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05/12/2010

(FR) Nicolas le Floch - saison 3, episode 1 : La larme de Varsovie

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Chaque année, je me promets d'essayer de donner plus de place aux fictions françaises. Chaque année, cette résolution reste invariablement lettre morte. Pourtant, j'entends bien des échos intéressants du Village français et autre Fais pas ci, fais pas ça, qui me donneraient assez envie de trouver le temps de m'installer devant mon petit écran. Mais pour une raison ou pour une autre, je finis toujours par oublier et remettre à plus tard. Cependant il reste quand même une poignée de séries françaises auxquelles je suis fidèle.

C'est ainsi que vendredi soir dernier marquait le retour des aventures inédites de Nicolas le Floch, sur France 2, pour une saison 3 qui s'annonce tout aussi brève que savoureuse. Doublement inédite car il s'agit de la première saison où les scénarios ne sont pas basés sur les livres originaux de Jean-François Parot. D'ailleurs, pour évoquer tout cela, n'hésitez pas à aller regarder la vidéo de la rencontre avec l'équipe de la série sur Le Village. Toujours est-il que, attendue, la première aventure, La larme de Varsovie, aura tenu toutes ses promesses.

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Cette première enquête plonge Nicolas dans les coulisses de la Cour, au sein de laquelle l'intrigant et excessivement mystérieux Comte de Saint-Germain, sur lequel mille et une rumeurs agitent Versailles, apparaît bien en grâce auprès de Louis XV, pour le plus grand agacement de certains de ses ennemis, dont le duc de Choiseul. Non seulement le Comte de Saint-Germain indique au roi l'emplacement secret où repose, depuis soixante ans, un magistrat dont le sort était entouré de mystère, mais il se propose également de raviver l'éclat de la "Larme de Varsovie", une perle que la reine tient de sa famille et qui semble se ternir chaque jour un peu plus. On raconte que si elle venait à s'éteindre, elle scellerait la fin de la lignée la détenant... Or, le Comte de Saint-Germain a tout juste le temps de se mettre à l'ouvrage que le précieux bijou lui est dérobé. Nicolas, chargé originellement de sa sécurité, enquête donc, tout en s'occupant de plusieurs homicides par strangulation qui semblent également liés à toute cette affaire aux premiers abords bien floue.

Adoptant les codes habituels de la série, on retrouve dans cette aventure tous les ingrédients qui font de Nicolas le Floch une série aussi aboutie que divertissante. L'intrigue débute avec un paradoxal excès de simplicité pour mieux se complexifier au fil de l'épisode, à mesure que viennent s'y greffer de nouveaux enjeux, plus ou moins obscurs, voire à la rationnalité discutable, et des protagonistes aux intérêts très divers. C'est d'ailleurs dans cette multiplicité de pistes qui finissent par toutes se rejoindre, s'assemblant en un puzzle finalement cohérent, que réside une des forces de l'épisode. Cette richesse du scénario dénote une réelle ambition narrative qu'il est nécessaire de souligner, tant elle s'assure de captiver l'intérêt d'un téléspectateur dont l'attention ne retombera jamais. L'ensemble est rythmé, les rebondissements soutenus. Si on aurait facilement pu s'égarer quelque peu en suivant Nicolas et son fidèle Burdeau dans cette intrigue à tiroirs multiples, la réussite de la construction narrative proposée est de ne jamais perdre de vue le fil rouge principal.

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Assurément prenant par sa maîtrise d'un scénario complexe, l'épisode ne se départit pas de ses origines policières, tout en n'hésitant pas à tendre à l'occasion vers l'aventure de cape et d'épée. On retrouve ainsi ce cocktail des plus attrayants, déjà admirablement maîtrisé au cours de la saison 2. Flirtant avec une thématique résolument ésotérique, entre alchimie, société secrète et malédiction, sur fond de résurgence de la fameuse vengeance des Templiers (il y a quand même quelque chose d'assez fascinant dans la source narrative inépuisable que constitue cet ordre monastique), l'histoire ne nous épargne pas des sempiternelles querelles de personnes gangrénant la Cour, au cours desquelles les plus humbles apparaissent invariablement comme de simples pions à la disposition des puissants. Le téléspectateur se prend donc facilement au jeu de ces mystères, parfaitement portés à l'écran par une galerie de personnages des plus convaincante.

