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12/08/2011

(DAN) Borgen, saison 1 : une brillante et passionnante série politique incontournable

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"Democracy is the worst form of government except all those other forms that have been tried."
(Winston Churchill)

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2011 est une bonne année sériephile. Depuis sept mois, j'ai savouré un certain nombre de bonnes, voire très bonnes, séries. Et puis, ce printemps, j'ai découvert le Danemark, avec Forbrydelsen, Edderkoppen, etc... Il y avait aussi Borgen, qui aiguisait tant ma curiosité. En mai, j'avais adoré le pilote et n'avais qu'une envie : la suite ! La série sera diffusée sur Arte en 2012, mais il m'était impensable de patienter aussi longtemps. J'ai donc acheté le coffret DVD danois de la saison 1, qui contient une piste de sous-titres anglais. Je l'ai reçu la semaine dernière. Et je dois bien avouer que j'ai dévoré Borgen en un laps de temps... assez indécent, même pour la sériephile que je suis. Heureusement une saison 2 a été commandée par DR1.

Nous voilà donc arrivé au moment où je trempe ma plume dans l'encre le plus dithyrambique qui soit et où j'essaye de retranscrire en mots l'enthousiasme qu'a su engendrer cette série, le tout dans une critique d'une longueur raisonnable. Je crains n'avoir pas vraiment rempli l'exigence de brièveté, mais j'espère au moins que ce billet saura laisser entrevoir une partie du bonheur qu'a constitué le visionnage de Borgen. Car voyez-vous, ce n'est pas simplement une très bonne série ; c'est aussi une fiction qui contient tous les ingrédients et toutes les thématiques que je chéris. C'est une solide série politique (et vous savez combien je vénère ce genre quand il est bien fait), mais c'est aussi bien plus que cela : c'est une fiction qui vous fait vous investir émotionnellement dans des personnages auprès desquels on va subir les difficultés et savourer les réussites de la saison.

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Borgen nous plonge dans les coulisses de la vie politique danoise, nous invitant non seulement au sommet de l'Etat, mais aussi dans tous les rouages de cette démocratie, en suivant les principaux acteurs qui gravitent dans les cercles du pouvoir de la capitale du pays. La saison 1 s'étend sur une année : elle débute sur des élections législatives remportées par le parti centriste de Birgitte Nyborg. Après des tractations animées, la femme politique accède au poste de Premier Ministre, en prenant la tête d'une coalition rassemblant l'opposition contre la majorté sortante. (Pour un résumé complet du point de départ de la série, avec le récit des évènements du pilote, je vous invite à vous référer à ma critique de ce premier épisode.)

Au cours de cette année, Borgen va nous faire vivre toutes les épreuves politiques et personnelles qui vont jalonner la vie des trois protagonistes principaux qui seront nos points de repère dans ces arcanes du pouvoir. La figure centrale, autour de laquelle chacun gravite, reste Birgitte Nyborg. Elle va peu à peu prendre la mesure du rôle, mais aussi des sacrifices qu'implique son poste. A ses côtés, elle bénéficie du soutien d'un spin-doctor cultivant un cynisme toujours pragmatique, Kasper Juul, mais qui n'a pas son pareil pour vendre une histoire aux médias. Ses liens personnels avec Katrine Fonsmark, journaliste présentratice vedette de la première chaîne du pays, avec qui il a eu une histoire, ont ainsi leur utilité, même si leurs rapports vont souvent être mis à rude épreuve devant les conflits d'intérêts que leurs métiers respectifs peuvent engendrer.

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D'une richesse narrative impressionnante (qui vous laisse en fin de saison avec une seule envie : celle de revisionner immédiatement la série), Borgen s'approprie tout d'abord brillamment les codes de la série politique. Ambitieuse, elle entreprend de jouer sur tous les tableaux, de la politique politicienne jusqu'à la réflexion sur certains sujets de fond, dressant au passage un portrait très intéressant du Danemark. Bénéficiant du cadre multipartite de ce régime parlementaire, la série nous immerge dans des coulisses très mouvantes et souvent hostiles. L'épisode traitant de l'accession au poste de Premier Ministre de Birgitte est, dans cette optique, absolument fascinant, éclairant les dessous de rapports de force qui se fondent non seulement sur le poids des partis, mais aussi sur la personnalité des différents protagonistes. L'instinct politique, mais aussi la force des déterminations personnelles, n'ont jamais paru aussi importants que durant ces négociations.

Loin de toute idéalisation, Borgen passionne par sa capacité à prendre la mesure et à couvrir tous les ressorts d'une démocratie moderne. La série pointe notamment très bien les dérives que peut engendrer la réduction de la politique à la seule communication ; la manière de vendre le message semble régulièrement être aussi, si ce n'est plus importante, que le contenu dudit message. Ne pas se cantonner aux coulisses politiques et prendre le temps de s'intéresser à la presse est d'ailleurs une très bonne idée. La série met en lumière toutes les étapes de la fabrique de l'information, en nous faisant découvrir l'émission phare de la plus grande chaîne du pays. Balayant les diverses problématiques que le sujet peut soulever, vont être mis en scène les arbitrages rédactionnels, mais aussi la prise en compte des exigences d'audience face au devoir d'informer. De plus, le mélange des intérêts médiatiques et des sirènes du pouvoir politique n'est pas passé sous silence : qu'il s'agisse de connivences discutables avec le gouvernement, de l'effort pour éviter des clashs, ou bien encore de l'instrumentalisation d'une certaine presse à des fins politiques, comme c'est le cas pour L'Express, toutes les facettes sont évoquées.

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Au-delà de ce portrait vivant et animé de la scène politique et des dessous du pouvoir, Borgen retient aussi l'attention par les sujets qu'elle choisit d'aborder. Dans l'ensemble, la série théorise peu, préférant les tractations et la politique politicienne aux débats d'idées. Le parti centriste a remporté les élections sur un programme : on en est encore au stade où la victoire légitimise que l'on tente de mettre en oeuvre les mesures prévues. La question de la parité au sein des conseils d'administration des entreprises sera sans doute le sujet le plus discuté sur le fond, laissant entrevoir ici les rapports avec la sphère économique. Cependant, c'est sur le plan international que Borgen se démarque sans doute le plus. La série est simplement brillante lorsqu'elle nous plonge dans les jeux diplomatiques au sein desquels le Danemark tente de s'imposer à son niveau. Un des éclairages les plus passionnants concerne les rapports du pays avec le Groenland, territoire colonisé disposant d'une autonomie mais pas de souveraineté, dont la population Inuit apparaît sans futur.

Outre la (dé)colonisation, la série touche avec cet espace à une autre problématique, omniprésente depuis les attentats du 11 septembre, la question du terrorisme. Cette dernière est abordée du point de vue de l'atteinte aux libertés publiques des citoyens, mais aussi en traitant son impact dans les relations internationales. Le Groenland a longtemps été livré comme arrière-base, sans condition, aux Etats-Unis : jusqu'où le Danemark peut-il être un allié dans la guerre qu'a entrepris l'Amérique ? Avec beaucoup de réalisme et un certain cran, Borgen va d'ailleurs souligner combien la qualification de "terroriste" peut être aléatoire. Elle n'a pas non plus son pareil pour exposer les dilemmes que posent les principes, notamment les droits de l'homme, face aux enjeux économiques : quand la signature de contrats dépend de votre reconnaissance des supposées avancées démocratiques d'un régime opaque dont vous avez pleinement conscience des limites, la marge de manoeuvre est minime et l'arbitrage des plus complexes.

