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27/08/2011

(UK) The Hour, saison 1 : journalisme sous tutelle, amours contrariés et guerre froide

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La diffusion de la saison 1 à peine terminée, BBC2 a annoncé hier que The Hour reviendrait bien pour une seconde saison . Si la nouvelle marque, c'est que cela faisait plus d'une décennie que la chaîne n'avait pas renouvelé une de ses séries. D'ores et déjà, on sait qu'elle reprendra 10 mois après les évènements de fin de la saison 1. Au parfum de crise internationale et de guerre froide qu'elle aura cultivé au cours de cet été, succèdera un éclairage particulier sur les relations entre les médias et les célébrités dans le Londres des 50s'.

Ayant réuni une moyenne de 2,1 millions de téléspectateurs, la première saison avait débuté avec un pilote convaincant qui avait su retenir mon attention. Au final, la série aura laissé entrevoir beaucoup de potentiel, mais aussi une certaine inconsistance récurrente. Sans que l'intérêt global du téléspectateur n'en souffre, elle a quelque peu peiné à maintenir le juste équilibre entre les thèmes traités, surfant du thriller d'espionnage au décryptage du milieu du journalisme, en passant par des passages plus romanesques et sentimentaux. Cependant, si cette richesse n'aura pas été toujours été pleinement maîtrisée, elle aura su exercer un attrait constant au cours de la saison 1.

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Nous plongeant dans les coulisses d'une émission venant tout juste d'être lancée par la BBC, The Hour va nous faire vivre les premiers mois agités de ce nouveau programme censé contribuer à moderniser l'information télévisée. Si la série pèche sans doute par excès d'ambition, voulant peut-être trop en faire, aborder trop de sujets, pour finalement avoir du mal à se fixer une direction précise vers laquelle s'orienter, n'embrassant jamais complètement tous les genres qu'elle effleure, elle ne va pas moins sûrement fidéliser son public grâce à deux atouts majeurs. Non seulement elle bénéficie de la dynamique attrayante existant entre ses personnages, mais elle va aussi s'imposer comme une série d'ambiance qui pose et exploite avec soin le cadre 50s' dans lequel elle se déroule.

C'est donc tout d'abord sur un plan humain que The Hour se détache. En plus des différentes perspectives sur le métier de journaliste que chaque protagoniste représente, de l'éthique revendicatrice de Freddie, au carriérisme et aux réseaux d'influence d'Hector, en passant par la volonté de Bel de s'affirmer dans des sphères encore très fermées aux femmes, la série installe progressivement un triangle amoureux, dont les ambivalences vont être le point fort. Si la complicité entre Bel et Freddie offre souvent des scènes aux répliques réjouissantes, c'est paradoxalement peut-être encore plus les rapports entre Hector et Freddie qui retiennent l'attention. Opposés par leur milieu, leurs conceptions du métier, leurs expériences personnelles, leur concurrence professionnelle se double en plus d'une dimension plus personnelle, lorsqu'il devient évident que Bel n'est pas indifférente à son nouveau présentateur. Pourtant, à l'inimitié exacerbée, presque puérile, des débuts, succède peu à peu une certaine compréhension, doublée d'une forme d'estime réciproque, qui donne une consistance supplémentaire à l'équilibre qui se met en place au sein du trio principal.

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Outre cette dimension relationnelle qui renforce l'attachement du téléspectateur aux personnages, l'attrait de The Hour repose sur l'atmosphère caractéristiques des 50s' qu'elle va s'efforcer de capturer et de retranscrire à l'écran. Nous sommes ici face à une série d'ambiance, avec les atouts, mais aussi les limites de ce genre : donnant parfois l'impression de se contenter de survoler les thèmes, elle ne va pas toujours au bout des idées qu'elle laisse entrevoir, ce qui peut frustrer, tout en s'assurant de conserver de manière omniprésente la toile de fond historique. L'émission télévisée va en effet devoir faire face à une actualité des plus riches, mais aussi très sensible.

Nous sommes en 1956. Ce sont les enjeux internationaux qui s'imposent comme un des fils rouges de la série avec la crise du canal de Suez. Cette dernière permet de s'intéresser aux rapportsdu pouvoir et des médias, entre connivences de classes et intérêts divergents, éclairant plus particulièrement les pressions gouvernementales sur la ligne éditoriale de l'émission. A travers la mise en scène de cet arbitrage constant entre intérêt du pays et liberté de la presse, la série traite avec application des efforts d'émancipation du (futur) quatrième pouvoir par rapport à une tutelle étatique omni-présente.

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Parallèlement, The Hour va également utiliser le contexte de la Guerre Froide pour emprunter certaines ficelles narratives propres aux fictions de cette époque. Si l'insurrection de Budapest permet d'introduire le bloc de l'Est dans l'actualité, c'est surtout sous des allures de roman d'espionnage que la série investit ce thème. Flirtant sans jamais pleinement l'embrasser avec le thriller conspirationniste, elle procède à nouveau par petites touches. L'enquête que suit Freddie, en cherchant à comprendre les raisons de l'apparent suicide d'une amie d'enfance, le conduit sur ce terrain mouvant des forces de l'ombre par définition secrète.

