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21/03/2010

(J-Drama) Chakushin Ari : vous ne regarderez plus votre téléphone de la même façon


Il y a quelques semaines, je vous avez raconté comment j'avais réussi à me traumatiser en regardant Coma. Avant cette première vraie série d'horreur - je ne crois pas que mes nerfs supporteront une nouvelle avant quelques mois, voire années -, la seule incursion timide que j'avais réalisée dans ce genre, était un drama japonais, beaucoup plus soft, adaptation télévisée d'une suite de films à succès éponymes, s'inscrivant dans la longue tradition de l'horreur asiatique : il s'agissait de Chakushin Ari (One Missed Called). Diffusé sur TV Asahi en fin d'année 2005, il comprend en tout 10 épisodes.

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Le premier préalable à mettre au clair au regard de cette série, c'est qu'en en dépit de sa source d'inspiration première, Chakushin Ari n'est pas un drama destiné à vous faire dormir la lampe de chevet allumée pour le reste de la semaine suivant le visionnage. Il attire par sa thématique en apparence fantastique, l'aspect policier des enquêtes qu'il met en scène, ou encore le suspense, diffus, qu'il sait très bien distillé... Mais, concrètement, pour ce qui est de sa capacité à nous faire cauchemarder, ce drama n'en a manifestement pas ni les moyens, ni même le but. En effet, il faut plutôt le voir comme une occasion offerte aux téléspectateurs un brin frileux - dont je fais partie - de flirter avec les codes scénaristiques typiques de l'horreur, sans pour autant devoir ensuite s'imposer une thérapie afin de surmonter la frayeur ressentie devant son petit écran. Certes, Chakushin Ari reprend un grand classique asiatique : une malédiction qui se propagerait à travers une technologie. Si les cassettes de The Ring sont sans doute les plus connues en Occident, ici, la transmission létale s'opère via les téléphones portables. Une sonnerie a priori innocente, que vous trouverez rapidement lugubre et entêtante, retentit. Le destinataire de l'appel qui décroche s'entend alors mourir à l'autre bout du fil, d'une façon généralement assez violente. Il s'agit d'un aperçu du futur, les morts ainsi annoncées semblant ensuite se reproduire de façon invariable.

Au milieu de la propagation de cette malédiction fatale (le drama jouant admirablement bien sur l'interrogation de savoir s'il y a ou non une explication fantastique - ou très rationnelle - derrière cette mise en scène), la série va parvenir à fidéliser le téléspectateur grâce à la tension diffuse et intrigante qu'elle va parvenir à générer, bien aidée par la dimension humaine apportée par ses personnages. Si les seconds rôles, assez caricaturaux, offrent surtout prétexte à plus de légèreté, avec un côté assez déjanté très marqué manga, le duo central d'enquêteurs, étrange paire très dissemblable, fonctionne bien à l'écran. Yumi (Kikukawa Rei), journaliste scientifique affectée à un magazine d'un genre très particulier, traquant les légendes urbaines, se révèle d'une force de caractère particulièrement solide confrontée à l'adversité, sachant prendre ses responsabilités pour parvenir à ses fins. Tandis que Sendo (Ishiguro Ken), le policier en charge officiellement de l'enquête, a paradoxalement souvent bien plus de mal à maintenir les apparences lorsqu'il se retrouve confronté à la réalité du terrain. Si cette paire reproduit la dynamique des plus classiques de l'association forcée, dont les ratés et non-dits initiaux forgent une complémentarité ultérieure, les deux personnages s'affirment peu à peu et vont constituer à la fois le point fixe du téléspectateur, afin de naviguer à travers ces morts brutales, mais aussi une partie du mystère qui s'épaissit au fil des épisodes. Le téléspectateur n'a ainsi aucun mal à les accompagner dans les détours d'un scénario qui prend plaisir à distiller le doute, nous amenant à nous interroger avec eux sur les multiples fausses pistes et rebondissements sur lesquelles les scénaristes les envoient au cours de leur enquête, pour découvrir l'origine et la cause de ces mystérieux appels.

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Chakushin Ari joue donc bien avec un contexte marqué par les codes de la fiction d'horreur. En toile de fond, les morts violentes s'enchaînent, quelque fois sanguinolentes à souhait, mais dans l'ensemble, les évidentes restrictions budgétaires n'auront pas permis à la série de vraiment exploiter cet aspect, l'obligeant à rester relativement soft dans cette marche macabre exécutée au pas de course. Cependant, plus généralement, en dépit de ce décor funèbre, si Chakushin Ari crée une tension chez le téléspectateur qui pique sa curiosité et retiendra son attention tout le long du drama, il ne va pas pour autant jusqu'à véritablement faire peur. On reste bien souvent dans un suggestif de façade, inquiétant seulement. Au final, le drama paraît plus chercher à divertir en exploitant cette thématique populaire, qu'à réellement tenter de s'imposer comme une histoire d'horreur. C'est d'autant plus vrai qu'il paraît jouer sur les tonalités, enchaînant des scènes à suspense, d'autres toutes droit issues d'enquête policière classique, mais proposant aussi des parenthèses décalées plus humoristiques. Au fond, il permet surtout une incursion dans le suspense fantastique, sans véritablement franchir la ligne qui lui ferait embrasser réellement le genre avec lequel il flirte. A mon sens, cette approche reste un point fort - même si les amateurs de frisson en seront sans doute pour leurs frais - car elle constitue son originalité première, tranchant avec l'univers classique des j-drama.

