Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/08/2011

(K-Drama / Pilote) Birdie Buddy : une histoire d'accomplissement sportif simple et humaine

birdiebuddy1.jpg

Avec le drama (au sens propre du terme) actuel qui agite les coulisses de Myung Wol the Spy, illustrant les problèmes liés au fait de filmer les épisodes à flux tendu par rapport à la diffusion télévisée, Birdie Buddy est un peu le contre-exemple qui prouve qu'on peut avoir tout autant de soucis en optant pour une autre façon de faire. En effet, c'est la série qui avait préalablement été intégralement tournée, mais dont plus personne ne savait quoi faire une fois la production finie. C'est ainsi qu'elle fait un peu figure de miraculée aujourd'hui. Initialement, elle aurait dû être diffusée il y a un an, au cours de l'été 2010. De reprogrammations en annulations, elle vit ensuite la case du printemps 2011 promise sur MBC lui échapper. Finalement, alors que plus personne ne semblait y croire, début juillet, tvN a annoncé qu'elle la diffuserait.

Birdie Buddy a donc débuté sur la chaîne payante le 8 août 2011. Diffusée les lundi et mardi soirs, à raison de deux épisodes par semaine, le changement de chaîne a aussi nécessité un redécoupage des épisodes. Alors que la série aurait dû comporter 20 épisodes de 70 minutes chacun, elle comptera finalement 24 épisodes d'environ 45 minutes. Après toutes ces épreuves, j'avais fini par me demander à quoi pouvait bien ressembler Birdie Buddy : est-ce que ces difficultés étaient causées par sa (son manque de) qualité ? Je me suis donc installée sans attente particulière devant ses deux premiers épisodes. Mais avec sa sobriété narrative, sa dimension humaine et son environnement sportif, j'ai finalement trouvé ces débuts plaisants (à défaut d'y desceller déjà une étincelle).

birdiebuddya.jpg

L'héroïne, Sung Mi Soo, est issue d'un milieu populaire, loin des grandes villes. Son père travaille à la mine, sa mère fait le ménage est assure les fins de mois en vendant ses légumes. Mais Mi Soo a cependant une passion très particulière depuis son enfance : elle adore le golf. Si l'image renvoyée par ce sport surtout pratiqué par les classes les plus aisées de la société ne semble pas vraiment lui correspondre, Mi Soo ne se laisse pas démontée pour autant. Sa mère a été caddie pendant un temps, et elle fait toujours le ménage au centre de golf local : cela va lui permettre d'inscrire sa fille, sur-enthousiaste, à ses premiers cours, cultivant et perfectionnant ainsi une passion réelle jusqu'à l'âge adulte. Elle grandit donc un club de golf à la main, gâtée par des parents prêts à tous les sacrifices financiers pour voir leur enfant heureuse.

Devenue une jeune femme, alors même qu'elle continue à s'entraîner, Mi Soo se heurte à un principe de réalité qui finit par la rattraper : que peut-elle espérer de ce sport, où cela la conduit-elle ? Son rêve serait à terme de devenir professionnelle, mais la route apparaît bien longue. C'est dans une période de doute, alors qu'un tournoi important s'annonce, qu'elle fait la rencontre d'un ancien golfeur, John Lee, pas forcément des plus avenants. Dans le même temps, le tournoi en préparation explique le retour des Etats-Unis de Min Hae Ryung, la fille de la propriétaire du grand complexe de golf. Cette dernière a été entraînée depuis son plus jeune âge par sa mère pour devenir une joueuse d'élite. Pour cela, elle souhaite notamment engager John Lee, à la philosophie de vie assez atypique, comme son entraîneur personnel.

birdiebuddyk.jpg

Sans chercher à faire dans l'originalité, Birdie Buddy se réapproprie avec assurance et une efficacité à saluer des recettes classiques d'un genre qui a fait ses preuves. C'est un parcours initiatique que l'on va suivre. Le cadre sportif s'y prête : déjà, les épisodes effleurent la question du dépassement et de la confiance en soi, le golf étant un sport individuel, donc très personnel. Plus généralement, c'est toute la mise en scène des disparités sociales entre l'héroïne et ce milieu du golf auquel elle aspire qui sonne comme une invitation à participer à une aventure humaine formatrice pour grimper les échelons. Dans ce lent, sans doute difficile, apprentissage qui attend Mi Soo, la jeune femme - au dynamisme inébranlable - va devoir prendre ses responsabilités pour atteindre son objectif - celui de devenir une professionnelle vivant de sa passion -, sortant grandie des épreuves qu'il lui faudra traverser. Si les ressorts narratifs paraissent indéniablement familiers, la simplicité et la fraîcheur qui émanent de ce drama jamais prétentieux suffisent à retenir l'attention d'un téléspectateur qui suit sans déplaisir cette entrée en matière.

