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09/03/2011

(K-Drama / Pilote) Midas : un drama clinquant qui doit encore s'affirmer

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C'est en Corée du Sud que nous ramène le mercredi asiatique du jour. Si mon k-drama du moment reste incontestablement President, dont la diffusion s'est achevée fin février et qui, à chaque épisode visionné, s'impose un peu plus comme ma référence asiatique de ce début d'année 2011 (même s'il est vrai que la concurrence ne fut pas trop rude), j'ai quand même suivi ma résolution de tester quelques-unes des nouveautés de ce mois de février. Le bilan est pour le moment très mitigé. Les New Tales of Gisaeng ont eu toutes les peines du monde à retenir mon attention jusqu'à la fin du pilote.

Quant à la série du jour, Midas, si j'ai bien visionné sans me forcer les trois premiers épisodes, nous sommes pour le moment loin du coup de foudre. Si son titre confirme le penchant actuel des k-dramas pour les références mythologiques, j'avoue que c'étaient surtout les noms d'acteurs associés au projet qui avaient éveillé ma relative curiosité. Le synopsis proposé, peu éclairant et un brin aride, m'avait lui plutôt laissé sur une prudente réserve... que ces premiers épisodes n'auront pas dissipée.

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Par le biais de son personnage principal, Midas nous plonge dans le monde de la haute finance et, plus généralement, dans celui très luxueux d'une famille de chaebol. Kim Do Hyun vient tout juste de sortir de l'école de formation où il se destine à devenir avocat. Brillant, le jeune homme est courtisé par tous les grands cabinets. Mais son professeur le met en relation avec une organisation plus confidentielle, méconnue du grand public et dont l'activité est assez floue tout en restant extrêmement rentable. Attiré par les talents du jeune avocat, notamment ses facultés à comprendre et analyser les marchés et à s'adapter aux règlementations, le dirigeant des lieux lui fait une offre en or : outre des avantages matériels conséquents, il lui propose également de devenir immédiatement associé. En dépit de son ignorance sur le contenu de son futur travail, Do Hyun est incapable de résister aux sirènes de l'argent.

Jusqu'à présent, ce jeune carriériste ambitieux avait rêvé d'une vie professionnelle réussie sans jamais négliger sa vie personnelle. Il est ainsi fiancé à Lee Jung Yeon, une infirmière, qu'il doit épouser très prochainement. Mais son nouveau travail le fait basculer dans un autre monde pour un travail qui se rapproche plus du conseiller que celui d'avocat au sens strict. Il découvre en effet que le cabinet qui l'a recruté travaille en effet pour un homme d'affaires extrêmement puissant. Ce sont ses avoirs, mais aussi sa famille au sens large qu'il faut protéger. La mission apparaît d'autant plus difficile que, derrière une apparente unité de façade, la perspective de l'ouverture prochaine de la succession du patriarche aiguise les appétits de ses enfants. Do Hyun, par ses nouvelles attributions, va rapidement se trouver mêler à des enjeux autrement plus complexes que de simples questions de droit. Il va finalement prendre le parti de l'entrepreneuse à succès qu'est Yoo In Hye, dont l'intervention quelques jours plus tôt à son école dans le cadre d'une conférence l'avait marqué... pour le meilleur ou le pire ?

Les premiers épisodes de Midas s'attacher à relater le basculement de Do Hyun, mais aussi à un degré moindre de Jung Yeon par son transfert dans la branche VIP de l'hôpital, dans un monde de luxe aux préoccupations et au sens des priorités bien différents. Leur relation y résistera-t-elle ?

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Pour cette plongée dans le monde des affaires, Midas mêle allègrement jeux d'argent et de pouvoirs, se réappropriant de classiques dynamiques familiales, énième déclinaison de sempiternelles concurrences d'ambitions et de luttes fratricides. Si son approche de la finance veut marquer, n'hésitant pas à manier les chiffres à voix haute, ces débuts ne font qu'esquisser de manière peu convaincante les bases de la fiction financière. Tout en employant les mots clés attendus, navigant entre investissements et mises en jeu du capital, on reste au stade d'un superficiel qui cède trop facilement à un romanesque paresseux. Ce traitement empêche de se sentir impliqué dans des enjeux excessivement flous ; on est loin de la tension autrement plus concrète et prenante à laquelle était parvenu un drama comme Story of a man pour aborder cette thématique .

