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08/05/2013

(J-Drama / Pilote) Kumo no Kaidan : la naissance de désirs et d'ambitions, et leurs dérives

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Après un hiver plutôt positif côté petit écran japonais, revenons en ce mercredi asiatique sur la saison printanière qui a commencé depuis quelques semaines au pays du soleil levant. Sur le papier, il faut dire que peu de dramas donnaient vraiment envie de leur donner une chance. Il y en avait malgré tout quelques-uns, comme, par exemple, Take Five en grande partie grâce à son casting, mais le manque de moyens de la série l'empêche d'exploiter de façon convaincante un concept qui aurait pu être sympathique. Il y avait aussi Kumo no Kaidan : un synopsis qui disait peu de choses et n'était pas des plus engageants, mais un poster promotionnel troublant et plus sombre qu'attendu... et Hasegawa Hiroki dans le rôle principal (oui, si j'avais été honnête, j'aurais dû commencer par ce dernier argument pour expliquer mon choix).

Sauf que Kumo no Kaidan rappelle que l'on peut débuter une série sans avoir forcément de bonnes raisons pour venir s'installer devant, et y trouver des motifs légitimes pour y revenir la semaine suivante. J'ai été agréablement surprise par ce drama, peut-être parce que je n'avais a priori pas d'attentes particulières. Adaptation d'un roman du même nom de Watanabe Junichi publié en 1985, Kumo no Kaidan a débuté le 17 avril sur NTV, étant diffusé dans le créneau de 22h. La durée des épisodes varie entre 45 minutes et 1 heure. Si la série réussit à intriguer, c'est que derrière ses atours de medical drama, elle se concentre et exploite des ressorts humains chargés d'ambivalence, difficiles à catégoriser. C'est avant tout un human drama sur l'affirmation de soi et ses dérives qui tient là un thème intéressant.

[La review qui suit a été rédigée après le visionnage des trois premiers épisodes.]

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Kumo no Kaidan débute dans une petite île (fictive) de moins de 500 habitants, Mikotojima, située dans l'archipel d'Izu au large de Tokyo. Pour satisfaire aux besoins médicaux des locaux, il existe sur place une petite clinique qui doit fonctionner avec des moyens et des effectifs réduits. Elle est dirigée par le seul médecin de l'île, Muraki Eiji. Pour l'assister, il utilise de plus en plus fréquemment les services du secrétaire de l'établissement, Aikawa Saburo. Autodidacte plongé dans ses livres de médecine, ce dernier ne réalise pas seulement des soins bénins : il est encouragé et poussé par le directeur à pratiquer des opérations chirurgicales autrement plus importantes. Saburo ne sait comment se positionner face à cela, d'autant qu'il est confronté à l'hostilité de ses collègues qui n'apprécient guère l'idée de voir exercer quelqu'un sans licence médicale, ce qui constitue une infraction pénale.

Cependant, les talents évidents de Saburo vont se révéler déterminants en plusieurs occasions. Tout d'abord lorsqu'une jeune femme, en visite sur l'île, doit subir une intervention d'urgence alors que le directeur est absent : Saburo assure l'opération et sauve ainsi la vie de Tasaka Akiko. Or, cette dernière est la fille du directeur d'un prestigieux hôpital de Tokyo. Enfermée dans la vie que ses parents lui ont tracé, Akiko est touchée par la gentillesse de Saburo à son égard, loin des médecins froids et cliniques qu'elle a l'habitude de fréquenter. Elle entreprend de se rapprocher de celui qu'elle croit médecin. Saburo ne la repousse pas vraiment, même s'il a entamé une relation avec une infirmière de la clinique, Suzuki Akiko. Les deux femmes laissent entrevoir plusieurs voies possibles pour Saburo, notamment celle de poursuivre l'exercice illégal de la médecine hors de l'île, Tasaka Akiko pouvant lui ouvrir bien des portes...

