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23/12/2010

(Mini-série UK) Shooting the past : de l'importance de préserver la mémoire du passé

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Parmi les explorations téléphagiques qui me tiennent à coeur, il y a la découverte des classiques du petit écran britannique, parmi lesquels figurent les fictions de Stephen Poliakoff. Je dois dire que plus je découvre ses oeuvres, plus ma fascination grandit pour ce style clairement identifiable et qui reste à part à la télévision. L'été dernier, sans respecter strictement la chronologie, je vous avais déjà confié combien Perfect Strangers m'avait marqué. Aujourd'hui, remontons un peu plus le temps pour découvrir une autre mini-série qui s'inscrit dans le même cycle : Shooting the Past. Il s'agit d'une fiction en trois parties (3 x 1 heure) dont la diffusion sur BBC2 date de 1999.

La période paraît d'autant plus adéquate pour l'évoquer qu'elle se déroule la semaine de Noël, explorant des thématiques chères à Poliakoff et reprenant des ingrédients et un savoir-faire caractéristique, que l'on retrouvera quelques années après dans Perfect Strangers. Shooting the Past interpelle pareillement le téléspectateur, s'interrogeant sur la mémoire et le rapport des hommes à l'Histoire et aux histoires, le tout par le biais des instantanés d'un siècle, des photographies.

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Si Shooting the Past s'ouvre durant la semaine de Noël, par la voix de son narrateur, Oswald, les fêtes n'en sont qu'un décor posé en arrière-plan. Car c'est un parfum, aussi fascinant qu'indéfinissable, de profonde intemporalité qui règne dans cette mini-série, nous plongeant dans un univers préservé, coupé du tourbillon quotidien de la société moderne qui va bientôt venir le bouleverser. C'est en effet un lieu de mémoire, où s'entreposent les instantanés retranscrivant un siècle de la grande et des petites histoires, que Shooting the Past nous invite à découvrir. En entrouvrant pour nous l'intimité des archives de la Falham Photo Librairy, dont la collection est menacée d'être dispersée voire détruite, c'est une fenêtre sur le passé, une tranche du XXe siècle, qui est proposée au téléspectateur à travers les reconstitutions et enquêtes qu'ont conduit les différents membres du staff.

L'histoire débute par le rachat du château dans lequel la collection est entreprosée par une compagnie américaine. Le nouveau propriétaire souhaite faire table rase de cette vieille bâtisse austère pour construire sur ce terrain un bâtiment moderne qui accueillera une école de commerce compétitive. Cela sonne le glas du quotidien bien policé du staff de la collection photographique. En effet, soudain, tout doit être vidé ; et tous ces clichés anonymes, qui composent une collection bien trop importante pour trouver rapidement un acheteur, risquent d'être détruits. Seuls les quelques photos ayant une valeur pécuniaire importante pourront être sauvées. Décidé à se battre pour éviter cette destruction programmée, le staff va tout faire pour parvenir à un compromis avec le président de la société américaine, Christopher Anderson. Tout en cherchant désespérément une solution de replis dans ce délai si court et en cette veille de fête, la directrice, Marilyn Truman, va présenter à Anderson quelques unes des histoires extraordinaires qui se cachent dans ces clichés ordinaires que rassemble la collection.

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Bénéficiant d'une écriture stylée et de dialogues parfaitement ciselés, Shooting the Past investit un registre émotionnel qui reste tout en retenue et où viennent percer, avec habileté, des pointes d'humour, mais aussi de drame. Cette richesse des tonalités confère au récit une vitalité captivante, que n'affecte nullement la dimension très contemplative, presque lente, de l'ensemble. Cette qualité scénaristique permet à la mini-série d'imposer avec beaucoup de maîtrise le thème qu'elle va s'attacher à explorer et qui ne peut laisser indifférent.

Si Shooting the Past est une fiction sur le temps, paradoxalement, elle apparaît pourtant étonnamment hors du temps, détachée des contingences du présent, à l'image de celui qui incarne peut-être le mieux l'esprit de cette oeuvre, ce personnage d'Oswald qui refuse obstinément de seulement envisager l'idée de la fermeture et de la dispersion de la collection. En nous plongeant dans le passé, cette fiction saisit l'occasion de la mise en lumière d'un travail d'archives pour s'interroger sur l'importance de la mémoire, mais aussi sur sa nécessaire préservation, avec le thème de la conservation du patrimoine. L'utilisation des photographies reste une idée narrative centrale des plus brillantes. Elle offre la possibilité de faire revivre, sous l'oeil de la caméra, par la magie des documents d'époque, des êtres et des destinées que le temps aurait déjà effacés. Shooting the Past réussit d'ailleurs admirablement à retranscrire, avec une authenticité troublante, ce ressenti unique, mélange de curiosité et de fascination, que l'on éprouve lorsque l'on se plonge ainsi dans des archives.