En réalité, le problème de superficialité de Midas se révèle sans doute plus profond et structurel. En effet, le mot d'ordre prioritaire semble avant tout avoir été le suivant : une immersion dans le luxe, ou plus précisément l'argent. Bien plus qu'un éventuel enjeu d'ascension sociale, bien plus qu'une incursion timide dans les marchés - même si elle en prend à l'occasion les illusoires apparences -, il s'agit avant tout d'éblouir. Les millions de wons défilent, dépensés, investis ou simplement rêvés ; combien de chiffres égrénés au cours de ces premiers épisodes avec pour seul objet d'essayer (maladroitement) d'impressionner ? A l'image de son héros, Midas se laisse griser par le luxe affriolant qui lui sert de cadre, tentant vainement d'entraîner le téléspectateur à sa suite, dans cette seule dimension trop restreinte pour faire vivre une série.

Car ce clinquant assumé, revendiqué, finit par plomber l'histoire même qu'il est censé servir. Face à cette mise en scène excessivement théâtralisée, où tout semble figé, presque forcé, l'ensemble sonne excessivement faux. Les cautions narratives pour s'immerger dans cet univers restent trop prévisibles, à l'image des ficelles scénaristiques utilisées. Les protagonistes ne parviennent pas non plus à s'imposer, restant comme en retrait devant ce cadre trop artificiellement riche. Si bien que Midas propose des débuts très déshumanisés sans donner au téléspectateur matière à s'attacher et à se fidéliser. Si on ne s'ennuie pas devant ce drama, on le suit sans s'impliquer.

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Sur la forme, la réalisation est classique, sans prise de risque particulière, ni d'identité imposée. En revanche, je serais pour une fois plus réservée concernant la bande-son de la série. Je suis souvent la première à saluer cet art de narrer musicalement des histoires et le savoir-faire que l'on croise souvent dans les k-dramas, mais Midas m'a laissé une impression mitigée. Si les chansons de l'OST ne marquent pas spécialement pour le moment, en revanche certaines musiques semblent employées à contre-temps dans le récit (notamment une). 

Enfin, il convient de s'arrêter sur un casting qui exerce évidemment un attrait incontestable. Mais, à nouveau, le drama ne parvient pas à exploiter tous ses atouts. S'il dispose d'acteurs solides, Midas peine à leur offrir l'occasion de s'exprimer pleinement, les laissant évoluer dans un ensemble un peu trop figé qui les bride quelque peu. Au sein du trio central de la série, Jang Hyuk (Robber, Tazza, Chuno) est fidèle à lui-même, investissant un registre assez sobre qui ne l'empêche pas d'imposer une présence à l'écran convaincante, qui reste cependant à bien affirmer. Lee Min Jung (Smile, You) est cantonnée à un registre de fiancée pour le moment assez unidimensionnelle. Et c'est finalement sans doute Kim Hee Ae (Snow Flower) qui s'en sort le mieux pour le moment, bénéficiant du personnage le plus ambivalent. 

Sinon, sur un plan plus secondaire, depuis janvier et Rock Rock Rock, j'ai gardé une affection toute particulière pour No Min Woo (My Girlfriend is a Gumiho), cela m'a donc fait plaisir de le retrouver ; d'autant que son personnage, par les libertés qu'il s'accorde, lui permet d'échapper opportunément au pesant ambiant. Parmi les autres acteurs, citons notamment la présence de Lee Duk Hwa, de Kim Sung Kyum, de Choi Jung Woo, de Chun Ho Jin, Lee Moon Soo, Jung Suk Won, Seo Joo Ae ou encore Yeo Ho Min.