En fait, le principal écueil rencontré par cette série réside dans les moyens qui lui ont été alloués pour porter cette histoire à l'écran. Si elle n'est pas si vieille que cela, sa réalisation, et surtout la teinte de ses images, renvoie une impression de drama très cheap, renforçant son aspect "série B". Sans doute dotée d'un budget assez restreint, la mise en scène demeure donc assez limitée, avec des effets spéciaux assez rares, qui ne cherchent pas vraiment à être convaincants, mais plutôt à créer une ambiance un peu à part, assez décalée. Ces limites formelles peuvent sans doute quelque peu rebuter dans un premier temps. Cependant, elles accentuent le côté quelque peu intimiste de la série, dédramatisant son sujet d'horreur et permettant donc d'apprécier l'histoire avec plus de distance ; et, pour les plus endurcis des téléspectateurs, cela fait probablement naître un certain second degré qui confinerait presque à de l'humour. Ce côté étriqué ne m'a pas dérangé, au contraire. Si j'ai toujours pris soin d'éteindre consciencieusement mon téléphone avant d'oser lancer un épisode, et si la sonnerie glaçante a résonné quelques temps dans ma tête, j'ai apprécié la forme comme un parti pris afin d'alléger un peu l'ambiance. Volontairement ou non (je soupçonne fortement que cela n'a pas été fait à dessein), elle laisse ainsi au téléspectateur le choix de rentrer dans l'intrigue et de se laisser entraîner dans cet enchaînement macabre. Ce qui fait que ceux qui rechercheraient un vrai drama d'horreur pourront peut-être déçu en découvrant Chakushin Ari.

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Bilan : Chakushin Ari est un divertissement fantastique, qui s'approprie les codes de l'horreur, sans pour autant embrasser totalement ce genre. Tranchant dans les sujets classiques des séries japonaises, elle propose une histoire prenante, assez tendue, dans laquelle le téléspectateur n'a aucun souci pour s'immerger, en dépit de limites formelles un peu dommageable. Bref, pour qui cherche à élargir son horizon téléphagique au-delà des univers classiquement portés à l'écran par la télévision japonaise, Chakushin Ari est une expérience intéressante (et non traumatisante !).


NOTE : 6/10


(Suite à une rédaction technique et temporelle assez compliquée aujourd'hui - vous avez été à deux doigts de ne  pas avoir de dimanche asiatique -, je n'ai pas pu faire de screen-captures afin d'illustrer cet article. La photo centrale est issue de l'article consacré à ce drama sur le blog de Nakayomi (qui ne m'en voudra pas j'espère), que je vous invite à aller lire : ici.)

14/03/2010

(K-Drama / Pilote) The Birth of The Rich : le monde des riches héritiers


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L'approche du printemps va amorcer le premier renouvellement des programmes du petit écran coréen et l'arrivée de plusieurs nouveautés récemment débarquées ou à venir. Parmi celles qui ont pris leurs quartiers depuis le début de ce mois de mars en Corée du Sud, on retrouve des dramas aux thématiques assez diverses, mais qui restent en terrain très connu. J'avoue que, pour le moment, rien ne m'a vraiment convaincu parmi les deux que j'ai testés. D'une part, il y a le kitsh d'action très marqué 80s', adaptation d'un manhwa à voir au second degré, avec A Man Called God, d'autre part, la comédie romantique avec en toile de fond l'univers fantasmé des sphères les plus riches du pays, The Birth of The Rich. C'est de cette dernière, qui a débuté le 1er mars 2010 sur KBS2, dont je vais vous parler en ce dimanche asiatique.

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Placée sous le signe de l'ascension sociale, The Birth of The Rich met en scène un héros aux rêves matérialistes déjà très tôt ancrés dans son esprit : il est persuadé d'être le fils d'une riche famille et raconte, dès son plus jeune âge, comment sa mère croisa un jour la route du président d'un Chaebol (ensemble industriel familial d'entreprises très diverses) et en fut séparé par le hasard et les circonstances, sans que ce dernier soit informé du fait que, de la nuit qu'ils avaient passé ensemble, allait naître un enfant. Seulement, sa mère resta également dans l'ignorance de l'identité de celui qui fut, le temps de quelques heures, son amant.

Profondément marqué par cette histoire fondatrice, en dépit de sa condition très modeste, Ji Hyun Woo s'est mis en tête de retrouver ce père biologique mystérieux. Le seul lien qu'il conserve est une médaille, cadeau précipité d'au revoir fait à sa mère. Pour découvrir qui il est, le jeune homme choisit de côtoyer les individus les plus fortunés du pays en travaillant dans un hôtel de luxe. Souhaitant rapidement quitter la condition sociale qu'il occupe actuellement, il étudie en parallèle le monde des affaires, de loin, avec ses moyens, cachant mal sa fascination pour ce milieu.

Son quotidien à l'hôtel va être quelque peu bouleversé par l'arrivée de Lee Bo Young, l'héritière caractérielle et intransigeante d'une riche famille, qui veut s'imposer dans ce monde de businessmen très masculin. Avec des habitudes très atypiques pour une personne ayant plus d'argent qu'elle ne peut en dépenser, sa rencontre avec Ji Hyun Woo va instantanément faire des étincelles et se changer en confrontation.

