Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/08/2013

(K-Drama / Pilote) Two Weeks : compte à rebours impitoyable aux portes du mélodrame

 
twoweeks0_zpsb6103c16.jpg

En ce mercredi asiatique, retour en Corée du Sud, où une vague de nouveautés est arrivée ces dernières semaines. Depuis le printemps, vous avez dû remarquer que j'ai souvent jeté mon dévolu sur des séries sud-coréennes riches en tensions et/ou en actions (Empire of Gold, Cruel City, Shark... et même The End of the world ou The Virus), plutôt que sur des fictions légères. Chaque téléspectateur a ses affinités d'un jour et ses humeurs. Ceci dit, la lassitude commençant à pointer, je m'étais promis de rediversifier un peu mes visionnages... Mais, en attendant, j'ai été incapable de résister à tester Two Weeks, en guise de première nouveauté d'août. La diversification, ce sera pour le mois prochain !

Two Weeks est diffusé sur MBC depuis le 7 août 2013, les mercredi et jeudi soirs. Derrière ce drama promis d'être un thriller teinté de mélodrame, on retrouve à l'écriture So Hyun Kyung (Shining Inheritance, Prosecutor Princess, 49 Days) qui s'essaie donc cette fois au registre du suspense, tandis que la réalisation a été confiée à Son Hyung Suk (Personal Preference). Côté casting, le drama devrait s'assurer une certaine visibilité avec la présence de Lee Jun Ki. Sur le papier, Two Weeks laissait entrevoir des promesses, mais aussi certaines réserves au vu du projet annoncé. Et je dois dire que les trois premiers épisodes ne m'ont pas pleinement convaincu...

[Cette review a été rédigée après les trois premiers épisodes.]

 twoweeksb_zps947432e2.jpg

Jang Tae San est un petit escroc, obnubilé par les femmes et les jeux d'argent, qui vit au jour le jour et sans assumer la moindre responsabilité. Pas particulièrement apprécié dans son milieu, il ne se préoccupe guère de l'opinion des autres. Sa perspective change le jour où une ancienne petite amie, Seo In Hye, vient le voir sur son lieu de travail. Ils se sont séparés de manière très douloureuse il y a plus de huit ans, Tae San la pressant alors d'avorter de l'enfant qu'elle attendait. In Hye n'a cependant pas fait ce qu'il réclamait : elle a eu, et élevé seule, une petite fille, Soo Jin.

Désormais fiancée, In Hye aurait tout pour être heureuse. Malheureusement, sa fille est atteinte de leucémie : sans donneur, elle est condamnée. Elle vient demander à Tae San de passer les examens permettant de déterminer s'il peut être un donneur compatible : il est son dernier espoir pour sauver Soo Jin. Après avoir hésité, le jeune homme accepte de se rendre à l'hôpital. Les résultats sont positifs, et l'opération est fixée dans 14 jours. L'échéance commence pour préparer médicalement la petite fille, sans retour en arrière-possible si le donneur fait faux bond. Or Tae San est piégé par un dirigeant de la pègre locale : il est arrêté par la police sur les lieux d'un meurtre et accusé du crime qu'il n'a pourtant pas commis.

Échappant aux autorités, il a deux semaines pour rester en vie et sauver sa fille, avec la police, mais aussi des tueurs, lancés à ses trousses.

twoweeksa_zpsff02575a.jpg

Two Weeks connaît les classiques du petit écran de son pays : de la leucémie au thème de la corruption des élites, les ressorts sont familiers et le téléspectateur ne doute pas un seul instant être installé devant un drama sud-coréen. Au point de sonner par moment très "déjà vu" et de frustrer quelque peu par manque d'innovation. Le concept de départ pose cependant un mélange intriguant et prometteur, permettant de jouer sur plusieurs tableaux en oscillant entre émotion dramatique et thriller à suspense. Tout l'enjeu va être de parvenir à trouver le bon dosage et de marier ces tonalités. Sur ce point, les premiers épisodes sont corrects, même si l'écriture laisse entrevoir ses limites.

Le grand atout du drama, ce qui renforce la curiosité d'un téléspectateur qui mettrait un peu de temps à s'acclimater, est qu'il s'agit d'une histoire construite comme un compte-à-rebours, avec l'opération programmée pour sauver la fille de Tae San en guise d'échéance. Les objectifs sont donc clairement définis, on sait où l'on va : l'enjeu est, pour Tae San, d'arriver en vie (et si possible libre) au terme du récit. Le tout s'anime suivant un rythme narratif régulier, sans précipitation artificielle, même si le drama tire parfois un peu trop sur la corde en gagnant du temps face à certains développements, ce qui cause quelques longueurs.

twoweeksj_zps1f254860.jpg

A partir de ce cadre, Two Weeks dispose d'un autre atout d'importance : le personnage de Tae San. Représentant l'anti-héros par excellence et toute l'ambivalence qui s'y rattache, il s'est enfermé dans une spirale sans lendemain, jouant les irresponsables et les gigolos d'un soir. Traité avec mépris par ceux qui l'entourent, il a parfaitement conscience de sa situation et n'est pas loin de partager leur opinion. L'arrivée de son ex-amie, la découverte de sa paternité et, surtout, pour la première fois, la possibilité qui lui est offerte de réaliser une action qui compte, changent soudain la donne. Alors qu'il avait baissé les bras, c'est une voie possible de rédemption qui lui est ouverte. Ne laissant pas indifférent, il implique le téléspectateur dans cette quête hésitante vers le rachat.