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Pour autant, ce besoin de mémoire ainsi souligné ne va pas cantonner la mini-série uniquement dans des préoccupations tournées vers le passé. Avec une sobriété désarmante, en démontrant combien des êtres ordinaires ont pu, chacun à leur manière, vivre à leur échelle des histoires "extraordinaires", dépassant les apparences ou emportés par les soubresauts de leurs époques, c'est à ses personnages du présent et, par ricochet, au téléspectateur, que Poliakoff s'adresse par un jeu de miroir dont on est rapidement pleinement conscient. Sans jamais formuler explicitement cette problématique pourtant centrale, Shooting the Past conduit ainsi à s'interroger sur la place que l'on peut occuper, la vie dans laquelle on s'inscrit et le legs que l'on laissera.

Car en choisissant d'individualiser des destinées en apparence anecdotique, la mini-série rompt avec humanité l'anonymat de ces figures en noir et blanc du XXe siècle, mettant en scène sous un jour nouveau leur vécu. Tout en pointant le culte de l'instantanéité promu par la société moderne, elle souligne l'importance de ne pas oublier, symbolisé par cet entrepreneur aux grands projets qui va finalement retrouver dans son propre passé familial, et les secrets qu'il contient, des explications jusqu'alors informulées sur les motivations qui l'animent. De manière incidente, cela lui offre l'occasion de rappeler que chacun a sa place dans une histoire plus large, parvenant à son niveau et avec ses moyens, à ses propres accomplissements. Une question reste d'ailleurs en suspens, lancinante, à la fin du visionnage : qui sait comment un regard rétrospectif éclairera ce présent que l'on vit actuellement sans recul ?

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Si l'ambiance de Shooting the Past exerce une telle fascination sur le téléspectateur, elle le doit également en partie à la façon dont la forme va savoir mettre en valeur le fond. Les oeuvres de Poliakoff ont toutes une caractéristique visuelle et, surtout, musicale, instantanément identifiable, que l'on retrouve une nouvelle fois ici, parfaitement exploitée. La réalisation est épurée, d'un style classique, tout en suivant cependant une approche presque contemplative que le thème musical récurrent, omniprésent, de la mini-série, vient appuyer. Car Shooting the Past démontre déjà une maîtrise de l'environnement musical que Poliakoff continuera de perfectionner par la suite. Un morceau de musique classique, initialement presque anecdotique mais qui gagne peu à peu en importance, va devenir le repère musical rapidement incontournable qui va accompagner l'ensemble et revenir constamment, de la scène d'ouverture jusqu'aux immersions dans le passé que permettent ces galeries de photographies exposées.

Enfin, pour porter à l'écran cette réflexion sur nos liens avec le passé, la mini-série bénéficie d'un excellent casting, parmi lequel on retrouve plusieurs des acteurs fétiches de Poliakoff, à commencer par Lindsay Duncan et Timothy Spall, que l'on croisera par la suite dans Perfect Strangers. Face à eux, pour incarner l'entrepreneur américain, Liam Cunningham (qui sera prochainement à l'affiche de la série d'anticipation Outcasts sur BBC1) leur donne la réplique de manière toute aussi convaincante.

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Bilan : Fiction contemplative aux accents confusément intemporels, Shooting the Past esquisse une réflexion sobre et fascinante sur la complexité de nos rapports avec le passé, à travers l'exploration d'un format d'archives particulier qui sied parfaitement à la télévision : la photographie. S'intéressant à la place de la mémoire dans nos sociétés modernes, elle s'attache à faire revivre des histoires représentatives du XXe siècle, tout en éclairant finalement de manière incidente ce tourbillon constant que sont les destinées humaines, dont un regard rétrospectif permet de redécouvrir l'unicité, et par certains aspects le caractère extraordinaire, de chacune. Célébrant la vie par un hommage au passé, c'est aussi sur lui-même que Shooting the Past amène le téléspectateur à réfléchir.

Un incontournable de Stephen Poliakoff à avoir vu au moins une fois.  


NOTE : 9/10


Un extrait, "Just a story" :


22/12/2010

(Bilan) L'année téléphagique 2010 en Corée du Sud

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Ce n'est certes pas le dernier mercredi asiatique de décembre, mais les deux premiers épisodes de It's okay, Daddy's Girl ne m'ayant pas particulièrement enthousiasmé, profitons de ce jour pour dresser un petit bilan des k-dramas de l'année 2010. Pour tout vous dire, l'exercice est une nouveauté, puisque c'est bien la première fois que je suis de façon aussi assidue et "en direct" la saison sud-coréenne.

Comme dans tous les billets rétrospectifs de ce blog, le résultat donne un mélange de sérieux et de décalé permettant d'évoquer tout ce qui a pu me marquer au cours de l'année. J'ai choisi de retenir en priorité des dramas achevés ; cependant, une exception notable et irréductible est venue se glisser dans ce bilan, car il était inconcevable de ne pas évoquer Secret Garden qui s'impose un peu plus chaque semaine comme mon coup de coeur de 2010. Je vais donc prendre le risque de l'inclure sans en connaître la conclusion, choisissant de faire confiance aux scénaristes.

Pour le reste, les références sont diverses et variées. Dans la mesure du possible, j'ai essayé de privilégier des passages peu spoilerisant, parlant par exemple des scènes des premiers épisodes. Enfn, le dernier problème à surmonter fut de réactiver mes souvenirs des dramas du début de l'année ; cela a été réalisé avec plus ou moins de succès... N'hésitez donc pas à partager vos souvenirs !

 

LES SERIES

Mon top 5 :
5. Joseon X-Files / Pasta
4. Doctor Champ
3. Coffee House
2. Jejoongwon
1. Secret Garden

Le top des séries historiques :
5. Comrades
4.
Chuno (Slave hunters)
3. Dong Yi
2. Joseon X-Files
1. Jejoongwon

Les lots de consolation :
Prix de l'originalité du concept : Joseon X-Files
Prix de l'originalité de l'écriture : Harvest Villa
Prix de la comédie la plus gourmande : Pasta
Prix de la meilleure OST : My girlfriend is a gumiho
Prix de la plus belle image : Doctor Champ
Prix de la photographie la plus cinématographique et aboutie : Joseon X-Files
Prix de la série la plus kitsch : A man called God
Prix de la série ayant réalisé le plus d'économies budgétaires dans la conception des costumes de ses acteurs : Chuno ( Slave hunters)
Prix de la série la plus fédératrice du public (audiences)  : Baker King
Prix de la série la plus légère : Marry me, Mary
Prix du buzz internet le plus important : Sungkyunkwan Scandal
 
Prix de la série que je n'ai pas regardée dont on m'a le plus parlé : Prosecutor Princess

Le top des déceptions :
5. My country calls 
4. God of Study
3. A man called God
2. Kim So Roo
1. Road Number One


ILS ONT MARQUE 2010 : instantanés choisis


La scène comique devant laquelle je ris encore en me la remémorant :

Personal Taste : Un ascenseur, deux hommes, un problème de fermeture éclair, deux possibilités et une ouverture de porte inopinée... ai-je besoin d'en dire plus ?

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La scène la plus intense émotionnellement parfaite :

Cinderella's sister : Dans le train que Song Eun Jo a pris avec sa mère pour échapper à son "beau-père" du moment, la jeune fille voit les hommes de main lancés à leur poursuite approcher. Sa mère dort. Durant un instant de tergiversation, l'adolescente envisage de l'abandonner pour s'enfuir seule. Une scène dont la brièveté n'a d'égale que son intensité. Un déchirement sobrement et si justement mis en scène.

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 La scène d'action à la meilleure chorégraphie de combat :

Chuno (Slave Hunter) : S'il y a bien un aspect qui fut soigné dans Chuno, ce fut sa forme. Une photographie travaillée, des combats superbement chorégraphiés, avec cascades et autres prouesses, le tout (parfois trop?) magnifiquement mis en relief à grand renfort de ralentis et autres effets de style. Aucun doute sur ce point, le drama était destiné à impressionner visuellement le téléspectateur.

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 La scène d'action à la cascade la plus improbable :

Fugitive Plan B : Tout ce que vous n'aviez jamais soupçonné pouvoir faire au volant d'une moto... sans même être décoiffé (et en gardant sa chemise d'un blanc immaculé, et nécessairement ouverte façon négligé chic). Au moins voilà une entrée en matière (explosive) où le drama annonce clairement la couleur.

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La scène esthétique qui a mis plein d'étoiles dans les yeux du téléphage :

Doctor Champ : L'image de ce drama fut dans l'ensemble vraiment superbe, alors même que l'enjeu ne se situait pas dans cet aspect formel. La scène qui symbolise peut-être le mieux cette dimension esthétique reste le magnifique lâcher de lanternes à souhait ô combien symbolique. C'est d'ailleurs au cours de ce moment, lors du pilote, que s'est produit le déclic qui m'a définitivement fait tomber sous le charme de ce drama.

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Le plus beau paysage :

My Girlfriend is a Gumiho avait de vrais accents féériques par moment, profitant du concept particulier de la série pour mettre en valeur et exploiter certains cadres superbes. Comment ne pas tomber en admiration devant de tels décors ?

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Le final ésotérique qui a donné mal à la tête :

Joseon X-Files : Disons juste qu'il s'inscrit dans la lignée de l'ambiance atypique de la série et laisse à chacun le soin de faire ses interprétations.

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La créature fantastique de l'année :

Le Gumiho. Désormais, le renard à neuf queues n'a plus de secret pour le téléphage coréanophile, les chaînes sud-coréennes ayant entrepris de revisiter cette légende populaire célèbre, avec deux séries adoptant deux approches très différentes du sujet : Gumiho : Tale of the Fox's Child et My girlfriend is a Gumiho.

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Mes instants "fleur bleue"


Le couple de l'année :
Gil Ra Im et Kim Ji Won (Secret Garden)

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Le baiser de l'année :

Coffee House : Le premier baiser entre Seo Eun Young et Lee Jin Soo, à la fin de l'épisode 8. Sous la pluie, dans une cabine téléphonique, une impulsion irréfléchie qui sonne juste et me fait complètement fondre devant mon petit écran (même au bout du dixième vingtième re-visionnage de ladite scène).

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La scène romantique de l'année :

Doctor Champ : J'ai déjà évoqué ces fameux lâchers de lanternes destinés à exaucer un souhait et la symbolique qu'ils ont pris dans ce drama. Je crois bien que tous les téléphages qui ont suivi Doctor Champ n'ont pu que sentir une chaleur particulière envahir leur coeur devant cette conclusion ouverte sur l'avenir. 

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LES PERSONNAGES

Un personnage principal masculin : Kim Joo Won, interprété par Hyun Bin (Secret Garden). Pour son narcissisme, ses maladresses, et la force et l'intensité de ses sentiments.

Un personnage principal féminin : Gu Miho, interprétée par Shin Min Ah (My girlfriend is a Gumiho). Pour sa fraîcheur, sa spontanéité, et ce mélange confus de douceur et d'exubérance.

Un vrai bad guy : Son Hyuk, interprété par Cha Seung Won (Athena). Oui, je sais, je n'ai pas encore regardé un seul épisode d'Athena... et alors ?

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LES ACTEURS

Celui dont je suis amoureuse : Kang Ji Hwan (Coffee House)

Celui qui aurait mérité d'être mieux exploité : Uhm Tae Woong (Doctor Champ)

Celui dont j'aimerais qu'il choisisse mieux ses projets : So Ji Sub (Road Number One)

Celle que j'aime toujours très fort : Ha Ji Won (Secret Garden)

Celle qui a été une confirmation après le coup de coeur dans IRIS, même si je n'ai pas aimé tous ses dramas de 2010 : Kim So Yeon (Prosecutor Princess, Doctor Champ)

L'apparition cameo qui m'a fait plaisir : Kim Seung Woo (Queen of Reversals)

Ma découverte eye-candy de l'année : Kim Jin Hoon (Joseon X-Files)

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LES SOUNDTRACK

Le top 3 des plus belles chansons de l'année :

3. That woman, par Baek Ji Young (Secret Garden)



2. Page One, par SG Wannabe & Ok Ju Hyun (Coffee House)



1. Fox Rain, par Lee Sun Hee (My girlfriend is a gumiho)


L'année aura donc été diversifiée et intéressante. Cependant, paradoxalement, s'il y eut finalement beaucoup de dramas plaisant à suivre, il y en a peut-être eu peu de véritablement marquants se détachant unanimement du lot. Certes, 2010 vit un gros succès d'audience et quelques buzz importants, mais je n'ai été très sensible ni à l'un, ni aux autres.

J'espère en tout cas que vous avez pris autant de plaisir que moi devant cette année téléphagique en Corée du Sud. En tout cas, les "mercredi asiatique" furent de loin les critiques les plus visitées sur ce blog, merci beaucoup !

Reste à souhaiter que 2011 soit aussi riche !

20/12/2010

(Bilan) Les tops en séries éclectiques de l'année téléphagique 2010

Les derniers jours du mois de décembre sont la période où le téléphage jette un regard rétrospectif, déjà presque empreint d'une nostalgie diffuse, sur l'année écoulée, en se remémorant les coups de coeur et autres désamours qui ont rythmé ses relations passionnelles avec le petit écran.

Il sera sûrement temps de s'attarder plus précisément sur chaque pays ultérieurement, mais, aujourd'hui, en guise de hors-d'oeuvres, je vous propose une série de tops plus ou moins sérieux et orientés, histoire de se remettre en tête tous les divers ingrédients qui ont fait et marqué cette année téléphagique, en positif comme en négatif. Un seul critère pour que la série puisse être citée ci-dessous : avoir été diffusée en 2010 dans son pays d'origine.

Parce que ce blog reste à vocation sériephile internationale, j'ai essayé (dans la mesure du possible) de choisir un élu de cinq nationalités différentes pour chacune des catégories spécialement créées pour l'occasion (Angleterre, Etats-Unis, Corée du Sud, Japon et un "Reste du monde"). Une façon d'essayer d'offrir une rétrospective plus large, sans pour autant s'égarer dans des classements qui perdraient tous leurs sens si on mélangeait toutes ces productions trop différentes.

 

Voici donc une petite piqûre de rappel téléphagique pour 2010. 

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Les essentiels

LES TOPS

Le top des inattendues (bonnes) surprises du chef :
Angleterre : The Indian Doctor (mini)
Etats-Unis : -
Corée du Sud : Harvest Villa
Japon : Mother
Reste du monde : Rake  (Australie)

Le top des meilleures séries sous-estimées (dont on n'a pas assez parlé) :
Angleterre : Garrow's Law / The Silence (mini)
Etats-Unis : Rubicon
Corée du Sud : Jejoongwon
Japon : Atami no Sousakan
Reste du monde : This is not my life (Nouvelle-Zélande)

Le top des meilleures séries que je n'ai pas regardées (mais pour lesquelles je vous fais confiance) :
Angleterre : This is England 86'
Etats-Unis : Mad Men
Corée du Sud : Daemul
Japon : Mioka / Chase
Reste du monde : Hero Corp (France)

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LES FLOPS

Le top des séries sur-estimées (dont on a trop parlé) :
Angleterre : Skins
Etats-Unis : The Walking Dead
Corée du Sud : SungKyunKwan Scandal
Japon : -
Reste du monde : Maison Close (France)

Le top des concepts au potentiel intéressant qui sont tombés à l'eau (et ont coulé) :
Angleterre : The Deep (mini)
Etats-Unis : No Ordinary Family
Corée du Sud : My girlfriend is a Gumiho
Japon : Toubou Bengoshi
Reste du monde : Lost Girl (Canada)

Le top des séries qui ont jumpé the shark en cours de route (et c'est triste) :
Angleterre : Spooks (MI-5)
Etats-Unis : True Blood
Corée du Sud : Chuno (Slave Hunters)
Japon : -
Reste du monde : la dernière saison d'Avocats & Associés (France)

Le top des remake officiels ou rip-off non officiels qu'il aurait mieux fallu ne pas tenter (et dont on se serait bien passé) :
Angleterre : Bouquet of Barbed Wire (mini)
Etats-Unis : V
Corée du Sud : God of Study, remake de Dragonzakura
Japon : Joker Yurusarezaru Sosakan, rip-off de Dexter à Kanagawa
Reste du monde : Every move you make, rip-off de Lie to me à Hong Kong (Chine)


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Les autres petits bonus inutiles pour se remémorer l'année 2010

 

LES SERIES

Mon top international des meilleures séries historiques (juste pour souligner combien ce genre est diversifié) :
10. La Commanderie (France)

9. Ryomaden (Japon)
8. Dong Yi (Corée du Sud)

7. The Pillars of the Earth (Les Pilliers de la Terre) (co-production internationale)
6. Joseon X-Files (Secret Investigation Record) (Corée du Sud)
5. Nicolas le Floch (France)
4. Garrow's Law (Angleterre)
3. Boardwalk Empire (Etats-Unis)
2. Jejoongwon (Corée du Sud)
1. Downton Abbey (Angleterre)

Le top des fins de séries ésotériques aux influences communes (qui ont occasionné une nuit blanche à se perdre en conjectures au téléphage) :
3. Lost (Etats-Unis)
2. Atami no Sousakan (Japon)
1. Ashes to Ashes (Angleterre)