Il faut bien dire en effet que si l'ensemble fonctionne aussi, il le doit en partie à ses personnages, au dynamisme communicatif. Ce sont eux qui permettent aussi bien d'alterner les tons - offrant des passages plus légers - que d'insérer des ruptures opportunes dans la narration. Ils apportent une vitalité parfaitement symbolisée par un Nicolas le Floch, charismatique à souhait, dont l'assurance flirte à l'occasion avec une certaine arrogance qu'il assume par une prise de distance souvent désarmante. Il est impossible de ne pas apprécier le personnage. Pourtant la série ne se limite pas à sa seule figure centrale ; en effet, on retrouve à ses côtés des protagonistes, extrêmement différents les uns des autres, mais en un sens parfaitement complémentaires. C'est homogène et chacun apporte une pierre à l'édifice, à l'image d'un Sartine ambivalent, qui permet tout à la fois de rappeler - avec humeur - ses limites à Nicolas, tout en introduisant une imperceptible pointe de comédie.

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Par ailleurs, même si c'est une constante, il est impossible de ne pas rappeler une nouvelle fois un élément incontournable sur lequel une bonne partie du charme de Nicolas le Floch repose : ses dialogues si finement ciselés, dont les tournures soignées sont un ravissement pour les oreilles, et qui rendent les échanges tellement savoureux. Cela apporte un plaisir supplémentaire à suivre l'ensemble.

Ce délicieux parfum de XVIIIe siècle qui flotte ainsi sur la série est cependant modérément confirmé sur la forme. Si les costumes - et les perruques - ne dépareillent pas, si la réalisation est également tout à fait correcte, tout reste cependant très propret, clair, offrant une reconstitution, certes par l'esprit, mais point par la photographie qui reste peut-être un peu trop neutre.

Enfin, il convient de saluer les performances du casting, conduit par un Jérôme Robart qui personnifie à merveille le charme, mais aussi les ambivalences, du héros. A ses côtés, nous retrouvons également Mathias Mlekuz, Camille de Pazzis, François Caron ou encore Vincent Winterhalter. Chacun maîtrise son registre, pour un résultat des plus convaincants.

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Bilan : Mêlant les ingrédients de l'enquête policière à ceux de l'aventure de cape et d'épée, avec en toile de fond les soubressauts avant-coureurs du milieu du XVIIIe siècle, La larme de Varsovie propose une aventure enlevée, où les dialogues savoureux résonnent avec délice dans notre petit écran. Si l'affaire du jour semble parfois un peu alambiquée, l'histoire se suit de façon plaisante, d'autant plus que les personnages trouvent chacun leur place pour offrir une galerie aussi bariolée qu'équilibrée, portée par le dynamisme et l'aplomb sans faille d'un Nicolas le Floch toujours aussi charismatique.

Bref, ne boudons pas notre plaisir. 


NOTE : 7,25/10


Le savoureux générique :


La bande-annonce de la saison 3 :

04/12/2010

[TV Meme] Day 16. Your guilty pleasure show.

Ce 16e jour du TV Meme m'aura posé un irréductible problème de sens. Si en théorie, il est aisé de visualiser ce que signifie cette expression tellement usitée qu'elle en devient galvaudée de "guilty pleasure", c'est le moment de confesser que je n'ai jamais compris comment la mettre en application, voire même, de préciser qu'elle m'a toujours un peu agacée. Pour répondre à ce dilemme, je suis pourtant aller lire plusieurs fois l'article de Critictoo sur le sujet : une série "dont on n'avouera aucunement avoir aimé regarder".


Certes, je comprends la dichotomie posée entre plaisir et qualité. Et si on remonte le temps, je suis passée, comme beaucoup de sériephiles, par cette période de téléphagie compulsive, qui consistait à regarder de la manière la plus exhaustive qui soit tous les programmes devant lesquels ma télécommande me conduisait. Mais ça s'appelle se faire une éducation. Comment se forger des repères, étalonner des valeurs qualitatives, si on n'a jamais eu un aperçu global de tout ce que le petit écran pouvait offrir ? Toujours est-il que je n'appliquerais pas le terme "guilty pleasure" à ces séries, puisque cela supposerait d'avoir eu conscience sur le moment d'un pseudo décalage entre la dictature du bon goût et ces choix, ce qui suppose un recul et un minimum d'éducation téléphagique.

