Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/01/2013

(UK) The Thick of it, saison 4 : la coalition et l'opposition

thethickofit0_zps343df349.jpg

Le 15 janvier 2013 a débuté sur la chaîne Gold une nouvelle version d'une des plus brillantes comédies qu'est produit le petit écran britannique, Yes Minister / Yes Prime Minister. Cette dernière constitue un incontournable, un petit bijou d'humour aux dialogues géniaux, qui démontre combien les Anglais n'ont décidément pas leur pareil pour croquer les dessous de leur vie politique. Si la série d'origine occupe une place de choix dans mon panthéon des séries humoristiques, n'y allons pas par quatre chemins : je vais tâcher d'oublier que cette version de 2013 existe. Le pilote laisse en effet un goût amer, à commencer par un casting raté qui ne fait que rappeler au téléspectateur combien le trio d'origine excellait. 

Et puis il y a des codes formels qui pouvaient être légitimes en 1980, mais que l'on comprend moins dans une oeuvre de 2013. Le genre a en effet été renouvelé depuis. Plus important encore, l'Angleterre a déjà trouvé son Yes Minister de ce début de XXIe siècle : il s'appelle The Thick of It. La dernière fois que j'ai consacré un billet à cette série, créée par Armando Iannucci, c'était il y a plus de trois (!) ans, après la diffusion de la troisième saison à l'automne 2009. Elle nous est finalement revenue après cette longue absence pour une dernière saison proposée par la BBC durant l'automne 2012 (elle s'est achevée le 27 octobre). Cette quatrième saison a encore offert de sacrés moments de télévision et est venue superbement conclure une des meilleures et des plus jubilatoires comédies - toutes nationalités confondues - de ces dernières années. Il était grand temps de lui rendre un ultime hommage.

thethickofite_zps3c083d51.jpg

Reflétant les aléas de la vie politique anglaise, la saison 4 de The Thick Of It met en scène, après des élections, un gouvernement issu de la formation d'une coalition entre deux partis, une nécessité pour avoir la majorité nécessaire pour gouverner le pays. Une redistribution des responsabilités a donc eu lieu. Peter Mannion dirige désormais le DoSAC, le ministère des Affaires sociales et de la Citoyenneté. Il doit cependant composer avec Fergus Williams, son adjoint du fait de la coalition, avec lequel les relations sont pour le moins tendues. Parallèlement, dans l'opposition, Nicola Murray a été élue leader, essayant tant bien que mal d'apporter une opposition crédible, mais exaspérant au plus haut point Malcolm Tucker.

La construction de la saison 4 permet de suivre en parallèle les deux camps, le gouvernement et l'opposition. A un épisode consacré aux coulisses du ministère, succède le suivant qui nous entraîne dans celles de l'opposition. Cette alternance se poursuit jusqu'à ce qu'une affaire ne ramène des pratiques communes à toute la classe politique - l'orchestration et l'instrumentalisation de fuites dans les médias - sur le devant de la scène, aboutissant à des auditions devant une commission d'enquête à laquelle devront répondre tous les protagonistes.

thethickofita_zps156a8ea1.jpg

Relatant des tranches de vie du quotidien du personnel gouvernant ou d'opposition, The Thick of it est une comédie satirique, au verbe violent, excessif, où se succèdent des répliques et des chutes souvent jubilatoires. Faisant écho ou même anticipant parfois des développements bien réels de la vie politique Anglaise, elle nous plonge sans complaisance dans le vase-clos de ce milieu où s'exercent théoriquement d'importantes responsabilités, en y dressant une suite de portraits au vitriol. Dans son récit des rapports qu'entretiennent les différents protagonistes, elle n'a pas son pareil pour éclairer le règne du cynisme et d'une hypocrise assumés, et pour souligner la manière dont les ambitions personnelles dévorent toutes velléités de projet ou de vision politique. Dressant un tableau résolument sombre des dynamiques du pouvoir, la série semble faire sien le scénario du pire (et nous laisse avec l'impression de le voir trop souvent corroborer par la réalité).

Doté d'un ton mordant et abrasif à souhait, The Thick ot it cultive dans sa mise en scène une spontanéité qui, conjuguée à un effort minimaliste d'exposition des intrigues ou des enjeux, renforce ce ressenti de prise immédiate avec le réel qu'elle renvoie. Cette saison 4 permet d'y retrouver tous ces atouts qui ont fait la réputation de la série. Sa construction en alternance, entre gouvernement et opposition, aurait pu faire craindre un certain déséquilibre, les épisodes où Malcolm fait son show demeurant les grands incontournables. Cependant, la série retrouve vite sa dynamique caractéristique, y compris au sein du DoSAC. L'impossible relation de travail entre Mannion et Williams constitue une source continuelle de micro-crises au sein du ministère ; et la présence de Teri et de Glenn, ce dernier s'offrant même le luxe d'un jubilatoire discours vérité en guise de fin, parachève parfaitement le tableau. Qu'il s'agisse donc des déchirements dans les coulisses de la coalition, ou des restructions internes à une opposition qui peine à se mettre en ordre de bataille, la saison fournit son lot d'échanges jubilatoires.

Par ailleurs, les scénaristes ont aussi pris en compte le fait qu'il s'agissait de proposer une conclusion. Après une première partie où The Thick of it poursuit une approche classique du quotidien politique, les derniers épisodes la voit cette fois se tourner vers le passé, pour revenir sur ces pratiques qu'elle s'est contentée jusqu'alors de mettre en scène. Elle se transforme en tribune : la commission d'enquête, par ses auditions, est l'occasion de pointer et de dénoncer les travers existant dans le fonctionnement de la démocratie, et plus précisément l'art de la communication, avec cette exploitation/instrumentalisation réciproque des politiciens et des journalistes. Cela va être conduire Malcolm à devoir tirer sa révérence, lui permettant d'asséner avec le cynisme qu'on lui connaît quelques vérités qui trouvent ici une résonnance particulière. Au-delà de ses propos tenus devant la commission, la série nous offre surtout une dernière confrontation avec Ollie, ersatz sans envergue du spin doctor, dans laquelle Malcolm se dévoile un peu, créature plus que créateur de ce système qui, de toute façon, perdurera sans lui. La sortie de Malcolm est parfaitement gérée : des acteurs importants du système disparaissent, mais le système lui-même se perpétue avec les successeurs qui se sont construits et ont été façonnés par ces règles.

thethickofitg_zpsb14b4e5a.jpg

Sur la forme, The Thick of It conserve son approche "quasi-documentaire", tournée caméra à l'épaule avec une caméra nerveuse qui tente de suivre les éclats et les gesticulations de chacun des protagonistes. Cela confère à l'ensemble ce parfum d'authenticité caractéristique, renforcé par les ponts avec la réalité qui sont opérés. La série capture ainsi des suites d'instantanés avec un montage minimaliste : cette mise en scène reste parfaite, en totale adéquation avec les ambitions du récit, mais aussi avec sa tonalité.

Quant au casting, il est également au diapason. Tout a déjà été écrit pour saluer la prestation de Peter Capaldi, qui excelle dans son interprétation de Malcolm, avec ses excès de langage, cette présence intimidant et cette vision du milieu politique où il apparaît comme un véritable stratège de guerre. S'il tend à éclipser quelque peu ses vis-à-vis dans les scènes où son personnage intervient, ce qui est naturel, il n'en faut pas moins reconnaître l'homogénité et la solidité du reste du casting qui est également très convaincant. D'ailleurs le fait que le ministère parvienne à conserver une dynamique intéressante loin de Malcolm en est bien le révélateur. Parmi les acteurs principaux de cette saison, on retrouve Chris Addison, Joanna Scanlan, James Smith, Polly Kemp, Rebecca Front, Roger Allam, Will Smith, Olivia Poulet, Vincent Franklin, Geoffrey Streatfeild, Ben Willbond et Rebecca Gethings.

thethickofiti_zps239810f2.jpg

Bilan : Après trois ans d'absence, The Thick of it n'a rien perdu ni de son cynisme, ni de son mordant légendaire, nous proposant une savoureuse ultime saison de celle qui restera comme une grande comédie politique satirique. Portrait désillusionné de la classe dirigeante du pays, sa mise en scène et ses répliques font d'elle une fiction, teintée d'humour noir, particulièrement jubilatoire. Si elle a parfaitement réussi sa sortie, s'adaptant au nouveau paysage politique Anglais, tout en soignant l'évolution de Malcolm, elle laisse le téléspectateur chérir un secret espoir : celui de retrouver un jour cet univers à l'occasion d'un bref special pour continuer de suivre les changements du pays (ou rêvons même d'une saison)... Cette saison 4 aura en tout cas rappelé pourquoi The Thick of it est bel et bien une série incontournable du petit écran anglais. Si elle ne conviendra pas à tous les publics, elle mérite certainement la curiosité de tout sériephile.


NOTE : 8,75/10


Une bande-annonce de la saison :

Un extrait marquant - Malcolm devant la commission d'enquête :

23/12/2012

(UK) The Hour, saison 2 : le temps d'une superbe maturation

thehour0_zps32c9d986.jpeg

The Hour était de retour cet automne sur BBC2 (du 14 novembre au 13 décembre 2012). L'occasion de retrouver le Londres médiatico-politique des années 50. Diffusée durant l'été 2011, la première saison avait été intéressante par la richesse de ses thèmes et les personnages mis en scène, mais il lui avait manqué une vraie consistance dans son récit fil rouge d'espionnage pour exploiter le potentiel qu'elle avait laissé entrevoir. Pour cette saison 2, la série a cependant gagné en maîtrise, capable désormais de susciter l'intensité dramatique qui avait trop fait défaut à la première.

Les débuts de saison pour The Hour sont certes lents, mais c'est pourtant une histoire homogène et de plus en plus prenante qui prend corps sous nos yeux. Au final, cela donne une saison de qualité supérieure à la première, qui mérite vraiment l'investissement. Mais le public britannique n'a pas eu la même patience : les audiences n'ont malheureusement pas suivi. Cependant si vous n'aviez qu'une seule série anglaise de ces derniers mois à rattraper, pas d'hésitation, il s'agit de The Hour !

thehourz_zps10bf6f90.jpg

The Hour reprend plusieurs mois après les évènements ayant conclu la première saison. Tandis que Freddie a quitté l'Angleterre et est parti en quête de nouvelles expériences à travers le monde, Bell s'efforce de continuer à faire tourner une émission en perte de vitesse, notamment face à la concurrence d'une nouvelle émission d'ITV directement inspirée du concept de The Hour. La gestion est d'autant plus difficile que leur présentateur-vedette, Hector, profite désormais un peu trop de la célébrité, se faisant photographier dans tous les milieux en vogue des soirées londoniennes, tout en étant bien peu assidu pour faire acte de présence au bureau.

C'est dans ces circonstances qu'un nouveau directeur de l'information est placé à la tête de l'émission. Il s'agit de Randall Brown, qui a notamment bâti sa réputation à Paris. Conscient qu'il manque désormais ce qui faisait le piment des débuts de l'émission, une de ses premières décisions est de ré-embaucher... Freddie, permettant ainsi le retour du journaliste prodigue, cette fois, en tant que co-animateur aux côtés d'Hector. Le but est notamment de signifier à ce dernier qu'il est temps de redevenir professionnel. C'est pourtant le mode vie d'Hector qui va les conduire à enquêter sur un club à succès de la capitale et sur son puissant patron.

Entre affaires de moeurs, chantages et corruptions, les journalistes s'intéressent de bien dangereux arrangements, tandis qu'au sommet de l'Etat, les discussions autour de l'installation de missiles nucléaires américains sur le sol anglais attisent diverses convoitises.

thehourq_zpsf7e5081a.jpg

Proposant un récit homogène, la saison 2 de The Hour s'appuie sur une construction narrative maîtrisée, où la tension ne va cesser d'aller crescendo. Les premiers épisodes suivent un rythme volontairement plutôt lent, permettant à la série de s'épanouir dans un registre de fiction d'ambiance. Parfaitement ciselées, toutes les scènes semblent saturées du parfum des années 50, chaque décor étant travaillé jusqu'au moindre détail. Reconstitution presque trop soignée et policée, la série joue habilement sur cette image surchargée des fantasmes d'une époque. The Hour assume ainsi à merveille les codes du roman noir qu'elle se réapproprie. Mêlant à une enquête, des thèmes familiers, entre prostitution, corruption et chevalier blanc se dressant contre les dérives du système, la série intègre de manière plus cohérente la géopolitique et les enjeux de la guerre froide, mis au service d'une intrigue consistante.

Progressivement, les enjeux se précisent, les histoires se recoupent, et l'ensemble se complexifie au fil des révélations et des découvertes. Une sourde tension apparaît, les dangers devenant parfaitement identifiables. Tandis que le rythme s'accélère, l'atmosphère se fait de plus en plus prenante. The Hour nous conduit vers un final à l'intensité dramatique tour à tour magnifique et bouleversante, légitimant a posteriori le choix fait au départ de prendre le temps de bien façonner les fondations du récit à dérouler. Transparaît en filigrane une dimension tragique et inéluctable à l'enchaînement des évènements, que la série va savoir pleinement exploiter. Cette saison 2 est une vraie décharge émotionnelle, à la fois grisante et poignante. Ce sont quelques heures de télévision de haut standing qui provoquent une implication rare de la part d'un téléspectateur, totalement investi dans les méandres relationnelles dévoilées, et qui la quitte un peu choqué, hébété, longtemps marqué.

thehourv_zps5fe387a5.jpg

Ce que The Hour a gagné en cohésion se perçoit également dans son traitement des personnages. La série entremêle parfaitement les destinées des protagonistes à l'intrigue principale. Tout se recoupe, le versant personnel s'invitant dans les rebondissements d'une enquête qui touche au plus près certains. Finis les batifolages dilatoires : chacun gagne en épaisseur et en complexité. La logique l'emporte, notamment dans le rapprochement progressif de Freddie et de Bell. Qu'importe le bref twist inventé pour les séparer un temps, la cohérence reprend ensuite ses droits avec des certitudes renforcées, primant tout et emportant du même coup le coeur du téléspectateur. La saison 2 aura aussi vu l'introduction d'une nouvelle dynamique, entre le directeur de l'information, Randall, et Lix Storm. Ces derniers partagent une vieille histoire, et une blessure jamais refermée : celle d'un enfant né d'une brève passion, abandonné par Lix dans une France à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale. Cette histoire prend un tour très poignant, contrebalançant très bien les relations des autres personnages qui ont, eux, encore un futur devant eux. Elle offre en plus aux deux acteurs des scènes à la hauteur de leur talent.

Cependant la plus belle évolution de la saison est indéniablement la consistance acquise par Marnie, l'épouse d'Hector. Femme au foyer de la bonne société qui a parfaitement intégrée tous les codes de cette dernière, sur la place effacée et docile dévolue à la femme, elle est prête à admettre toutes les largesses de son mari volage, si seulement il pouvait aussi remplir le rôle qui est attendu de lui : qu'ils aient un enfant. Mais Hector, ne pouvant lui donner cela, n'en fuit que plus les soirées en face à face avec sa femme. L'humiliation provoquée par le scandale auquel il est mêlé aurait pu signer la fin d'un couple qui s'était peu à peu perdu, elle est au contraire le moment où Marnie acquiert toute sa dimension : celle d'une épouse qui décide de reprendre sa vie en main et qui entend s'émanciper. Sa plus savoureuse vengeance est son succès, fut-il bref, sur ITV. Le re-équilibrage progressif qui s'opère au sein du couple symbolise à merveille la maturation de la série. Cette saison aura vraiment su donner aux personnages l'ampleur narrative qu'ils méritent.

thehourm_zps910241df.jpg

S'il vous fallait un dernier argument pour vous expliquer en quoi The Hour propose quelques heures de grande télévision, il convient de terminer ce billet en se tournant vers son casting. Même en trempant ma plume dans l'encre le plus dithyrambique qui soit, tous les superlatifs, que je pourrais mettre bout à bout dans ces colonnes, afin de tenter de décrire les performances d'acteurs auxquelles cette saison nous a permis d'assister, ne suffiraient sans doute pas pour retranscrire la puissance dramatique de certaines scènes. Leurs jeux, tout en nuances et en intensité, ont plus que jamais sublimé les échanges, des confrontations explosives jusqu'à certains dialogues initialement simplement anecdotiques, conférant au script une dimension supplémentaire. Plusieurs passages hanteront ainsi durablement le téléspectateur.

La dynamique entre Ben Whishaw (Criminal Justice) et Romola Gorai (Crimson Petal and the White) repart sur des bases proches de la première saison, avec un certain infléchissement et rapprochement, qui permet à leur relation de conservant ce mordant toujours réjouissant qui la caractériser. Le signe d'une maturité est encore plus perceptible dans le couple que Dominic West (The Wire, The Devil's Whore) forme avec Oona Chaplin : cette dernière bénéficie cette fois d'un rôle qui s'épaissit et lui donne l'occasion de gagner, sa place face à un Dominic West égal à lui-même. Enfin, l'ajout principal de la saison tient à l'arrivée de Peter Capaldi (The Thick of It), comme toujours particulièrement génial, a fortiori dans un rôle ambivalent où il délivrera, face à Anna Chancellor, une des plus marquantes scènes de la saison.

thehoury_zps68fe6af2.jpg

thehourc2_zpse0dda0a1.jpg

Bilan : La saison 2 de The Hour est une magnifique suite de 6 épisodes, durant lesquels la série fait preuve d'une maîtrise narrative à saluer. Fiction d'ambiance posant un décor et des enjeux dans sa première partie, son intrigue prend progressivement corps avec cohérence. Plus homogène et plus crédible dans son registre de roman noir au décor des 50s', cette saison culmine avec un dernier épisode à l'intensité dramatique qui laisse le téléspectateur le souffle court, choqué, fasciné, électrisé... Portée par de grands acteurs auxquels elle donne l'occasion de pleinement s'exprimer, The Hour aura proposé quelques heures de grand standing. Elle m'aura enthousiasmé comme peu de séries cet automne, et cela fait un bien fou. A savourer.


NOTE : 8,5/10


La bande-annonce de la saison :

04/09/2011

(Mini-série UK) The Field of Blood : une sordide affaire dans le Glasgow des années 80

 thefieldofblood.jpg

Cette semaine, j'ai regagné la maison familiale pour quelques jours avec un thème central : l'Ecosse. Ma soeur décollait pour Edimbourg hier. Par conséquent, en plus de m'être amusée à défier les lois de la physique en l'aidant à remplir stratégiquement sa valise, j'ai apporté ma contribution dans un domaine que je maîtrise, à savoir une présentation de l'Ecosse... à travers les séries. Parmi les plus récentes, j'ai donc ressorti Case Histories de mes cartons (ça se passe à Edimbourg, ça tombe bien), et puis nous sommes aussi allées à Glasgow pour Lip Service.

Pour couronner le tout, BBC1 a parfaitement joué le jeu puisqu'elle a proposé lundi dernier la première partie (la suite est programmée demain) d'une mini-série déjà diffusée sur BBC Scotland en mai dernier : The Field of Blood. Cette mini-série, comportant deux épisodes d'environ 55 minutes chacun, est une adaptation d'un roman de l'écrivaine écossaise, Denise Mina. The Field of Blood (Le champ du sang en VF) est ainsi la première aventure mettant en scène le personnage de Paddy (Patricia) Meehan, une aspirante journaliste.

thefieldofblood2.jpg

The Field of Flood débute à Glasgow en 1982. Paddy Meehan est une jeune femme, passionnée et ambitieuse, qui rêve de devenir journaliste. Pour le moment, elle n'est cependant qu'une simple "copy boy" (employé à tout faire) dans un quotidien local, le Daily News. Sa mère, tout particulièrement, voit d'un mauvais oeil les aspirations professionnelles de Paddy, tandis que son fiancé, amour d'enfance, rêve plutôt d'une épouse traditionnelle. Si Paddy s'efforce de concilier ces deux pans de sa vie, sa famille va devoir affronter une période très difficile.

La disparition d'un garçon de deux ans, Brian Wilcox, met la population en émoi. Mais quelques jours plus tard, son cadavre est retrouvé dans le canal. La police s'oriente rapidement vers un suspect d'une dizaine d'années, identifié par un témoin. Alors que Paddy participe, à force de persuasion, à sa première recherche de scoop pour le journal, elle déchante vite en découvrant la photographie de l'enfant arrêté : il s'agit de son jeune cousin. Persuadée qu'il n'a pu commettre un tel acte, voyant que la police ne semble guère prête à douter du scénario qu'elle a établi, elle décide alors d'enquêter de son côté, troublée par les étranges parallèles avec une précédente affaire aussi tragique.

fieldofbloodl.jpg

Polar sombre, démarrant sur le crime particulièrement sordide du meurtre d'un enfant et marqué par quelques scènes assez violentes, The Field of Blood n'est cependant pas une fiction d'enquête policière classique. En effet, ce ne sont pas des policiers qu'elle met en scène : elle va nous faire suivre l'investigation menée par une apprentie journaliste. Elle profite d'ailleurs opportunément de l'occasion pour nous glisser dans les coulisses abrasives et machistes du quotidien local, le Daily News. La limite de ce choix est sans doute de cantonner l'enquête officielle de la police à une simple toile de fond presque en arrière-plan, en passant parfois très vite sur certains détails et avancées, nous informant par des ouïe-dire et autres échanges entre les journalistes. C'est un peu lointain, mais l'ensemble n'en demeure pas moins efficace et prenant. Car pour maintenir une tension et un rythme sans temps mort tout au long de ces deux heures, la mini-série va mettre à profit l'empathie suscitée par la jeune héroïne, dont les dilemmes et l'obstination inébranlable sauront impliquer le téléspectateur ; puisque la mise en accusation de son cousin fait prendre une tournure beaucoup plus personnelle à l'affaire.

L'intrigue va suivre un développement linéaire qui a les qualités, mais aussi les limites, de ce style d'écriture académique. L'enquête est à la fois très bien huilée - on se laisse entraîner dans la tension et la noirceur ambiantes - mais aussi très prévisible, de telle façon que les recoupements et les soupçons se font naturellement, le téléspectateur prenant à l'occasion de l'avance sur les protagonistes de l'histoire. Cependant The Field of Blood est une de ces fictions qui retiennent l'attention, non seulement par le savoir-faire calibré des scénaristes, mais aussi - et peut-être surtout - par ce grisant parfum de polar un peu daté, qui est relaté du point de vue d'une héroïne qui tranche singulièrement dans le milieu journalistique cynique et désabusé où elle évolue. Ce sont d'ailleurs les rapports de Paddy avec ses différents collègues du Daily News qui vont insuffler une dimension supplémentaire à la mini-série : qu'il s'agisse de scènes de confrontation ou de passages où certains se comportent plutôt en mentor, ils humanisent considérablement et de manière très appréciable le récit (et certains sont vraiment bien écrits). C'est ainsi que The Field of Blood s'assure la fidélité du téléspectateur peut-être d'avantage par son ambiance que par l'intrigue en elle-même.

fieldofbloode.jpg

Sur la forme, The Field of Blood dispose d'une réalisation appliquée qui va renforcer l'atmosphère de polar noir. On retrouve dans la photographie, plutôt sombre, comme une teinte d'époque, la caméra cherchant à nous faire remonter le temps en capturant ce parfum du Glasgow du début des années 80. La mini-série y parvient d'autant mieux qu'elle est soutenue par une bande-son très dynamique, rythmée par des morceaux de musique de cette période ; le casque du walkman de Paddy offrant un prétexte parfait pour insérer ces parenthèses musicales.

Enfin, The Field of Blood bénéficie d'un casting pour lequel on se prend rapidement d'affection. L'héroïne est incarnée avec beaucoup de naturel et de spontanéité par une actrice que je ne connaissais pas, Jayd Johnson (River City). Elle est bien épaulée par des seconds rôles très solides, parmi lesquels les plus notables sont Peter Capaldi (The Thick of It), journaliste désillusionné en fin de vie, qui délivrera notamment une scène d'une intensité bouleversante (cf. l'extrait vidéo ci-dessous), et David Morrissey (State of Play, Blackpool, Meadowlands), en patron caractériel plus compréhensif qu'il n'y paraît. On retrouve également à l'affiche Ford Kiernan ou encore Alana Hood.

fieldofbloodm.jpg

Bilan : Polar sombre et efficace, dans lequel le parfum des 80s' reste une garantie de dépaysement appréciable, The Field of Blood doit beaucoup au fait d'avoir choisi, pour bâtir son intrigue, de se placer du point de vue d'une jeune aspirante journaliste. En effet, le dynamisme de Paddy offre un contraste saisissant avec l'atmosphère plus pesante et tellement désabusée du milieu dans lequel elle évolue. Jouant ainsi sur le côté rafraîchissant et donc attachant de la jeune femme afin d'impliquer émotionnellement le téléspectateur, la mini-série saura développer une histoire globalement captivante en dépit des facilités auxquelles le scénario finira par céder ; la durée brève (2 heures) expliquant sans doute certains des raccourcis empruntés. A voir (c'est court) !


NOTE : 7,25/10


Un extrait marquant (Peter Capaldi, "And Death Shall Have no Dominion") :

30/04/2011

(UK) The Suspicions of Mr Whicher : le récit d'une affaire criminelle marquante du XIXe siècle

thesuspicionsofmrwhicherb.jpg

Me revoilà après une semaine de vacances londoniennes, laquelle m'aura rappelé à quel point j'aime cette ville (même plongée en pleine frénésie de "royal wedding"). Ce furent donc quelques jours loin d'internet et des séries. Je n'aurais pas eu de nouveaux sujets téléphagiques à aborder en rentrant, si la chambre d'hôtel n'avait pas eu une télévision. Et lundi soir, fourbue après une journée estivale bien remplie, je n'ai pas pu résister à m'installer devant ITV1 à 21h, pour regarder The Suspicions of Mr Whicher.

Ce téléfilm d'un peu plus d'1h30, adaptation d'un best-steller de Kate Summerscale, relate une histoire vraie : il retrace une des grandes affaires criminelles marquantes du XIXe siècle, emblématique des premières années d'existence de Scotland Yard, le meurtre de Road Hill House. Ayant eu un retentissement considérable à l'époque, cette enquête a aussi éclairé le rôle des détectives : la figure de Jack Whicher a inspiré bien des auteurs de l'époque. On le retrouve ainsi à l'origine de l'inspecteur Bucket, dans Bleak House ou encore du sergent Cuff dans The Moonstone. Pour qui aime l'ambiance des policiers victoriens de la deuxième partie du XIXe siècle, ce téléfilm devrait plaire, bien servi de plus par un casting très solide. Et même si ce n'est pas techniquement une série, toute production du petit écran a par nature sa place sur ce blog.

thesuspicionsofmrwhichera.jpg

L'histoire débute en 1860, dans un petit bourg typiquement anglais, situé dans le Wiltshire. Lorsque la spacieuse maisonnée des Kent, une famille appartenant à la middle-classe de la notabilité provinciale, s'éveille un matin, le lit d'un des enfants est retrouvé vide. Le petit Saville Kent, un jeune garçon de trois ans, a disparu. Rapidement, les recherches des serviteurs les orientent vers le jardin, où le corps sans vie de l'enfant est découvert. Cet assassinat aussi brutal que mystérieux, puisque l'absence d'infraction semble logiquement désigner un habitant de la maison comme le coupable, met rapidement tout le pays en émoi. Les journaux se saisissent de l'affaire. Pressé d'agir, le ministre de l'intérieur dépêche finalement sur place un des détectives vedettes de la branche spéciale de Scotland Yard pour enquêter, Jonathan Whicher.

Parachuté dans une province où les notables locaux ne voient pas d'un très bon oeil les ingérences londoniennes, Whicher va devoir non seulement essayer de passer outre le manque de coopération des autorités, mais également démêler la vérité parmi les rumeurs et bruits qui courent, notamment contre le maître de maison, Samuel Kent, fort peu apprécié dans le village. C'est sur cette famille, qui va se révéler dysfonctionnelle, que Whicher concentre son attention. Après avoir déjà eu des enfants d'un premier mariage, Constance et William, Saville était issu de sa seconde union. Cependant certains parlent également de l'existence d'une maîtresse actuelle, la nourrice qui était en charge de la jeune victime.

Si l'enquêteur de Scotland Yard acquiert peu à peu des certitudes, trouver des preuves pour corroborer ses soupçons va se révéler compliqué. Or c'est bien sa carrière que Whicher va jouer sur cette affaire.

thesuspicionsofmrwhicherf.jpg

The Suspicions of Mr Whicher a un charme particulier, que certains qualifieront sans doute à juste titre d'indémodable, celui d'un classique policier victorien. Ce fait divers sordide trouvant son inspiration dans un cas bien réel, il confère à l'histoire une dimension supplémentaire. Cela donne l'opportunité à cette fiction d'offrir un véritable instantané de la réalité sociale de l'époque : elle capture et dépeint avec soin aussi bien l'atmosphère régnant dans ce petit bourg de campagne anglaise où les ragots et les jalousies vont bon train, que les codes et mises en scène qui règlent une bourgeoisie provinciale si attachée au maintien des apparences et à la protection de ses acquis.

Tout ce confort quotidien est bouleversé par un drame, dans lequel viennent s'immiscer des intervenants extérieurs dont l'implication va surtout accentuer ce clivage perceptible entre les préoccupations de la capitale, sujette aux pressions médiatiques et politiques, et une province qui se garde presque jalousement. Immédiatement, il apparaît clair que les intérêts divergent entre Scotland Yard et des notables locaux qui sont plus portés à trouver le plus court chemin vers un retour au calme qu'à rechercher une supposée vérité susceptible, par elle-même, d'être source de nouvelles perturbations.

thesuspicionsofmrwhichere.jpg

Au-delà du portrait esquissé de cette société du milieu du XIXe siècle, c'est surtout par son angle criminel et historique que The Suspicions of Mr Whicher mérite le détour. Non seulement l'impact médiatique de cette affaire la place à part, mais surtout, grâce à cette publicité, la population va s'ériger en témoin privilégié, suivant avec attention l'enquête et ses développements sur lesquels elle va prendre position. Le détective devient alors, sous les projecteurs des journaux, un acteur public à part entière, dont les prises de positions sont soumises au jugement populaire. Par la manière dont son rôle est éclairé, Mr Whicher apparaît comme l'ancêtre de toutes ces figures policières qui allaient fleurir dans les oeuvres de fiction anglaise de la seconde moitié du XIXe siècle.

Les méthodes de Mr Whicher laisse une large part à l'instinct dans des déductions qui fonctionnent par intuition autant que par une analyse rigoureuse à partir des maigres indices qu'il peut découvrir. Homme charismatique, doté d'un esprit vif et d'une forme d'humilité liée à son origine sociale, à laquelle se mêle une détermination sans faille, il permet au téléspectateur de pleinement s'investir à ses côtés pour suivre l'avancée de l'enquête. D'autant que l'histoire gagne progressivement en intensité dramatique, en abordant des thèmes de criminologie novateurs pour l'époque (notamment sur la façon de percevoir les enfants). La fin offrira la satisfaction de sonner authentique, démontrant que la réalité de la nature humaine délivre des instants parfois plus marquants que ce que la fiction ne saurait imaginer (même si The Suspicions of Mr Whicher introduit cependant une interprétation personnelle de certains faits).

thesuspicionsofmrwhicherd.jpg

Sur la forme, The Suspicions of Mr Whicher bénéficie d'une réalisation globalement sobre qui reste soignée. La reconstitution historique est rigoureuse et, sans que l'image verse dans des teintes trop sombres, elle parvient à retranscrire de manière convaincante cette atmosphère victorienne caractéristique des fictions se déroulant à cette époque. De plus, elle bénéficie d'un accompagnement musical qui sied parfaitement à la tonalité ambiante et sait faire ressortir l'intensité de certaines confrontations.

Enfin, il convient de saluer le casting très solide dont les prestations d'ensemble vont apporter à la dramatisation de cette affaire une force supplémentaire. Paddy Considine (Red Riding) délivre une excellente et convaincante performance dans le rôle du détective Whicher, très crédible dans cette façon nuancée d'osciller entre obstination et une certaine forme de fatalisme. A ses côtés, nous retrouvons des têtes connues du petit écran anglais, tels Peter Capaldi (The Thick of It), Alexandra Roach (Candy Cabs), Emma Fielding (Cranford), William Beck (Red Cap, Casualty), Tom Georgeson (Bleak House, The Crimson Petal and the White), Donald Sumpter (Being human), Ben Miles (Lark Rise to Candleford, The Promise) ou encore Tim Pigott-Smith (North & South).

thesuspicionsofmrwhicherh.jpg

Bilan : A défaut d'innover, The Suspicions of Mr Whicher investit avec maîtrise ce terrain connu du policier historique qui demeure une source d'inspiration sûre. Classique dans sa mise en scène, comme dans la façon dont l'intrigue est posée, ce téléfilm, à l'atmosphère bien sombre, tire cependant son épingle du jeu grâce l'aura particulière que lui confère le fait qu'il s'agisse d'une véritable affaire criminelle ayant marqué le XIXe siècle. Brassant des thématiques aussi bien sociales que policières très intéressantes, elle permet de rémonter aux premières décennies de Scotland Yard, en plaçant son enquêteur au coeur du récit.

L'ensemble donne donc une heure et demie pas forcément indispensable, mais assurément plaisante à suivre que ne bouderont pas les amateurs du genre.


NOTE : 6,75/10

24/12/2010

(Mini-série UK) The Nativity : ce soir, c'est Noël...

thenativitya.jpg

En ce vendredi 24 décembre, tâchons de rester dans cet esprit particulier qui semble flotter dans l'air. Je vais donc vous parler d'une mini-série, conçue pour les fêtes, diffusée cette semaine, sur BBC1, et qui s'est achevée hier soir. Son titre semble suffisamment explicite sur le thème traité : The Nativity. Ecrite par le scénariste Tony Jordan (à qui l'on doit un certain nombre d'épisodes de Hustle ou encore de Life on Mars) et composée de 4 épisodes, d'une trentaine de minutes chacun, elle relate donc en deux petites heures une version romancée de la nativité.

Si c'est en grande partie pour son casting - on y retrouve notamment Andrew Buchan - que je me suis d'abord intéressée à cette mini-série, j'ai finalement passé une soirée pas déplaisante devant cette fiction qui est parfaite et uniquement destinée à être visionnée durant cette veille de fête. Les deux heures passent toutes seules, en partie grâce à une dimension humaine quelque peu inattendue que la mini-série va efficacement parvenir à exploiter.

thenativityh.jpg


Construite de façon très académique, sur 4 épisodes, la mini-série se concentre sur le couple formé par Marie et Joseph au cours de l'année précédant la naissance de Jésus et sur les épreuves qu'ils vont devoir traverser, tout en prenant soin de recontextualiser ce récit principal. Pour évoquer la situation du royaume de Judée à l'époque, opprimé et ployant sous les taxes, elle met en scène un jeune berger de Bethléem, Thomas, tout en faisant apparaître pour quelques scènes un roi Hérode dégénéré. Quant à l'aspect théologique, il est incarné par les rois mages dont les discussions éclairent la dimension prophétique de l'évènement qui est appelé à se produire.

Pour autant, l'intérêt de The Nativity va résider dans l'approche narrative particulière choisie pour relater une histoire trop connue et trop re-écrite pour surprendre ou ménager encore une part d'originalité. Tony Jordan a donc choisi de se placer dans une perspective résolument humaine, en s'intéressant en priorité à ce couple en devenir que formaient alors Marie et Joseph. Ils étaient promis l'un à l'autre, mais non encore formellement mariés. Comment cette relation non encore consommée survivra-t-elle à la visite de Gabriel et au passage du Saint-Esprit ? Car l'affirmation de Marie, sur le fait d'être enceinte et vierge, constitue un non-sens biologique pour son entourage avant tout profondément blessé par ce qui est perçu comme une trahison de la par de la jeune femme. Si bien que finalement, ce sur quoi la mini-série s'arrête, c'est sur la manière dont ces deux jeunes gens, qui étaient encore insouciants, vont être placés devant des responsabilités et des choix qu'ils n'ont jamais demandés et la façon dont ils vont peu à peu accepter cette destinée, consolidant ainsi leur couple.

thenativityd.jpg

S'il vous fallait une seule raison pour vous risquer devant The Nativity en cette période de fêtes (non, pas uniquement pour l'argument présenté dans la screen-capture ci-dessus), indépendamment de toute dimension religieuse, vous la trouverez incontestablement dans les scènes parfois brillantes que vont avoir, tout au long de la mini-série, Marie et Joseph.  La dynamique qui s'installe entre eux est admirablement bien décrite. Elle est portée à l'écran avec une vitalité plutôt innocente, couplée d'une connotation émotionnelle touchante qui sonne finalement très juste. Le téléspectateur, se sentant étonnamment impliqué, suit et partage avec eux les différentes étapes pourtant prévisibles de leur relation, de la progressive complicité, puis au rejet et à la trahison que constitue en apparence la grossesse de Marie, pour enfin parvenir à l'acceptation.

En fait, la mini-série s'attache à dépeindre avec beaucoup d'authenticité les réactions de chacun, d'incrédubilité comme d'acceptation, permettant ainsi de dépoussiérer une histoire trop connue. Au-delà de la naissance d'un Messie, ce qu'elle choisit de raconter, c'est la façon dont ces jeunes gens a priori anonymes vont être personnellement affectés par cette destinée hors du commun qui vient ainsi frapper leur couple. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la qualité de l'écriture, globalement bien calibrée et tout en retenue, se ressent tout particulièrement lors des passages où prévaut une dimension dramatique. Les meilleures scènes sont ainsi celles de leurs confrontations. Loin du récit purement descriptif, où un aspect trop dogmatique aurait déshumanisé l'histoire, The Nativity surprend finalement par son exploitation d'une dimension très humaine dans son récit.

thenativityf.jpg

A l'image de l'effort de recontextualisation très scolaire qui est fait, par l'utilisation du berger ou des rois mages pour replacer cette naissance dans le contexte spécifique où elle intervient, historiquement et théologiquement, les décors et la reconstitution d'époque restent sobres et plutôt minimalistes. En fait, c'est surtout par son arrière-plan musical que The Nativity se crée et plonge progressivement le téléspectateur dans l'atmosphère particulière de la mini-série. La bande-son prend progressivement de l'importance, utilisée notamment de façon prenante pour souligner l'importance de certains passages.

Enfin, The Nativity doit énormément à son casting. Non seulement pour les noms alléchants qu'elle rassemble dans notre petit écran, mais aussi pour l'alchimie qui s'installe instantanément entre ses deux acteurs principaux. Andrew Buchan (The Fixer, Cranford, Garrow's Law) et Tatiana Maslany (Heartland) délivrent en effet des prestations très convaincantes, pleines de fraîcheur et d'une touche d'innocence émotionnelle en parfaite adéquation avec la tonalité adoptée et, surtout, permettant à la mini-série de vraiment pleinement explorer cette dynamique de couple. A leurs côtés, se pressent d'autres figures familières du petit écran britannique, telles Peter Capaldi (The Thick of it, Torchwood), Al Weaver (Personal Affairs, Five Daughters), Art Malik (Holby City), Jack Shepherd (All about George) ou encore Obi Abili (Moses Jones).

 thenativityp.jpg

thenativityt.jpg

Bilan : The Nativity est une mini-série qui s'inscrit évidemment dans une période particulière, conçue pour être visionnée avec l'"esprit de Noël" en arrière-plan. Si elle mérite que l'on s'y attarde, c'est tout autant pour les performances de ses acteurs principaux, que pour la dimension très humaine explorée dans le récit mis en scène, qui opte pour une écriture assez innocente et émotionnelle qui sied parfaitement à ce 24 décembre.

Au final, disons que si jamais vous vous retrouvez ce soir bloqué par la neige, coincé chez vous avec votre frigo vide et pour seule perspective de se résigner à transmettre vos voeux par téléphone, voici un programme télévisé parfait pour la soirée afin de préserver l'esprit des fêtes. Mais attention, demain soir, le charme de cette mini-série sans prétention de circonstance sera déjà rompu. A mettre alors de côté pour l'an prochain.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la mini-série :