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Admirable série politique, la force de Borgen va cependant être aussi de ne pas seulement relater les coulisses du pouvoir. Elle personnalise son récit et parvient à impliquer émotionnellement le téléspectateur, grâce à ces trois personnages principaux. C'est par le prisme de ces derniers, à travers leurs certitudes, leurs doutes et leurs passés, que l'on va vivre tous les évènements de cette saison. A côté des ingrédients classiques d'une fiction politique, la série se réapproprie tous les codes d'un drama au sens large. Avec une vraie justesse dans la tonalité, elle nous parle d'amitié, d'amour perturbé, de vie familiale qui s'étiole... Disposant de personnages forts, auxquels on s'attache, Borgen traite pareillement vie publique et vie privée. Elle éclaire les interconnexions, parfois pesantes mais forcément inévitables, entre ces deux versants. Le sujet se révèle d'autant plus sensible en période de crise dans l'une des deux sphères.

Initialement, on aurait pu craindre que la série se disperse trop, en tentant de se positionner sur tous ces terrains, mais le téléspectateur est rapidement rassuré. En effet, Borgen ne perd pas en homogénéité, et la portée de la mise en scène du politique n'en souffre pas. En revanche, cette dimension humaine récompense la fidélité du téléspectateur qui peut ainsi en apprendre plus sur les motivations et ce qui se cache derrière l'apparence soigneusement gardée de ces personnages. C'est ainsi qu'au fil de la saison, je me suis surprise à apprécier de plus en plus la relation chaotique entre Kasper et Katrine. La complicité instinctive qui les unit à l'écran, avec toutes ses limites, sonne toujours très authentique. Ils se comprennent instinctivement réciproquement, liés par cette passion pour la dynamique du milieu politique ; mais ce qui les rapproche les éloigne presque aussi sûrement. Kasper n'aurait pas cette capacité à se détacher et à vendre comme personne des histoires qu'il invente spontanément sans ce qu'il a traversé, or c'est ce qui fait qu'il maintient justement ses distances. Leurs rapports sont explosifs, suivant un schéma assez invariable qui est vite compris du téléspectateur, mais qui fonctionne sacrément bien à l'écran ! 

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Le relationnel est également très important pour suivre l'évolution du personnage de Birgitte Nyborg. Sur le plan professionnel, la nouvelle Premier Ministre est vite confrontée à l'épreuve de la "realpolitik", perdant la liberté de ton du temps de l'opposition pour devoir désormais prendre des décisions parfois difficiles, arbitrant entre principes et intérêts divergents. Un des premiers conseils que lui avait donné celui qui faisait office de mentor à ses côtés, au sein du parti, avait été la nécessité de s'isoler : à partir du moment où elle accédait à ce poste, elle n'avait plus d'amis dans les rangs des politiques. Bouclant la boucle de la plus symbolique des manières, c'est de ce mentor qu'elle doit se séparer dans le dernier épisode, pour effectuer un mini-remaniement ministériel nécessaire pour sa survie politique personnelle.

Sur le plan privé, ce même glissement est également perceptible. Birgitte et Philip sont à l'origine un couple qui a su trouver le juste équilibre entre carrière professionnelle et investissement familial. Il existe notamment un arrangement entre eux, au terme duquel chacun poursuit pendant cinq années son métier, puis consacre cinq années à la famille pendant que l'autre peut à son tour s'épanouir professionnellement. La victoire de Birgitte va venir rompre ce rythme : quel mari peut demander à son épouse de décliner le poste de Premier Ministre ? Or ce poste va bouleverser encore plus profondément l'équilibre du couple.

Borgen vient ainsi confirmer toute la solitude du pouvoir. La saison 1, hautement symbolique à ce niveau, se referme sur une victoire politique parachevant l'évolution. Le secrétaire général félicite alors Birgitte pour l'année qu'elle vient de passer à ce poste, estimant qu'elle a désormais pris toute la mesure de ses responsabilités... Mais derrière les traits tirés de la Premier Ministre, entièrement vêtue de noir, une question amère s'impose au téléspectateur : à quel prix vient le pouvoir ?

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Réussie sur le fond, Borgen l'est aussi incontestablement sur la forme. C'est une série visuellement belle, tout en sachant rester sobre. La réalisation est parfaitement maîtrisée, mais c'est surtout la photographie très travaillée et soignée qui retient l'attention. Au final, on obtient des épisodes avec une image colorée et épurée qui rend vraiment bien à l'écran. L'impression d'une approche quasi-cinématographique est accentuée par le format dans lequel elle est filmée (16:9).

Enfin, Borgen bénéficie d'un casting aussi convaincant que solide. Sidse Babett Knudsen (Juletestamentet) se révèle progressivement, gagnant en présence à mesure que son personnage gagne en assurance, trouve ses marques et devient véritablement la Premier Ministre. En spin doctor avisé, aussi pragmatique que compétent, Johan Philip Asbaek (Blekingegade) lui donne très bien la réplique : si les deux n'ont pas toujours le même sens des priorités, ils sont très bons dans leurs domaines respectifs et trouvent une complémentarité naturelle. Quant à Birgitte Hjort Sorensen, si elle a mis un peu plus de temps à me convaincre, sans doute parce que son personnage n'est pas au mieux au début de la saison, elle réussit peu à peu à s'imposer. A leurs côtés, on retrouve également Mikael Birkkjaer (Forbrydelsen 2), Freja Riemann, Emil Poulsen, Anders Juul, Thomas Levin, Soren Malling, Lisbeth Wulff ou encore Kasper Lange.

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"Politics is war without bloodshed while war is politics with bloodshed."
(Mao Zedong)

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Bilan : Fiction politique stimulante et passionnante, Borgen est une série au contenu particulièrement riche. En seulement 10 épisodes, elle impressionne par sa faculté à traiter habilement de toutes les facettes envisageables d'une démocratie moderne occidentale. Captant l'attention du téléspectateur par la diversité de ses problématiques, la série dresse un portrait vivant et très intéressant du Danemark actuel. Si on dit souvent, à juste titre, que The West Wing a tendance à être une référence écrasante pour toute fiction politique, Borgen démontre cependant que l'on peut bel et bien se forger son identité propre dans ce genre particulier. Plus proche de nous dans les moeurs politiques qu'elle dépeint, elle s'impose aussi par une dimension humaine pleinement développée et sa façon d'entremêler vie publique et vie privée, ce qui humanise considérablement les personnages. 

En résumé : à ne pas rater.

Vote Nyborg !