A mesure que la saison progresse, une sourde paranoïa s'installe : tandis que les téléphones des studios sont mis sur écoute et que d'étranges filatures vous font constamment jeter un oeil par-dessus votre épaule, des agents du MI-6 s'invitent dans les couloirs de l'émission. Les questions de Freddie dérangent ; sa pugnacité glisse vers l'obsession, entretenant une atmosphère pesante. La présence supposée d'une taupe soviétique à la BBC ne fait que sur-ajouter aux pressions indirectes. Si The Hour échoue à insuffler une tension légitimement attendue, trop contemplative peut-être pour basculer dans un vrai suspense, il n'en demeure pas moins que tous ces éléments construisent une ambiance intrigante et prenante dans laquelle le téléspectateur se laisse entraîner.

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L'exploitation du cadre 50s' est indéniablement un des points forts de The Hour ; le soin accordé à la forme ne fait que souligner davantage ce parti pris. En effet, la série bénéficie d'une réalisation qui est un vrai plaisir pour les yeux. La photographie est superbe. L'esthétique travaillée, qu'il s'agisse des décors ou des costumes, donne vraiment l'impression de plonger dans les 50s'. Par ailleurs, toujours dans ce souci de poser une tonalité particulière, il faut également saluer le générique, minimaliste sur le plan visuel, mais diablement entraînant musicalement parlant, et dont le rythme renvoie parfaitement à cette époque.

Enfin, The Hour aura également bénéficié d'un convaincant casting qui aura offert une performance collective des plus solides. Le trio principal finit par s'équilibrer avec justesse et complémentarité : Ben Wishaw (Criminal Justice) est aussi entraînant que survolté, Romola Garai (Crimson Petal and the White), plus posée, lui sert de pendant naturel, tandis que Dominic West (The Wire, The Devil's Whore), tout en sobriété, campe bien ce personnage ambitieux qui va se révéler plus complexe que la caricature initialement renvoyée. Les figures secondaires s'imposent avec tout autant d'aplomb pour compléter l'ensemble : on retrouve notamment Tim Pigott-Smith, Anna Chancellor, Anton Lesser, Juliet Stevenson, Julian Rhind-Tutt ou encore Oona Chaplin.

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Bilan : La richesse thématique et les pistes narratives multiples de The Hour ont été au cours de cette première saison tout autant un atout indéniable, qu'une limite parfois criticable. Dotée d'un rythme volontairement lent, la série a sans doute manqué d'homogénéité dans son écriture, insuffisamment aboutie sur certains sujets. Pour autant, elle aura aussi su nourrir et préserver l'intérêt du téléspectateur pour des intrigues très fortement ancrées dans leur époque et pour des personnages qui n'auront cessé de se complexifier. Sans être une rigoureuse reconstitution historique, The Hour reste donc une série d'ambiance très attrayante, qui aura cultivé avec soin ce parfum caractéristique des 50s'. Au final, j'aurais suivi cette première saison avec beaucoup de plaisir. Le rendez-vous est donc pris pour la saison 2 !


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce de la série :

24/08/2011

(J-Drama / Pilote) Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro : une parodie dédiée à tous les amateurs de jeux de rôles

 
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Aujourd'hui, je vous propose un mercredi asiatique tout spécialement dédié aux amateurs de jeux de rôles (voire à tous ceux qui ne sont pas imperméables à des thématiques de fantasy). Pour perpétuer la tradition de ce blog qui veut que je vous parle d'au moins une série japonaise en cours de diffusion par saison, voici donc pour marquer cette fin d'été, un drama qui ne laisse pas indifférent : Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro, c'est-à-dire Yuusha Yoshihiko and Maou's Castle.

La série est diffusée sur la chaîne Tv Tokyo, depuis le 8 juillet 2011, dans sa case horaire du vendredi soir après minuit. Elle devrait comporter 12 épisodes, faisant environ 25 minutes chacun. Comme elle l'annonce elle-même dès son générique, Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro ne dispose d'aucun budget. Mais elle a su intégrer cet aspect à son histoire, pour mieux défier tout sérieux, en se réappropriant dans le même temps les codes classiques des RPGs', et plus précisément, ici, de Dragon Quest. Ce n'est pas toujours fin, mais c'est souvent drôle et rythmé. Un petit plaisir assez jubilatoire.

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Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro se déroule il y a longtemps, à une époque médiévale où la nature prédominait et où les esprits côtoyaient des monstres plus inquiétants. Une mystérieuse épidémie se répand, causant de nombreuses morts d'un village à l'autre. Le père du personnage principal, Yoshihiko, est parti il y a déjà plus de six mois en quête d'une plante légendaire devant apporter un remède contre cette terrible maladie. Mais, sans nouvelle de lui, le village se résigne à mener une nouvelle cérémonie pour désigner un autre héros afin de reprendre cette quête vitale.

C'est Yoshihiko que désigne l'épreuve d'extraction de l'épée plantée dans la roche. Le nouvel héros du village part sans délai, laissant derrière lui une soeur inquiète. Sur le chemin, il croise rapidement trois compagnons, pas forcément très bien disposés à son égard initialement, mais qui vont entreprendre le voyage à ses côtés : un guerrier, une jeune femme souhaitant venger son père (elle est persuadée que Yoshihiko est celui qui l'a tué) et un magicien aux pouvoirs douteux. Si Yoshihiko retrouve, lui, rapidement son père (et les herbes voulues), une divinité va soudain apparaitre au petit groupe prêt à se séparer. Le grand Hotoke leur confie une nouvelle mission d'une toute autre ampleur : défaire Maou, puissance ancienne et malveillante qui s'est réveillée et menace désormais le monde.