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Bilan : En dépit d'un casting solide (auquel le drama doit sans doute une grande partie de l'attrait qu'il peut encore conserver au terme de ces premiers épisodes), Midas peine à démarrer. Certes, la série impose d'emblée une ambiance clinquante sûrement travaillée, mais l'artificialité de la mise en scène, accompagnée de la trop grande prévisibilité des storylines, plombe une dynamique d'ensemble sur laquelle pèse aussi lourdement la tendance des scénaristes à céder à trop de facilités narratives. Renvoyant une impression de manque d'ambition un peu frustrante, cette série manque de relief et d'identité, tout en laissant le téléspectateur globalement insensible, en dépit de quelques petites étincelles.

Il y a sans aucun doute du potentiel ; mais je ne suis pas certaine que l'approche par la série de sa thématique soit celle qui en permette une bonne exploitation.  


NOTE : 5/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :


26/01/2011

(K-Drama / Special) Rock Rock Rock : bio-pic rock'n'roll au parfum doux-amer sur un guitariste de génie



"I've always been like that dark sky. The one helping those stars shine. The kind of dark sky which, if no stars shine beside it, is completely ignored. I, too, wanted to shine like those stars, at least once.
"

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En ce dernier mercredi asiatique de janvier, je peine toujours autant à débuter les dernières nouveautés sud-coréennes. Je ruse donc. Et cette semaine, je me suis tournée vers un drama spécial de KBS2, forme de "mini-série" composée de 4 épisodes d'un genre un peu particulier dans les k-dramas : le bio-pic (ou "docu-drama"). Et si la thématique dominante est assurément musicale, l'époque et l'approche de cet univers apparaissent sans rapport avec un drama comme Dream High. Avis aux amateurs : nous nous situons donc avant la déferlante k-pop/Idols.

Car c'est peu dire que Rock Rock Rock est un drama qui porte bien son nom. Sa bande-son va ainsi plutôt verser dans du Led Zeppelin et, entre les covers, vont peu à peu percer les chansons originales de ce courant musical des 80's. Cette série, diffusée sur KBS2 du 11 au 18 décembre 2010, nous ouvre en effet les portes de la scène rock sud-coréenne qui va vivre son apogée. Pour moi, ce fut d'ailleurs plutôt une découverte culturelle au sens large. Avant ce visionnage, j'avoue que non seulement je n'y connaissais pas grand chose - hormis quelques chansons... reprises dans d'autres dramas -, mais je n'avais jamais entendu parler d'un groupe comme Boohwal. Bref, Rock Rock Rock a donc un autre attrait, celui d'éclairer de manière particulière sur cet univers. 

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En s'inscrivant dans le registre du bio-pic/docu-drama, c'est la vie d'un guitariste-compositeur majeur de la scène musicale sud-coréenne que Rock Rock Rock se propose de nous raconter, Kim Tae Won. Il est le leader et guitariste du groupe de rock Boohwal (qui signifie "Résurrection"), formé en 1985 dans le courant de cette vague rock qui déferlait alors sur la Corée. En dépit des revers de fortune, des épreuves et autres défections, le groupe a poursuivi sa route à travers les genres musicaux mais aussi les succès, faisant preuve d'une longévité à saluer. Son dernier album est ainsi sorti en 2009. On lui doit quelques grands classiques du répertoire musical sud-coréen, qu'il s'agisse de chansons rock ou de ballades plus nuancées (dont vous avez un aperçu dans les vidéos à la fin de ce billet).

Du tournant constitué par la fin des années 70/début des années 80 jusqu'au milieu des années 2000, ce sont plus de deux décennies musicales que Rock Rock Rock va couvrir, relatant de manière incidente les modes et les mutations d'une industrie  de l'entertainment qui, si les goûts changent, conserve son appétit financier intact.  Adoptant un style biographique romancé, la série s'intéresse donc plus particulièrement au parcours chaotique de Kim Tae Won. C'est un musicien assurément surdoué, mais ses rêves et exigences démesurés, accompagnés d'un tempérament difficile, sont au moins à la hauteur de son talent évident pour composer des chansons marquantes. Si en visionnant ce drama, il est aisé de songer que, quelque part, le succès a toujours un prix, Rock Rock Rock trouve sa force dans la dimension humaine du portrait qu'il dresse, proposant une histoire balançant entre drames et réussites, mais qui reste celle de l'accomplissement personnel d'un passionné.