Birdie Buddy séduit également par ses personnages. Certes, il n'y a pas de coup de foudre pour l'un ou l'autre, mais c'est plutôt grâce à l'ensemble homogène qu'ils forment que la série s'impose. En effet, dans cette galerie de protagonistes très différents, personne n'est unidimensionnel. L'héroïne l'illustre d'ailleurs très bien : Mi Soo est douée et passionnée par le golf, mais jusqu'à présent elle ne s'était jamais vraiment arrêtée sur le sacrifice consenti par ses parents - sa mère surtout - afin qu'elle puisse vivre ses rêves. Or de l'insouciance à une pointe d'égoïsme, il n'y a parfois qu'un pas. Quant à Hae Ryung qui s'impose comme sa vis-à-vis sur un court de golf, elle a peut-être l'assurance des privilégiés, mais ses blessures personnelles et ses rapports conflictuels avec sa mère montrent aussi combien la richesse ne compense pas une cellule familiale éclatée. La série nous fait même nous attacher à des personnages secondaires. Tout le monde a sa part d'ambivalence, du frère de Mi Soo à ses amis, mais aucun n'est caricaturé à l'excès, ni détestable. Birdie Buddy semble ainsi proposer une histoire très humaine, dans le bon sens du terme. Ce n'est pas innovant, mais c'est une fiction plutôt chaleureuse qui s'apprécie sans arrière-pensée. 

birdiebuddye.jpg

Sur la forme, Birdie Buddy fait preuve d'une même simplicité. On est loin de l'esthétique rendu par la caméra magique de Scent of a woman ou l'image sur-travaillée de The Princess' Man, mais cela sied parfaitement à un drama comme Birdie Buddy qui cultive une sobriété finalement assez rafraîchissante. C'est d'autant plus opportun que la série va vraiment savoir exploiter ses décors et jouer sur une alternance entre les deux milieux sociaux représentés - les mines désaffectées d'une part, le complexe de golf luxueux de l'autre. La neutralité de la caméra, qui met cependant bien en valeur des images colorées, se justifie donc. Quant aux quelques effets spéciaux décalés proposés - le golf façon Quidditch par exemple -, on pardonne facilement. Au niveau musical, en revanche, la bande-son demeure pour le moment assez anecdotique.

Enfin, côté casting, sans briller, chacun prend peu à peu ses marques pour délivrer une performance d'ensemble homogène globalement correcte, sans être transcendante. C'est Uee (You're Beautiful ; du groupe After School) qui incarne l'héroïne dans ce qui est son premier rôle principal dans un drama. Elle est secondée par Lee Yong Woo (Style), qui reste pour le moment en retrait sans doute peu aidé par l'attentat capillaire dont il a été victime (cf. screen-capture ci-dessus), et Lee Da Hee (The Secret of Keu Keu Island). A leurs côtés, on retrouve également Yoon Yo Sun, Oh Hyun Kyung, Yoo In Na ou encore Park Han Bi.

birdiebuddyj.jpg

Bilan : Pas déplaisants à suivre, plutôt attachants même, les débuts de Birdie Buddy répondent aux attentes que le synopsis avait pu faire naître. Sans être indispensable, c'est un drama initiatique, à la tonalité très humaine, qui correspond bien à la période estivale - on en vient à regretter qu'il n'est commencé il y a quelques semaines. Pour ceux qui souhaitent voir mûrir et s'affirmer des personnages dans un cadre sportif particulier, où le dépassement de soi côtoie le dépassement des classes sociales, Birdie Buddy devrait remplir son rôle. Pour les amateurs du genre.