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Le premier atout de Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro va être de consciencieusement rassembler tous les ingrédients scénaristiques classiques - et légitimement attendus - que l'on croise dans les jeux de rôles. L'histoire suit ainsi une trame qui nous est familière, reprenant des recettes connues. Le héros, parti initialement sur les traces de son père, se voit confier une quête principale révélée à la fin du premier épisode, qui met en jeu le sort du monde et désigne son adversaire, personnifiant la lutte du Bien contre le Mal. Au fil des épisodes, la progression de la petite troupe est entravée par des missions secondaires dont il hérite au gré des rencontres, s'égarant à la découverte d'obscurs objets magiques et se lançant dans les sauvetages les plus téméraires d'innocents en détresse.

Tout en reprenant la mythologie et le cadre de fantasy propres aux jeux de rôles, la série cultive une tonalité volontairement décalée. Elle adopte en effet une approche parodique totalement décomplexée, normalisant les ressorts narratifs et la logique d'ensemble qui président au fonctionnement de cet univers. Le souci de fidélité des scénaristes à leur concept de départ doit être souligné : il faut saluer avec quel soin le récit, mais aussi la mise en scène, apparaissent codifiés comme dans un jeu vidéo. Les règles à suivre, les étapes à franchir, les combats à mener, jusqu'au niveau variable des méchants à affronter, tout est là... Et c'est sur cette base travaillée que la série va pouvoir construire et développer sa dimension humoristique.

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Car Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro est avant tout une comédie dynamique réussie. Bénéficiant d'une écriture acérée et très vive, son rythme soutenu et ses dialogues ne manquant jamais de réparties sont un terrain propice pour créer et nourrir les décalages les plus invraisemblables. Jouant sur de brusques changements de tonalités, le drama multiplie les ruptures dans le récit, précipitant des chutes qui aiment prendre à contre-pied les attentes logiques du téléspectateur. En fait, le drama s'amuse à suivre la feuille de route traditionnelle de son genre, accentuant même à l'excès certains stéréotypes, pour mieux ensuite dévier et finir par les détourner. Ainsi, par exemple, une des premières scènes donnent immédiatement le ton : l'épée plantée dans le rocher (un classique) désigne bien Yoshihiko comme "le nouvel élu" (normal)... mais ce n'est pas lui qui la retire : elle tombe par terre avant même qu'il ait posé la main dessus (!).

Si tout se finit invariablement comme attendu, la série s'assure cependant toujours que rien ne se passe comme prévu pour parvenir à ce résultat. Du sauvetage d'une demoiselle en détresse prête à être sacrifiée à une divinité locale au combat contre un terrible monstre impliquant la maîtrise d'une puissante épée fusionnant avec une âme humaine, tout se présente a priori sous les formes prévisibles dans une fiction sur un tel sujet... Sauf que la série manie admirablement l'art de la variation parodique, empruntant des chemins détournés avec un aplomb et un enthousiasme communicatif. De plus, le drama ne recule pas non plus devant un certain nombre de running gags qui finissent par devenir les rendez-vous incontournables de l'épisode (par exemple, le fait que Yoshihiko soit le seul à ne pas voir à l'oeil nu la divinité censée le guider dans sa quête - et qu'il y parvienne finalement grâce à... des lunettes 3D).

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Côté casting, on croise dans ce drama beaucoup de têtes familières du petit écran japonais. Le groupe est assez homogène et sait parfaitement jouer sur la fibre parodique, ni complètement sérieux, ni totalement à côté de la plaque : ils incarnent des stéréotypes, et leur jeu se prête parfaitement à ces personnages. C'est Yamada Takayuki (Churasan, Byakuyako) qui incarne le héros Yoshihiko que l'on va accompagner dans cette quête initiatique. A ses côtés, on retrouve également Kinami Haruka (Sunao ni Narenakute, BOSS 2), Muro Tsuyoshi (Tofu Shimai), Takuma Shin (Komyo ga Tsuji), Okamoto Azusa (Moyashimon) ou encore Sato Jiro (Control ~ Hanzai Shinri Sousa).

Enfin, c'est sur la forme que je vais exceptionnellement conclure car elle est d'une grande importance, voire même déterminante pour installer l'ambiance de la série, accentuant la dimension parodique de l'ensemble. Si Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro n'a pas de budget, elle va réussir à transformer ce manque en véritable atout. En effet, elle revendique pleinement son absence de moyens pour mieux jouer sur un côté extrêmement cheap entretenant des décalages visuels permanents. La forme est ici un élément humoristique à part entière. Comment résister et ne pas exploser de rire devant la seule vision de ces improbables monstres en plastique, face à ces bruitages électroniques façon jeux vidéos qui accompagnent les combats, mais aussi devant certaines "élipses" volontaires (le héros s'éloignant de son village sur un "cheval" dont la présence n'est que suggérée). Tous les effets spéciaux excessivement low cost qui parsèment la série entretiennent un second degré rafraîchissant, portés par une bande-son où retentit toujours une musique prompte à verser dans un épique de circonstance tout aussi en décalage.

S'il serait possible de multiplier les exemples pour montrer à quel point, tout autant que l'écriture des dialogues, la forme joue un rôle déterminant dans la série, je crois que les screencaptures ci-dessous seront sans doute plus parlantes que la plus imagée de mes descriptions.

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Au moins, dès le générique, les choses sont claires pour le téléspectateur.

