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10/11/2013

(US) Tour of Duty (L'Enfer du Devoir) : chronique de la guerre du Vietnam

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Aujourd'hui, c'est une plongée dans mes archives sériephiles que je vous propose. Le mois dernier, en pleine phase de rangement, j'ai mis la main sur un vieux disque dur externe sur lequel figurait l'intégrale de Tour of Duty (L'Enfer du devoir en VF). Diffusée de 1987 à 1990 sur CBS, cette série américaine compte trois saisons, soit 58 épisodes au total. L'époque était alors propice au traitement d'un tel sujet, puisque, dans la lignée de Platoon, la télévision américaine lancera plusieurs séries sur ce thème à l'image, par exemple, de China Beach sur ABC. C'est à l'occasion d'un revisionnage intégral il y a quelques années que j'en étais venue à vraiment apprécier Tour of Duty. Car, si les années 2000 ont redéfini le genre des séries de guerre, avec des approches très différentes, de Band of Brothers à Generation Kill, cette série des années 80 demeure un solide classique du petit écran qui mérite de ne pas être oublié.

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Tour of Duty relate le quotidien d'une unité de combat durant la guerre du Vietnam, évoquant tout ce qui rythme la vie des soldats sur le terrain, des opérations dans la jungle jusqu'aux journées de repos et autres permissions. La série se construit en premier lieu autour de la dynamique qui s'installe entre les deux officiers supérieurs de l'unité : elle emprunte ici une recette familière, mais qu'elle sait parfaitement exploiter, en associant un jeune officier tout droit sorti de l'école, le lieutenant Goldman, et un sergent vétéran qui a déjà fait plusieurs tours au Vietnam, Anderson. Cela n'ira pas sans friction, mais ces deux fortes personnalités vont progressivement apprendre à travailler ensemble, établissant un rapport de confiance qui sera une des fondations de l'unité (même s'il faudra pour cela, beaucoup de patience à Anderson). Tour of Duty ne se limite cependant pas aux seuls responsables : multipliant les points de vue, c'est toute une troupe de soldats qui est mise en scène et va ainsi peu à peu devenir familière au téléspectateur.

Véritable fiction chorale, cette série est entièrement dédiée à des personnages dont on va suivre les évolutions et les épreuves traversées en trois saisons. Si le récit privilégie l'aspect humain, il ne néglige pas pour autant une reconstitution historique travaillée. En effet, l'unité de combat est un microcosme reflétant la société américaine de la fin des années 60. Faisant cohabiter des soldats de toutes origines, elle apparaît comme un miroir des tensions raciales et politiques qui traversent alors les Etats-Unis. Elle leur fait apprendre à vivre ensemble loin de leur pays, tout en abordant aussi la réception de certains évènements marquants qui s'y déroulent comme l'assassinat de Martin Luther King. Concernant la situation sur le terrain, le souci de réalisme est particulièrement perceptible durant la première saison, où chaque épisode permet d'illustrer un thème et une réalité à laquelle sont confrontés les combattants américains. Tout cela confère à la série une impression d'authenticité, renforcée par le regard général qui est porté sur cette guerre, ni manichéen, ni patriotique.

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Au fil des saisons, Tour of Duty se recentre progressivement sur les vies personnelles et les épreuves de quelques personnages, avec une mise en scène moins rigoureuse du versant militaire. L'attrait demeure pourtant, notamment parce que l'écriture conserve toujours une richesse de tonalités et une multiplicité d'approches appréciables. En effet, la série joue sur plusieurs registres. Elle est capable d'être une solide fiction de guerre, un drame dur éclairant toutes les horreurs et tous les traumatismes que subiront ses protagonistes. Mais elle sait aussi proposer des interludes, n'ayant pas son pareil pour délivrer des dialogues ironiques et complices qui font mouche. La détresse, l'amertume, mais aussi le désir de continuer à vivre, s'entremêlent et cohabitent constamment. La fiction glisse également parfois vers du sentimental, avec quelques histoires d'amour (qui finiront généralement mal). Tour of Duty fait ainsi preuve de beaucoup d'habileté dans sa gestion des tons. Elle est extrêmement vivante, engageante pour un téléspectateur qui n'a aucune peine à s'impliquer aux côtés des différents personnages.

Le point sur lequel elle a le plus vieilli est certainement la forme, avec des combats qu'on peut juger, vingt-cinq ans plus tard, perfectibles dans leur mise en scène. L'ensemble reste cependant correct. Il est surtout un point sur lequel sa saveur demeure intacte : sa bande-son (elle lui a d'ailleurs fait gagner un Emmy Award). Tour of Duty est un vrai bijou d'incursion musicale dans les 60s', une compilation riche et bien utilisée. On y retrouve, rythmant les épisodes, des chansons emblématiques d'une époque, à commencer par celle qui figure au générique, la fameuse Paint it, Black des Rolling Stones à laquelle mon esprit l'associe toujours (cf. la vidéo ci-dessous). Enfin, la série bénéficie d'un casting homogène. Terence Knox interprète le sergent Anderson, tandis que Stephen Caffrey joue le lieutenant Goldman. On croise également Tony Becker, Ramon Franco, Miguel A. Nunez Jr, Stan Foster, mais aussi Kim Delaney, Steve Akahoshi, Eric Bruskotter, John Dye ou encore Dan Gauthier.

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Bilan : Chronique de guerre du Vietnam proposant une reconstitution historique travaillée, Tour of Duty relate le quotidien d'une unité sous forme de récit choral offrant différents points de vue. Capturant les tensions qui traversent la société américaine de la fin des années 60, la série ne néglige aucun des grands thèmes sociaux et politiques que son sujet permet d'aborder, tout en délivrant, sans manichéisme, un récit de guerre souvent dur et dramatique. C'est une œuvre profondément humaine qui met en avant les liens qui se tissent entre ses personnages. Elle sait aussi exploiter une tonalité changeante, où le désespoir côtoie la féroce envie de survivre, avec l'ironie pour seule arme. L'immersion dans les 60s' est parachevée par une bande-son géniale qui vient rythmer l'ensemble, soulignant un peu plus cette recherche d'authenticité et de reflet d'une époque.

Vingt-cinq ans après, Tour of Duty demeure donc une série très solide dont les ingrédients fonctionnent toujours, qu'importe si elle n'a pas la mise en scène d'une des fictions de guerre de HBO. Elle mérite assurément un revisionnage, ou même une découverte pour tout sériephile qui s'intéresse à un tel genre ou sujet.


NOTE : 7,5/10


Le générique (tellement marquant) de la série :

18/12/2010

[TV Meme] Day 18. Favorite title sequence

S'il est bien un élément que je chéris tout particulièrement pour retrouver avec plaisir l'ambiance d'une série, c'est son générique. Je tiens plus que tout à l'existence de cette petite séquence d'introduction. J'attends avec impatience que ses premières notes retentissent. J'aime ritualiser ce processus téléphagique, ouvrant ainsi officiellement l'épisode. Le générique est cette porte d'entrée vers un univers téléphagique à part. Non seulement il est fondamental à la construction de l'identité d'une série, mais en plus, il est intimement lié aux souvenirs associés à telle ou telle fiction que l'on conservera des années après sa conclusion. Il est déterminant pour cette nostalgie diffuse qui se développera après coup, le rendant a posteriori fondamental.

Un générique est constitué de différents ingrédients : une musique, un montage d'images plus ou moins abouti, une esthétique d'ensemble... Tous ces facteurs sont déterminants, le tout étant de trouver le juste équilibre, permettant de séduire le téléspectateur. Car ce que tout téléphage attend de chaque introduction, ce sous-entendu, il est explicitement énoncé par un générique qui a toujours exercé sur moi une fascination désormais teintée de nostalgie.


"Ce n'est pas une défaillance de votre téléviseur. N'essayez donc pas de régler l'image. Nous maîtrisons, à présent, toute retransmission. Nous contrôlons les horizontales et les verticales. Nous pouvons vous noyer sous un millier de chaînes ou dilater une simple image jusqu'à lui donner la clarté du cristal, et même au-delà... Nous pouvons modeler votre vision et lui fournir tout ce que votre imagination peut concevoir. Nous contrôlerons tout ce que vous allez voir et entendre. Nous partagerons les angoisses et les mystères qui gissent dans les plus profonds abysses... au-delà du réel."


Au-delà du réel : l'aventure continue (1995)


Quand je porte un regard rétrospectif sur ma téléphagie, ce sont tout d'abord les plus nostalgiques qui reviennent immédiatement dans mes souvenirs. C'est la musique étonnamment envoûtante de Twin Peaks qui me donne toujours des frissons - peut-être en partie parce que je l'ai écoutée des dizaines de fois avant même de découvrir ladite série (elle figurait sur une compilation que j'avais achetée durant mon adolescence). Ce sont aussi les premières notes inimitables de X-Files. C'est encore la séquence culte du duo d'Amicalement vôtre qui défile devant mes yeux. Tous ces premiers génériques m'ont marqué et sont restés intimement liés à ma téléphagie.

Plus récemment, d'autres génériques me viennent à l'esprit pour des raisons très différentes. Les montages d'images d'archives de Carnivàle. Le rappel du génocide ouvrant Battlestar Galactica. Le coeur de Baltimore dans The Wire (la version proposée dans la saison 3 reste ma préférée). La folk étonnamment décalée de John from Cincinnati. L'impression de plonger dans l'Histoire en train de s'écrire dans The West Wing (A la Maison Blanche). Le sublime morceau musical ouvrant Earth Final Conflict (dont je vous ai tant de fois parlé). La séquence en apparence à la fois anodine et glaçante de Dexter.


Au final, aujourd'hui, j'ai opté pour deux choix. D'une part parce que chacun incarne une de ces tendances, entre nostalgie et fondamentaux. D'autre part, parce qu'ils représentent deux façons différentes de construire un générique pour un résultat tout aussi convaincant et marquant. On retrouve dans le premier le caractère déterminant du choix musical (une chanson ô combien culte !) et un montage génial pour le second.


L'enfer du devoir (Tour of Duty)
(CBS, 1987-1990)


Dead Like Me
(Showtime, 2003-2004)


Ce générique de Dead Like Me est un petit bijou à plus d'un titre, riche en paradoxes, parfait reflet de la série. Il propose a priori un défilé de scènes anonymes de la vie quotidienne... mettant en scène des faucheurs, le tout avec une petite musique diablement entraînante. La mort et la vie se mêlent, se mélangent, en un cocktail si particulier, inimitable qui constitue l'âme de la série.