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06/05/2012

(US) The West Wing (A la Maison Blanche) - Election Night (4.07) & Process Stories (4.08)

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Aujourd'hui, j'ai eu envie de marquer la conclusion du cycle "politique" avec une review plus précise qu'à l'accoutumée - pour rester dans l'air du temps. De tous les épisodes de séries mettant en scène une journée électorale, les premiers qui me viennent à l'esprit quand je m'intéresse à ce thème sont ceux de la saison 4 de The West Wing (A la Maison Blanche). Diffusés en novembre 2002, Election Night (4.07) et Process Stories (4.08) figurent toujours parmi mes préférés. Non seulement parce qu'ils sont les représentants parfaits du style premier de la série, celui de l'ère Sorkin, mais aussi car ils sont empreints d'un profond souffle d'idéalisme et d'une tonalité résolument légère qui revigorent le téléspectateur, en laissant flotter dans l'air un optimisme résolument combatif.

Hier soir, en ressortant mes DVD, j'ai sans surprise ri et vibré comme au premier jour devant mon petit écran. Peut-être avec encore plus d'attachement, ou du moins une certaine nostalgie. Dix ans après, ces épisodes ont une dimension particulière. Avec le recul, on sait désormais que nous assistons là à la dernière ligne droite de The West Wing "1.0". Non seulement le style d'écriture changera, mais la saison 4 n'est pas uniquement celle du départ d'Aaron Sorkin, elle est aussi celle de Rob Lowe, c'est-à-dire de Sam Seaborn. Et s'il y a bien une chose que ce double épisode met en exergue, c'est cette fameuse complicité, cette solidarité inaltérable au sein du staff présidentiel. Certes d'autres dynamiques seront introduites par la suite, mais c'est une des dernières fois que l'on a à l'écran cette osmose particulière qu'est l'équilibre d'origine.

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Plus précisément, ces deux épisodes relatent la journée électorale en mettant en parallèle deux élections, la nationale - présidentielle - jouée d'avance, et le facteur d'incertitude qui va venir troubler les prévisions : l'élection locale d'un représentant de Californie (à Orange county). Dès la scène introductive, le ton du récit est immédiatement donné : Toby s'amuse à jouer avec les nerfs déjà à vif de Josh en le faisant accoster à son bureau de vote par des citoyens pro-Bartlet dont les bulletins sont tous nuls ou erronés. Car, s'il semble certain que le président sera réélu (même s'il ne faut pas le dire trop fort), tous les personnages n'en sont pas moins dans un état électoral où l'adrénaline monte, les rendant encore plus survoltés qu'à l'accoutumée. Par-delà les grands enjeux pour le pays, l'épisode s'intéresse avant tout aux intéractions de ces figures familières, leurs échanges venant rythmer cette trop longue journée de travail.

Election Night ne sera ainsi qu'une suite d'anecdotes aussi savoureuses les unes que les autres, couvrant toute la palette des tonalités de la série. Il y aura des moments franchement drôles, comme Sam tentant la chance en criant trop tôt victoire et se retrouvant à devoir exorciser le mauvais sort sous les menaces de Toby, ou encore Josh confronté à la nouvelle secrétaire du président et aux règles qu'elle entend poser pour le briefing quotidien (avec Sam passant au travers du contrôle, car il était juste très en retard à la réunion précédente). Il y aura aussi des passages totalement improbables, Donna découvrant qu'elle a voté malencontreusement pour le candidat républicain et entreprenant de chercher un électeur de Ritchie pour échanger leur vote. Et puis il y aura des scènes plus pédagogiques, propres également à la série, comme Charlie qui s'occupe de l'éducation civique accélérée d'un jeune homme qu'il va conduire jusqu'au bureau de vote.

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Mais en plus, Election Night a l'habilité de contrebalancer ces instantanés de l'aile ouest avec une autre dynamique électorale où le suspense est bien réel, celle qui se déroule en Californie. C'est d'elle que va venir la surprise et ce frisson particulier que suscitent les aléas et l'imprévisibilité de la démocratie en action. Will Bailey se démène pour son candidat pré-décédé, fort de la promesse faite un peu légèrement par Sam de prêter son nom en cas de victoire. Tout en nous offrant une leçon synthétique des pratiques des électeurs et de leurs horaires de vote selon leurs opinions, Will ira jusqu'à conjurer les éléments météorologiques pour précipiter la tempête providentielle, dans cette scène marquante où la pluie se met à tomber lorsqu'il lève les yeux au ciel, parachevant ainsi de créer les circonstances favorables à la victoire inattendue du démocrate. Une touche de folie, idéaliste et touchante, traverse alors l'écran, ne laissant pas indifférente le téléspectateur.

L'annonce des résultats s'opère en deux temps, avec un timing parfaitement géré. Election Night se conclut sur le discours triomphant du président, au son d'une chanson hautement symbolique, The Times Are A-Changing, tandis que Process Stories démarre sur l'annonce des résultats de Californie avec - surtout - le nom de Sam révélé comme potentiel candidat pour le scrutin exceptionnel qui suivra. De cette nuit de festivités démocrates que raconte le second épisode, se dégage une douce euphorie communicative. Tout apparaît à nouveau possible. L'équipe se persuade que Sam doit relever le challenge, de la même manière qu'Andrea entend revendiquer sa grossesse, hors mariage, peu importe ce qu'en dira Toby. Pour autant, le subtil équilibre vers le réel et le dramatique propre à la série se rappelle à notre souvenir avec un coup d'Etat en cours en Amérique du Sud qui nécessite une réunion de crise de l'Etat Major, champagne et petits fours circulant toujours dans les salles de réception.

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Bilan : Election Night & Process Stories sont deux épisodes magistraux. Ils représentent parfaitement les atouts du style Sorkin, cette dimension grisante, ses répliques et personnages virevoltant allégrement dans un habile mélange d'humour et de sérieux. Mais ils sont aussi parcourus par un souffle particulier, celui d'un idéalisme triomphant, communicatif, avec une nuit de victoire où tout semble - un instant - possible. C'est aussi un épisode où de multiples storylines, plus personnelles, sont en cours, alors que s'esquisse le départ de Sam. Toutes ne seront pas gérées parfaitement jusqu'au bout ; cependant, le temps d'un double épisode, tout s'emboîte, se justifie, jusqu'aux paris d'Amy sur les plus résultats d'élections les plus improbables.

Ce début de second mandat était la fin d'une époque, on ne le savait pas encore, mais le revoir fait toujours particulièrement chaud au coeur. Unique.


NOTE : 9/10


La scène d'ouverture d'Election Night (4.07) :

28/07/2011

(US) A la Maison Blanche (The West Wing) : Hommage personnel à une grande série

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Hier soir, j'ai ressorti un des premiers, si ce n'est le premier, coffret DVD de séries que j'ai acheté, pour une célébration un peu particulière. Car en ce mois de juillet 2011, je fête un anniversaire d'un genre à part : il y a dix ans, je suis devenue sériephile. Certes, je regardais déjà beaucoup de séries auparavant. Mais un tournant s'est produit cette année-là, une prise de conscience. Au cours de l'été 2001, le vendredi soir en deuxième partie de soirée, France 2 diffusa la première saison d'une série créée en 1999 et qui connaîtra en tout 7 saisons sur la chaîne américaine NBC : A la Maison Blanche (The West Wing).

C'est étrange comme la mémoire humaine fonctionne, car je me souviens encore distinctement de cette soirée estivale. Ou plutôt du frisson, entre vertige et jubilation, qui accompagna mon visionnage du pilote. C'était une euphorie diffuse, unique, une sensation que je n'avais jamais éprouvée jusqu'alors devant aucune série. Ce soir-là, je me suis dit que si la sériephilie pouvait procurer ce genre d'émotions, si elle savait proposer ce type de créations, alors elle méritait qu'on s'y investisse sérieusement.

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Lors du TV Meme, l'an dernier, je vous avais déjà confié qu'il n'y a pas de débat, ni d'hésitation, lorsqu'on me demande aujourd'hui quelle est ma série préférée : A la Maison Blanche s'impose comme une évidence. Elle m'a marqué plus que toute autre, et aucune fiction ne saura jamais rivaliser avec elle. Tout simplement parce qu'au-delà de ses qualités, il y a d'autres éléments purement conjoncturels qui ont installé cette série au sommet de mon panthéon personnel. A l'époque, j'avais 16 ans, une passion dévorante pour les États-Unis et une fascination pour la politique qui m'avait fait engloutir des rayonnages entiers de bibliographies de présidents américains. Un intérêt qui se faisait ressentir jusque dans les fictions : un des romans que j'ai le plus (re)lu cette année-là était Nulle part au monde, de Richard North Patterson.

Et puis, ma sériephilie même était encore en phase d'éveil et d'apprentissage, à la croisée des chemins. J'avais déjà regardé suffisamment de séries télévisées pour me construire un étalon qualitatif et une esquisse de sens critique, mais pas encore suffisamment pour être devenue cynique ou blasée. C'était une période charnière dans la construction de cette passion. La force d'A la Maison Blanche est d'avoir su parler aussi bien à mon coeur qu'à ma tête.

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A la Maison Blanche a donné ses plus belles lettres de noblesse à la fiction politique, intimidant et servant désormais autant d'inspiration que de repère à tout un genre télévisuel. La génération des Borgen n'a-t-elle pas grandie devant cette oeuvre ? Ancrée dans le réel, elle a su s'adresser et toucher le téléspectateur-citoyen. Grâce au savoir-faire de ses scénaristes-orfèvres, elle a réconcilié le plus désabusé d'entre nous avec les ressorts et rouages d'une politique politicienne qui a soudain retrouvé un sens. La série fera toujours preuve d'une pédagogie consciencieuse, mais jamais rébarbatrice, restant constamment accessible à un public pas forcément familier des institutions américaines.

Si A la Maison Blanche a tant marqué, c'est aussi parce qu'elle n'a jamais hésité à aborder de manière frontale des thématiques sociales importantes, centrales dans les démocraties occidentales modernes. Ses sujets ont toujours paru très concrets. Jamais timorée, elle ne s'est pas défaussée devant les thèmes les plus sensibles ou difficiles. Elle n'a jamais avancé cachée, ne dissimulant pas le fait que parler politique, c'est effectivement émettre des opinions, pas forcément consensuelles. La série a toujours assumé son discours. Ses personnages ont argumenté, construit des réflexions, esquissé des réponses et prôné des principes et des valeurs, sans pour autant jamais s'égarer dans un élan moralisateur. Elle a su trouver ce bon dosage, cet équilibre si volatile, entre réalisme et idéalisme, pour faire vibrer la fibre particulière qui se trouve en chacun de nous : sans s'abaisser à un plus petit dénominateur commun hypothétique, elle nous a au contraire tous élevé dans son sillage.

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A la Maison Blanche, c'est aussi un style d'écriture très reconnaissable et qui a forgé son identité. La série a été créée par Aaron Sorkin, un scénariste n'aimant rien tant que nous plonger dans l'envers du décor, comme l'illustrent ses autres séries, de Sports Night à Studio 60 on the Sunset Strip. Les quatre premières saisons portent indéniablement sa marque. Son départ bouleversera l'équilibre originel de l'oeuvre, mettant à mal ses fondations. Après une saison 5 hésitante et troublée, la plus faible des sept, la série retrouvera cependant ensuite une seconde vie, s'épanouissant dans un autre registre, au cours de ses deux dernières saisons qui complètent finalement pleinement le cycle politique et humain qu'elle nous aura fait vivre.

Ses fameuses "réunions pédestres", survoltées, hantant les couloirs de l'aile ouest resteront une des images caractéristiques à laquelle demeure associée la série, jusque dans cette parodie célèbre de Mad Tv qui les met en scène. En effet A la Maison Blanche est une série qui parle beaucoup, mais qui n'ennuie jamais. Ses dialogues admirablement ciselées, déclamés suivant un débit à donner le vertige, reflètent une maîtrise de l'écriture proprement jubilatoire pour un téléspectateur qui se laisse emporter. Alternant le sérieux mais aussi l'humour, cette série m'aura fait pleurer de tristesse, mais aussi de rire. La dureté des drames de certains épisodes trouve son pendant parfait dans la légèreté d'autres (ah, le plan secret de Josh pour lutter contre l'inflation !). S'épanouissant dans cette narration sur-dynamique, la série requiert une concentration de tous les instants pour être visionnée en version originale. Mais voyez-vous, ce sont justement les scénaristes de ce calibre, Aaron Sorkin, David E. Kelley, Amy Sherman-Palladino qui m'ont fait devenir sériephile.

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Souvent brillante par sa façon d'aborder ses sujets, A la Maison Blanche n'en a pas pour autant négligé sa dimension humaine. Si elle a pu fidéliser les téléspectateurs, c'est en partie grâce à une galerie de personnages, hauts en couleur et attachants, qui auront tous su s'imposer. Certes, tout ne fut pas toujours parfait. Mais le point fort de la série aura été de savoir générer un véritable esprit d'équipe, en installant une complémentarité et, surtout, une complicité naturelle et instinctive à l'écran au sein de ce groupe si soudé et vivant. Les relations de travail, mais aussi d'amitié, ont toujours efficacement gérées ; et si les rapports plus sentimentaux ont pu être plus hésitants, voire maladroits, la série aura su mener à terme et récompenser ses plus fervents shippers, bouclant ainsi la boucle de la plus satisfaisante des manières.

Autour de cette figure présidentielle quasi-idéale, mais pourtant très humaine et donc faillible, incarnée Jed Bartlet, A la Maison Blanche rassemble un staff, porté par une dynamique propre, que l'on prendra toujours plaisir à retrouver. Leo, Josh, Donna, C.J, Toby, Sam, Charlie... Ils ont tous eu une place. Leo fut la voix de la sagesse, C.J., un modèle de pragmatisme et de sang-froid. Josh représentera l'arrogance et la brillance des élites démocrates, tandis que le caractère de Toby restera légendaire. La pointe d'idéalisme de Sam, le bon sens de Donna, le regard neuf de Charlie, étranger à cette sphère politique, constitueront autant de portes d'entrée pour le téléspectateur, de points d'accroche dans une fiction qui aura compris qu'il ne faut jamais perdre de vue l'importance des personnages, qui sont le coeur d'une oeuvre, aussi solide que puisse être le sujet de départ.

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Par ailleurs, la force d'A la Maison Blanche a aussi été de réunir un casting cinq étoiles qui saura proposer une interprétation des plus solides, à la hauteur des scénarios. Débutant avec un groupe de rêve, composé de Martin Sheen, John Spencer (La loi de Los Angeles), Allison Janney (Mr Sunshine), Bradley Whitford (Studio 60 on the Sunset Strip, The Good Guys), Richard Schiff (Past life), Rob Lowe (Brothers & Sisters, Parks & Recreation), Janel Moloney et Dulé Hill (Psych), on y croisera dans les saisons suivantes Stockard Channing (Out of Practice), Joshua Malina (Sports Night), Jimmy Smits (La loi de Los Angeles, New York Police Blues, Cane), Kristin Chenoweth (Pushing Daisies) ou encore Alan Alda.

Mais A la Maison Blanche, ce fut aussi de très nombreuses apparitions en guest-stars de visages déjà familiers du petit écran ou qui le deviendraient plus tard : Mary-Louise Parker (Weeds), Edward James Olmos (Battlestar Galactica), Elisabeth Moss (Mad Men), Gary Cole ou encore Jorja Fox (Les Experts) et Emily Procter (Les Experts Miami).

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Enfin, et c'est aussi pour cela qu'elle est si importante : A la Maison Blanche demeure irrémédiablement attachée à ce tournant du XXIe siècle aux États-Unis. Elle n'est pas vieille, puisqu'elle a été diffusée de 1999 à 2006. Mais elle est pourtant précisément datée et conservera toujours le parfum de son époque. Tour à tour contre-utopie, puis reflet-écho de la société américaine, la fiction a su rejoindre ou croiser le fer avec la réalité, supportant les comparaisons comme peu de fictions en sont capables. Elle s'est imposée et a marqué dans un contexte particulier. Si elle sera à jamais associée à Jed Bartlet, c'est aussi parce que l'idéalisation de cette figure sera sortie grandie du contraste avec la réalité offerte par son homologue texan d'alors. Plus généralement, c'est la série qui a su proposer le didactique et pédagogique Isaac & Ismaël dans les semaines immédiates qui ont suivi le 11 septembre.

Cependant, A la Maison Blanche n'a pas été seulement un refuge utopique démocrate dans une Amérique républicaine, ou une illustration de la supposée existence de deux Amériques, elle a aussi été, jusqu'au bout, une anticipation de politique fiction aboutie et, en un sens, visionnaire. Car cette série s'est conclu avec l'accession à la présidence de Matt Santos, figure construite sur le modèle et en s'inspirant de celui qui était alors seulement sénateur de l'Illinois, un certain Barak Obama. Tous les parallèles facilement identifiables entre ces deux politiciens, le premier fictif, le second réel, les verront partager jusqu'à leur destinée, empruntant la même route qui les conduira jusqu'à la Maison Blanche. En 2006, sur NBC, Matt Santos sera élu président des Etats-Unis, dans la dernière et septième saison de la série qui tira ainsi sa révérence ; en 2008, viendra le tour de Barak Obama.

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Bilan : Brillante et inspirante, traversée par une dynamique grisante, A la Maison Blanche est une grande série. De celles qui marquent durablement non seulement le petit écran, mais aussi le genre qu'elle a investi, démontrant toute l'étendue et les possibilités offertes par la fiction politique. Pour sa représentation de la société américaine, pour son parfum d'idéalisme qui aura su redonner foi au téléspectateur-citoyen, pour tous ces instants jubilatoires qu'elle nous aura faits vivre, pour ces discours que l'on aurait tant voulus, nous aussi, applaudir, A la Maison Blanche demeure incontournable, un de ces phares du paysage téléphagique.


Je n'ai plus 16 ans. J'ai vu depuis, au cours des années qui ont suivi, des centaines, des milliers de séries... Ma consommation télévisuelle actuelle n'a plus grand chose à voir avec mes programmations d'alors à prédominance américaine NBC-ienne. Mais je vais vous confier un secret : hier soir, j'ai re-visionné le pilote d'A la Maison Blanche et une chaleur particulière a envahi mon coeur. Il y a dix ans, je suis devenue sériephile. Et j'en suis toujours fière.


NOTE : 9,5/10


Le générique de la série :

26/02/2011

[TV Meme] Day 26. OMG WTF season finale

La sensibilité du téléphage à ce jour du TV Meme est un des symptômes de sa passion. Elle représente la capacité des scénaristes à lui fixer un rendez-vous qu'il n'oubliera pas, celui qui aura lieu dans quelques mois pour le retour des inédits de la série. Dans la construction narrative d'une fiction dont le format lui permet de s'étendre sur plusieurs années, la gestion de ces transitions est fondamentale. Cela signifie pas que ces fins de saisons seront automatiquement des ruptures. Certaines optent pour une simple continuité à peine perturbée, laissant le téléspectateur à son confort déjà bien rodé. De manière générale, entre la sobriété d'une season finale sans à-coup et les excès de remises en cause versant dans la surenchère, je préfèrerais toujours la première.

En somme, jouer avec les nerfs du téléphage, c'est grisant. Mais attention, il existe un art du cliffhanger  pour ne pas laisser un arrière-goût désagréable d'artificialité à un téléspectateur qui n'aime pas non plus la manipulation à outrance.

 

J'ai tendance à penser qu'un cliffhanger réussi sera tout simplement un passage qui restera dans notre mémoire téléphagique. Tous n'ont pas à être "explosifs". On a aussi connu ces conclusions emportant d'innombrables questions existentielles, voire plus superficielles, qui laisseront un aspect particulier en suspens sans empêcher le téléspectateur de dormir pour les prochains mois. La vie personnelle des héros peut en susciter plus d'un. En symbolique de cet effet d'annonce facile, mais dont je garde un souvenir plein de tendresse : la demande en mariage particulière dans Lois & Clark, saison 2, avec le "who's asking Clark or Superman ?" (oui, j'étais une adolescente un tantînet fleur bleue !). Mais l'élément introduit peut être autrement plus dérangeant, comme découvrir la personne à côté de laquelle Lorelai se réveille à la fin de la saison 6 de Gilmore Girls.

Lois & Clark : Les nouvelles aventures de Superman, saison 2


Néanmoins, les cliffhangers les plus aboutis, ceux dont on se souvient encore parfaitement lorsque l'on jette un regard rétrospectif sur la série, ce seront avant tout ceux qui auront fait vasciller les bases même du récit. S'ils sont bien maîtrisés, ils peuvent être géniaux. En leur sein, deux grandes catégories se distinguent : ceux qui optent pour le suggestif, en laissant la storyline en suspens (par exemple en mettant en danger la vie d'un (ou plusieurs) personnage mais sans que l'on sache ce qu'il va lui advenir), et ceux qui provoquent le bouleversement avant la fin, pour nous abandonner devant un "to be continued" qui n'aura jamais été aussi frustrant que lorsque vous venez d'assister à une telle redistribution des cartes.


Des season finale appartenant à la première catégorie, parmi ceux qui me viennent instinctivement à l'esprit, je citerais notamment : certaines des fins de saison de Spooks (MI-5), série qui nous laissa plus d'une fois sans voix notamment lors de ses deux premières saisons ; mais également Babylon 5 (saison 3 - Za'ha'dum) ; ou encore Farscape qui en a fait une spécialité maîtrisée (saison 2 - Die Me Dichotomy ; saison 4 - Bad Timing) ; et enfin The West Wing, saison 1 : What Kind of Day Has It Been ?. Le seul que j'ai vécu pleinement (c'est-à-dire pour lequel je n'ai pas pu lancer le DVD de l'épisode suivant dans la foulée) est le dernier, c'est sans doute pourquoi il demeure emblématique dans mon esprit, tout en mettant en scène un indémodable classique : une fusillade. Plus que le contenu, ceci s'explique par les conditions (compliquées) dans lesquelles je l'ai suivi : dans l'anonymat des soirées du vendredi de l'été 2001, France 2 avait confidentiellement diffusé la saison 1. Elle ne reprit sa diffusion de la saison 2 à destination des noctambules que plusieurs années après (2005 ?). Entre temps, je vous rassure, j'avais pu me ruiner en investissant dans les coffrets DVD sortis. Il reste que c'est sans doute le season final que j'ai ressenti le plus intensément parce que j'ai été forcée de respecter ce délai théoriquement imparti entre les deux saisons. Ce qui m'amène à penser que pour qu'un cliffhanger puisse être vraiment apprécié, il faut que son visionnage respecte le rythme de diffusion pour lequel il a été conçu ; mais aussi éviter de tomber dans cette chasse aux spoilers quasi-obsessionnels pour certains. Il faut rester dans sa bulle et apprécier le récit pour ce qu'il est (une utopie à notre époque).

The West Wing, saison 1 : What Kind of Day Has It Been ?



Cependant, les fins les plus marquantes restent sans conteste celles qui ont su bouleverser vraiment les bases narratives de la série, celles qui ont remis en cause tout ce quotidien confortable dans lequel le téléspectateur avait pris ses habitudes, faisant voler en éclat toutes ses certitudes conquises après plusieurs saisons à fréquenter les personnages et la dynamique d'ensemble. Ne nous voilons pas la face : ce sont aussi les cliffhanger les plus risqués. Il est si facile de trop en faire, d'égarer la recette de la série, voire de jump-er the shark en étant ensuite incapable de rebondir à partir des nouvelles données.

Parmi ces cliffhangers les plus ambitieux, deux me viennent tout particulièrement à l'esprit. Tout d'abord, celui de la fin de la saison 2 d'Alias. Je vous l'ai déjà dit : je n'aime pas le style de J. J. Abrams ; quelque part au milieu de Ses conceptualisations mythologiques, de sa gestion d'écriture et des personnages, j'ai un jour eu une réaction épidermique de rejet que je n'ai depuis jamais surmontée. Alias fut la dernière série que j'ai, un temps (2 saisons), pu apprécier - je crois qu'elle est aussi celle qui m'a vacciné de l'illusion des fictions mythologiques. Mais j'ai beau nourrir nombre de griefs à l'encontre du scénariste, je suis la première à reconnaître que ce final de la saison 2 était... magistral ! Je m'en souviens encore comme si c'était hier : il mêlait absolument tous les ingrédients, une vraie remise à plat générale, avec du mystère, de la mythologie et des instants shipper. Je me rappelle trépignant devant ma télé en m'écriant (intérieurement) : "non, ce n'est pas possible !".

L'autre grand final de ce genre conclut aussi une saison 2, il s'agit de  Battlestar Galatica (Lay down your burden). Sur New Caprica, les colons sont désormais installés, Gaïus est président... Une illusion de presque happy end balayée et réduite à néant en un instant, par ces quelques dernières minutes qui relancent ce cycle fatal sans fin : l'arrivée des cylons.

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Pour autant, si la science-fiction offre des possibilités fascinantes pour conclure une saison, j'ai aujourd'hui opté pour un autre genre de bouleversement. Une fin plus basique mais tout aussi intense qui vient consacrer, de la plus terrible des façons, une autre spirale : un glissement hors de contrôle déjà perceptible, désormais irréversible. Il s'agit d'une mort particulière, comme un symbole, celle qui vient marquer la fin de la saison 5 de The Shield.

Ce meurtre glaçant prend au dépourvu par ses circonstances, tant par la victime que par l'identité du tueur... Elle marque véritablement la fin de l'idée même de la Strike Team, telle qu'on a pu la connaître en dépit de tous les aléas. La sentence de Vic, à la toute fin de l'épisode, où il promet une vengeance implacable nous confirme que plus rien ne pourra être comme avant. Même s'il ne le sait pas encore, la confrontation avec Shane se profile irrémédiablement à l'horizon. L'engrenage infernal lancé des années plus tôt vient soudain de s'accélérer dangereusement, le téléspectateur étant pleinement conscient que cela ne peut que mal se terminer.

The Shield, le superbe teaser de la saison 6 :



The Shield
- Entre la 5 et la 6, un webisode effectuait un lien entre les saisons :

12/02/2011

[TV Meme] Day 24. Best quote.

On ne le répète peut-être pas assez, mais le petit écran est un art mis au service des mots. Sa force, c'est la manière dont il exploite, comprend et appréhende leur poids. Ce n'est pas pour rien si le téléphage repèrera rapidement les noms de ses scénaristes fétiches, ces magiciens du verbe qu'il suivra avec attention. Les phrases marquantes, les séries en recèlent. C'est ce qui fait leur identité. C'est pour cela que ce jour du TV Meme apparaît si dur à trancher.

Parmi ces phrases, il y a bien sûr ces grands discours inspirés, abordant des thématiques fortes qui nous peuvent toucher sur un plan autant émotionnel qu'intellectuel. Des séries comme The West Wing, Babylon 5 ou Battlestar Galactica, par les thèmes qu'elles traitent, ont excellé dans cet exercice. Poussée à son extrême, cette logique nous conduit d'ailleurs tout droit dans les prétoires, où des legal dramas ont su offrir des monologues fascinants et inspirants, portés par l'éloquence de leurs interprètes et la justesse des plaidoiries ciselées des scénaristes, parmi lesquels le maître en la matière demeure pour moi David E. Kelley. Combien de fois me suis-je laissée entraîner et submerger par les conclusions d'Alan Shore (Boston Legal), dans une série qui su repousser à leur maximum toutes les limites de cette capacité tribunitienne du petit écran ?

A côté de ces plus longs discours, il y a toutes ces répliques cultes qui doivent tout à la personnalité de celui qui les prononce. Tous ces House-ism qui nous ont fait jubiler devant notre petit écran, nous laissant savourer les perles tranchantes des vérités  du Docteur House (House MD), resteront assurément dans la mémoire téléphagique. Et puis, il y a aussi ces phrases qui vont claquer comme un slogan, dont la brièveté et la répétition va permettre de les graver dans nos têtes. Ces quelques mots demeurent alors comme un symbole irrémédiablement associé à l'identité de la série. C'est un cri de ralliement comme aucun autre. Une série comme Doctor Who en est, par exemple, truffée du fameux "Allons-y Alonso" au dernier "Bow ties are cool" (saison 5). Parfois, la confusion avec le slogan est complète, comme dans Friday Night Lights qui continuera longtemps de faire résonner dans nos esprits son "Clear eyes. Full hearts. Can't lose". Cela peut même être extrêmement minimaliste, mais saura tout autant marquer le téléspectateur. Un petit "Nobuta power... Chunyuu !" (accompagné du petit signe de la main !) me fait toujours fondre en repensant à ma première rencontre avec Nobuta wo Produce.


Nobuta power ! Chunyuu ! (Nobuta wo produce)


Tout ça pour dire qu'il y aurait des milliers de répliques appropriées pour ce jour, qui seraient légitimes pour des dizaines de raisons différentes. Parce que c'est justement le rôle et la fonction des séries de nous marquer par ses mots.

Finalement, au milieu de ces choix multiples, celle sur laquelle je me suis arrêtée, je l'ai choisie pour sa simplicité. Parce qu'elle n'est qu'une anecdote, mais qu'elle capture un personnage et pose une ambiance. Je l'ai choisie pour ce qu'elle représente, la rencontre au cours du pilote de la série avec un personnage, véritable pivôt de la série. Je l'ai choisie pour ce sourire plein de tendresse qu'elle me procure quand je revois dans ma tête John Spencer prononcer ces mots. Voyez-y tout à la fois une pointe de nostalgie et un modeste hommage. Sans doute était-ce à ce moment-là du pilote que j'ai su que The West Wing serait pour moi une série à part.

"17 across. Yes, 17 across is wrong... You're spelling his name wrong... What's my name ? My name doesn't matter. I am just an ordinary citizen who relies on the Times crossword for stimulation. And I'm telling you that I met the man twice. And I recommended a pre-emptive Exocet missile strike against his air force, so I think I know how..."

(Leo McGarry au téléphone avec un journaliste du New York Times au sujet de l'orthographe d'un nom propre des mots croisés de l'édition du jour - The West Wing)

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"They hang up on me every time."

08/01/2011

[TV Meme] Day 19. Best Tv Show Cast.

Les fêtes de fin d'année étant terminées, le TV Meme reprend donc ses droits le samedi. Le sujet du jour est un thème plutôt fédérateur : le meilleur casting. Parmi ces séries chorales qui offrent des rôles solides à la galerie d'acteurs qu'elle réunit, quelle est celle que je distinguerais tout particulièrement ?

Il y en a plusieurs qui me sont venues à l'esprit, pour différentes raisons. Il y a par exemple celle où l'homogénéité d'ensemble, l'authenticité qui se dégage d'acteurs pleinement dans leur élément, transparaissent avec une telle acuité et permettent au casting de s'imposer naturellement et de manière impressionnante à l'écran. Ce n'est pas une question de réunion de grands noms, seulement de justesse et d'équilibre, qui permet une osmose spécificique au propos de la fiction. Ici, je pense notamment à The Wire (Sur Ecoute), dans sa façon unique de prendre le pouls de Baltimore.

A côté, d'autres vont chercher à pleinement capitaliser sur cet aspect, en choisissant de rassembler un casting cinq étoiles d'acteurs accomplis ou en devenir. Il ne s'agit pas de l'hypothèse où l'on construit un écran de fumée destiné à supporter une série pour en masquer ses faiblesses, mais c'est le cas où le scénario est solide. En se voyant offrir des lignes de dialogues réussies, ces acteurs pourront laisser entrevoir la pleine mesure de leur talent et parachèveront le triomphe sur tous les plans de la fiction. Parmi ces productions marquantes, quelques-unes s'imposent tout particulièrement à mon esprit. La première est une mini-série anglaise, State of Play (Jeux de Pouvoir), qui réunit en son sein quelques valeurs sûres qui vont sublimer une fiction déjà fort enthousiasmante : John Simm, David Morrissey, Bill Nighy, Kelly McDonald, James McAvoy, Polly Walker... Un casting en or jusque dans les rôles secondaires où on croise également Philip Glenister ou encore Marc Warren...

Cependant, c'est sur une série plus longue que je me suis arrêtée aujourd'hui. Ce n'est pas la première fois que je l'évoque, mais elle m'a semblé trop incontournable. 

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A la Maison Blanche (The West Wing)
(1999 - 2006, NBC)

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Si la qualité scénaristique, et notamment de ses dialogues, a construit la réputation d'A la Maison Blanche, la série doit cependant également beaucoup à ses acteurs qui ont su magnifier et pleinement restituer les qualités des scénarios exigeants qui leur étaient soumis, parvenant à donner vie aux cinglantes réparties comme  traduire avec empathie les longues tirades qui ont aussi fait la force de cette série. Ils ont superbement incarné une équipe soudée et réactive, personnifiant de façon extrêmement convaincante leurs personnages.

En résumé, The West Wing n'aurait pas été The West Wing si ses acteurs n'avaient pas su aussi bien porter les ambitions du scénario mis à leur disposition. A ses débuts, la série rassemblait Allison Janney, Rob Lowe, Janel Moloney, Richard Schiff, Martin Sheen, John Spencer, Bradley Whitford ou encore Stockard Channing et Kathryn Joosten, sans compter les si nombreux guest ou récurrents qui ont agrémenté sept saisons de haute volée, de Mary-Louise Parker à Elisabeth Moss, en passant par Kristin Chenoweth, le tout conclus par un duel électoral entre Alan Alda et Jimmy Smits.

A mes yeux, cela reste un des castings les plus homogènes et solides qui soit, à la hauteur de ce que fut cette excellente série qui restera probablement toujours le grand coup de coeur de ma téléphagie.

Petit rappel du générique (saison 3) pour les entre-apercevoir :