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25/11/2010

(Pilote UK) Accused : un crime drama réduit à sa plus sobre expression


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Spooks
à peine terminée, depuis le 15 novembre 2010, les lundis soirs de BBC1 sont désormais occupés par un crime drama, signé Jimmy McGovern : Accused. Cette série a la particularité de présenter des histoires indépendantes, chaque épisode se concentrant sur un personnage différent. Le nom du scénariste, auquel s'ajoutait un casting très alléchant, suffisait à aiguiser l'intérêt et la curiosité d'un téléspectateur quand même très intrigué, d'autant que visionner le pilote n'engageait pas sur toute la série. Et puis, Accused a aussi fait parler d'elle ces derniers jours en Angleterre à cause d'une controverse née autour de son deuxième épisode et de son traitement de l'armée.

Pour ce premier épisode, j'avoue sans peine que la présence de Christopher Eccleston ne fut pas étrangère à mon visionnage. De la même façon que j'aurais bien envie d'aller jeter un oeil aux épisodes où apparaîtront Peter Capaldi ou encore Warren Brown. Pour autant, le pilote d'Accused n'aura su que modérément me convaincre, proposant une histoire relativement solide, sous un angle narratif assez original, mais en échouant à réellement s'affranchir des codes du genre.

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Chaque épisode d'Accused s'ouvre au moment où le tribunal s'apprête à rendre son verdict, le prévenu montant les marches qui le conduisent jusqu'au banc des accusés. Sans autre information, le téléspectateur découvre dans ces premières images les protagonistes de l'histoire qui s'apprête à lui être racontée. Puis, le récit enchaîne sur un flashback, remontant le temps pour revenir au moment où tout a débuté, à cette journée où tout a commencé à déraper, pour conduire presque inéluctablement à la commission de l'infraction pénale dont le personnage principal du jour est accusé. Le laissant ainsi suspendu à son sort, attendant que soit prononcé son acquittement/relaxe ou sa condamnation, l'épisode va nous relater, sans parti pris, les faits tels qu'ils se sont réellement produits. En somme, la narration d'Accused se résume en deux points : l'infraction et le verdict, accompagné éventuellement de la sanction. Le crime drama réduit à sa plus sobre expression.

Ce premier épisode va ainsi nous raconter l'histoire de Willy Houlihan. Comment ce plombier, père de famille marié depuis 25 ans, menant en apparence une vie rangée, a-t-il pu se retrouver sur le banc des accusés, à attendre stoïquement sa sentence ? Sans plus d'indice, le téléspectateur est invité à découvrir l'engrenage des évènements et décisions qui vont le mener à cette première scène de l'épisode.

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L'atout principal d'Accused réside incontestablement dans le concept narratif que la série choisit de suivre, nous présentant le prévenu à la fin de son procès pour ensuite nous conter ses dernières actions qui l'auront mené devant ce tribunal. Cet angle d'attaque original fournit à la fiction une relative originalité qu'elle va s'attacher à pleinement exploiter. En effet, tranchant avec le modèle traditionnel, le suspense ici ne réside pas dans la question de savoir qui a commis le crime, mais dans le fait de découvrir de quel crime il s'agit. "Quels sont donc les faits de l'espèce ?", voici la question qui résonne de façon presque obsessionnelle dans la tête du téléspectateur pendant la majeure partie de l'épisode.

Avec beaucoup d'habileté, la série mise sur un suggestif des plus accrocheurs. Tout au long des deux premiers tiers de l'épisode, on se perd en conjectures, concluant fatalement au pire dès que Willy se retrouve dans une situation ambiguë, imaginant y voir telle ou telle indication sur ce que le futur lui réserve, alors que le personnage s'enfonce peu à peu dans des problèmes domestiques et financiers rapidement inextricables. L'imagination fertile, prompte à toutes les extrapolations, le téléspectateur se prend facilement à ce jeu scénaristique, au final presque plus piquant qu'un crime drama à la narration traditionnelle.

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Cependant, après avoir si bien stimulé notre inventivité et encouragé à suivre mille et une (fausses) pistes, Accused se rabât, au final, de façon assez frustrante, sur des sentiers très balisés, proposant un dernier tiers somme toute excessivement classique. Cela donne un peu l'impression d'avoir beaucoup promis pour n'offrir qu'une conclusion à la prise de risque minimale, où tout rentre dans l'ordre en s'achevant sur une sortie d'un classicisme soudain trop abrupt pour le téléspectateur.

Il y a un contraste assez déconcertant, un peu déstabilisant, entre l'ambition affichée initialement et la manière dont l'histoire se termine, comme si la fiction avait soudain été trop timorée pour réellement s'affranchir des codes narratifs attachés à ce genre. Si bien que sans remettre en cause les spécificités qui ont séduit lors de la première partie de la narration, cela laisse cependant comme un arrière-goût d'inachevé. Une sorte d'essai non transformé. 

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Sur la forme, Accused présente une réalisation aboutie, plutôt soignée, mais qui ne marque pas particulièrement hormis par quelques plans plus inspirés. Elle se situe globalement dans le standing habituel (plutôt élevé, donc) de la chaîne.

