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06/03/2013

(J-Drama / SP) Saikai : enquête criminelle sur fond de secrets et drames passés

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Après quelques semaines passées en Corée du Sud, retour au Japon en ce mercredi asiatique ! La saison hivernale y est bien avancée, et déjà le printemps s'annonce. Mais avant d'évoquer quelques nouveautés diffusées depuis le début de l'année sur les chaînes japonaises, aujourd'hui, je vous propose de revenir un peu en arrière, avec un tanpatsu datant de la fin de l'année dernière (dont les sous-titres anglais viennent de sortir).

Saikai (Reunion) a été diffusé sur Fuji TV le samedi 8 décembre 2012, avec une audience sans doute en deça des attentes (9,3%) au vu de son casting. Cependant son synopsis, promettant plusieurs mystères dans lesquels le poids du passé, mais aussi des enjeux d'amitié, se trouvaient placés au coeur du récit, m'avait intriguée. D'une durée de 2h05, ce tanpatsu aura tenu ses promesses, gérant plutôt bien une intrigue à tiroirs qui retient l'attention du téléspectateur tout au long du récit.

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La vie des quatre personnages principaux de Sakai (Tobina Junichi, Iwamoto Makiko, Kiyohara Keisuke et Sakuma Naoto) a basculé il y a 27 ans. Ils étaient alors âgés de 12 ans, amis réunis par une passion partagée pour le kendo. Un jour qu'ils coupaient par la forêt à la sortie de l'école, ils furent stoppés nets par des coups de feu qui retentirent. Sous le choc, ils découvrirent un peu plus loin dans les bois deux cadavres : un braqueur qui venait de commettre un vol en ville et, surtout, le père de Keisuke, un officier de police. La blessure qu'il portait à la tempe suggéra aux autorités qu'il s'agissait d'un suicide. L'hypothèse admise fut la suivante : il aurait d'abord tué le voleur, son complice, pour garder le butin, puis, découvert par ces enfants, il aurait, de culpabilité et de honte, mis fin à ses jours.

Avant l'arrivée de la police, Keisuke et ses amis récupérèrent cependant l'arme du crime se trouvant sur les lieux. Ils l'enfouirent, avec d'autres possessions de leur enfance, en se jurant de garder à jamais le secret. Mais leur vie ne sera plus jamais la même. Vingt-sept ans plus tard, chacun a grandi en essayant de laisser derrière soi ces souvenirs. Keisuke et Makiko ont eu un enfant ensemble, avant de finalement se séparer. Naoto est resté sur place dans l'ombre d'un inquiétant grand frère. Quant à Junichi, il a coupé les ponts avec tout le monde. Devenu officier de police, il est transféré en ville au début du tanpatsu, retournant dans une ville qu'il souhaiterait laisser derrière lui.

Mais un meurtre a lieu, conduisant à l'hésitante réunion des quatre anciens amis. L'affaire va faire resurgir de multiples blessures du passé et des secrets mal enfouis, tout en faisant d'eux de - légitimes - suspects potentiels.

saikaib.jpg Saikai, c'est tout d'abord un mystère bien construit, avec une intrigue à tiroirs qui, à chaque révélation ou complément d'informations, apparaît sous un nouveau jour et gagne en complexité. Sur 2 heures, le récit est solidement mené : les enjeux évoluent de manière intéressante, ne se limitant pas à une simple question de découverte d'un coupable. L'histoire se révèle riche, et elle ne cesse de se densifier par le poids des tragédies et blessures passées que les évènements présents ramènent à la surface. La construction de la narration apparaît fluide et sans temps mort, permettant d'exploiter toutes les facettes du concept de départ. Si l'orientation du récit se devine assez aisément bien avant que certaines révélations n'aient lieu, le tanpatsu suit une cohérence et une logique d'ensemble appréciables, conservant nombre d'interrogations qui retiennent la curiosité du téléspectateur.

Il est d'autant plus aisé de s'investir dans Sakai que ce drama ne saurait se réduire à la seule résolution de ces mystères : il met aussi en scène des personnages auprès desquels il sait nous impliquer. Tous les protagonistes sont des figures écorchées par leur passé, plus ou moins brisées et marquées par différents secrets, intimes, qu'ils ont chacun gardés pour eux. Quels faits d'alors déterminent leurs réactions présentes et les choix qu'ils font aujourd'hui ? Les causes de la détresse de certains, de la solitude recherchée par d'autres, ou encore d'excès de violence, intriguent tout autant que l'énigme représentée par le meurtre commis de nos jours. L'heure est venue pour eux de se confronter avec des évènements et des souvenirs qu'ils ont tous fuis à des degrés divers. Par-delà son enquête, Sakai va donc surtout avoir le mérite de proposer un récit très humain et personnel où chacun va devoir essayer de faire la paix avec son passé et avec lui-même, au risque sinon de se perdre définitivement.

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Sur la forme, Saikai est un tanpatsu soigné. Sa réalisation est solide, avec certains effets plutôt bien inspirés - notamment l'ambiance qu'il parvient à recréer lors des flashbacks sur ce qu'il s'est passé 27 ans plus tôt dans la forêt. Quant à la bande-son, elle se compose d'une musique uniquement instrumentale, avec plusieurs thèmes récurrents en arrière-plan, qui reste dans l'ensemble bien dosée.

Côté casting, Saikai rassemble un certain nombre de têtes familières et valeurs sûres du petit écran japonais. Leurs interprétations sont globalement convaincantes. Le rôle Junichi est confié à Eguchi Yosuke (Iki mo Dekinai Natsu), tandis que ses trois amis sont respectivement interprétés par Tokiwa Takako (Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei, Hitori Shizuka), Tsutsumi Shinichi (Koi ni Ochitara) et Kagawa Teruyuki (Diplomat Kuroda Kousaku, Nankyoku Tairiku). A leurs côtés, on retrouve notamment Nagasawa Masami, Kitamura Yukiya, Jinbo Satoshi, Kato Seishiro, Aizawa Sayo, Sugimoto Tetta ou encore Kitamura Soichiro.

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Bilan : Bénéficiant d'une intrigue dont les enjeux se renouvellent et se complexifient au fil du récit, Sakai délivre une enquête criminelle dans l'ensemble solide, qui se démarque grâce à ses accents très personnels. Avec des protagonistes marqués par leur passé, se mêle aux énigmes policières le récit de plusieurs drames humains. Si sa durée brève ne lui aura pas permis d'explorer autant que son concept le lui permettait tous les rapports et l'amitié qui sous-tend le groupe, ce tanpatsu a indéniablement rempli son contrat, avec un mélange des genres qui retient l'attention de bout en bout.


NOTE : 7,25/10

23/01/2013

(J-Drama) Bunshin : un double portrait intime sur fond de mystère et de quête identitaire

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Les nouveautés, tant japonaises que sud-coréennes (et peut-être au-delà), commencent à s'accumuler, et il va sans doute falloir s'y pencher un peu plus sérieusement la semaine prochaine. Mais en ce mercredi asiatique, terminons tout d'abord ce cycle de rattrapage "WOWOW 2012" (après Double Face et Hitori Shizuka) initié en ce début d'année, avec un ultime drama qui figurait sur ma liste à découvrir : Bunshin. Notez cependant dès à présent que j'attends aussi avec impatience que Tsumi to Batsu soit entièrement sous-titré, donc ce cycle ne s'achève pas aujourd'hui !

Bunshin est un renzoku qui a été diffusé sur WOWOW du 12 février au 11 mars 2012. Il a en fait pris la suite du marquant Shokuzai. Composé de cinq épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun, il s'agit d'une adaptation d'un roman du même nom, écrit par Higashino Keigo dans les années 90. Un auteur qui vous parlera sans doute puisqu'on lui doit les sources d'inspiration de divers dramas comme Byakuyako, Galileo, Shinzanmono ou encore Shukumei dont je vous avais parlé l'an dernier. La transposition à l'écran a été confiée au scénariste Tanabe Mitsuru, et la réalisation à Nagata Koto. Drame intimiste et introspectif, Bunshin est une série qui traite d'une thématique personnelle et familiale qui renvoie, au fil du récit, à d'autres problématiques actuelles, notamment scientifiques. Si elle a certaines limites, elle se visionne pourtant sans déplaisir.

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Bunshin suit les destins croisés de deux jeunes femmes qui n'auraient normalement rien dû avoir en commun, et ne se seraient sans doute jamais rencontrées si elles n'avaient pas été... identiques physiquement.

Depuis son enfance, Mariko se questionne sur son identité. Elle est si différente de ses parents qu'elle se demande si elle n'a pas été adoptée. Ses doutes n'ont fait qu'augmenter face à la distance imposée par sa mère. Un incendie dans des circonstances troubles coûtera la vie à sa dernière, laissant Mariko se reconstruire aux côtés de son père et du reste de sa famille, et reléguant en arrière-plan ses soupçons. Devenue adulte, elle étudie à Hokkaido pour devenir assistante sociale. Mais elle retrouve un jour de vieux papiers ayant appartenu à sa mère qui réveillent de vieilles questions. Cette fois-ci, décidée à découvrir la vérité, elle part pour Tokyo.

C'est dans cette dernière ville que Futaba, une étudiante, rêve de gloire et d'une carrière de chanteuse à succès au sein de son groupe. A l'occasion d'une promotion télévisée d'un évènement sur le campus, elle est interviewée à la télévision, malgré les réticences exprimée par sa mère. L'apparition du visage de Futaba dans le petit écran ne laisse pas indifférent plusieurs téléspectateurs, qu'il s'agisse d'inconnus, mais aussi de ceux qui connaissent Mariko. Les deux femmes semblent en apparence en tout point semblables. Quel lien les unit ? Quels secrets cache leur naissance ?

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Alors que son synopsis aurait pu servir de base à un vrai récit à suspense, le parti pris du drama est tout autre : il s'agit avant tout d'une fiction personnelle et intimiste. Bunshin s'attache à mettre en scène la quête identitaire et existentielle de ses deux héroïnes. La série insiste donc sur les états d'âme de ses personnages, expose leurs doutes et leurs suspicions, et éclaire leurs réactions face aux épreuves que Mariko et Futaba ont dû ou devront traverser à cause du mystère entourant leur naissance. Si le drama conserve toujours une cohérence et une justesse appréciables dans les portraits proposés, cette façon de privilégier la dimension humaine au détriment de la construction d'une éventuelle tension frustre quelque peu. En effet, même quand le danger semble se rapprocher, la narration reste toujours fidèle à une approche centrée sur le développement des personnages. Ce parti pris demeurera constant jusqu'à la fin de la série. De même, quand des problématiques d'éthique scientifique sont soulevées, le drama n'en retiendra que la manière dont Futaba et Mariko vont recevoir la nouvelle et assimiler la révélation de leurs origines.

Si le propos du drama est intéressant, le téléspectateur ne peut s'empêcher de penser que le matériel de départ offrait sans doute un potentiel plus important que l'approche minimaliste offerte par Bunshin. En fait, le drama a le parfum de ces fictions cohérentes et sérieuses, qui savent où elles vont, mais qui ne veulent pas trop en faire, refusant de s'éloigner du chemin bien balisé sur lequel elles évoluent. Il suit une structure bien huilée : ses trois premiers épisodes posent efficacement les enjeux, puis les deux dernières permettent à l'intrigue de s'accéler et nous conduisent vers une vraie résolution. Mais il lui manque l'étincelle qui lui aurait permis de se démarquer, une capacité à surprendre et à désarçonner le téléspectateur. Son rythme lent est peut-être ici en partie en cause. Le drama n'essaie pas de cultiver un suspense, dont le développement aurait pu être légitime. Prenant son temps, il introduit méthodiquement chaque nouvel élément du mystère : or, tandis que les déductions logiques sont faites assez facilement par le téléspectateur, les pièces du puzzle mettent un peu trop de temps à s'emboîter à l'écran. Reste que Bunshin remplit son contrat, soigne les détails de fin et délivre une histoire consistante. A défaut de parvenir à happer le téléspectateur dans son énigme, il retient l'attention de bout en bout grâce à l'évolution de son duo principal. Il laisse donc des regrets, mais n'en demeure pas moins très correct.

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Au-delà de ses limites sur le fond, un des atouts de Bunshin qui facilite son visionnage repose sur la forme. Sa réalisation est maîtrisée. Plus que le visuel opportunément sobre, c'est sa photographie soignée qui est très appréciable. Par ailleurs, la série bénéficie d'une intéressante bande-son, composée uniquement d'instrumentaux, qui accompagne vraiment bien la narration. La musique semble en effet toujours s'accorder avec le récit, retentissant au bon moment ou pour apporter la bonne transition. L'ensemble renvoit donc l'impression d'une oeuvre aboutie.

Enfin, côté casting, Bunshin repose logiquement sur les épaules de Nagasawa Masami (Dragon Zakura, Proposal Daisakusen, GOLD, Koukou Nyushi) qui interprète donc, non pas un rôle, mais les deux rôles principaux. Devoir jouer deux personnages différents au cours d'une même fiction est un sacré défi en soi, a fortiori lorsque Mariko et Futaba sont réunies dans une même pièce. Et Nagasawa Masami n'est pas la plus expressive des actrices... Mais elle s'en sort assez correctement, capable quand il le faut de souligner les traits distincts de chacun de ses rôles. A ses côtés, on retrouve quelques figures familières du petit écran japonais, comme Katsuji Ryo (Tokyo DOGS, Mioka, Rebound), Usada Asami (Tokyo DOGS, Control ~ Hanzai Shinri Sousa, Kurumi no Heya), Suzuki Sawa (Chojin Utada, Aibou, Hungry!), Sano Shiro (Vampire Host, Marks no Yama), Tezuka Satomi (Strawberry Night, Shukumei) ou encore Ibu Masato (Last Money ~Ai no Nedan~, Tsumi to Batsu).

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Bilan : D'allure calibrée et classique, Bunshin est un drama intéressant par l'exploration qu'il propose de ses deux personnages principaux, confrontés à la question de leurs origines et entraînés dans une véritable quête existentielle. Adoptant un rythme plutôt lent, il privilégie avant tout l'humain, anesthésiant par conséquent volontairement un registre à suspense auquel la fiction aurait pu légitimement prétendre. Sérieux dans ses développements, il lui manque la tension et l'ambition qui lui auraient permis d'exploiter pleinement toutes les facettes d'un concept au potentiel certain. Reste que Bunshin s'en sort très honorablement à condition de le regarder pour ce qu'il est : un double portrait croisé, personnel et intime. C'est peut-être un peu frustrant par rapport à l'idée de départ, mais ce n'est déjà pas si mal, car il se visionne sans déplaisir.


NOTE : 7/10

06/10/2010

(J-Drama / Pilote) Gold : objectif Londres 2012

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Comme toujours, je cultive obstinément cette habitude de suivre la télévision japonaise à distance, maintenant un décalage entre les diffusions du pays du Soleil Levant et mes propres découvertes. Si bien que, généralement, c'est lorsque la nouvelle saison pointe le bout de ses programmes que je commence à me plonger sérieusement dans le trimestre téléphagique précédent. Cela a ses avantages, puisque j'ai tendance à suivre les conseils des uns et des autres, plus qu'à me fier à la seule lecture de synopsis souvent insuffisants.

C'est ainsi que la semaine passée, je vous avais présenté mon bilan de Atami no Sousakan, qui restera sans nul doute ma série japonaise préférée de cet été 2010. Poursuivant ma route, je me suis, ce week-end, penchée sur Gold, dont les sous-titres anglais sont moins avancés, mais qui était également chaudement recommandée (par ici). J'avoue avoir eu quelques réticences avant de tenter ce drama, comportant 11 épisodes et qui fut diffusé du 7 juillet au 16 septembre 2010 sur Fuji TV. La thématique sportive sous-tendant l'ensemble me semblait excessivement familière. Cependant, au-delà de cette seule thématique sur le sport, entrelacée avec celle de la famille, c'est face à une série, avec beaucoup de personnalité et une dimension humaine plus large que ce seul concept initial, que je me suis retrouvée. Les deux premiers épisodes visionnés m'ont intriguée ; en espérant poursuivre cette découverte.

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Le coeur de Gold réside dans la force, mais aussi l'attractivité, de sa figure centrale, dont le charisme supporte une bonne part des thématiques abordées dans ce drama. En effet, Saotome Yuri est une femme d'affaires à succés, surfant sur un empire mêlant sport, diététique et beauté. Héritière des ambitions sportives familiales, elle s'est construite toute une image médiatique façonnée autour de l'éducation de ses enfants, toute entière tournée vers des rêves de médaille d'or. Car Yuri est aussi restée la seule dépositaire des espoirs olympiques paternels, après la mort accidentelle de son frère aîné, qui était celui qui avait été programmé pour réaliser cette ambition.

Ayant épousé un ancien sportif, lui-même médaillé d'or, Yuri a eu quatre enfants. Si elle vit désormais séparée de fait de ce dernier - mais maintenant les apparences aux yeux du public -, c'est elle qui est restée en charge d'élever leurs enfants. Elle a suivi l'idéal rigoriste qu'elle prône jusque dans les livres qu'elle publie sur le sujet. Mère intransigeante, fidèle à ses principes, elle a fait des trois premiers des athlètes à la carrière en devenir, tous trois s'entraînant dur en vue des Jeux Olympiques de Londres. Le plus jeune, de santé plus fragile, bénéficie en revanche d'un traitement particullier, qui le protège tout en l'excluant implicitement de cette émulation collective. Habile psychologue et manipulatrice hors paire, Yuri ne laisse rien au hasard. Même quand elle engage comme secrétaire la si jeune et innocente Nikura Rika.

Mais quel est le prix à payer pour atteindre ces rêves olympiques de grandeur ? Tous les sacrifices se justifient-ils au nom de l'or ?

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Initialement, je craignais un peu de me retrouver face à l'archétype de la série sportive, avec tous les poncifs que cela impliquait entre dépassement de soi et course à la réussite par l'effort. Or, Gold va dévoiler bien plus que cette seule dimension. Si en toile de fond, l'aspect sportif demeure une constante qui conditionne la vie de tous les personnages, c'est en amont, dans les dynamiques relationnelles qui s'initient entre les personnages, mais aussi dans les questions qu'elles soulèvent, que se situe la richesse de la série. Le drama bénéficie en plus de sa tonalité extrêmement directe, n'hésitant pas à aborder frontalement des thématiques compliquées. Ces dernières se révèlent d'ailleurs plus complexes et ambivalentes que les apparences premières avaient pu le laisser penser, ce qui permet aussi de prendre une certaine distance avec les théories prêchées par le personnage principal.

Le pilote, ou du moins sa première demi-heure, s'apparente à un pamphlet sans concession contre les méthodes d'éducation modernes. Jetez votre vieil exemplaire de Françoise Dolto aux oubliettes, voici la vision des choses telle que prônée par Yuri. Inflexible et exigeantes elle a élevé ses enfants "à la spartiate", comme le qualifie métaphoriquement le présentateur tv dans la séquence d'ouverture. Rejetant tout compassionnel, le discours parfaitement rodé de Yuri sert d'entrée en matière musclée dans la série. Il est loin de faire l'unanimité, mais cette quête vers l'excellence, ancrée dès le plus jeune âge, séduit également par l'élitisme ainsi affiché, par ce relatif déterminisme qui semble entériné et écarter tout hasard. La thématique est potentiellement glissante ; inconsciemment au moins, lorsque l'on découvre que Yuri s'est mariée avec un sportif lui-même médaillé, le terme "eugénisme" pointe en arrière-plan.

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C'est dans ce cadre que, précisément, la série va faire preuve d'une maîtrise narrative admirable, ne tombant dans aucun des pièges potentiels. Prenons pour exemple l'excellente scène d'ouverture du drama, qui donne parfaitement le ton immédiatement. Sa vraie réussite, c'est d'avoir offert un contradicteur - qu'elle ridiculise - à Yuri. Les indignations désordonnées et instinctives de ce dernier sont semblables à celles qui viennent naturellement au téléspectateur, face à une femme qui vous expose, avec un réel aplomb, ses certitudes concernant la division des enfants en plusieurs catégories, les gagnants contre les loosers, les "b-child" contre les "poor child", produits de l'éducation laxiste de leurs parents. Or le contradicteur fait ici office d'exutoire pour le téléspectateur : cette opposition, aussi peu inspirée qu'elle soit, permet de crever l'abcès avant qu'il ne s'infecte. L'entrée en matière de la série ainsi dédramatisée, le téléspectateur peut se concentrer non sur son déni réflexe des théories avancées (le rôle ayant déjà occupé), mais sur la figure qui formule de telles idées.