NOTE : 9,25/10


Le générique de la série :

10/08/2011

(Tw-Drama) The Graduate (Bi Ye Sheng) : instantanés désenchantés de fin d'adolescence

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L'exploration du petit écran asiatique nous ramène ce mercredi à Taïwan. Cela fait seulement quelques mois que j'ai découvert ces contrées, et après l'expérience intéressante et concluante qu'a été Gloomy Salad Days, j'ai eu envie de poursuivre sur la voie des histoires de jeunesse désenchantée de ce pays. Si The Graduate a une finalité plus pédagogique et est assurément moins désespéré que Gloomy Salad Days, cette mini-série se situe dans une même ambiance sombre qui me confirme qu'il y a un filon à explorer dans ce pays, même pour quelqu'un qui, comme moi, est peu versée dans les teen-dramas (je pense notamment que j'aimerais voir Bump off lover par exemple).

Bi Ye Sheng (ou The Graduate en anglais) est un court drama, diffusé en 2006 sur PTS. Il ne comporte que cinq épisodes, nous relatant cinq histoires indépendantes, qui peuvent donc se regarder suivant l'ordre que l'on souhaite. Cependant, si je ne devais retenir qu'un seul épisode de cette série, je pense que je retiendrais le premier, The Lonely Game, qui est celui qui m'a le plus touché. Un grand merci donc à Ageha et à Mapenzi pour cette découverte !

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The Graduate se compose de cinq histoires distinctes. Elles ont toutes pour point commun de mettre en scène des adolescents qui se perdent aux portes de la vie adulte, n'ayant pas toujours conscience des conséquences des choix qui s'ouvrent à eux et de la portée des actes qu'ils commettent. 

The Lonely Game (épisode 1) raconte la destinée de deux meilleurs amies qui gagnent Taipei avec beaucoup de rêves et dont les routes vont peu à peu s'éloigner, lorsque l'un d'elles flirte avec l'argent facile de milieux peu recommandables : leur amitié peut-elle y résister ? Summer Black (épisode 2) nous relate l'été bouleversant d'un jeune lycéen modèle entraîné par son cousin dans le milieu des gangs, et qui va se retrouver pris dans un cercle de violence dont il ne saura sortir à temps. Fortunately, we're still here (épisode 3) est l'histoire de deux amis, rackettés et malmenés, qui s'imaginent que la meilleure façon de stopper ces humiliations est de rejoindre le groupe qui les persécute, adoptant un tout nouveau style de vie finalement sans doute encore plus dangereux. Mimi's wandering mind (épisode 4) est la descente aux enfers, puis la quête de rédemption, d'une jeune fille qui a quitté un père abusif pour la rue, et tente de redresser sa vie dans un centre d'éducation qui est sans doute sa dernière chance. Enfin, Waves of nature (épisode 5) nous raconte l'arrivée dans une nouvelle école d'une adolescente qui ne veut rien tant que s'intégrer ; or, pour se fondre dans le moule, il est parfois plus facile de sacrifier ceux qui sont déjà considérés comme des exclus, même s'ils sont ceux qui ont tendu la main les premiers.

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On retrouve dans The Graduate cette sobriété désillusionnée, caractéristique des histoires sombres d'adolescence taiwanaises, et qui en fait tout leur attrait. Le drama met en scène une jeunesse qui, sans avoir forcément grand chose, ploît sans rompre pour se tourner vers le lendemain. Son intérêt réside en grande partie dans les thématiques fortes, souvent difficiles et aux accents parfois tragiques, qu'il va aborder sans détour, mais sans excessive dramatisation non plus. Évitant tout pathos inutile, la série investit des problématiques très humaines. Est par exemple évoquée la question du rapport à la violence, qu'elle soit organisée au sein de gangs, ou émanant d'un parent, éclairant avec justesse toutes les réponses que l'on est tenté d'y apporter et qui ne font souvent qu'empirer les choses. Autre élément bien traité, les dynamiques et relations au sein d'un groupe, et les principes ou les personnes qu'on est prêt à trahir pour appartenir à un collectif. C'est cependant quand ses épisodes embrassent une dimension émotionnelle, en plus des thèmes évoqués, que la mini-série dévoile tout son potentiel et va vraiment toucher le coeur du téléspectateur.

Un peu à la manière de Gloomy Salad Days (même si cette dernière disposait d'un fil rouge et de personnages récurrents, en plus de son côté anthologie), les épisodes de The Graduate sont de qualité, et d'intensité, inégales. Certaines histoires, moins abouties, suivent une construction trop bâteau pour parvenir à concerner le téléspectateur : les épisodes 2 et 3 (Summer Back et Fortunately, we're still here), où les protagonistes sont des garçons, sont les plus faibles. Les trois autres épisodes dépassent en revanche le récit académique sur la violence. Le plus réussi est sans doute le premier, The Lonely Game. Avec beaucoup d'authenticité, et une simplicité désarmante aussi habile que rafraîchissante, il relate les soubresauts d'une histoire d'amitié mise à mal par les choix de vie d'une des deux amies, qui s'éloigne ainsi de leurs idéaux de jeunesse. C'est probablement le plus fort des épisodes, certainement le plus désespéré, et celui qui se rapproche le plus de l'atmosphère de Gloomy Salad Days... C'est en tout cas celui qui m'a incontestablement le plus marqué et le plus touché.

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Sur la forme, la réalisation de The Graduate a certaines des limites des dramas taiwanais, datant en plus de 2006. Dans l'ensemble, le cadrage se concentre souvent sur les visages, et la mise en scène reste très sobre. Cependant la vidéo que j'ai pu visionner est d'une qualité des plus correctes (même si elle est moindre que les séries taiwanaises les plus récentes). La bande-son est peu présente, mais elle laisse généralement un arrière-goût de mélancolie diffuse lorsqu'un instrumental au piano ou bien une chanson retentit, collant parfaitement à l'émotion de la scène qui est ainsi soulignée.

Enfin, comme la mini-série forme cinq histoires indépendantes, le casting change donc à chaque fois. Dans l'ensemble, les jeunes acteurs sont plutôt convaincants et rentrent bien dans leurs rôles ; le seul bémol sera peut-être pour le duo principal du troisième épisode, Fortunately, we're all still here, mais cela vient sans doute de l'écriture de leurs personnages que j'ai eue du mal à cerner. En revanche, j'ai été ravie de retrouver dans The Graduate une de mes actrices coup de coeur de Gloomy Salad Days, Zhang Jung Ming ; elle m'avait déjà brisé le coeur dans cet autre drama. Elle joue en plus ici dans l'épisode le plus abouti et bouleversant, The Lonely Game, et elle m'a une nouvelle fois tiré quelques larmes. Lin Shi Hui, qui incarne sa meilleure amie, est également très convaincante.

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Bilan : Embrassant cette tradition particulière qui semble exister à Taïwan de teen-dramas sombres n'hésitant pas à aborder de front des sujets difficiles et sensibles, The Graduate est une anthologie d'instantanés de fin d'adolescence. A la fois désabusée tout en se tournant vers le futur, chaque histoire se conclut par une esquisse de morale, cherchant à tirer les leçons de la dérive à laquelle on a assisté. Les cinq épisodes sont de qualité inégale, mais si une brève immersion dans la jeunesse taïwanaise vous tente, sans avoir forcément à s'engager pour une série entière (encore qu'elle soit courte ici), n'hésitez pas à prendre le temps : je vous conseille au moins de jeter un oeil au premier épisode, The Lonely Game, vraiment touchant.