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Le cadre de fantasy : des esprits de la forêt... (souvenez-vous, Mononoke !)

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Monstres (méchants).

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Combat (avec bruitage et effets spéciaux).


Et puis quand le manque de budget se fait trop sentir, le drama use d'une autre tactique : il bascule brièvement en... dessin animé.

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Monstre (très très méchant). Trop effrayant pour être montré en "live".

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Combat sanglant (trop violent pour être montré en "live").

Bilan : Comédie souvent jubilatoire, toujours divertissante, parfois surprenante, Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro investit un univers de fantasy qui, derrière son apparence fidèle aux jeux de rôles traditionnels, va cultiver avec un enthousiasme communicatif les décalages les plus improbables. Dotée d'une écriture très vive, la série excelle dans une dimension parodique où les brusques changements de tons et les chutes les plus inattendues se multiplient, rythmant des épisodes qui se déroulent sans le moindre temps mort. Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro va ainsi rapidement toucher et conquérir le coeur du public ciblé : ne boudons pas notre plaisir !


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :


Le générique :

(source : Ladytelephagy)

21/08/2011

(ISL) Næturvaktin (The Night Shift) : une ambiance désillusionnée à la fois drôle et touchante

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Après l'expérience concluante qu'a été Pressa, en ce week-end caniculaire, je tente une parade (un peu vaine, certes) en vous proposant un nouveau voyage en Islande. Il faut dire que l'ambiance de la série dont je vais vous parler aujourd'hui a de quoi refroidir, et pas seulement en raison de la neige, des gros anoraks et du fait qu'elle se déroule intégralement de nuit. Si Næturvaktin a indéniablement intégré les codes narratifs du mockumentary moderne, la série ne se réduit pas à ce genre. Elle n'est ni complètement une comédie, ni totalement une série dramatique. Alternant les tons, les mêlant parfois d'une étonnante manière, elle apparaît aussi atypique qu'inclassable ; sauf qu'une chose est sûre, elle retient bel et bien l'attention d'un téléspectateur dont elle s'assure la fidélité.

Diffusée sur la chaîne Stöð 2 fin 2007, Næturvaktin (en anglais The Night Shift) est la première saison d'une trilogie. Elle comporte 12 épisodes d'environ 25 minutes chacun. Succès public et critique, elle a notamment remporté l'Edda Award de la meilleure série. Elle est suivie par une deuxième saison, rassemblant les mêmes protagonistes mais changeant le cadre, qui s'intitule Dagvaktin (The Day Shift), et par une troisième, Fangavaktin (The Prison Shift). Enfin, un film, Bjarnfreðarson, a conclu l'ensemble en décembre 2009 en Islande. Côté international, précisons que Næturvaktin a été diffusée ce printemps sur BBC4 en Angleterre.

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Næturvaktin raconte le quotidien de l'équipe de nuit d'une station service à Reykjavik. Georg Bjarnfreðarson en est le superviseur. Multi-diplômé, marxiste sur les bords, il règne semblable à un dictateur sur ses collègues (cf. l'affiche de promo du début), avec un constant besoin d'affirmer son autorité, voire sa supériorité. Il nourrit aussi une fascination pour la Suède. Divorcé, il doit cependant également garder son fils certaines nuits à la station service. Sous ses ordres, Ólafur Ragnar est le plus ancien employé du trio ; il est très souvent le bouc-émissaire de Georg. S'il n'est ni le plus assidu, ni le plus intelligent, il reste quelqu'un de terre à terre, ayant tendance à se laisser embarquer dans des plans qui se terminent mal. Enfin, Daniel Sævarsson vient tout juste d'être embauché : ancien étudiant en médecine qui a tout laissé tomber, il déprime et se cherche sans trop savoir quoi faire.

Ce sont les intéractions au sein de ce trio que la série va mettre en scène. Si leur routine est à l'occasion perturbée par des clients ou évènements inattendus, c'est très souvent au sein même du groupe que se cristallise les tensions. Des débats sur la gestion de la clientèle aux entraînements de survie pour savoir comment accueillir un éventuel braqueur, en passant par les "amendes" arbitrairement imposées pour retard, ou encore par l'obsession suédoise de Georg qui veut organiser un voyage là-bas, les nuits ne manquent généralement pas d'animation. Les problème naissent le plus souvent en raison de l'autoritarisme exacerbé de Georg, mais aussi parfois des erreurs d'appréciation d'Ólafur, enfin plus rarement à cause de la famille de Daniel qui s'inquiète de son avenir.

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Næturvaktin est une série à la tonalité atypique. Si elle a été écrite par ses scénaristes comme un drame, le versant comédie n'est pourtant jamais loin et prend même parfois le dessus. Elle entreprend de nous narrer un quotidien excessivement sobre, presque trop normal pour pouvoir être l'objet d'une fiction. On ne retrouve pas chez elle de succession de sketchs, d'excès burlesque, et encore moins de tentative d'humour volontaire. Si les mockumentary des années 2000, The Office en tête (avec sa figure de patron despotique cherchant aussi maladroitement à bien faire), sont à l'évidence passés par là, l'ambiance de Næturvaktin est beaucoup plus sombre que celle que l'on retrouve habituellement dans ces comédies. A travers ces trois protagonistes, la série développe une dimension humaine et sociale qui apparaît profondément désillusionnée. Elle se révèle aussi des plus psychologiques dans sa façon de mettre en scène les rêves, les aspirations, mais aussi les insécurités de ses personnages, suivant une logique et une cohérence très intéressantes.

Bénéficiant d'une écriture aussi corrosive qu'abrasive, c'est une série dont la dynamique repose principalement sur les échanges au sein de son trio principal. Ne manquant ni d'un certain sens de la répartie, ni d'inspiration pour proposer des chutes désabusées qui feront plus d'une fois sourire, Næturvaktin s'avère prenante pour un téléspectateur de plus en plus conquis et qui s'attache vraiment au fur et à mesure que progresse la saison. Si la série marque et se détache, elle le doit au paradoxe qu'elle cultive si bien, sachant se montrer à la fois touchante, drôle, bouleversante, dans une même scène. Cette étonnante confusion de tonalités normalement opposées et exclusives l'une de l'autre est un exercice narratif périlleux, mais la série trouve instinctivement et naturellement le juste équilibre. Næturvaktin a ainsi cette faculté très particulière de proposer des passages qui non seulement prêtent à sourire, mais qui laissent aussi le téléspectateur le coeur serré, avec un arrière-goût chargé d'amertume dans la bouche.

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Sur la forme, Næturvaktin bénéficie d'une réalisation logiquemen sobre. Le cadre est restreint (la station service et ses abords), mais la série se prête bien à cette sorte de semi-huis clos où chacun se regarde dans le blanc des yeux et, occasionnellement, en vient à se dire ses quatre vérités. Quant à la bande-son, elle reflète parfaitement l'ambivalence de la série, à la fois un cri un peu désespéré, mais aussi une volonté de continuer d'aller de l'avant. Deux chansons "rock" sont utilisées à ces fins. Il y a tout d'abord celle du générique, intitulée Kyrrlátt kvöld ("Tranquil Evening") est signée par le groupe Utangarðsmenn. La seconde sert de générique de fin, mais résonne aussi parfois en cours d'épisode ; il s'agit de Jón pönkari ("John the Punk") par Bubbi Morthens.

Enfin, Næturvaktin bénéficie d'un casting tout simplement parfait pour incarner ces différents protagonistes, un peu brisé chacun à leur manière. Georg, avec ses excès d'autorisation et son besoin de tout contrôler en permanence, est joué par Jón Gnarr, qui fait vraiment sien ce personnage excentrique, souvent détestable, parfois pitoyable. Olafur est interprété avec une sobriété à saluer par Pétur Jóhann Sigfússon. Et c'est Jörundur Ragnarsson qui joue Daniel, sachant très bien retranscrire le côté désabusé et les crises existentielles du jeune homme. Dans les personnages secondaires récurents, Sara Margrét Nordhal Michaelsdóttir est la vendeuse du stand d'à côté, elle-aussi ouverte toute la nuit. Enfin, le fils de Georg est incarné par Arnar Freyr Karlsson.

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Bilan : Entre comédie et drame, Næturvaktin est une série toujours prenante, parfois vraiment drôle, souvent assez touchante, dont l'écriture se révèle vraiment juste. Si son atmosphère, désillusionnée, surprend par sa noirceur, elle permet aussi d'offrir un éclairage très humain sur ses protagonistes et leurs relations. En raison de cette tonalité entre-deux, elle reste une série difficile à catégoriser, une forme de cri désespéré qui sait nous faire rire. Un paradoxe à elle toute seule, mais un paradoxe admirablement bien équilibré et écrit. A découvrir !


NOTE : 8,25/10


La bande-annonce :


La chanson utilisée dans le générique :

19/08/2011

(DAN) Forbrydelsen (The Killing), saison 2 : un suspense toujours aussi prenant

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Le Danemark, c'est un pays de plus de 5 millions d'habitants qui a actuellement en production deux très bonnes séries : Borgen et Forbrydelsen. Avec sa première saison, cette dernière s'était imposée comme un des plus efficaces polars feuilletonnants du petit écran de ces dernières années. Par conséquent, forcément, la saison 2 était attendue au tournant avec un mélange d'excitation mêlée d'inquiétude : comment allait-elle se renouveler et repartir sur une nouvelle intrigue, à la fois fidèle à sa recette originelle mais en sachant aussi se réinventer ? Plus d'une fiction s'est brûlée les ailes lorsqu'il a fallu continuer au-delà de son premier grand arc narratif...

Mais c'est avec beaucoup de maîtrise que cette saison 2 de Forbrydelsen va déjouer toutes les craintes éventuelles. Sarah Lund est toujours fidèle à ses pulls, et le téléspectateur se prend pareillement au jeu du suspense. Composée cette fois-ci de dix épisodes, contre vingt épisodes pour sa première, la deuxième saison du polar danois du moment, diffusée à l'automne 2010 sur DR1, se révèle toute aussi haletante et prenante, sachant parfaitement rebondir après la résolution de l'affaire Nanna Birk Larsen. Si la première partie de la saison 1 sort en DVD ce 23 août en France, la saison 2 arrivera sur Arte, dès le 6 septembre prochain. En un mot, soyez au rendez-vous ! Quant à la saison 3, son tournage vient tout juste de débuter et elle devrait être diffusée à l'automne 2012 au Danemark.

[A noter : La review est garantie sans spoiler sur la résolution de l'intrigue.]

