Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/02/2011

(J-Drama / Pilote) Gaikoukan Kuroda Kousaku (Diplomat Kuroda Kousaku) : thriller classique dans les coulisses diplomatiques


gkk.jpg

Après tout un mois de janvier consacré aux dernières nouveautés de la télévision sud-coréenne, en ce premier mercredi asiatique de février, repartons un peu en voyage à travers l'Asie pour aller jeter un oeil à la première rentrée japonaise de l'année. Depuis l'été, j'ai promis d'essayer d'être un peu plus attentive au petit écran du pays du Soleil Levant. Parmi les quelques synopsis qui avaient accroché mon regard, peu disposent pour le moment de sous-titres, à l'exception cependant de Gaikoukan Kuroda Kousakou (Diplomat Kuroda Kousaku). Cette nouvelle série diffusée sur TV Tokyo depuis le 13 janvier 2011 est la suite d'un film, intitulé Amalfi, dont elle reprend le personnage principal.

Vous allez vite comprendre pourquoi ce drama a retenu mon attention : le synopsis ne promettait rien moins que de mêler diplomatie et antiterrorisme... A défaut d'avoir vraiment été conquise par Athena : Goddess of War, Gaikoukan Kuroda Kousakou pouvait-elle être ma série du genre de ce début d'année 2011 ? Certes, en guise de dépaysement japonais, le premier épisode (d'1h30) m'aura surtout offert des courses poursuites policières dans les rues de Los Angeles, ainsi que quelques vues de cartes postales californiennes, le tout ponctué par un rôle de guest-star joué par Lee Byung Hun (zut... je me suis trompée de nationalité de série ?). Le deuxième épisode a cependant retrouvé le cadre plus classique du Japon.

Sans être aussi ambitieuse que la précédente série japonaise du genre que j'avais pu visionner (Gaiji Keisatsu), ni poser une ambiance aussi aboutie et sombre,  Gaikoukan Kuroda Kousakou n'est pas inintéressante. Mais elle suit un chemin trop traditionnel pour que ces débuts lui permettent de s'imposer immédiatement.

gkkk.jpg

Kuroda Kousaku est un diplomate dépendant du Ministère des Affaires Etrangères, mais qui officie en réalité pour le compte d'une unité anti-terroriste qui y est rattachée, dont les fonds comme l'existence apparaissent entourés de secrets jusque pour les membres du gouvernement. Il y a 11 ans, une mission à l'ambassade japonaise de Mexico a tourné au drame. Son collège d'alors, Shimumora Takeshi, démissionna peu après ; tandis que depuis, Kuroda Kousaku a, lui, accepté toutes les missions à l'étranger que ses supérieurs voulaient bien lui confier, ne pouvant se résoudre à remettre un pied au Japon. C'est ainsi qu'il intervient en urgence, pour résoudre des situations compliquées comme des prises d'otage de citoyens japonais, ou plus généralement pour garantir la sécurité de certains officiels en visite.

Ceci explique son envoi à Los Angeles dans ce premier épisode. Le Japon et les Etats-Unis voyant leurs leurs relations tendues en raison d'un conflit commercial concernant des quotas d'importation de viande, la vice-ministre des affaires étrangères se rend outre-Pacifique pour prendre part à une conférence internationale qui s'annonce houleuse. Or, des renseignements collectés indiquent que des menaces pèsent sur sa personne. Alors qu'il s'efforce d'assurer la protection de cette femme plus qu'ambitieuse, Kuroda Kousaku est contacté, pour la première fois après toutes ces années, par Shimumora Takeshi. Leur rencontre est brève, assez cryptique, laissant le diplomate très perplexe. Cependant, parallèlement, au Japon, la police enquête sur un meurtre. En dépit des doutes exprimés par la jeune - et trop expérimentée - Ogaki Rikako, tous les indices désignent avec évidence un suspect : Shimumora Takeshi. Mais peu après sa rencontre avec Kuroda, avant que la police ait eu la possibilité de l'interroger, ce dernier se suicide. Ou du moins, met-il en scène sa propre mort, laissant derrière lui une fille encore adolescente devant faire face à l'opprobre social.