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En posant dès le départ les certitudes animant son héros imperturbable, The Birth of the Rich brasse, de la plus classique des manières, de grandes thématiques traditionnelles des séries coréennes. Avec en toile de fond les hasards de la vie et ses coïncidences uniques, ce drama se positionne dans la droite ligne de ces histoires récurrentes de destinée que, par une attitude active, le personnage principal souhaite aider à s'accomplir. Oeuvrant souvent à la limite de l'arrogance presque insolente, Ji Hyun Woo manoeuvre et se donne tous les moyens, sans compromission, en vue d'atteindre l'objectif qu'il s'est fixé. La fascination ainsi mise en scène pour les hautes sphères des affaires et les riches palaces est également un décor assez connu, rejouant les gammes classiques des dynamiques d'opposition entre héritiers et parvenus, travailleurs et opportunistes.

Dotée de protagonistes ayant chacun un fort caractère, la série s'amuse évidemment des oppositions et des confrontations inévitables qui vont en résulter. Mais elle ne parvient pas à se départir de l'impression tenace d'un déroulement trop convenu et balisé. Les clashs prêtent à sourire, cependant ils sont construits d'une façon sans doute excessivement artificielle, ce qui donne parfois le sentiment d'assister à des passages un peu forcés, manquant de relief et de spontanéité. A la différence d'autres comédies romantiques proposées cette année (Pasta, The Woman Who Still Wants To Marry), tirant avec dextérité leur épingle du jeu, en misant sur une authenticité rafraîchissante et des personnages attachants dans lesquels on peut s'identifier, The Birth of the Rich reste pour le moment en retrait. Avec ses protagonistes assez froids et ses ressorts scénaristiques sans surprise, elle se révèle trop timorée ou péchant peut-être par manque d'ambition.

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Si le pilote se révèle assez plat sur le fond, avec un déroulement trop prévisible dans lequel il manque une petite touche de personnalité qui permettrait à The Birth of The Rich de s'imposer en tant que telle, le casting se montre pour le moment, également, assez banal et plutôt effacé ; même si ce drama marque quand même quelques retours au petit écran après plusieurs années d'absence pour deux de ses acteurs.

Ji Hyun Woo, vu l'an dernier dans la comédie Invicible Lee Pyung Kang, incarne avec une certaine sobriété ce jeune homme qui s'imagine héritier d'un Chaebol, persuadé d'être appelé à connaître un destin fortuné. Il fait le travail, mais sans plus pour le moment. Son pendant féminin, Lee Bo Young (Queen of the Game, qui date de 2007), héritière atypique et intransigeante, parvient plus efficacement à mettre en avant la force de caractère de son personnage. Les deux acteurs n'ont eu que quelques scènes ensemble, dans ce pilote, et il est trop tôt pour affirmer que l'alchimie prendra entre ces deux-là.

Pour compléter le casting principal, nous retrouvons Nam Goong Min (lui aussi de retour après une longue période sans drama, son dernier, datant de 2006, était One fine day), en héritier puissant, homme d'affaires déjà très impliqué dans le monde de la finance. Sa brève apparition ne permet pas de juger le personnage, si ce n'est qu'il correspond a priori au stéréotype parfait, à l'image que l'on peut se faire d'un second rôle masculin dans une série coréenne romantique. Enfin, Lee Si Young (croisée l'an dernier dans Loving you a thousand times) complète ce quatuor.

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Bilan : The Birth of The Rich nous offre un premier épisode assez convenu, qui déroule sur un rythme régulier sans vraiment interpelé, ni retenir l'attention du téléspectateur. Si tout est bien huilé, le drama cherche encore sa tonalité et une identité. La dynamique entre les personnages principaux se présente comme une énième déclinaison de confrontations entre opposés, mais aucun ne s'impose vraiment à l'écran, conservant une certaine froideur qui empêche tout attachement ou identification.
En somme, voici un pilote qui ronronne doucement, se suit sans trop de difficulté, mais peine à aiguiser la curiosité du téléspectateur pour l'intéresser à la suite. Je ne pense pas continuer la découverte.


NOTE : 4/10


La bande-annonce :

07/03/2010

(K-Drama / Pilote) The Woman Who Still Wants To Marry : une version coréenne de Sex & The City ?


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Aujourd'hui, un dimanche asiatique plus léger que le précédent.

Hier, j'ai mis à profit ma soirée de libre, retirée loin de toute vie sociale, afin de poursuivre la découverte des séries coréennes de ce début d'année 2010 - un premier trimestre qui aura quand même été plutôt réussi au pays du Matin Calme. Souhaitant me changer les idées, j'ai décidé de me programmer une soirée "girly" devant une de ces comédies romantiques dont la télévision coréenne a le secret, histoire de m'offrir une douce parenthèse après plusieurs semaines consacrées aux séries d'action, voire d'horreur. Suivant la devise, "la diversité est maître mot du téléphage". De plus, Pasta m'a agréablement rappelé qu'il existait d'autres genres, pouvant aussi être attrayants.

C'est ainsi que, après une rapide évaluation de tous les pilotes "en attente de visionnage", je me suis retrouvée devant le premier épisode de The Woman Who Still Wants To Marry (aka Still, Marry Me / City Lovers), une série dont la diffusion a débuté depuis le 20 janvier dernier sur MBC et qui devrait comporter 16 épisodes. Le rouleau-compresseur d'audience qu'est Chuno (Slave Hunters) aura été fatal à son audimat ; ce qui ne signifie pas qu'elle ne mérite pas un petit détour. En fait, ce drama se présente comme la suite d'un drama datant de 2004, intitulée - de manière originale - The Woman Who Wants To Marry. Je ne connaissais absolument pas cette dernière, cependant je n'ai eu aucun problème pour suivre le début de cette nouvelle série. Seul le personnage principal, Lee Shin Young, se trouvait également dans cette prequel. Et si l'on continue à suivre ses (més)aventures amoureuses, l'actrice qui l'incarne n'est en revanche plus la même.