Enfin, comme je l'ai déjà souligné, une partie de l'intérêt de la série - et sans doute beaucoup de la curiosité qu'elle peut susciter a priori - réside dans son casting. Si ce premier épisode se concentrait sur le toujours excellent Christopher Eccleston (Doctor Who), que je retrouve chaque fois avec beaucoup de plaisir dans mon petit écran, la suite offre des noms également très alléchants, comptant parmi les valeurs sûres de la télévision d'outre-Manche. Devraient ainsi apparaître Mackenzie Crook (The Office UK), Juliet Stevenson, Peter Capaldi (The Thick of It), Marc Warren (State of Play, Hustle), Naomie Harris (The Tomorrow People), Warren Brown (Dead Set, Luther, Single Father), ou encore Ben Smith. Au final, quelques bonnes raisons de vérifier si la série saura faire preuve de plus d'ambitions !

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Bilan : Avec sa structure narrative qui recentre l'enjeu de l'épisode sur l'infraction pénale qui sera commise et non sur le coupable, Accused s'impose comme un crime drama intrigant, qui tranche avec les codes traditionnels du genre. Mais si le téléspectateur se prend aisément à ce jeu scénaristique qui mise beaucoup sur le suggestif, Accused échoue à mener jusqu'au bout cet essai. Manquant de témérité dans sa conclusion, elle retombe alors sur des sentiers très balisés pour finalement abandonner l'expérimental et renouer avec le classique judiciaire. Si on se dit alors qu'on aurait pu légitimement en attendre un peu plus, cela n'enlève rien à ce pilote qui permet quand même de passer une heure prenante devant son petit écran. A défaut de vraiment révolutionner le genre, Accused s'avère solide. Son casting devrait achever de convaincre les derniers récalcitrants.    


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :

24/11/2010

(K-Drama / Pilote) Secret Garden : comédie romantique aussi pimentée que charmante

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Ne m'en veuillez pas, je crois bien qu'il va falloir patienter encore une semaine pour vous parler de Mary Stayed Out All Night (devenu entre temps Marry me, Mary). La critique était pourtant initialement prévue. J'ai bien regardé le deuxième épisode ; tout s'y met progressivement en place... Mais dimanche soir, pour ma soirée sud-coréenne de fin de week-end, la lecture d'un post de Saru (c'est entièrement sa faute) a trop aiguisé ma curiosité. N'y tenant plus, je me suis lancée dans un des dramas dont j'attendais beaucoup en cette fin d'année, diffusé depuis le 13 novembre 2010 sur SBS : Secret Garden... Sauf qu'ensuite, une fois visionnés les deux premiers épisodes , comment vouliez-vous que je me retienne plus de dix jours avant de vous en parler ?

Car voyez-vous, voilà bien un des rares dramas dans lequel je suis immédiatement tombée amoureuse... de l'héroïne (certes, cette série marquait le retour de Ha Ji Won, qui est une actrice que j'aime plus que tout). Une figure féminine rafraîchissante, dépassant l'archétype classique du genre, tout en étant absolument charmante, cela s'applaudit haut et fort. S'appropriant les codes narratifs de la romance sud-coréenne, tout en jouant sur les attentes du téléspectateur, les débuts de Secret Garden n'ont pas été ce que j'avais imaginés à la lecture du synopsis, le drama prenant finalement son temps pour introduire son fameux twist annoncé. Mais c'est tant mieux car il s'assure en amont d'une réelle consistance. En résumé, j'ai fini la soirée avec le sourire aux lèvres et une sacrée envie d'enchaîner sur les épisodes suivants. Qui sait, un coup de foudre ?

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Si l'originalité du concept annoncé tenait en une pointe de fantastique intrigante, un "échange de corps" entre les deux personnages principaux, dont on se régale déjà d'avance des qui pro quo et autres péripéties que cela devrait générer, la série préfère sagement ne pas tout miser sur ce seul twist. Elle s'attache tout d'abord à forger son univers. Un drama qui ne sacrifie pas sa construction narratif au profit de son concept, c'est une initiative à saluer car elle va donner le temps au récit d'acquérir une une réelle épaisseur. Tout en conservant une certaine distance et en faisant preuve de beaucoup d'habileté, Secret Garden va s'approprier les codes scénaristiques classiques des romances sud-coréennes, tout en y mêlant un ton très libre et dynamique, se jouant parfois des attentes du téléspectateur.

L'histoire emprunte ici quelques routes immuables de ce genre, puisque les deux jeunes gens mis en scène appartiennent à deux sphères sociales qui n'ont rien de commun. Kim Joo Won est l'héritier d'une puissante famille. Il préside sa propre compagnie, avec un arbitraire qui n'a d'égal que sa relative excentricité. Mais derrière son masque d'arrogance et cette fausse apparence de perfection parfaitement contrôlée, le jeune homme cache cependant des failles plus handicapantes, comme son incapacité à prendre un ascenseur, pour lesquelles il consulte un psy. C'est par une rencontre impromptue, née d'un malentendu, que Joo Won rencontre sur un tournage, Gil Ra Im. Dès son introduction, dans ce salon si huppé où le contraste était encore plus flagrant, la jeune femme avait tranché avec bien des idées préconçues. Cascadeuse de son état, évoluant dans un milieu principalement masculin dont elle a pris certains traits pour s'intégrer, elle présente un côté presque "garçon manqué" que complète un sacré tempérament. Pour autant, l'ingénuosité de l'écriture est de réussir à proposer un personnage entier, ne reniant jamais une féminité - et une certaine douceur - qui ressort dès qu'elle abaisse ses défenses.

Assistant à la scène d'un combat à l'épée où elle double l'actrice principale, Joo Won reste absolument fasciné par la jeune femme. Mais entre son absence de manières, ses difficultés relationnelles et la méfiance instinctive de Ra Im, leurs premiers échanges se révèlent surtout excessivement pimentés et plus qu'animés.

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Alors que Secret Garden paraissait devoir attirer l'attention par son twist fantastique annoncé, le drama réussit le tour de force de s'imposer et de charmer ses téléspectateurs avant même d'entrer dans le vif du sujet, laissant donc de bien belles promesses en suspens sur ce qu'il nous réserve pour l'avenir. Si la dynamique d'ensemble capte si bien notre attention, elle le doit tout d'abord à ses personnages, ou plus précisément, à son duo principal. Joo Won et Ra Im se complètent en effet parfaitement et trouvent instantanément une réelle alchimie à l'écran. Mais, surtout, tant dans la mise en scène de leurs rapports que dans leur personnalité, la série va habilement parvenir à jouer sur les codes du genre, mélant une tradition romantique parfaitement maîtrisée et des ingrédients originaux qui apportent une fraîcheur piquante à l'ensemble. Le drama propose ainsi des personnages complets, non dénués d'une ambivalence sonnant juste, qui, tout en s'inscrivant dans les canons du genre, vont réussir plus d'une fois à surprendre, prenant les attentes du téléspectateur à contre-pied.

Cette synthèse se retrouve parfaitement dans l'atout premier de Secret Garden : son héroïne à la fraîcheur et au charme communicatifs. Ra Im incarne à merveille cette versatilité de tonalités qu'investit la série. Avec ses allures de faux garçon manqué, son pragmatisme tranche agréablement avec la trop classique figure féminine excessivement ingénue des débuts de ce genre de fiction. Pour autant, ce tempérament affirmé ne la dessert pas auprès du téléspectateur. Au contraire. Car derrière cette apparence froide, conçue comme une protection lui permettant d'évoluer dans son milieu professionnel, transparaissent par intermittence une étonnante douceur naturelle et une forme de naïveté sentimentale très touchante, dont le contraste est d'autant plus accentué avec l'image assurée qu'elle renvoie. Il est ainsi impossible de rester insensible devant Ra Im. Par ailleurs, suivant une construction un peu similaire, son vis-à-vis, Jo Woon, se présente aux premiers abords comme l'archétype du jeune héritier, gérant d'une main de fer une compagnie confiée par une figure parentale absente et ayant intégré tous les codes sociaux de son milieu. Pourtant, encore une fois, le personnage s'avère loin d'être unidimensionnel, dévoilant des difficultés dans ses rapports avec ce qui l'entoure qui le montre sous un autre jour, plus vulnérable (même s'il ne se l'avouerait jamais).

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S'ils sont pour l'instant les seuls à bénéficier d'un tel soin d'écriture et d'un tel travail sur leurs personnalités, les personnages plus secondaires restant en retrait, cela permet à ces figures centrales de susciter déjà un intérêt par elles-mêmes. Et les étincelles instantanées qui vont jaillir lorsqu'elles vont être associées achèvent alors de conquérir un téléspectateur déjà charmé. Car le traitement de leur relation suit une même ambiguïté d'écriture, volontairement explosive et pareillement divertissante. Elle se révèle même être une source de petites jubilations savoureuses lorsque la série s'amuse à inverser les rôles, la spontanéité et le côté casse-cou de Ra Im tranchant singulièrement avec le besoin de contrôle et l'instinct de conservation prudent de Joo Won. Offrant une forme d'avant-goût des plus prometteuses de la suite du drama, cette maîtrise narrative témoigne aussi d'une certaine maturité d'écriture et d'une capacité à se jouer des codes, vraiment plaisante à suivre.

Au final, il flotte un doux parfum de comédie romantique adulte dans Secret Garden, où prédomine cette indéfinissable forme d'innocence sentimentale propre aux fictions sud-coréennes, capable de toucher une fibre sensible dans l'inconscient émotionnel du téléspectateur. Il y a en effet quelque chose d'assez touchant à suivre les réactions de Joo Won, comprenant qu'il n'est pas indifférent à Ra Im, mais incapable de rationaliser ses sentiments, ou encore moins de les exprimer en termes cohérents qui ne passeraient pas pour des directives unilatérales. Le jeune homme apparait comme subissant de plein fouet, sans pleinement l'appréhender, la force de sentiments qu'il ne comprend pas ; ses hallucinations lorsqu'il est seul chez lui en sont la parfaite illustration. L'impression est également renforcée par Ra Im, qui semble tout autant déconnectée de cette sphère sentimentale, aveugle aux attentions particulières de son patron. Ainsi prompte à éveiller l'émotion du téléspectateur, la série s'impose avec beaucoup d'aplomb dans ce registre romantique.