NOTE : 6/10


Quelques images avec le début du premier épisode :

06/08/2011

(Téléphagie) Petit état des lieux d'une passion sériephile ordinaire en 2011

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Il y a quelques années, un de mes profs m'avait dit, "peu importe le domaine dans lequel vous vous spécialiserez ; un spécialiste, ce n'est pas tant quelqu'un qui maîtrise sur les bouts des doigts un sujet, que quelqu'un qui a avant tout conscience de ses limites et de l'étendue de son ignorance". Il n'avait pas tort ; mais surtout, cette vérité peut facilement s'appliquer à la sériephilie. Il y a quelques semaines, Fabien expliquait dans un article intéressant, l'impossibilité qu'il y a aujourd'hui d'être "well-read", c'est-à-dire d'avoir vu tout ce qu'il fallait avoir vu au cours de la saison.

Il y a autant de façons différentes et tout aussi légitimes de vivre sa passion pour les séries, qu'il existe de sériephiles. C'est quelque chose de personnel, où il n'y a aucune "vérité". A une époque de sur-consommation, comment arbitrer ? Les critères sont multiples, leur prise en compte varie suivant les personnes : certains regardent les noms des créateurs, des acteur, des chaînes de diffusion, d'autres lisent les synopsis, ou bien testent tous les pilotes qui leur tombent sous la main. Chacun s'organise en fonction de son temps libre, de ses affinités et de ses préconceptions du petit écran. L'important, ce n'est pas tant d'essayer de dépasser ses préjugés que d'en avoir conscience : il faut savoir faire preuve d'humilité. L'essentiel est d'aimer ce qu'on regarde et de prendre du plaisir, peu importe la reconnaissance populaire et/ou critique de ce qu'on apprécie et autre "qu'en dira-t-on". C'est d'ailleurs ce que j'aime le plus sur ce blog : une ligne éditoriale dégagée de toute contrainte, et de considérations de statistiques et/ou d'image.

La saison 2010-2011 a été pour moi une saison de changement, mais aussi très satisfaisante à bien des niveaux. A l'heure du bilan estival, aujourd'hui, je me suis posée la question de l'état actuel de ma sériephilie. Quelles sont les affinités et les préjugés qui s'expriment ? Comment est-ce que j'arbitre et vis ma passion ? Pour essayer d'y voir plus clair, j'ai structuré mon article par continent : l'Europe, l'Amérique du Nord, l'Océanie, l'Asie... pour terminer sur une question : et la France ?

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Forbrydelsen (DR1)


1) L'Europe : la révolution révélation venue du Nord

Je ne vais pas déclamer à nouveau tout mon amour pour la télévision anglaise, dont la reconnaissance est un acquis ancien. Mon intérêt pour ces fictions ne se dément pas et le retour que j'attends le plus dans les mois qui viennent est sans conteste la saison 2 de Downton Abbey.

Cependant, 2011 aura bel et bien été l'année d'une révolution européenne : la découverte du petit écran non anglophone, et plus précisément, la révélation venu du froid des pays nordiques. C'est le Danemark qui aura été le pays marquant de cette première moitié d'année : la saison 1 Forbrydelsen m'aura captivé ; et, surtout, actuellement, je savoure dévore la saison 1 de Borgen avec un enthousiasme et une jubilation rares. Dans cette continuité, j'ai envie d'aller plus loin explorer la télévision suédoise et norvégienne. Mais, dernière surprise en date, cette semaine, c'est l'Islande qui se sera démarquée avec Pressa. Comme un pied de nez à bien des idées reçues : non, des moyens moindres ne sont pas des obstacles insurmontables à la créativité et à la qualité, et la non-anglophonie ne rend pas impossible la découverte. Il y aura forcément moins de productions (en nombre) que dans des pays plus importants ; mais toutes ces séries prouvent bien qu'un petit écran de qualité peut grandir en Europe.

A côté, j'ai cependant conscience de l'existence d'une autre Europe, inexplorée, à commencer par nos autres voisins immédiats : Italie, Espagne, Allemagne. De ce que je vois et lis de l'Italie (l'italien étant la seule autre langue dans laquelle j'ai quelques compétences), j'ai un peu le sentiment que le pays en est au même point que la France. Pour sa télévision publique, par exemple, la série bio-pic Corleone, diffusée sur la Rai, sortie en France en DVD en mai, présentait certaines insuffisances assez caractéristiques. Il y a un dynamisme de la part des chaînes payantes, en l'occurence Sky (Romanzo Criminale), mais est-ce que ça va au-delà, vu de l'extérieur, je n'en ai pas l'impression. Pour l'Espagne et l'Allemagne, c'est différent, pas seulement pour la barrière linguistique. A la différence de l'Italie, je n'ai pas de familiarité culturelle avec ces pays et j'avoue ma complète méconnaissance de leurs produtions (films, livres, musiques). L'Espagne a une tradition de séries historiques d'action qui ne serait sans doute pas étrangère à mes goûts. Pour l'Allemagne, je n'ai aucune certitude face aux rares fictions que j'ai pu voir et qui sont celles qui sont arrivées jusqu'à nous. Le problème reste donc entier pour ces pays.

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Treme (HBO)


2) L'Amérique du Nord : l'hégémonie du câble

La saison 2010-2011 n'aura pas été une saison américaine. Ou plutôt elle se sera inscrite dans la directe continuité de la lassitude passée. Cette année, le manque de temps libre fait que l'arbitrage a été drastique : je ne suis allée au bout d'aucune saison des séries des grands networks US. Abandonnées en rase campagne pour des raisons diverses, de qualité, de désintérêt, de longueur, ou un mélange d'un peu tout. Pourtant, j'ai aimé des nouveautés : Game of Thrones, Boardwalk Empire ; j'ai pleuré Rubicon ; j'ai applaudi Justified ; je n'ai pas encore osé finir le coeur serré Friday Night Lights ou Big Love ; je me suis gardée la saison 2 de Treme de côté. Bref des "chaînes payantes" me direz-vous. Pour être honnête, il n'y a qu'une seule chaîne américaine qui peut me faire tenter une nouveauté juste parce qu'elle la diffuse : HBO. Ce n'est pas un label de qualité systématique, mais le ratio satisfaction/déception fait que j'ai construit en une décennie une relation particulière avec cette chaîne. Tout n'est pas forcément toujours au beau fixe, mais ma confiance a été rétribuée. Et rien n'est venu perturbé cet équilibre. Outre HBO, la seconde chaîne américaine que je retiens est USA Network (Suits), pour des raisons très différentes, mais finalement complémentaires. Je suis loin de regarder tout ce que diffuse USA Network, mais j'ai mes habitudes sur cette chaîne, équivalant à l'été dans mon esprit, qui remontent à Monk et aux 4400. Désormais avec le type de divertissements qu'elle a su développer depuis Psych, j'ai naturellement envie de voir ses nouveautés. 