Sauf que mon problème face à ce concept se situe sans doute en amont. En cherchant à le définir, en théorie, on y trouve un élément subjectif (notre conscience téléphagique qui juge nos programmations) et un élément supposé objectif (le regard extérieur de la communauté téléphage). Sauf que si ma conscience me titillle bien parfois, j'avoue que je reste totalement hermétique à l'idée d'une pseudo intervention extérieure. Je crois tout simplement que ce sous-entendu d'un jugement sur les goûts téléphagiques de chacun m'agace ("les goûts et les couleurs", non ?). En clair, je ne connais pas la "honte", si bien que je vais m'en tenir uniquement à la première condition purement subjective pour traiter de ce jour du TV Meme.


Concrètement, désormais, il est de plus en plus rare que je suive régulièrement des séries que j'estime dispensables. J'ai donc retenu les hypothèses où je vais passer du bon temps devant le visionnage, tout en en reconnaissant - voire maugréant sur - les limites et en me disant que j'aurais sans doute mieux à faire. Le dernier exemple le plus criant qui me vienne à l'esprit est, cet automne, la mini-série Bouquet of Barbed Wire, devant laquelle j'ai pris un plaisir franchement disproportionné par rapport à la qualité objective du scénario. Mais vu que les personnes ayant visionné cette fiction doivent se compter sur les doigts d'une main...

Plus généralement, si je jette un oeil dans mes visionnages de 2010, je retrouve cette disproportion importante entre le plaisir pris et la qualité objectivement estimée, dans une poignée de séries, aussi diverses que Fugitive Plan B, Supernatural ou encore The Tudors. C'est simple : ce sont des séries que je juge complètement dispensables, que j'estime franchement regarder pour de mauvaises raisons (que je laisse à votre imagination le soin de deviner) et durant lesquelles je me répète généralement que j'aurais bien mieux à regarder. Sauf que je supporte bon gré, mal gré, les aléas de la qualité scénaristique et j'y trouve souvent un plaisir complètement disproportionné.


Au final, j'ai donc opté pour la série qui symbolise sans doute le mieux tous les paradoxes de l'attraction/répulsion inhérent à cette notion de "guilty pleasure", parce qu'elle mélange les deux ingrédients principaux qui ont le plus de chance de créer un guilty pleasure chez moi : 1) le thème du fantastique propre à me faire tout regarder (ou presque) ; 2) des arguments de casting.

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Mais je ne suis toujours pas convaincue de cet article.

Je distingue confusément une différence de degré entre les séries dîtes simplement insignifiantes ou dispensables et celles éligibles en guilty pleasure (le pleasure traçant la ligne de démarcatio), mais la frontière est floue...

Bref, comme je n'ai pas forcément envie de reéccrire une herméneutique de la sériephilie et de disserter sur quelque chose d'aussi futile que cette notion, je rends les armes et vous invite à ne pas hésiter à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires.

01/12/2010

(K-Drama / Pilote) Marry me, Mary (Mary stayed out all night) : un concentré de légèreté


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Pour ouvrir ce mois de décembre, prenons - enfin - le temps de consacrer ce mercredi asiatique à un k-drama dans la lignée de ces légères sucreries mélodramesques dont le pays du Matin Calme a le secret, également très attendu en raison de son casting : Marry me, Mary (a.k.a. Mary stayed out all night), diffusé depuis le 8 novembre 2010 sur KBS2.

Soyons franc, si cela fait deux semaines que je reporte la critique, c'est en partie parce que je n'ai pas vraiment d'enthousiasme à partager devant cette découverte. Non qu'elle soit déplaisante à suivre, puisqu'elle prend peu à peu ses marques et que Moon Geun Young illumine l'écran. Mais il faut bien dire qu'elle est arrivée dans le courant d'un mois de novembre particulièrement chargé qualitativement en nouveautés sud-coréennes, de Secret Garden (qui s'impose comme mon gros coup de coeur de ces six derniers mois) à King Geunchogo. Abondance de séries ne nuit pas, mais oblige à hiérarchiser et à dresser un ordre des priorités. Tout dépendra ensuite de ce que l'on recherche ; car, pour un téléspectateur en quête de léger pétillant, assurément, Marry me, Mary est toute adéquate. Mais il faut bien reconnaître que la magie n'a pas opéré à mon égard. 