NOTE : 5,75/10


La bande-annonce de la série :

03/08/2011

(K-Drama / Pilote) Myung Wol the Spy : une improbable comédie romantique d'espionnage

myungwolthespy1.jpg

En ce premier mercredi asiatique du mois d'août, poursuivons la découverte des nouveautés sud-coréennes de juillet ! Parfois, en lisant certains synopsis, on se demande confusément ce qui est passé par la tête du scénariste lorsqu'il a imaginé le concept. A première vue, l'idée derrière Myung Wol the Spy apparaissait aussi improbable que pourvue d'un potentiel certain (lequel avait forcément aiguisé ma curiosité). La série offre en effet un mélange de deux thématiques prisées : l'exploitation du filon commercial que représente l'Hallyu croisé avec des codes propres aux fictions d'espionnage rendues possible par la situation géopolitique coréenne.

Diffusé depuis le 11 juillet 2011, sur la chaîne KBS2, Myung Wol the Spy est un drama surprenant, mais dans le bon sens du terme. En allant jusqu'au bout dans ce jeu consistant à repousser constamment les limites de ses intrigues, la série s'assume pleinement dans un registre de divertissement dispersé et agréable à suivre. Consciente de disposer d'un équilibre précaire et parfois vacillant, cette comédie, par son assurance, se révèle des plus plaisantes en cette période estivale.

myungwolthespym.jpg

Myung Wol the Spy débute en Corée du Nord. Han Myung Wol est une jeune femme déterminée, mais parfois trop impulsive, qui ambitionne de suivre les pas de son père et de rentrer dans la division des services secrets. Ayant échoué au test d'entrée, pour le moment, elle demeure un officier des forces militaires spéciales nord-coréennes. Le problème auquel sont confrontés ses supérieurs est actuellement celui de la bataille culturelle qu'est en train de gagner la Corée du Sud : l'Hallyu s'étend en effet en Asie, et trouve même un chemin jusqu'à son voisin du Nord, où la contrebande de dramas se développe. Loin d'être circonscrit à une minorité, certains dignitaires militaires du régime - ou leur famille - ne sont d'ailleurs pas insensibles au phénomène, même si les ordres officiels sont de fermement lutter contre.

C'est dan ce contexte que Myung Wol est officieusement envoyée à Singapour, pour escorter la fille de son supérieur au concert d'une des grandes stars de l'Hallyu, Gang-U. Le voyage avait aussi un autre objectif, son collègue tentant de dérober une antiquité mystérieuse, vieux livre qui focalise l'attention de bien des personnes, mais que Gang-U réussit à acheter. L'échec et les erreurs du séjour à Singapour remettent en cause les rêves de services secrets de Myung Wol. Elle décide alors de prendre les choses en main et de partir pour la Corée du Sud ; une escapade que ses supérieurs n'apprécient guère. Alors qu'elle souhaitait avant tout récupérer l'antiquité, voire éliminer une personne symbolisant une culture qu'il faut combattre, un nouvel ordre lui est adressé après qu'elle ait sauvé Gang-U d'un accident en plein tournage : elle doit séduire et épouser la star sud-coréenne, pour ensuite la convaincre de faire volontairement défection au Nord.

Voilà bien une mission qui a tous les caractères d'une mission impossible !

myungwolthespya.jpg

La seule lecture du synopsis laisse entrevoir la tonalité à part de cette série. Myung Wol the Spy est un drama qui se réapproprie des codes classiques des différents genres effleurés pour en faire un cocktail rom-com aussi inattendu que détonant. Vaguement déjanté, il fait sien le qualificatif d'"improbable". Multipliant les pistes pour exploiter pleinement toutes les facettes imaginables de son idée de départ, celle de tenter marier une espionne nord-coréenne à une star de l'Hallyu, la série propose une narration rythmée, tourbillonnante et virevoltante.