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La saison 2 de Forbrydelsen débute deux ans après les évènements de la saison 1. Une avocate est retrouvée brutalement assassinée, son cadavre abandonné dans un mémorial militaire ; une mise en scène macabre qui pourrait trouver sa cause dans un éventuel mobile politique derrière ce meurtre. Si son ex-époux est suspecté, trop d'inconnues pour une enquête très sensible décident Lennart Brix, toujours en charge de la division criminelle à Copenhague, à contacter Sarah Lund, désormais exilée loin de la capitale, en raison de ce qu'il s'est passé il y a deux ans. Elle se laisse convaincre de venir jeter un oeil au dossier, pour offrir son expertise intuitive et un regard extérieur sur les faits.

Quelques jours après le meurtre de l'avocate, le ministre de la Justice est victime d'une crise cardiaque, le laissant hospitalisé, inconscient. Or une loi très importante, sur des mesures de lutte et de prévention contre le terrorisme au Danemark, est en négociation entre les différents partis et doit être incessamment sous peu votée. Le Premier Ministre nomme donc rapidement un successeur, son choix s'arrêtant sur Thomas Buch, politicien pragmatique et ambitieux pour qui c'est une promotion conséquente.

Mais le meurtre de l'avocate prend un tour politique des plus glissants lorsque l'hypothèse selon laquelle elle a été ciblée par des intégristes islamistes, en raison de son travail pour l'armée en Afghanistan, semble se confirmer. La police, les services du ministère de la Justice, mais aussi les services de renseignement ainsi que l'armée, vont nous entraîner dans les coulisses du pouvoir et de la guerre en Afghanistan, pour tenter de démêler les fils d'une intrigue bien complexe... D'autant que le prédécesseur de Buch en connaissait sans doute plus sur cette affaire qu'il ne l'avait laissé entendre.

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La grande réussite de Forbrydelsen 2 va être de reprendre avec la même efficacité les ingrédients qui ont fait la force de la saison 1, tout en sachant parfaitement se renouveler pour proposer quelque chose de nouveau sur le fond. La recette est bien huilée : la dimension feuilletonnante est en effet pleinement exploitée. Elle fait naître chez le téléspectateur ce sentiment un peu grisant que l'on éprouve en se laissant complètement happé et entraîné dans ces longues histoires à suspense qui nous captivent jusqu'à la dernière page... jusqu'à l'ultime rebondissement. Cultivant une tension constante, chaque épisode est habilement construit, se concluant toujours de la manière la plus prenante qui soit, avec une accélération de l'intrigue qui requiert beaucoup de volonté de la part du téléspectateur pour ne pas se précipiter sur l'épisode suivant.

Le fait de ne compter que 10 épisodes, par rapport aux 20 de la saison 1, n'est pas préjudiciable. Non seulement parce que cela permet de maintenir un rythme toujours vif, parfois haletant, qu'aucun temps mort ou scène de transition ne vient perturber, mais aussi parce que la complexité de l'intrigue demeure intacte. Nous sommes face à une histoire à multiples tiroirs, jouant admirablement sur les faux semblants, nous égarant avec application sur des pistes erronées et nourrissant nos soupçons à mesure que les réels enjeux se dévoilent et que le tableau d'ensemble se dessine. Cette quête vers la vérité se bâtit finalement tant sur une ambiance tendue et prenante, que grâce à la solidité du scénario. Si bien que si l'on acquiert bien avant la fin des certitudes quant à la résolution des meurtres, il est impossible de se détacher de Forbrydelsen 2. 

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Outre cette dimension de thriller à suspense qui reste sa marque de fabrique, Forbrydelsen 2 va adopter un parfum différent par rapport à sa première saison. C'est sans doute à cette capacité de se réinventer que l'on reconnaît une bonne série. La saison 1 avait mis l'accent sur le drame familial, explorant toutes les ramifications du meurtre d'une adolescente - et se plaçant notamment du point de vue des parents. L'enquête touchait à des thèmes classiques, de société, de moeurs, voire de psychologie d'un tueur. Dans la saison 2, Forbrydelsen bascule cette fois dans un thriller au parfum conspirationniste, avec en arrière-plan des enjeux politiques qui dépassent les simples querelles de personne pour prendre l'allure de potentiels scandales d'Etat. Il y a ici moins de place pour l'émotionnel. Les recettes invariables du polar noir sont appliquées à un nouveau cadre : la guerre en Afghanistan, le fondamentalisme religieux, et plus globalement toutes ces craintes qui agitent les démocraties occidentales post-11 septembre.

L'intrigue est très ancrée dans la société danoise de son époque, avec les peurs et les préjugés qui peuvent la traverser, comme en témoigne l'importance prise par la législation de lutte contre le terrorisme en discussion. Car les ramifications de l'enquête se répercutent cette fois dans la sphère politique nationale : jusqu'où peut-on - ou plutôt, doit-on - sacrifier la liberté - d'association, notamment - au nom de la protection de la société ? L'imbrication de toutes les sous-intrigues avec le fil rouge que représente cette suite de meurtres sanglants de militaires - l'avocate n'étant que la première victime - est menée d'une main de maître. Les répercussions des décisions de chacun des protagonistes sur l'avancée générale vers la vérité sont toutes aussi habilement traitées, la série conservant toujours une homogénéité narrative en plus de sa tension. Du côté des personnages, parce qu'elle est la seule que nous connaissons déjà - outre Brix -, Sarah Lund est, encore plus que dans la saison 1, le point de repère du téléspectateur. C'est d'autant plus vrai que les évènements d'il y a deux ans l'ont profondément marquée et placée un peu à part par rapport à ses confrères. De plus, les nouveaux personnages ont moins de consistance que la saison passée, peut-être parce que la durée plus courte ne permet pas de les développer suffisamment, et donc marquent moins.