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D'emblée, la série s'installe dans le registre de la gourmandise sucrée-acidulée, naïvement romancée, qui se savoure sans arrière-pensée devant son petit écran. Le concept se révèle finalement d'une simplicité relativement désarmante, reprenant ces recettes traditionnelles, promptes à rapprocher des opposés et à faire naître des relations. Sans réellement prendre de distance avec l'histoire mise en scène, Marry me, Mary investit efficacement un terrain déjà connu de tout amateur de k-drama.

Wi Mae Ri est une jeune femme pragmatique et pleine d'entrain, étudiante par intermittence, employée quand elle le peut, dont le quotidien est rythmé par les coups de semonce des multiples créanciers de son père. Dotée d'un tempérament naturellement enjoué, elle s'efforce de prendre la vie du bon côté et de ne pas se laisser atteindre par ce harcèlement perpétuel, tout en protégeant son père du mieux qu'elle le peut, avec ses faibles moyens. Suite à un accident de voiture, elle rencontre - dans des circonstances donc quelque peu compliquées - le chanteur indépendant d'un groupe se produisant dans un club de sa ville, Kang Moo Kyul. Après l'avoir poursuivi pour le forcer à signer une décharge de responsabilité, la jeune femme finit par se lier, bon gré, mal gré, avec un artiste somme toute assez envahissant, qui n'hésite pas à s'inviter chez elle. 

Parallèlement, le père de Mae Ri, préoccupé par sa catastrophique situation financière, retrouve par hasard une vieille connaissance, un industriel ayant fait fortune au Japon. Ce dernier propose à Dae Han un accord pour l'aider à faire disparaître ses ennuis : il épongera toutes ses dettes si Mae Ri épouse son fils, Jung In. Effrayée à la perspective d'un mariage arrangé que son père perçoit comme sa bouée de sauvetage, Mae Ri fait alors passer Moo Kyul pour son nouvel époux, fausses photos de célébration à l'appui. Mais le mensonge ne fait qu'empirer une situation déjà bien confuse lorsque son père exhibe un faux certificat de mariage. Finalement, un bien curieux compromis est trouvé, satisfaisant toutes les parties : Mae Ri dispose d'une période d'essai de 100 jours au bout de laquelle elle devra faire un choix entre les deux jeunes gens qui lui sont proposés - ou éventuellement les refuser tous deux. Comment Mae Ri passera-t-elle ces quelques mois avec son temps ainsi divisé en deux ? Son coeur s'ouvrira-t-il à l'un ou à l'autre ?

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Comme il est facile de le pressentir à la lecture du synopsis, Marry me, Mary présente un cocktail condensé et revendiqué de légèreté parfaitement calibrée, qu'elle va s'attacher à exploiter par des recettes qui ont plus que fait leur preuve dans le petit écran sud-coréen. Avec une relative insouciance enjouée, un peu à l'image de son héroïne, la série prend son temps pour installer ses enjeux. Faisant le choix de capitaliser pleinement sur une indéfinissable innocence d'écriture, elle introduit dès le départ une dynamique plaisante, presque infantile dans le bon sens du terme, qu'incarne à merveille la resplendissante Mae Ri. C'est sans nul doute dans ce personnage que réside l'âme et le coeur de la série. Déjà, dans ses scènes solitaires, elle éclaire l'horizon du téléspectateur, perdue dans appartement vidée de tout mobiliser à savourer ses dramas. Dans les scènes versant plus dans le relationnel, voire la confrontation, elle apporte ce soupçon de spontanéité qui sonne juste, tout en trouvant instantanément une naturelle alchimie avec ses partenaires, à commencer par Moo Kyul.

Le corollaire nécessaire d'un tel cocktail de légèreté implique, pour que cela fonctionne, de parvenir à charmer le téléspectateur. Car le seul concept de départ - ces fameux 100 jours pour faire un choix - n'est pas un réel fondement narratif consistant, mais constitue plus un prétexte commode à des mises en scène, allant du rocambolesque franchement comique au touchant quasiment désarmant. Appliquant des recettes bien huilés, Marry me, Mary se révèle au final très contemplative dans sa narration, misant ouvertement tout sur ses personnages, prenant plaisir à distiller, par petites scènes anecdotiques, les bases des relations qu'elle va nous relater. Elle y met d'autant plus d'application que, pour s'assurer d'une tonalité en adéquation avec cette ambition de proximité émotionnelle, la série joue la partition connue de l'écriture à la naïveté aussi confondante que désarmante, dans laquelle le téléspectateur est invité à se laisser bercer.