Devinant confusément que quelque chose de plus complexe est à l'oeuvre, alors que tous les indices pointent sur le Mexique - de l'incident d'il y  a 11 ans, jusqu'aux importantes négociations commerciales en cours -, Kuroda Kousaku obtient de rentrer au Japon pour essayer de démêler les fils de cette affaire où son ancien ami est impliqué et qui le touche de près.   

gkkn.jpg

 Gaikoukan Kuroda Kousaku affiche, dès le pilote, un cadre géographique ambitieux, puisque c'est principalement au Mexique et en Californie que l'épisode se déroule, s'attachant à mettre tout particulièrement en valeur quelques lieux symboliques de Los Angeles. Au-delà de cet effort de dépaysement, l'ensemble paraît de premier abord d'autant plus intrigant que le drama entreprend de se détacher rapidement de tout format de procedural show. Il préfère partir sur des bases plus ambitieuses, posant les bases d'un thriller qui présentera un toutélié complexe et à suspense, et qui affiche des ramifications à l'internationale et jusque dans certaines sphères gouvernementales.

Une ambition, certes, mais qui va demeurer cependant très limitée. Car ce sont des recettes éculées qu'il choisit de se réapproprier : du traitement des relations au sein des différentes institutions japonaises (des concurrences inter-services, couplées d'une défiance gouvernementale) jusqu'aux subterfuges exploités (mise en scène de mort). S'il n'est certes pas difficile de se laisser prendre au jeu de ce mystère qui rapidement s'épaissit, c'est cependant une impression mitigée qui prédomine avec cette entrée en matière (les deux premiers épisodes). Comme si, en dépit d'un cahier des charges en apparence méticuleusement rempli, il manquait quelque chose - un vrai liant - pour que les enjeux, et surtout le suspense, aiguisent vraiment la curiosité d'un téléspectateur, plus spectateur que vraiment impliqué dans l'histoire qui s'esquisse.

gkko.jpg

Cette réserve s'explique sans doute par la relative prévisibilité, ou plutôt le refus de prise de risque, de ce drama. Préférant rester en terrain connu, on ne retrouve pas dans le scénario cette dose diffuse de surprise qui permettrait de créer une réelle tension. Toute spontanéité paraît absente de l'écriture. C'est d'autant plus frustrant que, pour le moment, Gaikoukan Kuroda Kousaku joue plutôt dans un registre suggestif, livrant quelques pièces du puzzle à résoudre de manière très (trop?) disséminée. Si on devine certes - au-delà de l'intuition bien pratique narrativement de Kuroda - que tout est lié d'une façon ou d'une autre, du mystère Shimumura jusqu'au Mexique, on reste pour le moment dans l'expectative. Si bien qu'il y a comme un arrière-goût un peu artificiel qui émane de l'ensemble. C'est sans doute en partie un défaut de mise en route ; au drama de savoir le gommer par la suite.

L'autre aspect sur lequel Gaikoukan Kuroda Kousaku devra encore s'affirmer est sans doute plus déterminant : il touche aux peronnages. Ces derniers démarrent sur des bases assez caricaturales de stéréotypes du genre, trop figés pour réussir à créer une réelle dynamique. J'ai eu du mal à vraiment m'intéresser à ces protagonistes et à leur sort. En fait, il faut attendre la fin du deuxième épisode pour les voir véritablement commencer à s'humaniser ; le dernier quart d'heure redonne espoir pour la suite. On voit un peu s'effriter le masque imperturbable qu'arbore Kuroda. Ce qui coïncide avec le moment où Ogaki Rikako commence - enfin - à s'affirmer, et à obtenir la reconnaissance de son travail. Ces deux-là ont assurément un potentiel pour former une paire complémentaire, aux scénaristes de savoir l'exploiter à l'avenir maintenant qu'ils commencent à vraiment collaborer.

gkki.jpg

Sur la forme, Gaikoukan Kuroda Kousaku alterne quelques bonnes idées (la mise en valeur du décor californien dans le pilote est effectivement convaincante) avec d'autres initiatives plus discutables. Si la réalisation est classique, n'ayant pas l'ambition d'essayer d'imprimer sa marque et une ambiance propre à la série, en dépit de quelques de plans plus travaillés, le point faible vient plus de l'utilisation de la bande-son. La musique a surtout tendance à souligner des sur-dramatisations évidentes, là où elle devrait savoir accompagner et faire corps avec la narration. Elle peine à vraiment s'intégrer dans le récit.

Côté casting, le duo principal est composé d'Oda Yuji (Last Christmas) - pour interpréter un Kuroda Kousaku peu prompt à se dérider - et de Shibasaki Kou (Galileo), qui campe pour le moment l'archétype de la jeune professionnelle gaffeuse mais pleine de bonne volonté, dont on attend une reprise en main. A leurs côtés, gravite toute une galerie de personnages dont on ne cerne pas toujours les motivations plus ou moins troubles, plus ou moins ambitieuses surtout. On retrouve notamment parmi eux Kagawa Teruyuki, Kaho, Tanaka Kei, Nishijima Takahiro, Iwamatsu Ryo, Hagiwara Masato, Kondo Masaomi, Katase Nana, Ohkura Koji, Tanaka Tetsushi, Kaga Takeshi, Konno Mahiru, et enfin, dans le pilote, Lee Byung Hun (IRIS).

gkkp.jpg

Bilan : L'adjectif qui définirait sans doute le mieux les débuts de Gaikoukan Kuroda Kousaku reste le terme "classique". Classique au sens de prévisible, c'est-à-dire qu'elle va suivre un canevas familier au genre, mais qui va au final laisser un sentiment de manque d'ambition un peu décevant au vu des atouts mis de son côté dès le pilote. Si l'histoire apparaît complexe et intrigante, il reste à concrétiser des enjeux un peu trop flous. De même, il faudra que la suite permette aux personnages de se nuancer, comme semble l'esquisser la fin du deuxième épisode, si la série souhaite réellement impliquer le téléspectateur. 

En résumé, Gaikoukan Kuroda Kousaku dispose incontestablement d'un potentiel que l'on entre-aperçoit. A la série d'assumer l'ambition de son concept et à vraiment prendre ses responsabilités pour ne pas se contenter de rester une simple énième déclinaison du genre thriller-toutélié d'espionnage qui devrait cependant satisfaire les amateurs du genre.


NOTE : 5,5/10

03/01/2010

(K-Drama) IRIS : plongeon au coeur d'une vaste conspiration


irisposter.jpg

En ce premier *dimanche asiatique* de 2010, nous allons clôturer un kdrama pour lequel je vous avais promis un bilan global il y a quelques semaines. Je vous avais parlé à l'époque des débuts d'une intrigante série d'action et d'espionnage, qui a fait d'excellentes audiences lors de sa diffusion en Corée du Sud cet automne. J'étais assez enthousiaste de découvrir une série coréenne qui, sur la forme comme sur le fond, faisait entrer la production télévisée dans une autre dimension, notamment en raison d'un très important budget. Pour vous remettre à l'esprit tout cela, ma note de fin novembre : IRIS : jeux mortels d'espions.

Depuis, j'ai donc poursuivi ma découverte de cette série qui s'est achevée en décembre 2009 (il existe des rumeurs concernant une possible saison 2, mais pour le moment, rien de concret) et dont j'ai fini le dernier épisode (le 20ème) cette semaine. Si j'ai un peu plus nuancé mon premier jugement, reste que je ne regrette pas ce visionnage.

irisb10.jpg
 
L'attrait principal de IRIS réside dans son concept de base, mettant en scène une complexe histoire de conspiration et d'espionnage qui parvient dans ses meilleurs moments, à insuffler un souffle de paranoïa et de suspicion digne d'un classique occidental comme 24. Les premières minutes de la série, qui voient l'assassinat du premier ministre nord-coréen par le héros, donnent immédiatement le ton et les enjeux internationaux majeurs qui vont être au centre de cette fiction. La trahison et la division des loyautés vont s'imposer comme un des thèmes forts, d'une histoire qui se complexifie rapidement. En effet, au-delà des oppositions entre services de différents pays, IRIS dépasse les simples contingences nationales, en leur superposant un deuxième niveau de lecture, qui redistribue les rôles : l'existence d'une organisation secrète, du nom d'IRIS, transnationale, qui dispose d'agents hauts placés dans la hiérarchie de chacun des pays en cause et qui tire les ficelles dans l'ombre.
 
Apparaissent ainsi progressivement les contours d'une vaste conspiration, dont on ne perçoit pas a priori tous les tenants et aboutissants, mais qui modèle à sa guise la géopolitique et les rapports de force de la région, en fonction de ses propres intérêts. Sévissant depuis des décennies, elle utilise tous les moyens, même les plus extrêmes, pour parvenir à ses fins, à commencer par des assassinats de personnalités importantes. Pour maintenir un certain équilibre, elle influe notamment sur les programmes nucléaires qu'ont, ou ont pu avoir, les deux Corées. Dans l'histoire qui nous préoccupe, IRIS s'oppose à la politique du président sud-coréen, qui souhaiterait initier le processus de une réunification des deux pays. Pour cela, l'organisation est prête à tout : à avoir recours à des attentats utilisant des armes nucléaires, à renverser des gouvernements ou des dictateurs dans le cadre de coup d'Etat, mais aussi à précipiter ces nations dans une guerre fratricide.
 
irisb2.jpg

Tous ces aspects conspirationnistes sont dans l'ensemble bien exploités et constituent les éléments les plus réussis de la série. Ils lui offrent une solide base scénaristique, qui maintient l'attention pleine et entière du téléspectateur, assurant une fidélité renforcée par des cliffhangers réguliers. Seuls quelques maladresses d'écriture entraînent parfois une certaine confusion et des problèmes de cohérence en ce qui concerne l'évolution des personnages, qui grippent un peu cette machine pas aussi bien huilée que les apparences le laisseraient croire a priori.

Car IRIS se révèle être d'une qualité très fluctuante, passant trop souvent de moments intenses et passionnants à de longues scènes interminables à l'utilité discutable. Outre une gestion parfois insuffisamment rigoureuse de l'intrigue principale, égarant un peu le téléspectateur, la série souffre surtout de ruptures de rythme qui viennent briser l'homogénéité d'ensemble du récit. C'est particulièrement flagrant dans la première partie de la série. En parallèle de sa dominante action, IRIS, comme toute série sud-coréenne qui se respecte, se sent obliger d'inclure des romances. Ce ne sont pas les relations amoureuses en elles-même, ou les timides triangles qui les pimentent, qui posent problème. Mais plutôt, l'excessive longueur et le pseudo-romantisme qui s'imposent dans certains passages. N'étant pas du tout une amatrice de ce genre de fiction, j'ai bien cru ne pas arriver au bout d'un ou deux épisodes. De plus, entre l'assassinat de l'officiel nord-coréen à Budapest et la reprise réelle de l'intrigue en Corée du Sud, avec un dévoilement progressif des enjeux, la série souffre d'un long flottement de 2 ou 3 épisodes, où l'utilité et/ou l'intérêt de certaines scènes sont très discutables. Cela vient plomber l'histoire de façon assez dommageable.

irisb4.jpg
 
Pourtant, en dépit de quelques doutes sur le moment, je ne regrette vraiment pas d'avoir persévéré. En effet, le téléspectateur qui dépasse ses quelques hésitations d'installation est justement récompensé, car la deuxième partie de la série offre une intensité beaucoup plus constante et vraiment très prenante. La méfiance qui monte progressivement au sein du NSS, l'agence de renseignements à laquelle appartenait le héros, et qui a été infiltrée jusqu'à certains postes de hautes responsabilités par IRIS, est digne de la tension des meilleurs moments de la CTU. Les retournements de situation, et le caractère international de la conspiration, conduisent à des alliances les plus improbables. Si les menaces sont classiques (terrorisme, nucléaire, etc...), le cadre géopolitique, très différent de celui auquel un téléspectateur occidental est habitué, offre un dépaysement rafraîchissant et efficace. J'ai bien aimé la superposition des différents intérêts en jeu, ce qui entraîne, finalement, une alliance entre tous ceux qui entendent faire obstacle au plan d'IRIS, provoquant une coopération entre sud et nord-coréens, loin de toute approche manichéenne d'opposition entre les deux pays.

irisb3.jpg
 
Mitigée sur le fond, mais entrecoupée d'excellents moments qui en donnent pour leur argent au téléspectateur, la série suit ce même schéma concernant ses acteurs. Au sein du casting où figurent beaucoup de têtes connues, les acteurs principaux s'en tirent diversement. Parmi les points positifs, il faut évidemment commencer par évoquer la performance de Lee Byung Hun (Kim Hyun Joon), qui interprète de façon très convaincante un héros entraîné dans un enchaînement d'évènements qui le dépasse. Il impose une forte présence à l'écran, et maîtrisera de manière convaincante, tant les scènes d'action que les séquences d'émotions, assurant parfois à lui seul la solidité de certains passages à l'écriture quelque peu douteuse.
 
A ses côtés, ce sont finalement les acteurs incarnant les deux agents nord-coréens, qui vont pleinement tirer leur épingle du jeu. Si elle s'enferme parfois dans une passivité étrangement impassible, sans doute en partie due à l'écriture de son personnage, Kim So Yeun (Kim Sun Hwa) délivre dans l'ensemble une interprétation pleine et offre un pendant convaincant à Lee Byung Hun, avec lequel elle fait équipe une bonne partie de la série. Tandis que Kim Seung Woo (Park Chul Young) joue, de façon très posée et sobre, son supérieur hiérarchique, parfaitement en adéquation avec l'image que renvoie son personnage, à la fois pragmatique et calculateur. Il y a d'ailleurs quelque chose d'assez paradoxal à ce que le personnage de la série le plus versé dans la fidélité à certains idéaux et idées de la nation soit un Nord-Coréen. Mais cette impression doit venir de ma vision biaisée par toutes les fictions d'espionnage occidentales, dans lesquelles les Nord-Coréens sont rarement dans le bon camp.
 
irisb13.jpg

Mais à côté de ce trio efficace, les trois acteurs restant (si tant est que l'on puisse objectivement y inclure la participation marginale et plutôt anecdotique de TOP) le sont beaucoup moins. A leur décharge, il faut quand même préciser qu'il s'agit aussi des trois personnalités les plus faibles scénaristiquement, tant en terme d'envergure du personnage que de cohérence d'ensemble. Reste que je crois pouvoir annoncer officiellement que Kim Tae Hee, en plus de ne pas savoir jouer, ni de parvenir à faire naître chez le téléspectateur la moindre émotion, est devenue une de ces actrices qui fait naître en moi un profond énervement qui va croissant au fil des épisodes. De la même façon que j'avais fini par la détester dans Gumiho (Nine Tailed Fox), j'ai fini par la trouver insupportable dans IRIS. Absolument pas crédible dans son rôle d'espionne avec des responsabilités, il émane d'elle une telle fragilité que le téléspectateur s'attend à tout moment à ce qu'elle se brise en mille morceaux. Ajoutons à cela une expression monolithique qui est invariable, quelque soit le sentiment exprimé, et je crains de l'avoir vraiment et définitivement prise en grippe cette fois-ci.

L'acteur qui incarne son vis-à-vis au NSS, ex-"meilleur ami" de Kim Hyun Joon, Jin Sa Woo, sombre dans des travers quelque peu similaires. Mais ici, c'est sans conteste l'écriture du personnage qui pose problème. Jung Jun Ho ne parvient en effet jamais à prendre la mesure de son rôle, paraissant la plupart du temps ailleurs, naviguant entre émotions contradictoires qu'il exprime, plus ou moins maladroitement, de façon sporadique. Il n'a probablement pas plus compris Jin Sa Woo que le téléspectateur. Enfin, TOP, crédité au casting principal, nous gratifie de quelques brèves apparitions qui ne justifient pas un tel statut, lequel a sans doute surtout été accordé dans le but de capter quelques fans du chanteur. Avec un personnage créé artificiellement, dispensable, et dont les lignes de dialogue sont réduites à portion congrue, il n'y avait pas grand chose à faire pour TOP. Mais même en en faisant le minimum, la seule impression qu'il laisse au téléspectateur est une perplexité constante, ponctuée d'un oubli rapide.

irisb7.jpg

Finalement, c'est probablement sur la forme que IRIS va fédérer sans doute le plus ses téléspectateurs. Son budget permet en effet de proposer une réalisation efficace et soignée. L'image est parfois très belle, avec des grands plans qui permettent de profiter pleinement de certains cadres superbes. Les passages à Akira, au Japon, notamment, sont très réussies. De manière générale, d'ailleurs, ce sont tous les voyages de cette série résolument tournée vers l'international qui sont bien exploités et dont les changements de décors sont accueillis avec plaisir : à partir de la Corée du Sud, nous sommes ainsi amenés à faire des incursions au Japon, en Chine, en Hongrie et en Corée du Nord. De plus, les scènes d'action sont bien mises en scène, qu'il s'agisse des combats ou des fusillades. Ce qui leur confère une crédibilité très appréciable, qui n'est pas toujours présente dans les dramas coréens. La bande-son est fournie et permet plutôt bien de souligner la portée de certaines scènes, sans trop en faire. IRIS tient donc parfaitement son rang et ses promesses sur la forme.

irisb8.jpg

Bilan : Chargée de toutes ses contradictions, IRIS laisse une impression mitigée. Le téléspectateur reste admiratif devant la tension atteinte dans certains épisodes, nous plongeant dans un degré de paranoïa et de double jeu au sein d'agences de renseignements qui s'imposent en dignes héritiers de 24. La forme est particulièrement soignée, en particulier la réalisation. Mais cela ne peut faire oublier les moments où l'écriture du scénario prend un tour vraiment faible, confus, brisant le rythme de la série. Même constat du côté des acteurs, entre d'excellentes performances d'une part, et de très pauvres d'autre part, on reste sur la réserve.
Si bien qu'en fin de compte, IRIS se révèle être une série d'action prenante, à voir notamment pour la modernisation de certains codes de dramas coréens qu'elle introduit, mais elle laisse aussi un téléspectateur quelque peu frustré et partagé, en ne concrétisant pas toutes les ambitions affichées au départ.


NOTE : 6,5/10


Une preview, sous-titrée en anglais, de la série :