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La première force de Rock Rock Rock va être sa capacité à se bonifier au fil des épisodes. Car c'est un de ces dramas qui sait mûrir et gagner, tant en intensité émotionnelle qu'en densité narrative, à mesure que l'histoire progresse. Ses débuts adoptent un air connu, plutôt prévisible : de l'adolescent en rupture avec les études qui découvre dans la musique un vrai centre d'intérêt, aux (més)aventures relativement convenues de l'aspirant musicien qui cherche sa voie, la série joue une partition balisée. Cependant, sans faire d'étincelles, elle l'exploite de manière très correcte, profitant de cette longue introduction pour forger la personnalité de Kim Tae Won et offrir au téléspectateur quelques clés pour cerner toutes ses ambivalences. Cependant, c'est véritablement à partir de l'entrée du personnage dans l'âge adulte, marquée par les premiers aléas de la vie, entre drames (une tentative de suicide après une histoire d'amour qui a mal fini) et échecs, que la série décolle vraiment et se démarque du trop calibré musical drama du premier épisode.

A mesure que les tonalités se nuancent et s'assombrissent, le drama gagne en épaisseur, accompagnant la maturation de son personnage dans les épreuves difficiles qu'il traverse. Car c'est une carrière tourmentée, reflet parfait de ses états d'âme perpétuels, entre désillusions et recherche obstinée de perfection, que va connaître Kim Tae Won. De la formation du groupe aux premiers succès rapidement obscurcis par d'autres problèmes qu'ils engendrent, le récit renvoie l'image de constants mouvements de balancier, parfois cruels, entre cette quête pour toucher les étoiles et des retours sur terre toujours plus brutaux et douloureux. Rock Rock Rock va donc prendre le temps d'aborder les thématiques classiques qui rythment, voire brisent, la vie d'un artiste. Si ses propos se font plus assurés quand elle traite de cette indispensable ambition inhérente à toute carrière, c'est lorsqu'elle s'intéresse à la dynamique du groupe, et à son rapport au succès, que la série trouve souvent un ton juste très intéressant. Tout en dépeignant des tensions internes courantes, avec l'un d'eux se retrouvant en pleine lumière (le chanteur) tandis que les autres, supposés égaux en théorie, n'ont les faveurs, ni des médias, ni des fans, le drama se concentre en priorité sur la manière dont cette carrière - pas toujours satisfaisante personnellement - marque et façonne peu à peu Kim Tae Won. Car au-delà d'une aventure musicale, c'est par sa dimension humaine que la série s'impose.

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Si Rock Rock Rock fonctionne dans ce registre biographique, elle le doit en grande partie à la complexité d'un personnage central particulièrement intense, auquel il est difficile de rester insensible. Passionné trop souvent déconnecté de tout sens des réalités, aussi impulsif qu'obstiné quand cela touche à la musique, Kim Tae Won nourrit tout à la fois une certaine folie des grandeurs, mais aussi un sentiment d'infériorité qui l'amène à toujours chercher à en faire plus, et donc parfois trop. Il y a en lui un profond besoin, une véritable soif de reconnaissance qui le conduit toujours plus loin dans les extrêmes, qu'il s'agisse de toucher les sommets en dépassant toutes les attentes ou de sombrer dans les abysses et dérives de la vie d'artiste. 

On pourrait certes se dire qu'il s'arroge un peu facilement ce flambeau du musicien-rockeur supposé écorché vif, mais si cette mise en scène fonctionne aussi bien, c'est parce qu'une forte empathie grandit envers ce personnage finalement touchant. Son naturel penchant autodestructeur est à la hauteur d'un talent dans lequel il semble pouvoir à tout moment se perdre et se noyer (et il basculera bien dans cette partie la plus sombre à l'occasion). Au fond, le téléspectateur assiste à une forme de lutte perpétuelle, où l'enjeu est plus la survie que l'hypothétique triomphe. Au sein du personnage, se joue un conflit tant interne, car se nourrissant des paradoxes et ambivalences de Kim Tae Won, qu'externe, face aux difficultés qu'il doit surmonter pour porter ce groupe qui lui tient tant à coeur, qui est sa "seule fierté" comme il le reconnaît lui-même.