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Sauf que si tous les synonymes et nuances des adjectifs "tendre" ou "mignon" vous viennent en effet inévitablement et naturellement à l'esprit, au cours du visionnage des premiers épisodes, le constat n'en demeure pas moins que la série va échouer à dépasser ces simples déclarations d'intention. A aucun moment, elle n'a réussi à véritablement me toucher. En fait, jamais je ne suis parvenue à me débarrasser d'une impression lancinante d'artifice, qui m'a empêchée de véritablement rentrer dans une histoire sonnant trop creux. Ce ressenti de fictivité, exacerbé par un concept donnant l'impression paradoxale d'être à la fois trop alambiqué et trop caricatural, m'a donc laissé de marbre, observatrice extérieure ni impassible, ni conquise, en dépit de ces quelques scènes, plus pétillantes que les autres, dont on sent confusément que ce sont celles qui doivent marquer.

J'ai coutume de dire que nombre de fictions sud-coréennes ne s'adressent pas au cerveau du téléspectateur (pour l'amoureuse des k-dramas que je suis, cela n'a rien d'un reproche), mais à son coeur, qu'elles ont l'art de savoir toucher et mettre nu comme peu de séries. Le risque de tout miser sur quelque chose d'aussi volatile et subjectif que le domaine émotionnel, c'est qu'à partir du moment où le charme n'opère pas, tout le château de cartes s'effondre. Peu importe que l'on perçoive consciemment le potentiel sous-jacent, peu importe que l'on apprécie telle ou telle scène particulière, ce qui l'emporte, c'est une impression globale de manque de consistance qui va rendre impossible l'adhésion au scénario. Si bien qu'imperceptiblement, au fil de l'épisode, l'intérêt du téléspectateur glisse progressivement pour ne plus tenir qu'à un fil quand vient la fin. Voici malheureusement quelle a été mon expérience devant Marry me, Mary. Il y a eu de petites étincelles par intermittence, mais à aucun moment, la magie globale de la série ne m'a touchée.

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Si la série est mitigée sur le fond, en revanche, aucun reproche ne pourra lui être adressé sur la forme. Dotée d'une réalisation énergique, d'une photographie qui n'hésite pas à sacrifier à certains effets de style pour donner le ton, l'image se révèle donc plaisante. Côté bande-son, Jang Geun Suk poursuit sa carrière de chanteur par petit écran interposé (un jour, il faudra tout simplement que quelqu'un l'autorise à diversifier sa carrière à cet autre domaine, au lieu de se servir tous ses projets filmés pour parfaire ses vocalises - ce dont je ne me plains pas) en interprétant les chansons "rock/indie" qui composent l'OST de Marry me, Mary. Si une réflexion sur les paroles d'une des chansons, relative à un bus, m'avait bien fait rire sur Dramabeans, j'avoue que les rythmes finissent par être entêtant après une écoute prolongée de plusieurs épisodes.

Enfin - et c'est sans doute cela qui sauve ce drama de l'étiquette de "comédie romantique anecdotique" -, l'incontestable atout de la série réside dans son casting. Moon Geun Young (The Painter of the wind, Cinderella's sister) illumine l'écran : à la fois pétillante et d'une étonnante fraicheur, elle est la raison pour laquelle Marry me, Mary pourra charmer certains. A ses côtés, Jang Geun Suk (Hong Gil Dong, Beethoven Virus, You're Beautiful) se rappelle à notre bon souvenir. Si j'ai toujours eu beaucoup d'affection pour lui, la sobriété stylistique de l'époque de Beethoven Virus me manque vraiment. Enfin, le casting est complété par Kim Jae Wook (Bad Guy) et Kim Hyo Jin (I am happy).

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Bilan : Concentré de légèreté, Marry me, Mary mêle à son classicisme narratif calibré, une innocence d'écriture désarmante et chaleureuse. Portée par une héroïne resplendissante, la série peine pourtant à concrétiser les promesses qu'elle laisse entrevoir. La magie ne parvenant pas à opérer, c'est son singulier manque de consistance global qui finit par ressortir : tout y sonne un peu trop creux, un peu trop vain, pour réussir à faire adhérer à l'histoire.