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Sur la forme, Forbrydelsen est fidèle à elle-même. La série privilégie toujours cette atmosphère de polar sombre caractéristique, accentuée par les scènes nocturnes ou le temps pluvieux de Copenhague. La réalisation se calque parfaitement sur cette atmosphère, avec une caméra qui épouse les tensions de chaque scène, qu'il s'agisse de confrontation nécessitant un cadre serré ou pour capturer l'ambiance plus morbide d'une scène de crime par des plans beaucoup plus larges. Le thème musical demeure également inchangé ; et c'est toujours avec un petit frisson que se conclut chaque épisode sur ce rythme musical entraînant, avec la tension intacte qui transparaît de ces quelques notes, semblable à une invitation à immédiatement lancer le suivant.

Enfin, Forbrydelsen bénéficie une nouvelle fois d'un casting d'ensemble convaincant. Ne restent de la première saison que Sofie Gråbøl (Nikolaj og Julie), absolument magistrale pour incarner une Sarah Lund toujours aussi intense, et Morten Suurball qui demeure son supérieur hiérarchique. On retrouve aussi d'autres têtes connues des lecteurs de ce blog, puisque le partenaire de Sarah Lund est incarné par Mikael Birkkjær (qui joue l'époux de Birgitte Nybord dans Borgen). A leurs côtés, tous les acteurs se montrent des plus convaincants dans leurs rôles respectifs, qu'il s'agisse de Nicolas Bro (Hjerteafdelingen), Charlotte Guldberg, Preben Kristensen, Ken Vedsegaard (Maj & Charlie, Krøniken), Stine Prætorius, Flemming Enevold (Edderkoppen), Carsten Bjørnlund (Pagten), Lotte Andersen (Edderkoppen), Kurt Ravn ou encore Jens Jacob Tychsen.

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Bilan : Toujours dotée de cette faculté rare pour cultiver un suspense prenant et constant jusqu'au dernier twist de son intrigue, basée sur un scénario à tiroirs admirablement maîtrisé, Forbrydelsen réussit dans cette saison 2 à conserver tous les ingrédients qui font sa force, tout en sachant investir de nouvelles thématiques traitées avec beaucoup d'efficacité. Le téléspectateur se laisse captiver par ce polar addictif, ambitieux par ses ramifications, mais suffisamment sobre pour que le récit demeure très bien maîtrisé.  


NOTE : 8,75/10


La bande-annonce de la saison :

17/08/2011

(K-Drama / Pilote) Birdie Buddy : une histoire d'accomplissement sportif simple et humaine

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Avec le drama (au sens propre du terme) actuel qui agite les coulisses de Myung Wol the Spy, illustrant les problèmes liés au fait de filmer les épisodes à flux tendu par rapport à la diffusion télévisée, Birdie Buddy est un peu le contre-exemple qui prouve qu'on peut avoir tout autant de soucis en optant pour une autre façon de faire. En effet, c'est la série qui avait préalablement été intégralement tournée, mais dont plus personne ne savait quoi faire une fois la production finie. C'est ainsi qu'elle fait un peu figure de miraculée aujourd'hui. Initialement, elle aurait dû être diffusée il y a un an, au cours de l'été 2010. De reprogrammations en annulations, elle vit ensuite la case du printemps 2011 promise sur MBC lui échapper. Finalement, alors que plus personne ne semblait y croire, début juillet, tvN a annoncé qu'elle la diffuserait.

Birdie Buddy a donc débuté sur la chaîne payante le 8 août 2011. Diffusée les lundi et mardi soirs, à raison de deux épisodes par semaine, le changement de chaîne a aussi nécessité un redécoupage des épisodes. Alors que la série aurait dû comporter 20 épisodes de 70 minutes chacun, elle comptera finalement 24 épisodes d'environ 45 minutes. Après toutes ces épreuves, j'avais fini par me demander à quoi pouvait bien ressembler Birdie Buddy : est-ce que ces difficultés étaient causées par sa (son manque de) qualité ? Je me suis donc installée sans attente particulière devant ses deux premiers épisodes. Mais avec sa sobriété narrative, sa dimension humaine et son environnement sportif, j'ai finalement trouvé ces débuts plaisants (à défaut d'y desceller déjà une étincelle).

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L'héroïne, Sung Mi Soo, est issue d'un milieu populaire, loin des grandes villes. Son père travaille à la mine, sa mère fait le ménage est assure les fins de mois en vendant ses légumes. Mais Mi Soo a cependant une passion très particulière depuis son enfance : elle adore le golf. Si l'image renvoyée par ce sport surtout pratiqué par les classes les plus aisées de la société ne semble pas vraiment lui correspondre, Mi Soo ne se laisse pas démontée pour autant. Sa mère a été caddie pendant un temps, et elle fait toujours le ménage au centre de golf local : cela va lui permettre d'inscrire sa fille, sur-enthousiaste, à ses premiers cours, cultivant et perfectionnant ainsi une passion réelle jusqu'à l'âge adulte. Elle grandit donc un club de golf à la main, gâtée par des parents prêts à tous les sacrifices financiers pour voir leur enfant heureuse.