Si bien qu'avec l'affirmation d'une telle figure centrale, Rock Rock Rock gagne en subtilité au fil du récit, sachant continuer à jouer sur le registre de la passion dévorante, tout en y introduisant une maturation nécessaire qui assombrit l'ensemble. Car c'est incontestablement un parfum doux-amer qui flotte sur la série, celui du dur apprentissage des désillusions de la vie et de la conscience du caractère éphémère de toute satisfaction.

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Enfin, s'il vous fallait une dernière raison de jeter un coup d'oeil à Rock Rock Rock, vous la trouverez tout simplement dans le sujet qu'elle traite. C'est une série consacrée à une passion : la musique. Si elle fait de cette dernière un omniprésent outil narratif à part entière, précisons qu'elle offre non seulement l'occasion de réviser les classiques du rock occidental (Led Zeppelin, AC/DC...), mais elle permet aussi d'explorer un versant moins médiatisé de la production du pays du Matin Calme, à travers les répertoires de Boohwal, mais en évoquant également d'autres groupes phares de cette époque, comme Sinawe... Si durant le premier épisode, l'exploitation de ce côté musical apparaît un peu artificielle et le trait forcé, la mini-série prouve ensuite toute sa légitimité et trouve progressivement son équilibre, faisant se rejoindre la vie du compositeur avec les chansons qui vont marquer le parcours de Boohwal. Musicalement parlant, le visionnage de Rock Rock Rock apparaît donc très intéressant, permettant aussi de profiter d'un style qui tranche avec le courant kpop actuel.

Côté casting, j'abordais ce drama avec quelques hésitations. Car même si gravitent autour du personnage central toute une galerie de protagonistes récurrents, c'est peu dire que Kim Tae Won détermine et porte l'ensemble de l'histoire. Or je n'avais pas gardé un souvenir imperissable de No Min Woo dans My Girlfriend is a Gumiho l'été dernier. Mais la figure qu'il incarne ici a le mérite d'être autrement plus nuancée et travaillée que son personnage d'alors, si bien qu'au fil du drama, après des débuts un peu hésitants, il semble peu à peu prendre la pleine mesure de ce personnage compliqué, nous offrant dans les derniers épisodes quelques scènes touchantes vraiment bien menées. A ses côtés, proposant une performance correcte dans l'ensemble, citons notamment Hong Ah Reum, Bang Joong Hyun, Kang Doo ou encore Kim Jong Seo.

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Bilan : Docu-drama éclairant avec un regard rétrospectif un autre pan de la scène musicale sud-coréenne, Rock Rock Rock est un bio-pic qui gagne progressivement en densité et en épaisseur, pour finalement s'imposer auprès du téléspectateur grâce à la dimension profondément humaine qu'il insuffle au portrait de la figure musicale ambivalente présentée. Car si c'est une aventure musicale et collective qui nous est dépeinte en arrière-plan, tout repose sur le personnage central de Kim Tae Won, musicien de génie, dont on suit au final l'accomplissement personnel. Plus qu'une simple histoire de succès, c'est le récit d'une quête acharnée, touchante à l'occasion et dont l'intensité ne laisse pas émotionnellement indifférent, vers une reconnaissance presque vitale.