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Parallèlement à un contenu des plus solides, Secret Garden bénéficie d'une réalisation soignée, assez traditionnelle, mais qui se démarque globalement par sa belle esthétique d'ensemble, se traduisant surtout par certains plans de paysages particulièrement beaux. Les décors en extérieurs, chez Joo Won notamment, sont superbement mis en valeur. Sa bande-son se révèle également assez intéressante. Exploitant dès le départ la chanson phare de son OST, elle mêle immédiatement quelques passages clés de ses débuts aux premières notes de cette musique plutôt plaisante et que j'ai fini par bien apprécier. La recette est des plus classiques, servant à souligner l'émotionnel en sublimant certains passages ; mais il s'agit d'un procédé que j'apprécie beaucoup lorsqu'il est fait sans excès.

Enfin, le casting parachève ces bons débuts. Si je nourris, depuis presque toujours, une profonde affection pour Ha Ji Won - puisque c'est une des premières que j'ai nouée avec le monde des k-dramas, car elle date de Damo et de What happened in Bali -, les débuts de Secret Garden l'ont portée à un nouveau niveau. J'aimerais tant la voir plus souvent à la télévision sud-coréenne ! D'une fraîcheur et d'une classe naturelles, elle illumine véritablement l'écran. A ses côtés, on retrouve une autre valeur sûre du petit écran, Hyun Bin (My Name is Kim Sam-Soon, The Snow Queen, Worlds Within, Friend Our Legend) que, en dépit de sa longue filmographie, je n'avais encore jamais eu l'occasion de croiser. Pour compléter les dynamiques relationnelles entre les différents protagonistes, on retrouve également Yoon Sang Hyun (Queen of Housewives), en cousin de Joo Won, accessoirement chanteur à succès sous contrat avec la société de ce dernier, et qui ne m'a pas encore pleinement convaincue ; Kim Sa Rang (Thousand Years of Love, A Love to Kill, Tokyo Shower) en riche héritière potentielle fiancée ; et enfin Lee Philip (The Legend, Story of a Man), fidèle à lui-même, qui joue le patron de Ra Im.

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Bilan : Il est plutôt rare que les débuts d'un k-drama suscite un tel enthousiasme chez moi, la construction des séries sud-coréennes ayant tendance à faciliter une immersion progressive dans leur univers. C'est d'autant plus rare lorsque j'attends avec impatience ladite fiction. Mais, ne boudons pas notre plaisir, car ces débuts de Secret Garden auront déjoué toutes mes réserves éventuelles pour me faire passer une soirée proche d'un coup de foudre téléphagique qui ne demande que confirmation dans les prochains épisodes.

Sachant aussi bien surprendre que charmer le téléspectateur, ce drama réussit à pleinement s'imposer avant même que n'intervienne le fameux twist à venir. La complexité de protagonistes hauts en couleurs, non dénués d'une ambivalence qui leur confère des personnalités pleines et entières, se dégageant des clichés du genre, est mise au service d'un relationnel dynamique, tout en confrontation, d'où pointe rapidement un émotionnel touchant qui achève de vous conquérir. La série m'ayant en plus rappelé combien j'appréciais Ha Ji Won, sans tomber dans un excès d'optimisme, j'ai très envie de croire qu'elle peut être mon k-drama phare de fin d'année, si elle poursuit sur ces bases. 


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce de la série :


La chanson principale de l'OST :

20/11/2010

[TV Meme] Day 14. Favorite male character.

Choix excessivement cornélien en ce 14e jour du TV Meme. Comment espérer choisir parmi toute cette galerie si riche et si dense qu'offre le petit écran, une seule figure masculine emblématique qui s'imposerait comme ma favorite ? On combine ici une part de rationnel, mais aussi un profond affectif, fluctuant au fil du temps. Mon parcours téléphagique a été marqué par plusieurs rencontres qui sont restées gravées dans ma mémoire. Cependant, à la différence de la figure féminine, aucune ne s'impose rétrospectivement comme une évidence en ce jour, tant ils n'ont rien en commun, si ce n'est d'avoir correspondu à une époque de ma passion.


D'un point de vue chronologique tout d'abord, en y réfléchissant bien, aussi loin que remonte ma mémoire téléphagique, je pense que le premier personnage à avoir su me fasciner était une figure relativement secondaire qui n'est pas apparue dans tant d'épisodes que cela de la série en question (mais, grâce aux multiples rediffusions dont elle fit l'objet, je m'étais enregistrée sur VHS une sélection intégrale de tous les épisodes où il apparaissait - et uniquement ceux-là). Par l'ambiguïté inhérente à son comportement toujours très versatile, tranchant avec la tonalité globalement manichéenne de la série (cf. Les cavaliers de l'Apocalypse), par sa complexité que nous n'étions pas toujours en mesure d'appréhender et l'aura mythique qu'il savait si bien exploiter, le premier personnage de série à m'avoir proprement fasciné fut Methos, dans Highlander. C'est d'autant plus vrai que c'est par ce fandom que j'ai découvert, durant mon adolescence, le phénomène chronophage, mais ouvrant tant de perspectives, des fanfictions. Paradoxalement, j'ai sans doute passé plus de temps à lire ces histoires anglophones qu'à regarder la série en elle-même. Mais la qualité d'écriture de certaines avait cette caractéristique propre à une poigne de séries dans lesquelles certains fans sont capables de dépasser les limites de la fiction d'origine, pour proposer des explorations dans la mythologie globale créée absolument fascinantes. Au-delà des épisodes de Highlander dans lesquels il est apparu, c'est peut-être aussi le personnage de ces fanfictions si réussies que j'ai gardé en mémoire, dont certains auteurs se sont pleinement réappropriés tous les mystères pour construire véritablement cette légende autour de Methos.

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Puis les années 2000 sont arrivées. J'ai grandi devant le petit écran, en confirmant peut-être cet attrait naturel pour des personnages qui n'étaient pas principaux. Etait-ce un moyen inconscient de laisser à cette figure fictive une part de mystère, des non-dits qui laissaient place à la libre imagination du téléphage, à la différence des protagonistes principaux dont la série va s'attacher à nous dresser un portrait plus détaillé, qui versera moins dans le suggestif et pourra donc peut-être plus décevoir les attentes à terme ?

Dans cette optique, il est un personnage qui a fait plus que me fasciner, un incontournable du petit écran : il s'agit d'Omar dans The Wire (Sur Ecoute). Acteur atypique des rues de Baltimore, défiant bien des conventions et à l'indépendance chèrement défendue, il traversera la série en figure solitaire, attaché à son propre code de l'honneur et à ses valeurs. Un outsider, faux héritier de cette tradition des justiciers hors-la-loi du Far West dans ce violent décor citadin, qui gardera jusqu'au bout cette aura atypique et dont la mort, chargée de ce goût amer de l'anecdotique, sera à l'image finalement du parcours du personnage.

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Mais aujourd'hui, mon personnage masculin favori... Celui qui est en mesure de me faire passer par tous les états, du rire aux larmes, du plus léger des passages comiques à l'émotionnel intense d'une scène bouleversante... Cette figure dont la part d'idéalisme profondément humaniste, toujours chevillée au corps, se complexifie et se nuance par son passé et sa nature de Time Lord, c'est bien sûr le Docteur (Doctor Who). Capable de faire preuve d'une compassion et d'une tolérance inaltérables, mais aussi d'être parfois impitoyable, c'est un personnage au potentiel presque sans limite qui s'offre aux scénaristes. Si je ne l'ai rencontré qu'à partir de Nine, ce dernier, puis Ten, et enfin Eleven, ont tous su me conquérir. Chacun incarnant l'esprit de ce Seigneur du Temps tout en introduisant des spécificités personnelles propres à chacun. Et si je "trichais" en choisissant de faire d'eux ce qu'ils sont par la continuité de cette fiction, c'est-à-dire une même figure ? Car c'est, à chaque régénération, une nouvelle facette de ce personnage fascinant, immuable par certains aspects, toujours marqué ses mêmes blessures passées, tout en étant en constante évolution, se construisant et se reconstruisant au fil de ses rencontres, qui nous est proposée. Et si la source de cette fascination venait aussi de là : de ces possibilités infinies ainsi ouvertes, au-delà même de ces lignes temporelles troublées qui l'entourent ? La magie du concept de Doctor Who n'est-elle pas aussi de savoir justement défier le temps ?

Cette scène où Eleven (Matt Smith) clame en quelque sorte son héritage pour s'imposer comme le nouveau Docteur, lors du premier épisode de la saison 5, résume, à mon sens, à merveille toutes ces dimensions qui font de ce personnage mon favori actuel :

Doctor Who, S5 E01, Eleventh Hour
"Is this world protected ?"

19/11/2010

(Pilote UK) The Indian Doctor : rafraîchissante dramédie sur fond de choc des cultures dans les sixties


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Ce que je chéris plus que tout dans la téléphagie, ce sont les surprises. Ces soirs où, l'air de rien, vous lancez un pilote à l'aveugle, sans trop savoir ce qui vous attend, et vous vous retrouvez finalement à passer une heure très agréable devant votre petit écran, vous disant qu'il s'en est fallu de peu pour que vous ratiez quelque chose. Et bien, c'est ce qu'il s'est passé hier avec The Indian Doctor. Parce que j'avoue ne pas faire toujours très attention aux programmes hors soirées, il m'aura fallu une piqûre de rappel salvatrice pour y consacrer ma soirée.

Cette mini-série, composée de cinq épisodes, est actuellement diffusée sur BBC1, depuis le lundi 15 novembre, chaque jour de la semaine en début d'après-midi. Si on a beaucoup débattu de la question des mises en scène de chocs culturels (et de ses travers) en cette rentrée téléphagique en raison de la série Outsourced aux Etats-Unis, The Indian Doctor n'a de commun avec sa consoeur américaine que l'Inde et son actrice principale qui jouait dans le film dont la série américaine est une adaptation. Car, avec une facilité désarmante et beaucoup de fraîcheur, The Indian Doctor se joue de bien des écueils de ce genre pour s'imposer comme une dramédie très sympathique flirtant bon un doux parfum nostalgique des sixties.
 

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The Indian Doctor
se déroule en 1963. Elle a pour cadre un petit village minier du Pays de Galles, Trefelin. Son médecin généraliste, qui attendait son remplaçant, vient de décéder. Cependant le ministre de la santé britannique de l'époque, Enoch Powell, a lancé une vaste campagne de recrutement de médecins indiens venant s'installer au Royaume-Uni afin
de pourvoir à tous ces postes vacants dans le domaine de la santé. C'est dans ce contexte que Prem Sharma est affecté à ce petit village. Le pilote s'ouvre sur son arrivée par le train, avec son épouse, Kamini que la perspective de se perdre au fin fond de la campagne britannique ne réjouit guère, toute à ses rêves londoniens qu'elle est.

Il faut dire que les habitants de Trefelin, s'ils font dans l'ensemble preuve de bonne volonté pour accueillir ces nouveaux venus, gardent leurs idées préconçues, quelque peu folkloriques, sur l'Inde. D'autant que c'est la projection du film Les dessous d'un millionnaire, avec Sophia Loren et Peter Sellers, qui fait office de document d'information. Voilà qui n'est pas pour balayer l'image qu'ils se font de ce grand territoire inconnu du bout du monde. Tout cela débouchera sur quelques scènes savoureuses venant agrémenter une dynamique des chocs culturels qui sous-tend l'ensemble de façon étonnamment rafraîchissante. Jouant sur les attentes du téléspectateur, la série s'amusera souvent à le prendre à contre-pied. Prem et Kamini sont en effet issus d'un milieu très aisé, avec des relations dans la haute société britannique à donner le vertige à ces provinciaux dont la simplicité de vie perturbe grandement une Kamini habituée à son confort et qui n'a rapidement qu'une envie : quitter au plus vite cet endroit perdu pour retrouver la "civilisation". 

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Ce qui séduit rapidement, devant le pilote de The Indian Doctor, c'est cette forme de charme quelque peu désuet, mais tellement rafraîchissant, qui se dégage de l'ensemble. La série propose une mise en scène de la vie d'un petit village du fin fond de la campagne britannique qui flirte bon une simplicité provinciale désarmante à laquelle vient s'ajouter, de manière plus incidente, une douce nostalgie des sixties. Suivant une narration rythmée et résolument légère, la série fait pourtant preuve d'une réelle densité, en mesure d'alterner, sans transition, des passages plus pesants, voire dramatiques - le passé récent du couple indien ayant été marqué par une tragédie -, et des scènes qui exploitent parfaitement un comique de situation de circonstances. Le tout bénéficie pleinement de dialogues habilement ciselés qui parviennent à mettre en valeur tant l'anecdotique quotidien des villageois, que la grandiloquence de la savoureuse et imposante Kamini.

C'est cette tonalité quelque peu volatile, dans laquelle le téléspectateur se sent instantanément confortable, qui fait de The Indian Doctor une fiction excessivement sympathique, à la bonne humeur globale communicative. Abordant logiquement la thématique des chocs de cultures, la série va habilement éviter tous les écueils et lourdeurs du genre, pour prendre un malin plaisir à se jouer des préjugés et autres idées préconçues des uns et des autres ; qu'elles soient flatteuses (telle la vénération de Gandhi et la généralisation de son action à toute la société indienne) ou caricaturalement folkloriques (la préparation du repas où les Sharma sont invités, avec la question de la nourriture et des chaises). Les incompréhensions linguistiques, conséquences de l'accent local, en assureront l'aspect le plus léger.

Au final, si The Indian Doctor reste une fiction divertissante qui n'a pas d'ambitions sociologiques démesurées, elle surprend agréablement par la finesse et la subtilité d'une écriture réfléchie qui va permettre à la série d'investir avec une sobriété louable des plus plaisantes, ce registre parfois glissant de la comédie mettant en scène des chocs culturels.

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L'attachement que l'on éprouve rapidement devant The Indian Doctor s'explique également en grande partie par sa dimension très humaine. Tout d'abord, la série parvient à capturer en quelques scènes l'âme de ce petit village minier du Pays de Galles, caractérisant plus précisément quelques individualités très colorées qui donnent immédiatement le ton. La première scène d'ouverture sur cette assemblée bigarée que l'on informe de l'arrivée du nouveau docteur est très révélatrice. Il émane de l'ensemble un sentiment de proximité qui rend la découverte de ces vies, somme toute anodines, étonnamment plaisante  à suivre. Car si ce portrait de village du début des sixties ne se prétend en rien une reconstitution historique rigoureuse, c'est cette atmosphère proche et confortable qui lui confère son charme.  

De plus - et surtout -, l'atout maître de The Indian Doctor réside dans la dynamique qui s'installe rapidement au sein du couple venant d'Inde pour se perdre dans le pays rural britannique. L'épouse, Kamini, bénéficie sans aucun doute des meilleures réparties, grâce à un style direct inimitable et une franchise désarmante. Au-delà de sa mine horrifiée à la perspective de faire des tâches domestiques, elle qui avait auparavant à sa disposition plus d'une dizaine de serviteurs, elle prend opportunément à rebours toutes les idées préconçues des villageois. Tout au long de ce pilote, ses interventions, souvent tranchantes, sont absolument savoureuses. Son fort tempérament offre un parfait pendant au calme et à l'attitude posée, assez flegmatique, de son époux, passé maître dans l'art du compromis. Une tragédie récente, évoquée filigrane, marque encore le couple, sans que l'épisode ne s'attarde véritablement là-dessus. Cependant ces informations permettent d'éclairer sous un autre jour, plus nuancé, leur relation des plus rafraîchissantes, qui sonne décidément très juste à l'écran.

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Sur la forme, si la série ne bénéficie pas d'un budget suffisant pour assurer une reconstitution qui marquerait esthétiquement, il faut cependant saluer le résultat auquel elle parvient avec ses moyens modestes. N'ayant pas son pareil pour mettre en scène le quotidien bigarré de ce petit village rural, elle va utiliser à bon escient sa bande-son pour poser une atmosphère résolument sixties. Recourrant à des morceaux classiques de l'époque, s'amusant volontairement à piocher dans tous les genres, ces musiques apportent à l'ensemble une vitalité dynamique et légère contagieuse.

Enfin, le casting, à commencer par le couple central, se révèle des plus convaincants pour porter cette histoire à l'écran. Sanjeev Bhaskar (Mumbai Calling) offre une performance sobre très crédible en médecin calme et posé ; tandis que Ayesha Dharker (Coronation Street) s'impose parfaitement, avec un théâtralisme de circonstances, en épouse au fort tempérament. A leurs côtés, parmi les visages connus, le téléspectateur reconnaîtra notamment Mark Williams (Harry Potter, Sense & Sensibility).

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Bilan : Sympathique et attachante dramédie, The Indian Doctor se révèle être une bonne surprise cachée dans les fictions programmées en journée sur BBC1. Dotée d'un charme un peu désuet, presque nostalgique, elle porte à l'écran une bonne humeur communicative, tout en bénéficiant d'une écriture plutôt fine et inspirée qui lui permet d'exploiter cette thématique du choc des cultures avec une fraîcheur assez désarmante et très plaisante à suivre. Sans ambition démesurée, ce pilote se révèle ainsi être un divertissement simple, à visionner sans arrière-pensée, sachant toucher et faire sourire le téléspectateur. Ce qui est déjà en soi, une première victoire.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

18/11/2010

(UK) Downton Abbey, series 1 : un period drama aussi savoureux que luxueux


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Meilleure nouveauté téléphagique anglo-saxonne de cet automne 2010, il était proprement inconcevable que je ne prenne pas le temps de rédiger une review en forme de bilan, tressant les louanges d'une des grandes et belles surprises de cette rentrée que fut Downton Abbey.

Succès public chaque dimanche soir sur ITV1, où elle a fédéré le public anglais en réalisant d'impressionnantes audiences, ce sera avec une plume d'autant plus légère que cette critique sera écrite. En effet, le téléspectateur a l'assurance de retrouver le quotidien de ce château et la vie de ses habitants l'an prochain, pour une saison 2, en bien des points parfaitement introduite par un final de saison 1 qui ouvre des perspectives narratives importantes, se concluant dans la torpeur de l'été 1914.

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Si j'aborde cette review avec un entrain que j'espère communicatif, c'est que l'enthousiasme ressenti durant le visionnage du pilote de Downton Abbey ne s'est en réalité jamais démenti tout au long d'une saison, dont la richesse et la densité furent source d'une fascination constamment renouvelée pour cet univers codifié et coloré ainsi porté à l'écran. Où commencer, si ce n'est en évoquant la magie d'une écriture virevoltante et chatoyante, où les dialogues délicieusement ciselés se trouvent portés par une sobriété et une subtilité d'ensemble, qui construisent toute en nuances une atmosphère inimitable, que l'on ne peut réellement comprendre qu'en regardant un épisode.

Loin de la reconstitution historique descriptive et déshumanisée qui est un travers dans lequel tombent certaines fictions, c'est par sa vitalité revigorante que Downton Abbey s'illustre. Elle doit cela à la qualité de son écriture, mais également à la manière dont celle-ci va adopter une volatilité des tonalités des plus grisantes. Si la réalité de cette société rigide d'avant-guerre demeure une constante en arrière-plan, elle pèse sur les personnages sans jamais éteindre l'étincelle qui anime la série. Cette dernière demeure un drama au sens littéral du terme, mais la narration extrêmement vive lui permet d'alterner à bon escient, passages plus sombres, voire douloureux, et petits interludes résolument légers, où pointe un humour également tout en sobriété offrant une détente bienvenue au téléspectateur. L'intelligence et la vigueur des réparties de personnages toujours inspirés apportent une spontanéité, pleine d'authenticité, des plus prenantes. Si elle s'inscrit dans un registre tout en retenue, par cette forme d'imprévisibilité quelque peu enivrante qu'elle adopte, Downton Abbey se révèle ainsi plus pimentée que ce que son concept aurait pu laisser penser.

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Cette ambiance rapidement addictive s'explique également par la dimension profondément humaine que développe la série. Car la réussite éclatante de Downton Abbey, c'est aussi de savoir instinctivement toucher le téléspectateur, d'être capable de l'impliquer immédiatement dans le quotidien du château en l'invitant à suivre les existences plus ou moins troublées d'une galerie de personnages particulièrement riche. Il règne comme une fausse impression de proximité vis-à-vis de chacun ; et si le téléspectateur se trouvera logiquement plus d'affinités avec les uns ou les autres, il s'investira pleinement dans les storylines, toutes plus ou moins liées, que la série présentera. Des jalousies plus ou moins maîtrisées aux peines de coeur, des problèmes d'argent aux basses vengeances qui ne rebuteront pas certains, c'est tout un quotidien coloré et intense, souvent passionné, voire passionnel, qui nous est dépeint. Si certains rebondissements pourront paraître à l'occasion un peu excessifs, le téléspectateur se laissera emporter sans peine par le souffle d'ensemble.

L'atout de Downton Abbey est de disposer de nombreux personnages qui sont, chacun, envisagés comme des individualités indépendantes, aux personnalités travaillées. Avec des figures fortes et quelques tempéraments hors normes, la série dispose d'un potentiel humain impressionnant qu'elle va s'attacher à pleinement exploiter, consciente qu'il représente une de ses forces. Certes, la série n'évitera pas l'écueil de quelques portraits plus unidimensionnels, qui pourront faire débat, comme Thomas, Mrs O'Brien ou encore l'attitude d'Edith. Mais le plus important demeure qu'à aucun moment, la série ne laissera indifférent un téléspectateur prompt à prendre parti dans les conflits qui s'esquissent ou les prises de position que certains adopteront. Par cet emploi à bon escient de ses personnages, et même si certains auraient gagné à être plus nuancés, la série réussit rapidement à gagner l'affectif du téléspectateur, acquérant un capital sympathie des plus confortables.

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Cette animée galerie de personnages permet également à Downton Abbey d'assurer une reconstitution d'époque qui sonne authentique. Car cette fiction, à travers toutes les figures si diverses que le domaine rassemble, apparaît comme le reflet d'une société britannique en mutation, parcourue par des tensions, où le respect des traditions qu'incarne cette noblesse aux codes sociaux rigides, versant entre paternalisme et gouvernance, vient se heurter à l'apparition et à la consécration de nouvelles idées. Des suffragettes militant pour le droit de vote des femmes jusqu'aux socialistes, l'esprit tourné vers la lutte des classes, c'est au final un portrait excessivement riche et surtout très vivant d'une époque qui est dressé.

La série capte avec beaucoup de justesse ces frémissements vers les changements qui se font jour. C'est assez fascinant d'assister à l'évolution progressive des mentalités, particulièrement mise en exergue par ce parallèle que la série permet en faisant se côtoyer des protagonistes appartenant à des classes sociales si différentes. Car cette ébullition des idées conduit à terme à une émancipation inévitable, où chacun pourra ne plus considérer sa position sociale comme définitivement fixée ; une révolution des esprits dans un monde où pèse encore lourdement le poids d'une forme de prédestination des individus qui ne peuvent imaginer d'autres futurs que celui qui semble déjà tout tracé dès leur naissance. Avec la fraîcheur et la candeur qui lui sont propres, Sybil illustre à merveille toutes les ambivalences inhérentes à cette période de transition. 

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Period drama ambitieux et accompli sur le fond, Downton Abbey fait preuve de tout autant de maîtrise sur la forme. Dotée d'un accompagnement musical sobre des plus opportuns et s'ouvrant sur un générique qui donne immédiatement le ton et que l'on prend plaisir à retrouver, la série propose une magnifique reconstitution d'époque qui va ravir les yeux d'un téléspectateur immédiatement séduit par l'esthétique et la photographie de cette réalisation luxueuse. Au-delà des superbes costumes et d'un soin apporté aux détails de l'époque recréée, c'est sans doute le cadre du tournage qu'est ce château du Berkshire, le Highclere Castle, qui impressionne le plus, offrant un somptueux décor à l'histoire.

Enfin, il serait inconcevable de ne pas saluer le casting qui a donné vie à cette série. Un casting pour lequel il n'y a sans doute pas de compliments suffisamment louangeurs permettant de qualifier et d'applaudir la performance d'ensemble proposée. Parmi ces acteurs qui ont tous rempli avec beaucoup d'implication et de savoir-faire leurs rôles, s'il fallait n'en retenir que quelques-uns, je serais tentée de, tout d'abord, rappeler combien Maggie Smith est tout simplement extraordinaire à l'écran, combien Hugh Bonneville incarne à merveille cette figure parfaite du Lord ou encore combien Michelle Dockery a su prendre la mesure de l'ambivalence du personnage de Lady Mary. Mais ce serait injuste pour ceux que je n'aurais pas mentionné : donc saluons simplement cette réussite collective.

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Bilan : Ambitieux period drama doté d'une écriture fine particulièrement bien maîtrisée, Downton Abbey est une réussite aussi bien visuelle que narrative. Derrière ses couleurs chatoyantes et ses dialogues savoureux, c'est une série profondément humaine dont les personnages, qui ne peuvent laisser insensibles, constituent le coeur. Délicieusement virevoltante, presque enivrante, elle s'impose comme une fiction aboutie, dépassant la simple reconstitution d'une époque pour parvenir à donner véritablement vie à ses protagonistes. 

En somme, Downton Abbey se savoure sans modération. Une série à ne pas rater !


NOTE : 9/10


Le générique de la série :