Devenue une jeune femme, alors même qu'elle continue à s'entraîner, Mi Soo se heurte à un principe de réalité qui finit par la rattraper : que peut-elle espérer de ce sport, où cela la conduit-elle ? Son rêve serait à terme de devenir professionnelle, mais la route apparaît bien longue. C'est dans une période de doute, alors qu'un tournoi important s'annonce, qu'elle fait la rencontre d'un ancien golfeur, John Lee, pas forcément des plus avenants. Dans le même temps, le tournoi en préparation explique le retour des Etats-Unis de Min Hae Ryung, la fille de la propriétaire du grand complexe de golf. Cette dernière a été entraînée depuis son plus jeune âge par sa mère pour devenir une joueuse d'élite. Pour cela, elle souhaite notamment engager John Lee, à la philosophie de vie assez atypique, comme son entraîneur personnel.

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Sans chercher à faire dans l'originalité, Birdie Buddy se réapproprie avec assurance et une efficacité à saluer des recettes classiques d'un genre qui a fait ses preuves. C'est un parcours initiatique que l'on va suivre. Le cadre sportif s'y prête : déjà, les épisodes effleurent la question du dépassement et de la confiance en soi, le golf étant un sport individuel, donc très personnel. Plus généralement, c'est toute la mise en scène des disparités sociales entre l'héroïne et ce milieu du golf auquel elle aspire qui sonne comme une invitation à participer à une aventure humaine formatrice pour grimper les échelons. Dans ce lent, sans doute difficile, apprentissage qui attend Mi Soo, la jeune femme - au dynamisme inébranlable - va devoir prendre ses responsabilités pour atteindre son objectif - celui de devenir une professionnelle vivant de sa passion -, sortant grandie des épreuves qu'il lui faudra traverser. Si les ressorts narratifs paraissent indéniablement familiers, la simplicité et la fraîcheur qui émanent de ce drama jamais prétentieux suffisent à retenir l'attention d'un téléspectateur qui suit sans déplaisir cette entrée en matière.

Birdie Buddy séduit également par ses personnages. Certes, il n'y a pas de coup de foudre pour l'un ou l'autre, mais c'est plutôt grâce à l'ensemble homogène qu'ils forment que la série s'impose. En effet, dans cette galerie de protagonistes très différents, personne n'est unidimensionnel. L'héroïne l'illustre d'ailleurs très bien : Mi Soo est douée et passionnée par le golf, mais jusqu'à présent elle ne s'était jamais vraiment arrêtée sur le sacrifice consenti par ses parents - sa mère surtout - afin qu'elle puisse vivre ses rêves. Or de l'insouciance à une pointe d'égoïsme, il n'y a parfois qu'un pas. Quant à Hae Ryung qui s'impose comme sa vis-à-vis sur un court de golf, elle a peut-être l'assurance des privilégiés, mais ses blessures personnelles et ses rapports conflictuels avec sa mère montrent aussi combien la richesse ne compense pas une cellule familiale éclatée. La série nous fait même nous attacher à des personnages secondaires. Tout le monde a sa part d'ambivalence, du frère de Mi Soo à ses amis, mais aucun n'est caricaturé à l'excès, ni détestable. Birdie Buddy semble ainsi proposer une histoire très humaine, dans le bon sens du terme. Ce n'est pas innovant, mais c'est une fiction plutôt chaleureuse qui s'apprécie sans arrière-pensée. 

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Sur la forme, Birdie Buddy fait preuve d'une même simplicité. On est loin de l'esthétique rendu par la caméra magique de Scent of a woman ou l'image sur-travaillée de The Princess' Man, mais cela sied parfaitement à un drama comme Birdie Buddy qui cultive une sobriété finalement assez rafraîchissante. C'est d'autant plus opportun que la série va vraiment savoir exploiter ses décors et jouer sur une alternance entre les deux milieux sociaux représentés - les mines désaffectées d'une part, le complexe de golf luxueux de l'autre. La neutralité de la caméra, qui met cependant bien en valeur des images colorées, se justifie donc. Quant aux quelques effets spéciaux décalés proposés - le golf façon Quidditch par exemple -, on pardonne facilement. Au niveau musical, en revanche, la bande-son demeure pour le moment assez anecdotique.

Enfin, côté casting, sans briller, chacun prend peu à peu ses marques pour délivrer une performance d'ensemble homogène globalement correcte, sans être transcendante. C'est Uee (You're Beautiful ; du groupe After School) qui incarne l'héroïne dans ce qui est son premier rôle principal dans un drama. Elle est secondée par Lee Yong Woo (Style), qui reste pour le moment en retrait sans doute peu aidé par l'attentat capillaire dont il a été victime (cf. screen-capture ci-dessus), et Lee Da Hee (The Secret of Keu Keu Island). A leurs côtés, on retrouve également Yoon Yo Sun, Oh Hyun Kyung, Yoo In Na ou encore Park Han Bi.

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Bilan : Pas déplaisants à suivre, plutôt attachants même, les débuts de Birdie Buddy répondent aux attentes que le synopsis avait pu faire naître. Sans être indispensable, c'est un drama initiatique, à la tonalité très humaine, qui correspond bien à la période estivale - on en vient à regretter qu'il n'est commencé il y a quelques semaines. Pour ceux qui souhaitent voir mûrir et s'affirmer des personnages dans un cadre sportif particulier, où le dépassement de soi côtoie le dépassement des classes sociales, Birdie Buddy devrait remplir son rôle. Pour les amateurs du genre.


NOTE : 5,75/10


La bande-annonce de la série :