Pour quatre épisodes, il est donc facile de se laisser emporter par le plongeon dépaysant proposé par Rock Rock Rock. Et si la narration de ce docu-drama n'est pas exempte de défauts, le sujet dispose cependant de vrais atouts qui méritent que l'on s'y arrête. Une découverte qui se fait donc sans déplaisir.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :


Parce que la musique originale est sans doute plus parlante :

부활 Boohwal 정동하 - 비와 당신의 이야기(Rain and your story) (1986)

부활 Boohwal - 사랑할수록 (The more I love) (1993)


부활 Boohwal - Never ending story... (2002)

01/09/2010

(Pilote / K-Drama) My Girlfriend is a Gumiho : une comédie légère autour du plus improbable des duos


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La "saine concurrence", version chaînes sud-coréennes, c'est aussi une certaine tendance à lancer concomitamment des projets surfant sur des sujets proches, même si leur traitement peut ensuite se révéler très différent.  Tenez, pas plus tard que cette semaine, en lisant la news sur le projet mis en chantier par KBS autour d'un drama intitulé President, on se disait quand même que ce n'était pas si éloigné, du moins dans le sujet, d'un autre projet, développé actuellement (et aux dates de tournage constamment repoussées) par SBS, intitulé Daemul. La perspective d'aller découvrir les coulisses de la Maison Bleue à travers deux approches très différentes est bien évidemment excitante, mais cela ne change rien à cette impression qu'il y a comme un écho dans la sphère de l'entertainment sud-coréen.

Cet été, les dramas ont aussi fonctionné par paire. La guerre de Corée y a eu tout d'abord droit (Comrades / Road Number One). Et, enfin, c'est aussi le sort qui a été réservé au mythe du gumiho. On pourrait fustiger un problème sur le plan de la création, mais, au vu des résultats, ce reproche tombe peut-être de lui-même... En fait, c'est surtout l'occasion de constater la diversité de traitements possibles que peut offrir un même sujet. Le cas du gumiho l'illustre bien. Tandis que KBS2 optait pour une approche plus dramatique, avec un cadre historique, SBS ne visait sans doute pas exactement la même cible en lançant le 11 août 2010 sa propre révision du mythe, signée par les soeurs Hong (My Girl, Hong Gil Dong, You're Beautiful). My Girlfriend is a Gumiho se présentait a priori comme une comédie toute légère, aux allures innocentes. C'était d'ailleurs dans ce dernier aspect que résidait ma principale crainte, avant de me lancer dans la découverte de ce nouveau drama. Je sais par expérience que l'excès de légèreté peut parfois m'empêcher d'apprécier une série.

Au final, après deux épisodes, mes hésitations premières ont été en partie confirmées. J'ai pourtant passé un moment assez sympathique devant mon petit écran, même si je ne suis pas (encore ?) vraiment sous le charme (mes oreilles, en revanche, le sont de l'OST).

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My Girlfriend is a Gumiho est une comédie dont le concept de départ est parfaitement résumé dans son titre. Il s'agit de l'association d'une paire improbable, dont les étincelles vont rythmer le drama au fil de l'évolution respective de nos deux héros et du fait que se côtoyer l'un l'autre leur apprendra sans doute certaines choses. Ainsi présenté, il est clair que cette série ne va pas révolutionner les codes narratifs du genre : nous avons là une dynamique dans la plus pure tradition des comédies romantiques coréennes. Mais, pour mettre un peu de piment à l'ensemble, il y a quand même un sacré twist original : l'introduction d'un élément de fantastique qui permet, dans le même temps, une modernisation du mythe du gumiho.

Dans ce drama, l'histoire de notre créature légendaire débute il y a cinq siècles, lorsqu'elle fut relâchée sur la Terre par une des déesses du panthéon polythéiste de l'époque. Faisant tourner toutes les têtes masculines de Joseon au point de mettre en péril le royaume, la déesse, répondant aux suppliques de ses fidèles, lui retira ses attributs en la privant de ses neufs queues et captura la belle et troublante gumiho pour la figer dans un dessin. Cinq cents ans passèrent. Le monde moderne arriva. Et la peinture, dans laquelle la gumiho était prisonnière, devint un objet relevant du patrimoine culturel, conservé dans une maisonnée dépendant d'un temple. La belle aurait pu se morfondre encore longtemps, si les circonstances n'avaient pas placé sur sa route, un jeune homme, un brin dispersé.

Cha Dae Woong est en effet un étudiant, quelque peu rêveur, excessivement spontané, avec une tendance certaine à fuir les responsabilités comme les obligations. Beaucoup de prédispositions pour pleinement profiter du compte en banque bien fourni de grand-père, moins pour satisfaire les exigences de vie de ce dernier. Après une énième remise au point ponctuée par une fuite dans un style bien à lui, Dae Woong se retrouve finalement dans ce petit coin oublié, face à ce dessin... Se laissant convaincre, au cours d'une nuit d'orage, par la voix qui le presse de dessiner neuf queues au renard de la peinture, il libère ainsi sans le vouloir la gumiho. Mais, dans la précipitation, en s'échappant ensuite dans les bois, Dae Woong fait une lourde chute qui le laisse presque mourant. Comme il l'a libérée, la gumiho décide de le sauver en lui donnant une perle de son pouvoir, scellant ainsi le lien qui va unir ces deux êtres dont l'association forcée paraît a priori si improbable.

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La première caractéristique de My Girlfriend is a Gumiho qui est à la fois un de ses atouts, mais aussi une de ses immédiates limites, c'est l'instantanée sensation de légèreté qui se dégage de l'ensemble du drama. Nul doute que les scénaristes se positionnent ici dans le registre d'une comédie où, derrière l'apparente simplicité, s'installe une construction narrative alambiquée à souhait, parfaitement assumée et mise en scène sans arrière-pensée. Les retournements de situations et autres petits gags ne chercheront pas à faire dans l'originalité, ni dans la subtilité. On n'échappera pas à divers poncifs. Mais alors que dans d'autres dramas, certains passages auraient pu paraître franchement poussifs, voire indigestes, dans My Girlfriend is a Gumiho, le style lui permet de bénéficier d'un téléspectateur finalement plus réceptif ou conciliant (c'est selon). Car
tout ceci est en quelque sorte canalisé par une désarmante innocence d'écriture assez caractéristique de ce type de drama, qui confère aux situations mises en scène une sensation diffuse de fraîcheur.

S'imposer dans ce registre léger à l'excès permet à la série de pouvoir se reposer sur ce qui est sans doute son attrait majeur pour capter l'affectif du téléspectateur, à savoir, son couple principal. Fort logiquement, les rapports de ces deux personnages s'avèrent fortement chaotiques et hautement explosifs. Nul n'aurait pu imaginer une autre situation. Le rapport de force étant ce qu'il est - et la frayeur de Dae Woong de se retrouver face à une créature légendaire se trouvant décuplée par la découverte de la gravité des blessures qu'elle a permis de soigner -, s'installe entre eux une dynamique plaisante à suivre. Le twist fantastique permet une redistribution des cartes pas inintéressante pour une comédie romantique, même si on peut rapprocher la gumiho de la figure de la "femme forte" dans certaines fictions du genre. Reste qu'il y a cette pointe d'originalité : la vie de Dae Woong dépend désormais de sa capacité à satisfaire cette si troublante, mais pas forcément douce, gumiho. Les besoins de cette dernière sont d'ailleurs pour le moment d'un ordre purement et bassement alimentaire, permettant un running-gag récurrent autour des envies de viande de la belle. Tout cela s'emboîte de façon sympathique. Cela ne vole pas haut, ne présente pas de grandes ambitions, mais il y a une dimension humaine tout en candeur qui permet à la série d'imposer son ambiance et ses choix scénaristiques.

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Cependant, si sa légèreté offre la possibilité à My Girlfriend is a Gumiho de passer certains écueils sans encombre, le revers de la médaille est qu'elle confine d'emblée le drama dans une sphère narrative très restreinte. L'histoire, fonctionnant par à-coup, manque d'épaisseur, voire de consistance : on se perd un peu au milieu de la volatilité des multiples twists et retournements de situations. Il s'agit de s'amuser sans se prendre au sérieux (ou alors les sangliers seraient devenus carnivores en Corée ?). Ces enchaînements d'évènements, suivant un rythme opportunément élevé, paraissent parfois un peu excessifs, semant le téléspectateur en cours de route. Cette exploitation poussée de la fibre divertissement/comédie est encore plus criante en ce qui concerne les personnages secondaires, caricaturaux à l'extrême, qui se voient attribuer un rôle de faire-valoir des héros ou simplement de détenteurs de petites intrigues parallèles assez lourdement écrites (la tante).

Tout cela donne au final un ensemble pas toujours pleinement équilibré ; mais, surtout, ce qui est le plus dommageable, c'est que ces éléments inscrivent le drama dans le registre du "vite visionné, vite oublié". Le couple principal est attachant, le cocktail prend bien entre eux, et, de manière générale, la tonalité d'ensemble se suit avec plaisir, mais il manque quelque chose, un liant, une consistance, pour s'assurer du caractère marquant de la série. Pour proposer autre chose qu'un "visionnage sans conséquence", le drama devra sans doute essayer de gagner en nuances et en subtilités d'écriture.

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Si My Girlfriend is a Gumiho est parfois un peu juste en terme de contenu, elle est en revanche, sur la forme, en tout point aboutie et soignée. La réalisation alterne entre plans rapprochés et prises de vue d'ensemble, délivrant de magnifiques images, toujours très esthétiques et parfois mêmes assez poétiques. Les scènes dans le passé, notamment, sont particulièrement bien réussies. Au-delà de ce beau cadre ainsi porté à l'écran, le drama bénéficie d'un autre atout important : une superbe bande-son (mais c'est une caractéristique plus que récurrente des dramas sud-coréens), avec plusieurs chansons thématiques déjà marquantes et une utilisation inspirée qui permet de souligner la portée de certains passages. Voici donc un drama admirablement bien maîtrisé sur la forme.

Enfin, côté casting, comme nous nous situons dans le registre de la comédie, logiquement nous retrouvons une certaine tendance à verser dans le sur-jeu. Cela se ressent particulièrement du côté des acteurs secondaires, sans doute accentué par le creux de leurs storylines. En ce qui concerne les acteurs principaux, Shin Min Ah (A love to kill, The Devil) illumine l'écran à la manière de la gumiho qu'elle est sensée incarner. Jouant sur le décalage entre son apparence et sa nature de créature légendaire (son rapport à la viande, etc.), elle pétille en apportant une fraîcheur très agréable. Pour compléter le duo, Lee Seung Ki (Shining Inheritance) reprend un rôle nécessitant moins de retenue. Le personnage est théâtral, volontairement excessif dans ses réactions, si bien qu'il est logique que l'acteur investisse ce registre comique. A leurs côtés, la faible exploitation des autres acteurs ne leur permet pas pour l'instant de véritablement briller, même si Byun Hee Bong (My Girl, The Sons of Sol Pharmacy House) m'a décrochée quelques sourires, face aux attitudes qu'il peut adopter face à son petit-fils. On retrouve également à l'affiche No Min Woo (Pasta), Park Soo Jin (Loving you a thousand times, Queen Seon Deok) ou encore Yoon Yoo Sun (Robber, Queen Seon Deok).

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Bilan : My Girlfriend is a Gumiho s'impose instantanément comme une comédie très légère. Elle capitalise sur la sympathie qui se forme autour d'un duo principal très attachant, dont la dynamique insuffle une certaine fraîcheur à l'ensemble. Bénéficiant d'une écriture d'une désarmante innocence, ce drama se révèle plaisant à suivre, sans pour autant véritablement marquer. On se situe pour le moment dans le registre du "visionnage sans conséquence", n'échappant pas à certains lourds poncifs "comiques" et à un relatif manque d'épaisseur des intrigues qui s'avère parfois un peu gênant.

Au fond, l'appréciation de My Girlfriend is a Gumiho dépendra sans doute en partie d'un choix volontaire et conscient du téléspectateur : sa capacité à embrasser cette innocente fable amoureuse, sans arrière-pensée et sans exiger plus de densité. Pour s'inscrire dans la durée, il faudra surveiller si, à mesure que les storylines se complexifient et se croisent, la série est capable de gagner en consistance.


NOTE : 6,25/10


Une bande-annonce de la série :


Une des chansons de l'OST, interprétée par Lee Seung Ki (l'acteur principal), intitulée "Losing my mind" (avec sous-titres anglais) :