La série aura probablement ses amateurs ; d'autant que je ne nie pas qu'elle dispose d'un certain potentiel que la suite lui permettra peut-être d'exprimer. Mais elle m'aura laissée insensible, moi qui ne souhaitais qu'y trouver un réconfort chaleureux. Marry me, Mary restera donc probablement un rendez-vous manqué.


NOTE : 5,5/10


La bande-annonce de la série :


Une des chansons de l'OST :


28/11/2010

(UK) Garrow's Law, series 2 : un passionnant legal drama au XVIIIe siècle


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Ce mois de novembre était synonyme de retour pour plusieurs séries que j'avais pris plaisir à suivre l'an dernier. Si je partage plus souvent sur ce blog mes réactions au sujet des dernières nouveautés téléphagiques, il faut y voir plus l'excitation de la découverte (et un arbitrage brise-coeur pour choisir les sujets des critiques) qu'un désintérêt pour ces séries entamant leur deuxième, voire plus avancée, saison. A la télévision britannique, ce sont les inédits de deux fictions extrêmement différentes que j'attendais avec une relative impatience ; l'ambiance inimitable, vaguement déglinguée, des héros de Misfits et l'atmosphère embrumée des prétoires du XVIIIe siècle, théâtres des passes d'armes initiées par William Garrow, avec Garrow's Law.

On parle pas mal de la première sur les réseaux sociaux que je fréquente, beaucoup moins de la seconde, ce qui m'attriste bien. En ce qui me concerne, je ne vous cache pas que j'avais actuellement sans doute plus besoin d'un solide legal drama dans lequel m'investir. C'est donc l'occasion ou jamais de rappeler la série à notre bon souvenir. D'autant plus que, quoi de plus opportun que de mettre le XVIIIe siècle à l'honneur cette semaine ? Car vendredi prochain marque le retour d'une des séries françaises que j'attends et aime à savourer toujours avec beaucoup de plaisir : Nicolas le Floch.
 

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Au cours des dernières semaines, j'ai pu lire ou assister, voire prendre part, à certains débats sur l'opportunité des reconstitutions historiques télévisées (notamment au sujet de Boardwalk Empire). Je ne vous cache pas que je reste dans une certaine incompréhension face aux enjeux de cette problématique qui ferait des séries se déroulant dans le passé une sorte de sous-genre, où la valeur-ajoutée scénaristique se réduirait au seul aspect folklorique des décors, subterfuge censé aveugler le sens critique de ses téléspectateurs. A défaut de comprendre tous les arguments, j'ai au moins pu cerner un des reproches adressés à cette catégorie, qui pourrait se schématiser ainsi : faire de l'historique, pour de l'historique, en oubliant de construire une histoire. Face à ces critiques, j'ai envie de simplement revenir sur ce premier épisode de la saison 2 de Garrow's Law, qui a été diffusé le 14 novembre dernier sur BBC1.

Reprenant avec maîtrise son fil narratif, la série réintroduit efficacement chacun de ses personnages dans leur vie personnelle et professionnelle, retrouvant rapidement un équilibre entre ces deux sphères, dans la droite continuité de la saison passée. Tandis que Lady Sarah Hill renoue avec son époux, miné par la gangrène d'une jalousie dévorante qui l'amène à se persuader que l'enfant de Sarah n'est pas le sien, mais le fruit des fidélités de sa femme avec William Garrow, des assureurs de Liverpool contacte ce dernier pour une question de fraude à l'assurance touchant un commerce particulier : la traite d'esclaves. Un navire s'est en effet débarrassé de 133 esclaves, les jetant à la mer, après avoir risqué d'être à court d'eau potable. Mais cette perte financière, indemnisée initialement et conséquence d'un voyage plus long que prévu, serait due à la faute du capitaine, non aux intempéries maritimes.

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S'il est une chose qu'il faut saluer dans Garrow's Law, ce n'est pas seulement la rigueur avec laquelle elle s'attache à faire revivre le parfum des prétoires du londonien Old Bailey, mais c'est aussi la manière dont elle réussit à nous dépeindre l'esprit d'une époque et les raisonnements qui y ont cours. Le tribunal s'apparente à une scène de théâtre, où les acteurs judiciaires présentent un spectacle dans lequel le public, omniprésent par ses réactions, occupe également une place centrale. Dans cette optique, tout en nous dépeignant des procès, dont certains s'assimileraient plus à une parodie amère de justice, la série s'est toujours beaucoup attachée à nous relater les rouages d'un système judiciaire, socialement discriminatoire, où la défense est le plus souvent privée de tous droits.