Malheureusement, Tae San est isolé : les autres personnages sont moins soignés, avec un problème au niveau des figures féminines unidimensionnelles et souvent faibles. Plus qu'In Hye, lisse et passive, dans un rôle pour l'instant limité, c'est la procureure Park Jae Kyung qui signe l'entrée la moins convaincante. Alors que son personnage a un fort potentiel - elle est la seule parmi les autorités à pouvoir comprendre ce qui s'est passé -, elle se révèle inconsistante et vaguement hystérique. Cette inégalité générale de traitement est assez frustrante, car si le drama repose à juste titre sur les épaules de Tae San, il se retrouve déséquilibré par l'absence de pendant à cette figure centrale.

twoweekse_zps0b416268.jpg

Sur la forme, Two Weeks déçoit un peu : sa réalisation moyenne, et assez générique, ne parvient pas à insuffler le souffle dramatique que l'histoire devrait pouvoir générer. Si le réalisateur amuse par quelques clins d’œil cinématographiques (en incluant des images de films comme Le Fugitif), les effets de style tentés tombent souvent à plat. La bande-son n'est pas non plus particulièrement marquante, à part quelques fulgurances : elle est un arrière-plan sonore pas toujours bien utilisé, alors même que la chanson principale de l'OST est correcte (cf. la deuxième vidéo ci-dessous).

Enfin, Two Weeks rassemble un casting qui m'est a priori sympathique, mais qui souffre un peu des limites de l'écriture et de la mise en scène. Une question de réglage au démarrage peut-être. Lee Jun Ki (Time between Dog and Wolf, Iljimae, Arang and the Magistrate) entraîne sans difficulté le téléspectateur dans les dilemmes de son personnage sombre pour lequel le téléspectateur cherche et espère instinctivement une voie vers la rédemption. Park Ha Sun (Dong Yi) évolue pour le moment dans un rôle larmoyant assez limité de mère inquiète pour son enfant, épaulée par Ryu Soo Young (Ojagkyo Brothers, The Lawyer of the Great Republic Korea), à la fois policier et futur beau-père. Mais celle qui m'a le moins convaincu est Kim So Yeon (IRIS, Prosecutor Princess, Doctor Champ). J'écris cela avec regret car je l'apprécie, mais les excès de son personnage n'ont pas posé une assise crédible à une figure pourtant prometteuse. L'actrice sur-joue trop et rate le coche. Quant aux opposants, si Kim Hye Ok s'impose en politicienne retorse cachant bien son jeu, Jo Min Ki est bien transparent pour devenir un méchant d'envergure.

twoweeksm_zps4406a4f8.jpg

Bilan : Empruntant des ingrédients narratifs éprouvés du thriller comme du mélodrame, Two Weeks a pour lui un concept efficace, avec un vrai potentiel. Le drama peut en plus s'appuyer sur une figure centrale convaincante, anti-héros ambivalent dont le téléspectateur va guetter l'éventuel rachat. Cependant, l'écriture assez balisée laisse entrevoir des limites dès ces premiers épisodes. Plus problématiques, les personnages féminins déséquilibrent pour le moment le récit. La réalisation n'a pas non plus l'apport attendu dans ce type de fiction qui prêtant mêler tension et émotion. Two Weeks signe donc une introduction en demie teinte, et je ne suis pas certaine de me prendre au jeu longtemps si elle ne corrige pas certains aspects.


NOTE : 5,75/10


Une bande-annonce du drama :

Une chanson de l'OST :

13/10/2010

(K-Drama / Pilote) Doctor Champ : une partition classique étonnamment rafraîchissante

doctorchamp.jpg

Il devait être écrit que je ne quitterais pas immédiatement les rêves olympiques et les ambitions dorées londoniennes. Après GOLD la semaine dernière, c'est un drama, de facture plus classique mais assûrement attachant, qui va être le sujet du mercredi asiatique de la semaine. Qu'on se le dise, l'Asie prépare assidûment les prochains Jeux Olympiques. Télévisuellement du moins.

Ce que j'aime par dessus tout dans la téléphagie, ce sont les surprises. Les séries attendues qui nous plaisent, on se situe dans un certain ordre des choses. Les surprises qui nous font passer une agréable fin de soirée devant notre petit écran, alors que l'on ne l'avait pas prévu pas, en revanche, voilà un peu de piment fort attrayant. Car ce ne sont pas toujours les séries dont on parle le plus a priori qui vont retenir finalement notre attention à plus long terme. La dernière semaine de septembre en est une parfaite illustration. Le buzz médiatique conduisait logiquement à surveiller Fugitive : Plan B sur KBS2, série navigant (ou s'embrouillant) entre action et second degré comique. Or, deux jours plus tôt, c'est une série dont j'ai visionné le pilote un peu par hasard, sans attente particulière, Doctor Champ, qui présentait un premier épisode autrement plus convaincant.

Si ma conscience téléphagique m'avait conduit devant Doctor Champ, c'est sans doute en partie pour Kim So Yeon, qui avait été une de mes bonnes surprises d'IRIS, pour laquelle j'avoue garder une certaine affection, même si Prosecutor Princess eut du mal à me convaincre au printemps dernier. Ayant débuté le 27 septembre 2010 sur SBS, c'est sur des bases plus attrayantes et sympathiques qu'est parti Doctor Champ, dans un registre assez familier où se mêlent sport & relationnel.

drchampc.jpg

Tout débute logiquement par de grands bouleversements dans la vie de chacun des protagonistes, qui vont les conduire, pour des raisons et par des chemins divers, au fameux Taereung National Village, le centre d'entraînement olympique sud-coréen.