A côté des Etats-Unis, existe un autre pays souvent oublié avec un regard européen : le Canada. C'est en lisant l'article de Ladyteruki sur les préjugés d'une télélambda franchissant la frontière que je me suis rendue compte à quel point dans mon esprit, c'était l'extrême inverse qui se produisait. C'est probablement tout aussi critiquable, mais du fait de la multiplicité des co-productions, de la question des lieux de tournage, etc., j'ai une tendance naturelle à assimiler les deux pays, et à confondre ma façon d'aborder et d'arbitrer au sein de leur production. Je n'ai rien contre les Flashpoint, The Bridge et autre Listener, mais je pourrais leur adresser le même reproche que je fais à beaucoup de séries des grands networks américains, en terme d'identité notamment. C'est bien simple, elles ne me parlent plus actuellement. Il y a quelques années, j'avais pris le temps d'explorer le Canada, j'en suis ressortie avec un schéma, forcément caricatural, mais comme dans toute consommation culturelle il faut faire des arbitrages : The Movie Network = à tenter ; CBC/CTV = à ses risques et périls. Pour The Movie Network, c'était Slings & Arrows, ReGenesis, et Durham County à un degré moindre. A contrario, la dernière série de CBC qui m'a vraiment marqué, c'est Intelligence. Deux saisons, en 2006 et 2007, une réelle ambition narrative, des controverses sur sa noirceur ; pas parfait, mais que je conseille à tout le monde. Et, cette année, The Yard, sur HBO Canada, n'aura pas bousculé le schéma du Canada anglophone.

Par contre, j'ai aussi conscience qu'il y a un autre versant inexploré : le francophone québécois. J'ai bien envie un jour de prendre le temps de regarder Malenfant, mais pour le reste, tous les articles que j'ai pu lire sur ces séries, notamment leur sujet, n'ont pas éveillé mon intérêt jusqu'à présent. 

 

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This is not my life (TV1)


3) L'Océanie : une histoire de kiwi

Les productions venues d'Océanie sont bien anglophones ; mais le trajet vers ce continent est moins naturel. Les séries arrivent plus difficilement jusqu'aux chaînes françaises ; et, dans l'alternative, suivre une série australienne ou néo-zélandaise implique souvent de maîtriser suffisamment l'anglais pour ne pas avoir besoin de sous-titres. De l'autre côté de l'hémisphère, comme je le disais dans ma critique de Nothing Trivial, une certitude : j'aime la Nouvelle-Zélande. Pourquoi ? Je ne sais pas (nous voilà bien avancé). Je pense qu'il y a une question d'ambiance d'une part, et une affinité culturelle inconsciente sans doute de l'autre. Cette année, l'Australie a pourtant proposé des fictions plaisantes à suivre, plus calibrées : du legal drama (Crownies) à l'historique de luxe (Cloudstreet). Mais l'impression néo-zélandaise de proximité et de mélange d'influences l'emporte dans mon coeur. Ainsi, si je suis prête à tester toutes les nouveautés venues du pays des All Blacks ; en revanche, l'Australie me laisse indifférente et ce sera la lecture du synopsis qui sera déterminante pour me donner envie de regarder.

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Fumou Chitai (Fuji TV)


4) L'Asie : une fidélité sud-coréenne

En Asie, 2011 n'aura pas fait bouger les lignes établies. Je suis naturellement portée vers la Corée du Sud. Je pourrais prendre pour exemple la claque téléphagique qu'a été White Christmas en début d'année, ce drama est cependant tellement atypique, qu'il serait faux d'en faire le représentant de la production télévisée sud-coréenne. Au pays du Matin Calme, la dimension sentimentale et esthétique présente dans les dramas demeure l'attrait principal, mais elle est couplée avec un facteur culturel déterminant (mon inclinaison pour les séries historiques le montre bien). Si les k-dramas sont ceux qui retiennent le plus mon attention en Asie, c'est tout simplement parce que la Corée du Sud est un pays qui m'intéresse de manière globale, au-delà du seul petit écran ; et il profite d'un cycle vertueux "dramas=>culture générale=>dramas"... La plupart du temps, je suis surtout frustrée de ne pouvoir avoir suffisamment de temps à leur consacrer, tant ils s'apprécient dans la durée.

Parmi ses voisins, l'autre grand pays sériephile est bien évidemment le Japon. Mes rapports avec son petit écran sont plus compliqués. Des révélations comme Fumou Chitai ou Karei Naru Ichizoku m'ont fait prendre conscience qu'en terme de portrait industriel et économique, que ce soit de l'historique ou non (Soratobu Tayia), les dramas japonais ont un vrai savoir-faire à part pour retranscrire ce type de réalité. Ils maitrisent ici des sujets qu'on croise finalement moins dans les petits écrans des autres pays. En dehors des questions économico-industriel-sociales évoquées, pour me lancer dans une série japonaise, il me faut deux choses : un synopsis qui éveille mon intérêt et une critique positive de la part de quelqu'un qui a vu le drama. Je ne sais pas spontanément regarder une série japonaise.

Enfin, dernier territoire asiatique que j'ai pu un peu explorer, les trois Chine. D'expérience, je dirais que la tradition télévisée de Hong Kong, c'est souvent du divertissement, parfois très plaisant, mais "vite vu, vite oublié". J'ai regardé des hk-dramas, mais je n'ai jamais eu de coup de coeur, ni vu quoique ce soit qui m'a marqué. Du côté de la Chine, je n'ai jamais vu de séries contemporaines, donc j'ai une vision très partielle de la production et sans doute trop peu de recul pour émettre un jugement. Le genre historique semble très apprécié. J'aime le Wuxia, mais c'est à destination d'un public de niche (bon, j'avoue que j'ai quand même très très envie de me lancer dans Three Kingdoms !). Enfin, à Taiwan, les comédies colorées ne m'intéressent pas, en revanche les histoires sombres d'adolescence sont peut-être les seuls "high school dramas" que je peux visionner (Gloomy Salad Days). Ces pays sont des territoires que j'explore de loin ; je n'ai pas encore trouvé la motivation pour aller au-delà de cette surface.

 

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5) Après cette esquisse de semi-tour du monde, une dernière question se pose naturellement : Et la France ?