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L'épisode s'ouvre, d'une façon irréelle et féérique qui sonne faux à dessein, sur un dîner romantique, conjuguant, avec une certaine ironie, tous les clichés du genre et se concluant par une demande en mariage du plus bel effet, devant une héroïne, presque incrédule, mais définitivement conquise par ce gentleman qu'elle connaît encore relativement peu. Pensez donc : un homme de son âge, qui n'a que faire du fait qu'elle ait déjà la trentaine bien entamée et qui l'encourage dans l'épanouissement de sa carrière professionnelle, que Shin Young a toujours fait en priorité jusqu'à présent. Cependant, raconter une histoire parfaite n'est évidemment pas l'objectif d'un drama. Au contraire. Ce scénario, tout droit sorti des rêves de célibataire fleur bleue traînant leur mal d'amour, s'enraye donc rapidement. Dès la nuit suivant cette demande en mariage. Shin Young est, en effet, reporter pour la télévision. Retournée travailler un peu plus tard cette soirée-là, elle est appelée pour couvrir un incendie dans un motel. Elle assiste alors au sauvetage de son pseudo fiancé, saute de la plus pathétique des manières par une des fenêtres, afin d'échapper aux flammes, et ce, en charmante (et très jeune) compagnie.

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La suite offre donc un condensé, mélange dynamique entre vraies réflexions existentielles et remises en question, et soirées arrosées entre amies, naviguant entre auto-apitoiement et tendre ironie, le tout bénéficiant d'une dimension humaine et d'une épaisseur psychologique travaillées et appréciables. Ce ton, assez versatile, permet à la série de s'imposer rapidement dans le coeur du téléspectateur, qui s'attache instinctivement aux personnages, et surtout à l'héroïne, dont le drama s'emploie à souligner toute la complexité. Shin Young est une journaliste qui s'est toujours investie pleinement dans sa carrière, ne laissant pas ses amours la brider. Elle a invariablement instauré un ordre des priorités où la vie professionnelle passait en premier. Seulement, désormais bien trentenaire, avec une carrière qui n'est pas non plus devenue ce dont elle rêvait, elle contemple aussi les ruines inachevées de sa vie personnelle : elle se retrouve en porte-à-faux d'une société, aux yeux de laquelle elle a déjà rompu avec les codes implicites, en n'étant pas encore mariée à son âge.

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The Woman Who Still Wants to Marry aurait pu tomber dans la fable moralisatrice sur la gestion d'une vie, avec notamment cette fameuse problématique du choix, supposé impératif, que la femme devrait avoir à faire entre travail et famille. Mais le pilote de ce drama est loin d'être aussi réducteur. Au contraire, il traite de ces questions avec une ambivalence qui sonne finalement très juste, se refusant de présenter le personnage de Shin Young de façon unidimensionnelle. La jeune femme intériorise et symbolise au fond les paradoxes de son époque. Sa versatilité témoigne de l'ambiguïté des attentes de notre société avec une authenticité rafraîchissante. Brillante et professionnelle accomplie, agissant souvent en femme forte à la personnalité affirmée, elle peut soudain se sentir accablée de doutes et se muer en célibataire pathétique. Avec son caractère entier, ses sautes d'humeur spontanées, son personnage a une portée un peu universelle dans lequel il est facile de se retrouver. Bien sûr qu'elle s'interroge sur sa vie, sur les choix qu'elle a pu faire par le passé. Elle est consciente d'aspirer à un équilibre entre deux idéaux à atteindre qui, jusqu'à présent, n'ont pas paru compatibles. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille sacrifier l'un pour atteindre l'autre. Elle se l'avoue elle-même, s'ils étaient à refaire, elle referait probablement les mêmes choix. C'est ce qu'elle est. Elle ne remettra pas en cause son sens des valeurs. Pourtant, elle est aussi parfaitement consciente de cette contradiction sous-jacente entre épanouissement professionnelle et personnelle, qu'elle n'hésite pas à souligner.

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Alliant avec inspiration des tons très différents, la série exploite, avec une certaine habileté, son concept de départ pour offrir une entrée en matière plutôt rafraîchissante. Alternant des scènes au comique burlesque, où nos héroïnes jouent avec une auto-dérision distante sur la figure caricaturale de la célibataire désespérée, l'épisode parvient aussi à nous proposer des scènes où leurs sont assenées des répliques d'une cruauté très amère sur leur vie, auxquelles elles répondent avec une dignité qui force le respect. Ces trois amies ont pris leur vie en main et ne comptent pas perdre ce contrôle, en dépit de leurs moments de doute ou de faiblesse. The Woman Who Still Wants to Marry réussit, sous ses atours de comédie romantique classique, à dresser un portrait très juste de la femme moderne. La série ne se veut pas militante. Elle n'est ni spécialement féministe, ni moralisatrice en référence à des conceptions passéistes. Elle décrit simplement les contradictions existantes dans nos sociétés modernes. Peu importe la vision progressiste que l'on peut avoir, la place des femmes demeure sujette à questionnement, que ce soit par le biais de valeurs culturelles intégrées que l'on reproduit inconsciemment, ou par une pression sociale qui s'exerce de manière insidieuse. Ce drama capte et retranscrit très bien ces éléments sociologiques, tout en utilisant, comme base à ces esquisses de réflexion, le format de la comédie romantique.