Ambitieuse et pleine de certitudes, Kim Yeon Woo avait une vie parfaite, épanouie professionnellement comme sur le plan personnel. Brillante interne qui venait de réussir l'examen la qualifiant et lui ouvrant les portes d'un prestigieux hôpital jusqu'à cet éventuel poste de professeur qu'elle convoitait. elle sortait également avec un de ses collègues dans une relation qui lui semblait sérieuse. Mais, du jour au lendemain, un choix difficile qu'elle va avoir le courage d'assumer jusqu'au bout va briser ce cadre idyllique. Son mentor, médecin respecté, commet une erreur dans la salle d'opération qui entraîne la paralysie de la patiente. Refusant l'omerta implicite, puis explicite, qui lui est suggérée, Yeon Woo ne falsifie pas son rapport officiel et formule des accusations. Du jour au lendemain, devenue "traître", elle perd travail, petit ami et toute réputation. Un suicide de carrière en bonne et due forme.

drchampd.jpg

Dans ce cycle sans fin des mauvaises nouvelles, à la suite de divers incidents, elle fait la rencontre d'un sportif s'entraînant en vue des sélections nationales, Park Ji Heon. Judoka qui s'est remis à la compétition à la suite de la mort de son frère - évènement tragique sur lequel peu de renseignements nous sont donnés -, le jeune homme s'est promis, ainsi qu'à son neveu, d'atteindre la médaille d'or aux prochaines Jeux Olympiques. Mais si sa motivation ne fait aucun doute, son intégration au sein de l'équipe nationale de judoka pourra-t-elle se faire sans remous, lui qui n'est plus un débutant, arrivant à un âge où beaucoup ont déjà leur carrière derrière eux ?

Parallèlement, toute la direction médicale du centre d'entraînement olympique est bouleversée suite à un drame en compétition qui remet en cause le suivi des athlètes. C'est vers un médecin réputé, qui a déjà eu des résultats très probants, mais à l'égo et au caractère difficilement gérables que les instances sportives se tournent, Lee Do Wook. Décidé à compléter son staff, il formule une offre d'emploi, qui intervient alors que Yeon Woo est à bout, atteinte moralement devant les rejets en cascades de toutes ses candidatures dans les hôpitaux où elle postule. Le centre d'entraînement pourra-t-il constituer un nouveau départ pour tous ?

drchampf.jpg

Derrière ses allures de comédie romantique & sportive, qui investit sans détour un créneau finalement très familier, ce qui prend le téléspectateur quelque peu au dépourvu, le surprenant agréablement, c'est cette impression diffuse de fraîcheur qui émane de la série. Un caractère rafraîchissant qui ne réside pas dans une quelconque originalité, mais plutôt dans une sobriété d'ensemble habilement mise en scène et une capacité certaine à s'approprier des ingrédients simples qui demeurent des valeurs sûres du genre. Car si l'histoire en elle-même reprend des thématiques connues, avec une gestion du relationnel typiquement sud-coréennes, elle a le mérite de parler instantanément au téléspectateur. Bénéficiant d'un rythme dynamique et consistant, sans temps mort, Doctor Champ ne sort aucunement des sentiers balisés, mais se rélève, par la manière dont elle se réapproprie ces codes, des plus agréables à suivre. "Sympathique" est ainsi le premier qualificatif qui vient à l'esprit pour l'évoquer.

Ce ressenti est conforté par la perception que ses personnages offrent. En effet, dans la droite lignée de la narration globale, c'est avec une certaine retenue, sans trop en faire, que la série installe ses protagonistes. Si les stéréotypes ne sont jamais loin, chacun s'avère rapidement attachant. Certes, Yeon Woo dispose d'un sacré caractère et son traitement des autres internes, au début, ne manque pas de cette pointe d'immaturité pleine d'énergie, propre aux débuts des héroïnes de k-dramas. Pour autant, ces quelques poncifs de départ sont vite balayés par les évènements, la jeune femme se heurtant à un principe de réalité des plus cruels pour tenter de faire rebondir sa carrière. Si bien qu'au final, c'est une intéressante homogénéité qui caractérise la dimension humaine de Doctor Champ, conférant à l'ensemble une attractivité indéniable. Si tout demeure à concrétiser, on sent poindre derrière ces premières esquisses un potentiel réel pour la mise en scène future de relations compliquées mais attendrissantes, chargées d'une vitalité communicative. Pourquoi ne pas se prendre au jeu ?  

drchampk.jpg

Classique sur le fond, la série reste également scolaire sur la forme qui s'avère sans prise de risque particulière. Elle délivre une réalisation qui remplit le cahier des charges, des couleurs chatoyantes, et, dès le premier épisode, une jolie scène de lâchés de lanternes dans la nuit qui permet quelques plans paysage-sques des plus agréables. Il n'y a donc, somme toute, guère à redire, ni à souligner, par rapport à cet aspect. La bande-son n'est pas déplaisante à suivre, d'autant que cela s'est traduit de mon côté par un gros coup de coeur pour une des chansons utilisées en fond sonore, des plus entraînantes (My way, de Wheesung). Un accompagnement musical donc plutôt réussi.

Enfin, du côté du casting, si aucun acteur ne se démarque vraiment par son jeu dès ces deux premiers épisodes, chacun remplit son rôle et aucun ne dépareille dans l'ensemble. Je vous ai déjà dit toute la tendresse que je conserve à l'égard de Kim So Yeon (IRIS) ; cela m'a donc fait plaisir de la retrouver dans un rôle plus posé et beaucoup moins crispant que les débuts éprouvants de Prosecutor Princess. A ses côtés, Jung Gyu Woon (Loving you a thousand times) a la carrure parfaite pour jouer les sportifs confirmés, le jeu d'acteur viendra en appoint s'il s'avère nécessaire. Uhm Tae Woon (Queen Seon Deok, The Devil) s'immisce sans peine dans le rôle de ce responsable médical caractériel, qui se remet toujours difficilement d'une blessure qui l'a laissé éclopé. Enfin, ce trio est complété par Cha Ye Ryun (Invicible Lee Pyung Kang) qu'on a peu l'occasion de croiser dès ces débuts.

drchampa.jpg

Bilan : Si Doctor Champ s'approprie des ingrédients des plus classiques, la série esquisse un mélange pas inintéressant, mais surtout étonnamment rafraîchissant, mêlant des thématiques traditionnelles d'accomplissement professionnel et personnel, avec le duo amour & sport qui sert de toile de fond. Dotée de personnages attachants, d'une narration rythmée et relativement sobre qui s'avère plaisante à suivre, le téléspectateur se surprend à passer un agréable moment devant son petit écran.

Ces deux premiers épisodes proposent donc une fiction sympathique, à laquelle il est facile de s'attacher. Sans s'imposer comme une indispensable, le potentiel semble là pour construire un relationnel des plus attendrissants ; ce qui n'est déjà pas si mal. Seul l'avenir nous dira si la série a été capable de concrétiser les promesses ainsi posées.


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :

Fall in love with you, par Bobby Kim

28/04/2010

(K-Drama / Pilote) Prosecutor Princess : apprentissage de la vie pour héroïne pourrie-gâtée



prosecutorprincessposter.jpg

Dernière protagoniste de la confrontation des mercredi et jeudi soir en Corée du Sud, diffusée sur SBS depuis le 31 mars 2010, Prosecutor Princess est la série qui souffre le plus de la concurrence directe de Cinderella's Sister et de Personal Preference, peinant à dépasser les 10% de part d'audience (même si elle est en constante progression chaque semaine). Mais comme je vous l'avais confié il y a 15 jours, lorsque nous avions entamé la découverte de cette case horaire très concurrentielle en ce printemps, je suis, pour une fois, plutôt en accord avec les téléspectateurs coréens. Cinderella's Sister bénéficiait d'un début accrocheur, Personal Preference laissait entrevoir un certain potentiel, mais Prosecutor Princess démarre avec un pilote poussif, qui ne donne pas forcément envie de laisser une chance à la suite.

prosecutorprincessposter2.jpg

Ne vous laissez pas abuser par l'intitulé de ce drama, en dépit d'une référence directe à l'univers judiciaire, le mot clé du nom anglais est incontestablement "princess", le "prosecutor" servant pour le moment avant tout de titre clinquant permettant de raccrocher l'héroïne à une parcelle de "vraie vie" dans son univers de mode déconnecté. En effet, Ma Hye Ri vient tout juste de finir son école et d'être nommée procureur. Cependant, la première chose qu'elle décide de faire, une fois la cérémonie terminée, est de s'éclipser, écourtant les formalités, pour foncer dans une station de ski où doit avoir lieu la vente aux enchères d'une ligne d'accessoires Grace Kelly, parmi lesquels elle rêve d'acheter une paire de chaussures. Si le pilote passe sans doute plus de temps qu'il est nécessaire dans cet hôtel de luxe, il ne pourrait en tout cas plus insister sur l'ordre des priorités dans l'univers de Ma Hye Ri. Obsédée de mode, frivole, la jeune femme accumule les clichés, tout en faisant preuve d'un caractère très têtu et d'une certaine ingéniosité lorsqu'il s'agit d'obtenir ce qu'elle veut.

Logiquement, le téléspectateur devine l'enjeu initiatique qui va probablement progressivement se mettre en place et sous-tendre la série. L'objectif de Prosecutor Princess sera de transformer cette héroïne pourrie-gâtée en procureur digne de sa fonction. Autant dire qu'il y a du travail. Le pilote s'attache surtut à nous présenter le personnage de Ma Hye Ri en forçant les traits. Superficielle jusqu'à l'excès, la jeune femme semble vivre dans un cocon, complètement déconnecté du monde réel. Et lorsqu'il s'agit de remplir la mission qui est attendue d'elle dans le cadre de son métier, sa conception de celui-ci se révèle également très personnelle. Tandis que la constitution lui sert à protéger son "droit fondamental" à porter des mini-jupes, elle fait prendre un tout nouveau sens au concept de "peines automatiques", ne songeant pas un instant à apprécier la situation personnelle du délinquant comparaissant devant elle et à individualiser la peine qu'elle va lui appliquer. Le contraire de l'idéal d'une justice humaine et proche des justiciables en somme.

prosecutorprincess1.jpg

Pour bien souligner le caractère très atypique de Ma Hye Ri, le premier épisode de Prosecutor Princess n'est pas avare en détails présentant la jeune femme sous un jour assez peu flatteur. Même si ces excès sont mis en scène à dessein, les scénaristes coréens versant rarement dans la subtilité quand il s'agit de mettre en scène des stéréotypes aussi flagrants, le téléspectateur se crispe rapidement face à l'héroïne. C'est peu dire que les soucis rencontrés dans sa quête mouvementée à la fameuse paire de chaussures sont accueillis avec une certaine satisfaction. Et on rêve rapidement de l'évènement qui servira d'électrochoc pour lui remettre en place le sens des priorités. Il est donc très difficile de s'attacher au personnage principal, autour duquel se concentre pourtant tout le pilote. Ma Hye Ri ne s'inscrit pas dans un registre de comédie. Elle n'est pas drôle, juste exaspérante et crispante. Au final, les quelques rares passages où elle n'est pas présente sont accueillis comme des parenthèses offrant un bol d'air frais au téléspectateur. J'ai donc un peu le sentiment que les scénaristes en ont trop fait dans cette introduction.

Au-delà des personnages, parmi lesquels seule l'héroïne est proprement présentée dans cet épisode, c'est la narration-même qui serait à revoir. Le pilote traine en longueur. Même si elles posent un cadre et permettent aux différents protagonistes principaux de se croiser avec ce sens de la coïncidence dont les dramas coréens ont le secret, les mésaventures de Ma Hye Ri dans la station de ski manquent en effet foncièrement de rythme. Certes, les scénaristes distillent quelques pistes et posent les futurs twists et "toutéliés" qui règleront la suite du drama. Mais tout se déroule de façon très plate, comme si la superficialité excessive de l'univers de l'héroîne avait anesthésié l'atmosphère globale. Alors qu'on aurait pu s'attendre à des ruptures de tonalité, les accents de mélodrama restent anecdotiques (ce n'est qu'une paire de chaussures...!), et les quelques pointes de légèreté demeurent marginales (un côté comique plus assumé aurait peut-être été le bienvenu).

prosecutorprincess2.jpg

Du côté du casting, il est difficile d'émettre le moindre jugement, tant ce premier épisode se focalise sur le personnage de Ma Hye Ri. Rapidement exaspérante, d'une superficialité quasi-revendicatrice, il est logique que Kim So Yeon n'hésite pas à en faire beaucoup - parfois, peut-être un peu trop, dans la lignée de l'écriture du scénario - pour incarner à l'écran cette jeune femme aux priorités bien étrangement agencées pour une juriste se destinant à une telle carrière. J'avais gardé de bons souvenirs de Kim So Yeon dans IRIS, mais pour le moment, j'avoue qu'elle joue, comme son personnage, dans un registre trop porté vers l'excès à mon goût.

A ses côtés, l'amateur de k-dramas retrouve plusieurs habitués du petit écran coréen, notamment deux figures masculines déjà bien éprouvées par leur rencontre avec Ma Hye Ri. Ca m'a fait plaisir de revoir Park Shi Hoo, que je n'avais plus recroisé depuis Iljimae. Et Han Jung Soo poursuit sa route, avec son jeu tout en réserve, après avoir incarné le Général Choi dans Chuno (Slave Hunters) en début d'année.

prosecutorprincess4.jpg

Bilan : Prosecutor Princess délivre un premier épisode un peu poussif qui peine à accrocher immédiatement le téléspectateur. La maturation de l'héroïne, enjeu manifeste du drama, s'annonce comme un véritable parcours du combattant. Présentée avec beaucoup d'insistance comme un personnage pourri-gâté, la jeune femme crispe le téléspectateur, plus qu'elle ne lui permet de s'attacher à la série. Manquant de rythme, le pilote pose de façon un peu maladroite et guère subtile les bases futures de l'histoire. Après cette première heure servant surtout d'exposition, il est possible que Prosecutor Princess devienne plus attractif lorsque le drama rentrera véritablement dans le coeur de son sujet ; mais il est probable que la téléspectatrice que je suis ne fera pas preuve de la patience nécessaire pour découvrir la suite.


NOTE : 4/10


La chanson principale de la série, agrémentée d'images issues des premiers épisodes :

 

Le générique de la série:


03/01/2010

(K-Drama) IRIS : plongeon au coeur d'une vaste conspiration


irisposter.jpg

En ce premier *dimanche asiatique* de 2010, nous allons clôturer un kdrama pour lequel je vous avais promis un bilan global il y a quelques semaines. Je vous avais parlé à l'époque des débuts d'une intrigante série d'action et d'espionnage, qui a fait d'excellentes audiences lors de sa diffusion en Corée du Sud cet automne. J'étais assez enthousiaste de découvrir une série coréenne qui, sur la forme comme sur le fond, faisait entrer la production télévisée dans une autre dimension, notamment en raison d'un très important budget. Pour vous remettre à l'esprit tout cela, ma note de fin novembre : IRIS : jeux mortels d'espions.

Depuis, j'ai donc poursuivi ma découverte de cette série qui s'est achevée en décembre 2009 (il existe des rumeurs concernant une possible saison 2, mais pour le moment, rien de concret) et dont j'ai fini le dernier épisode (le 20ème) cette semaine. Si j'ai un peu plus nuancé mon premier jugement, reste que je ne regrette pas ce visionnage.

irisb10.jpg
 
L'attrait principal de IRIS réside dans son concept de base, mettant en scène une complexe histoire de conspiration et d'espionnage qui parvient dans ses meilleurs moments, à insuffler un souffle de paranoïa et de suspicion digne d'un classique occidental comme 24. Les premières minutes de la série, qui voient l'assassinat du premier ministre nord-coréen par le héros, donnent immédiatement le ton et les enjeux internationaux majeurs qui vont être au centre de cette fiction. La trahison et la division des loyautés vont s'imposer comme un des thèmes forts, d'une histoire qui se complexifie rapidement. En effet, au-delà des oppositions entre services de différents pays, IRIS dépasse les simples contingences nationales, en leur superposant un deuxième niveau de lecture, qui redistribue les rôles : l'existence d'une organisation secrète, du nom d'IRIS, transnationale, qui dispose d'agents hauts placés dans la hiérarchie de chacun des pays en cause et qui tire les ficelles dans l'ombre.
 
Apparaissent ainsi progressivement les contours d'une vaste conspiration, dont on ne perçoit pas a priori tous les tenants et aboutissants, mais qui modèle à sa guise la géopolitique et les rapports de force de la région, en fonction de ses propres intérêts. Sévissant depuis des décennies, elle utilise tous les moyens, même les plus extrêmes, pour parvenir à ses fins, à commencer par des assassinats de personnalités importantes. Pour maintenir un certain équilibre, elle influe notamment sur les programmes nucléaires qu'ont, ou ont pu avoir, les deux Corées. Dans l'histoire qui nous préoccupe, IRIS s'oppose à la politique du président sud-coréen, qui souhaiterait initier le processus de une réunification des deux pays. Pour cela, l'organisation est prête à tout : à avoir recours à des attentats utilisant des armes nucléaires, à renverser des gouvernements ou des dictateurs dans le cadre de coup d'Etat, mais aussi à précipiter ces nations dans une guerre fratricide.
 
irisb2.jpg

Tous ces aspects conspirationnistes sont dans l'ensemble bien exploités et constituent les éléments les plus réussis de la série. Ils lui offrent une solide base scénaristique, qui maintient l'attention pleine et entière du téléspectateur, assurant une fidélité renforcée par des cliffhangers réguliers. Seuls quelques maladresses d'écriture entraînent parfois une certaine confusion et des problèmes de cohérence en ce qui concerne l'évolution des personnages, qui grippent un peu cette machine pas aussi bien huilée que les apparences le laisseraient croire a priori.

Car IRIS se révèle être d'une qualité très fluctuante, passant trop souvent de moments intenses et passionnants à de longues scènes interminables à l'utilité discutable. Outre une gestion parfois insuffisamment rigoureuse de l'intrigue principale, égarant un peu le téléspectateur, la série souffre surtout de ruptures de rythme qui viennent briser l'homogénéité d'ensemble du récit. C'est particulièrement flagrant dans la première partie de la série. En parallèle de sa dominante action, IRIS, comme toute série sud-coréenne qui se respecte, se sent obliger d'inclure des romances. Ce ne sont pas les relations amoureuses en elles-même, ou les timides triangles qui les pimentent, qui posent problème. Mais plutôt, l'excessive longueur et le pseudo-romantisme qui s'imposent dans certains passages. N'étant pas du tout une amatrice de ce genre de fiction, j'ai bien cru ne pas arriver au bout d'un ou deux épisodes. De plus, entre l'assassinat de l'officiel nord-coréen à Budapest et la reprise réelle de l'intrigue en Corée du Sud, avec un dévoilement progressif des enjeux, la série souffre d'un long flottement de 2 ou 3 épisodes, où l'utilité et/ou l'intérêt de certaines scènes sont très discutables. Cela vient plomber l'histoire de façon assez dommageable.

irisb4.jpg
 
Pourtant, en dépit de quelques doutes sur le moment, je ne regrette vraiment pas d'avoir persévéré. En effet, le téléspectateur qui dépasse ses quelques hésitations d'installation est justement récompensé, car la deuxième partie de la série offre une intensité beaucoup plus constante et vraiment très prenante. La méfiance qui monte progressivement au sein du NSS, l'agence de renseignements à laquelle appartenait le héros, et qui a été infiltrée jusqu'à certains postes de hautes responsabilités par IRIS, est digne de la tension des meilleurs moments de la CTU. Les retournements de situation, et le caractère international de la conspiration, conduisent à des alliances les plus improbables. Si les menaces sont classiques (terrorisme, nucléaire, etc...), le cadre géopolitique, très différent de celui auquel un téléspectateur occidental est habitué, offre un dépaysement rafraîchissant et efficace. J'ai bien aimé la superposition des différents intérêts en jeu, ce qui entraîne, finalement, une alliance entre tous ceux qui entendent faire obstacle au plan d'IRIS, provoquant une coopération entre sud et nord-coréens, loin de toute approche manichéenne d'opposition entre les deux pays.

irisb3.jpg
 
Mitigée sur le fond, mais entrecoupée d'excellents moments qui en donnent pour leur argent au téléspectateur, la série suit ce même schéma concernant ses acteurs. Au sein du casting où figurent beaucoup de têtes connues, les acteurs principaux s'en tirent diversement. Parmi les points positifs, il faut évidemment commencer par évoquer la performance de Lee Byung Hun (Kim Hyun Joon), qui interprète de façon très convaincante un héros entraîné dans un enchaînement d'évènements qui le dépasse. Il impose une forte présence à l'écran, et maîtrisera de manière convaincante, tant les scènes d'action que les séquences d'émotions, assurant parfois à lui seul la solidité de certains passages à l'écriture quelque peu douteuse.
 
A ses côtés, ce sont finalement les acteurs incarnant les deux agents nord-coréens, qui vont pleinement tirer leur épingle du jeu. Si elle s'enferme parfois dans une passivité étrangement impassible, sans doute en partie due à l'écriture de son personnage, Kim So Yeun (Kim Sun Hwa) délivre dans l'ensemble une interprétation pleine et offre un pendant convaincant à Lee Byung Hun, avec lequel elle fait équipe une bonne partie de la série. Tandis que Kim Seung Woo (Park Chul Young) joue, de façon très posée et sobre, son supérieur hiérarchique, parfaitement en adéquation avec l'image que renvoie son personnage, à la fois pragmatique et calculateur. Il y a d'ailleurs quelque chose d'assez paradoxal à ce que le personnage de la série le plus versé dans la fidélité à certains idéaux et idées de la nation soit un Nord-Coréen. Mais cette impression doit venir de ma vision biaisée par toutes les fictions d'espionnage occidentales, dans lesquelles les Nord-Coréens sont rarement dans le bon camp.
 
irisb13.jpg

Mais à côté de ce trio efficace, les trois acteurs restant (si tant est que l'on puisse objectivement y inclure la participation marginale et plutôt anecdotique de TOP) le sont beaucoup moins. A leur décharge, il faut quand même préciser qu'il s'agit aussi des trois personnalités les plus faibles scénaristiquement, tant en terme d'envergure du personnage que de cohérence d'ensemble. Reste que je crois pouvoir annoncer officiellement que Kim Tae Hee, en plus de ne pas savoir jouer, ni de parvenir à faire naître chez le téléspectateur la moindre émotion, est devenue une de ces actrices qui fait naître en moi un profond énervement qui va croissant au fil des épisodes. De la même façon que j'avais fini par la détester dans Gumiho (Nine Tailed Fox), j'ai fini par la trouver insupportable dans IRIS. Absolument pas crédible dans son rôle d'espionne avec des responsabilités, il émane d'elle une telle fragilité que le téléspectateur s'attend à tout moment à ce qu'elle se brise en mille morceaux. Ajoutons à cela une expression monolithique qui est invariable, quelque soit le sentiment exprimé, et je crains de l'avoir vraiment et définitivement prise en grippe cette fois-ci.