Ma découverte de 2011 est un rattrapage : il s'agit d'un Village Français qui m'a progressivement entièrement gagné à sa cause. J'apprécie vraiment la maturation de l'écriture au fil des saisons et la façon dont est abordé ce sujet sur la Seconde Guerre Mondiale. Mais même si elle se déroule au XXe siècle, elle reste une série historique, par conséquent, elle va naturellement me parler. J'aurais aimé écrire qu'une série contemporaine française m'a plu en 2011, mais encore une fois, au-delà de l'absence de réflexe pour allumer spontanément mon téléviseur, Les Beaux Mecs ou Xanadu ne m'auront pas entrainé plus loin que leur pilote. J'ai un peu l'impression d'avoir perdu et de ne pas retrouver l'habitude (si je l'ai jamais eue) de m'installer spontanément devant la télévision française : elle ne fait pas naître en moi de curiosité. Et je m'en veux. Le visionnage de la saison 1 de Pressa m'a cependant redonné envie de tenter Reporters. Pour le futur, les derniers développement autour de Pigalle la nuit n'incitent pas l'optimisme, sans aller jusqu'au constat sombre de Sullivan qui estimait dans son édito du mois dernier que la télévision française risquait de mourir. Quand on voit le dynamisme européen qui existe chez certains de nos voisins, je me dis qu'on a forcément les moyens d'une révolution télévisuelle comme DR au Danemark, mais peut-être pas la volonté politique de la part des dirigeants ? Je ne sais pas. Je suis tout cela de très loin, de trop loin sans doute... 

 

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Si elle s'est restructurée, ma sériephilie reste construite sur des tas de préjugés et de décisions arbitraires ; elle est aussi pleine de limites (pas d'Afrique, ni d'Amérique du Sud). La saison 2010-2011 a été celle des retrouvailles avec un équilibre perdu. Cette consommation demeure très liée à des motivations culturelles : mon amour démesuré, le seul qui transcende toutes les nationalités, au profit de l'historique l'illustre sans doute en partie. Le degré d'intérêt pour un pays joue aussi : je peux tenter une nouveauté anglaise, sud-coréenne ou néo-zélandaise juste en raison de sa nationalité ; ce qui ne sera jamais un argument suffisant pour me faire commencer une série américaine, canadienne, australienne ou japonaise. Ce type de raisonnement est assez nouveau. Et j'avoue observer la diminution constante de la part des séries américaines dans mes programmes avec un peu d'inquiétude (c'est la première année où je ne regarde aucune série des grands networks) ; mais je pense que ce n'est qu'une passade qui devrait se dissiper à terme. Peut-être une réaction à une overdose.


Bref, on est loin d'une sériephilie sans frontière débarrassée de tous préjugés. L'important, c'est sans doute d'en avoir conscience, et l'essentiel reste de prendre du plaisir devant ses séries, peu importe la manière dont on vit sa passion. Même si, en terme de ligne éditoriale du blog, ça veut dire vous parler de séries islandaises qui intéresseront 2,1 personnes parmi vous. Je sais que vous êtes des lecteurs indulgents et compréhensifs face aux lubies téléphagiques de la blogueuse que je suis, n'est-ce pas ?

04/08/2011

(ISL) Pressa (The Press), saison 1 : interrogations sur le rôle de la presse sur fond d'enquête criminelle

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Au programme du jour : de l'exploration sériephile ! Si, vous aussi, vous vous lamentez au travail en parcourant les cartes postales de connaissances supposément bien attentionnées, envoyées du bout du monde où elles sont occupées à paresser, j'ai trouvé un (quasi) palliatif ! Certes, ce n'est pas le chaud soleil que je vous propose aujourd'hui, mais la série dont je vais vous parler nous vient d'un pays encore inconnu sur My Télé is Rich!, l'Islande, avec une fiction qui a été ma vraie bonne surprise de la semaine : Pressa (dont le titre anglophone est The Press).

Diffusée en prime-time, à partir du 30 décembre 2007 et en début d'année 2008, sur Stöð 2, Pressa formait initialement un ensemble composé de 6 épisodes de 45 minutes chacun. Le succès critique avec lequel cette première saison a été accueillie explique qu'une seconde ait été commandée. Comportant également 6 épisodes, elle a été diffusée au cours de ce printemps 2011 en Islande. Pour son écriture, autour de Óskar Jónasson et Sigurjón Kjartansson, elle a réuni une équipe d'écrivains de polars islandais (Arni Thorarinsson, Pall Kristinn Palsson, Aevar Orn Josepsson, Yrsa Sigurdardottir). Et le résultat est au rendez-vous : la première saison de Pressa délivre une prenante série feuilletonnante qui, suivant un fil rouge d'enquête criminelle, propose une immersion dans les dessous de la presse tabloïd, en s'inspirant ici du grand journal du genre de l'île, DV.

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Pressa nous entraîne dans les coulisses de Pósturinn, communément appelé "The Post", le plus important quotidien tabloïd d'Islande. On y suit les pas de Lára, une jeune mère célibataire qui a toujours rêvé de devenir journaliste. Grâce à une connaissance, elle vient tout juste de se faire embaucher à l'essai dans ce journal pour le moins controversé. Sans expérience dans le domaine de la presse, la "chance du débutant" est cependant avec elle. En effet, elle met dès le premier jour le doigt sur une grosse histoire, réunissant tous les ingrédients d'une affaire criminelle médiatique, avec sa dose de scandales, qui va tenir le pays en haleine.

Le mari d'une des présentatrices télévisées les plus célèbres d'Islande, Esther, est porté disparu. Rapidement la police conclut à une mort probable en découvrant la voiture de l'homme, avec des traces de sang nettoyées à l'intérieur. Les soupçons se portent logiquement sur la possible veuve. Sur le coup depuis le début, avec une longueur d'avance sur ses confrères, "The Post" enquête de son côté. Au nom du droit à l'information, il n'hésite pas à dévoiler les secrets les mieux gardés de l'investigation policière, tout en parvenant parfois aussi à avoir un temps d'avance sur les autorités. A mesure que Lára progresse, c'est une histoire bien plus dangereuse et complexe qu'envisagée, avec des enjeux financiers extrêmement importants, qui se dévoile peu à peu.

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Le premier grand atout de Pressa est le milieu dans lequel la série nous immerge et dont elle va savoir prendre toute la mesure : celui de la presse tabloïd. Le sujet est d'actualité, puisqu'on a rarement autant discuté de cette dernière que durant cet été 2011 et le scandale ayant éclaté en Angleterre. De plus, le fait que "The Post" soit une version fictive inspirée du très réel DV islandais n'est sans doute pas pour rien dans l'impression de réalisme qui se ressent face au milieu médiatique que la série va nous dépeindre.

Car la vraie réussite de Pressa est de parvenir à traiter avec beaucoup d'habileté et de nuances de cette problématique tabloïd, en prenant soin d'aborder toutes les facettes qu'elle peut recouper.  Elle capture tout d'abord le souffle d'une rédaction et de toutes les dynamiques qui y sont à l'oeuvre : les dissensions existent, mais s'esquisse en filigrane une forme de solidarité dans l'adversité. Elle expose les convictions mais aussi les doutes des journalistes, confrontés à la nécessité d'un arbitrage constant entre des intérêts commerciaux et des principes moraux pas toujours convergents. Peut-on et doit-on tout publier ? Où commence et où s'arrête l'information ? Existe-t-il une frontière infranchissable au nom de la vie privée ?