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De plus, il faut souligner que les acteurs contribuent à cette agréable impression d'ensemble. Le premier épisode se concentre sur les états d'âme de l'héroïne et de ses deux amies, le casting masculin n'étant introduit, pour une bonne partie, que dans les dernières minutes du pilote. Je ne connaissais aucune des têtes d'affiche féminines, mais elles m'ont vraiment et quasi-instantanément conquise. C'est évidemment surtout Park Jin Hee qui s'impose, en journaliste volontaire et versatile, entre femme de tête et demoiselle au coeur d'artichaud. Aimer l'actrice principale d'un drama est toujours bon signe pour la réception globale de la série. Et le jeu de Park Jin Hee, tout en grâce et relativement sobre pour son rôle et les effets comiques recherchés, colle parfaitement à son personnage. A ses côtés, Uhm Ji Won incarne sa meilleure amie, très volontaire, avec un caractère férocement indépendant qui permet une balance intéressante avec Shin Young. Et Wang Bit Na joue une ancienne connaissance du lycée dont la route professionnelle croise celle de l'héroïne. Toutes trois fonctionnent bien ensemble, et leurs scènes communes, de déprime ou de planification de stratégies improbables, apparaissent toujours très complices.

Si je n'avais encore jamais rencontré aucune des actrices de ce drama, ce n'était pas le cas des acteurs. Si Kim Bum (Boys Before Flowers) est introduit dans les dernières minutes du premier épisode, son rôle sera plus conséquent dans les prochains : un étudiant à l'attitude assez provocatrice, potentiel love interest en pointillé presque atypique, loin des stéréotypes, pour nos héroïnes, puisqu'il est de douze ans leur cadet. A ses côtés, on retrouve également l'immanquable et toujours Choi Chul Ho (doté d'un don d'ubiquité que je lui envie, puisque vu, juste l'année dernière, dans Queen of Housewives, Partner, Hot Blood) et, enfin, Lee Pil Mo (The Sons of Sol Pharmacy House).

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Bilan : The Woman Who Still Wants to Marry se révèle étonnamment rafraîchissante, portée par un trio de femmes attachantes et modernes, entre contraintes sociales et aspirations personnelles. Elle traite de la thématique classique du choix entre vie privée et vie professionnelle, mais, dans ce pilote, elle reste sur un terrain neutre, ne prenant pas partie pour aucun des choix, mettant seulement en scène trois trentenaires de leur époque, pointant avec une certaine ironie les contradictions inhérentes à la société moderne dans laquelle elles vivent, entre émancipation et poids des traditions. Au final, jouant sur un ton assez léger et n'hésitant pas à faire dans l'auto-dérision, ce premier épisode est plutôt convaincant et la dynamique fonctionne.

Le potentiel est là et donne envie de s'investir pour découvrir la suite de leurs improbables aventures et épreuves de la vie. Pour parler au téléspectateur occidental, voici peut-être une sorte de Sex & The City version coréenne
- sans sexe donc -.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce :

28/02/2010

(K-Drama) Coma : soirée d'horreur à l'hôpital

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Mise à part quelques lectures de romans de Stephen King dans ma jeunesse, s'il est bien un genre que je n'ai jamais ressenti le besoin d'explorer plus avant, c'est celui de l'horreur. De tempérament instinctivement sensible, je n'ai jamais compris cette envie de jouer à se faire peur qu'éprouvent certains. D'autant qu'avec mon imagination débordante, il est très aisé de réussir à me traumatiser pour plusieurs semaines, après le visionnage inconséquent de "vrais" films d'horreur.

Donc, a priori, la découverte de Coma n'allait pas de soi. Jusqu'à présent, dans le cadre des dramas asiatiques, le seul que j'avais eu la curiosité de visionner était une série japonaise, Chakushin Ari (One Missed Call), une fiction qui se base plus sur la suggestion et une tonalité assez diversifiée, avec de la tension certes, mais aussi des parenthèses légères et pas vraiment de vraies frayeurs. Reste que ma témérité s'en était jusqu'à présent satisfaite. Cependant, toujours en quête de nouvelles expériences, j'étais tombée, notamment sur le blog d'Ageha ou celui de Lynda, sur des reviews positives d'un k-drama a priori assez original par rapport aux classiques : Coma.

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Se démarquant sur le fond par l'histoire proposée, ce drama se distingue aussi sur la forme, puisqu'il s'agit en fait, techniquement, d'une mini-série. Elle comporte en effet seulement 5 épisodes, d'une heure chacun. Nous sommes loin des histoires diluées à la durée se comptant en plusieurs dizaines d'épisodes ! Datant de 2005, elle fut diffusée sur la chaîne câblée sud-coréenne ONC. Intriguée par ce format atypique, mais aussi par le synopsis, j'ai profité de quelques jours passés, ce mois-ci, dans une maison où je n'étais pas seule (nécessité afin de neutraliser mon imagination débordante) pour me plonger dans ce k-drama.

Coma part de bases classiques, pour développer un récit propice à générer des angoisses. Le drama se déroule au sein d'un hôpital qui s'apprête à fermer prochainement ses portes. La plupart des formalités et des transferts ont déjà eu lieu, ne reste à évacuer qu'une dernière patiente, Lee So Hee, qui est dans le coma depuis plusieurs années. Seuls quelques membres du personnel sont encore dans l'établissement. Yoon Young, une jeune agent d'assurance, est envoyée sur place pour un travail a priori normal : régler les derniers détails avant la fermeture. Mais, le passé va ressurgir : derrière les portes de l'hôpital, des secrets depuis longtemps dissimulés vont revenir à la surface, alors que d'inquiétants phénomènes se produisent.

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Pour mon premier "vrai" drama d'horreur, j'avoue que l'utilisation de ressorts scénaristiques assez classiques a pleinement fonctionné avec moi. Ayant très peu vu de fictions de ce genre, je n'ai pas les références culturelles nécessaires pour opérer des comparaisons pertinentes et éclairer la façon choisie pour exposer les intrigues. De mon point de vue de profane, a priori, il m'a semblé que la mise en scène de l'histoire ne se démarquait pas par son originalité, ré-utilisant les ficelles traditionnelles de l'horreur asiatique. Pour autant, dans cette perspective, la mini-série bénéficie grandement de son format. En effet, ses cinq épisodes correspondent finalement à cinq petits films distincts. Ils sont portés à l'écran par des réalisateurs différents (seul le 1er et le dernier épisodes disposent du même), et tous ont opté pour des styles qui leur sont propres. Si bien que Coma ne forme pas un simple bloc homogène : certains épisodes misent plus sur le suggestif et des effets de caméra et de musique, tandis que d'autres, plus directs, entretiennent une atmosphère très glauque, à la limite du gore. Ce ne sont donc pas exactement les mêmes angles de traitement qui nous sont proposées. Si cela peut générer une fluctuation qualitative assez importante, le point positif incontestable est que cela permet de confèrer une identité à chaque épisode. Parmi les cinq, le quatrième m'apparaît comme étant le plus abouti.

De plus, si les ingrédients source d'horreur sont des classiques -même s'ils ne sont pas toujours exploités de la même façon-, le format permet également à la mini-série d'adopter une narration originale, capitalisant justement sur le fait qu'il s'agisse d'une mini-série et tranchant donc avec tout parallèle cinématographique. En effet, c'est la même soirée que nous revivons dans chacun des cinq épisodes, mais l'histoire nous est racontée, à chaque fois, en suivant le point de vue d'un personnage différent. Par conséquent, on revit cette même soirée cauchemardesque cinq fois de suite, mais avec une nouvelle perspective pour chaque épisode. C'est particulièrement intéressant de voir ainsi exploiter ce format télévisuel, car c'est un choix qui ajoute une certaine tension et rend l'histoire plus captivante que s'il s'était agi d'une simple narration linéaire. A noter que cela n'empêche pas certains réalisateurs de prendre quelques libertés avec leurs prédécesseurs, générant de petites discontinuités entre les épisodes qui ne nuisent pas à la cohérence globale de l'ensemble.

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Le format particulier du récit sert plutôt bien l'histoire. Le drama n'a aucune peine à créer une atmosphère angoissante, presque oppressante par moment, pour laquelle les couloirs et salles sombres de l'hôpital sont un décor parfait. Il y a un côté assez glauque, voire morbide, qui est plus ou moins exploité suivant les épisodes, mais qui parvient à vous tenir en haleine devant votre écran sans difficulté. La suggestion fonctionne aussi très bien, réussissant à nous inquiéter dans des scènes où il ne se passe -pour le moment- rien de particulier : la simple potentialité, alliée à une musique de circonstance, suffit. L'histoire est assez lente à démarrer, cependant le téléspectateur ressent instantanément cette sensation désagréable de non-dit : il perçoit qu'un drame s'est déroulé derrière ses murs, sans qu'il ait besoin de savoir ce qu'il s'est passé. L'intrigue se reconstitue un peu comme un puzzle, en raison de la narration éclatée adoptée, mais tout se rejoint de façon convaincante au final. Dans cette optique, le drama est bien supporté par les personnages mis en scène, tous très différents et tous liés d'une façon ou d'une autre : qu'il s'agisse de l'agent d'assurance, des infirmières, de la médium ou encore du médecin (le Dr Jang m'a un peu traumatisé), tous parviennent à s'imposer à l'écran et à ne pas laisser indifférent le téléspectateur. Dans cette galerie, le point faible correspond peut-être à l'inspecteur de police du troisième épisode, avec lequel j'ai eu un peu plus de difficulté.

Le casting se révèle également assez solide, les actrices m'ayant peut-être plus séduite. Lee Se Eun (Fly high) est très convaincante dans son rôle de l'agent d'assurance revenant sur son passé ; mais mon coup de coeur va peut-être à celle qui incarne la médium, Lee Young Jin (Fight). Les seules que j'avais déjà croisées étaientt Cha Soo Yun (Hot Blood, Time between Dog and Wolf) qui incarne Lee So Hee, et puis Myung Ji Youn (IRIS), l'infirmière Kang. A leurs côtés, on retrouve Lee Jung Hun, en docteur très inquiétant, ainsi que d'autres acteurs que je n'avais jamais croisés, comme Lim Won Hee et Bae So Yeun.

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Bilan : Âme sensible vivant seule dans une maison ? S'abstenir !
Sur le fond, l'histoire se révèle très prenante, permettant, après un premier épisode plus d'exposition, de nous immerger véritablement dans une atmosphère angoissante, qui aboutira à un "toutélié" efficace, même si certaines incohérences dans la continuité du récit pourront un peu gêner. Si l'on reste dans des ingrédients classiques, le téléspectateur n'a aucun mal à se prendre au jeu et se faire quelques frayeurs. L'originalité de cette mini-série réside dans son format, dont elle parvient avec une certaine réussite à mettre en valeur son potentiel, avec cette même soirée vécue en changeant de perspective. Cela reste donc une expérience intéressante à tenter - pour profiter en plus de la brièveté du drama - mais il faut mieux apprécier un peu ce style a priori !

En conclusion, je précise que, n'ayant pas énormément d'expérience dans le domaine de l'horreur, il m'a été assez difficile de rédiger cette critique ; d'autant que ce genre se prête assez peu, dans mon esprit, à la prise de distance nécessaire à la rédaction d'une review. Mais  j'aurais essayé.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

21/02/2010

(K-Drama) Time between Dog and Wolf : NIS, Triade et vengeance personnelle

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Semaine un peu relâche côté dramas asiatiques. Outre ceux qui sont en cours de diffusion (déjà assez nombreux), je me suis seulement traumatisée en regardant une mini-série d'horreur, Coma. La review viendra quand j'aurais tout digéré, même si, je l'avoue, j'ai toujours beaucoup de mal à écrire un billet sur les fictions de ce genre-là ; il en faut peu pour m'effrayer. Et une fois ce constat dressé, l'analyse est vite réduite au minimum. En attendant de parvenir à m'armer de tout mon courage pour cette tâche, je vais, en ce dimanche asiatique, évoquer un k-drama visionné il y a quelques temps déjà, mais dont je n'avais jamais encore trouvé l'occasion de vous parler, sans doute en raison de l'impression mitigée qu'il m'avait laissée : il s'agit de Time between Dog and Wolf.

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Je suis tombée sur Time between Dog and Wolf au cours d'une période où je cherchais à m'éloigner des classiques romances coréennes, tournant un regard curieux vers des dramas plus orientés action. Si je souhaitais naïvement rompre un peu avec les habituels stéréotypes d'un certain genre, mal m'en a pris, car cette série se révéla en être un vivier sans fin. Il reste que j'ai quand même globalement apprécié l'ensemble des 16 épisodes que compte ce drama, datant de 2007, une fois une prise de distance salvatrice acquise face au scénario.

Time between Dog and Wolf s'ouvre à Bangkok, en Thaïlande, au coeur d'une guerre contre le crime organisé, menée par les services officiels thaïlandais, derrière lesquels opèrent le NIS (l'agence coréenne des services de renseignement). Lee Soo Hyun, dont le père est décédé dans des circonstances floues il y a plusieurs années, est élevé par sa mère, qui travaille au bureau du procureur à Bangkok. Gentil mais dissipé, il fait la connaissance, au cours d'une de ses escapades avec des amis, de la belle Seo Ji Woo, une adolescente du même âge que lui, avec qui il va nouer une relation particulièrement intense : elle sera son premier amour. Mais un drame va les séparer, les ramenant, chacun de leur côté, en Corée du Sud. En effet, la mère de Lee Soo Hyun a repris à son compte la croisade de son époux, pourchassant une organisation criminelle particulièrement puissante, Cheongbang. Devenue trop dangereuse pour cette Triade, elle est malheureusement assassinée sous les yeux de son fils, qui n'a que le temps de garder en mémoire le tatouage qui marquait le bras du meurtrier.

Adopté par un responsable du NIS, Kang Joong Ho, et devenu un membre à part entière de sa famille, Lee Soo Hyun grandit au côté de son frère adoptif, Kang Min Ki, avec lequel il noue une réelle complicité. Tous les deux marchent vers un choix de carrière tout tracé au sein de l'agence de renseignements. Mais les tragédies passées de Thaïlande refont un jour surface. Alors qu'il retrouve, par hasard, Seo Ji Woo, Lee Soo Hyun recroise l'assassin de sa mère au cours d'une mission. Jusqu'où son désir de vengeance le conduira-t-il ? Quels sacrifices est-t-il prêt à faire pour mener à bien ce projet ?

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Time between Dog and Wolf est donc un drama aux allures de thriller, qui navigue entre fiction policière et histoire d'espionnage, sur fond de revanches personnelles, avec une dose très légère de romances potentielles. Capitalisant sur ce genre, il entretient une ambiance paranoïaque assez intrigante qui reste, cependant, globalement relativement manichéenne. La série utilise, avec un entrain contagieux parfois un peu naïf, les différentes thématiques propres à ce type de récit : l'infiltration d'agents doubles, au sein des deux camps s'affrontant, est ainsi une de ses dynamiques principales. Par ce biais, elle n'hésite pas à aller très loin dans la mise en scène de l'ambivalence des rapports entre les personnages : les ennemis d'un jour deviennent, de façon parfois très surprenante, les alliés du lendemain. Cependant, dans cette toile d'araignée où tout n'est que manipulation, il apparaît clairement que le subterfuge reste roi, au sein d'une atmosphère particulièrement ambiguë. Si chacun semble mener une partie d'échecs létale, dont l'identité de ceux qui tirent réellement les ficelles n'est pas toujours claire, les scénaristes affichent, eux, un plaisir évident à jouer avec les loyautés et les nerfs de leurs personnages. Un plaisir tel qu'ils donnent parfois l'impression de trop en faire.