L'acteur qui incarne son vis-à-vis au NSS, ex-"meilleur ami" de Kim Hyun Joon, Jin Sa Woo, sombre dans des travers quelque peu similaires. Mais ici, c'est sans conteste l'écriture du personnage qui pose problème. Jung Jun Ho ne parvient en effet jamais à prendre la mesure de son rôle, paraissant la plupart du temps ailleurs, naviguant entre émotions contradictoires qu'il exprime, plus ou moins maladroitement, de façon sporadique. Il n'a probablement pas plus compris Jin Sa Woo que le téléspectateur. Enfin, TOP, crédité au casting principal, nous gratifie de quelques brèves apparitions qui ne justifient pas un tel statut, lequel a sans doute surtout été accordé dans le but de capter quelques fans du chanteur. Avec un personnage créé artificiellement, dispensable, et dont les lignes de dialogue sont réduites à portion congrue, il n'y avait pas grand chose à faire pour TOP. Mais même en en faisant le minimum, la seule impression qu'il laisse au téléspectateur est une perplexité constante, ponctuée d'un oubli rapide.

irisb7.jpg

Finalement, c'est probablement sur la forme que IRIS va fédérer sans doute le plus ses téléspectateurs. Son budget permet en effet de proposer une réalisation efficace et soignée. L'image est parfois très belle, avec des grands plans qui permettent de profiter pleinement de certains cadres superbes. Les passages à Akira, au Japon, notamment, sont très réussies. De manière générale, d'ailleurs, ce sont tous les voyages de cette série résolument tournée vers l'international qui sont bien exploités et dont les changements de décors sont accueillis avec plaisir : à partir de la Corée du Sud, nous sommes ainsi amenés à faire des incursions au Japon, en Chine, en Hongrie et en Corée du Nord. De plus, les scènes d'action sont bien mises en scène, qu'il s'agisse des combats ou des fusillades. Ce qui leur confère une crédibilité très appréciable, qui n'est pas toujours présente dans les dramas coréens. La bande-son est fournie et permet plutôt bien de souligner la portée de certaines scènes, sans trop en faire. IRIS tient donc parfaitement son rang et ses promesses sur la forme.

irisb8.jpg

Bilan : Chargée de toutes ses contradictions, IRIS laisse une impression mitigée. Le téléspectateur reste admiratif devant la tension atteinte dans certains épisodes, nous plongeant dans un degré de paranoïa et de double jeu au sein d'agences de renseignements qui s'imposent en dignes héritiers de 24. La forme est particulièrement soignée, en particulier la réalisation. Mais cela ne peut faire oublier les moments où l'écriture du scénario prend un tour vraiment faible, confus, brisant le rythme de la série. Même constat du côté des acteurs, entre d'excellentes performances d'une part, et de très pauvres d'autre part, on reste sur la réserve.
Si bien qu'en fin de compte, IRIS se révèle être une série d'action prenante, à voir notamment pour la modernisation de certains codes de dramas coréens qu'elle introduit, mais elle laisse aussi un téléspectateur quelque peu frustré et partagé, en ne concrétisant pas toutes les ambitions affichées au départ.


NOTE : 6,5/10


Une preview, sous-titrée en anglais, de la série :


22/11/2009

(K-Drama) IRIS : mortels jeux d'espions

Encore un dimanche coréen. Toujours une histoire d'espionnage. Cela résume bien la semaine téléphagique anglo-coréenne, plutôt agréable, que j'ai passée.

Souvenez-vous, sériephile varie, ses envies fonctionnent souvent en cycle. Attendez-vous donc à ce que, pendant quelques semaines au moins, je vous parle de découvertes coréennes plus ou moins régulièrement, ayant pris le temps de mettre de côté un petit échantillon de séries potentiellement intéressantes que je me sens d'humeur à tester prochainement.

iris_poster3.jpg

Initialement, si je me suis intéressée à IRIS, c'est en raison du billet enthousiaste consacré au pilote, chez Ladytelephagy, lundi dernier. La curiosité piquée, The Legend à peine terminée, je me suis dit que c'était le moment ou jamais de m'ouvrir à de nouveaux horizons et de changer un peu de genre. En provenance de Corée, j'ai surtout "l'habitude" (enfin, tout est relatif, ce sont plus des excursions en Asie qu'une téléphagie asiatique que je développe) des dramas historiques, et je garde des souvenirs assez mitigés des quelques dramas contemporains que j'ai pu suivre. Cependant, IRIS offrait non seulement un pitch de départ attractif, mais elle apparaissait aussi comme une série aux ambitions hautement affichées et dotée d'un budget important. Elle rencontre d'ailleurs actuellement un joli succès en Corée, où sa diffusion sur KBS2 est en cours depuis octobre 2009, et bénéficie d'un beau buzz internaute.