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Si ces questionnements sont personnels à chacun, Pressa va bien mettre en lumière les tenants et aboutissants des débats agitant cette presse. Elle évoque le problème des moyens pour accéder aux scoops, les libertés prises avec la loi au nom du supposé intérêt supérieur et les atteintes à la vie privée que cela peut engendrer (recouvrer illégalement les adresses ip d'un blogueur par exemple). Elle met aussi en scène les conséquences des articles publiés, pouvant avoir une incidence grave sur la vie des gens, dépassant la seule affaire en cause. La mission d'informer des journalistes les place alors devant des responsabilités inattendues auxquelles il est parfois dur de faire face.

Plus largement, Pressa évoque également toute l'ambiguïté des rapports de chacun avec la presse tabloïd. "The Post" est facilement dédaigné par ses confrères, taxé de "sous-journalisme de caniveau". Mais, même mis à l'index, il reste le journal auquel tout le monde est abonné, que chacun lit, demeurant incontournable dans les discussions privées comme dans les revues de presse plus officielles. La série nous décrit avec brio cette forme de fascination/répulsion pour un journal qui marche sur une fine ligne entre information, sensationnalisme et voyeurisme. Ces ambivalences sont d'ailleurs parfaitement représentées à tous les niveaux. Au sein du conseil d'administration du quotidien, ces financiers respectables rejettent le scandale, mais dans le même temps, on sent bien que, loin de toute considération morale, c'est l'évolution des ventes qui demeure le facteur déterminant. Au sein de la presse, "The Post" fait office de défouloir osant publier et franchir des lignes que ses confrères n'oseront pas.

En somme, Pressa offre un éclairage nuancé et vraiment très intéressant sur la presse, et plus particulièrement sur la problématique spécifique posée par les tabloïds, qui mérite assurément le détour.

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Outre cette immersion dans la presse tabloïd, le second atout de Pressa est d'être une fiction construite comme un thriller, où les pistes se brouillent, les retournements de situation se multiplient et les morts nourrissent les suspicions - le tout sous le regard du public. Le téléspectateur suit l'enquête criminelle commencée avec la disparition du mari d'Esther à travers les journalistes du "Post" ; même si la série se permet quelques incursions au sein de la police, permettant de nous proposer en parallèle une autre façon d'enquêter, avec des ressources qui n'ont rien à voir avec celles du tabloïd. Le suspense monte, à mesure que les préconceptions tombent et que l'histoire s'avère bien plus compliquée qu'initialement envisagée. Si Pressa échouera à aller jusqu'au bout de son concept et à confirmer la tension palpable et presque paranoïaque qui s'esquisse par instant, l'ensemble est efficacement construit, en escalade. Gagnant constamment en intensité, ce fil rouge entraîne le téléspectateur, sans le moindre temps mort, jusqu'à une résolution climax des plus correctes.

Par ailleurs, Pressa se démarque également par la proximité qui en émane. La série dispose en effet d'un atout unique, celui de son cadre. Les enjeux sont certes nationaux, mais les réseaux de relations sociales et l'inter-connexion entre chacun sont à l'échelle de l'Islande : un pays d'un peu plus de 300.000 habitants. Grâce au pays où elle se déroule, Pressa mêle ainsi local et national comme peu de fictions peuvent le faire, alliant les points positifs des deux. De plus, la série se bâtit sur une dynamique humaine convaincante. Elle nous permet de suivre l'affirmation de sa figure féminine centrale. Initialement, Lára arrive sans expérience, recommandée par une connaissance et suffisamment jolie pour que ses collègues puissent supputer sur certaines arrière-pensées entretenues par leurs supérieurs. Face aux épreuves, la jeune femme mûrit peu à peu sous nos yeux. Si toute la dimension familiale qui l'entoure apparaît parfois excessivement déconnectée de l'intrigue principale, comme une sorte de parenthèse à l'utilité pas toujours évidente, on finit d'ailleurs par apprécier sa fille et sa passion pour la Formule 1. Le rythme d'ensemble de la narration n'en souffre pas trop, si bien que ces quelques maladresses sont vite oubliées.

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Si elle s'est montrée très intéressante et globalement maîtrisée sur le fond, c'est sans doute sur la forme que je serais plus mitigée. Certes la photographie est parfaitement adéquate : les images adoptant une teinte un peu glacée qui correspond à l'ambiance de polar médiatique de Pressa. Mais en revanche, les choix de réalisation sont plus discutables. En effet, toutes les scènes sont filmées caméra au poing, l'image ne se fixant jamais sur un plan précis, tressautant constamment, censée renvoyer un ressenti de nervosité. Si elle atteint en partie son but, j'ai mis deux épisodes à m'habituer à cette réalisation insuffisamment posée. Par ailleurs, il convient de souligner un autre aspect formel positif de cette série : sa bande-son, toujours sobre, uniquement composée d'instrumentaux, rythmés et tendus comme il faut pour donner le ton.

Enfin, Pressa bénéficie d'un casting homogène et globalement solide, au sein duquel Sara Dögg Ásgeirsdóttir s'impose de manière convaincante en figure féminine centrale qui s'affirme et trouve progressivement ses marques dans ce milieu du journalisme au fil de la saison. A ses côtés, on retrouve notamment Kjartan Guðjónsson, Þorsteinn Bachmann, Stefán Hallur Stefánsson, Nanna Kristín Magnúsdóttir ou encore Orri Huginn Ágústsson.

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Bilan : Pressa est une série feuilletonnante, prenante et efficace, qui sait s'imposer dans un double registre. D'une part, elle nous plonge, avec beaucoup d'authenticité, dans les rouages d'un journal tabloïd, en abordant habilement toutes les problématiques soulevées par cette presse controversée. D'autre part, l'enquête qui fait office de fil rouge se complexifie peu à peu pour reprendre à son compte les codes d'un thriller à suspense. Si le premier aspect est sans doute mieux maîtrisé que le second, l'ensemble forme une fiction des plus convaincantes qui mérite assurément le détour.

En résumé, Pressa, c'est vraiment l'occasion sériephile rêvée de partir explorer téléphagiquement l'Islande. Profitez donc du mois d'août et du hiatus des networks américains !


NOTE : 7,75/10


[Disponible en DVD avec sous-titres anglais.]

03/08/2011

(K-Drama / Pilote) Myung Wol the Spy : une improbable comédie romantique d'espionnage

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En ce premier mercredi asiatique du mois d'août, poursuivons la découverte des nouveautés sud-coréennes de juillet ! Parfois, en lisant certains synopsis, on se demande confusément ce qui est passé par la tête du scénariste lorsqu'il a imaginé le concept. A première vue, l'idée derrière Myung Wol the Spy apparaissait aussi improbable que pourvue d'un potentiel certain (lequel avait forcément aiguisé ma curiosité). La série offre en effet un mélange de deux thématiques prisées : l'exploitation du filon commercial que représente l'Hallyu croisé avec des codes propres aux fictions d'espionnage rendues possible par la situation géopolitique coréenne.

Diffusé depuis le 11 juillet 2011, sur la chaîne KBS2, Myung Wol the Spy est un drama surprenant, mais dans le bon sens du terme. En allant jusqu'au bout dans ce jeu consistant à repousser constamment les limites de ses intrigues, la série s'assume pleinement dans un registre de divertissement dispersé et agréable à suivre. Consciente de disposer d'un équilibre précaire et parfois vacillant, cette comédie, par son assurance, se révèle des plus plaisantes en cette période estivale.