Par ce fait qu'elle va mettre en lumière un autre équilibre entre les acteurs judiciaires, où les différences procédurales par rapport aux legal dramas contemporains sauteront aux yeux du téléspectateur, Garrow's Law trouve une résonnance particulière, bien plus moderne que les pourfendeurs des séries historiques ne pourraient l'imaginer. Qu'est-ce que le droit, si ce n'est un mouvement de balancier permanent, symptomatique d'arbitrages incessants et de recherches d'équilibres entre des intérêts divergents. En relatant cette genèse de la prise en compte de nouvelles figures sur la scène judiciaire, en assistant à l'introduction de préoccupations jusqu'alors inexistantes, la série nous invite certes à découvrir un processus historique que les réflexions du tourbillonnant XVIIIe siècle ont amorcé. Mais elle permet aussi, par contraste, de révéler des enjeux fondamentaux, inhérents à tout système judiciaire ; des bases sur lesquelles les séries modernes ne prennent pas forcément le temps d'insister, tout simplement parce qu'elles les considérent, à tort ou à raison, comme de simples acquis anecdotiques. 

Garrow's Law n'est pas seulement une reconstitution historique, c'est une déconstruction et mise au grand jour des rouages de la justice ; un apport intemporel, bien loin de ces idées "folklores télévisés costumés" dans lesquels certains tendent à réduire ces fameuses séries historiques. 

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A ce titre, ce premier épisode de la saison 2 propose un retour solide, en offrant un éclairage, non pas tant sur des questions de procédure, que sur le statut de l'esclave. Le gouffre entre l'atrocité des faits commis et l'angle juridique proposé dans l'affaire du jour jette incontestablement un voile moral trouble sur l'affaire, William Garrow étant mandaté pour plaider une simple fraude à l'assurance, qualification juridique profondément déshumanisée qui laisse le téléspectateur glacé, alors que ce sont 133 êtres humains qui ont été jetés, sans arrière-pensée, à la mer. Ces morts ne sont prises en compte que sur un plan strictement patrimonial, tandis que viennent se greffer, en toile de fond, des enjeux commerciaux et géopolitiques qui amènent des personnalités politiques à intervenir. Comme attendu, le procès prend une tournure particulière à partir du moment où Garrow essaye de replacer dans les débats cette notion d'humanité obstinément exclue par le droit. Mais la conclusion sera à l'image de cette première affaire à l'arrière-goût désagréable.

Si la thématique du jour se révèle pesante, tout en étant traitée de manière rythmée et très convaincante, ne laissant aucun répit à un téléspectateur dont l'attention ne faiblit jamais, la force de Garrow's Law, c'est aussi le fait de ne pas oublier d'apporter une touche humaine à ce tableau de la justice anglaise du XVIIIe siècle, en s'intéressant à la vie personnelle de ses personnages. Non qu'il y ait une réelle originalité dans le traitement des relations qu'elle met en scène, mais cela a le mérite d'offrir un pendant au judiciaire, permettant des parenthèses bienvenues. Cependant, dans l'épisode du jour, l'atmosphère y est tout aussi lourde, abordant peut-être un point de non-retour dans les chaotiques aspirations amoureuses de William Garrow. Car voilà Lady Hill en fâcheuse posture, possiblement ruinée financièrement et socialement, si son mari poursuit la procédure de séparation particulière qu'il semble avoir choisie. Ce volet de la narration risque de ne pas être très reposant non plus dans les prochains épisodes.

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Si le fond est solide, bénéficiant d'un sujet passionnant, la forme ne dépareille pas. La photographie, soignée mais dont les couleurs restent d'une sobriété travaillée, est à l'image, un peu grise, vaguement terne, de cette justice ambivalente ainsi mise en scène. La réalisation est travaillée, proposant des plans intéressants. Sans avoir pour objectif d'être un de ces costume drama censés éblouir, Garrow's Law offre une immersion qui sonne juste et une reconstitution sérieuse à saluer.

Enfin, le dernier atout fondamental de la série réside incontestablement dans son casting, à commencer, surtout, par son acteur principal, Andrew Buchan (Party Animals, Cranford, The Fixer), que ce rôle aura vraiment consacré à mes yeux. Son interprétation de cet avocat qui, au-delà de ses idéaux, n'hésite pas à s'investir pleinement et à se battre judiciairement pour ce en quoi il croit, est vraiment très convaincante. A ses côtés, on retrouve d'autres têtes familières du petit écran britannique, comme Alun Armstrong (Bleak House, Little Dorrit), Lyndsey Marshal (Rome, Being Human), Rupert Graves (Midnight Man, Sherlock, Single Father), Aidan McArde (All about George, Beautiful People) ou encore Michael Culkin (Perfect Strangers).

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Bilan : Garrow's Law dispose de tous les attributs qualitatifs d'un solide legal drama, son atout supplémentaire - et par là même, sa pointe d'originalité - étant que la série se déroule au XVIIIe siècle. Sans opérer de révolution narrative particulière, elle s'attache avec beaucoup de soin à dépeindre une époque judiciaire particulière, sujette à des mutations fondamentales, et où de nouvelles préoccupations apparaissent, reflet des tourbillonnements idéologiques de cette période.

Au final, si elle ne peut sans doute pas être qualifiée d'incontournable, elle remplit de façon convaincante les objectifs non démesurés qu'elle s'était fixée : une reconstitution déconstruisant, avec une résonnance à la fois historique et intemporelle, les rouages d'un système judiciaire. C'est amplement suffisant pour mériter le détour.


NOTE : 7,5/10



Le générique de la série :

(Merci à Critictoo)


La bande-annonce de la saison 1 :


27/11/2010

[TV Meme] Day 15. Favorite female character.

Le TV Meme se poursuit en explorant donc les figures téléphagiques qui nous ont marqué. Si la semaine dernière, j'avais eu toutes les peines à dégager un seul personnage masculin, aujourd'hui, la réponse s'est imposée comme une évidence. Je ne dis pas que je n'aurais pas pu en citer d'autres qui l'auraient, sans doute tout autant mérité, de CJ Cregg (The West Wing / A la Maison Blanche) à Veronica Mars (Veronica Mars) - oui, j'ai toujours eu un faible pour les femmes de tête. Cependant, en passant rapidement en revue toutes celles qui me venaient à l'esprit, un choix m'a immédiatement paru sans discussion à la lecture de ce thème.

Cela semble d'autant plus approprié que ce jour du TV Meme ne pouvait sans doute guère mieux tomber. En effet, hier, lorsque sont arrivés les premiers flocons de la saison, comme chaque année, je me suis remémorée un instant l'émerveillement enfantin que manifeste la figure féminine à l'honneur, aujourd'hui, à chaque retour de ce glacé manteau neigeux, et j'ai moi-aussi murmuré : 

Welcome, friend...

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Lorelai Gilmore

Gilmore Girls (2000 - 2008 ; WB, puis The CW)

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Lorelai et moi partageons un seul point commun, une addiction profonde à la cafféine qui m'a probablement, dès la première scène de la série, instinctivement rapproché d'elle. Pour autant, dans Gilmore Girls, le phénomène d'identification aux personnages a toujours été limité, en ce qui me concerne, à Rory. Parce que je partageais plus d'un trait de caractère avec l'adolescente aimant bouquiner et rêvant de grandes études, et aussi parce que j'ai en quelque sorte grandi avec elle, puisque nous avions "fictivement" le même âge. Mais si j'ai toujours apprécié Rory, en dépit de ses prises de décisions et choix qu'elle a pu faire en grandissant, le personnage phare de la série est toujours resté à mes yeux la figure incontournable de Lorelai.

Par son extrême vitalité, son énergie toujours débordante, son tempérament bien trempé, son pragmatisme prêt à entrer en action en toute circonstance, il est impossible de ne pas vénérer cette self-made woman capable d'illuminer l'écran, comme de toucher profondément le téléspectateur. Lorelai pétille et s'impose dans chaque scène où elle apparaît, avec son charme naturel et spontané, souvent désarmant, et son débit de paroles vertigineux. Et puis, l'interprétation de la génialissime Lauren Graham (actuellement dans Parenthood) n'est sans doute pas non plus étrangère à cette image que renvoya pendant 7 saisons un des plus entraînants personnages du petit écran qu'il m'ait été donné de croiser.