Le top lacrymal de l'année (hommage pour leur contribution à la construction de pyramides de kleenex) :
Angleterre : Single Father
Etats-Unis : The Pacific (mini)   
Corée du Sud : - 
Japon : Sunao ni Narenakute  
Reste du monde : Gloomy Salad Days (Taiwan)

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LES PERSONNAGES

Le top de mes personnages principaux masculins préférés :
Angleterre : Le Docteur, interprété par Matt Smith (Doctor Who )
Etats-Unis : Jimmy Darmody, interprété par Michael Pitt (Boardwalk Empire) 
Corée du Sud : Lee Jin Soo, interprété par Kang Ji Hwan (Coffee House)
Japon : Kenzo Hoshizaki, interprété par Odagiri Joe (Atami no Sousakan)
Reste du monde : Nicolas le Floch, interprété par Jérôme Robart (Nicolas le Floch - France)

Le top de mes personnages principaux féminins préférés :
Angleterre : Alex Drake, interprétée par Keeley Hawes (Ashes to Ashes )
Etats-Unis : Nicky Grant, interprétée par Chloë Sevigny (Big Love) 
Corée du Sud : Gil Ra Im, interprétée par Ha Ji Won (Secret Garden )
Japon : Saotome Yuri, interprétée par Amami Yuki (GOLD)
Reste du monde : -

Le top des couples qui m'ont fait shipper devant mon petit écran :
Angleterre : Lady Mary et Matthew (Downton Abbey)
Etats-Unis : Jessica et Hoyt (True Blood)  
Corée du Sud : Gil Ra Im et Kim Jin Won (Secret Garden)
Japon : Haru et Nakaji (Sunao ni Narenakute)
Reste du monde : -

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En fin de compte, je me rends compte que 2010 fut quand même une année assez chargée (et très riche, en qualité comme en quantité)... Je l'ai sans doute vécue de manière différente par rapport aux saisons précédentes. Mais la sériephilie demeure intacte, et c'est peut-être ce qu'il y a de plus rassurant.

16:21 Publié dans (Bilans) | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : 2010, tops |  Facebook |

19/12/2010

(Pilote UK) Dirk Gently : les enquêtes décalées d'un détective holistique

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Si le paysage téléphagique des inédits se vide quelque peu à l'approche des fêtes de fin d'année, heureusement, les programmations ne s'arrêtent jamais complètement. C'est ainsi que ce jeudi soir, BBC4 proposait, sous forme d'épisode indépendant pouvant faire office de pilote pour une série potentielle, une introduction aussi intéressante qu'intrigante dans l'univers d'un détective atypique, d'un genre très particulier, imaginé par le génial écrivain Douglas Adams - plus connu pour son fameux Guide galactique.

Dirk Gently se révèle finalement être une adaptation libre qui va investir avec inspiration un registre de faux polar au parfum diffus de science-fiction décalée à l'excès. C'est atypique et ça a surtout le mérite de correspondre à un créneau confusément farfelu dans lequel on aimerait voir la BBC s'investir. C'est le genre de fiction qui sait encore surprendre le téléspectateur et parvient à trancher un peu au sein d'un paysage téléphagique où les investigations traditionnelles demeurent sur-représentées.

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L'originalité de cette fiction tient, dès le départ, à la manière dont son héros conçoit le métier d'enquêteur privé qu'il exerce. En effet, Dirk Gently se considère comme un "détective holistique". C'est-à-dire qu'il croit à l'existence d'une interconnexion fondamentale entre toutes choses. Partant de ce postulat de départ, il applique cette théorie aux enquêtes qu'il conduit. Adoptant ainsi une approche toute personnelle, dans la droite ligne de l'excentricité du personnage, il ne reconnaît pas le hasard et ne croit pas dans les coïncidences. Systématisant jusqu'au bout cette méthode, il estime donc que chaque développement nouveau, chaque rencontre impromptue en apparence, n'est qu'une pièce d'un puzzle plus vaste qui le conduira, inévitablement, à la résolution du mystère d'origine.

Pour bien apprécier la tonalité d'ensemble, précisons d'emblée que le mystère d'origine, dans ce pilote potentiel, consiste en la recherche d'un chat, Henry ; une inoffensive vieille dame, pour qui son animal domestique est tout, ayant embauché Dirk Gently. Suivant une logique qui lui est propre et qu'il est le seul à comprendre, fidèle à sa conception sur l'interconnexion des choses, ce dernier remonte obstinément un fil confus d'évènements sans lien apparent entre eux, si ce n'est la ferme conviction de Dirk et la mise en oeuvre de cette théorie holistique. En l'espèce, des retrouvailles inattendues avec un ancien camarade d'université jusqu'à la disparition, concomitante à celle du chat, d'un milliardaire spécialisé dans les nouvelles technologies, en passant par l'étrange explosion d'un entrepôt, tous les "indices" accumulés par Dirk finissent par converger vers un jour où tout semble se rejoindre : le 5 décembre 1994. De manière incidente, c'est finalement d'autres agissements autrement plus graves que Dirk va mettre à jour par son obstination, dans une enquête où toutes les pièces, pourtant si désordonnées, s'emboîtent parfaitement, consacrant même le burlesque ambiant en faisant basculer le récit dans un fond de science-fiction toute aussi décalé que le reste.

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Tout l'attrait de Dirk Gently réside dans ce savoureux maniement d'un absurde instantanément désarmant dans lequel elle va rapidement exceller. Derrière une apparence formelle d'enquête, aussi anecdotique soit-elle aux premiers abords, le téléspectateur se retrouve en réalité plongé dans une intrigue joyeusement décousue. Les ressorts narratifs, aussi incompréhensibles que délicieusement loufoques, ne trouvent de logique que dans l'esprit excentrique d'un personnage principal qui navigue entre la figure du détective trop génial pour ses vis-à-vis et celle de l'escroc pragmatique aux revenus aléatoires, mais qui retombe toujours sur ses pieds. S'attachant à cultiver avec une certaine jubilation cette dynamique confuse des styles et des genres, Dirk Gently pique sans diffiulté la curiosité du téléspectateur intrigué par l'engrenage improbable dont il est le témoin : comment ne pas être amusé, et même fasciné, par cette logique illogique qui conduit, en dépit de toute rationnalité et contre tout bon sens, à des résultats plutôt probants ?

La vraie réussite de ce pilote se matérialise donc dans cette divertissante excentricité. Au-delà de son originalité conceptuelle, Dirk Gently reste plus classique pour développer sa dimension humaine, esquissant une dynamique assez conventionnelle entre les personnages principaux. Ces derniers ne parviennent que par intermittence à retranscrire cette touche de folie douce qui caractérise l'enquête elle-même. Le duo formé pour l'occasion n'est pas sans rappelé d'autres associations du genre, l'inconscient du téléspectateur commençant par ses souvenirs estivaux avec Sherlock : un détective au sens de la logique exacerbé et aux qualités relationnelles limitées va faire équipe avec un ancien camarade, sans travail, au naturel plus conciliant... Cependant, si ces recettes sont si souvent utilisées, c'est aussi parce qu'elles ont fait leur preuve. La paire formée par Dirk Gently et Richard Macduff dévoile au fil de l'heure un potentiel certain ; plusieurs scènes, notamment celles où il est question de hacker l'ordinateur de la petite amie de Richard, proprement jubilatoires, laissent entrevoir des choses très prometteuses si BBC4 leur donne l'occasion d'explorer cette voie plus avant.

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Si le charme vaguement farfelu de Dirk Gently opère sans difficulté sur le fond, la forme se révèle plus classique. La réalisation est assez intéressante, notamment parce que les images sont efficacement mises en valeur par une photographie soignée. La sobriété travaillée des teintes et des couleurs choisies tranche avec le caractère très saugrenu de certaines situations, aboutissant à un résultat très solide.

Enfin, le casting se met sans difficulté au diapason de cette atmosphère particulière. Le jeu de Stephen Mangan (Jane Hall, Green Wing, mais aussi à partir de janvier prochain à l'affiche de la comédie co-produite par Showtime et BBC2, Episodes) correspond parfaitement au maniérisme comme à la désinvolture un peu désarçonnante d'un Dirk Gently si difficile à cerner. A ses côtés, Darren Boyd (Green Wing, Personal Affairs), fidèle à lui-même et dans un registre pas si éloigné de son rôle dans Whites cet automne sur BBC2, offre un pendant rationnel et mesuré aux élans pas toujours contenus de son "ami". Enfin, Helen Baxendale (peut-être plus connue pour son rôle d'Emily, dans Friends) complète un trio principal au potentiel indéniable.

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Bilan : Se complaisant dans une ambiance à la confuse excentricité inimitable, les enquêtes du détective holistique Dirk Gently sont un petit bijou d'absurde burlesque que l'on prend plaisir à suivre, tout en découvrant avec surprise que cette méthode d'investigation improbable nous conduit effectivement quelque part. Suivant une logique qui n'existe que dans l'esprit tordu de son personnage principal, mais sans se départir d'une flegmatique sobriété toute britannique, l'épisode entreprend de créer un univers de polar loufoque assez jubilatoire. On se surprend à se laisser entraîner dans cet engrenage d'évènements, dont l'originalité des règles de la trame narrative se révèle au final très rafraîchissante.

Ce backdoor pilote dévoile donc des promesses que l'on se prend à espérer voir développer plus avant. Il ne reste plus qu'à croiser les doigts pour que BBC4 soit également tombée sous le charme.  


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce :


Une preview :


18/12/2010

[TV Meme] Day 18. Favorite title sequence

S'il est bien un élément que je chéris tout particulièrement pour retrouver avec plaisir l'ambiance d'une série, c'est son générique. Je tiens plus que tout à l'existence de cette petite séquence d'introduction. J'attends avec impatience que ses premières notes retentissent. J'aime ritualiser ce processus téléphagique, ouvrant ainsi officiellement l'épisode. Le générique est cette porte d'entrée vers un univers téléphagique à part. Non seulement il est fondamental à la construction de l'identité d'une série, mais en plus, il est intimement lié aux souvenirs associés à telle ou telle fiction que l'on conservera des années après sa conclusion. Il est déterminant pour cette nostalgie diffuse qui se développera après coup, le rendant a posteriori fondamental.

Un générique est constitué de différents ingrédients : une musique, un montage d'images plus ou moins abouti, une esthétique d'ensemble... Tous ces facteurs sont déterminants, le tout étant de trouver le juste équilibre, permettant de séduire le téléspectateur. Car ce que tout téléphage attend de chaque introduction, ce sous-entendu, il est explicitement énoncé par un générique qui a toujours exercé sur moi une fascination désormais teintée de nostalgie.


"Ce n'est pas une défaillance de votre téléviseur. N'essayez donc pas de régler l'image. Nous maîtrisons, à présent, toute retransmission. Nous contrôlons les horizontales et les verticales. Nous pouvons vous noyer sous un millier de chaînes ou dilater une simple image jusqu'à lui donner la clarté du cristal, et même au-delà... Nous pouvons modeler votre vision et lui fournir tout ce que votre imagination peut concevoir. Nous contrôlerons tout ce que vous allez voir et entendre. Nous partagerons les angoisses et les mystères qui gissent dans les plus profonds abysses... au-delà du réel."


Au-delà du réel : l'aventure continue (1995)


Quand je porte un regard rétrospectif sur ma téléphagie, ce sont tout d'abord les plus nostalgiques qui reviennent immédiatement dans mes souvenirs. C'est la musique étonnamment envoûtante de Twin Peaks qui me donne toujours des frissons - peut-être en partie parce que je l'ai écoutée des dizaines de fois avant même de découvrir ladite série (elle figurait sur une compilation que j'avais achetée durant mon adolescence). Ce sont aussi les premières notes inimitables de X-Files. C'est encore la séquence culte du duo d'Amicalement vôtre qui défile devant mes yeux. Tous ces premiers génériques m'ont marqué et sont restés intimement liés à ma téléphagie.

Plus récemment, d'autres génériques me viennent à l'esprit pour des raisons très différentes. Les montages d'images d'archives de Carnivàle. Le rappel du génocide ouvrant Battlestar Galactica. Le coeur de Baltimore dans The Wire (la version proposée dans la saison 3 reste ma préférée). La folk étonnamment décalée de John from Cincinnati. L'impression de plonger dans l'Histoire en train de s'écrire dans The West Wing (A la Maison Blanche). Le sublime morceau musical ouvrant Earth Final Conflict (dont je vous ai tant de fois parlé). La séquence en apparence à la fois anodine et glaçante de Dexter.


Au final, aujourd'hui, j'ai opté pour deux choix. D'une part parce que chacun incarne une de ces tendances, entre nostalgie et fondamentaux. D'autre part, parce qu'ils représentent deux façons différentes de construire un générique pour un résultat tout aussi convaincant et marquant. On retrouve dans le premier le caractère déterminant du choix musical (une chanson ô combien culte !) et un montage génial pour le second.


L'enfer du devoir (Tour of Duty)
(CBS, 1987-1990)


Dead Like Me
(Showtime, 2003-2004)


Ce générique de Dead Like Me est un petit bijou à plus d'un titre, riche en paradoxes, parfait reflet de la série. Il propose a priori un défilé de scènes anonymes de la vie quotidienne... mettant en scène des faucheurs, le tout avec une petite musique diablement entraînante. La mort et la vie se mêlent, se mélangent, en un cocktail si particulier, inimitable qui constitue l'âme de la série.