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Loin de se réduire à un simple medical drama ou à un dilemme amoureux, Kumo no Kaidan propose une histoire ambivalente qui éclaire et s'interroge sur les motivations humaines. Cette série entend avant tout mettre en scène l'ambiguïté et l'affirmation des désirs, des ambitions et des sentiments. L'écriture est assez minimaliste, efficace dans sa façon de suggérer les personnalités des différents protagonistes, sans en dire trop, laissant à l'interprétation du téléspectateur une part d'ombre et d'inconnu en chacun. Le triangle amoureux annoncé suit cette même tonalité duale, loin de l'intensité émotionnelle d'un Second Virgin. L'ensemble intrigue : le récit se construit autour d'indices ou d'informations laissés qui, à mesure que l'histoire progresse, dévoilent d'autres facettes des personnages. La série a pour fil rouge la progressive affirmation des souhaits de chacun, et surtout de la part d'ombre qui accompagne cette évolution - comme l'illustre la jalousie d'Akiko face à sa jeune rivale. La figure la plus emblématique de cette approche reste Saburo, protagoniste équivoque et difficile à cerner. Quelques éléments, comme sa compréhension et son intervention auprès de la jeune Akiko lorsqu'elle envisage le suicide, ne trompent pas sur l'existence d'un pan plus sombre, avec des blessures ou épreuves qu'il dissimule. Mais, à l'image de son passé, il reste avant tout un mystère.

Initialement, tout semble le désigner comme quelqu'un de passif et de maléable. Ce sont les circonstances et les ordres du directeur qui l'entraînent peu à peu dans la pratique illégale de la médecine. Lui hésite, refuse d'exprimer à haute voix ce qu'il souhaite, comme incapable de vouloir quelque chose. Pourtant, plusieurs signes sont révélateurs qu'il y a plus en lui que cet effacement volontaire : s'il fuit instinctivement les responsabilités, tremble longtemps après une opération, il reconnaît aussi l'excitation ressentie en salle d'opération. Peu à peu, il prend conscience de ce qu'il peut réaliser. A mesure qu'il s'affirme, il laisse entrevoir d'autres facettes qui l'éloignent de l'homme trop humble des débuts. En trois épisodes, le personnage évolue considérablement : le téléspectateur assiste à la naissance de nouveaux désirs, d'ambitions qui avaient été oubliées sur cette île perdue. C'est alors une voie dangereuse qui se dessine, loin de l'innocence des débuts : il ne s'agit plus d'aider des gens, mais de s'aider soi-même. Par ailleurs, si les sentiments des deux Akiko à son encontre sont évidents, ceux de Saburo restent flous, ambivalents, à l'image de son personnage. Le fait que l'histoire soit racontée, a posteriori, du point de vue de l'infirmière amoureuse renforce la construction dramatique du récit, annonçant un engrenage de décisions qui ne tend pas vers un happy end. Cela donne donc un drama intriguant dont le téléspectateur est curieux de connaître les transformations à venir.

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Sur la forme, Kumo no Kaidan est un drama avec un certain nombre de limites. L'atout de ces débuts tient au cadre offert par la petite île dans laquelle l'action s'ouvre : il offre à la caméra quelques beaux paysages et jolis bords de mer, de quoi apporter du dépaysement au téléspectateur, loin d'une Tokyo qui reste cependant à portée de transport des protagonistes. Cependant, dans l'ensemble, la réalisation reste très académique. Un mieux se perçoit en revanche progressivement du côté de la bande-son qui, dans le premier épisode, avait tendance à aller à contre-tonalité et à se faire inutilement envahissante. Elle parvient à bien se fixer dès le deuxième. On y trouve notamment un thème récurrent presque inquiétant qui est souvent utilisé à bon escient et apporte sa marque à l'ambiance intriguante de la série.

Enfin, Kumo no Kaidan peut s'appuyer sur un casting globalement solide. Hasegawa Hiroki (Suzuki Sensei, Kaseifu no Mita) hérite à nouveau d'un rôle ambivalent et difficile à cerner, qui pourra rappeler par certains moments celui qu'il campait dans Second Virgin. Dans ces premiers épisodes, il joue quelqu'un d'assez passif et maléable, dont on sent cependant qu'il ne faudrait que peu d'encouragement pour une prise en main qui le conduirait sur la dangereuse voie de l'ambition et du mensonge. L'évolution du personnage promet d'être intéressante, et, dans ces différents registres qui s'annoncent, Hasegawa Hiroki a déjà prouvé qu'il s'en sortait très bien. Face à lui, pour compléter le triangle amoureux en formation, Inamori Izumi (Cleopatra na Onnatachi) joue une infirmière officiant sur l'île, un des rares soutiens de Saburo à la clinique. Ce qui explique leur rapprochement. Mais leur idylle est troublée par l'arrivé du personnage joué par Kimura Fumino (Sodom no Ringo). A leurs côtés, on retrouve également Naito Takashi, Hagiwara Masato, Aoyagi Sho, Kimura Midoriko ou encore Otomo Kohei.