L'attrait du drama, mais aussi sans doute sa limite, va justement être de se poser un peu à la croisée des styles pour mieux mêler le romantique et l'espionnage dans un emballage extérieur de comédie. S'il ne se visionne pas au premier degré, il ne tombe pas non plus dans le versant inverse d'une parodie dénuée d'épaisseur dramatique, esquissant rapidement une part d'ambivalence dans ses personnages. Reste cependant que la série semble souvent s'amuser à défier toute logique, voire toute cohérence, ce qui peut dans un premier temps quelque peu déstabiliser. Si la recette fonctionne pourtant au cours de ces premiers épisodes, le drama le doit à sa façon d'assumer presque crânement ses excès et le créneau qu'il investit.

myungwolthespyn.jpg

Avec une assurance communicative, presque provocateur dans sa façon de mettre en scène certaines coïncidences ou d'imaginer des intrigues (la quête de la vieille antiquité, par exemple), Myung Wol the Spy cultive son décalage. Assez paradoxalement, il fait de l'absence - ou plutôt de son refus conscient - de maîtrise de son scénario, non pas une faute, mais un vrai atout qu'il va travailler. Délivrant une partition un peu folle et prenant un malin plaisir à se disperser dans tous les sens, il importe peu que son scénario ne soit pas des plus aboutis.

Il y a d'ailleurs sans doute une part d'illusion dans l'image brouillonne renvoyée, car cette dynamique ne doit pas grand chose au hasard ; la part de spontané et celle de calculé restent cependant à déterminer. Défiant toute tentative de rationalisation, il emporte le téléspectateur dans son univers à part. Lui faisant fermer les yeux sur les failles des intrigues, il lui est facilement possible d'apprécier l'ensemble pour ce qu'il est : un divertissement qui surfe assurément sur une corde raide, mais qui pour le moment remplit la mission première qu'il s'était fixé, celle de faire passer une heure agréable devant son petit écran, sans qu'on s'ennuie une seule seconde.

myungwolthespyl.jpg

Sur la forme, Myung Wol the Spy s'applique à respecter son registre de divertissement improbable : la réalisation est dynamique, la photographie claire et, surtout, colorée. L'ensemble apparaît donc très vivant, avec un entrain communicatif. Pour agrémenter cette ambiance, la bande-son du drama s'attache à décliner, dans toutes les versions possibles et imaginables, le thème musical classique de Mission Impossible qui retentit dès qu'un défi se pose à un des agents secrets. Cependant, la série prend aussi le temps d'introduire quelques chansons originales, plus douces et mélancoliques, qui vont accompagner les passages moins rocambolesques.

Enfin, Myung Wol the Spy rassemble un casting des plus corrects. Il est emmené par un duo marquant, dont les échanges burlesques ou inattendus fonctionnent très bien à l'écran, composé de Han Ye Seul (à qui j'ai pardonné l'égarement Nine Tailed-Fox, vue depuis dans Tazza ou encore Will it snow for Christmas) et d'Eric (Strongest Chil Woo, Que Sera, Sera). C'est peu dire que ce dernier se prend au jeu de la star de l'Hallyu qu'il incarne, jusqu'à avoir créé un compte twitter alternatif pour son personnage (ce qui reflète bien d'ailleurs la dimension joyeusement improbable du drama). Ils sont épaulés par deux acteurs à l'égard desquels je serais plus mitigée : si Jang Hee Jin (Seoul Warrior Story) fait ce qu'on attend d'elle, j'avoue ne pas trop apprécier Lee Jin Wook (Alone in Love, City of glass, Air City) même s'il correspond sans nul doute à l'officier nord-coréen qu'il incarne. Les rôles plus secondaires, dévolus à des personnages plus décalés, sont plutôt bien pourvus : on y croise Lee Duk Hwa, Jo Hyung Ki, Yoo Ji In, Lee Kyun, Park Hyun Sook, Shin Seung Hwan, Lee Da Hee, Lee Byung Joon ou encore Lee Ji Hoon.

myungwolthespyj.jpg

Bilan : Aussi confusément que délicieusement improbable, Myung Wol the Spy est un divertissement décalé, qui exploite, avec un second degré travaillé mais jamais complètement parodique, le concept surprenant qui lui sert de base. Rejouant de façon assez savoureuse les codes de la comédie romantique, se les appropriant pour mieux les détourner, le drama semble prendre un malin plaisir à partir dans tous les sens, assumant ses dispersions narratives pour mieux flirter avec une folie douce qui lui sied très bien, tant qu'il parviendra à maintenir l'équilibre sur-vitaminé, précaire et précieux, qu'il paraît avoir trouvé.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :