de l'héroîne ne s'apparente plus, à la fin de ces longs passages qui contribuent à renforcer à l'excès son image de victime, qu'à un vaste champ de ruines, dans lequel se mêlent trahison sentimentale masculine et amitié féminine brisée. Comprenez : Que votre petit ami vous plaque, soit, ça arrive. La veille de son mariage (avec une autre), en plus, c'est déjà plus difficile à avaler. Un mariage qui va avoir lieu avec... une de vos deux meilleures amies. Voici le coup de grâce. Il est difficile de dresser plus noir tableau, la confrontation lors de la cérémonie de mariage atteignant le sommet du pathétique. Cependant, après ce cauchemar, on se dit que Gae In ne pourra que remonter la pente ; le téléspectateur n'a d'ailleurs plus qu'une envie : la voir tourner la page.

L'idée était sans doute de bien souligner quelles blessures le personnage de Gae In aura dû supporter avant d'entreprendre une renaissance au fil de la série (pour, on l'espère, un happy end). Seulement, voici une introduction qui pèche singulièrement par un sentimentalisme qui aurait gagné à être moins hissé en porte-étendard d'un drama qui se présentait comme une comédie attachante. Rien d'irréversible donc, juste une mise en bouche en décalage avec les attentes du téléspectateur.

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Enfin, je ne peux pas parler de ce drama sans terminer sur une des raisons du buzz certain de Personal Taste sur la toile, dans les semaines précédents son arrivée à l'antenne : son casting. Les deux acteurs principaux se glissent de façon assez naturelle dans la peau de leurs personnages respectifs, même si la rigidité du personnage de Jin Ho le place pour l'instant un peu en retrait. La rafraîchissante Son Ye Jin (Spotlight, Summer Scent) incarne une héroïne exubérante et spontanée, qui dynamise une narration un peu lourde. Et Lee Min Ho nous revient pour son premier drama, depuis son hit de l'an dernier, Boys Before Flowers, adaptation coréenne de Hana Yori Dango, que tout amateur de séries coréennes a probablement déjà vu... sauf moi (il faudra un jour que je vous raconte mon blocage face à ce manga et ses différentes versions live).

Parmi les autres têtes connues dans le paysage téléphagique coréen, on retrouve notamment Kim Ji Suk (croisé cet hiver dans Chuno) en futur ex-petit ami si peu gentleman, Wang Ji Hye (Friend, Our Legend) en amie traître. Comme dans Cinderella's Sister, un chanteur de 2PM est venu tester les possibilités d'un nouveau développement de carrière (Im Seu Ong). Mais, s'il faudra suivre cela dans la durée, l'ensemble forme un tout homogène, au sein desquels aucun acteur ne dénote.

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Bilan : Servie par un concept de départ au piquant indéniable, Personal Taste a le potentiel d'offrir une variante légère, un peu atypique (la colocation et ses raisons), de la comédie romantique classique. Si on perçoit d'intéressantes promesses au cours de ce pilote, il opte cependant pour une entrée en matière versant dans un mélodramatique un peu lourd, qui s'avère un brin déstabilisant pour le téléspectateur. Malgré tout, les quelques scènes de délicieux quiproquo, proprement jubilatoires, que l'on y croise donnent envie de laisser sa chance à Personal Taste.


NOTE : 6/10

 

Deux brèves bande-annonces :


14/04/2010

(K-Drama / Pilote) Cinderella's Sister : artifices et complexités au sein d'une famille recomposée


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Diffusée depuis le 31 mars 2010 sur KBS2, Cinderella's Sister est, parmi les nouveautés sud-coréennes de ce printemps 2010, le premier k-drama dont le pilote remplit efficacement son office, c'est-à-dire que sans me faire crier au chef d'oeuvre, il m'a donné envie de découvrir la suite. Même si je n'ai pas encore jeté un oeil à toutes les nouvelles séries qui ont fleuri sur les chaînes sud-coréennes en ce printemps, je ne serais pas loin de penser que Cinderella's Sister peut être considérée comme l'une des plus prometteuses de la saison.

Certes, il convient de nuancer ce premier jugement : cette introduction peut être trompeuse, car, elle a une fonction de pure exposition, l'épisode nous en apprenant finalement relativement peu sur l'évolution future de la série et sur l'orientation que prendront les storylines. Cependant, il installe une situation de départ à l'atmosphère loin d'être manichéenne et plutôt accrocheuse, où un froid pragmatisme teinté de cynisme et dénué de tout artifice se dispute à la ré-écriture moderne de l'utopie d'un conte de fée, pour un résultat à dimension très humaine.

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Comme le titre du drama l'indique, Cinderella's Sister s'inscrit en référence à une histoire bien connue, celle de Cendrillon. La série entend se réapproprier, de façon assez lointaine et moderne, le mythe de ce conte de fées, en choisissant d'évoquer l'histoire d'une famille recomposée, et plus précisément de suivre la vie de deux jeunes filles, devenues soeurs en raison du rapprochement de leurs parents.

Le premier épisode propose de suivre l'installation de cette situation. Il ne donne pas vraiment de pistes sur le futur développement des intrigues, mais permet d'introduire les différents personnages, dotés de personnalités plutôt tranchées, et nous familiarise avec les enjeux qui entourent ces deux familles qui vont s'unir. Le rôle du hasard et la magie de la coïncidence, particulièrement appréciés des scénaristes des dramas asiatiques, jouent pleinement leur rôle pour nous offrir une suite d'évènements qui va conduire à une rencontre imprévue autant qu'improbable, que rien n'aurait pu laisser présager, mais qui va bouleverser le quotidien de chacun des protagonistes. Une nouvelle fois, nous est proposée une exploitation de la thématique du contraste entre des milieux sociaux presque opposés. Mais cet emprunt au conte de fées moderne, affectionné par nombre de dramas et qui n'a rien d'original, n'est pourtant pas central dans ce pilote : il va parvenir à se distinguer par un aspect plus humain et personnel, avec en filigrane le poids du passé de chacun, dictant leurs comportements présents.

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En effet, ce qui m'a le plus interpelé dans ce premier épisode de Cinderella's Sister, c'est le fait qu'elle présente un récit de vie très humain et fort peu aseptisé, plutôt tranchant dans le paysage téléphagique actuellement proposé en ce printemps 2010. La scène d'ouverture est de ce point de vue très révélatrice : elle s'ouvre chez le compagnon actuel de la mère, Song Kang Sook. Tandis que le couple se dispute en arrière-plan, Song Eun Jo prépare à manger à son "frère" du moment, comme si de rien n'était. Les cris montent, l'intensité se change en danger et, au moment où les coups commencent à voler, comme une goutte d'eau qui fait déborder un vase plus que plein, Eun Jo intervient et décide que "trop c'est trop" et qu'il est temps de changer d'air, entraînant sa mère avec elle.

Il est difficile pour le téléspectateur de ne pas instinctivement s'attacher et s'intéresser à cette héroïne qui fait preuve d'un sens de l'initiative et d'un caractère qui s'impose immédiatement à l'écran : derrière son naturel méfiant et presque sauvage, on devine une adolescente qui a dû trop rapidement grandir et qui, ballotée au gré des errances masculines de sa mère, a dû avoir son lot d'expériences qui vous font perdre toute innocence et vous changent en adulte avant même que vous n'ayez goûté à votre enfance. L'utilisation, avec une parcimonie opportune, d'une voix off afin de nous faire partager les réflexions désabusées de la jeune fille à quelques passage clés, comme lorsqu'elle envisage d'abandonner sa mère dans le train, est particulièrement bien pensée ; absolument pas envahissante, cela permet de souligner et de mieux comprendre ce personnage complexe qui nous est présenté.

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Dans la droite lignée de cet aspect qui souligne une part assez sombre de la nature humaine, force est de constater que ce qui domine ce pilote, ce n'est pas tant l'impression d'une appartenance à la mouvance du conte de fées, mais plutôt un certain pragmatisme, teinté de cynisme, qui paraît gouverner l'ensemble des actions des personnages.

Certes, dans la famille riche - le père, entrepreneur à succès et sa fille -, il y a une plus forte propension aux bons sentiments, auxquels demeure rattachée une forme d'insouciance. Mais les drames de la vie ont également laissé leur trace, avec le décès de la figure féminine et maternelle. A la tristesse suscitée par la perte d'une épouse, d'une mère, a succédé ce besoin de la remplacer, de retrouver une présence réconfortante à leur côté ; et ce, même si cette substitution doit avoir une part d'artifice. La nécessité de retrouver quelqu'un conduit à une forme de déni de réalité. Il est aisé de céder à la facilité, en rencontrant finalement une femme qui renvoie l'image tant recherchée et qui pourrait s'immiscer dans le rôle qu'ils souhaiteraient la voir remplir : offrir un remplacement et apaiser leur chagrin. Peu importe qu'il y aient des arrières-pensées de part et d'autre ; que tout cela puisse paraître précipité. Le pragmatisme l'emporte.

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Si ces mécanismes de survie agissent de façon plus inconsciente dans la famille riche, jouant de manière assez implicite sans que le téléspectateur puisse vraiment distinguer entre la part de calcul et les sentiments spontanés, dans l'autre famille, la volonté de s'en sortir est plus clairement affichée. Il faut dire que l'enjeu n'est pas ici cantonné uniquement à de l'émotionnel. Dans ce drame ponctué d'épreuves que constitue la vie, la fin justifie les moyens. La manipulation, plus ou moins instinctive, est alors élevée au rang d'outil nécessaire dont on ne peut faire l'économie. L'attitude de la mère dans la belle maison, à partir du moment où elle apprend que le chef de famille est veuf, est à ce titre particulièrement révélatrice ; tout comme les réactions épidermiques de sa fille, tellement endurcie qu'elle est bien incapable d'envisager un environnement qui ne soit pas hostile.

Pourtant, il semble y avoir un point commun entre tous ces personnages : un désir de continuer à avancer en dépit des traces laissées par une vie déjà pleine de désillusions. Avec des personnages naviguant entre fausse quête en vue d'une hypothétique rédemption et essai hésitant pour parvenir à faire la paix avec soi-même et avec un passé qui dicte chacune de leurs attitudes présentes, le pilote de Cinderella's Sister laisse entrevoir des pistes de réflexion qui confèrent une dimension profondément humaine à la série.

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Côté casting, l'héroïne est jouée avec beaucoup de fraîcheur et un dynamisme bien dosé par Moon Geun Young, croisée l'an dernier dans The Painter of the Wind. C'est surtout elle qui se détache au cours de ce pilote, marqué par de violentes confrontations avec sa mère interprétée par Lee Mi Sook (Great Inheritance). Kim Gab Soo continue d'étaler son don d'ubiquité pour incarner la figure paternelle ; rien que depuis le début de l'année 2010, vous avez pu le croiser dans le petit écran sud-coréen dans pas moins de trois dramas historiques : Chuno, Jejoongwon et Merchant Kim Man Deok. See Woo (Tempted Again) incarne sa fille, affichant pour le moment une innocence émotionnelle presque déstabilisante tant elle est excessive. Du côté des rôles masculins principaux, seul Chun Jung Myun (What's Up Fox?) est introduit dans ce pilote, personnage encore en retrait, un brin effacé. Taecyeon (plus connu des amateurs de Kpop, en tant que membre du groupe 2PM) devrait débarquer par la suite pour son premier drama.

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Bilan : Ré-écriture d'un conte dont elle égare la féérie pour en garder un portrait cynique, finalement très moderne, Cinderella's Sister propose un pilote prometteur, à l'écriture plutôt tranchante. S'il est trop tôt pour savoir de quoi le futur de la série sera fait, ce premier épisode réussit à capter l'attention du téléspectateur qui, tout en s'interrogeant sur la pérennité de cette famille promptement recomposée, se demande si les blessures de la vie que chacun arbore déjà jusqu'au plus profond de son être pourront guérir. La portée profondément humain de ce premier épisode dévoile un potentiel dramatique, mais aussi initiatique, intéressant. A suivre !


NOTE : 7/10


Une bande-annonce de la série :

07/04/2010

(K-Drama / Pilote) Oh! My Lady : la plongée d'une ahjumma dans le showbizz


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Cette première note inaugurant le "mercredi asiatique" offre l'occasion de poursuivre la découverte des dernières nouveautés sud-coréennes. J'avoue que pour le moment, je n'ai toujours pas croisé de séries printanières me donnant envie de m'investir dedans. Certes, vous me direz, ce n'est pas forcément une mauvaise chose : que je finisse déjà toutes les séries de janvier ! Même si je pense que je garderai une place parmi les pilotes, au cours des prochaines semaines, pour vous parler de Personal Taste et de Cinderella's Sister, deux dramas qui figurent sur ma liste de tests à venir, il sera aussi bientôt temps d'attaquer les bilans d'ensemble des Chuno et autres The Woman Who Still Wants To Marry (ainsi que des séries plus anciennes pour lesquelles j'arrive au bout comme City Hall).

En attendant de trouver un peu de place et d'énergie pour tous ces projets, la review du jour sera relativement modeste, à l'image de la nouveauté découverte : Oh! My Lady. Cette comédie romantique a débuté depuis le 22 mars 2010 sur la chaîne SBS.

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Oh! My Lady s'inscrit dans le schéma très classique de nombre de séries sud-coréennes, avec l'utilisation de la thématique de la rencontre entre deux personnes de milieux très différents. En l'occurrence, le clash ici mis en scène est celui des préoccupations d'une ahjumma sans emploi stable avec le monde des paillettes artificielles du showbizz.

Yoon Gae Hwa, une jeune mère divorcée, parvient difficilement à joindre les deux bouts, cumulant les petits jobs à la manière d'une intérimaire. Au cours du premier épisode, se faisant expulser de leur appartement, elle se voit d'ailleurs contrainte de confier sa fille au père de celle-ci. A l'opposé, Sung Min Woo est un jeune acteur/top-model qui est au sommet de sa popularité. Sans autre réel talent qu'une gueule d'ange et des pectoraux qu'il est prompt à exhiber, il fait le désespoir des réalisateurs de dramas dans lesquels il joue (ou du moins, "essaye" devant la caméra), mais le bonheur des hordes de midinettes fanatiques qui le suivent. Doté d'un mauvais caractère, arrogant mais aussi pas forcément très débrouillard, il va rencontrer l'héroïne lorsque celle-ci est engagée comme femme de ménage dans son bel appartement de luxe.

Si le premier contact entre les deux jeunes gens, ayant chacun leurs soucis et un tempérament un brin emporté, se passe évidemment de façon la plus explosive (et futile) qui soit, ce n'est que le début d'un enchaînement de circonstances qui ne va pas cesser de les faire se croiser. Yoon Gae Hwa va être engagée par une agence qui veut monter une production musicale avec Sung Min Woo à l'affiche, afin d'attirer les sponsors pour financer le projet. Dans le même temps, la vie égoïste de l'acteur va être bouleversée par l'arrivée d'une petite fille, dont il n'a jamais entendu parler, mais qui est présentée dans la note qui l'accompagne comme sa fille.

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Oh! My Lady opte rapidement pour un traitement très léger de ses intrigues, avec un recours important aux codes scénaristiques du soap. Les relations entre les personnages se situent au coeur de la série, les histoires apparaissant souvent plus comme un prétexte pour leur offrir l'occasion d'intéragir et de s'opposer. Les deux premiers épisodes jouent sur un registre très excessif, où la comédie tente d'imposer ses droits avec plus ou moins de succès. Il faut avouer que l'originalité n'est pas le maître mot des scénaristes qui restent prudemment sur un sentier trop balisé et se contentent de recourir à des comiques de situation ou à des pseudos gags tellement de fois déjà mis en scène par le passé, qu'ils prêtent difficilement à sourire. Ajoutons à cela un manque de subtilité et un art pour souligner l'évidence qui alourdit un peu l'ensemble ; et vous comprendrez pourquoi Oh! My Lady m'a laissé un peu de glace.

Pourtant, il serait injuste de dire que la série n'est pas plaisante à suivre à certains niveaux. Cela est du en grande partie à la fraîcheur et à l'énergie qui transcende son héroïne, juste parfaite pour trouver le savant mélange entre un caractère appliqué et droit, et ce petit soupçon de désespoir face à sa situation financière qui révèle une personnalité plus décidée et moins naïve que l'image qu'elle renvoie a priori. C'est de cette petite dualité piquante, qui se développe au fil des deux premiers épisodes et qui se couple au capital sympathie dont le personnage bénéficie rapidement auprès du téléspectateur, que peut venir le salut d'un drama qui reste trop timorée pour s'imposer véritablement dans ce registre de la comédie.

En dépit d'un visionnage pas déplaisant, il manque donc à Oh! My Lady un brin de folie, une réelle spontanéité dans l'écriture, qui aurait permis d'éviter l'écueil d'une narration trop plate pour être vraiment accrocheuse.

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Cette même impression de superficialité un peu vaine se retrouve également dans la forme. La bande-son avec ses musiques pseudo-entraînantes, censées souligner le côté clinquant de l'histoire, ne marque pas, révélant surtout une futilité oubliable. La réalisation se révèle aussi des plus classiques, sans la moindre prise de risque.

Enfin, du côté du casting, les acteurs semblent avoir pleinement intégrés leurs personnages, en bons comme en mauvais côtés. Si cela est sans doute en partie lié à l'écriture-même des individus qu'ils doivent interpréter, je pense que leurs prestations n'est pas étrangère non plus à l'image que renvoient les différents protagonistes. Ainsi, Chae Rim (Dal Ja's Spring) se révèle profondément attachante, parvenant à alterner les différentes attitudes avec beaucoup de spontanéité, tour à tour déterminée, effacée ou bien espiègle, elle insuffle une vie et un dynamisme à son personnage qui rend Yoon Gae Hwa très sympathique. J'oserai dire qu'elle supporte plus ou moins l'ensemble du drama sur ses épaules. A l'opposé, le jeu de Choi Si Won (croisé dans Spring Waltz) semble se réduire à une sorte de reflet des propres faiblesses de Sung Min Woo : une gueule d'ange, mais des expressions assez monolithiques qui ne laissent au personnage qu'un seul registre d'expression et lassent assez vite le téléspectateur. L'alchimie ne prend pas instantanément entre ce duo principal ; peut-être faut-il leur laisser plus de temps.

Mais pour le moment, cela donne un côté assez déséquilibré à l'ensemble, avec l'impression d'être devant une série un peu trop à sens unique en l'honneur d'un seul personnage qui tire vraiment son épingle du jeu. D'autant qu'au bout de seulement deux épisodes, les autres membres du casting n'ont pas encore eu trop le temps de s'installer, à l'image de Lee Hyun Woo (Dal Ja's Spring), le producteur qui souhaite engager Sung Min Woo pour une oeuvre musicale, et qui reste en retrait, un peu figé dans les décors.

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Bilan : Les débuts de Oh! My Lady ne sont pas déplaisants à suivre : plutôt rythmés, concentrant rapidement un petit capital sympathie intéressant, l'histoire s'installe sans perdre de temps. Seulement le drama ne propose rien de neuf : les ficelles scénaristiques utilisées, tellement usées, n'encouragent pas le téléspectateur à s'investir dans une série pourtant ni mal écrite, ni mal jouée (grâce à l'héroïne), mais qui, simplement, n'a aucune autre ambition que d'offrir une énième déclinaison de la comédie romantique sud-coréenne. Ce n'est pas mauvais, ni désagréable à suivre, même si cela manque singulièrement d'un brin de folie et de spontanéité qui auraient permis à la série d'exploiter pleinement sa volonté de faire dans le comique.

Un peu trop plate mais plutôt sympathique, elle reste cependant sans réelle ambition : voilà donc résumée mon impression des deux premiers épisodes de Oh! My Lady. Ce n'est sans doute pas suffisant pour que je poursuive plus loin ma découverte.


NOTE : 4,75/10


Une bande-annonce de la série :


28/03/2010

(K-Drama / Pilote) Harvest Villa : cocktail détonnant de genres très différents


Mine de rien, ce blog commence à contenir un certain nombre de "tests de pilotes" de séries coréennes ! Et vu la nouvelle vague de nouveautés en train d'arriver avec le printemps, la tendance ne va sans doute pas aller en diminuant. Car, le cercle est pernicieux : la curiosité nourrit la curiosité. Je crois avoir trouvé mes marques dans ce nouveau paysage téléphagique. J'ai intégré la Corée du Sud dans mes habitudes téléphagiques quotidiennes : sélection des sites d'intérêt, inauguration d'une page de flux rss sur mon reader, réflexe de la consulter plusieurs fois par jour... Bref, un fonctionnement sériephile des plus classiques.
Si bien que je suis en train de réfléchir à une réorganisation de la catégorie "Séries asiatiques" : peut-être opérer une distinction, à l'image des séries des autres nationalités, entre les reviews des pilotes et les critiques d'ensemble de séries. Vu que la rubrique commence à être assez remplie, cela permettrait à chacun de s'y retrouver plus facilement.

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Toujours plongée dans les nouveaux dramas ayant débuté au cours de ce mois de mars, ma  découverte de la semaine fut assez étonnante ; je n'ai toujours pas réussi à bien la cerner après le visionnage des deux premiers épisodes. Présentée de façon assez intrigante comme un drama alliant suspense et comédie, le tout saupoudré d'un zeste de drama, Harvest Villa paraissait proposer un mélange des genres potentiellement intéressant, ou du moins assez original pour susciter la curiosité de la téléspectatrice que je suis. Ayant débuté le 5 mars 2010 sur la chaîne câblée sud-coréenne tvN, elle devrait normalement comporter un total de 16 à 20 épisodes.

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La volonté de Harvest Villa apparaît d'emblée de se positionner à un croisement des genres, cherchant à prendre en défaut l'attente du téléspectateur, tout en s'appropriant des ficelles de genres très différents, tellement classiques que l'on pourrait les qualifier de clichés. Cette envie d'impulser une certaine folie se remarque dès la construction, un peu hâchée et brouillonne, du pilote. Ce dernier s'ouvre en effet sur une scène digne d'un drame à suspense : dans une ambiance nocturne et angoissante, alors qu'une tempête fait rage dehors, un meurtre est en train de se commettre. Voulant manifestement obtenir quelque chose de leur victime, trois individus anonymes, encapuchonés, poursuivent et font tomber un vieil homme du toit d'un immeuble, sous les yeux effarés d'un alcoolique, habitant le bâtiment, qui en perd la raison. Le bref aperçu des autres occupants, dans leurs appartements, n'est pas fait pour rassurer le téléspectateur, instantanément intrigué par ce qui se joue sous ses yeux, qu'il ne peut comprendre pour le moment. Une brève scène policière nous indique ensuite que les autorités concluent à un suicide, classant ainsi rapidement l'affaire.

Après cette entrée en matière qui prend à rebours le téléspectateur par la tension et l'ambiance inquiétante distillées dans l'immeuble où le drame s'est produit, l'épisode enchaîne sans la moindre transition sur des scènes tout droit sorties de la plus classique et fleur bleue des comédies romantiques sud-coréennes. Elles vont nous permettre de présenter le fils de la victime dont nous venons d'assister à la mort et qui est le personnage principal de la série. Ici, la série empile les poncifs du genre : coup de foudre à l'égard de la jolie voisine qui vient de s'installer, tentatives de flirt calamiteuse et pseudo-rebondissements, aux ficelles énormes. Cela cherche à être drôle, sans vraiment y réussir. Ou plutôt est-ce une mise en application de la maxime selon laquelle, plus c'est énorme, plus cela peut passer auprès du téléspectateur.

Cette collision des genres peut quelque peu déstabiliser. Reste que ce traitement finalement un peu par l'absurde, en accumulant les stéréotypes, n'éclipse cependant pas complètement le fil rouge que va constituer le meurtre du départ. Car le fils hérite de la propriété de son père, sous la condition de devoir aller y habiter jusqu'à ses 32 ans, qui interviendront dans quelques mois. Mais il est probable que ce qui lui paraît comme être une brève parenthèse l'amènera à creuser ce mystère qui entoure le bâtiment et le soi-disant suicide de son père, qu'il n'avait pas revu depuis des années.

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Le concept clé de Harvest Villa a priori était donc une envie de mêler plusieurs genres très différents. Rester à déterminer quel cocktail tous ces ingrédients allaient produire. En effet, si cette initiative peut apporter un peu de sang neuf à ces concepts, cela pouvait aussi se révéler une ambition potentiellement glissante et déboucher sur un étrange hybride improbable à la narration pas très équilibrée. Le début du drama le place en fait entre ces deux résultats extrêmes. Car c'est au final un bien étrange alliage, assez étonnant, qui ressort de tout cela. Pas désagréable à suivre, mais assez désarçonnant quand même. On obtient une alternance de scènes très diverses, qui empruntent aux stéréotypes des fictions coréennes pour chacun des genres vers lesquelles elles sont censées tendre, le tout s'enchaînant sans la moindre transition. Ainsi, à un passage digne de la plus traditionnelle des comédies romantiques, succède une scène tout droit sortie d'un policier sombre. Cette versatilité dans la tonalité, qui s'opère de façon très rapide, fait qu'il est assez difficile de cerner immédiatement où est-ce que l'on a mis les pieds. Initialement, cela peut laisser quelque peu perplexe le téléspectateur qui est assailli de mille et une interrogations : Où les scénaristes veulent-ils en venir ? Quelle ambiance cherchent-ils vraiment à créer ? Qu'est-ce que c'est que cet O.T.N.I. (object télévisuel non identifié) ?

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Cet emprunt assumé à tous les poncifs des différents genres, presque opposés, parvient, au cours du deuxième épisode, à se stabiliser un peu. Ou du moins le téléspectateur commence-t-il à s'y habituer. Romance, comédie, policier, suspense, presque action... Tout y est. On retrouve même parfois ce mélange au sein d'une seule scène, ou alors c'est la storyline dont elles dépendent qui donne le ton. Une chose est sûre, la série, avec ses clins d'oeil et cette volonté de jouer sur ces clichés, ne se visionne pas au premier degré. Même les instants qui ne sont pas estampillés "comédie", par leur présentation très over-the-top, se regardent avec une nécessaire prise de distance salvatrice. Finalement, Harvest Villa semble être une série cherchant volontairement à provoquer un cocktail détonnant, souhaitant avant tout divertir et encourageant le téléspectateur à s'amuser face aux rebondissements improbables et autres storylines qui s'ajoutent à l'intrigue principale. Car, en dépit de l'impression de beaucoup de disperser, il y a effectivement un fil rouge conservé, à la connotation plus mystérieuse, mais qui, pour le moment, soulève des questions un peu abstraites sur l'imbrication réelle de tous les personnages. Au fond, la déstabilisation initiale du téléspectateur paraît voulue afin de l'encourager à se prendre au jeu.

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En ce qui concerne l'atmosphère globale de la série, en marge d'une réalisation classique qui n'hésite pas à jouer dans le burlesque des comédies asiatiques, le petit plus réside dans la musique. La bande-son est agrémentée par tout un tas de morceaux bien rythmés et très décalés, qui jouent volontairement sur leur caractère entraînant pour accentuer l'impression que nous sommes dans un étrange mélange des genres assez improbable. Le choix se révèle donc plutôt opportun, fidèle à l'image recherchée par le drama.

Du côté des acteurs, Lee Bo Young semble être dotée d'un don d'ubiquité en ce printemps 2010, puisqu'en plus d'assurer le lead-in féminin dans The Birth of The Rich, elle incarne également l'intérêt romantique potentiel dans Harvest Villa. Le héros est interprété par Shin Ha Kyun, que je connaissais pas, mais qui revient aux dramas après une longue période d'absence. Baek Yoon Shik (Hero) joue le plus inquiétant des habitants de l'immeuble, au métier assez particulier. La série bénéficie d'une galerie de personnages très riches, parmi lesquels on retrouve un certain nombre de têtes familières : Kim Chang Wan (Queen of Housewives), Jo Mi Ryung (que vous pouvez croiser actuellement dans Life is beautiful), Kwon Byung Gil ou encore la rafraîchissant Kang Byul (Creating Destiny).

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Bilan : Les débuts de Harvest Villa révèlent donc un certain potentiel, sans pour autant pleinement concrétiser l'essai. Si l'on perçoit bien la volonté de mixer les genres de façon assez détonnante et d'imposer une prise de distance qui peut se révéler sympathique si le téléspectateur joue le jeu, le drama butte sur un certain manque d'homogénéité qualitative que le temps et l'installation claires des intrigues pourront peut-être corriger.


NOTE : 5/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série (avec la petite musique entraînante récurrente, façon folklore russe) :