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Bilan : Derrière les codes empruntés au medical drama ou son esquisse de triangle amoureux, Kumo no Kaidan se révèle être avant tout un drama sur l'affirmation de soi, sur le réveil des ambitions, des sentiments, des désirs, et sur la manière dont ces derniers peuvent vous égarer, avec tous les principes que l'on sera prêt à sacrifier pour atteindre ses objectifs. C'est un récit volontairement ambivalent, mettant en scène des personnages qui le sont tout autant. S'il sait prendre son temps, l'ensemble progresse de manière efficace : la fin du troisième épisode marque une première rupture dans le récit, dont il faudra surveiller l'orientation. Pour le moment, les débuts de Kumo no Kaidan ont donc rempli leur office : à suivre !


NOTE : 7/10


Un (bref) trailer conceptuel :

11/05/2011

(J-Drama) Soratobu Taiya (The Flying Tire) : un thriller industriel à suspense sur fond de tableau social nuancé


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C'est au Japon que nous ramène le mercredi asiatique de la semaine. Il faut dire que vous avez décidement de très bons conseils, et que je pense en plus commencer à bien cerner quels styles de séries sont susceptibles de me plaire actuellement au pays du Soleil Levant. Et s'il y a bien une thématique que les japonais semblent maîtriser, c'est bien leur approche du milieu de l'entreprise et de l'industrie. L'été dernier, le visionnage de Hagetaka avait été pour moi une vraie révélation. Depuis, avec une dimension historique supplémentaire, Karei Naru Ichizoku et Fumou Chitai m'ont aussi impressionnée. Nous restons aujourd'hui dans cette même lignée.

Soratobu Taiya (The Flying Tire) est un drama de la chaîne câblée WOWOW. Il s'agit en fait de l'adaptation d'un roman portant le même titre, de Ikeido Jun. Relativement courte, puisqu'elle est composée de seulement 5 épisodes, elle a été diffusée du 29 mars au 25 avril 2008. Sa durée ne l'empêche pas d'aborder de manière très riche mais aussi nuancée des thématiques multiples, mêlant à un thriller industriel prenant, un tableau social et une présentation des relations en entreprise des plus passionnants.

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C'est sur un drame que débute Soratobu Taiya. Le frein d'un camion saute lors d'un virage apparemment anodin et vient faucher une mère et son enfant qui marchaient sur le trottoir. La femme est tuée sur le coup, le fils gardera à vie cette vision terrible de l'accident qui s'est déroulé sous ses yeux. L'enquête conduite par la police disculpe rapidement le conducteur, dont le comportement n'était pas en cause ce jour-là, respectant les limitations de vitesse et toutes les consignes de sécurité. Sur un plan plus technique, pour étudier le véhicule, les autorités se tournent vers le constructeur qui apparaît légitimement le plus compétent. Hope Motors rend un rapport accablant pour l'entreprise de transport Akamatsu qui lui a acheté le camion, estimant que l'accident est imputable à une négligence d'entretien de la part de cette dernière.

Condamné moralement et socialement sur la seule foi de ce document, Akamatsu, gérant de cette société de taille moyenne qu'il a hérité de son père, voit ses clients se désister les uns après les autres, faisant craindre très vite une banqueroute irrémédiable. Seulement, l'entrepreneur refuse de baisser les bras. Plus il y réfléchit, moins il croit au diagnostic de Hope Motors et à ses réponses fuyantes. Cherchant à découvrir la vérité autant qu'à sauver son entreprise, il va trouver du soutien dans le travail d'une jeune journaliste s'intéressant également au sujet. De plus, à l'intérieur même du groupe Hope, certains employés s'interrogent aussi sur des pratiques qui risquent de fragiliser la filiale alors qu'elle traverse déjà une période difficile ; en effet, même si tout est soigneusement cloisonné, il semble bien que soit organisée en son sein une vaste opération visant à éviter à tout prix d'ordonner le rappel de véhicules défectueux, qui aurait un coût financier très important.

Soratobu Taiya va nous proposer de suivre tous ces différents protagonistes, tandis qu'en toile de fond des intérêts et des influences contradictoires s'exercent dans ce milieu complexe de l'entreprise et de la finance.

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Série très prenante, maîtrisant parfaitement son format relativement court de 5 épisodes, Soratobu Taiya va proposer une quête vers la vérité pleine de tension et de suspense. La réussite de ce drama, c'est non seulement de savoir se réapproprier certains codes narratifs du thriller, mais c'est aussi d'opter pour une sobriété bienvenue qui donne une impression de réalisme et d'authenticité lui conférant une dimension supplémentaire. Les efforts d'Akamatsu vont logiquement le conduire à se dresser contre Hope Motors. L'importance de cette société, qui appartient à un vaste conglomérat - lequel comprend même une banque -, explique que les recherches d'Akamatsu donnent parfois l'impression d'une réminiscence du face-à-face de David contre Goliath. La série va d'ailleurs s'attacher à souligner le clivage et les disparités existentes : elle démontre sans complaisance comment, selon que vous soyez puissants ou faibles, vous ne serez pas traités de la même manière, pas plus que vous n'aurez les mêmes chances de survie lorsque votre réputation ou votre santé financière sera remise en cause.

Impliquant un téléspectateur qui ne peut rester insensible à certaines injustices, la portée du drama est accrue par son exploitation d'une dimension plus humaine et sociale qui enrichit d'autant l'intrigue. En effet, Soratobu Taiya offre un tableau social détaillé et nuancé de diverses cultures d'entreprises, portrait très intéressant des modèles co-existant encore au Japon. L'archétype familial traditionnel, symbolisé par l'entreprise d'Akamatsu, fonctionne sur des bases paternalistes, étant à taille "humaine" puisqu'elle ne comporte qu'une cinquantaine d'employés. Tout repose sur le patron, y compris la survie de la société. A l'opposé, la gestion de Hope Motors n'a rien de commun : nous sommes alors face à des employés interchangeables, gérés suivant un management qui valorise les traitements préférentiels et récompenses les loyautés personnelles entre services. Pour autant, tout comme au sein d'Akamatsu Transport, il y existe également un esprit d'entreprise. L'éclairage sur la volonté de certains de changer les choses et modifier de l'intérieur ces choix discutables doit être salué, car il évite une opposition trop facile et simpliste entre deux camps...

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En effet, la force de Soratobu Taiya va être de ne jamais tomber dans un portrait manichéen. Au contraire, la série s'attache à présenter toute une palette de points de vue, bénéficiant pour cela d'une vaste galerie de personnages aux situations professionnelles très différentes. On aborde ainsi l'affaire sous toutes les perspectives possibles. Si la croisade pour la vérité d'Akamatsu, qui se persuade très tôt que quelque chose cloche chez Hope Motors, se heurte aux préjugés, aux généralités aisées et à la facilité qu'il y a de croire avant tout l'entreprise qui paraît présenter le plus de garanties de par son importance, on comprend aussi - tout en souffrant à ses côtés - le scepticisme initial que ses dénégations peuvent susciter. Cependant, ce qui est encore plus intéressant, c'est la manière dont sont décrites les divergences au sein même de Hope Motors. A des questions purement éthiques se superposent une réelle préoccupation pour l'avenir de l'entreprise : ceux qui cautionnent les mensonges, comme ceux qui vont décider d'organiser des fuites à l'intention de la presse, ont paradoxalement tous à coeur un même objectif : celui de sauver leur entreprise. A ce titre, la fin offrira une résolution mesurée très réaliste.

Cette sobriété globale n'empêche pas la série d'investir une dimension émotionnelle éprouvante. Il ne faut pas oublier que c'est un drame humain qui est mis en scène. En toile de fond poignante, il y a, constante, la douleur de la famille de la victime dont le deuil ne pourra vraiment commencer que lorsque les torts de chacun auront été reconnus. Le drama a l'intelligence de la mettre en scène avec retenu. Ne s'attardant pas, il évite ainsi un pathos qui aurait alourdi un quasi sans faute sur le plan du traitement émotionnel. Car ce qui marquera sans doute également fortement le visionnage du téléspectateur, c'est la manière dont l'opprobre social s'abât sur la famille d'Akamatsu, coupable aux yeux de tous en raison d'une perquisition policière qui n'a pourtant rien donné. Cette violence insidieuse que subissent au quotidien la femme et le fils d'Akamatsu laisse ainsi un arrière-goût très amer.

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Sur la forme, Soratobu Taiya est un drama très sobre. La réalisation est efficace, mais ne s'essaye à aucun effet de caméra : l'histoire prime, et la solidité du scénario permet au récit de se suffire à lui-même. Il parvient à générer par sa seule narration une tension et une émotion telles, qu'il devient inutile de trop en faire. Dans la même optique, sa bande-son demeure assez effacée, et cela n'est en rien préjudiciable à la portée de l'histoire. En résumé, le cadre classique assure l'essentiel.

Enfin, la série bénéficie d'un casting homogène des plus convaincants. S'attachant à mettre en scène tous les points de vue du drame, c'est une galerie diversifiée de personnages nuancés qui nous est dépeinte. Nakamura Toru (Kokoro) délivre une performance solide et intense, pour jouer ce chef d'entreprise à l'ancienne qui va tout tenter pour sauver sa société. Tanabe Seiichi (Hotelier) incarne avec nuance les interrogations d'un employé de ce groupe automobile, hésitant dans l'arbitrage à donner entre ses principes moraux et sa carrière personnelle. Le personnage joué par Hagiwara Masato (Full Swing), un banquier, est soumis aux mêmes interrogations, le touchant encore plus personnellement puisque c'est son futur mariage qui finit par être en jeu. Mizuno Miki (Dream) est parfaite en journaliste qui n'hésite pas à pousser son enquête jusqu'au bout. A leurs côtés, on retrouve également Mimura, Hakamada Yoshihiko, Emoto Tasuku, Komoto Masahiro, Aijima Kazuyuki, Ono Machiko, Endo Kenichi, Honjo Manami, Nishioka Tokuma ou encore Kunimura Jun.

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Bilan : Soratobu Taiya est une série prenante qui surprend par son intensité et la densité des thématiques abordées. Thriller industriel à suspense, elle présente également un tableau social sans complaisance mais nuancé de diverses cultures d'entreprise, tout en offrant aussi un aperçu plus général des préconceptions qui peuvent avoir cours au sein de la société face à des accusés préjugés coupables. Finalement, elle s'impose comme une histoire poignante d'êtres humains confrontés à des choix difficiles sur fond de drame marquant.

Une série conseillée à tout un chacun, les amateurs de séries asiatiques comme les téléphages d'autres horizons, tant elle fait vibrer une corde sensible universelle à tout téléspectateur. Incontournable !


NOTE : 9/10


La bande-annonce de la série :


02/02/2011

(J-Drama / Pilote) Gaikoukan Kuroda Kousaku (Diplomat Kuroda Kousaku) : thriller classique dans les coulisses diplomatiques


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Après tout un mois de janvier consacré aux dernières nouveautés de la télévision sud-coréenne, en ce premier mercredi asiatique de février, repartons un peu en voyage à travers l'Asie pour aller jeter un oeil à la première rentrée japonaise de l'année. Depuis l'été, j'ai promis d'essayer d'être un peu plus attentive au petit écran du pays du Soleil Levant. Parmi les quelques synopsis qui avaient accroché mon regard, peu disposent pour le moment de sous-titres, à l'exception cependant de Gaikoukan Kuroda Kousakou (Diplomat Kuroda Kousaku). Cette nouvelle série diffusée sur TV Tokyo depuis le 13 janvier 2011 est la suite d'un film, intitulé Amalfi, dont elle reprend le personnage principal.

Vous allez vite comprendre pourquoi ce drama a retenu mon attention : le synopsis ne promettait rien moins que de mêler diplomatie et antiterrorisme... A défaut d'avoir vraiment été conquise par Athena : Goddess of War, Gaikoukan Kuroda Kousakou pouvait-elle être ma série du genre de ce début d'année 2011 ? Certes, en guise de dépaysement japonais, le premier épisode (d'1h30) m'aura surtout offert des courses poursuites policières dans les rues de Los Angeles, ainsi que quelques vues de cartes postales californiennes, le tout ponctué par un rôle de guest-star joué par Lee Byung Hun (zut... je me suis trompée de nationalité de série ?). Le deuxième épisode a cependant retrouvé le cadre plus classique du Japon.

Sans être aussi ambitieuse que la précédente série japonaise du genre que j'avais pu visionner (Gaiji Keisatsu), ni poser une ambiance aussi aboutie et sombre,  Gaikoukan Kuroda Kousakou n'est pas inintéressante. Mais elle suit un chemin trop traditionnel pour que ces débuts lui permettent de s'imposer immédiatement.

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Kuroda Kousaku est un diplomate dépendant du Ministère des Affaires Etrangères, mais qui officie en réalité pour le compte d'une unité anti-terroriste qui y est rattachée, dont les fonds comme l'existence apparaissent entourés de secrets jusque pour les membres du gouvernement. Il y a 11 ans, une mission à l'ambassade japonaise de Mexico a tourné au drame. Son collège d'alors, Shimumora Takeshi, démissionna peu après ; tandis que depuis, Kuroda Kousaku a, lui, accepté toutes les missions à l'étranger que ses supérieurs voulaient bien lui confier, ne pouvant se résoudre à remettre un pied au Japon. C'est ainsi qu'il intervient en urgence, pour résoudre des situations compliquées comme des prises d'otage de citoyens japonais, ou plus généralement pour garantir la sécurité de certains officiels en visite.

Ceci explique son envoi à Los Angeles dans ce premier épisode. Le Japon et les Etats-Unis voyant leurs leurs relations tendues en raison d'un conflit commercial concernant des quotas d'importation de viande, la vice-ministre des affaires étrangères se rend outre-Pacifique pour prendre part à une conférence internationale qui s'annonce houleuse. Or, des renseignements collectés indiquent que des menaces pèsent sur sa personne. Alors qu'il s'efforce d'assurer la protection de cette femme plus qu'ambitieuse, Kuroda Kousaku est contacté, pour la première fois après toutes ces années, par Shimumora Takeshi. Leur rencontre est brève, assez cryptique, laissant le diplomate très perplexe. Cependant, parallèlement, au Japon, la police enquête sur un meurtre. En dépit des doutes exprimés par la jeune - et trop expérimentée - Ogaki Rikako, tous les indices désignent avec évidence un suspect : Shimumora Takeshi. Mais peu après sa rencontre avec Kuroda, avant que la police ait eu la possibilité de l'interroger, ce dernier se suicide. Ou du moins, met-il en scène sa propre mort, laissant derrière lui une fille encore adolescente devant faire face à l'opprobre social.

Devinant confusément que quelque chose de plus complexe est à l'oeuvre, alors que tous les indices pointent sur le Mexique - de l'incident d'il y  a 11 ans, jusqu'aux importantes négociations commerciales en cours -, Kuroda Kousaku obtient de rentrer au Japon pour essayer de démêler les fils de cette affaire où son ancien ami est impliqué et qui le touche de près.   

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 Gaikoukan Kuroda Kousaku affiche, dès le pilote, un cadre géographique ambitieux, puisque c'est principalement au Mexique et en Californie que l'épisode se déroule, s'attachant à mettre tout particulièrement en valeur quelques lieux symboliques de Los Angeles. Au-delà de cet effort de dépaysement, l'ensemble paraît de premier abord d'autant plus intrigant que le drama entreprend de se détacher rapidement de tout format de procedural show. Il préfère partir sur des bases plus ambitieuses, posant les bases d'un thriller qui présentera un toutélié complexe et à suspense, et qui affiche des ramifications à l'internationale et jusque dans certaines sphères gouvernementales.

Une ambition, certes, mais qui va demeurer cependant très limitée. Car ce sont des recettes éculées qu'il choisit de se réapproprier : du traitement des relations au sein des différentes institutions japonaises (des concurrences inter-services, couplées d'une défiance gouvernementale) jusqu'aux subterfuges exploités (mise en scène de mort). S'il n'est certes pas difficile de se laisser prendre au jeu de ce mystère qui rapidement s'épaissit, c'est cependant une impression mitigée qui prédomine avec cette entrée en matière (les deux premiers épisodes). Comme si, en dépit d'un cahier des charges en apparence méticuleusement rempli, il manquait quelque chose - un vrai liant - pour que les enjeux, et surtout le suspense, aiguisent vraiment la curiosité d'un téléspectateur, plus spectateur que vraiment impliqué dans l'histoire qui s'esquisse.

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Cette réserve s'explique sans doute par la relative prévisibilité, ou plutôt le refus de prise de risque, de ce drama. Préférant rester en terrain connu, on ne retrouve pas dans le scénario cette dose diffuse de surprise qui permettrait de créer une réelle tension. Toute spontanéité paraît absente de l'écriture. C'est d'autant plus frustrant que, pour le moment, Gaikoukan Kuroda Kousaku joue plutôt dans un registre suggestif, livrant quelques pièces du puzzle à résoudre de manière très (trop?) disséminée. Si on devine certes - au-delà de l'intuition bien pratique narrativement de Kuroda - que tout est lié d'une façon ou d'une autre, du mystère Shimumura jusqu'au Mexique, on reste pour le moment dans l'expectative. Si bien qu'il y a comme un arrière-goût un peu artificiel qui émane de l'ensemble. C'est sans doute en partie un défaut de mise en route ; au drama de savoir le gommer par la suite.

L'autre aspect sur lequel Gaikoukan Kuroda Kousaku devra encore s'affirmer est sans doute plus déterminant : il touche aux peronnages. Ces derniers démarrent sur des bases assez caricaturales de stéréotypes du genre, trop figés pour réussir à créer une réelle dynamique. J'ai eu du mal à vraiment m'intéresser à ces protagonistes et à leur sort. En fait, il faut attendre la fin du deuxième épisode pour les voir véritablement commencer à s'humaniser ; le dernier quart d'heure redonne espoir pour la suite. On voit un peu s'effriter le masque imperturbable qu'arbore Kuroda. Ce qui coïncide avec le moment où Ogaki Rikako commence - enfin - à s'affirmer, et à obtenir la reconnaissance de son travail. Ces deux-là ont assurément un potentiel pour former une paire complémentaire, aux scénaristes de savoir l'exploiter à l'avenir maintenant qu'ils commencent à vraiment collaborer.

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Sur la forme, Gaikoukan Kuroda Kousaku alterne quelques bonnes idées (la mise en valeur du décor californien dans le pilote est effectivement convaincante) avec d'autres initiatives plus discutables. Si la réalisation est classique, n'ayant pas l'ambition d'essayer d'imprimer sa marque et une ambiance propre à la série, en dépit de quelques de plans plus travaillés, le point faible vient plus de l'utilisation de la bande-son. La musique a surtout tendance à souligner des sur-dramatisations évidentes, là où elle devrait savoir accompagner et faire corps avec la narration. Elle peine à vraiment s'intégrer dans le récit.

Côté casting, le duo principal est composé d'Oda Yuji (Last Christmas) - pour interpréter un Kuroda Kousaku peu prompt à se dérider - et de Shibasaki Kou (Galileo), qui campe pour le moment l'archétype de la jeune professionnelle gaffeuse mais pleine de bonne volonté, dont on attend une reprise en main. A leurs côtés, gravite toute une galerie de personnages dont on ne cerne pas toujours les motivations plus ou moins troubles, plus ou moins ambitieuses surtout. On retrouve notamment parmi eux Kagawa Teruyuki, Kaho, Tanaka Kei, Nishijima Takahiro, Iwamatsu Ryo, Hagiwara Masato, Kondo Masaomi, Katase Nana, Ohkura Koji, Tanaka Tetsushi, Kaga Takeshi, Konno Mahiru, et enfin, dans le pilote, Lee Byung Hun (IRIS).

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Bilan : L'adjectif qui définirait sans doute le mieux les débuts de Gaikoukan Kuroda Kousaku reste le terme "classique". Classique au sens de prévisible, c'est-à-dire qu'elle va suivre un canevas familier au genre, mais qui va au final laisser un sentiment de manque d'ambition un peu décevant au vu des atouts mis de son côté dès le pilote. Si l'histoire apparaît complexe et intrigante, il reste à concrétiser des enjeux un peu trop flous. De même, il faudra que la suite permette aux personnages de se nuancer, comme semble l'esquisser la fin du deuxième épisode, si la série souhaite réellement impliquer le téléspectateur. 

En résumé, Gaikoukan Kuroda Kousaku dispose incontestablement d'un potentiel que l'on entre-aperçoit. A la série d'assumer l'ambition de son concept et à vraiment prendre ses responsabilités pour ne pas se contenter de rester une simple énième déclinaison du genre thriller-toutélié d'espionnage qui devrait cependant satisfaire les amateurs du genre.


NOTE : 5,5/10