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Myung Wol the Spy débute en Corée du Nord. Han Myung Wol est une jeune femme déterminée, mais parfois trop impulsive, qui ambitionne de suivre les pas de son père et de rentrer dans la division des services secrets. Ayant échoué au test d'entrée, pour le moment, elle demeure un officier des forces militaires spéciales nord-coréennes. Le problème auquel sont confrontés ses supérieurs est actuellement celui de la bataille culturelle qu'est en train de gagner la Corée du Sud : l'Hallyu s'étend en effet en Asie, et trouve même un chemin jusqu'à son voisin du Nord, où la contrebande de dramas se développe. Loin d'être circonscrit à une minorité, certains dignitaires militaires du régime - ou leur famille - ne sont d'ailleurs pas insensibles au phénomène, même si les ordres officiels sont de fermement lutter contre.

C'est dan ce contexte que Myung Wol est officieusement envoyée à Singapour, pour escorter la fille de son supérieur au concert d'une des grandes stars de l'Hallyu, Gang-U. Le voyage avait aussi un autre objectif, son collègue tentant de dérober une antiquité mystérieuse, vieux livre qui focalise l'attention de bien des personnes, mais que Gang-U réussit à acheter. L'échec et les erreurs du séjour à Singapour remettent en cause les rêves de services secrets de Myung Wol. Elle décide alors de prendre les choses en main et de partir pour la Corée du Sud ; une escapade que ses supérieurs n'apprécient guère. Alors qu'elle souhaitait avant tout récupérer l'antiquité, voire éliminer une personne symbolisant une culture qu'il faut combattre, un nouvel ordre lui est adressé après qu'elle ait sauvé Gang-U d'un accident en plein tournage : elle doit séduire et épouser la star sud-coréenne, pour ensuite la convaincre de faire volontairement défection au Nord.

Voilà bien une mission qui a tous les caractères d'une mission impossible !

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La seule lecture du synopsis laisse entrevoir la tonalité à part de cette série. Myung Wol the Spy est un drama qui se réapproprie des codes classiques des différents genres effleurés pour en faire un cocktail rom-com aussi inattendu que détonant. Vaguement déjanté, il fait sien le qualificatif d'"improbable". Multipliant les pistes pour exploiter pleinement toutes les facettes imaginables de son idée de départ, celle de tenter marier une espionne nord-coréenne à une star de l'Hallyu, la série propose une narration rythmée, tourbillonnante et virevoltante.

L'attrait du drama, mais aussi sans doute sa limite, va justement être de se poser un peu à la croisée des styles pour mieux mêler le romantique et l'espionnage dans un emballage extérieur de comédie. S'il ne se visionne pas au premier degré, il ne tombe pas non plus dans le versant inverse d'une parodie dénuée d'épaisseur dramatique, esquissant rapidement une part d'ambivalence dans ses personnages. Reste cependant que la série semble souvent s'amuser à défier toute logique, voire toute cohérence, ce qui peut dans un premier temps quelque peu déstabiliser. Si la recette fonctionne pourtant au cours de ces premiers épisodes, le drama le doit à sa façon d'assumer presque crânement ses excès et le créneau qu'il investit.

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Avec une assurance communicative, presque provocateur dans sa façon de mettre en scène certaines coïncidences ou d'imaginer des intrigues (la quête de la vieille antiquité, par exemple), Myung Wol the Spy cultive son décalage. Assez paradoxalement, il fait de l'absence - ou plutôt de son refus conscient - de maîtrise de son scénario, non pas une faute, mais un vrai atout qu'il va travailler. Délivrant une partition un peu folle et prenant un malin plaisir à se disperser dans tous les sens, il importe peu que son scénario ne soit pas des plus aboutis.

Il y a d'ailleurs sans doute une part d'illusion dans l'image brouillonne renvoyée, car cette dynamique ne doit pas grand chose au hasard ; la part de spontané et celle de calculé restent cependant à déterminer. Défiant toute tentative de rationalisation, il emporte le téléspectateur dans son univers à part. Lui faisant fermer les yeux sur les failles des intrigues, il lui est facilement possible d'apprécier l'ensemble pour ce qu'il est : un divertissement qui surfe assurément sur une corde raide, mais qui pour le moment remplit la mission première qu'il s'était fixé, celle de faire passer une heure agréable devant son petit écran, sans qu'on s'ennuie une seule seconde.

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Sur la forme, Myung Wol the Spy s'applique à respecter son registre de divertissement improbable : la réalisation est dynamique, la photographie claire et, surtout, colorée. L'ensemble apparaît donc très vivant, avec un entrain communicatif. Pour agrémenter cette ambiance, la bande-son du drama s'attache à décliner, dans toutes les versions possibles et imaginables, le thème musical classique de Mission Impossible qui retentit dès qu'un défi se pose à un des agents secrets. Cependant, la série prend aussi le temps d'introduire quelques chansons originales, plus douces et mélancoliques, qui vont accompagner les passages moins rocambolesques.

Enfin, Myung Wol the Spy rassemble un casting des plus corrects. Il est emmené par un duo marquant, dont les échanges burlesques ou inattendus fonctionnent très bien à l'écran, composé de Han Ye Seul (à qui j'ai pardonné l'égarement Nine Tailed-Fox, vue depuis dans Tazza ou encore Will it snow for Christmas) et d'Eric (Strongest Chil Woo, Que Sera, Sera). C'est peu dire que ce dernier se prend au jeu de la star de l'Hallyu qu'il incarne, jusqu'à avoir créé un compte twitter alternatif pour son personnage (ce qui reflète bien d'ailleurs la dimension joyeusement improbable du drama). Ils sont épaulés par deux acteurs à l'égard desquels je serais plus mitigée : si Jang Hee Jin (Seoul Warrior Story) fait ce qu'on attend d'elle, j'avoue ne pas trop apprécier Lee Jin Wook (Alone in Love, City of glass, Air City) même s'il correspond sans nul doute à l'officier nord-coréen qu'il incarne. Les rôles plus secondaires, dévolus à des personnages plus décalés, sont plutôt bien pourvus : on y croise Lee Duk Hwa, Jo Hyung Ki, Yoo Ji In, Lee Kyun, Park Hyun Sook, Shin Seung Hwan, Lee Da Hee, Lee Byung Joon ou encore Lee Ji Hoon.

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Bilan : Aussi confusément que délicieusement improbable, Myung Wol the Spy est un divertissement décalé, qui exploite, avec un second degré travaillé mais jamais complètement parodique, le concept surprenant qui lui sert de base. Rejouant de façon assez savoureuse les codes de la comédie romantique, se les appropriant pour mieux les détourner, le drama semble prendre un malin plaisir à partir dans tous les sens, assumant ses dispersions narratives pour mieux flirter avec une folie douce qui lui sied très bien, tant qu'il parviendra à maintenir l'équilibre sur-vitaminé, précaire et précieux, qu'il paraît avoir trouvé.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :