24/07/2013
(J-Drama / Pilote) Limit : de la tragédie à la lutte pour la survie
En ce mercredi asiatique, je vous propose de prendre la direction du Japon où la saison estivale bat son plein. Plusieurs dramas actuellement diffusés ont retenu mon attention, notamment Woman, déjà arrivée à mi-saison après ses trois premiers épisodes et sur laquelle je reviendrai une fois la série intégralement vue. Mais c'est un autre drama, d'un genre très différent, qui va retenir mon attention aujourd'hui : Limit.
Proposé par TV Tokyo, le vendredi soir (dans la même case horaire que Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro, par exemple), il s'agit de l'adaptation d'un manga de Keiko Suenobu. Ses épisodes ont une durée moyenne d'une demi-heure environ, pour une diffusion qui a débuté le 12 juillet 2013. Outre son affiche réussie, c'est son concept même, une histoire de survie en milieu hostile, qui avait aiguisé ma curiosité. Toujours est-il que le pilote signe une entrée en matière convaincante.
Limit est l'histoire d'une sortie de classe qui va se changer en drame, puis en cauchemar pour ses survivants. La série débute aux côtés de Konno, une jeune lycéenne ayant parfaitement intégré les codes sociaux de son établissement. Elle appartient à un des groupes de filles les plus populaires, et traverse ainsi sans souci les difficultés d'être adolescent sur les bancs d'une école. Mais son quotidien bien ordonnancé bascule le jour d'une sortie scolaire : le chauffeur du bus, qui les conduisait, elle et ses camarades, vers leur destination, perd connaissance au volant. Le car rempli de lycéens sort alors de la route et tombe dans un ravin.
Lorsque Konno reprend ses esprits, elle découvre que la plupart des occupants du véhicule n'ont pas survécu à la chute, y compris le personnel encadrant. Seules 5 jeunes filles s'extirpent vivantes de ces décombres métalisées. Coupées du monde, car leurs téléphones ne captent pas dans cette forêt dense, elles ne peuvent pas non plus espérer de secours immédiats : le chauffeur n'avait pas emprunté l'itinéraire prévu... Nul ne sait où elles sont. Pour survivre, elles vont devoir chercher des ressources jusqu'au plus profond d'elles-mêmes. Mais les choses s'annoncent d'autant plus difficiles que les adolescentes ayant survécu ont toutes des personnalités très différentes, voire antagonistes... et les tensions sont immédiates.
D'une durée de moins de 30 minutes, ce premier épisode adopte un rythme rapide, allant avec justesse à l'essentiel. Sa construction, classique, est efficace, commençant d'abord par introduire le téléspectateur dans la vie des lycéens. Il le fait par l'intermédiaire de Konno qui, a posteriori, s'improvise narratrice : logiquement, c'est donc avec un regard plein de distance qu'elle réveille ses souvenirs du quotidien d'avant la tragédie, consciente des futilités et des insouciances d'alors, mais aussi des codes qui régissaient ce microcosme, destinés à se perpétuer par-delà les portes de l'établissement. Pour dresser ce portrait de classe, Limit emprunte aux canons les plus traditionnels du high school drama : on y retrouve, pêle-mêle, les populaires, les marginaux, les souffre-douleurs ou encore les potentiels intérêts amoureux. Ces passages permettent de rendre très concrète pour le téléspectateur la tragédie qui est en marche - toutes ces vies qui s'apprêtent à être fauchées -, tout en esquissant les personnalités de celles qui vont survivre. On comprend les relations complexes qu'elles pourront avoir et leurs éventuelles oppositions, voire confrontations. Les deux premiers tiers de l'épisode sont ainsi utilisés pour poser les enjeux et cerner les dynamiques qui seront à l'oeuvre dans la série.
Puis, dans son dernier, Limit entre dans le vif du sujet. C'est là qu'elle conquiert pleinement l'attention : nous faisant vivre les évènements de la perspective de Konno, l'épisode met en scène une tragédie qui frappe au coeur. Depus le flashforward d'ouverture, le récit est construit sur un compte-à-rebours. La tension monte progressivement jusqu'au moment fatidique de l'accident, au cours duquel la série bascule, avec une efficacité redoutable et éprouvante, dans le drame véritablement glaçant. S'ensuivent plusieurs scènes marquantes, à l'intensité émotionnelle palpable, vécues à travers les yeux de Konno. Il y a par exemple le réveil de la lycéenne, avec sa main ensanglantée d'un sang dont elle ne sait à qui il appartient. Puis la prise de conscience de l'ampleur de ce qui s'est produit quand elle découvre, effarée, tous ces corps sans vie, désarticulés, ensanglantés, de camarades avec qui elle passait ses journées de classe. Autre vision d'horreur : celle de la rangée de cadavres écrasés, alignés sur un côté. Le bus s'est transformé en cercueil de fer, implacable et létal. Ce sont là des passages extrêmement forts. Et comme la série adopte le point de vue de Konno, le téléspectateur ressent vraiment le choc émotionnel. L'intensité atteinte dès ce pilote incite à l'optimisme pour la suite : à Limit de se baser sur ce démarrage pour reproduire la même approche prenante en relatant les épreuves à venir des survivantes.
Sur la forme, Limit est une série de TV Tokyo : son budget n'a donc rien de mirobolant. La réalisation s'en sort cependant de manière décente, notamment pour recréer l'accident. De manière générale, on se situe plutôt dans la moyenne de la télévision japonaise, avec les limites qui lui sont inhérentes. Côté bande-son, le drama ne fait pas dans la nuance, offrant une ambiance musicale assez sur-chargée. Si quelques-unes des premières scènes m'ont fait un peu peur par leur sur-utilisation de chansons, la suite se contente d'instrumentaux. L'ensemble est un peu à l'image du générique (cf. 1ère vidéo ci-dessous) : il y a un effort pour construire une ambiance, mais tout n'est pas toujours bien dosé. Le téléspectateur se laisse cependant facilement happer par l'ensemble.
Enfin, le casting est plutôt homogène. C'est Sakuraba Nanami (Last hope) qui interprète Konno, celle par laquelle le téléspectateur va vivre l'histoire. A ses côtés, pour lutter également pour leur survie, on retrouve Tsuchiya Tao (dans un tout autre registre par rapport à son rôle dans Suzuki Sensei où elle jouait l'adolescente qui troublait tant son enseignant), Kudo Ayano (HUNTER~Sono Onnatachi, Shoukin Kasegi~), Yamashita Rio (Kaitakushatachi) et Suzuki Katsuhiro (Shima Shima). Parmi les rôles secondaires, il faut noter notamment la présence de Watanabe Ikkei (Strawberry Night, Magma).
Bilan : Limit signe un premier épisode prenant, mené sans temps mort, et introduisant efficacement la situation et les enjeux particuliers du drama. Le potentiel du concept apparaît pour l'instant bien compris et exploité : l'épisode fait preuve d'une intensité marquante, éprouvante même, pour relater l'horreur que représente la tragédie qui frappe de plein fouet ces lycéens. Partant sur de telles bases, la suite semble prometteuse : il sera question de survie, au sein d'un groupe divisé et face à une forêt hostile, tout en continuant à en apprendre plus sur les survivantes, avec toutes les réactions diverses qu'elles pourront avoir dans cette situation exceptionnelle. A suivre.
NOTE : 7/10
Le générique du drama :
Une bande-annonce du drama :
18:22 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : j-drama, tv tokyo, limit, sakuraba nanami, tsuchiya tao, kudo ayano, yamashita rio, suzuki katsuhiro, masuda yuka, kubota masataka, watanabe ikkei, funaki sachi, taki yukari, takada riho, yamamoto yuko, oishi goro | Facebook |
Commentaires
En voyant l'annonce que cette série était adaptée d'un manga, il y a un ou deux mois environ, je me suis procurée ce dernier, qui était plutôt très bien. Et court (5-6 tomes, il me semble). Du coup, je me demandais si j'allais regarder la série, vu que connaitre déjà l'histoire à tendance à gâcher le suspense. Mais finalement, la lecture de cette critique m'a redonné envie. Merci Livia.
Écrit par : Kinou | 06/08/2013
@ Kinou : Merci pour ton commentaire, et bienvenue sur My Télé is rich! ;)
C'est toute la problématique des adaptations que tu résumes bien par tes hésitations ! Au printemps, le même problème se posait par exemple pour l'adaptation de xxxHOLiC, sachant que WOWOW a plus les moyens côté budget que TV Tokyo.
Je juge les débuts de la série sans référence, n'ayant pas lu le manga. Mais tu peux voir le drama comme un complément à l'original : une adaptation pour l'écran, avec des éléments fidèles, mais aussi des choix propres à la série. Si elle se réapproprie bien l'histoire, elle pourra se juger indépendamment.
En tout cas, je serais très curieuse de lire tes impressions sur la série, étant donné que tu as la référence du manga pour comparer. N'hésite pas à venir partager tes impressions ! ;)
Écrit par : Livia | 10/08/2013
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