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En effet, le récit, se découpant en deux parties, se caractérise par une progressive immersion dans une surenchère de plus en plus marquée, au fur et à mesure que le tourbillon d'évènements s'enchaîne. Si les k-dramas misent classiquement sur des ressorts narratifs quasi-invariables, Time between Dog and Wolf n'hésite pas à aller très loin sur cette voie. Assumant pleinement l'utilisation de ficelles scénaristiques assez énormes, qu'elle met en scène avec un aplomb certain, la série accumule les recours à des schémas stéréotypés, rythmés par des revirements constants qui soulignent la versatilité nerveuse de l'écriture. Avec une assurance parfois quelque peu déstabilisante, elle repousse sans cesse les limites de la crédibilité de l'intrigue à leur maximum, recherchant goulûment à accroître la portée des réactions et des effets désirés. Le tournant qui frappe le héros à la mi-saison, le plus marquant, illustre parfaitement cette philosophie affichée par les scénaristes. Pour apprécier Time between Dog and Wolf, il apparaît donc nécessaire de dépasser la gêne réflexe que peut éprouver le téléspectateur rationnel confronté à cette avalanche de clichés. Il faut oublier ses scrupules et partir du postulat que ce drama est un divertissement cherchant simplement à exploiter à tous les niveaux, pleinement et de façon très efficace, son concept de départ.

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Si les poncifs du scénario, assumés de façon presque enthousiaste par la série, conduisent le téléspectateur à prendre ainsi plutôt au second degré certains éléments en apparence sérieux, la dynamique et la tension d'ensemble du récit n'en souffrent pas. Il reste aisé de s'immerger et de s'impliquer dans l'histoire, notamment en raison de la galerie de personnages très humains qui la servent. La plupart sont, soit attachants, soit intrigants, si bien qu'aucune inimité ne naît. Concernant cet aspect, il faut souligner que, sans que cela porte préjudice à l'intérêt du drama, les scénaristes n'ont pas fait le choix de l'homogénéité dans la répartition des rôles ; le face-à-face orchestré entre Lee Soo Hyun et l'assassin de ses parents est traité d'une manière un brin indirecte, ne se retrouvant pas au coeur d'un intense affrontement qui conditionnerait tout le reste. Un aspect qui se retrouve souvent dans d'autres dramas ayant pour sujet la vengeance. Time between Dog and Wolf est une série vraiment centrée sur son protagoniste principal, de sorte que l'entourage de ce dernier sert, très souvent, surtout de faire-valoir. Les actions des autres protagonistes tournent autour du personnage principal, plus qu'ils ne font preuve d'initiative par eux-mêmes. Ce déséquilibre est recherché : il y a une volonté manifeste, tout au long du drama, de mettre en avant le héros. Personne ne lui volera la vedette. Le téléspectateur n'a cependant aucune peine à se rallier à ce schéma.

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Si sur le fond, Time between Dog and Wolf a ses atouts, mais aussi ses faiblesses, soyons honnête, une partie de la renommée de la série provient incontestablement de son casting. Ou plutôt, je soupçonne la relative bonne réputation de ce drama d'être, au moins un peu, liée à la seule présence de son acteur principal, Lee Jun Ki (Iljimae, Hero). Ce dernier a à son crédit d'être un des rares acteurs coréens que je n'ai pas découvert par le biais des dramas, mais, au cinéma -ce qui, vu ma culture cinéphile parcellaire, est un fait suffisamment exceptionnel pour être souligné-, dans un film historique relativement marquant, Le roi et le clown. Depuis, j'ai conservé pour lui une bonne partie de l'affection née au détour de cette salle obscure, si bien que j'ai beaucoup apprécié le découvrir dans un registre complètement différent à travers ce drama. D'autant que c'est, je pense, dans Time between Dog and Wolf que son jeu d'acteur m'a le plus convaincu. Je suis un peu plus réservée sur ses performances dans les autres dramas où j'ai pu le croiser.

A ses côtés, les deux autres acteurs du trio principal s'en tirent de façon très honnête. J'ai beaucoup aimé Jung Kyung Ho (Smile, you, Ja Myung Go) qui joue, avec une fraîcheur communicative très agréable, le frère adoptif, au caractère assez pliable, de Soo Hyun. Tandis que Nam Sang Mi (Gourmet) incarne la figure féminine qui focalise l'intérêt romantique. Le casting secondaire se révèle aussi globalement solide, composé de plusieurs têtes souvent croisées : Kim Gab Soo (vu récemment dans JeJungWon ou encore Chuno) en patron manipulateur, Choi Jae Sung (Empress Chun Chu) en gangster pragmatique, Lee Ki Young (Goong S) en père impliqué, ou encore Suh Dong Won...

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Bilan : Du suspense, de l'action, de la vengeance, des histoires de famille impossibles et improbables, le tout saupoudré d'une touche d'amours contrariés qui n'est pas envahissante, Time between Dog and Wolf exploite, avec un enthousiasme un peu naïf parfois, mais toujours revendiqué et finalement communicatif, un cocktail très condensé de tous les schémas scénaristiques du k-drama classique. L'ensemble se révèle entraînant, et l'intrigue prenante. Le bémol vient du fait que les ingrédients de ce mélange apparaissent par moment un peu trop condensés, nuisant à la crédibilité de la trame principale au fur et à mesure que le drama progresse. Dans cette optique, la seconde partie de la série et ses multiples retournements et situations improbables peut déstabiliser un téléspectateur un peu rigoureux. Cependant, il est assez aisé de se convaincre de dépasser cette première réaction réflexe.

Time between Dog and Wolf se révèle alors être un bon divertissement, à la tonalité aguichante d'un thriller assez rythmé. Centré sur l'action et la vengeance, il laisse les romances au second plan. Au final, c'est un drama parfait pour se changer les idées, qu'il faut apprécier pour ce qu'il a offrir, sans scrupule, ni arrière-pensée.


NOTE : 6,25/10

 

La bande-annonce de la série :


Le clip d'une des chansons récurrentes accompagné de quelques images du drama :