C'est à partir de là que la magie de Gold opère. Car, sous la surface si policée, les choses se révèlent plus complexes et ambivalentes que l'idéal prôné par Yuri. Cette dernière symbolise d'ailleurs à elle-seule toute la part de lumière, mais aussi d'ombre, qui sous-tend la série. Une brève rencontre avec son père nous révèle combien elle s'inscrit dans un schéma de reproduction sociale stricte ; elle transfère sur ses enfants sa propre éducation. De même qu'elle leur a transmis l'héritage laissé par son frère décédé, celui de remporter cette fameuse médaille d'or, une véritable course à l'excellence familiale. Au-delà de cette rigoureuse reproduction, Yuri est elle-même consciente des coûts et des ambiguïtés inhérentes à cette voie. Quand elle éclate en sanglots dans la voiture, après avoir été placée devant les contradictions de sa vie amoureuse, n'est-ce pas le poids de son impuissance à s'épanouir en tant que femme, dans le schéma de vie forcée qu'elle suit, qui est soudain trop lourd à porter ? Au fil des scènes, c'est un fascinant portrait féminin qui est peu à peu dressé.

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Si Yuri est incontestablement la figure centrale de ce drama, les autres personnages n'en sont pas pour autant oubliés. Il y a une réelle homogénéité d'ensemble, une complémentarité de tous, qui permet à la série de développer toute une dimension très humaine - peut-être un peu inattendue au vu du seul synopsis - et qui est très intéressante à suivre, sans doute parce que la qualité de l'écriture permet de trouver rapidement le juste équilibre entre chacun. Les enfants de Yuri, dont les plus âgés entrent bientôt dans l'âge adulte, avec leurs personnalités propres, plus ou moins affirmées, sont le produit d'une éducation, mas c'est aussi leur propre identité qui achève de se construire (et donc de s'affirmer). Témoins privilégiés de leurs motivations secrètes, de la façon dont ils appréhendent finalement le statut que leur mère a choisi pour eux, la très grande diversité que proposent les trois adolescents permet une prise de distance. Leurs failles paraissent ainsi comme rassurantes, face au déterminisme excessif de certaines certitudes de Yuri. C'est avec un intérêt jamais démenti que l'on assiste à ces conflits constants, entre impulsions premières, éducation et sentiments.

Enfin, dernière preuve de la maîtrise narrative dont font preuve ces deux premiers épisodes de Gold, le téléspectateur dispose d'un repère pour s'inviter peu à peu dans le quotidien de Yuri et de son entourage, avec l'introduction d'une nouvelle secrétaire, innocente à l'excès, Rika. C'est à ses côtés que l'on va découvrir les craquelures sous la surface et la réalité nuancée de la vie de cette famille. C'est aussi grâce à Rika que la série se permet de jouer quelque fois sur une fibre plus légère et comique, détendant l'atmosphère globale et occasionnant quelques ruptures narratives salvatrices. Ce personnage se révèle d'autant plus intéressant qu'elle trouve rapidement ses marques aux côtés de Yuri ; les deux femmes forment un duo très complémentaire, parfaitement détonnant, qui occasionne vraiment d'excellents échanges, avec des réparties bien dosées.

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Enfin, Gold bénéficie d'un excellent casting, où resplendit surtout une Amami Yuki (Last Present, BOSS) impressionnante de charisme, qui parvient avec beaucoup de talent à retranscrire à l'écran les différentes facettes de son personnage. Elle est parfaitement au diapason de cette figure centrale qu'elle incarne. C'est par rapport à elle que les autres se positionnent et trouvent finalement leur pendant logique, justifiant la façon dont ils abordent leurs personnages. On retrouve notamment Nagasawa Masami (Last Friends), dans le rôle de la secrétaire, et Sorimachi Takashi (HOTMAN), dans celui de l'entraîneur. Je suis un peu moins convaincue, pour le moment, par les acteurs incarnant les enfants de Yuri (Mikami Kensei, Matsuzaka Tori, Takei Emi), mais ils s'insèrent dans le cadre général du drama.

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Bilan : Bien plus qu'une énième déclinaison de fiction dite "sportive", Gold s'impose comme une série dotée d'une profonde dimension humaine, à la fois troublante et fascinante. Toutes les théories sur l'éducation de Yuri soulèvent de lourdes questions, frôlant déterminisme, voire eugénisme, mais pour le moment, la série évite admirablement bien tous les pièges potentiels en éclairant et développant toute l'ambivalence qui les entoure. Ce positionnement entre ombre et lumière fait prendre au drama toute son ampleur. Car ce sont des tensions constantes que met à jour cette série, par le biais d'une écriture étonnamment mâture, maîtrisant admirablement toute sa narration.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la série :


Le générique de clôture :