L'ensemble des épisodes n'ayant pas été encore diffusé, c'est une note sous forme d'impressions au premier quart de la saison que je vous propose, puisque j'ai visionné les cinq premiers épisodes (sur les 20 qu'elle comptera au total).

iris5.jpg

IRIS nous plonge dans les coulisses de l'espionnage international, avec en toile de fond, comme sources de tensions et de méfiances continuelles, la division persistante des deux Corées et la question, classiquement et universellement problématique, de l'armement nucléaire. Deux amis des forces spéciales sud-coréennes, Kim Hyun Joon et Jin Sa Woo, sont recrutés par une organisation secrète, branche à part des services de renseignements du pays, le NSS. Ils vont opérer sous les ordres d'une jeune femme, Choi Seung Hee, qui les avait déjà rencontrés dans les jours précédents, sous un prétexte quelconque, afin d'évaluer leur potentiel, et, du même coup, leur faire tourner la tête. Un triangle amoureux s'esquisse, avec une présentation typiquement coréenne.

Mais, si la réalité du terrain prouve rapidement la valeur des deux nouvelles recrues, la partie d'échecs réelle se joue à un autre niveau, dans un univers où les agents sont des pions sacrifiables, où la confiance est un luxe que l'on ne peut se permettre d'accorder et où les apparences sont trompeuses. Les personnages principaux se retrouvent ainsi happés dans un enchaînement d'évènements qui échappe à leur contrôle. Tour à tour assassin puis cible, chasseur puis chasssé, officiel puis fugitif, les loyautés se brisent et les alliances fluctuent, dans une ambiance sombre et réaliste.

iris1.jpg

En effet, la série va progressivement se complexifier, se concentrant autour d'une intrigue principale solide qui s'emballe rapidement. Car IRIS n'adopte pas le format classique d'autres fictions d'espionnage, consistant en une mission par épisode. Au contraire, le fil rouge devient rapidement prépondérant. Elle se présente alors sous le format d'un vaste thriller prenant, dominés par les faux-semblants, les trahisons et les agendas personnels cachés. Résolument orientée à l'international, elle nous donne l'occasion de voyager en Asie comme en Europe. Petit à petit, les pièces se révèlent, sans que le téléspectateur puisse pleinement apprécier quel est le tableau final. Entre concurrence entre diverses organisations, assassinats politiques et sacrifices de la main d'oeuvre, nos héros vont devoir essayer de survivre et de démêler les mystères, face à ces vastes conspirations, dont ils ne connaissent pas toujours les réels enjeux.

Les scénaristes se révèlent particulièrement efficaces dans l'art d'esquisser des réponses qui génèrent surtout de nouvelles interrogations et de générer un suspense prenant et nerveux. Pour le moment, la gestion de cette intrigue principale est intelligemment et subtilement menée. Le téléspectateur est attentif et ne décroche pas. Tout cela est parfaitement servi par une réalisation impeccable, où les scènes d'action notamment sont magistralement exécutées. A l'image des dix premières minutes de la série, conduites tambour battant avec une maîtrise qui n'a rien à envier aux fictions occidentales, la caméra dynamique nous plonge très bien dans l'ambiance et la tension des moments-clés.

iris8.jpg

Le petit bémol que l'on pourrait cependant adresser à IRIS réside dans sa tentative de conciliation entre le thriller et une certaine romance qu'elle prend le temps de développer. Certes, les passages plus calmes, qui sont l'occasion de développer les personnalités nuancées des personnages, permettent de poser les jalons des futures alliances et trahisons. Cependant, sans remettre en cause leur utilité dans la narration globale, certaines scènes dites "romantiques" s'éternisent, rompant un peu le rythme du récit. Cependant, cela n'est pas préjudiciable à l'intérêt porté à la série dans son ensemble. Dès que le rythme s'accélère, ces parenthèses nous paraissent bien loin ; et, comme je l'ai dit plus tôt, IRIS devient alors redoutablement efficace pour capter notre pleine attention.

Le scénario est aussi bien servi par un casting solide. Qu'il s'agisse de Lee Byun Hun (Kim Hyun Joon) ou Jung Jun Ho (Jin Sa Woo), ils sont très crédibles. Idem pour les deux agents nords-coréens, Kim Seung Woo et la ravissante Kim So Yun. En fait, ma seule réserve concerne Kim Tae Hee. qui fait encore tourner des têtes à son insu, un peu comme dans Gumiho (Nine Tailed Fox), le dernier k-drama où j'avais eu l'occasion de la croiser. Je l'avais assez peu appréciée à l'époque, pas pleinement convaincue par son sourire figé. Cependant, sans doute aidée par un rôle plus consistant, elle est un peu plus convaincante dans IRIS. Mais j'ai toujours du mal avec cette actrice.

iris7.jpg

Bilan : Après cinq épisodes, me voici fébrilement skotchée devant mon petit écran, frustrée par le cliffhanger efficace du dernier épisode (autant qu'alléchée par la bande-annonce du suivant) et complètement rentrée dans une intrigue qui se complexifie considérablement au fil des épisodes. IRIS dépasse rapidement les simples enjeux de froide géopolitique, arbitrés par les services d'espionnage, pour y mêler les destinées humaines des personnages, broyés par cette partie d'échecs qui constitue la trame principale de la série. Une forme de fil rouge qui étend progressivement ses ramifications sur la fiction et fait enchaîner les épisodes sans s'en rendre compte. C'est d'autant plus intriguant que nous ne disposons pas de tous les éléments, ne pouvant que constater les manipulations et les forces en présence. Une impression de "toutélié" s'impose, sans que l'on connaisse le tableau d'ensemble. Très prenant.

Sombre et diablement efficace, en dépit de quelques longueurs amoureuses, IRIS devrait ravir tous les amateurs d'espionnage, et plus généralement de bon thriller. Je dresserai un bilan d'ensemble lorsque j'aurai eu l'occasion de regarder tous les épisodes ; mais, en attendant, n'hésitez pas à céder à la curiosité !


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la série :